D o s s i e r d u C N I M Revue d’évaluation sur le médicament Publication bimestrielle 1996, XVII, 2-3 Antirétroviraux dans le SIDA 1996, XVII ,2-3 Évaluation thérapeutique SOMMAIRE Centre National d’Information sur le Médicament Hospitalier ISSN 0223.5242 H Sommaire DOSSIER DU CNIMH 1996, Tome XVII, 2-3 Tous les articles publiés dans DOSSIER sont le fruit d'un travail collectif, sur le fond et sur la forme, entre les Rédacteurs-Signataires, le Comité de Rédaction, et la Rédaction du CNIMH d'une part, le Comité de lecture et certains experts, spécialistes du sujet traité, d'autre part. Sur chaque sujet, DOSSIER ne publie donc pas les opinions de tel ou tel, mais réalise une analyse scientifique critique, la plus objective possible. Éditorial JF Delfraissy 3 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Directeur de la Publication : J.M. Kaiser RÉDACTION Rédacteur en chef : M.C. Husson Secrétaire de rédaction : C. Fréville Comité de rédaction : S Crauste-Manciet (Saint-Germain en Laye), I. Debrix (Paris), C. Diviné (Créteil), J.E. Fontan (Paris), F. Gimenez (Paris), C. Guérin (Paris), B. Sarrut (Paris). Secrétaire: M. Bouchot, F. Prince COMITÉ DE LECTURE C. Advenier (Versailles), P. Assayag (Paris), A. Baumelou (Paris), P. Beaufils (Paris), P. Bernades (Clichy), D. Brossard (Saint-Germain en Laye), D. Cabrol (Paris), A. Certain (Paris), A. Combre † (Nantes), J.M. Decazes (Paris), J.M. Extra (Paris) P. Faure (Paris), P. Gayral (Paris), P.M. Girard (Paris), C. Gisselbrecht (Paris), J.P. Giroud (Paris), J.L. Imbs (Strasbourg), J.C. Koffel (Strasbourg), A. Le Hir (Paris), P. Maire (Lyon), G. Massé (Paris), C. Montagnier (Bayonne), B. Quinet (Paris), Ch. M. Samama (Paris), X. Sauvageon (Paris), E. Singlas (Paris), M. Torck (Lille), J.H. Trouvin (Châtenay-Malabry), G. Vedel (Paris), J.M. Vetel (Le Mans), M. Vincens (Paris). IMPRESSION : Express Service Est 19, Bd Georges Bidault, 77183 Croissy-Beaubourg Rythme de parution: 6 numéros par an N° ISSN 0223.5242. N° de commission paritaire: 71987 CENTRE NATIONAL D'INFORMATION SUR LE MÉDICAMENT HOSPITALIER (CNIMH) 7, rue du Fer à Moulin 75005 Paris Tél.: (1) 44 08 77 77 - Télécopie: (1) 43 36 76 49 Le CNIMH est une association indépendante à but non lucratif (loi 1901) dont la vocation est de dispenser une information rigoureuse et scientifique sur le médicament. Président : J.M. Kaiser Président fondateur : A. Mangeot † Directeur : M.C. Husson Promotion : C. Grevot Secrétariat-Abonnement : M. Bouchot, F. Prince Conseil d'Administration : P. Arnaud (Paris), A. Baumelou (Paris), M. A. Becker (Paris), Bénech (Paris), F. Berthet (St Maurice), M.C. Bongrand (Marseille), A. Combre † (Nantes), S. Crauste-Manciet (St Germain en Laye), Ch. Doreau (Paris), S. Ferry (Lyon), F. Gimenez (Paris), A. Graftieaux (Chalon sur Marne), G. Hazebroucq (Paris), M Hirsch (Paris), J.M. Kaiser (Tours), J.F. Latour (Lyon), A.V. Lebelle (Angers), R. Leverge (Paris), A.M. Liebbe (Compiègne), F. Locher (St Genis Laval), G. Maillard (Paris), N. Nocton (Senlis), C. Penot-Ragon (Marseille), JP Reynier (Marseille), A. Sarfati (Ivry), B. Sarrut (Paris), B. Van Bockstael (Lomme), G. Willoquet (Évry). Membres d'honneur : J.M. Alexandre, G. Bardelay, J Gaulin, M. Legrain. Les articles de DOSSIER sont indexés dans BIBLIOGRAPHIF ®. Le CNIMH a la propriété des textes publiés dans ce numéro et se réserve tous les droits de reproduction (même partielle), d’adaptation, de traduction, pour tous les pays et par quelque procédé que ce soit (loi du 11 mars 1957, art. 40 et 41 du Code Pénal art. 425). Ière Partie : Physiopathologie et thérapeutique du SIDA Le SIDA Virus VIH Approches thérapeutiques : Les cibles virales Efficacité thérapeutique Essais cliniques Suivi clinique et marqueurs biologiques Résistance IIème Partie : Monographies et associations Monographies des antirétroviraux commercialisés et à l’étude Associations : bi et trithérapie IIIème Partie : Situations physiopathologiques particulières Données concernant l’enfant Prophylaxie materno-fœetale Prophylaxie des accidents professionnelles Primo-infection IVème Partie : Prescriptions, dispensations, économie, stratégie et perspectives Dimension économique Prescriptions et dispensation des antirétroviraux Stratégies thérapeutiques Perspectives d’avenir 11 22 27 34 36 41 49 154 180 190 194 196 197 204 206 Au sommaire de Dossier depuis 1990 213 Bulletin d’abonnement 215 Ventes 1996 (prix TTC) Abonnement : Institutions Hospitalières et Particuliers : 850 F, Etranger : 1052 F Laboratoires : 1600 F, Etranger : 1802 F Numéro : Institutions Hospitalières et Particuliers : 160 F Laboratoires : 320 F (tarif dégressif envisageable). Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PLAN Introduction 7 INDINAVIR Ière Partie : LAMIVUDINE 78 LOVIRIDE 84 Physiopathologie et thérapeutique du SIDA NÉVIRAPINE Le SIDA 70 87 RITONAVIR 92 SIDA / LA MALADIE 11 SAQUINAVIR 100 CLASSIFICATIONS 12 STAVUDINE 107 ÉPIDÉMIOLOGIE 15 ZALCITABINE 118 ZIDOVUDINE 132 Associations : bi et trithérapie 154 Virus VIH FAMILLE 22 CLASSIFICATIONS 23 STRUCTURE DU VIH 23 IIIème Partie : CYCLE DE REPRODUCTION 24 Situations physiopathologiques particulières TRANSMISSIONS 25 Approches thérapeutiques : Les cibles virales 27 Efficacité thérapeutique Essais cliniques 34 Suivi clinique et marqueurs biologiques 36 Résistance 41 Données concernant l’enfant 180 Prophylaxie materno-fœetale 190 Prophylaxie des accidents 194 professionnelles Primo-infection 196 IVème Partie : Prescriptions, dispensations, économie, IIème Partie : Monographies et associations stratégie et perspectives Monographies des antirétroviraux commercialisés et à l’étude ATÉVIRDINE 49 DÉLAVIRDINE 52 DIDANOSINE 54 GÈNE EXPRESSION 67 MODULATOR 91 Dossier 1996, XVII, 2-3 7 Dimension économique 197 Prescriptions et dispensation des antirétroviraux 204 Stratégies thérapeutiques Perspectives d’avenir 206 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA INTRODUCTION HISTORIQUE ÉVOLUTION DE LA MALADIE DU SIDA ET DE SON TRAITEMENT En l’absence de traitement, le délai médian entre l’infection et l’apparition du SIDA est de 10 ans. En juin 1981, le Center for Diseases Control (CDC) d’Atlanta rapporte les premières observations relatives à des infections inhabituelles dans un groupe d’homosexuels masculins et dues à une déficience de l’immunité cellulaire (4, 9, 10). L’entrée dans la maladie est due à une détérioration progressive du système immunitaire avec effondrement des lymphocytes CD4 et présence de signes cliniques : fièvre persistante, perte de poids, diarrhée prolongée. La pneumocystose observée était alors une pathologie exceptionnelle, rencontrée seulement chez les grands immunodéprimés. La prévention ciblée et le traitement précoce des infections opportunistes ont singulièrement modifié le profil de l’évolution naturelle de l’infection, tout autant peut-être que les traitements antirétroviraux proprement dits. En quelques semaines, de nombreux cas sont rapportés à Los Angeles et New-York. A la même époque, également chez des homosexuels masculins, sont observés des cas de maladie de Kaposi avec une fréquence anormale. Cette maladie, d’incidence rare, affectait jusque là des hommes âgés (3), des transplantés rénaux et des Africains. LES TRAITEMENTS La zidovudine (ZDV ou AZT), analogue nucléosidique inhibiteur de la transcriptase inverse du virus, a été le premier médicament ayant démontré une efficacité chez des patients atteints du SIDA (11). Elle a été commercialisée par les laboratoires Wellcome au printemps 1987 sous le nom de RETROVIR®‚ dans plus de 60 pays. D’autres médicaments de la même classe l’ont été quelques années plus tard, notamment en France : - la didanosine (VIDEX®), en 1992 en France, - la zalcitabine (HIVID®)‚ en 1994 en France, - la stavudine (ZERIT®)‚ actuellement commercialisée aux États-Unis (depuis 1994) et la lamivudine (EPIVIR®), bénéficiant en France, d’une Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU) de cohorte depuis mi-1995. Les années suivantes, cette maladie est observée à l’intérieur des États-Unis et à travers le monde. Les recherches sont alors orientées vers l’implication d’un agent transmissible. En 1983, elle est dénommée « Acquired Immunodeficiency Syndrome » (AIDS) ou Syndrome de l’Immunodéficience Acquise (SIDA) (cf tableau page 10). LE VIRUS L’équipe du Professeur Montagnier de l’Institut Pasteur à Paris (1) puis celle du Professeur Gallo aux États-Unis (2) montrent que cette maladie est causée par un rétrovirus, aujourd’hui dénommé Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH). Ses anciens noms sont : Lymphadenopathy Associated Virus ou LAV (1), Human T cell Lymphotropic Virus type III ou HTLV III (2), ARV ou AIDS related virus (8). Le saquinavir (INVIRASE®), premier inhibiteur de la protéase du VIH, approuvé par la FDA en décembre 1995, a obtenu en janvier 1996 une ATU en France. Le ritonavir (NORVIR®) et l’indinavir (CRIXIVAN®) l’ont obtenu en avril 1996. Si l’apparition du SIDA a paru soudaine, il semble que le VIH ait été présent pendant les années 1960 et même avant (6). LES POINTS PARTICULIERS L’étude rétrospective d’anciens dossiers médicaux a révélé des décès dus au SIDA aux États-Unis et en Europe entre 1960 et 1976, soit bien avant le début de la reconnaissance de l’épidémie. Des anticorps anti-VIH ont été retrouvés dans des sérums prélevés au Zaïre en 1970 et 1976. Les antirétroviraux bénéficient d’un développement clinique (phases I - II, II - III) et de procédures administratives de mise sur le marché (tant aux Etats-Unis qu’en Europe) accélérés, en raison du contexte épidémique, de la gravité du pronostic de l’infection par le VIH et de la pression des associations de malades. Dossier 1996, XVII, 2-3 8 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA À ce titre, le cas de la zidovudine est exemplaire : Les espoirs actuels pour une efficacité antivirale définitive repose sur la progression conjointe des connaissances physiopathologiques et virologiques concernant le VIH d’une part, et la mise sur le marché de médicaments permettant de réaliser des bi- et des trithérapies efficaces abaissant le plus possible la charge virale et restaurant les défenses immunitaires d’autre part. - 1984 : identification de l’activité de la 3’-azidothymidine (AZT) sur le VIH en culture cellulaire, - 1985 : début des essais thérapeutiques chez l’homme, - septembre 1986 : analyse et conclusions d’un essai déterminant de phase II - zidovudine versus placebo - faisant apparaître une supériorité de la zidovudine en terme de survie, - 1987 : agrément du médicament aux Etats-Unis puis en Europe. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Depuis cette date, des procédures d’« accelerated approval» aux Etats-Unis et d’A.T.U en France ont permis la mise à disposition des nouveaux médicaments, notamment dans le traitement de patients à un stade avancé de leur maladie. 1 - Barre-Sinoussi F, Chermann JC, Rey F et al. Isolation of a T cell lymphotropic virus from a patient at risk for the acquired immunodeficiency syndrome (AIDS). Science 1983 ; 220 : 868-71. 2 - Gallo RC, Salahuddin AZ, Popovic M et al. Frequent detection and isolation of pathogenic retroviruses (HTLVIII) from patients with AIDS and at risk from AIDS. Science 1984 ; 224 : 500-3. 3 - Gottlieb MS, Ragaz A, Vogel JC et al. A preliminary communication on extensively disseminated Kaposi’s sarcoma in young homosexual men. Am J Dermatopath 1981 ; 3 : 111-4. LES ANTIRÉTROVIRAUX DANS DOSSIER La mise sur le marché des antirétroviraux après des essais cliniques moins nombreux que pour les autres médicaments justifie leur dispensation par les Pharmacies hospitalières avec enregistrement et suivi de tout patient traité. 4 - Gottlieb MS, Schroff R, Schanker HM et al. Pneumocystis carinii pneumonia and mucosal candidiasis in previously healthy homosexual men : evidence of a new acquired cellular immunodeficiency. N Engl J Med 1981; 305 : 1425-31. Ce Dossier consacré aux médicaments antirétroviraux dans le SIDA traite, après un descriptif du SIDA - la maladie, son épidémiologie -, du VIH et de ses cibles, des possibilités thérapeutiques actuelles et en développement. 6 - Grmek MD. Histoire du SIDA. Ed Payot & Rivages 1989, Nouvelle édition Avril 1995. 7 - Ho DD, Neumann AU, Perelson AS et al. Rapid turnover of plasma virions and CD4 lymphocytes in HIV-1 infection. Nature 1995 ; 373 : 123-6. Sont présentés tous les médicaments disponibles ou en développement avancé, avec une réflexion parallèle sur l’évolution récente de la conception des essais cliniques dans cette pathologie. 8 - Levy JA, Hoffman AD, Kramer SM et al. Isolation of lymphocytopatic retroviruses from San Fransisco patients with AIDS. Science 1984 ; 225 : 840-2. Les données spécifiques concernant l’enfant, la transmission mère-enfant, la transmission accidentelle sont traitées séparément. 9 - Masur H, Michelis MA, Greene JB et al. An outbreak of community-acquired Pneumocystis carinii pneumonia: initial manifestations of cellular immune dysfunction. N Engl J Med 1981 ; 305 : 1431-8. Les modalités de prescription et de dispensation de ces médicaments en France sont également détaillées, avec un point sur les mécanismes budgétaires spécifiques de finacement des activités SIDA et les aspects économiques liés à la maladie. 10 - Siegal FP, Lopez C, Hammer GS et al. Severe acquired immunodeficiency in male homosexuals, manifested by chronic perianal ulcerative herpes simplex lesions. N Engl J Med 1981 ; 305 : 1439-44. Les stratégies thérapeutiques, s’appuyant sur les données les plus récentes, sont exposées. 11 - Yarchoan R, Weinhold KJ, Lyerly HK et al. Administration of 3' azido-3'- deoxythimidine, an inhibitor of HTLV/LAV replication, to patients with AIDS or AIDS related complex. Lancet 1986 ; 1 : 575-80. Dossier 1996, XVII, 2-3 9 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Historique du SIDA et de son traitement 1980 Première description du Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise (SIDA) chez 3 patients en Californie. 1980-81 Description du SIDA chez 5 homosexuels masculins par les Centers for Diseases Control (CDC) d’Atlanta (États-Unis). 1983 L’agent causal du SIDA est isolé par l’équipe du Pr Luc Montagnier de l’Institut Pasteur à Paris Début des prophylaxies des maladies opportunistes. 1984 Description du HTLV-III par le Pr Robert Gallo aux États-Unis. 1985 * L’Institut Pasteur isole le VIH-2. * Les tests de dépistage deviennent disponibles à l’échelle industrielle. * Recherche obligatoire des anticorps anti-VIH chez tous les donneurs de sang en France. 1986 En France, le SIDA devient une maladie à déclaration obligatoire. L’efficacité clinique de la zidovudine (AZT) versus placebo est établie par un essai de phase II conduit de février à septembre 1986. 1987 * Autorisation d’utilisation de l’AZT (RETROVIR®) en France, dans le cadre des comités antiviraux hospitaliers. * Le SIDA est déclaré « grande cause nationale » : campagnes publicitaires de prévention par voie d’affichage et spots télévisés. * Vente libre des seringues en pharmacie. 1988 L’OMS institue le 1er décembre comme « Journée Mondiale du SIDA ». 1989 Création du dispositif national de lutte contre le SIDA. 1990 * Premières utilisations de la didanosine (ddI) en France. * Publication du rapport Dormont sur la prise en charge et le traitement précoce de l’infection par le VIH. 1992 * AMM de la ddI en France (VIDEX®). * Autorisation de prescription de la ddC (HIVID®) dans le cadre de protocoles expérimentaux. 1994 * Intérêt de l’AZT dans la prophylaxie de la transmission materno-foetale. * Entrée dans le SIDA retardée par la prophylaxie précoce des affections opportunistes. 1995 Intérêt de la bithérapie : AZT + ddI ou AZT+ ddC avec allongement de la survie. 1996 * Utilisation des antiprotéases : saquinavir (INVIRASE®) : ATU en janvier 1996 ; ritonavir (NORVIR®) et indinavir (CRIXIVAN®) : ATU en avril 1996. * Intérêt de la trithérapie * Suivi des patients par la mesure de la charge virale plasmatique. Dossier 1996, XVII, 2-3 10 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA I ère Partie Résumé LE SIDA SIDA / LA MALADIE L’évolution de l’infection par le VIH est celle d’une maladie chronique, allant de la primo-infection jusqu’au stade SIDA après plusieurs années (cf figure ) (4). La contamination par le virus VIH entraîne une réponse humorale et cellulaire. Phase aiguë ou période de primo-infection La phase aiguë ou période de primo-infection survient dans les 15 jours à 3 mois suivant la contamination. Les signes cliniques sont variés et peuvent ne pas exister. Les signes les plus fréquents sont un syndrome mononucléosique avec adénopathies disséminées, une fièvre pouvant durer jusqu’à un mois, des courbatures et douleurs musculaires, une éruption cutanée, une dysphagie douloureuse ou des arthralgies. Cette période est caractérisée par une virémie élevée (semblable à celle observée à un stade avancé de la maladie), une dissémination importante du virus notamment au niveau des organes lymphoïdes. L’importance de cette dissémination a certainement des conséquences sur l’évolution future de la maladie (4). Mais, quelle que soit la sévérité de cette phase de primoinfection, les symptômes vont disparaître dans une période d’un mois maximum. Phases d’évolution du SIDA - d’après Pantoleo et al (4) Dossier 1996, XVII, 2-3 11 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Phase de latence clinique 7 -Wei X, Ghosh SK, Taylor ME et al. Viral dynamics in human immunodeficiency virus type 1 infection. Nature 1995 ; 373 : 117-22. La phase de latence clinique généralement asymptomatique qui suit cette primo-infection peut durer plus de dix ans (7). CLASSIFICATIONS Cependant, il y a au cours de cette période, une dégradation progressive du système immunitaire (3, 7) qui se manifeste plus particulièrement par une diminution du taux de CD4 et qui n’est pas accompagnée d’une augmentation des concentrations virales plasmatiques. Généralités Les manifestations cliniques multiples au cours du SIDA justifient les tentatives de classification des différents stades cliniques. Les données de l’examen clinique et les paramètres biologiques permettent d’évaluer l’état du patient, d’estimer les risques évolutifs, de décider des interventions thérapeutiques, soit antirétrovirales pures, soit prophylactiques des principales infections opportunistes. En fait, cette phase de latence clinique est une phase de «faux silence», car la maladie progresse pendant toute cette période. Évolution vers le SIDA La grande majorité des sujets infectés par le VIH évolu vers le SIDA ou Syndrome d’Immuno Déficience Acquise, expression ultime de la destruction du système immunitaire. Historique * 1982 Dès 1982, une classification a été établie par des cliniciens et épidémiologistes, en fonction des symptômes cliniques. Trois syndromes sont différenciés : L’évolution vers le SIDA après dix ans concernerait entre 30 et 60 % des sujets (6) ; ce taux varie en fonction de l’âge. Les manifestations cliniques pendant cette période sont celles de la catégorie A de la classification CDC 1993. 1 - Le syndrome de lymphadénopathie persistante généralisée (LPG) ou Lymphadenopathy Syndrome (LAS), Quelques individus séropositifs au VIH ne progressent pas vers le stade SIDA et font l’objet d’études visant à découvrir le(s) facteur(s) expliquant que ces sujets sont réfractaires au virus (1, 2, 5). 2 - Le Syndrome apparenté au SIDA ou ARC (AIDS Related Complex) avec des manifestations cliniques non spécifiques précédant le stade SIDA, 3 - Le SIDA défini par les infections opportunistes, le sarcome de Kaposi ou le lymphome cérébral. Cette classification a été la première à séparer le stade SIDA des autres manifestations de l’infection à VIH. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1- Cao Y, Qin L, Zhang L et al. Virologic and immunologic characterization of long-term survivors of human immunodeficiency virus type 1 infection. N Engl J Med 1995 ; 332 : 201-8. * 1985 En 1985, le Walter Reed Hospital a proposé une classification qui divise l’infection VIH en plusieurs stades cliniques et qui intègre des tests immunitaires (mais peu reproductibles) (1). 2 - Detels R, Liu Z, Hennessey K et al. Resistance to HIV1 infection. Multicenter AIDS cohort study. J Acquir Immune Defic Syndr 1994 ; 7 : 1263-9. * 1986 En 1986, le Center for Diseases Controle (CDC) d’Atlanta a proposé une classification (révisée en 1987 et en 1993), en quatre groupes qui s’excluent mutuellement (cf tableau). 3 - Ho DD, Neumann AU, Perelson AS et al. Rapid turnover of plasma virions and CD4 lymphocytes in HIV-1 infection. Nature 1995 ; 373 : 123-6. 4 - Pantaleo G, Graziosi C, Fauci AS. The immunopathogenesis of human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1993 ; 328 (5) : 327-35. Toutes ces classifications ont pour objectifs de permettre d’évaluer en fonction des manifestations cliniques et biologiques de cette maladie l’état des patients, de prendre les décisions thérapeutiques les plus efficaces en matière de prévention contre les infections opportunistes et de choix de traitement antirétroviral, d’estimer les risques à venir à partir d’études prospectives réalisées chez des patients infectés. 5 - Pantaleo G, Menzo S, Vaccarezza M et al. Studies in subjects with long-term non progressive human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1995 ; 332 : 209-16. 