DANS L'ACTUALITÉ
Les gagnants et perdants de l'accord sur le climat
Sauver le monde aura un prix. Voilà comment on pourrait résumer l'accord sur le climat conclu à Paris, dans le cadre duquel
195 pays se sont engagés à réduire leurs émissions polluantes afin de lutter contre le changement climatique. Nous
entrons dans une ère de transition, qui nous fera passer des traditionnelles technologies à base de combustibles
fossiles à des technologies à faible émission de carbone, dans laquelle des milliards de dollars seront engagés.
Les producteurs d'énergies fossiles et les pays qui en dépendent vont payer un lourd tribut. Et les sociétés actives dans les
secteurs du futur tels que les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (panneaux solaires, isolation high-tech,
éclairage basse consommation...) s'apprêtent, en revanche, à connaître des opportunités sans précédent. Les sociétés
actives dans l'industrie du charbon vont être particulièrement touchées. L'indice du charbon Stowe Global Coal, qui suit
l'évolution de 26 producteurs de premier plan, a perdu 55 % de sa valeur (en euros) cette année et 76 % depuis le fin de
2012, alors que l'indice éolien de Bloomberg a gagné respectivement 53 % et 480 %.
L'accord de Paris va probablement entraîner une accélération des investissements dans les technologies telles
que les énergies renouvelables et les véhicules électriques - surtout si d'autres pays décident de suivre l'exemple de
l'Union européenne et de certains États d'Amérique du Nord et instaurent une sorte de taxe carbone. Les Nations Unies
évaluent à plus de 1.000 milliards de dollars par an les dépenses nécessaires pour "décarboniser" l'économie mondiale et
empêcher des hausses de températures qui, selon les scientifiques, pourraient provoquer l'inondation des villes côtières,
bouleverser les pratiques agricoles et détruire des écosystèmes.
Les sociétés dont les business models sont menacés par ce monde à faible émission de carbone vont donc devoir
trouver rapidement une nouvelle orientation. Mais l'or noir a encore de belles heures devant lui.
Selon une prévision relativement optimiste de l'Agence internationale de l'énergie concernant les réductions
d'émissions, les combustibles fossiles représenteront encore 75 % de la demande énergétique en 2030, avec un
charbon en déclin, un pétrole en légère croissance et un gaz naturel en pleine ascension.
Afin de pouvoir répondre aux nouvelles politiques climatiques, les grandes entreprises misent en premier lieu sur le
gaz. Alors que l'énergie solaire enregistre de belles avancées en termes de coût et d'efficacité, l'industrie n'a pas
encore trouvé le moyen de stocker suffisamment d'électricité pour les périodes sans soleil. Tant que ce problème ne
sera pas résolu - probablement via une amélioration des batteries -, la demande en charbon, en gaz ou en énergie
nucléaire restera significative.
Les investissements énergétiques vont cependant de plus en plus prendre la direction des énergies vertes. Selon un
scénario élaboré par l'AIE, les énergies renouvelables attireront 59 % des investissements dans le secteur de
l'électricité au cours de la prochaine décennie et cette part passera à deux tiers entre 2026 et 2040.
DÉCEMBRE 2015
L'analyse de Thierry Masset
Mettre l'accent sur les actions de
bonne qualité
Bonne année pour les marchés
obligataires des pays industrialisés
Les divisions de l'OPEP alimentent la
volatilité et la faiblesse des prix
pétroliers
Les marchés ne pourront pas toujours
compter sur la BCE
Retour à la case départ pour les
matières premières
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sur le climat