45 indicateurs de développement durable :
une contribution de l'Ifen
128
institut français de l’environnement
L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE
L'indépendance énergétique va de pair avec le
développement durable de la France pour diffé-
rentes raisons. D'un point de vue stratégique, il s'a-
git pour le pays d’assurer la sécurité de son appro-
visionnement, gage de la poursuite du développe-
ment économique, et de limiter sa vulnérabilité
aux fluctuations du prix du pétrole brut et du gaz.
Par ailleurs, une plus grande autonomie, en parti-
culier vis-à-vis des importations de ressources fossi-
les, peut conduire à réduire l'empreinte écolo-
gique 1du pays. Enfin, dans la mesure où cette
quête d'indépendance doit se faire dans le respect
des engagements internationaux en matière d'en-
vironnement, elle devrait conduire à promouvoir
l'utilisation des ressources renouvelables et à inci-
ter à des économies d'énergie.
Le renforcement de l'indépendance énergétique
s’appuie généralement sur la promotion de sources
PERTINENCE
AXE 5 : LONG TERME
ET GÉNÉRATIONS FUTURES
d'énergie disponibles sur le territoire national pour
lesquelles on n'est peu ou pas tributaire des impor-
tations, dont le développement peut être favorisé
par des mesures d'incitations fiscales ou parafisca-
les. Il passe aussi par la diversification des sources
d'approvisionnement (par produit et par zone géo-
graphique) et par la mise en place d’un dispositif
renforcé de stocks stratégiques. Il ne s'agit pas tant
de maximiser l'autonomie énergétique que de
réduire les risques qui seraient liés à la dépendance.
L’indicateur choisi présente l’évolution entre 1973
et 2002 du taux d’indépendance énergétique de la
France, défini comme le rapport entre la produc-
tion nationale d’énergies primaires (charbon,
pétrole, gaz naturel, nucléaire, hydraulique, éner-
gies renouvelables) et les disponibilités totales en
énergies primaires.
À la suite du premier choc pétrolier, la France a décidé
de réduire sa dépendance énergétique en diversifiant
ses importations de pétrole et de gaz, notamment
pour limiter la part du Moyen-Orient, en développant
l'énergie nucléaire et en valorisant ses ressources
hydroélectriques. Le taux d'indépendance énergétique
est donc passé de 23,9% en 1973 à 50,7% en 2002.
Compte tenu de ses choix énergétiques, notamment
du poids du nucléaire et de l'hydroélectricité dans son
bilan énergétique, la position de la France est singuliè-
re au niveau international et européen. En effet, en
2000, la consommation énergétique de l'Union euro-
péenne était couverte à 41% par le pétrole (contre
ANALYSE
38% en France), 22% par le gaz naturel (contre 14%
en France), 16% par les combustibles solides - char-
bon, lignite, tourbe - (5% pour le charbon en France),
15% par le nucléaire (37% en France). La consomma-
tion de pétrole importé reste toutefois importante en
France et le développement des énergies renouvela-
bles hors hydroélectricité et bois pour l'énergie ther-
mique demeure très faible.
Si la filière nucléaire présente des avantages en ter-
mes de lutte contre le réchauffement climatique et
de sécurité des approvisionnements, la gestion des
déchets radioactifs et les risques associés à la filière
posent question.
Au niveau européen, la question de l'indépendance
énergétique est perçue comme un enjeu majeur.
Dans son Livre vert intitulé Vers une stratégie euro-
péenne de sécurité d'approvisionnement énergé-
tique (COM (2000) 769 final), la Commission euro-
péenne esquisse le schéma d'une stratégie énergé-
tique à long terme :
"l'Union européenne doit rééquilibrer la poli-
tique de l'offre par des actions claires en faveur
d'une politique de la demande ;
il faut un véritable changement des comporte-
ments des consommateurs, s'appuyant sur des
incitations fiscales et une politique active d'écono-
mie d'énergie dans le bâtiment et les transports ;
la priorité doit être donnée à la lutte contre le
réchauffement climatique, passant par la promo-
tion des énergies renouvelables (y compris des bio-
carburants) grâce à des mesures financières (aides
d'État, déductions fiscales, soutien financier). Les
objectifs à atteindre en 2010 sont un doublement
de la part des énergies renouvelables dans le bilan
énergétique (de 6% à 12%) et un passage de 14%
à 22% pour la production d'électricité".
STRATÉGIE DE L’UNION EUROPÉENNE EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
(1) L’empreinte écologique mesure la charge qu’impose à la nature une population
donnée associée à son mode de vie, de consommation, de production, et à sa
production de déchets.
129 Etudes et travaux n°41
MODULE 10 : VULNÉRABILITÉ ET ADAPTATION À L’IMPRÉVISIBLE
Depuis février 2002, les coefficients d'équivalence énergétique utilisés en France ont été alignés sur la méthode internationale.
De plus, les bilans énergétiques excluent maintenant les soutes maritimes internationales.
Source : ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie (DGEMP, Observatoire de l'énergie).
AXE 5 : LONG TERME
ET GÉNÉRATIONS FUTURES
INDICATEUR : Évolution du taux d’indépendance énergétique de la France
Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, 2002.
L'énergie en France - repères.
Revol H., Valade J., 2001. Rapport d'information fait au nom
de la Commission des Affaires économiques et du Plan sur la
sécurité d'approvisionnement en énergie de l'Union euro-
péenne présenté au nom du groupe de l'énergie. Paris,
Sénat, 41 p. (Rapport d’information, 218).
Les données du graphique proviennent du ministère de l'Éco-
nomie, des Finances et de l'Industrie, direction générale de
l’Énergie et des Matières premières (DGEMP), Observatoire de
l'énergie. Les bilans énergétiques de la France sont consulta-
bles sur le site Internet du ministère :
http://www.minefi.gouv.fr
Définition :
le taux d’indépendance énergétique est le rapport entre la
production nationale d’énergies primaires (charbon, pétrole,
gaz naturel, nucléaire, hydraulique, énergies renouvelables) et
les disponibilités totales en énergies primaires. Il faut noter
que la production nationale d’énergie primaire inclut les
exportations, part qui n’est donc pas consommée par les
Français (et qui ne correspond pas à un besoin français).
Pour en savoir plus Méthodologie
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