6 - Rozenbaum W. Définition et histoire naturelle. in «guide SIDA 1995 ». Impact Médecin : Les dossiers du praticien. Dossier 1996, XVII, 2-3 (1, 2, 3) 12 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Classification des manifestations de l’infection VIH : CDC 1987 . C1 : pneumocystose, cryptosporidiose, toxoplasmose cérébrale, isosporose, candidose œsophagienne, bronchique ou pulmonaire, cryptococcose, histoplasmose disséminée, coccidioïdomycose disséminée, mycobactériose atypique, cytomégalovirose disséminée, herpès cutanéo-muqueux chronique, herpès virose digestive, respiratoire ou disséminée, leuco-encéphalite multifocale progressive, tuberculose extrapulmonaire. Elle comporte quatre groupes s’excluant mutuellement : 1. Groupe I : Primo-infection Séroconversion prouvée, symptomatique ou non. . C2 : autres infections : leucoplasie chevelue de la cavité buccale, zona atteignant plusieurs dermatomes, septicémie à salmonelles récidivante, tuberculose pulmonaire, candidose buccale, nocardiose. 2. Groupe II : Infection asymptomatique - IV D : Affections malignes Ce sont les cancers indicatifs du SIDA : sarcome de Kaposi, lymphome malin non hodgkinien à petites cellules non clivées, lymphome malin cérébral isolé. - II A : sujets sans anomalie biologique. - II B : sujets avec anomalies biologiques (anémie, leucopénie, lymphopénie, diminution des CD4+, thrombopénie, hypergammaglobulinémie, anergie cutanée) - IV E : Autres pathologies associées à l’infection par le VIH Thrombopénie, pneumopathie lymphoïde interstitielle chronique et toutes autres manifestations ne pouvant être classées dans un des groupes précédents. 3. Groupe III : Lymphadénopathie persistante généralisée (LPG) Catégories cliniques / nouvelles classifications et définition du SIDA : CDC 1993 Il s’agit obligatoirement d’adénopathies d’un diamètre d’au moins 1 cm de diamètre dans au moins deux régions anatomiques extra-inguinales non contiguës persistant pendant au moins trois mois. Depuis le 1er Janvier 1993, un nouveau système de classification a été proposé par les CDC, basé sur des critères cliniques et biologiques. - III A : sujets sans anomalie biologique. - III B : sujets avec anomalies biologiques (anémie, leucopénie, lymphopénie, diminution des CD4+, thrombopénie, hypergammaglobulinémie, anergie cutanée). Par rapport à la précédente classification, trois critères cliniques et un critère biologique ont été ajoutés : - tuberculose pulmonaire, - pneumopathies bactériennes récurrentes, 4.Groupe IV : Infection symptomatique - cancer invasif du col, - nombre de lymphocytes CD4 (< 200/mm3) (cf Tableau) Ce groupe est divisé selon les manifestations présentes en cinq sous-groupes non exclusifs : En France et en Europe, seuls les trois nouveaux critères cliniques ont été retenus. De ce fait, la définition du Sida diffère de part et d’autre de l’Atlantique bien que son expression clinique soit la même. (cf Tableau catégorie A B C) - IV A : syndromes non spécifiques Un ou plusieurs signes parmi lesquels : fièvre > 38° durant plus d’un mois, amaigrissement non désiré de plus de 10% du poids corporel habituel, diarrhée continue ou non durant plus d’un mois. Ce sont les manifestations d’ARC. 1. Catégorie A Un ou plusieurs des critères cités ci-après chez un adulte ou un adolescent infecté par le VIH, s’il n’existe aucun des critères des catégories B et C : - IV B : Signes neurologiques . B1 : atteinte centrale (méningite, encéphalite, myélopathie). - infection VIH asymptomatique, . B2 : neuropathie périphérique. - lymphadénopathie persistante généralisée (LPG), - IV C : Infections opportunistes Dossier 1996, XVII, 2-3 - primo-infection symptomatique. 13 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Tableau I : Classification de l’infection VIH pour les adultes et les adolescents : CDC 1993 Nombre de lymphocytes CD4 positifs Catégorie A Catégorie B Catégorie C Asymptomatique Primo-infection LPG Symptomatique Sans critères A ou C SIDA > 500/mm3 ou ≥ 29 % A1 B1 C1 200-499/mm3 ou 14-28 % A2 B2 C2 < 200/mm3 ou < 14 % A3 B3 C3 Définition SIDA CDC 1993 : A3, B3, C1, C2, C3 2. Catégorie B - candidose bronchique, trachéale ou pulmonaire, - candidose de l’œsophage, Manifestations cliniques chez un adulte ou un adolescent infecté par le VIH, ne faisant pas partie de la catégorie C et qui répondent au moins à l’une des conditions suivantes : - cancer invasif du col, - coccidioïdomycose, disséminée ou extrapulmonaire, - angiomatose bacillaire, - cryptococcose extrapulmonaire, - candidose oropharyngée, - cryptosporidiose intestinale de durée supérieure à 1 mois, - candidose vaginale, persistante, fréquente ou qui répond mal au traitement, - infection à CMV (autre que foie, rate ou ganglions), - rétinite à CMV (avec altération de la vision), - dysplasie du col (modérée ou grave), carcinome in situ, - encéphalopathie due au VIH, - syndrome constitutionnel : fièvre (< 38,°c) ou diarrhée supérieure à 1 mois, - infection herpétique, ulcères chroniques de durée supérieure à 1 mois, ou bronchique, pulmonaire, ou œsophagienne, - leucoplasie chevelue de la langue, - histoplasmose disséminée ou extrapulmonaire, - zona récurrent ou envahissant plus d’un dermatome, - isosporidiose intestinale chronique (supérieure à 1 mois), - purpura thrombocytopénique idiopathique, - sarcome de Kaposi, - salpingite, en particulier lors de complications par des abcès tubo-ovariens, - lymphome de Burkitt, - lymphome immunoblastique, - neuropathie périphérique. Ces manifestations sont liées au VIH ou indicatives d’un déficit immunitaire. Elles ont une évolution clinique ou une prise en charge thérapeutique compliquée par l’infection VIH. La liste des pathologies citées dans cette catégorie n’est pas limitative (cf Tableau I). Cette classification est hiérarchique, c’est à dire qu’un sujet classé dans la catégorie B ne peut être classé ensuite dans la catégorie A lorsque les signes cliniques ont disparus. - lymphome cérébral primaire, - infection à Mycobacterium avium ou kansasii, disséminée ou extrapulmonaire, - infection à Mycobacterium tuberculosis, quel que soit le site (pulmonaire ou extrapulmonaire), - infection à mycobactérie identifiée ou non, disséminée ou extrapulmonaire, - pneumonie à Pneumocystis carinii, - pneumopathie bactérienne récurrente, 3. Catégorie C - leuco-encéphalopathie multifocale progressive, Cette catégorie correspond à la définition du SIDA chez l’adulte. Lorsqu’un sujet a présenté une des pathologies de la liste ci-dessous, il est définitivement dans la catégorie C : - septicémie à salmonelle non typhi récurrente, - toxoplasmose cérébrale, - syndrome cachectique dû au VIH. Dossier 1996, XVII, 2-3 14 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 2 - Grmek MD. Histoire du SIDA. Éditions Payot & Rivages 1989, Avril 1995. Au 15 décembre 1995, le nombre d’adultes infectés est estimé à plus de 18,5 millions et celui des enfants à environ 1,5 millions (13) . L’OMS annonce les chiffres de 45 millions de personnes infectées pour l’an 2000 (dont 10 millions d’enfants). Parmi ces personnes infectées par le virus, 10 millions souffriront de SIDA (6). L’Asie compterait à elle seule 10 millions de séropositifs. 3 - Maslo C, Charmot G. Classifications de l’infection HIV. Prise en charge des individus séropositifs. in «Le praticien face au SIDA» S Kernbaum. Flammarion MédecineSciences, 1992. Au 31/12/1994, 192 pays ont déclaré 1 025 073 cas de SIDA (11) ce qui représente une augmentation de 20 % par rapport aux 851 628 cas déclarés au 31/12/1993. 1 - Girard PM, Saimot AG. Classifications, définitions et histoire naturelle. in « SIDA » PM Girard, Ch Katlama, G Pialoux, AG Saimot ; Editions Doin ; Paris 1994. Au 15/12/1995 : un total de 1 291 810 cas de SIDA chez les adultes et les enfants ont été signalés par 193 pays, soit une augmentation de 26 % par rapport à l’année 1994 (13). En tenant compte de la sous-déclaration, des lacunes et des retards, l’OMS estime à 6 millions le nombre de cas cumulé depuis la fin des années 1970 / début 1980 jusqu’à la fin 1995 (dont 40% d’entre eux dénombrés depuis 1993 dans les pays où l’épidémie est plus récente : Asie et Amérique Latine). ÉPIDÉMIOLOGIE Situation mondiale/répartition géographique 1.Généralités (8, 11, 12, 13) Plus de 90 % des personnes infectées vivent dans les pays en voie de développement. L’infection par le VIH a été identifié à la fin des années 1970 ou au début des années 1980. D’abord constatée parmi les homosexuels, usagers de drogue par voie veineuse, de nouveaux cas ont été décrits par la suite chez des personnes transfusées, des enfants de mère infectées et chez des hommes et des femmes à partenaires multiples. 2. Asie L’épidémie est particulièrement préoccupante (surtout en Asie du sud et du sud-est) : le nombre de personnes infectées par le virus est passé de 1,5 à 2,5 millions en une année. Au 15/12/1995, 28 630 cas de SIDA ont été déclarés (13). Cette infection par le VIH a été rapportée dans plus de 190 pays. Répartition géographique des personnes infectées par le virus au 31/12/1995 Dossier 1996, XVII, 2-3 15 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 6. Amériques 2.1. Thaïlande En Thaïlande, le nombre de personnes séropositives a été multiplié par 10 en 4 ans et la contamination, surtout présente au début parmi les prostituées et les toxicomanes, s’étend maintenant à toute la population. 22 135 cas de SIDA ont été déclarés au 22/11/1995. 526 682 cas déclarés au 31/12/1994, 580 129 au 30/06/95, 659 662 au 15/12/1995 (11). 6.1. États-unis Fin Décembre 1993, il a été déclaré aux USA : 2.2. Inde - 435 319 cas de SIDA adultes/adolescents dont 267 749 sont décédés, - 66 209 cas de SIDA enfants dont 3391 sont décédés, L’Inde connaît une forte progression : les chiffres de séropositifs varient suivant les sources de 3 à 5 millions en 1994. Le virus touche maintenant la population toute entière ; plus d’un million de nouveaux cas sont apparus depuis 1993. Au 22/11/1995, 2 095 cas de SIDA ont été déclarés. Au 31/12/1994, 401 789 cas ont été déclarés, et 501 310 cas au 31/10/1995. L’augmentation du nombre de cas est d’environ 10 % par an. L’infection par le VIH est la première cause de mortalité de l’adulte jeune ; elle reste croissante. 2.3. Chine La Chine a « recensé » 1 361 cas de personnes infectées et 40 cas de SIDA, des étrangers et des toxicomanes. L’expansion économique que connaît cet immense pays devrait conduire à prendre très vite des mesures pour éviter la diffusion de l’épidémie. 2.4. Japon Le changement de la classification CDC-OMS (dernière version : Jan 1993) avec le classement au stade SIDA des patients ayant un taux de CD4 < 200mm3, qui ont une tuberculose pulmonaire, une pneumopathie récidivante ou un cancer du col invasif a entraîné une augmentation importante du nombre de cas de SIDA déclarés (103 500 en 1993 soit + 54 %). Au Japon, le nombre de personnes infectées est faible : 3075 dont 1062 cas de SIDA déclarés au 31/10/95. Depuis 1992, le risque principal de contamination chez la femme n’est plus la toxicomanie mais les contacts hétérosexuels. 3. Afrique L’incidence chez les homosexuels reste élevée et il semble exister encore (ou à nouveau) des comportements à risque notamment parmi les plus jeunes. L’Afrique est le continent le plus touché : 10 millions de personnes infectées dont plus de la moitié sont des femmes. Les prévisions pour les années 2010 et 2020 sont inquiétantes quant à la diminution de la population et à l’augmentation du nombre d’orphelins. L’approche faite par Rosenberg (9) suggère que l’infection par le VIH peut être considérée comme endémique parmi une cohorte de jeunes adultes. 442 735 cas de SIDA ont été déclarés au 15/12/1995 (13). 6.2. Brésil 71 111 cas notifiés au 02/09/1995. 4. Océanie 6.3. Mexique 5735 cas déclarés au 31/12/1994 ; 6680 au 15/12/1995 (13). 26 660 cas notifiés au 30/06/1995. 5. Australie 7. Europe (3, 4) Plus de 25 000 personnes seraient infectées par le virus et 5883 cas de SIDA ont été déclarés au 15/12/1995. 7.1. Généralités Comme en Amérique du Nord et en Australie, les nouvelles contaminations concernent surtout les jeunes (3/4 des nouveaux infectés ont moins de 25 ans). Dossier 1996, XVII, 2-3 16 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA <1988 1988 1989 1990 1991 1992 1993* 1994* 1995* 14 225 10 852 14416 17 407 19 058 20 848 22 797 26 167 25 638 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0 1988 1989 1990 1991 1992 1993* 1994* 1995* Tableau I : Région Europe OMS : nombre de cas de SIDA déclarés par année de diagnostic (4) Parmi les 154 866 cas chez les adultes/adolescents au 31/12/1995, 83,5 % sont de sexe masculin. * cas redressés pour les délais de déclaration Chez la femme, plus de 60 % des contaminations surviennent avant l’âge de 20 ans. La transmission hétérosexuelle prend de plus en plus d’importance surtout dans les grands centres urbains en raison de la toxicomanie et de la prostitution. La surveillance du SIDA en Europe est menée par 44 pays de la région Europe de l’OMS. Une institution par pays est reconnue et chargée de fournir les données (cependant, il existe une grande variation dans les délais de déclaration en fonction des pays). C’est la première fois que le nombre de cas diagnostiqués au cours d’une année est inférieur à celui de l’année précédente. Cette diminution reflète probablement une stabilisation de l’épidémie dans plusieurs pays d’Europe occidentale mais doit être interprétée avec prudence (changement de la définition du SIDA en 1993 et traitement de l’infection par le VIH avant le stade SIDA). Cette stabilisation n’est « ni surprenante ni rassurante ». Elle indique seulement que la vigilance doit faire face à un nouveau risque : celui d’une démobilisation (2) 7.3. Modes de transmission 7.2. Statistiques (Tableaux I, II et III) Les modes de transmission varient d’un pays à l’autre. Actuellement, le groupe des utilisateurs de drogues injectables (UDI) représente la plus grande part des cas diagnostiqués : 43 % des cas adultes/adolescents en 1995 (4). L’évolution des modes de transmission s’accompagne d’une augmentation de cas diagnostiqués chez les femmes : 11 % en 1986 à 20 % en 1995 (4). Au 31/12/1995, 160 982 cas de SIDA dont 154 866 adultes/adolescents et 6 060 cas pédiatriques (56 cas sont non classés à cause de données manquantes). Trois pays - la France, l’Espagne et l’Italie - ont déclarés chacun plus de 30 000 cas. L’Espagne est le pays avec le plus fort taux d’incidence depuis 1990. Quatre pays l’Espagne, l’Italie, la France et la Suisse - représentent 75 % des cas diagnostiqués en 1994 alors qu’ils constituent seulement 19 % de la population de la région Europe de l’OMS. Dans la plupart des pays, la grande majorité des enfants ont été infectés par voie materno-fœtale. Actuellement, les cas pédiatriques semblent se stabiliser (du fait de la mise en place du protocole pour la prévention de la transmission). Cependant, l’épidémie pédiatrique est aussi dominée dans la région Europe de l’OMS par l’épidémie nosocomiale Roumaine détectée en 1989 et en Russie avec une amplitude moindre. Cependant, les cas de SIDA déclarés une année donnée peuvent avoir été diagnostiqués les années précédentes. De ce fait, le nombre de cas par année de diagnostic redressé, pour tenir compte des délais de déclaration, semble mieux adapté pour étudier les tendances de l’épidémie. Le nombre total de cas diagnostiqués jusqu’au 31/12/1995 est ainsi estimé à 171 811 : 165 481 adultes/adolescents et 6 269 cas pédiatriques (plus les cas non classés). Une augmentation d’environ 5 % par an jusqu’en 1998 est prévue. L’augmentation est surtout attendue dans le groupe des hétérosexuels ; une stabilisation (et peut-être une diminution ?) de l’incidence est prévue dans plusieurs pays du nord de l’Europe (Allemagne, Belgique, Danemark, PaysBas et Suisse). Le nombre de cas diagnostiqués en 1995 est estimé à 25638, soit une diminution de 2 % par rapport aux 26 167 cas diagnostiqués en 1994. Dossier 1996, XVII, 2-3 17 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 8. Situation en France au 30/09/1995 (1) Tableau I : Cas de sida adultes/adolescents** par groupe de transmission au 31 /12 /1995 (région Europe OMS) (4) Homo-bisexuel homme 60 383 36,5 % Toxicomanes (UDI) 65 192 39,4 % Homo-bisexuel et UDI 2 509 1,5 % Hémophiles, troubles de la coagulation 3 025 1,8 % Transfusés 3 187 1,9 % Hétérosexuels 22 536 13,6 % Infections nosocomiales* 6 0% Autres - Inconnu 8 643 5,2 % Total** 165 481 100 % Tableaux IV et V Depuis le début de l’épidémie, 39 755 cas de SIDA ont été déclarés (39 130 adultes et 625 enfants). Le taux de décès est de 61,4 %. Tous les cas ne sont pas déclarés, et il existe un délai entre le diagnostic et la déclaration de la maladie ou entre le décès et sa notification. C’est donc un chiffre estimé qui donne le nombre total de cas de SIDA entre 45 000 et 50 000 et le nombre total de décès entre 29 000 et 32 000. Le nombre de personnes vivantes atteintes de SIDA est estimé entre 16 500 et 18 000. Pour l’année 1995, le nombre de nouveaux cas de SIDA est estimé à 6 000 dont : - 38 % d’homo/bisexuels, - 26 % d’usagers de drogue, - 18 % de contamination hétérosexuelle. Le nombre de nouveaux cas se stabilise entre 6000 et 6500 depuis 1993. Tableau II : Cas de sida pédiatriques** par groupe de transmission au 31/12/1995 (4) Transmission mère-enfant 2 522 40,2 % Hémophiles 195 3,1 % Transfusés 945 15,1 % Infections nosocomiales* 1 381 22,0 % Autres - Inconnu 1 226 19,6 % Total** 6 269 100 % L’épidémie en France est dans une phase en plateau. Cependant, la prudence est recommandée quant à l’interprétation des chiffres (bithérapies plus efficaces retardant la phase SIDA, cas diagnostiqués plus tôt avec les nouvelles classifications de 1987 et 1993). Cette stabilisation s’observe chez les homo-bisexuels et toxicomanes, mais pas chez les hétérosexuels dont le taux de progression a été de + 11 % entre 1993 et 1994. * patients accidentellement infectés dans des établissements de soins, par du sang, des médicaments dérivés du sang et l’emploi de matériel médicochirurgical contaminé **Cas redressés Tableau IV : Cas de SIDA déclarés et diagnostiqués par année jusqu’au 31/12/1995 (données provisoires pour1994 et 1995) (1) <1987 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 SIDA déclarés 1 221 1 772 2 162 3 728 4 262 4 691 5 103 5 558 5 789 5 469 SIDA diagnostiqués 2 215 2 246 3 048 3 793 4 299 4 605 5 104 5 383 5 599* 5 219* 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 Dossier 1996, XVII, 2-3 <1987 1987 1988 1989 1990 1991 18 1992 1993 1994 1995 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Tableau V : Répartition des cas de SIDA (cumulés) par groupe de transmission au 31/12/1995 (1) Homo-bisexuel masculin 18 404 46,3 % Toxicomane 9 392 23,6 % Homo-bisexuel + UDI 526 1,3 % Transfusés (dont 82 enfants) 1 642 Hémophiles, troubles de la coagulation (dont 47 enfants) 514 Ces chiffres permettent d’obtenir des estimations de l’incidence cumulée, de la prévalence, des prévisions à court et moyen terme des cas de SIDA : 1994 1995 1996 1997 1998 Homosexuels 8594 8602 8535 8410 8246 4,1 % UDI 11258 11959 12667 13386 14103 1,3 % Hétérosexuels 4301 4878 5424 5926 6375 Autres adultes 3251 3675 4112 4549 4966 Contamination Hétérosexuelle 5 499 13,8 % Autre (dont 10 enfants et 12 contaminations professionnelles) 3 292 8,3 % Transmission materno-foetale 486 1,2 % Total (adultes + enfants) 39 755 100 % Total Europe 27424 29133 30753 32284 33711 Dont France 6675 6922 7127 7294 7249 Hypothèse a été faite que l’incidence annuelle du VIH à partir de 1994 est restée égale à celle estimée pour 1993 (3). Une augmentation d’environ 5 % par an est prévue jusqu’en 1998, surtout attendue dans le groupe des hétérosexuels ; une stabilisation (et peut-être une diminution ?) de l’incidence est prévue dans plusieurs pays du nord de l’Europe (Allemagne, Belgique, Danemark, Pays-Bas et Suisse). Les projections effectuées avec ces modèles ont pour inconvénient de présenter un éventail extrêmement large de valeurs possibles (10). En France, les estimations données par le groupe de travail de l’ANRS sont de 110 000 personnes contaminées par le virus depuis le début de l’épidémie. Trois régions sont particulièrement touchées : l'Ile-deFrance, la Provence-Alpes-Côted’Azur (PACA) et les Départements d’Outre-Mer avec une prédominance de l’infection chez les homo/bisexuels en Ile-de-France, chez les toxicomanes dans la région PACA et chez les hétérosexuels dans les Antilles-Guyane (5). La situation actuelle est celle d’une extension lente de l’épidémie dans la population hétérosexuelle où le risque de transmission à partir d’un contact sexuel avec un partenaire infecté est faible, et le maintien d’un risque élevé pour les populations déjà les plus touchées (2, 6, 10). 2. Modèle établi en réseau Le modèle en réseau tient compte des relations entre les individus d’une population et la diffusion du virus, en étant aussi proche que possible de la réalité. Ce modèle permet de comprendre l’extension de l’épidémie au sein d’une population donnée. Modélisation de l’épidémie (intérêt pour une étude prospective) 3. Modèle de simulation La modélisation permet de représenter de façon simplifiée une réalité complexe pour mieux la comprendre et agir avec plus d’efficacité. Différents types de modèles mathématiques peuvent être employés en fonction des objectifs fixés. Le modèle de simulation utilise les lois de diffusion de l’infection dans une population. La projection dans l’avenir est faite à partir de l’évolution de l’incidence des cas de SIDA. Ce modèle intègre les actions de prévention et les pratiques de soins ce qui lui confère une valeur prospective intéressante. 