MODES DE RÉMUNÉRATION DES MÉDECINS : UN APERÇU DES POSSIBILITÉS D’ACTION AU CANADA 3
1 inTroDucTion
Les coûts des services de santé du Canada sont en hausse et représentent aujourd’hui une grande part du
PIB. Bien qu’une augmentation des dépenses de santé (même sous forme de pourcentage) puisse être une
bonne chose si elle reète la meilleure santé nancière d’un pays et une plus grande capacité à s’offrir des
soins inappréciables, on s’entend généralement pour dire que le taux de croissance des dépenses au Canada
n’est pas viable et qu’il n’améliore pas nécessairement les résultats pour la santé. Par conséquent, beaucoup
considèrent que la réduction du taux de croissance des dépenses de santé (c’est-à-dire le échissement de la
courbe des coûts) constitue un objectif stratégique important et urgent. Le corollaire à cet objectif consiste
à déterminer si on peut l’atteindre sans sacrier d’autres buts importants, comme la prestation de services
de santé gratuits et complets à l’ensemble des citoyens. Ceux qui estiment possible d’améliorer le système
de santé et de limiter les coûts soulignent les nombreuses inefcacités de ce système1. En les réduisant, ne
serait-ce que partiellement, il serait envisageable de réaffecter les économies dans les secteurs sous-nancés
au lieu de simplement chercher à obtenir de nouvelles sources de recettes publiques.
Le recours à outrance au paiement à l’acte comme mode de rémunération est fréquemment pointé du
doigt pour expliquer l’inefcience du système canadien2. Payer un médecin pour chaque service fourni
représente un concept simple, facile à implanter et à gérer, mais il n’incite pas les médecins à tenir compte
des coûts et des avantages du traitement. En fait, il ne récompense qu’un seul et unique élément: le
volume. Par conséquent, ce système motive peu les médecins à tenir compte des coûts des traitements et
peut même devenir un incitatif nancier les poussant à encourager la surconsommation de services de
santé. En réaction à de telles sources d’inefcience, d’autres modes de paiement ont été proposés et mis
en œuvre au Canada et à l’étranger. Ces mécanismes visent à réduire les dépenses de santé en mettant
un frein à la prestation excessive (c’est-à-dire inefciente) de services en ciblant directement le médecin;
ils englobent le système de paiement à forfait, les enveloppes budgétaires (une forme plus complète de
capitation), le paiement mixte, la rémunération au rendement et l’intéressement. Tous ces mécanismes
cherchent à inciter les médecins à tenir compte des coûts et des avantages des traitements. Même si
certains de ces modes de paiement pourraient s’avérer prometteurs pour le Canada, ils se sont souvent
butés à une certaine opposition, surtout pour leur effet prévu sur le niveau et la qualité des soins fournis.
Le présent rapport aborde les questions suivantes:
◥Peut-on inuer sur le taux des dépenses publiques ou sur l’efcience du système en effectuant la
transition du paiement à l’acte vers un autre mode de rémunération?
◥Quels modes de paiement sont les plus prometteurs pour le Canada et quelles composantes politiques
ou réglementaires sont requises ou souhaitables pour leur mise en œuvre?
◥Pour répondre à ces questions, nous examinons la question de l’efcience dans la prestation et la
consommation des services ainsi que les difcultés qui s’y rattachent. Nous présentons ensuite le mode
de rémunération à l’acte actuel et quelques critiques dont il fait l’objet. Le corps principal du texte
expose les possibilités d’action pour le Canada en faisant ressortir leurs avantages et inconvénients
respectifs. Les sections nales sont consacrées à la rémunération au rendement et à l’intéressement,
1 Au cours des 10dernièresannées, une abondante documentation sur l’ampleur et la portée des sources d’inefcience dans les
systèmes de santé a été produite sous la direction d’un groupe de l’Université Dartmouth. Les recherches montrent qu’il existe (aux
États-Unis du moins) de grands écarts dans les dépenses entre les régions géographiques (d’un État à l’autre ou au sein d’un même
État), mais peu de différence dans les résultats pour la santé (en tenant compte des caractéristiques de la population et des prix).
Autrement dit, certaines régions ont souvent recours à des soins coûteux qui semblent avoir peu d’incidence sur l’amélioration de
la santé de leurs citoyens (Skinner, Chandra, Goodman et Fisher, 2009).
2 Selon les données du Sondage national des médecins 2007, plus de 80p.100 des médecins sont (du moins, en partie) rémunérés à
l’acte (les services rémunérés à l’acte représentant, en moyenne, plus de 75p.100 des revenus).