m/s hors série n° 3, vol. 31, novembre 2015 29
LU POUR VOUS
résultats obtenus suggèrent que le déficit en dysferline
devrait être considéré comme diagnostic différentiel
des DMC à progression rapide. Ainsi, un anticorps anti-
dysferline devrait être inclus dans l’étude standard
par immunohistochimie des muscles de patients avec
suspicion de DMC.
Commentaire
L’hétérogénéité des DMC, tant clinique que génétique,
est un défi auquel sont confrontés tant les cliniciens
que les laboratoires de diagnostic moléculaire. De façon
générale, les informations cliniques et paracliniques
orientent grandement la recherche du gène en cause. À
ce jour, 28 gènes de DMC sont référencés dans la version
2015 de la table des gènes impliqués dans les maladies
neuromusculaires (http://www.musclegenetable.fr) et la
liste ne fait que croître régulièrement. L’étude présentée
ici illustre le fait qu’à l’ère du séquençage haut débit, la
présentation clinique des patients n’est pas un a priori
dans l’interprétation des données de séquence. En effet,
des trois gènes identifiés dans cette étude, deux étaient
déjà connus comme cause de DMC (les gènes codant la
fukutine et l’ISPD), mais associant généralement des
anomalies du cerveau et/ou des yeux, ce qu’aucun des
patients décrits ici ne présente. Enfin, et de façon plus
surprenante, une mutation homozygote du gène codant
la dysferline a été identifiée chez deux enfants d’une
famille consanguine turque atteints de DMC rapidement
progressive, avec des taux de créatine kinase sérique
élevés et une atteinte de tous les groupes musculaires
proximaux. Cette étude élargit donc le spectre des mala-
dies impliquant ce gène, généralement plutôt tardives
et lentement progressives. Les auteurs recommandent
donc d’inclure l’immunomarquage de la dysferline dans
le criblage des biopsies musculaires de patients atteints
de DMC.
RÉFÉRENCE
1. Ceyhan-Birsoy O, Talim B, Swanson LC, Karakaya M, Graff MA, Beggs
AH, Topaloglu H. Whole exome sequencing reveals DYSF, FKTN, and
ISPD mutations in congenital muscular dystrophy without brain or eye
involvement. J Neuromuscul Dis 2015 ; 2 : 87-92.
RÉFÉRENCE
1. Dusl M, Senderek J, Müller JS, Vogel JG, Pertl A, Stucka R, Lochmüller H, David R, Abicht A. A 3’-UTR
mutation creates a microRNA target site in the GFPT1 gene of patients with congenital myasthenic
syndrome. Hum Mol Genet 2015 ; 24 : 3418-26.
Dystrophies musculaires
congénitales
Des formes sans implication
du cerveau ni des yeux liées à
des mutations des gènes DYSF,
FKTN et ISPD
Résumé
Les dystrophies musculaires congénitales (DMC) sont un groupe de
maladies neuromusculaires génétiquement et cliniquement hété-
rogènes. Plusieurs gènes codant des protéines de la matrice extra-
cellulaire, de l’enveloppe nucléaire, du sarcolemme ou des enzymes
de glycosylation sont impliqués dans les DMC. L’important chevau-
chement des présentations cliniques causées par des mutations
dans différents gènes représente un défi pour les cliniciens dans
l’identification de l’étiologie de la pathologie de chaque patient.
Le séquençage d’exome entier a été utilisé afin d’identifier la cause
génétique de la DMC chez cinq patients, issus de trois familles,
présentant des symptômes cliniques très similaires : une faiblesse
rapidement progressive et d’apparition précoce, sans anomalies du
cerveau ni des yeux.
Le séquençage d’exome entier a été réalisé sur les ADN des individus
atteints. L’impact fonctionnel des mutations a été étudié par immu-
nomarquages sur les biopsies de muscle disponibles. Des mutations
pathogéniques ont été identifiées dans trois gènes différents: DYSF,
FKTN et ISPD. La mutation du gène DYSF entraîne l’absence de protéine
dysferline dans le muscle du patient. Les mutations du gène ISPD
altèrent la fonction de la protéine, démontrée par le défaut de glyco-
sylation de l’-dystroglycane dans le muscle du patient.
Cette étude souligne l’intérêt des approches génomiques sans biais
dans le diagnostic moléculaire des maladies neuromusculaires clini-
quement hétérogènes, comme chez les patients de cette étude. Les
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