1. Modèle établi par rétrocalcul Prévalence de l’infection à VIH en France (10) Le modèle par rétrocalcul tient compte du délai entre la primo-infection et la déclaration de la maladie. Le centre Européen pour la surveillance épidémiologique du SIDA donne, dans son rapport de fin Décembre 1994, des prévisions jusqu’en 1998 de l’incidence annuelle du SIDA pour les adultes / adolescents de la région Europe OMS (3) (cf Tableau). L’estimation de la prévalence des personnes infectées par le VIH en France est obtenue à partir d’un modèle mathématique initialement développé par l’AP-HP et perfectionné par la Mission SIDA (Direction des Hôpitaux). Ce modèle reconstitue la progression de l’épidémie dans le passé et simule son avenir proche. Il suppose que les tendances actuelles demeurent inchangées jusqu’en l’an 2000 (ne tient pas compte des éventuels changements de comportement, de nouvelles thérapeutiques) (Figure 2). Dossier 1996, XVII, 2-3 19 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Figure 1 : prévalence de l’infection à VIH en France (ANRS : le SIDA en France- État des connaissances en 1994) La prévalence de l’infection à VIH en France est maximale vers 1993 avec une estimation aux environs de 112 000 personnes infectées (cf courbe) (10). La prévalence des cas de SIDA serait maximum vers l’an 2000 avec plus de 19 000 cas. Figure 2 : pic d’incidence (ANRS : le SIDA en France- État des connaissances en 1994) RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Pic d’incidence Le pic d’incidence de l’infection par le VIH en France est maximum en 1985 avec près de 19 000 personnes correspondant cette année-là à une prévalence de 56 000 personnes infectées par le virus (Figure 2). 1 - RNSP (Réseau National de Santé Publique). Surveillance du SIDA en France (situation au 31 décembre 1995). BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire) 1996 ; 10, 5 mars. 2 - Brunet JB, De Vincenzi I. Epidemiologie et prévention in « Le SIDA. Synthèse des données récentes ». Berche P, Boitard C, Levy Y. John Libbey Eurotext ; HS n°1 Avril 1996. Ce modèle a fourni des données concordantes avec la réalité en ce qui concerne la première décennie. Par contre, les prévisions de l’évolution pour les années à venir sont susceptibles de varier en fonction des modifications des comportements de prévention et surtout avec l’efficacité des nouvelles thérapeutiques (10). Dossier 1996, XVII, 2-3 3 - Centre Européen pour la surveillance épidémiologique du SIDA. Surveillance du SIDA en Europe. Rapport Trimestriel n°44, 31 Décembre 1994. 20 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 4 - Centre Européen pour la surveillance épidémiologique du SIDA. Surveillance du VIH/SIDA en Europe : 4e rapport trimestriel n° 48, 31 décembre 1995. 9 - Rosenberg PS. Scope of the aids epidemic in the united states. Science 1995 ; 270 : 1372-5. 10 - Souteyrand Y. Prospective sida 2010. Le sida en France, état des connaissances en 1994. A.N.R.S (agence nationale de recherches sur le sida). 5 - Comité Paritaire Médicament INSERM/SNIP. « Expertise collective ». SIDA maladies associées. Piste pour de nouveaux médicaments. Les éditions INSERM. 1996 11 -. Weekly epidemiological record / relevé épidémiologique hebdomadaire. Données au 31 décembre 1994. Organisation mondiale de la santé. Genève. 1995, n°2 : 5-8. 6 - La Tribonniere (DE) X. Xe conférence internationale sur le SIDA : épidémiologie. Lett Infect 1994 ; X (16) : 522-5. 12 - Weekly epidemiological record / relevé épidémiologique hebdomadaire. Données au 30 juin 1995. Organisation mondiale de la santé, Genève. 1995, n°27 : 193-6. 7 - Lot F. Epidémiologie de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine en France. Rev Prat 1995 ; 45 : 683-9. 8 - Redeker S. Épidémiologie ; 2nd national conférence on human retroviruses and related infections. Lett Infect 1995 ; X (6) : 242. Dossier 1996, XVII, 2-3 13 - Weekly epidemiological record / relevé épidémiologique hebdomadaire. Données au 15 décembre 1995. Organisation mondiale de la santé. Genève. 1995, n°50 : 353-5. 21 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Approches thérapeutiques Les cibles virales 2. Non nucléosidiques Résumé - Névirapine (BIRG587) / VIRAMUNE® - Délavirdine (U-90 152 S) / RESCRIPTOR® - Atévirdine (U-87201E) - Loviride (R-89439) - L697-661* - L-743,726 (DMP-266) Inhibiteurs de l’intégrase Inhibiteurs de la transcription - Anti TAT / anti REV - Nucléoside anti-sens : GEM 91 - Inactivation ribosomale : GLQ223 Inhibiteurs de l’assemblage MÉDICAMENTS ANTIRÉTROVIRAUX 1. Inhibiteurs de protéases Les médicaments antirétroviraux peuvent être classés en fonction de la cible virale sur laquelle ils agissent. - Saquinavir ( RO.31-8959 ) / INVIRASE® - ATU 1995 - Indinavir (MK639) / CRIXIVAN® - ATU 1996 Inhibition de l’attachement = CD4 soluble, immuno-adhésines : CD4-IgG, CD4-PE 40* - Ritonavir (ABT - 538) / NORVIR® - ATU 1996 - Nelfinavir (AG-1343) / VIRACEPT®* Inhibition de la reverse transcriptase (RT) - VX-478* 1. Analogues nucléosidiques - 141 W 90* - AZT / zidovudine / RETROVIR® AMM 1987 2. Inhibiteurs de glycosidases* - ddI / didanosine / VIDEX® - AMM 1992 * non traités dans Dossier - ddC / zalcitabine / HIVID® - AMM 1994 - d4T / stavudine / ZERIT® - ATU 1995 - 3TC / lamivudine / EPIVIR® - ATU 1995 Dossier 1996, XVII, 2-3 27 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA CIBLES VIRALES (approches thérapeutiques) Malheureusement, en clinique ,il génère la formation d’anticorps anti-exotoxine. Il ne fait apparaître aucune amélioration des marqueurs immunologiques et virologiques in vivo et s’accompagne d’une élévation transitoire rapide des aminotransférases hépatiques. Du fait de la complexité du cycle de réplication du virus VIH, plusieurs cibles d’attaque thérapeutique ont été envisagées (Schémas page 19 et 20). Fixation du virus à la surface de sa cellule cible 2.3. Polysaccharides sulfatés 1. Données virologiques 2.4. Anticorps neutralisants La première étape du cycle consiste en la fixation du virus à la surface des cellules cibles, lymphocyte T4 et monocyte entre autres. Il s’établit une liaison entre la glycoprotéine gp 120 de l’enveloppe du virus et des récepteurs au niveau de cellules de l’hôte, dont la glycoprotéine CD4 sur les lymphocytes «helper» T4. Cette réaction est impliquée dans la formation de syncytia et contribue de façon notable à la diffusion du virus de cellule à cellule. Transformation de l’ARN génomique en ADN viral 1. Données virologiques Une fois présent dans la cellule hôte, le virus transforme son ARN génomique en un hybride ARN-ADN, puis en ADN double brin, grâce à une DNA-polymérase virale, la transcriptase inverse (Figure ). 2. Répercussions thérapeutiques : inhibiteurs de la fusion La transcriptase inverse est un hétérodimère comportant 2 sous-unités de PM 51 000 (p51) et 66 000 (p66). L’unité p66 se différencie de l’unité p51 par la présence d’un domaine RNase. 2.1. CD4 recombinant Une molécule de CD4 recombinant soluble, rs-CD4, a été conçue pour servir de leurre au virus. Une molécule de CD4 recombinant à durée de vie plus longue, sous forme d’immuno-adhésine (rCD4-Ig) a ensuite été mise au point. Ces molécules sont actives in vitro, y compris sur la formation de syncytia. Elle présente un site polymérasique au niveau des acides aminés 110, 185 et 186. Elle est assez instable, relativement non spécifique et fait des erreurs. 2. Répercussions thérapeutiques : inhibiteurs de la transcriptase inverse Les essais cliniques menés avec ces molécules n’ont pas montré d’impact sur les marqueurs viraux étudiés, même en association avec la zidovudine. Il s’avère que l’efficacité initialement décrite est moindre sur les isolats viraux de patients. Une récente étude utilisant de très fortes doses de rs-CD4 chez 3 patients fait apparaître que l’effet inhibiteur observé sur la virémie VIH-1 plasmatique est associé à la valeur de l’ID 90-95 et non pas celle de l’ID 50 ; dans cette optique, le CD4 soluble recombinant pourrait avoir un intérêt thérapeutique à ces fortes doses, administrées très précocement lors d’expositions accidentelles au virus. La transcriptase inverse est la cible du premier groupe de médicaments développés et actuellement disponibles : - les analogues didéoxynucléosidiques dont le chef de file est la zidovudine, - les molécules non nucléosidiques, dont le développement est assez avancé. 2.1. Les nucléosides Préalablement activés en dérivés 5’-triphosphate par les enzymes intracellulaires (Figure ), les nucléosides bloquent le site réactif de la transcriptase inverse : 2.2. Complexe sCD4-PE40 La molécule de CD4 est également à l’origine du complexe sCD4-PE40 dans lequel elle est couplée à un fragment d’exotoxine A de Pseudomonas aeruginosa, dont il est espéré un effet virucide. Ce complexe est un puissant inhibiteur de la propagation de VIH-1 en culture cellulaire in vitro. Il est sans toxicité majeure pour les cellules non infectées. Dossier 1996, XVII, 2-3 - par inhibition compétitive avec leurs homologues naturels, - en raison de l’absence d’une extrémité OH en 3’ ce qui induit le blocage de l’élongation de la chaîne d’ADN. Les profils d’activité des nucléosides sont ainsi dépendants de la dynamique des enzymes de phosphorylation : 28 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Schéma des sites d’action des antirétroviraux Cycle de réplication du VIH Médicaments actifs in vivo et/ou in vitro (Arcat-sida 1992) Dossier 1996, XVII, 2-3 29 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Transcriptase inverse (d’après Science 1992 ; 256 : 1787) (11) Organisation du génome VIH-1 (15) Dossier 1996, XVII, 2-3 30 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA - la zidovudine et la stavudine sont phosphorylés par la thymidine kinase, enzyme de phase S ; Transcription de l’ADN viral en ARN messager et synthèse des protéines précurseurs virales - la didanosine, la zalcitabine et la lamivudine sont phosphorylés par la 5’nucléotidase et la déoxycytidine kinase à activité constante durant toutes les phases du cycle cellulaire. 1. Données virologiques L’ADN viral intégré dans le génome cellulaire est transcrit par les polymérases cellulaires en ARN messager et traduit par les acteurs cellulaires en précurseurs des protéines virales. Le gène tat code pour la protéine tat qui est essentielle pour l’expression génétique virale future et dont le blocage induit la production de virions non-infectants. Leurs toxicités sont liées pour une part importante aux interférences avec le fonctionnement des cellules de l’organisme-hôte : - induction par la zidovudine d’une réduction du taux de thymidine-triphosphate nécessaire à la production de cellules progénitrices de la lignée rouge ; - inhibition, notamment par la zalcitabine, de la polymérase nucléaire avec déplétion de l’ADN mitochondrial liée à la genèse de neuropathies périphériques sévères. 2. Répercussions thérapeutiques : inhibiteurs de la transcription 2.1. Inhibiteurs de TAT Les mutations virales observées tant in vitro que sur des isolats viraux de patients sont distribuées sur toute la surface du site de fixation de l’ARN et pourraient induire une gêne au positionnement du nucléoside triphosphate et ainsi réduire son efficacité. Une mutation au niveau du codon 184, très proche du site catalytique de l’enzyme, est impliquée dans la résistance observée avec plusieurs des nucléosides antiviraux. Le premier agent antagoniste de tat in vitro et étudié en clinique, le Ro 24-7429, de structure chimique voisine des benzodiazépines, n’est plus en développement. Aucune action significative antirétrovirale n’a pu être démontrée in vivo. 2.2. Les molécules non nucléosidiques 2.3. Oligonucléides anti-sens Les inhibiteurs de la transcriptase inverse non nucléosidiques ne possèdent entre eux aucune parenté structurale mais ont le même mécanisme d’action supposé. Après fixation sur la transcriptase inverse au niveau d’une poche hydrophobe, proche du site catalytique, ils perturberaient la mobilité du site polymérasique et par là même, l’activité de l’enzyme. Issu de la transcription, l’ARN messager peut être la cible d’oligonucléotides anti-sens, complémentaires dans leur structure d’un segment d’acide nucléique viral sur lequel ils peuvent se fixer, bloquant de ce fait la production des ARNm et donc des protéines nécessaires à la viabilité du virus. Ils ont un profil antirétroviral similaire : efficacité sur le virus VIH-1 à une concentration nanomolaire, aucune action notable sur le virus VIH-2 ni sur les polymérases cellulaires humaines, émergence rapide de résistance, croisée de plus entre molécules. Le GEM 91, « gène expression modulator 91 », est un 25mer oligodéoxynucléoside phosphorothioate capable de se lier au site d’initiation de gag-ARNm qui est indispensable pour la création des protéines internes du virus ; une perturbation de la transcription à ce niveau induit la production de virus à enveloppe déficiente. Une autre cible en amont de la transcription s’offre au GEM 91 au niveau de l’ARN génomique viral à son entrée dans la cellule de l’hôte ; l’hybridation ARN-GEM 91 peut bloquer l’étape de transcription inverse ou détruire l’ARN par activation de RNase H. 2.2. Inhibiteurs de REV * GEM 91 Des mutations portant sur la composition de la poche hydrophobe créent une modification de sa conformation et perturbent la fixation des inhibiteurs sur leur cible. Intégration de l’ADN viral dans l’ADN cellulaire * GLQ223 Autre inhibiteur de la transcription, le GLQ223, préparation purifiée de trichosanthine, agit par inactivation des ribosomes. Son activité anti-VIH-1 in vitro se manifeste par une réduction importante des protéines virales dans des lymphocytes T infectés de façon aiguë et des macrophages infectés de façon chronique. L’intégration de l’ADN viral dans l’ADN cellulaire est assurée par une intégrase du VIH, ou endonucléase, cible potentielle qui fait l’objet de nombreux travaux de recherche. Dossier 1996, XVII, 2-3 31 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Après 2 études cliniques de phase I qui ont fait apparaître une évolution intéressante des marqueurs, une étude de phase II est actuellement engagée. 1 - Acosta EP, Fletcher CV. Agents for treating human immunodeficiency virus infection. Am J Hosp Pharm 1994 ; 51 : 2251-67. 2.4. Interféron 2 - Balzarini J. Metabolism and mechanism of antiretroviral action of purine and pyrimidine derivatives. Pharm World Sci 1994 ; 16 : 113-26. Assemblage des nouveaux virus 1. Données virologiques 3 - Brun-Vezinet F. Résistance aux antirétroviraux. ANRS Information 1995 ; 16 : 30-5. La protéase virale transforme les précurseurs protéiques en protéines fonctionnelles, et notamment elle scinde l’élément gag-pol en protéines de structure : matrice, capside et nucléocapside et enzymes majeurs : protéase, transcriptase inverse, endonucléase et intégrase (Figure ). La protéase est un homodimère - 2 sous-unités de 99 a.a. dont la structure tertiaire montre un site catalytique composé de 2 résidus aspartiques provenant chacun d’une sousunité. L’action catalytique observée est semblable à celle de la rénine humaine, autre protéine aspartique. 4 - Connell EV, Hsu MC, Richman DD. Combinative interactions of a Human Immunodeficiency Virus Tat Antagonist with HIV reverse transcriptase inhibitors and an HIV protease inhibitor. Antimicrob Agents Chemother 1994 ; 38 : 348-52. 5 - Connolly KJ, Hammer SM. Antiretroviral therapy : reverse transcriptase inhibition. Antimicrob Agents Chemother 1992 ; 36 : 245-54. 6 - Darke PL, Huff JR. HIV Protease as an inhibitor target for the treatment of AIDS. Adv in Pharmacol 1994 ; 25 : 399-454. 2. Répercussions thérapeutiques : inhibiteurs de protéase et de glycosylases 7 - Davey RT Jr, Boenning CM, Herpin BR et al. Use of recombinant soluble CD4 Pseudomonas exotoxin, a novel immunotoxin, for treatment of persons infected with HIV. J Inf Dis 1994 ; 170 : 1180-8. 2.1. Inhibiteurs de protéase 8 - Hirsch M, D’Aquilar RT. Therapy for human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1993 ; 328 : 1686-95. Plusieurs inhibiteurs de la protéase du VIH sont actuellement en développement. Ils comprennent des molécules peptidomimétiques (saquinavir ou Ro-31-81959, indinavir ou MK639) et des composés dits « C2 symétriques » (ritonavir ou ABT 538), conçus avec une conformation stéréochimique qui s’adapte au site actif de l’enzyme pour un blocage efficace. Leur action anti-VIH résulte de la production de particules virales immatures au potentiel de réplication très affaibli. Les mutations concernant la protéase et conférant une capacité de résistance virale touchent les 3 zones variables de l’enzyme dites « en drapeau », préférentiellement au niveau de l’acide aminé valine (positions 82 et 182) pour ritonavir et indinavir lais pur saquinavir.. 9 - Johnston MI, Hoth DF. Present status and future prospects for HIV therapies. Science 1993 ; 260 : 1286-93. 10 - Kahn JO, Gorelick KJ, Gatti G et al. Safety, activity and pharmacokinetics of GLQ223 in patients with AIDS and AIDS-related complex. Antimicrob Agents Chemother 1994 ; 38 : 260-7. 11 - Kohlstaedt LA, Wang J, Friedman JM et al. Cristal structure at 3,5 resolution of HIV-1 reverse transcriptase complexed with an inhibitor. Science 1992 ; 256 : 1783-90. 12 - Lederman MM. Host-directed and immune-base therapies for human immunodeficiency virus infection. Ann Intern Med 1995 ; 122 : 218-22. 13 - Meng TC, Fischl MA, Cheeseman SH et al. Combination therapy with recombinant human soluble CD4-Immunoglobulin G and zidovudine in patients with HIV infection : a phase I study. J Acquir Immune Defic Syndr Hum Retrovirol 1995 ; 8 : 152-60. 2.2. Inhibiteurs de glycosylases La glycosylation intensive, qui se produit sur plusieurs des constituants viraux avant leur assemblage et la sortie de la cellule infectée, peut également constituer un point d’impact thérapeutique avec des molécules inhibitrices qui devront toutefois être virospécifiques. Dossier 1996, XVII, 2-3 14 - Moore JP, McKeating JA, Huang YX et al. Virions of primary human immunodeficiency virus type 1 isolates resistant to soluble CD4 (S CD4) neutralization differ in S CD4 binding and glycoprotein gp 120 retention from S CD4 - sensitive isolates. J Virol 1992 ; 66 : 235-43. 32 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 15 - Robins T, Plattner J. HIV protease inhibitors : their anti-HIV activity and potential role in treatment. J Acquir Immune Defic Syndr 1993 ; 6 : 162-70. 21 - Smith DH, Byrn RA, Marsters SA et al. Blocking of HIV-1 infectivity by a soluble, secreted form of the CD4 Antigen. Science 1987 ; 228 : 1704-7. 16 - Saimot AG, Michon C, Girard PM. Thérapeutique antirétrovirale. in : SIDA. Girard PM. et coll. Eds Doin Paris 1994 pp 237-253. 22 - Somadossi JP. Nucleoside analogs : Similarities and differences. Cl Inf Dis 1993 ; 16 (suppl 1) : S7-S15. 23 - Spence RA, Kati WM, Anderson KS, Johnson KA. Mechanism of inhibition of HIV-1 reverse transcriptase by nonnucleoside inhibitors. Science 1995 ; 267 : 988-93. 17 - Sandstrom E, Oberg B. Antiviral therapy in Human immunodeficiency virus infections. Current status. Drugs 1993 ; 45 : 488-508 (Part I) - 637-653 (Part II). 24 - Tantillo C, Ding J, Jacobo-Molina A et al. Locations of anti-AIDS drug binding sites and resistance mutations in the three-dimensional structure of HIV-1 reverse transcriptase. Implications for mechanisms of drug inhibition and resistance. J Mol Biol 1994 ; 243 : 369-87. 18 - Schacker T, Coombs RW, Collier AC et al. The effects of high-dose recombinant soluble CD4 on human immunodeficiency virus type 1 viremia. J Inf Dis 1994 ; 169 : 37-40. 19 - Schacker T, Collier AC, Coombs RW et al. Phase I study of high-dose, intravenous rs CD4 in subjects with advanced HIV-1 infection. J Acquir Immun Defic Syndr Hum Retrovirol 1995 ; 8 : 145-52. 25 - Yarchoan R, Mitsuya H, Broder S. Clinical and basic advances in the antiretroviral therapy of human immunodeficiency virus infection. Am J Med 1989 ; 87 : 191. 20 - Simpson DM, Tagliati M. Nucleoside analogue-associated peripheral neuropathy in human immunodeficiency virus infection. J Acquir Immune Defic Syndr Hum Retrovirol 1995 ; 9 : 153-61. Dossier 1996, XVII, 2-3 33 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Efficacité thérapeutique Essais cliniques Jusqu’à une période récente, le moyen le plus sûr de s'assurer de l'efficacité d'un médicament dans le traitement des patients infectés par le VIH a été le jugement clinique, en utilisant les principaux 3 critères de jugement suivants : Si la clinique et le taux de CD4 restent encore des paramètres principaux pour évaluer l’évolution des patients traités, les autres marqueurs de substitution - b2 microglobulinémie, néoptérine, antigénémie p24 - utilisés jusqu’ici pour donner une idée plus juste de l’efficacité d’un traitement deviendraient moins utiles (ou inutiles? ou déconseillés ?), à l’exception de l’antigénémie p24 pendant la période de primo-infection (2). La mesure de la charge virale semble actuellement la meilleure approche pour évaluer la réplication du VIH dans l’organisme, pour suivre l’évolution de la maladie, et aider à la prise de décision thérapeutique. Cependant, la connaissance de la signification de ce paramètre n’est encore qu’imparfaite (11). Elle pourrait être complétée par d’autres méthodes, comme la mesure de l’ADN viral cellulaire. - la mortalité, - l'apparition d'infections opportunistes, - la progression de la maladie. Cependant, le temps pris pour atteindre ces critères de jugement peut être considérable, notamment chez les patients asymptomatiques. De plus, certains de ces critères sont maintenant difficiles à évaluer en raison de l’efficacité des traitements prophylactiques des infections opportunistes et de traitements mieux adaptés. La durée des essais n’est plus assez longue pour évaluer la progression vers la maladie chez les patients asymptomatiques ou permettre une éventuelle différence en terme de survie, si ce n’est avec les antiprotéases (10). La difficulté reste la transposition des données acquises à l’échelle individuelle (2) et le concept de complémentarité des données cliniques, biologiques et virologiques est essentiel. Les différences de méthodologie des essais majeurs concernant les antirétroviraux ont été quelquefois sources de confusion en ce qui concerne l’interprétation des résultats. Il y a notamment une grande hétérogénéité parmi les patients inclus : naïfs et prétraités auront un pronostic et des réponses CD4 différentes. Un autre point difficile à interpréter est l’absence de différence observée entre deux traitements lorsqu’il n’y a pas de groupe placebo. La question est de savoir si cela ne traduit pas simplement l’absence d’efficacité chez ces patients qui sont souvent à un stade évolué de leur maladie (8). De même, certains facteurs sociaux et économiques sont à prendre en compte dans l’interprétation des grands essais faits aux USA et qui sont souvent des références dans les attitudes thérapeutiques adoptées au niveau international. En effet, le système de santé en vigueur aux USA ne garantit pas l’accès aux soins pour tous et beaucoup de personnes infectées par le VIH vivent dans des conditions de vie proches de la pauvreté. Ils sont parfois dépourvus de toute couverture en matière d’assurance maladie et recherchent l’inclusion dans un essai thérapeutique pour pouvoir bénéficier d’un traitement. De ce fait, des marqueurs de substitution biologiques ont été utilisés pour essayer d'établir de façon indirecte l'efficacité d'un médicament afin d'en hâter le développement. Le marqueur de substitution le plus couramment employé est le taux des lymphocytes CD4 circulants. Néanmoins le débat reste ouvert quant à la validité de l'usage qui est fait de ce marqueur. Certains investigateurs suggèrent que le taux de lymphocytes CD4 est faiblement corrélé avec la progression de la maladie et la survie (1, 3, 4). D'autres considèrent au contraire qu'il est positivement corrélé avec la survie (5) et la progression de la maladie (7, 9). RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES L’analyse des résultats des essais cliniques récemment présentés concernant la bi- et la trithérapie a notamment montré l’intérêt de la mesure de la charge virale plasmatique comme reflet de l’évolution de la maladie. Dossier 1996, XVII, 2-3 1 - Aboulker JP, Swart AM. Preliminary analysis of the Concorde trial. Lancet 1993 ; 341: 889-90. 2 - Brun-Vezinet F, Dormont J. Modalités de prescription de la mesure de la charge virale (ARN VIH plasmatique) chez les personnes atteintes par le V.I.H et ses conséquences en matière de suivi et de stratégie thérapeutique. Rapport à la Direction des Hôpitaux, Janvier 1996. 34 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 3 - Choi S, Lagakos SW, Schooley RT, Volberding PA. CD4 + lymphocytes are an incomplete surrogate marker for clinical progression in persons with asymptomatic HIV infection taking zidovudine. Ann Intern Med 1993 ; 118 : 674-80. 7 - Graham NMH, Piantadosi S, Park LP et al. CD4 lymphocyte response to zidovudine as a predictor of AIDS-free time and survival time. J Acquir Immune Defic Syndr 1993 ; 6 : 1258-66. 4 - Darbyshire JH, Aboulker JP. Didanosine for zidovudine. Intolerant patients with HIV disease. Lancet 1992 ; 340 : 1346-7. 8 - Joly V, Yéni P. Traitement de l’infection VIH par les analogues nucléosidiques : actualité. Presse Méd 1995 ; 24 : 103-10. 5 - De Gruttola V, Wulfsohn M, Fisch M et al. Modeling the relation between survival and CD4 lymphocytes in patients with AIDS and AIDS related complexe. J Acquir Immune Defic Syndr 1993 ; 6 : 359-65. 9 - Lagakos SW, Hoth DF. Surrogate markers in AIDS : Where are we ? Where are we going ? Ann Intern Med 1992 ; 116 : 599-601. 10 - Lange JM. Current HIV clinical trial design issues. J Acquir Immune Defic Syndr 1995 ; (Suppl 1) : S47-S51. 6 - Dormont J. Prise en charge des personnes atteintes par le VIH. Ed Flammarion - Médecine Sciences - 1993 Dossier 1996, XVII, 2-3 11 - Yéni P. Intérêt clinique de la mesure de la charge virale plasmatique VIH (VIH-RNA). Bull ANRS 1995 ; 16 : 36-7. 35 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Suivi clinique et marqueurs biologiques Les examens cliniques et biologiques réalisés lors d’une première consultation servent à identifier l’état du patient. Par la suite, ils permettent d’évaluer l’état du système immunitaire, l’évolution de la maladie, de débuter en temps utile un traitement antirétroviral (et/ou un traitement préventif des infections opportunistes) et d’évaluer l’efficacité des traitements (4, 14). PARAMÈTRES CLINIQUES PARAMÈTRES BIOLOGIQUES Les critères cliniques de jugement des essais thérapeutiques font souvent référence au gain de poids et au score de Karnofsky (tableau ci-dessous) Jusqu’à la fin 1995, les principaux paramètres pour le suivi biologique (surtout immuno-virologique) des patients infectés par le HIV comprenaient (1, 15) : Indices de performances (échelles de conditions de vie) (6) Échelle de Karnofsky Capacité d’activité professionelle ou physique Capacité d’activité domestique Incapacité pour les besoins élémentaires Dossier 1996, XVII, 2-3 Echelle de l’OMS Normale (Intense sans difficulté) 100 % Normale + gêne modérée 90 % Normale avec effort (réduite) Activité extérieure normale (sans restriction) 0 80 % Réduction des efforts physiques intenses 1 Activité normale possible (sans aide) mais efforts et travail impossibles 70 % Pas d’activité extérieure mais activité ambulatoire (> 50 % des heures de veille) 2 Activité restreinte aux besoins personnels, aide occasionnelle nécessa ire 60 % Besoins personnels et alitement > 50 % des heures de veille 3 Activité minime aide fréquente 50 % Aide permanente 40 % Incapacité totale Alitement fréquent ou constant 4 Alitement fréquent 30 % Grabataire 20 % Moribond 10 % 36 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA - Numération, Formule Sanguine, Plaquettes, Sa mesure semble actuellement la meilleure approche pour évaluer la réplication du VIH dans l’organisme, pour suivre l’évolution de l’infection et pour apprécier l’efficacité des traitements antirétroviraux (7, 9, 12). - ß2 microglobuline. Valeur normale : 1-2 mg/ml (un taux de 4 - 5 mg/ml est lié à la progression de la maladie), - Néoptérine surtout lors de protocoles (taux élevé prédictif d’une progression vers le SIDA), 1.2. Les trousses - Antigénémie p24 : élevée au cours de la primo infection (les jours suivants la contamination), elle se négative pendant la phase de « latence clinique »; cette mesure s’effectue tous les six mois chez les patients asymptomatiques ; son augmentation, associée à une diminution du taux des CD4 peut conduire à la mise en œuvre d’un traitement antirétroviral (2), Cette mesure doit être réalisée par les laboratoires de virologie spécialisés dans le suivi des personnes infectées par le VIH. Actuellement, trois firmes commercialisent des tests de quantification de l’ARN viral plasmatique : - Quantiplex HIV RNA de CHIRON (technique du DNA branché), - Dosage des anticorps anti p24: bas d’emblée ou diminuant progressivement pendant l’évolution de la maladie, - Nasba QR System d’ORGANON TEKNIKA (technique Nucleic Acid Sequenced Based Amplification ou amplification isotherme de l’ARN), - Typage lymphocytaire avec le nombre absolu de CD4 et CD8 , leur pourcentage et le rapport CD4/CD8 normalement compris entre 1 et 2. Le taux des CD4 est un marqueur pronostique de l’infection à VIH et sert de déterminant à la mise en route d’un traitement antirétroviral, - Amplicor HIV-1 Monitor de ROCHE DIAGNOSTIC SYSTEM (basée sur l’ACP : amplification en chaîne par la polymérase ou PCR des anglo-saxons). - Des examens plus spécialisés surtout utilisés lors de protocoles : virémie cellulaire et plasmatique, charge virale, réponse lymphocytaire... Ces examens sont régulièrement réalisés tous les trois ou six mois en fonction du taux des CD4 (compris entre 200 et 500 ou supérieur à 500 respectivement), ou tous les mois pour certains d’entre eux lorsque le taux des CD4 est inférieur à 200/mm3 (4). Les résultats doivent être rendus en précisant : - la trousse utilisée, - la valeur seuil de la technique, - le nombre de copies ou d’équivalent copies par ml de plasma. 1.3. Expression des résultats Il est proposé de retenir les 2 valeurs-seuil suivantes (3) : Depuis Janvier 1996 (rapport des Professeurs Brun-Vezinet - Dormont) - une charge virale >100 000 copies d’ARN/ml (ou > 5 log) est considérée comme élevée, Depuis janvier 1996, les examens biologiques et plus particulièrement virologiques - mesure de la charge virale, recherche de l’apparition d’une résistance - ont pour objectif d’aider à la décision thérapeutique et de guider la stratégie à adopter (2). Il est important de rappeler que ces mesures concernent surtout les lymphocytes infectés dans le sang circulant et les particules virales libres plasmatiques et ne tiennent pas compte de la réplication virale permanente dans les tissus lymphoïdes (5). - une charge virale < 10 000 copies d’ARN/ml (ou < 4 log) est considérée comme basse. L’échelle des valeurs est de 2 à 7 log. 1.4. Conclusion Seule une variation de 0,5 log est significative et correspond à un nombre de copies multiplié ou divisé par trois. Le rapport du groupe d’experts présidé par les Professeurs F. Brun-Vezinet et J.Dormont (3) a redéfini le suivi biologique des personnes infectées par le VIH et précisé les examens devenus inutiles ou redondants. Cependant, une mesure isolée de la charge virale est insuffisante pour décider de la mise en route d’un traitement antirétroviral. De plus, compte tenu de la variabilité liée aux paramètres techniques et cliniques (qui peut être d’un facteur 3 ou 0,5 log entre deux mesures à un mois d’intervalle), il est prudent de confronter toute nouvelle mesure de la charge virale au taux des CD4 et au contexte clinique. Les experts proposent d’intégrer la mesure de la charge virale dans le bilan de surveillance sur la base d’une détermination semestrielle. 1. Mesure de la charge virale 1.1. Définition La mesure de la charge virale correspond à la quantification de l’ARN viral plasmatique (nombre de copies d’ARN plasmatique par ml de plasma). Dossier 1996, XVII, 2-3 37 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 2. Mesure de la résistance aux antirétroviraux - Valeur prédictive dans la progression de la maladie (9, 10) La résistance aux antirétroviraux est associée à l’apparition de mutations spécifiques au niveau du gène pol codant pour la transcriptase inverse. L’évaluation de la résistance aux antirétroviraux nécessite de déterminer, à partir des études phénotypiques, les concentrations inhibitrices 50 % et 90 % (CI50 et CI90) après isolement des virus à partir du plasma ou de cellules, et mise en culture à plusieurs dilutions, en présence de différentes concentrations d’antiviral. Délai jusqu’au SIDA < 4 500 8 ans 4 500 - 13 000 6,5 ans 13 000- 36 300 4,5 ans > 36 300 2,5 ans - Valeur prédictive quant au risque de décès (8) : Pour une charge virale < 5 100 copies, les décès sont respectivement de 0 % et 35 % après 5 et 7 ans contre 33 % à 3 ans lorsque la charge virale est > 34 501 copies. Les examens sont longs, délicats, peu adaptés à des changements thérapeutiques rapides, et difficiles à interpréter. De plus, suivre l’évolution de la sensibilité des souches des patients infectés devient plus complexe lorsque ceux-ci reçoivent une association d’antirétroviraux (2). - Valeur prédictive de la valeur de la charge virale chez les patients en fonction de leur taux de CD4 : . CD4 > 500/mm3 : risque d’évolution supérieur pour une valeur de la charge virale > 10 000 copies, . CD4 < 300 / mm3: risque d’évolution supérieur pour une valeur de la charge virale > 30 000 copies. 3. Surveillance des patients asymptomatiques non traités 3.1. Taux de CD4 4. Surveillance des patients traités par antirétroviraux - Un taux de CD4 > 500/mm3 associé avec une charge virale élevée (supérieure à 100 000 copies) va justifier de rapprocher la surveillance clinique et virologique. Des données récentes montrent l’intérêt de la mesure de la charge virale associée au taux des CD4, pour suivre la progression de la maladie et apprécier l’efficacité du traitement par la zidovudine : la diminution de la charge virale est un critère de réponse au traitement, son augmentation marque un échappement thérapeutique. A l’inverse, l’évolution des taux de ß2-microglobuline par rapport au taux de base n’apporte pas d’informations significatives sur l’évolution de la maladie et donc sur le bénéfice du traitement utilisé (11). - Un taux de CD4 < 500/mm3 et une charge virale basse (inférieure à 10 000 copies) nécessite une surveillance simple avec un suivi semestriel de la charge virale. - Un taux de CD4 < 500/mm3 avec une charge virale élevée (supérieure à 100 000 copies), contrôlée sur un deuxième prélèvement à un mois d’intervalle, sera un argument pour la mise en route d’un traitement antirétroviral. Le groupe d’experts Brun-Vézinet - Dormont propose d’effectuer une et au plus quatre mesures de la charge virale par an chez un patient traité par des antirétroviraux. 3.2. Charge virale Des données montrant l’évaluation de la charge virale comme marqueur pronostique ont été présentées par J.W. Mellors (8, 10) dans la Multicenter AIDS Cohort Study (MACS) ; elles concernent 181 patients suivis tous les 6 mois : Une première mesure est faite au moment de l’instauration du traitement. Une autre mesure est effectuée trois mois après l’initiation du traitement afin d’apprécier l’effet antiviral. La fréquence des mesures ultérieures est fonction du schéma thérapeutique entrepris - bi ou trithérapie - et doit aussi tenir compte de l’état clinique et du taux des CD4. - en moyenne pendant 5 ans pour les patients évoluant vers le SIDA, Une absence de baisse de la charge virale ou un retour à la valeur initiale, des signes cliniques associés à un taux faible des CD4 incitent à changer de traitement. Si la charge virale est le seul critère, il est conseillé de confirmer le résultat par une deuxième mesure. - en moyenne pendant 10 ans pour les patients n’évoluant pas vers le SIDA. Les résultats sont rapportés ci-dessous : Dossier 1996, XVII, 2-3 Nombre de copies/ml à l’inclusion 38 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 6.2. Suivi biologique Chez les patients en cours de traitement, une mesure de la charge virale est réalisée et sert de valeur de référence pour la surveillance thérapeutique ultérieure. * Pour les patients ayant un taux de CD4 supérieur à 500/mm3 Un bilan - comprenant NFS, plaquettes, typage lymphocytaire, charge virale, recherche d’infection à CMV et des autres maladies opportunistes - est fait tous les six mois. 5. Situations particulières (3) 5.1. Suivi de la femme enceinte * Pour les patients ayant un taux de CD4 entre 200 et 500/mm3 Une charge virale élevée est associée à une augmentation du risque de transmission materno-foetale du VIH (cf tableau ci-dessous). Quelle que soit la valeur de la charge virale, un traitement antirétroviral doit être mis en route afin de réduire le risque de transmission materno-foetale. La zidovudine réduit le risque de transmission materno-foetale quel que soit le niveau de la charge virale : - Il est pratiqué un suivi tous les trois mois si le patient n’est pas traité par des antirétroviraux (ce qui devrait être exceptionnel). - En cas de mise en route d’un traitement (bi ou trithérapie), la charge virale est mesurée à J0 puis deux mois après pour évaluation. Taux de transmission mère enfant (protocole essai ACTG 076) (16) * Examens devenus inutiles et déconseillés Charge virale AZT Placebo < 1 000 3,9 % 12,5 % < 5 000 9,1 % 19,6 % > 5 000 7,5% 35,4 % - ß2 microglobuline, - Antigénémie p24 sauf pendant la primo-infection où elle conserve sa valeur, - Anticorps anti-p24, néoptérine, électrophorèse des protéines, dosage des immunoglobulines, immunoélectrophorèse. 5.2. Nouveau-nés et nourrissons (3) * Conclusion Lorsque le diagnostic d’infection est établi, il est raisonnable de prévoir trois mesures de la charge virale pendant la première année (3, 6 et 12 mois) et de continuer par la suite le même suivi que celui recommandé pour l’adulte. La mesure de la charge virale plasmatique est à l’heure actuelle un outil précieux pour sa valeur prédictive. Elle apporte un éclairage nouveau dans le suivi de la maladie. Cependant, des études complémentaires sont nécessaires (2, 17) pour permettre de répondre aux nombreuses questions soulevées par la valeur de la charge virale plasmatique quant à : 5.3. Période de primo-infection (3) Dans cette période, il y a primauté de l’antigénémie p24 et du titre d’anticorps pour établir un diagnostic. La charge virale est toujours élevée pendant cette période et ne doit pas servir de référence à une mise sous traitement antirétroviral. - l’importance d’une forte diminution, sa durée et son interprétation en fonction de la valeur initiale ? - son influence sur l’évolution clinique et biologique des patients ? 6. Recommandations du rapport des Professeurs Brun-Vézinet et Dormont - son influence sur la décision thérapeutique à prendre ? - son intérêt dans l’évaluation thérapeutique ? - son intérêt dans la comparaison de stratégies thérapeutiques ? Les experts ont émis un certain nombre de recommandations. - sa corrélation avec les valeurs CD4 ? 6.1. Lors du bilan initial Récemment, un groupe d’experts américains de l’International AIDS Society vient de proposer les premières recommandations sur la charge virale aux EtatsUnis. Elles divergent légèrement quant aux valeurs seuils «élevée» ou «basse» de la charge virale et sur la fréquence de réalisation des mesures (13). NFS, plaquettes, transaminases, examens sérologiques (VIH, hépatites, CMV, typage lymphocytaire) et charge virale (sauf si vaccination récente ou si infection aiguë évolutive). Dossier 1996, XVII, 2-3 39 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Les objectifs sont identiques : maintenir une charge virale la plus basse possible et le plus longtemps possible. 6 - Force G, Coutellier A. Prise en charge des patients séropositifs pour le VIH. in «SIDA et pratique médicale quotidienne». Editions Frison-Roche, Paris, 1994 ; 51-56. CONCLUSION 7 - Katzenstein TL, Pedersen C, Nielsen C et al. Longitudinal serum HIV RNA quantification : correlation to viral phenotype at seroconversion and clinical outcome. J AIDS 1996 ; 10 : 167-73. Le suivi biologique des patients atteints du SIDA s’est enrichi récemment de nombreux examens virologiques. Le plus intéressant actuellement semble être la quantification de l’ARN plasmatique permettant de déterminer la charge virale. 8 - Mellors JW. Prognostic value of HIV-1 RNA determination in adults. 3rd conference on retroviruses and opportunistic infections. Washington 1996 ; Session 38 : S22. 9 - Mellors JW, Kingsley LA, Rinaldo CR et al. Quantitation of HIV-1 RNA in plasma predicts outcome after seroconversion. Ann Intern Med 1995 ; 122 : 573-9. Cette mesure semble être un marqueur sensible, reproductible, le plus rapide à donner une réponse sous traitement (2) et permet de mettre en évidence un échec thérapeutique quelle qu’en soit la cause. 10 - Mellors JW, Rinaldo CR, Gupta P et al. Prognosis in HIV-1 infection predicted by the quantity of virus in plasma. Science 1996 ; 272 : 1167-70. 11 - O’Brien WA, Hartigan PM, Martin D et al. Changes in plasma HIV-1 RNA and CD4+ lymphocyte counts and the risk of progression to AIDS. N Engl Med 1996 ; 334 : 426-31. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 12 - Piatak M, Saag MS, Yang LC et al. High levels of HIV1 in plasma during all stages of infection determined by competitive PCR. Science 1993 ; 259 : 1749-54. 1 - Boyer O, Klatzmann D. Immunologie et physiopathologie de l’infection par le virus HIV. in : Le praticien face au SIDA. Kernbaum S. 2e édition 1996 ; Médecine -Sciences Flammarion p14-15. 13 - Saag MS, Holodniy M, Kuritzkes DR et al. HIV viral load markers in clinical practice. Nature Medecine 1996 ; 2 : 625-9. 14 - Schooley RT. Correlation between viral load measurements and outcome in clinical trials of antiviral drugs. J AIDS 1995 ; 9 (suppl 2) : S15-S19. 2 - Brun-Vézinet F, Descamps D, Simon F. Diagnostic et suivi virologiques de l’infection par les VIH. in «Le SIDA. Synthèse des données récentes». Berche P, Boitard C, Levy Y. John Libbey Eurotext ; HS n°1 avril 1996 ; 25-31. 15 - Scientific Advisory Committee on Surrogate markers of HIV. consensus Statement. J AIDS 1995 ; 10 (suppl 2) : S114-S116. 3 - Brun-Vézinet F, Dormont J. Modalités de prescription de la mesure de la charge virale (ARN VIH plasmatique) chez les personnes atteintes par le V.I.H et ses conséquences en matière de suivi et de stratégie thérapeutique. Rapport à la Direction des Hôpitaux - Janvier 1996. 16 - Sperling RS, Shapiro DE, Coombs et al. Maternal plasma and the success of zidovudine (ZDV) in the prevention of mother-child transmission. 3nd conference on retroviruses and opportunistic infections. Washington 1996 ; LB1. 4 - Dormont J. Prise en charge des personnes atteintes par le VIH. Editions Flammarion - Médecine Sciences - 1993. 17 - Yéni P. Intérêt clinique de la mesure de la charge virale plasmatique VIH (VIH-RNA). ANRS Information 1995 ; 16 : 36-7. 5 - Dormont J, Brun-vézinet F, Yeni P, Aboulker JP. Les antirétroviraux. in «Le SIDA. Synthèse des données récentes». Berche P, Boitard C, Levy Y. John Libbey Eurotext ; HS n°1 avril 1996 ; 127-37. Dossier 1996, XVII, 2-3 40 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Résistance RÉSISTANCE VIRALE AUX INHIBITEURS NUCLÉOSIDIQUES Résistance à la zidovudine La résistance à la zidovudine est actuellement la plus documentée. 1. Généralités La première description de cette résistance à la zidovudine a été faite par Larder en 1989 (23) sur des souches cliniques provenant de patients traités depuis plus de 6 mois, avec dans un tiers des cas (5/15), multiplication par 100 de la CMI. Ce phénomène a été largement confirmé par la suite. Il a été démontré que 60 à 75 % des patients à un stade avancé de la maladie présentent une résistance à la zidovudine, un an après le début du traitement (12, 34). Ce pourcentage peut atteindre 90 % chez les malades ayant moins de 100 lymphocytes CD4/mm3 (21, 32). INTRODUCTION Une souche est considérée comme sensible lorsque la CI50 est inférieure à 0,05 mmole, et très résistante lorsque cette dernière est supérieure à 1 mmole. La résistance aux antirétroviraux est liée à l’apparition de mutations entraînant une diminution d’affinité de l’enzyme virale pour l’inhibiteur. Des souches de sensibilité différente peuvent coexister chez le même patient (3, 27, 30). L’infection à VIH est une infection chronique active. La réplication virale est très active. La production et la destruction journalière de virus plasmatique sont estimées à un milliard (6). Les thérapeutiques actuelles n’inhibent que partiellement la réplication virale. La présence de souches virales résistantes a été retrouvée dans des cas d'infection primaire (1, 7, 11) ; la contamination par des mutants résistants pourrait en être la cause. Les résistances de haut niveau sont toutes observées chez les patients symptomatiques. Ces facteurs, associés à l’extrême variabilité du VIH, favorisent l’émergence de variants génétiques résistants à une molécule antirétrovirale après une durée plus ou moins longue de prise médicamenteuse (2). La transmission materno-foetale d'une souche résistante a été rapportée (10). 2. Facteurs favorisants L’évaluation de la sensibilité du VIH se fait in vitro, par des essais phénotypiques et génotypiques. Le phénotype de résistance d’un isolat de VIH peut être évalué dans un système de culture cellulaire grâce à la détermination de ses CI50 et CI90 (concentration inhibant respectivement 50 % et 90 % de la multiplication virale) pour la molécule considérée. Ces variants résistants possèdent une ou plusieurs mutations au niveau du gène codant pour la protéine cible de l’antiviral (avec diminution de l’affinité), définissant leur génotype de résistance (2). Dossier 1996, XVII, 2-3 2.1. Stade de la maladie Les patients à un stade évolué de la maladie (SIDA ou ARC avancé) développent une résistance plus précocément que les patients à un stade précoce de la maladie. Un an après le début du traitement, un pourcentage estimé de 89 % des malades à un stade tardif ont développé une résistance, contre 31% (TC50 : 16-56) des patients à un stade précoce de l'infection (31). 41 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 4. Observations cliniques 2.2. Dose administrée Il existe peu de données concernant la relation entre la dose administrée et l'émergence de résistances. Les patients recevant une forte dose de zidovudine ne developpent pas moins de résistance que les patients recevant une faible dose Pour certains auteurs, les résistances apparaitraient plus tôt chez les patients recevant 1200 à 1500 mg de zidovudine par jour comparativement à ceux en recevant 500 mg (30). 4.1. Résultats de l'essai ACTG 116B/ 117 Récemment, les isolats viraux recueillis chez les patients qui avaient participé à l'essai ACTG 116B/ 117 ont été analysés. Il s'agit de patients ayant reçu de la zidovudine pendant au moins 4 mois puis de la didanosine chez lesquels cette modification thérapeutique a ralenti la progression de l'infection VIH (8, 13). L'existence d'une résistance à la zidovudine à l'entrée dans l'étude est associée à une progression clinique rapide et une survie moindre. Après prise en compte du taux de CD4 initial, du diagnostic de SIDA à l'entrée dans l'étude, du traitement reçu et de la présence d'un phénotype SI (Syncytium-Inducing), il a été montré que le risque de progression clinique chez les patients présentant une résistance à la zidovudine est hautement significatif ; le risque relatif est de 1,82 (CI 95 % : 1,02 ± 3,260). De même le risque relatif de décès est de 3 à 5 fois plus élevé parmi les patients présentant des souches résistantes que chez les patients infectés par des isolats sensibles. De plus les patients présentant des souches résistantes et recevant de la ddI ne tirent pas plus de bénéfice de cette modification que les patients infectés avec des isolats sensibles. Cependant, cette étude virologique n'a pas de pouvoir statistique suffisant pour déterminer de façon certaine une différence entre les différents bras de traitement. 2.3. Durée de traitement Le degré de résistance s'accroît avec la durée du traitement (31). La CI50 peut être augmentée jusqu'à 100 fois chez les patients traités pendant plus de 18 mois (34). Néanmoins, la résistance peut apparaître beaucoup plus précocément, dès 2 mois après le début du traitement (5). 2.4. Évolution clinique et biologique des malade * Taux de CD4 Il semble qu’il existe une corrélation avec le stade de la maladie et avec le nombre de CD4/mm3 au début du traitement : - CD4 < 100/mm3 : 89% ; - 100 mm3 < CD4 < 40/ mm3 : 41% ; - CD4 > 400/mm3 : 27 %. Le déclin du taux des lymphocytes CD4 a été corrélé avec l'apparition d'une mutation au codon 215 (Thréonine → Tyrosine) (18). 4.2. Devenir des souches résistantes * Antigénémie p24 L’existence d’une antigénémie p24 n’est pas significativement corrélée au développement d’une résistance. Des résultats contradictoires ont été publiés en ce qui concerne le devenir des souches résistantes après l'arrêt de la zidovudine. Une réapparition de la sensibilité, pouvant aller jusqu'à un an après l’arrêt, a été observé (4). La reprise du traitement par la zidovudine peut entraîner une réapparition rapide de la résistance (25). * Progression de la maladie Dans une cohorte de 74 patients recevant de la zidovudine depuis 3,75 années, il a été démontré que l'apparition de la résistance à la zidovudine était corrélée à la progression de la maladie (26). Il a été mis en évidence une disparition de la résistance à la zidovudine et le développement d'une résistance à la ddI chez des patients ayant reçu de la ddI pendant au moins un an en remplacement de la zidovudine (40). 3. Mécanisme de résistance La résistance à la zidovudine est due à des mutations spécifiques dans le gène pol au niveau des codons 41 (Méthionine → Lysine), 67 (Leucine → Asparagine), 70 (Lysine → Arginine), 215 (Thréonine → Tyrosine) et 219 (Lysine → Glycine) (cf Tableau page) (la mutation en position 215 apparaissant comme la plus importante). Ces mutations conduisent à des substitutions d’acides aminés de la transcriptase inverse (qui peuvent s'accumuler dans un ordre défini). Il en résulte une multiplication par 100 de la CI50, après plusieurs mois de traitement (15, 22, 23). Dossier 1996, XVII, 2-3 Au contraire chez quatre patients ayant reçu le même schéma thérapeutique, la résistance à la zidovudine a persisté avec un suivi de 5 à 22 mois. Un patient a développé à 14 mois un génotype doublement résistant à la zidovudine et à la didanosine (39). D'autres auteurs ont également décrit des mutations qui confèrent une résistance conjointe à la zidovudine et à la didanosine chez quelques patients traités par cette association (33, 38). 42 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 4.3. Résistances croisées Les souches virales qui possèdent ces mutations présentent une résistance croisée avec la zalcitabine mais pas avec la zidovudine : une résistance croisée entre la didanosine et la zalcitabine avec présence de la même mutation sur le codon 74 (Leucine→Valine) et 184 (Méthionine→Valine) a été mise en évidence et ne permet pas d’envisager l’association de ces deux antirétroviraux. Des résistances croisées ont été décrites entre la zidovudine et d'autres anti-rétroviraux : il s'agit essentiellement des analogues nucléosidiques, et de la reverse transcriptase comprenant un groupe 3'-Azido dont AZdU 3'-Azido-2', 3'Didéoxyguanosine (AZG) et 3'-Azido-2', 3'-Didéoxy adénosine (AZA) (23). Il semble que l’émergence de cette résistance due à la mutation sur le codon 74 ait pour effet de diminuer l’effet de la mutation 215 (résistance à la zidovudine : Thréonine →Tyrosine) et permette ainsi une réapparition d'une sensibilité à la zidovudine ; cependant ce phénomène semble loin d’être constant en pratique clinique (28). Une résistance de faible niveau, croisée entre zidovudine, didanosine et zalcitabine a été retrouvée (25). Il existe également une résistance croisée entre zidovudine et stavudine (d4T) (24, 34). Les associations d'agents anti-rétroviraux ont été considérées comme un des moyens d'éviter l'émergence de souches virales résistantes. En fait un traitement associant ou alternant zidovudine et didanosine ne modifie pas l'émergence de souches résistantes à la zidovudine. Par contre l'apparition de la mutation conférant à la souche virale la résistance à la didanosine (codon 74 Leu→Val) est bloquée (16 , 37). 2. Observations cliniques Au cours de l’essai ACTG 116B/ 117, l’évolution clinique et les risques majorés de décès avec une résistance de haut niveau ont pu être corrélés avec l’existence de mutations en 215 et 41. Il a été constaté 41 % de résistance à la zidovudine dont 15% de haut niveau. De même l'association zidovudine et zalcitabine ne prévient pas l'apparition de la résistance à la zidovudine mais celle à la zalcitabine n'apparaît pas (33). Le bénéfice d'un changement thérapeutique de la zidovudine pour la didanosine n'est pas corrélé avec l'existence d'une mutation en 215 et 41 : il pourrait être associé à un autre marqueur d’évolution clinique comme la charge virale. 5. Conclusion Résistance à la zalcitabine Il est possible que la résistance à la zidovudine constitue un marqueur d'une immuno-dépression profonde représentée de façon incomplète par le taux de CD4 ou la charge virale. Il est possible aussi que ces souches résistantes soient des souches hautement pathogéniques. Ces résultats remettent en cause l'utilité de la notion de résistance en temps qu'outil de décision thérapeutique. La résistance à la zalcitabine est principalement associée à une mutation en position 69 (Thréonine→Aspartate) (2) mais aussi sur les positions 65 (Lysine →Asparagine), 74 (Leucine→Valine), 184 (Méthionine →Valine) et 215 (Tyrosine→Cystéine), différente de la mutation 215 à la zidovudine mais favorisée par la préexistence de celle-ci. Résistance à la stavudine Résistance à la didanosine (2, 12, 17) La résistance à la didanosine a été décrite par Saint Clair en 1991 (40) chez cinq patients traités antérieurement par de la zidovudine. L’apparition de la résistance à la didanosine se manifeste après 6 à 12 mois de traitement et coïncide avec une diminution de la sensibilité. La résistance à la stavudine a été constatée in vitro, due à des mutations portant sur le codon 75 (Val→Tyr/Thr) et 150 (Ileu→Thr) (cf Tableau page 48). Cette mutation provoque aussi des résistances croisées avec la didanosine et la zalcitabine (19) mais antagonise faiblement la résistance due à la mutation en 215 de la zidovudine. 1. Mécanisme de résistance Les études in vivo montrent des taux plus faibles de réduction de la sensibilté par rapport à ceux obtenus in vitro. Cette perte de la sensibilité est principalement associée à des mutations au niveau des codons 74 (Leucine→Valine) et 184 (Méthionine→Valine) de la transcriptase inverse. Dossier 1996, XVII, 2-3 43 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Résistance à la lamivudine Quelle association choisir ? L’apparition de mutation en pol 184 conférant la résistance à la lamivudine coïncide avec une augmentation de la charge virale (36). En terme de résistance, si les associations d’antirétroviraux apparaissent bénéfiques, elles n’empêchent pas la survenue de mutants résistants. Cependant les règles qui commandent leur sélection commencent à être mieux connues. Plusieurs notions importantes doivent être considérées : ASSOCIATIONS D’ANTIRÉTROVIRAUX 1) La résistance croisée in vitro vis-à-vis de plusieurs molécules antirétrovirales est possible et déconseillée en clinique. Exemples : NUCLÉOSIDIQUES ET RÉSISTANCE - il existe une mutation croisée in vitro entre didanosine et zalcitabine (sans compter le cumul des toxicités), Didanosine + zidovudine - la mutation du codon pol 184 de la résistance à la lamivudine est associée à une résistance croisée à la didanosine et la zalcitabine. Une étude (37) portant sur des patients recevant soit une monothérapie (zidovudine ou didanosine), soit une bithérapie (zidovudine et didanosine) a donné les résultats suivants : Résistance à la zidovudine Résistance à la didanosine Zidovudine (n = 26) 8/26 (31 %) _ Didanosine (n = 26) _ 17/26 (65 %) Zidovudine + Didanosine (n = 24) 10/24 (42 %) 2/24 (8 %) 2) les mutations de résistance peuvent interagir entre elles positivement ou négativement. Ainsi au cours des associations zidovudine + didanosine, ou zidovudine + zalcitabine in vitro, l’émergence des résistances à la zidovudine en pol préviendrait dans une certaine mesure la sélection des mutations en pol 74 ou en pol 184. Certaines mutations pourraient supprimer l’effet d’une mutation vis-à-vis d’un autre antiviral et ainsi resensibiliser une souche virale résistante ; par exemple, au cours de l’association zidovudine + lamivudine, l’apparition de la mutation en pol 184 semble pouvoir restaurer la sensiblité des isolats résistants à la zidovudine. 2 patients recevant l'association zidovudine - didanosine ont développé une résistance aux 2 médicaments, avec apparition de nouvelles mutations au niveau de pol. Cette association semble sélectionner des variants résistants à la zidovudine mais restant sensibles à la didanosine. 3) La séquence d’administration successive des antiviraux doit tenir compte de l’émergence des mutants resistants. Ainsi, l’association zidovudine + lamivudine ne prévient pas l’apparition de résistance à la lamivudine ; de plus la mutation en pol 184 croise avec la résistance à la didanosine et à la zalcitabine, ce qui impliquerait qu’il est probablement préférable de precrire l’association zidovudine + lamivudine, seulement après avoir épuisé les bénéfices d’autres associations car la sélection de la mutation en pol 184 par la lamivudine entraverait l’efficacité ultérieure de la didanosine ou de la zalcitabine. Zalcitabine + zidovudine Une étude rétrospective (33) de l’évolution de la sensiblité des isolats de VIH à la zidovudine et à la zalcitabine a été faite chez des patients inclus dans l’essai ACTG 106 et ayant reçu la bithérapie pendant au moins 6 mois. Huit patients sur onze ont présenté des isolats résistants à la zidovudine entre la 24ème et 48ème semaine ; entre la 52ème et la 112ème semaine, les 7 isolats étudiés sont tous résistants à la zidovudine mais sensibles à la zalcitabine. RÉSISTANCE VIRALE AUX INHIBITEURS NON NUCLÉOSIDIQUES Cf Tableau page L’association zidovudine-zalcitabine ne retarde pas l’émergence de mutants résistants à la zidovudine mais il n’y a pas d’émergence de résistance ni de diminution de la sensibilité à la zalcitabine. Dossier 1996, XVII, 2-3 RÉSISTANCE VIRALE AUX INHIBITEURS DE PROTEASES (6) Cf Tableau page La résistance est observée régulièrement en monothérapie. 44 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA - Une évolution défavorable est-elle prédictible ? Des fortes doses (tolérées) ainsi que des associations sont nécessaires d’emblée pour limiter l’apparition de souches résistantes. L’essai ACTG 116B / 117 a montré que : . 41 % des patients présentent une résistance à la zidovudine (dont 15 % de résistance) de haut niveau, Résistance au saquinavir . il existe un risque de décés corrélé uniquement avec une résistance de haut niveau et uniquement s'il y a mutation en 215 et 41, Cf Tableau page La résistance au saquinavir est due à une mutation en position 90. . le bénéfice du remplacement de la zidovudine par la dida nosine n'est pas corrélé avec l'existence d'une mutation en 215 et 41. En monothérapie, 50% des souches sont résistantes après un an de traitement. Faits établis Il y a réduction des résistances avec des doses élevées. Les souches résistantes à l’indinavir le sont également avec le saquinavir mais l’inverse est rarement retrouvé in vivo. - Des concentrations plasmatiques élevées d'un médicament donné peuvent résulter en une inhibition de la réplication d'un virus résistant. Résistance au ritonavir - Une résistance peut conférer au virus une moins grande capacité à se répliquer activement. Cf Tableau page - L’apparition d'une résistance à un médicament peut entraîner la réapparition d'une sensibilité à un deuxième médicament : « résistance réverse » (névirapine, didanosine, lamivudine avec la zidovudine). Résistance à l’indinavir Cf Tableau page Il y a une résistance croisée avec le ritonavir. CONCLUSION : SIGNIFICATION DE LA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES RESISTANCE AUX ANTIRETROVIRAUX 1- Albert J, Wahlberg J, Fiore J, Uhlen M. Apparent selection against transmission of azt resistant HIV-1. HIV drug resistance. Second international workshop, Noordwijk, the Netherlands, 1993 ; jun 3-5. Questions restant posées La signification clinique de la résistance aux antirétroviraux reste imprécise et de nombreuses questions restent sans réponse malgré une meilleure compréhension des faits. 2 - Belec L. Résistance du VIH aux antirétroviraux. in « Techniques virologiques et pratiques cliniques dans le domaine du sida ». Document Bristol-Meyers Squibb 1995. - Y a-t-il une corrélation entre l’apparition d’une résistance et une augmentation de la charge virale ? 3 - Boucher CAB, Tersmette M, Lange JMA. Zidovudine sensitivity of human immunodeficiency viruses from highrisk, symptom-free individuals during therapy. Lancet 1990 ; 336 : 585-90. . non en ce qui concerne la zidovudine, . oui en ce qui concerne la névirapine et la lamivudine (découverte plus récemment) (36). 4 - Boucher CAB, Van leeuwen R, Kellam P et al. Effects of discontinuation of zidovudine treatment on zidovudine sensitivity of human immunodeficiency virus type 1 isolates. Antimicrob agents chemother 1993 ; 37 : 1525-30. - La résistance est-elle transmissible ? . La transmission de souches résistantes est possible par voie IV et sexuelle : des variants résistants peuvent se répliquer in vivo pendant de longues périodes suivant l’arrêt de la prise du médicament (39). 5 - Broadhurst K, Ball A, Stein CA et al. Quantitation of AZT resistant viruses in the hiv cohort at the royal london hospital. Abstract vii international conference on aids, Florence june 16-21, 1991. . 10 à 15 % des patients nouvellement infectés ont des isolats portant la mutation en pol 215. Dossier 1996, XVII, 2-3 6 - Brun-vezinet F. Résistance aux antirétroviraux. Bull ANRS 1995 ; 16 : 30-5. 45 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 7 - Erice A, Mayers DL, Strike DG et al. Brief report : primary infection with zidovudine-resistant human immunodeficiency virus type I. N Engl J Med 1993 ; 328 : 1163-5. 19 - Lacey SF, Larder BA. Novel mutation (V75T) in human immunodeficiency virus type 1 reverse transcriptase confers resistance to 2’,3’ didehydro-2’,3’dideoxythymidine in celle culture. Antimicrob Agents Chemother 1994 ; 38 : 1428-32. 8 - D’aquila RT, Jonhson VA, Welles SL et al. Zidovudine resistance and human immunodeficiency virus type 1 disease progression during antietroviral therapy. Ann intern med 1995 ; 122 : 401-8. 20 - Land S, Treolar G, Mc Phee D et al. Decreased in vitro susceptibility to zidovudine of hiv isolates obtained from patients with aids. J Infect Dis 1990 ; 161 : 326-9. 9 - Fitzgibbon JE, Howell RM, Haberzentl CA et al. Human immunodeficiency virus type 1 pol gene mutations which cause decreased susceptibility to 2’,2’-dideoxycytidine. Antimicrob agents chemother 1992 ; 36 : 153-7. 21 - Larder BA, Chesebro B, Richman DD. Susceptibilities of zidovudine-susceptible and resistant human immunodeficiency virus isolates to antiviral agents determined by using a quantitative plaque reduction away. Antimicrob Agents Chemother 1990 ; 34 (3) : 436-41. 10 - Frenkel LM, Wagner LE, Demeter LM et al. Effects of zidovudine use during pregnancy on resistance and vertical transmission of human immunodeficiency virus type 1. Clin Infect Dis 1995 ; 20 : 1321-6. 22 - Larder BA, Darby G, Richman DD. HIV with reduced sensitivity to zidovudine (azt) isolated during prolonged therapy. Science 1989 ; 243 :1731-4. 11 - Henry K, Erice A, Schwebke K et al. Potential increased hiv virulence in the population : preliminary immunologic and virologic data from recent hiv 1 seroconvectors with documentation of the horizontal transmission of zidovudine resistant HIV 1. Abstract po-b01-0886-ixth international conference on AIDS, Berlin, june 6-11, 1993. 23 - Larder BA, Kemp SD. Multiple mutations in HIV-1 reverse transcriptase confer high-level resistance to zidovudine (AZT). Science 1989 ; 246 : 1155-8. 24 - Lin PF, Samanta H, Rose RE et al. Genotypic and phenotypic analysis of human immunodeficiency virus type 1 isolates from patients on prolonged stavudine therapy. J Infect Dis 1994 ; 170 : 1157-64. 12 - Japour AJ, Chatis PA, Eigenrauch JA et al. Detection of human immunodeficiency type 1 clinical isolates with reduced sensitivity to zidovudine and dideoxyinosine by RNA-RNA hybridization. Proc Natl Acad Sci USA 1991 ; 88 : 3092-6. 25 - Mayers DL, Japour AJ, Arduino JM et al. Dideoxynucleoside resistance emerges with prolonged zidovudine monotherapy. Antimicrob Agents Chemother 1994 ; 38 : 307-14. 13 - Japour AJ, Welles S, D’aquila RT et al. Prevalence and clinical significance of zidovudine resistance mutations in human immunodeficiency virus isolated from patients after longterm zidovudine treatement. 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Human immunodeficiency virus type 1 (hiv-1) viremia changes and development of drug-related mutations in patients with symptomatic hiv-1 infection receiving alternating or simultaneous zidovudine and didanosine therapy. J Infect Dis 1995 ; 171 : 1152-8. 29 - Pepin JM, Simon F, Brun-vezinet F. La résistance des virus de l’immunodéficience humaine (vih) aux analogues nucléosidiquesest-elle une indication à leur association ? Path Biol 1993 ; 41 (n° 1bis). 30 - Richman DD. HIV drug resistance. AIDS research and human retroviruses 1992 ; 8 : 1065-71. 17 - Kozal MJ, Kroodsma K, Winters MA et al. Didanosine resistance in hiv -infected patients switched from zidovudine to didanosine monotherapy. Ann Intern Med 1994 ; 121 : 263-8. 31 - Richman DD, Grimes JM, Lagakos SW. Effect of stage of disease and drug dose on zidovudine susceptibilities of isolates of human immunodeficiency virus. J AIDS 1990 ; 3 : 743-6. 18 - Kozal MJ, Shafer RW, Winters MA et al. A mutation in human immunodeficiency virus reverse transcriptase and decline in cd4 lymphocyte numbers in long term zidovudine recipients. J Infect Dis 1993 ; 167 : 526-32. Dossier 1996, XVII, 2-3 32 - Richman DD, Guatelli JC, Grimes J et al. Detection of mutations associated with zidovudine resistance in human immunodeficiency virus utilizing the polymerase chain reaction. J Infect Dis 1991 ; 164 : 1075-81. 46 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 33 - Richman DD, Meng TZ, Spector S et al. Resistance to azt and ddC during long term combination therapy in patients with advanced infection with human immunodeficiency virus. J AIDS 1994 ; 7 : 135-8. 38 - Shirasaka T, Kavlick MF, Ueno T et al. Emergence of human immunodeficiency virus type 1 variants with resistance to multiple dideoxynucleosides in patients receiving therapy with dideoynucleosides. Proc Natl Acad Sci USA 1995 ; 92 : 2398-402. 34 - Rooke R, Parniak MA, Tremblay M. et al. Biological comparison of wild-type and zidovudine-resistant isolates of human immunodeficiency virus type 1 from the same subjects : susceptibility and resistance to other drugs. Antimicro Agents Chemother 1991 ; 35 : 988-91. 39 - Smith MS, Koerber KL, Pagano JS. Long-term persistence of zidovudine resistance mutations in plasma isolates of human immunodeficiency virus type 1 of dideoxyinosine-treated patients removed from zidovudine therapy. J Infect Dis 1994 ; 169 : 184-8. 35 - Rooke R, Tremblay M, Soudeyns H et al. Isolation of drug-resistant variants of hiv1 from patients on long-term zidovudine therapy. AIDS 1989 ; 3 : 411-5. 40 - St Clair MH, Martin JL, Tudor-Williams G et al. Resistance to ddi and sensitivity to azt induced by a mutation in hiv-1 reverse transcriptase. Science 1991 ; 253 : 1557-9. 36 - Schuurman R, Nijhuis M, Van leeuwen R et al. Rapid changes in human immunodeficiency virus type-1 rna load and appearence of drug-resistant virus populations in persons treated with lamivudine (3TC). J Infect Dis 1995 ; 1411-9. 41 - Tudor-williams G, St Clair MH, Mc Kinney RE et al. HIV-1 sensitivity to zidovudine and clinical outcome in children. Lancet 1992 ; 339 : 15-9. 37 - Shafer RW, Kozal MJ, Winters MA et al. Combination therapy with zidovudine and didanosine selects for drugresistant human immunodeficiency virus type 1 strains with unique patterns of pol gene mutations. J Infect Dis 1994 ; 169 : 722- 9. Dossier 1996, XVII, 2-3 42 - Wainberg MA, Drosopoulos WC, Salomon H et al. Enhaced fidelity of 3tc-selected mutant hiv-1 reverse transcriptase. Science 1996 ; 271: 1282-5; 47 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Inhibiteurs de protéase Inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse Inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse Résistances aux antirétroviraux (6) Codons Didanosine Lamivudine Stavudine Zalcitabine Zidovudine 41 _ _ _ _ Mét→Lys 65 _ _ _ Lys→Asn _ 67 _ _ _ _ Lys→Asn 69 _ _ _ Thr→Asp _ 70 _ _ _ _ Lys→Ar 74 Leu→Val _ _ Leu→Val _ 75 Val→Thr* _ Val→Tyr Val→Thr* _ 150 _ _ Iso→Thr* _ _ 184 Mét→Val Mét→Val _ Mét→Val _ 210 _ _ _ _ Leu→Try ? 215 _ _ _ Tyr→Cys Thr→Tyr/Phe 219 _ _ _ _ Lys→Gly Delavirdine Loviride Névirapine TIBO L697.661 98 _ _ Ala→Gl _ Ala→Gly 100 _ _ Leu→Iso Leu→Iso _ 103 Lys→Asp _ Lys→Asn Lys→Asp* Lys→Asn 106 _ _ Val→Ala Val→Ala* _ 181 _ Tyr→Cys Tyr→Cys Tyr→Cys* Tyr→Cys 188 _ _ Ytyr→Cys Ytyr→Cys _ 190 _ _ Gly→Sér/Ala _ _ 236 P→Leu* _ _ _ _ Indinavir Ritonavir Saquinavir Vertex 32 Val→Iso _ _ _ 46 Mét→Iso _ _ Mét→Iso 47 _ _ _ Iso→Val 48 _ _ Gly→Val _ 50 _ _ _ Iso→Val 71 Ala→Val _ _ _ 82 Val→Ala* Val→Ala* _ _ 84 _ Iso→Val _ _ 90 Iso→Val _ Leu→Mét Mét→Val * in vitro seulement Ala : Alanine Arg : Arginine Asn : Asparagine Asp : Aspartate Cys : Cystéine Glu : Glutamate Gly : Glycine Iso : Isoleucine Leu : Leucine Lys: Lysine Mét : Méthionine Phe : Phénylalanine Ser : Sérine Thr : Thréonine Tyr : Tyrosine Try : Tryptophane Val : Valine Dossier 1996, XVII, 2-3 48 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA II ème Partie Atévirdine DCI Atévirdine Sigle NR Nom déposé NR Code d’expérimentation U-87201E Laboratoire Upjohn Classifications : - pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur de la transcriptase inverse, Inhibiteur non-nucléosidique - ATC NR - CIM 10 NR Renseignements administratifs Médicament en développement NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé L’atévirdine est un inhibiteur non-nucléosidique de la transcriptase inverse du VIH. C’est un médicament en développement. Elle présente une activité antirétrovirale de puissance voisine de celle des autres inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse. Elle n’est pas active sur le VIH-2, ni sur les polymérases cellulaires humaines. Son profil de résistance, proche de celui de la délavirdine est caractérisé par la substitution d’acides aminés dans la structure de la transcriptase inverse. Il existe une importante variation interindividuelle dans la valeur de ses paramètres pharmacocinétiques. Dossier 1996, XVII, 2-3 49 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES . PHARMACOCINÉTIQUE (2) Classe chimique NR Absorption rapide Dénomination chimique bis-hétéroaryl-pipérazine (BHAP) T max = 0,5 à 1 h diffusion importante dans le liquide céphalo-rachidien demi-vie = 20 à 46 h Dénomination scientifique Formule brute 1-[3-(éthylamino)-2-pyridyl]-4-(5-méthoxy-1Hindol-2-yl-carbonyl) pipérazine Il existe une importante variation interindividuelle dans la valeur de ces paramètres. C21H25N5O2 ÉTUDES CLINIQUES N Formule développée H3C Cf tableau page 51 N O N N H Masse moléculaire relative clairance = 100-200 l/h N H CH3 O RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 475,56 1 - Althaus IW, Chou JJ, Gonzales AJ et al. Steady-state kinetic studies with the non-nucleoside HIV-1 reverse transcriptase inhibitor U-87201E. J Biol Chem 1993 ; 268 : 6119-24. ACTION ANTIVIRALE 2 - Been-TIiktak AMM., Vrehen HM, Schneider MME et al. Safety, tolerance and pharmacokinetics of atevirdine mesylate (U-87201E) in asymptomatic human immunodeficiency virus-infected patients. Antimicrob Agents Chemother 1995 ; 39 : 602-7. L’atévirdine présente une activité antirétrovirale de puissance voisine de celle des autres inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse. Sa constante d’inhibition est de 1,3µM in vitro. Elle n’est pas active sur le VIH-2, ni sur les polymérases cellulaires humaines (1, 5). 3 - Brew BJ, Dunbar N, Druett J. Pilot study of the efficacy of atevirdine in AIDS Dementia Complex (ADC). 2ème Congrès international sur les traitements du SIDA Glasgow nov. 1994 - P232B. Son profil de résistance, proche de celui d’une autre bishétéroaryl-pipérazine - la délavirdine - est caractérisée par la substitution d’acides aminés dans la structure de la transcriptase inverse, par mutation en position 236 d’une proline par une leucine (1, 5). La mutation ne concerne pas les positions 103 ou 181, associées aux problèmes de résistance observés avec les autres inhibiteurs de la même classe. 4 - Reichman RC, Morse GD, Demeter LM et al. Phase I study of atevirdine, a non nucleoside reverse transcriptase inhibitor, in combination with zidovudine for HIV-type 1 infection. J Inf Dis 1995 ; 191 : 297-304. 5 - Romero DL. Atevirdine mesylate. Drugs Fut 1994 ; 19 : 9-12. Ce sont des modifications de la forme de la poche de fixation de la transcriptase inverse, créées par la mutation P236L qui confère cette résistance à la délavirdine et plus généralement aux bis-hétéroaryl-pipérazines avec conservation de la sensibilité au L-697,661. Dossier 1996, XVII, 2-3 50 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Atévirdine (U-87 201 E) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Phase I study of Atevirdine, a non nucleoside reverse transcriptase inhibitor, in combination with zidovudine for HIV-type 1 infection ACTG 199 (4) Protocole Étude monocentrique Phase I 20 patients Inclusion - Hommes - Âge ≥ 13 ans - CD4 ≤ 500/mm3 - 15 patients sans traitement antirétroviral antérieur Résultats - CD4 augmentés chez 9 patients - Sensibilité conservée à l’atévirdine des isolats de 62 % des patients à S24 Tolérance - rash cutané chez 2 patients avant la 2ème semaine, avec, dans 1 cas, fièvre et hépatite - pas de toxicités hématologique, neurologique, pancréatique observées Schéma posologique - 1ère phase : 1 semaine . Atévirdine : recherche de dose jusqu’à la concentration plasmatique de 5-10µM . Zidovudine : 200 mg 3 x /j - 2ème phase : patients sans traitement antérieur par la zidovudine . Atévirdine : 600 mg 3x /j . Zidovudine : 200 mg 3x /j Pharmacocinétique très importantes variations interindividuelles des données pharmacocinétiques Durée 24 semaines Pilot study of the efficacy of Atevirdine in AIDS dementia complex (ADC) (3) Protocole Étude en ouvert 10 patients Schéma posologique 600 mg/j Inclusion - Patients en échec ou intolérants à la zidovudine ou la didanosine - Score neurologique et neuropsychique > 4 Résultats n = 5/10 évaluables Chez les 5 évaluables : 4 répondeurs selon : - score moyen d’handicap* : 19,6 à J0, 5 à 12 semaines - β microglobuline dans le LCR - néoptérine Durée 12 semaines Chez les 5 patients non évaluables, il a été observé : - 2 décès par infections - 1 décès par hypotension - 1 PML - 1 rash cutané * impairement en anglais Dossier 1996, XVII, 2-3 51 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Délavirdine DCI Délavirdine Sigle NR Nom déposé RESTRICTOR® Code d’expérimentation U-90152S Laboratoire Upjohn Classifications - pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur de la transcriptase inverse, Inhibiteur non-nucléosidique - ATC NR - CIM 10 NR Renseignements administratifs médicament en développement mise à disposition selon la loi Huriet (essai avec accès élargi à l’automne 1996) NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé La délavirdine est un inhibiteur non-nucléosidique de la transcriptase inverse du VIH. C’est un médicament en développement mis à disposition selon la loi Huriet. Elle possède un pouvoir d’inhibition sélective de la transcriptase inverse du virus VIH-1. Son profil de résistance, proche de celui de l’atévirdine est caractérisé par la substitution d’acides aminés dans la structure de la transcriptase inverse. Dossier 1996, XVII, 2-3 52 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Ce sont des modifications de la forme de la poche de fixation de la transcriptase inverse, créées par la mutation P236L qui confère cette résistance à la délavirdine et plus généralement aux bis-hétéroaryl-pipérazines avec conservation de la sensibilité au L-697,661 (3). Classe chimique NR Dénomination chimique bis-hétéroaryl-pipérazine (BHAP) Dénomination scientifique 1-[3-(isopropylamino)-2pyridyl]-4-(5-(méthane sulfonamido-1H-indol-2yl-carbonyl] pipérazine Formule brute Cf tableaux pages 156 et 157 (association) RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES C22H28N6O3S Formule développée N H H3C N O S O Masse moléculaire relative ÉTUDES CLINIQUES 1 - ARCAT-SIDA (Association de Recherche, de Communication et d’Action pour le traitement du Sida). Répertoire des essais thérapeutiques en France. 1995 (3ème Edition) Paris. N N N H N H O CH3 CH3 2 - Dueweke TJ, Poppe SM, Romero DL et al. U-90152, a potent inhibitor of human immunodeficiency virus type 1 replication. Antimicrob Agents Chemother 1993 ; 37 : 1127-31. 552,66 ACTION ANTIVIRALE 3 - Fan N, Evans DB, Rank KB et al. Mechanism of resistance to U-90152S and sensitization to L-697,661 by a proline to leucine change at residue 236 of HIV-1 reverse transcriptase. FEBS Letters 1995 ; 359 : 233-8. (2, 4, 5, 3) 4 - Romero DL, Morge RA, Genin MJ et al. Bis (hétéroaryl) pipérazine (BHAP) reverse transcriptase inhibitors : structure-activity relations of novel substituted indole analogues and the identification of 1-[(5-methanesulfonamido1H-indol-2-yl)-carbonyl]-4-[3-[(1-methylethyl)amino]pyridinyl]pipérazine monomethanesulfonate (U-90152S), a second-generation clinical candidate. J Med Chem 1993 ; 36 : 1505-8. La délavirdine possède un pouvoir d’inhibition sélective de la transcriptase inverse du virus VIH-1 à une concentration nanomolaire (CI50 = 0,26µM). Elle est active aussi bien sur des souches de laboratoire que sur des isolats cliniques. Son profil de résistance, proche de celui d’une autre bishétéroaryl-pipérazine - l’atévirdine - est caractérisée par la substitution d’acides aminés dans la structure de la transcriptase inverse, par mutation en position 236 d’une proline par une leucine. La mutation ne concerne pas les positions 103 ou 181, associées aux problèmes de résistance observés avec les autres inhibiteurs de la même classe. Dossier 1996, XVII, 2-3 5 - Romero DL. Delavirdine mesylate. Drugs Fut 1994 ; 19 : 238-42. 53 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Didanosine DCI Didanosine Sigle ddI Nom déposé VIDEX® Code d’expérimentation BMY 40900 Laboratoire Bristol-Myers Squibb Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur de la transcriptase inverse, Analogue nucléosidique ATC Analogues nucléosidiques - J05AB07 CIM 10 NR Renseignements administratifs AMM Réservé aux Hôpitaux avec dispositions particulières Circulaires n° 88-13 du 4-5-1988, Lettre du 27 Mai 1992 Agréé aux collectivités (JO du 05/06/1992) Année commercialisation : Juin 1992 Liste : I NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé La didanosine (ddI) est un inhibiteur de la transcriptase inverse possèdant une AMM. Elle est présenté sous forme de comprimés pour suspension buvable à 25, 50 100 et 150 mg. Son mécanisme d’action est identique à celui de la zidovudine : production d’un ADN proviral incomplet et non fonctionnel. L’activité de la didanosine s’est avérée dépendante de la prise préalable de zidovudine, justifiant la possibilité de traitement par alternance (ou switch, en anglais). L’association didanosine et zidovudine par rapport au traitement alternatif ou à la monothérapie par la zidovudine seule s’est avérée bénéfique. Les effets indésirables les plus redoutés de la didanosine sont l’apparition d’une pancréatite et d’une neuropathie périphérique. L’arrêt du traitement a été définitif chez 11% des patients. La didanosine est indiquée (AMM) chez l’adulte et l’enfant de plus de 6 mois, infecté par le VIH, symptomatique, et présentant : soit une intolérance à la zidovudine, soit une détérioration clinique ou immunologique significative sous zidovudine. La posologie est à adapter en fonction du poids chez l’adulte - < 60 kg : 125 mg, 2 fois par jour, ≥ 60 kg : 200 mg, 2 fois par jour - et de la surface corporelle chez l’enfant sur la base moyenne de 200 mg/m2/j. Dossier 1996, XVII, 2-3 54 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA HISTORIQUE Poudre pour solution buvable 2 g ou 4 g en flacon (verre) fournie gracieusement par le laboratoire fabricant à titre compassionnel (plus particulièrement adapté à l’usage pédiatrique) La ddI a été le deuxième inhibiteur de la transcriptase inverse approuvé dans le traitement de l’infection par le VIH (commercialisé aux États Unis en 1991). Conservation A température ambiante entre + 15°C et + 30°C. La solution reconstituée avec un antiacide se conserve jusqu’à 30 jours au réfrigérateur (+ 2°C à + 8°C). Les premières études ont été réalisées avec la 2’,3’didéoxyadénosine (ddA) analogue de l’adénosine (cf schéma) et précurseur de la ddI. L’activité antirétrovirale de ces deux composés est comparable ; cependant, seule la ddI est utilisée en clinique car après administration orale, la ddA est absorbée et métabolisée en un dérivé insoluble et néphrotoxique : la 2,8-dihydroadénine (31). PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Les essais cliniques de phase I et I/II ont débuté en 1988 chez des patients nécessitant une thérapeutique alternative à la zidovudine. Classe chimique Nucléoside -Polypeptide Dénomination chimique 2’,3’-didéo-oxyinosine L’instabilité de la molécule en milieu acide a demandé des présentations galéniques particulières afin d’améliorer la biodisponibilité. Dénomination scientifique 9-(2,3-didésoxy-b-o-ribofuranosyl)-1,9-dihydro6H-purine-6-one RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES Formule brute C10H12N4O3 O Formule développée N Comprimés pour suspension buvable AMM n° 557 384-1 25 mg 50 mg AMM n° 557 382-9 100 mg AMM n° 557 371-7 150 mg AMM n° 557 364-0 HOH2C O 2' 3' didé Masse moléculaire relative Substances auxiliaires - Carbonate de calcium; hydroxyde de magnésium; aspartam, sorbitol, cellulose microcristalline, crospolyvidone, arôme mandarine-orange, stéarate de magnésium. - Composition de l’arôme mandarine-orange : huile de tangerine, huile de mandarine, gomme arabique, alpha tocophérol, silice colloïdale. - Sur une face, un poinçonnage apposé sur les comprimés indique le nom VIDEX et le dosage correspondant. N i i 236,2 ACTION ANTIVIRALE (11, 21, 25, 33) In vitro des concentrations supérieures ou égales à 10 mmole/l de didanosine protègent des cellules de la lignée ATH8 (lignée cellulaire T, dont le génome comporte plusieurs copies d’HTLV-I) de l’effet cytopathogène du VIH, sans effet cytotoxique propre (25). Cette action a été confirmée sur la lignée MT4 (lignée cellulaire T, dérivée des lymphocytes périphériques de patients infectés par le HTLV-I). L’activité de la didanosine, sur des cultures de lignées de cellules T, monocytes, lymphocytes et macrophages infectées par le VIH, est dose dépendante. L’CI50 varie en fonction du type de cellules ; des concentrations de 20 mmoles/l permettent une inhibition proche de 100 %. La didanosine inhibe également la réplication et le pouvoir infectieux du VIH-2 in vitro. Conditionnement Flacon en polyéthylène contenant 60 comprimés (pour une durée de traitement de 15 jours) Les flacons sont étiquetés de couleur différente pour les quatre dosages disponibles : bleu clair, violet, bleu foncé et vert respectivement pour les dosages de 25, 50, 100 et 150 mg. Conservation Durée : 2ans à température comprise entre +15 et +30°C et à l’abri de la lumière. La suspension reconstituée peut être conservée 1 heure à température ambiante. Dossier 1996, XVII, 2-3 NH N 55 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Schéma du métabolisme systémique et métabolisme cellulaire de la ddI (15) L’association in vitro de la didanosine avec d’autres antirétroviraux - zidovudine, ribavirine, interféron alpha - s’est montrée synergique (11). Le ddIMP est ensuite aminé en ddAMP par l’adénylosuccinate synthétase et la lyase ; les deux phosphorylations successives aboutissent au dérivé actif triphosphaté : la ddATP (cf schéma). MECANISME D’ACTION (7, 8, 9, 11, 23, 26, La demi-vie intracellulaire du dérivé triphosphaté est longue (plus de 12 heures). 31, 33) L’inhibition de la réplication virale par la ddATP se fait selon un mécanisme identique à celui retrouvé avec la zidovudine : Après diffusion passive dans la cellule (28), la didanosine doit, comme pour tous les analogues nucléosidiques, être transformée en un métabolite actif tri-phosphorylé : la 2’,3’-didéoxyadénosine 5’-triphosphate (ou ddATP). - blocage de l’action de la transcriptase inverse par compétition avec le dérivé naturel présent dans la cellule, - inhibition de l’élongation du brin d’ADN : l’absence de groupement 3’-hydroxyle sur la molécule de didanosine empêche la formation d’une liaison 3’,5’ diester avec un autre nucléoside triphosphaté (37). L’ADN proviral ainsi produit est incomplet et non fonctionnel. La première étape de sa métabolisation aboutit à la formation d’un dérivé monophosphaté, le ddIMP sous l’action de la 5’-nucléotidase ; cette enzyme a une activité constante pendant toute la durée du cycle cellulaire, ce qui permet à la ddI d’être active sur des cellules quiescentes qui servent souvent de réservoir de virus (monocytes, macrophages). Dossier 1996, XVII, 2-3 56 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PHARMACOCINÉTIQUE (11, 26, 30, 31, 32) Une synergie d’action entre la didanosine et les inhibiteurs de l’IMP déshydrogénase a été démontrée in vitro ; ces derniers augmentent les concentrations cellulaires d’IMP, composé majeur qui sert à la formation d’ATP. Cette synergie se traduit par une augmentation du dérivé triphosphorylé ddATP (15). Difficultés galéniques L’instabilité de la didanosine en milieu acide a nécessité la mise en œuvre de divers procédés pour protéger la liaison C-N qui lie l’hypoxanthine au désoxyribose contre l’acidité gastrique afin d’obtenir une biodisponibilité suffisante. À pH 2, sa demi-vie est de quelques minutes (31). TOXICOLOGIE Toxicité aiguë : cf RCP (Résumé des caractéristiques du produit diffusé par l’Agence du médicament) En milieu acide, la didanosine forme le 2’,3’-didéoxyribose et de l’hypoxanthine, précurseur de l’acide urique. Toxicité chronique : cf RCP Lors des études de phase I, la didanosine était administrée après ingestion d’une suspension d’hydroxyde d’aluminium et de magnésium pour atteindre une biodisponiblité de l’ordre de 40 % (14, 20). Puis la didanosine a été administrée sous forme de sachets contenant du tampon citrate et du saccharose. Une présentation comprimé a été proposée lors de la commercialisation ; mélangés à de l’hydroxyde de Mg et Al, ils peuvent être mâchés, croqués ou dispersés dans de l’eau. La biodisponibilité est ainsi augmentée de 20 à 25 % par rapport à la forme sachet. La didanosine est actuellement disponible sous forme de comprimés dispersibles. Effet sur la reproduction Aucun effet embryotoxique, fœtotoxique et tératogène de la didanosine per os n’a été mis en évidence chez les rats femelles (100, 300 et 1000 mg/kg) et sur les lapines (75, 200 et 600 mg/kg/j). Aucune anomalie n’a été observée chez les rats mâles et femelles ni sur leurs portées après gavage avant l’accouplement avec des doses de 100 à 1000 mg/kg de didanosine. Mutagénicité Absorption - biodisponibilité La recherche d’un effet mutagène ( test de Ames, méthode de mutation inverse chez Escherichia coli WP2 UVTA et méthode de micro-noyaux in vivo avec des doses orales multiples chez la souris) a été négative. La méthode de clastogenèse, in vitro, sur des lymphocytes humains a montré une augmentation du nombre de cellules portant des aberrations chromosomiques pour une dose supérieure ou égale à 500 µg/ml pendant 48 heures. L’absorption digestive est rapide. Le Tmax est de 0,5 - 0,75 heures. Cependant, la longue demi-vie du dérivé actif triphosphaté permet l’administration en une ou deux prises. La biodisponibilité varie de 23 à 40 % ; elle est dose dépendante jusqu’à la posologie de 10 mg/kg ; pour des doses supérieures à 15 mg/kg, l’absorption digestive diminue (12, 24), d’une part en raison de la dégradation au niveau de l’estomac et d’autre part, à cause de la saturation des mécanismes d’absorption au niveau intestinal. Cytotoxicité In vitro, la didanosine est 100 fois moins toxique que la zidovudine et 10 fois moins toxique que la zalcitabine sur la moelle osseuse. Les CI50 sont de 500 µM sur la formation de colonies de précurseurs d’érythrocytes (BFU-E) et supérieures à 100 µM pour les monocytes/macrophages (CFUGM). Ces résultats trouvés ont été confirmés lors des études cliniques. L’efficacité clinique et biologique est identique que la didanosine soit administrée en une ou deux prises, malgré une différence de biodisponibilité : en effet, la plus faible biodisponibilité après une prise unique pourrait être compensée par une meilleure diffusion intracellulaire, liée au pic de concentration plus élevé obtenu (31). Après administration orale de 10 mg/kg, la concentration maximale (Cmax) est de 20µM/l (24). Les effets myélosuppresseurs de la didanosine sont minimes (33). L’effet cytopathogène de la didanosine à très fortes doses sur les lymphocytes T, ne s’accompagne pas de cytotoxicité pour les autres cellules (25). Dossier 1996, XVII, 2-3 L’alimentation diminue de 45 % l’absorption de la didanosine : l’administration à jeun strict est donc recommandée. 57 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Distribution-fixation aux protéines L’ACTG 116B/117 (21) et l’essai alpha ANRS 006/007 (5) ont permis de déterminer la meilleure posologie. La dose de 500 mg/j est aussi efficace que la dose de 750 mg /j, la mortalité étant la même. Dans une autre étude (6), l’activité de la didanosine s’est avérée dépendante de la prise préalable de zidovudine pendant 8 à 16 semaines. Les résultats ont donc amené la possibilité de traitement par alternance. Le volume de distribution est compris entre 0,8 et 1,2 l/kg (après administration intra-veineuse). Il est plus faible que celui de la zidovudine, en raison de sa plus faible lipophilie. Les concentrations foetales varient de 14 à 19 % des concentrations maternelles (28) Les concentrations trouvées dans le LCR une heure après perfusion représentent 21% des concentrations plasmatiques (14, 20). Association La fixation aux protéines est faible, inférieure à 5 %. Cf tableaux pages 158 à 163 Métabolisme L’étude de Yarchoan (35) a ensuite prouvé l’intérêt de l’association didanosine et zidovudine par rapport au traitement alternatif ou à la monothérapie par la zidovudine seule (3), ouvrant ainsi l’ère du traitement associant plusieurs antirétroviraux. Les études actuelles tentent de déterminer quelle est l’association la plus bénéfique. La didanosine est dégradée au niveau hépatique en hypoxanthine et didéoxyribose sous l’influence d’une purine nucléoside-phosphorylase (PNP) ; l’hypoxanthine est alors transformée en acide urique, ou elle entre dans le cycle métabolique des bases puriques. Des hyperuricémies ont été rapportées chez des patients traités par de fortes doses lors des premiers essais cliniques (4, 21). EFFETS INDESIRABLES Élimination Les effets indésirables les plus redoutés de la didanosine sont l’apparition d’une pancréatite et d’une neuropathie périphérique. L’élimination de la didanosine est rapide (demi-vie de une à deux heures). Elle se fait par filtration glomérulaire et sécrétion tubulaire active, sous forme inchangée dans des proportions variant de 35 à 50, 60 % suivant les auteurs (20, 32), ce qui nécessite un ajustement de posologie en cas d’insuffisance rénale. Les autres voies d’élimination correspondent à celles du catabolisme des purines. Ces effets sont maîtrisés en réduisant la posologie ou en arrêtant temporairement (ou définitivement) le traitement (27, 38). Pancréatite ÉTUDES CLINIQUES L’incidence des pancréatites a été évaluée dans les essais comparatifs 116A et 116B/117 : Monothérapie - 9 à 13 % chez les patients pré-traités par la zidovudine et recevant 750 mg/j de didanosine à un an, Cf tableaux pages 60à 62 - 7 % chez les patients recevant 500 mg/j, Lors des essais de phase I chez des patients atteints de SIDA ou ARC, la didanosine était d’abord administrée par voie veineuse pendant 2 semaines, suivie d’une administration orale en 1, 2 ou 3 prises par jour (4, 21, 36). - 3 à 4% (différence non significative) chez les patients du bras zidovudine (600 mg/j ) de ces essais. Les données recueillies chez tous les patients infectés par le VIH et ayant reçu de la didanosine lors d’études non contrôlées (7 806 patients, soit en échec, soit intolérants à la zidovudine) montrent une incidence de 6 % pour l’ensemble des patients traités (28% si les doses sont supérieures à 12,5 mg/kg et 30 % en cas d’antécédents dans le programme d’accès élargi). Dans les études de phase II, la didanosine a été utilisée lors des échecs ou des intolérances à la zidovudine. Les études préliminaires, non randomisées ont conduit à son acceptation par la FDA à la fin de l’année 1991 uniquement sur des résultats favorables concernant les marqueurs d’évolution : taux des CD4, antigénémie p24 ainsi que les effets sur le poids des patients et les éventuelles réactions d’hypersensibilité (cutanéo-muqueuses) (4, 37). Dossier 1996, XVII, 2-3 58 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Didanosine (ddI) - Switch Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A controlled trial comparing continued zidovudine (ZDV) with didanosine (ddI) on human immunodeficiency virus infections. ACTG : 116B/117 (17). Protocole Étude contrôlée, multicentrique, double aveugle, randomisée par bloc permuté, phase II - III oct. 89 - nov. 91 Inclusion - Hommes : 96 % - Femmes non gestantes : 4% Âge > 12 ans moyenne : 36 ans 913 patients - SIDA ou ARC : CD4 < 300/mm3 - Sujets asymptomatiques : CD4 < 200/mm3 Schéma posologique Avant l’étude tous les sujets sont sous ZDV, puis 3 groupes sont formés : - ddI (1) (n = 311) 750mg/j (> 60 kg) 500 mg/j (< 60 kg) + placebo versus - ddI (2) (n = 298) 500mg/j (> 60 kg) 334 mg/j (< 60 kg) + placebo versus - ZDV (n = 304) 1200 mg puis 600 mg/j : au début des 3 premiers mois, les sujets ont reçu leur dose habituelle de ZDV puis une dose standard Critères d’évaluation Principaux Secondaires : - Sujets 1er événement, événement SIDA*, asympSIDA* ou décés évolution des taux tomatiques de CD4 et Ag p24 et ARC - Sujets SIDA nouvelles manifestations SIDA ou décès Prophylaxie de la pneumocystose par aérosol de pentamidine Résultats Critère principal ddI (1) : n = 115 (40,8 %) ddI (2) : n = 94 (33,9 %) ZDV : n = 125 (48,3 %) dont : . nouveau diagnostic de SIDA ddI (1) : n = 86 ddI (2) : n = 71 ZDV : n = 104 . décès : ddI (1) : n = 29 ddI (2) : n = 23 ZDV : n = 21 Tolérance - Pancréatite : ddI (1) : n = 31 (13 %) ddI (2) : n = 17 (7 %) ZDV : n = 6 (3 %) - Neuropathie ddI (1) : n = 30 (14 %) ddI (2) : n = 33 (13 %) ZDV : n = 26 (14 %) Durée 55 semaines (en moyenne) Conclusion La survenue d'un SIDA ou d'un décès est significativement moins fréquente dans le groupe ddI (2) que dans le groupe ZDV (p = 0,015) mais le nombre de décès est comparable dans les 3 groupes. Après 16 semaines de Zidovudine, le relais par la ddI se traduit par : - un bénéfice clinique : la survenue d'un évènement SIDA est plus fréquente avec la poursuite de la ZDV qu'avec la ddI 500mg/j ; le bénéfice est particulièrement net chez les patients asymptomatiques ou ARC au moment de l'inclusion. - un bénéfice biologique : une augmentation du nombre de lymphocytes CD4 les 12 premières semaines et une diminution de l'Ag p24 dans le groupe ddI (2) est notable. La tolérance de la dose de didanosine (500 mg) la plus faible est la meilleure. * à l'exclusion de : sarcomes de Kaposi démence grade OMS > 1 Dossier 1996, XVII, 2-3 59 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Didanosine (ddI) - Monothérapie Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Efficacy of didanosine (ddI )per os versus zidovudine (ZVD) per os in patients with no or ≤ 16 weeks of prior ZVD therapy ACTG 116 A (7) Zidovudine compared with didanosine in patients with advanced HIV type I infection and little or no previous experience with zidovudine (8) Protocole Étude multicentrique randomisée par blocs permutés, double aveugle phase II / III 617 patients Schéma posologique - ddI (1) (n = 208) 750 mg/j + placebo - ddI (2) ( n = 197) 500 mg/j + placebo - ZDV ( n = 212) 1200 mg- 600 mg/j + placebo Durée octobre 89 à novembre 91 Inclusion VIH+ (CDC 1987) - asymptomatiques ( n = 52) CD4 < 200/mm3 - ARC (n = 411) CD4 < 300/mm3 - SIDA (n = 154) CD4 < 300/mm3 Critères d’évaluation - Identiques à ACTG 116 B/117 (voir page précédente) - Durée moyenne de suivi : plus longue (85 semaines) Résultats (Évolution clinique) Âge moyen : 36 ans Traitement préalable par ZDV : - aucun (n = 380) - 0 - 8 semaines (n = 119) - 8 - 16 semaines (n = 118) - Durée moyenne de traitement préalable par ZDV : 8 semaines - Lymphocytes CD4 à inclusion : 1 - 514/mm3 moyenne : 130/mm3 - Prophylaxie de pneumocystose par aérosol de pentamidine 1. taux annuel de progression : - Patients n'ayant jamais reçu de ZDV avant l'étude : . nouvel événement SIDA ou décès à 1 an : ddI (1) : 31 % ddI (2) : 29 % ZDV : 18 % . risque relatif : ddI (1) / ZDV : 1,43 ddI (2) / ZDV : 1,21 . Intervalle de confiance à 95 % : ddI (1) / ZDV : 1,02-2 ddI (2) / ZDV : 0,86 - 1,71 Le taux de progression annuel est plus élevé chez les sujets traités en 1ère intention par la ddI que chez ceux traités en 1ère intention par la ZDV - Patients ayant reçu de la ZDV moins de 8 semaines : . nouvel événement SIDA ou décès à 1 an : ddI (1) : 18 % ddI (2) : 31 % ZDV : 24 % (pas de différence significative) - Patients ayant reçu de la ZDV 8 à 16 semaines avant l'entrée dans l'étude : . nouvel événement SIDA ou décès à 1 an : ddI (1) : 17 % ddI (2) : 11 % ZDV : 33 % . risque relatif : ddI (1) / ZDV : 0,61 ddI (2) / ZDV : 0,48 . intervalle de confiance à 95 % : ddI (1) / ZDV : 0,36-1,03 ddI (2) / ZDV : 0,26 - 0,86 Après un traitement préalable par la ZDV d'une durée de 8 à 16 semaines, le taux de progression de la maladie est significativement plus faible chez les sujets recevant 500 mg/j de ddI que chez ceux pour suivant la ZDV. 2. décès : ddI (1) : 2 % ddI (2) : 3 % ZDV : 11 % La survie est plus longue dans les 2 groupes recevant la ddI que dans celui recevant la ZDV. Conclusion Le choix du moment du relais par la ddI peut s'appuyer sur un bénéfice clinique (absence de survenue de SIDA ou décès) chez des patients traités au préalable par la ZDV pendant 8 à 16 semaines. Mais, ce bénéfice n'est pas retrouvé chez les patients n'ayant jamais été traités par la ZDV ou traités moins de 8 semaines avant l'étude. Chez les patients ARC ou SIDA ou asymptomatique, la zidovudine apparaît plus efficace en première intention que la didanosine. Dossier 1996, XVII, 2-3 60 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Didanosine (ddI) -Substitution Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats An efficacy study of 2’,3 ’, dideoxyinosine (ddI) (BMY-40900) administered orally twice daily to zidovudine (ZDV) intolerant patients with HIV infection (ACTG 118) (2) Protocole Étude multicentrique, randomisée, stratification sur le diagnostic SIDA versus non SIDA 650 patients Schéma posologique 3 doses de ddI : - ddI (1) (n = 215) 200 mg/j (> 60 kg) 134 mg/j (< 60 kg) - ddI (2) (n = 216) : 500 mg/j (> 60 kg) 334 mg/j (< 60 kg) - ddI (3) (n = 219) 750 mg/j (> 60 kg) 500 mg/j (< 60 kg) Inclusion VIH+ - asymptomatiques (6 %) CD4 < 200/mm3 - ARC (44 %) CD4 < 300/mm3 - SIDA (50 %) CD4 < 300/mm3 Critères d’évaluation - Durée médiane de suivi : 61 semaines Patients - Asymptomatiques - ARC - SIDA Intolérants à la ZDV (durée moyenne de traitement = 258 j) ddI (1) 6% ddI (2) 5% ddI (3) 8% 41 % 53 % 45 % 50 % 45 % 47 % - Décès : 326/650 Evolution vers SIDA(ou nouvel événement) : 270/650 (même fréquence dans les 3 groupes) - Médiane des CD4 : 33/mm3 ddI (1) = 30 ddI (2) = 34 ddI (3) = 35 Augmentation significative chez les patients CD4 >50/mm3 à l’inclusion et savec 500mg/j et 750mg/j de ddI - Ag p24 = 42,7 % . ddI (1) = 44,4 % . ddI (2) = 39,3 % . ddI (3) = 44, 4% Tolérance La probabilité d'apparition d'une neuropathie ou d'une pancréatite est plus importante avec une posologie de 750 mg qu'avec les posologies moindres. Dossier 1996, XVII, 2-3 61 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Didanosine (ddI) -Substitution (suite) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Didanosine (ddI) for zidovudine (ZDV) intolerant patients withVIH disease ANRS 006/007 (5) Protocole Étude multicentrique en double aveugle internationale (France, Australie, Suisse, Suède, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Irlande) 1775 patients Schéma posologique - ddI (1) faible dose (n = 868): 200 mg/j (> 60 kg) 134 mg/j ( 40 à 59 kg) 90 mg/j (< 40 kg) - ddI (2) forte dose : (n = 907) 750 mg/j (> 60 kg) 500 mg/j ( 40 à 59 kg) 334 mg/j (< 40 kg) Durée mai 90 à novembre 91 Inclusion VIH+ symptomatiques, intolérants à la ZDV Résultats - Perdus de vue - Sortie d'essai / raisons personnelles ddI (1) ddI (2) en % 23 20 Évolution clinique : - SIDA 60 59 - CD4 < 50/mm3 65 65 - 50 < CD4 < 99/mm3 15 16 - CD4 >100/mm3 : 18 19 - ZDV préalable >12 mois 56 54 - ZDV préalable de 6 à 11 mois 22 24 - ZDV préalable < 66 mois 22 22 - médiane des CD4/mm3 à l'inclusion 23 26 - décès (%) - taux de progression ou décès - progression vers l’encéphalopathie - médiane de suivi (mois) ddI (1) ddI (2) 66 67 58 60 12 11 12,9 12,4 Évolution du nombre de CD4+ : modification médiane des CD4 à 6 mois : ddI (1) ddI (2) - 1,7 + 2,5 Tolérance ddI (1) ddI (2) 1 7 - pancréatite sévère (nombre de décès) - pancréatite certaine 5 41 - simple augmentation de l’amylase et/ou de la lipase 197 100 sanguine - neuropathie périphérique 63 88 - sécheresse buccale 4 44 - anomalie bilan hépatique 50 82 - diarrhée 143 134 32 40 - convulsions - arrêt de traitement pour effets indésirables (%) 25 37 Conclusion La comparaison des groupes posologie faible et posologie forte objective : - une incidence de progression clinique ou de décès similaire dans les 2 groupes, - une toxicité plus importante pour la forte posologie, en particulier pancréatite. Dossier 1996, XVII, 2-3 ddI (1) ddI (2) 5 5 62 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RENSEIGNEMENTS THERAPEUTIQUES Le stade de l’infection est également un facteur prédictif : l’incidence est plus élevée quand le taux de CD4 est inférieur à 100/mm3. Le risque est plus élevé pour des doses de didanosine supérieures à 10 mg/kg/j (12). Indications AMM La didanosine est indiquée chez l’adulte et l’enfant de plus de 6 mois, infecté par le VIH, symptomatique, et présentant : Neuropathies périphériques - soit une intolérance à la zidovudine, Les neuropathies périphériques induites par la prise de didanosine se manifestent par des paresthésies ou des douleurs. Elles sont doses dépendantes. Elles débutent 2 à 6 mois après l’instauration du traitement,et régressent en 1 à 3 mois à l’arrêt du traitement (16). Selon les essais 116A et 116B/117, l’incidence à un an est de 13 % pour les patients recevant 500 mg/j de didanosine, taux qui n’est significativement pas différent de celui observé chez les patients traités par la zidovudine. - soit une détérioration clinique ou immunologique significative sous zidovudine. Posologie 1. Adulte La posologie est à adapter en fonction du poids du patient : - < 60 kg : 125 mg, 2 fois par jour (un comprimé à 100 mg et un comprimé à 25 mg matin et soir), - ≥ 60 kg : 200 mg, 2 fois par jour (2 comprimés à 100 mg matin et soir). Pour tous les patients d’études non contrôlées, l’incidence est de 16 % (37 % pour des doses supérieures à 12,5 mg/kg). L’arrêt du traitement a été définitif chez 11% des patients. 2. Enfant Diarrhées La posologie est à adapter en fonction de la surface corporelle et sur la base moyenne de 200 mg/m2/j : - ≤ 0,4 m2 : 25 mg, 2 fois par jour Les diarrhées sont les effets indésirables les plus fréquemment rapportés sous didanosine : 17,7 % dont 1,9 % classées comme sévères. Elles sont plus fréquentes avec la forme sachet (en raison de la présence d’une solution tampon) qu’avec la forme comprimé (18). - entre 0,5 et 0,7 m2 : 50 mg, 2 fois par jour - entre 0,8 et 1,0 m2 : 75 mg, 2 fois par jour - entre 1,1 et 1,4 m2 : 100 mg, 2 fois par jour Chez l’enfant de moins de 6 mois : l’expérience clinique est insuffisante pour déterminer une adaptation de posologie. Hyperuricémie 3. Ajustement posologique La prise de didanosine peut entraîner une hyperuricémie asymptomatique. Une interruption de traitement pourrait permettre d’obtenir une réduction du taux sanguin d’urée. Un ajustement posologique doit être envisagé en fonction de certaines données cliniques et biologiques : - augmentation significative de l’amylasémie et de la lipasémie, - présence de symptômes ou d’antécédents de neuropathie, Autres effets indésirables (2 % ou plus des patients) - patients avec une insuffisance rénale légère ou modérée, - patients présentant une insuffisance hépatique. - Nausées, vomissements : 8% - Frissons-fièvre : 5 % - Céphalées : 5 % - Douleur : 4 % - Rash-Prurit : 4 % - Asthénie : 3% - Convulsions : 3 % - Pneumonies : 2 % - Infections : 2 % - Confusion : 2 % - Insomnies : 2 % Dossier 1996, XVII, 2-3 Mode d’administration 1. Comprimés Deux comprimés doivent être ingérés (croqués ou non) à chaque prise (à intervalle moyen de 12 heures) afin de fournir la quantité d’anti-acide nécessaire à la neutralisation de l’acidité gastrique, et au moins 30 minutes avant un repas, ou plus de deux heures après. 63 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Les comprimés sont à disperser dans au moins 30 ml d’eau. Ils ne doivent pas être mélangés à des jus de fruits acides ou de l’eau gazeuse afin d’éviter la dégradation de la didanosine. Une augmentation des triglycérides (cause connue de pancréatite) impose un renforcement de la surveillance. De même, une surveillance accrue est nécessaire lors d’association avec d’autres médicaments toxiques pour le pancréas (pentamidine). 2. Poudre pour solution buvable 2.1. Reconstitution - Risque de neuropathie périphérique. Il convient de surveiller les premiers signes cliniques et interrompre le traitement jusqu’à disparition des symptômes et le reprendre si nécessaire avec des doses réduites. La poudre non tamponnée est à reconstituer et à tamponner avant utilisation : - 1. reconstituer avec de l’eau à une concentration initiale de 20 mg/ml en ajoutant respectivement 100 ou 200 ml d’eau directement dans le flacon d’origine de 2g ou 4g de poudre de didanosine. - Risque d’hyperuricémie - Risque d’insuffisance hépatique (0,2 % des patients) ; il convient de surveiller les enzymes hépatiques. - 2. mélanger immédiatement cette solution avec un antiacide afin d’obtenir une concentration finale de 10 mg/ml ou 5 mg/ml. Précautions d’emploi 2.2. Concentration finale de 10 mg/ml 1. Insuffisance rénale Mélanger immédiatement un volume de la solution 20 mg/ml avec un même volume de suspension orale d’hydroxyde d’aluminium et de magnésium (capacité de neutralisation d’acide d’environ 25 mEq pour 5 ml), afin d’obtenir une concentration finale de la préparation de 10 mg de didanosine par ml. En cas d’insuffisance rénale, il faut envisager une réduction de la posologie de la didanosine, et tenir compte de la quantité de magnésium contenue dans chaque comprimé (8,7 mEq). Chez les patients dialysés, il est recommandé d’administrer la didanosine à la fin de la séance de dialyse. 2.3. Concentration finale de 5 mg/ml Mélanger immédiatement un volume de la solution 20 mg/ml à 3 volumes de la suspension orale d’hydroxyde d’aluminium et de magnésium (capacité de neutralisation d’acide d’environ 25 mEq pour 5 ml), afin d’obtenir une concentration finale de la préparation de 5 mg de didanosine par ml. 2. Phénylcétonurie Les comprimés de didanosine contiennent 36,5 mg de phénylalanine provenant de l’aspartam présent dans leur formulation. Remarques : 1. Pour une administration à domicile, le mélange constitué, produit/anti-acide, devra être distribué dans des flacons en verre de la taille appropriée, avec des fermetures de sécurité pour enfants. Le mélange solution de didanosine/antiacide est stable jusqu’à 30 jours au réfrigérateur (2°C-8°C). Grossesse En l’absence d’études, la prescription de la didanosine chez la femme enceinte doit être envisagée en dernier recours en fonction du bénéfice attendu car la didanosine passe la barrière placentaire. Aucun effet toxique n’a été mis en évidence au cours des études sur la reproduction chez le rat et le lapin. 2. Indiquer au patient de bien agiter ce mélange didanosine/anti-acide avant chaque usage. Allaitement Contre-indications Il n’existe pas de données sur le passage de la didanosine dans le lait maternel. La didanosine est légèrement toxique chez le chien pour des doses de 1000 mg/j : réduction de l’alimentation et de la prise de poids. Aussi l’allaitement n’est pas recommandé chez la femme sous didanosine. De toute façon, l’infection à VIH est une contre-indication à l’allaitement. Hypersensibilité à l’un des constituants Mise en garde - Risque de pancréatite. La prudence est recommandée en cas d’antécédent et le traitement doit être interrompu au moindre doute afin d’écarter le diagnostic de pancréatite. Dossier 1996, XVII, 2-3 64 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Interactions médicamenteuses (1, 39) 1. Avec d’autres antirétroviraux 1 - Acosta EW, Fletcher CV. Antiviral drug interactions. Eur J Antimicrob Agents 1995 ; 5 : 73-83. - Zidovudine : les études cliniques associant la didanosine (jusqu’à 500 mg/j) et la zidovudine (jusqu’à 600 mg/j) n’ont pas révélé de toxicité inattendue. - Zalcitabine (classification officielle : précaution d’emploi) : les risques de survenue de pancréatites et de neuropathies périphériques sont majorés par addition d’effets indésirables des deux médicaments. Cette association nécessite une surveillance clinique et biologique (amylasémie) accrue. Elle ne doit pas être faite si l’amylasémie est à la limite supérieure de la normale. Remarque : ces associations ne sont virologiquement pas justifiées. 2 - Allan JD, De Gruttola V, Cross A et al. An efficacy study of 2’,3’ dideoxyinosine (ddi) (BMY-40900) administered orally twice daily to zidovudine intolerant patients with VIH infection (ACTG 118), WS-B24-2. IXth International Conference on AIDS. Berlin, Germany, June 6-11, 1993. 3 - Collier AC, Coombs RW, Fischl MA et al. Combination therapy with zidovudine and didanosine compared with zidovudine alone in VIH-1 infection. Ann Intern Med 1993 ; 119 : 786-93. 4 - Cooley TP, Kunches LM, Saunders CA et al. Once-daily administration of 2’,3’-dideoxyinosine (ddI) in patients with the acquired immunodeficiency syndrome or AIDSrelated complex : results of a phase I trial. N Engl J Med 1990 ; 322 : 1340-5. 2. Autres médicaments 5 - Darbyshire JH, Aboulker JP. Didanosine for zidovudineintolerant patients with VIH disease. Lancet 1992 ; 340 : 1346-7. - Ganciclovir par voie orale (classification officielle : association déconseillée). Cette association se traduit par un : . risque d’augmentation des effets indésirables de la didanosine par augmentation importante de ses concentrations plasmatiques (+ 80 %) ; . risque de diminution de l’efficacité du ganciclovir par diminution de son taux circulant, si les deux médicaments sont ingérés à 2 heures d’intervalle. 6 - Dolin R, Amato DA, Fischl MA et al. Zidovudine compared with didanosine in patients with advanced VIH type I infection and little or no previous experience with zidovudine. Arch Intern Med 1995 ; 155 : 961-74. 7 - Dolin R, Lambert JS, Morse GD et al. 2,3-dideoxyinosine in patients with AIDS or AIDS-related complex. Rev Infect Dis 1990 ; 12 : S540-S551. - Quinolones (classification officielle : précaution d’emploi). Cette association se traduit par une diminution des concentrations de ciprofloxacine (diminution de l’absorption digestive par complexation avec les cations Al et Mg). Il est conseillé d’administrer la ciprofloxacine et plus généralement les quinolones, 2 heures avant ou 6 heures après la didanosine (29). 8 - Dornsife RE, St Clair MH, Huang AT et al. Anti-human immunodeficiency virus synergism by zidovudine (3’azidothymidine) and didanosine (dideoxyinosine) contrasts with their additive inhibition of normal human marrow progenitor cells. Antimicrob Agents Chemother 1991 ; 35 : 322-8. - Tétracyclines, pyriméthamine (classification officielle : précaution d’emploi) : diminution de leur absorption digestive due à leur complexation avec les cations Al et Mg et à l’augmentation du pH gastrique. 9 - Drusano GL, Yuen GJ, Lambert JS et al. Relationship between dideoxyinosine exposure, CD4 counts, and p24 antigen levels in human immunodeficiency virus infection : a phase I trial. Ann Intern Med 1992 ; 116 : 562-6. - Itraconazole, kétoconazole : diminution de la solubilité (itraconazole) (22) et de l’absorption des antifongiques due à la présence de l’anti-acide dans le comprimé de didanosine (24) ; il est prudent de décaler leur moment des prises et de les administrer 2 heures avant la didanosine. 10 - Drusano GL, Yuen GJ, Morse G et al. Impact of bioavaibility on determination of the maximal tolerated dose of 2’,3’-dideoxyinosine in phase I trials. Antimicrob Agents chemother 1992 ; 36 : 1280-3. 11 - Faulds D, Brogden RN. Didanosine. A review of its antiviral activity, pharmacokinetic properties and therapeutic potential in human immunodeficiency virus infection. Drugs 1992 ; 44 (1) : 94-116. - Dapsone : diminution de l’absorption digestive de la dapsone et augmentation de son métabolisme hépatique (24) ; une administration de la dapsone au moins 2 heures avant la didanosine est recommandée. 12 - Goetschel A, Girard PM. Les atteintes pancréatiques au cours de l’infection à VIH. Lett Infect 1993 ; HS : 33-6. - Ranitidine : pas d’effet significatif sur l’absorption ou l’élimination de l’anti-H2 (15, 19). 13 - Hammer S, Katzenstein D, Hughes M et al. Nucleoside monotherapy versus combination therapy in VIH-infected adults: a randomized, double blind, placebo-controlled trial in persons with CD4 cells count 200-500/mm3. ICAAC San Fransisco, Sept-1995. Session 33 ; Abstract LB-1. La prise concomitante d’aliments entraîne une réduction d’environ 50 % de la quantité de didanosine absorbée per os. Dossier 1996, XVII, 2-3 65 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 14 - Hartman NR, Yarchoan R, Pluda JM et al. Pharmacokinetics of 2’,3’dideoxyadenosine and 2’,3’ dideoxyinosine in patients with severe human immunodeficiency virus infection. Clin Pharmacol Ther 1990 ; 47 : 647-54. 23 - Mc Gowan JJ, Tomaszewski JE, Cradock J et al. Overview of the preclinical development of an antiretroviral drug, 2’,3’-dideoxyinosine. Rev Infect Dis 1990 ; 12 (S5) : S513-S521. 15 - Hartman NR, Yarchoan R, Pluda JM et al. Pharmacokinetics of 2’,3’ dideoxyadenosine in patients with severe human immunodeficiency infection. II. The effects of different oral formulations and the presence of other medications. Clin Pharmacol Ther 1991 ; 50 : 278-85. 24 - Metroka CE, Mc Mechan MF, Andrada R et al. Failure of prophylaxis wity dapsone in patients taking dideoxyinosine (letter). N Engl J Med 1991 ; 325 : 737. 25 - Mitsuya H, Broder S. Inhibition of the in vitro infectivity and cytopathic effect of human T-lymphocytic virus III/lymphadenopathy-associated virus (HTLV-III/LAV) by 2’,3’-dideoxynucleosides. Proc Natl Acad Sci USA 1986 ; 83 : 1911-5. 16 - Joly V, Yeni P. Traitement de l’infection VIH par les analogues nucléosidiques : actualité. Presse Méd 1995 ; 24 (2) : 103-10. 17 - Kahn JO, Lagakos SW, Richman DD et al. A controlled trial comparing continued zidovudine with didanosine in human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1992 ; 327 : 581-7. 26 - Morse GD, Shelton MJ, O’Donnell AM. Comparative pharmacokinetics of antiviral nucleoside analogues. Clin Phamacokinet 1993 ; 24 (2), 101-23. 27 - Nguyen BY, Yarchoan R, Wyvill KM et al. Five-years follow-up of a phase I study of didanosine in patients with advanced human immunodeficiency virus infection. J Infect Dis 1995 ; 171 : 1180-9. 18 - Kahn JO. New developments in the clinical use of didanosine. J AIDS 1993 ; 6 (S1) : S47-S50. 19 - Knupp CA, Graziano FM, Dixon RM et al. Pharmacokinetic interaction study of didanosine and ranitidine in patients seropositive for human immunodeficiency virus. Antimicrob Agents Chemother 1992 ; 36 : 2075-9. 28 - Pons JC, Boubon MC, Taburet AM et al. Fetoplacental passage of 2’,3’-dideoxyinosine. Lancet 1991 ; I : 732. 29 - Sahai J, Gallicano K, Olivera L et al. Cations in the didanosine tablet reduce ciprofloxacine bioavailability. Clin Pharmacol Ther 1993 ; 53 : 292-7.gs 1993 ; 45 (4) : 488508. 20 - Knupp CA, Shyu WC, Dolin R et al. Pharmacokinetics of didanosine in patients with acquired immunodeficiency syndrome or acquired immunodeficiency syndrome -related complex. Clin Pharmacol Ther 1991 ; 49 : 523-35. 30 - Singlas E, Postaire M. Pharmacocinétique clinique des analogues de nucléosides à activité antirétrovirale. Lett Infect 1994 ; 9 : 640-50. 21 - Lambert JS, Seidlin M, Reichman RC et al. 2’,3’ dideoxyinosine (ddI) in patients with acquired immunodeficiency syndrome or AIDS-related complex: a phase I trial. N Engl J Med 1990 ; 322 : 1333-40. 31 - Singlas E, Taburet AM. Pharmacocinétique clinique de la ddI. Lett Infect 1993 ; HS : 11-6. 22 - May DB, Drew RH, Yedinak KC et al. Effect of simultaneous didanosine administration on itraconazole absorption in healthy volunteers. Pharmacotherapy 1994 ; 14 : 509-13. 32 - Singlas E, Taburet AM, Borsa Lebas F. et al. Didanosine pharmacokinetics in patients with normal and impaired renal fonction : influence of hemodialysis. Antimicrob Agents Chemother 1992 ; 36 : 1519-24. 33 - Sommadossi JP. Que sait-on sur la pharmacodynamie cellulaire et moléculaire des nucléosides ? Path Biol 1992 ; 40 (7 bis) : 781-7. Dossier 1996, XVII, 2-3 66 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Gène expression modulator 91 DCI Gem 91 Sigle NR Nom déposé NR Code d’expérimentation NR Laboratoire Hybridon Classification pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Nucléotide anti-sens ATC NR CIM 10 NR Renseignements administratifs Médicament en développement NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé Le GEM 91 est un antirétroviral nucléotide anti-sens : c’est le nucléotide complémentaire du gène «gag» de l’ARNm du VIH-1 au niveau du codon du site d’initiation de sa traduction, empêchant la synthèse de protéines virales essentielles pour la constitution de l’enveloppe du virus. C’est un médicament en développement. Il inhibe la réplication virale sur des souches induisant ou non des syncytia et sur des souches modérément ou sévèrement résistantes à la zidovudine ou à la didanosine. Dossier 1996, XVII, 2-3 67 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Classe chimique NR Dénomination chimique NR Dénomination scientifique 25-mer oligodéoxyribonucléotide phosphorothioate Formule brute NR Formule développée In vitro, étudiée sur plusieurs cultures cellulaires virales, le GEM 91 présente des valeurs de CI50 entre 0,1 et 1,6 µM. In vivo, sur une souche primaire VIH-1 isolée d’1 patient infecté, une concentration de 0,25 µM de GEM 91 est efficace pour inhiber la réplication virale ; cette activité à faible dose s’exerce tout autant sur des souches induisant ou non des syncytia que sur des souches modérément ou sévèrement résistantes à la zidovudine ou à la didanosine. PHARMACOCINÉTIQUE (5) GEM91 NH 2 N N N O NH 2 O P O 296 ng/ml Clairance : 30 ml/kg (h) Élimination majoritairement urinaire (49 % dose éliminée en 24 h) N O S Cmax : N O (après perfusion IV pdt 2 h d’une dose de 0,1 mg/kg de GEM 91 marqué au S 35) N O O O S N O NH P O N O N NH 2 5'CTCTCGCACCCATCTCTCTCCTTC T O S O P O ÉTUDES CLINIQUES CH 3 HN O N O O S N O Cf tableau page 69 NH P O N O N NH 2 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES O Masse moléculaire relative 1 - Agrawal S. Gene Expression Modulator 91. Drugs Fut 1995 ; 20 : 344-51. NR 2 - ARCAT-SIDA. Tolérance et pharmacocinétique du GEM 91 en doses progressives IV ou SC chez des patients adultes volontaires, VIH positif asymptomatiques. 1995 (3ème édition) Paris ; p 43. NR : non renseigné ACTION ANTIVIRALE (1) 3 - ARCAT-SIDA Tolérance du GEM 91 en escalade de doses. 1995 (3ème édition p 27 - mise à jour août), 1996 (4ème édition, page 28) Paris. Le GEM 91 est le nucléotide complémentaire du gène «gag» de l’ARNm du VIH-1 au niveau du codon du site d’initiation de sa traduction. 4 - Sereni D, Katlama C, Gouyette A et al. An open-label safety and pharmacokinetic study of single intravenous or subcutaneous ascending doses of GEM 91 in untreated, adult, HIV positive, asymptomatic human volunteer patients. 34 th ICAAC Orlando, octobre 1994 - M10. Les cibles du GEM 91, lors du cycle de réplication du virus, sont des ARN-simple brin comme l’ARN génomique viral et l’ARN messager. L’action antivirale va résulter d’une activation de la RNase H au site d’hybridation ARN-ADN, d’une inhibition au site d’initiation de la translation ADNgag ARNm ou d’un clivage du complexe ARN-oligonucléotide empêchant la synthèse de protéines virales essentielles pour la constitution de l’enveloppe du virus. Dossier 1996, XVII, 2-3 5 - Zhang R, Yan J, Shahinia NH et al. Pharmacokinetics of an anti-human immunodeficiency virus antisense oligodeoxynucleotide phosphorothioate (GEM 91) in HIV-infected subjects. Clin Pharmacol Ther 1995 ; 58 : 44-53. 68 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : GEM 91 Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats An open-label safety and pharmacokinetic study of single IV or subcutaneous ascending doses of GEM 91 in intreated, Adulte, HIV positive, asymptomatic human volunteer patients (ANRS 030) - ARCAT-SIDA 1995 (2) Protocole Étude bicentrique . en ouvert pour la détermination de doses . randomisée, croisée pour la détermination de la voie d’administration Phase IA, 23 patients Inclusion - VIH + asymptomatiques 200<CD4<500/mm3 - Pas traitement antirétroviral durant les 3 semaines précédentes - Bilan biologique normal Schéma posologique escalade de dose (uniques) : 0,1 - 0.3 - 0.5 - 1mg/kg administrées à 14 j d’intervalle en IV lente (2 h)ou en SC Exclusion - Infection opportuniste aiguë - Hépatite A, B ou C - Femmes enceintes ou allaitantes ou sans contraception efficace Résultats Aucune toxicité majeure décelée Effet indésirable le plus fréquent (33 %) : nodules douloureux localisés au site d'injection SC Nouvel essai décidé afin de déterminer la dose maximale tolérée (Maximal Tolerated Dose : MTD) Suivi : 14 jours Tolérance du GEM 91 en escalade de doses (ANRS 043) - ARCAT-SIDA 1996 - en cours (3) Protocole Étude en ouvert , Phase IB/II, 30 patients 30 patients Schéma posologique * Groupes 1, 2 et 3 - Groupe 1 (n = 9) : 0,5 mg/kg/j en perfusion de 2 heures, 1 jour sur 2 - Groupe 2 (n = 9) : 1 mg/kg/j en perfusion 1 jour sur 2 - Groupe 3 (n = 12) : 2 mg/kg/j en perfusion 1 jour sur 2 - Durée de traitement : 27 j soit 14 doses * En cours essai, introduction) - Groupe 4 (n = 9) : 2 mg/kg/j en 3 perfusions/j tous les jours pdt 15 j - Groupe 5 (n = 6) : 3 mg/kg/j en 3 perfusions/j tous les jours pdt 15 j - Durée de traitement : 15 j soit 43 doses Inclusion - VIH+ - a ou paucisymptomatiques - CD4 : 100 - 500/mm3 - ARN-VIH ≥ 25 000 copies/ml par b-DNA* - constantes biologiques normales - âge > 18 ans Exclusion - hypersensibilité aux oligodésoxyribo-nucléotides phosphorothioates - infection aiguë - prophylaxie antimycobactérienne - triazolés en systémique - ADC** > stade 1 - hépatite B ou C active - traitement antirétroviral lors des 4 semaines précédentes - autre essai thérapeutique lors des 3 mois précédents - anomalies du TCA - femmes enceintes/allaitantes * ADN branché ** Aids Dementia Complex Durée : 7 semaines Dossier 1996, XVII, 2-3 69 Critères d’évaluation Critère principal : tolérance Autres critères : - activité antirétrovirale (b-DNA et ARN plasmatique) - taux lymphocytes CD4 et CD8 - pharmacocinétique Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Indinavir DCI Indinavir Sigle NR Nom déposé CRIXIVAN® Code d’expérimentation MK 639 (ex L-735,524) Laboratoire Merck Sharp Dohme Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur peptidomimétique de protéase du VIH (analogue de transition) ATC NR CIM 10 NR Renseignements administratifs ATU, avril 1996 NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé L’indinavir est un antirétroviral inhibiteur peptidomimétique de protéase du VIH (analogue de transition) possèdant une ATU. Il est présenté sous forme de gélules à 200 mg et 400 mg. L’indinavir exerce une inhibition puissante et compétitive sur les protéases des virus VIH-1 et VIH2 . Les protéases humaines et animales du même groupe aspartique ne sont pas inhibées de façon significative. L’association d’indinavir à d’autres molécules antirétrovirales, zidovudine, didanosine, est synergique. Une situation de résistance croisée importante entre indinavir et ritonavir a été observée. Les effets indésirables observés au cours des études cliniques ont été essentiellement des cas de lithiase des voies urinaires et des hyperbilirubinémies. L’indication ATU est le traitement de l’infection par le VIH, de préférence en association à tout autre antirétroviral disponible (faisant l’objet d’une AMM ou d’une ATU), chez des patients adultes, ayant moins de 200 lymphocytes CD4/mm3, ou au stade C de la classification CDC 93. L’indinavir est réservé à l’adulte en monothérapie ou en association avec d’autres antirétroviraux. La posologie recommandée est de 2 400 mg/j en 3 prises. Dossier 1996, XVII, 2-3 70 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES (9) Les protéases humaines et animales du même groupe aspartique (pepsine porcine, chymosine bovine, rénine humaine, sérine, facteur Xa et élastase) ne sont pas inhibées de façon significative à des concentrations 3 000 fois supérieures. Gélules à 200 mg (ATU 589 093.2) et 400 mg (ATU 589 094.9) d’indinavir (soit 250 mg et 500 mg de sulfate d’indinavir) Son activité porte sur des virus VIH d’isolats primaires, de cultures cellulaires (CI95 < 100 nM) et également des souches résistantes, soit à la zidovudine, soit à un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse. L’association d’indinavir à d’autres molécules antirétrovirales, zidovudine, didanosine ou L-697,661 est synergique. Substances auxiliaires : lactose anhydre, stéarate de magnésium Enveloppe de gélule : gélatine, dioxyde de titane, dioxyde de silicium, laurylsulfate de sodium Conservation : à une température < 30° C, à l’abri de l’humidité Des résistances phénotypiques ont été mises en évidence au cours des premières études cliniques du médicament, qui étaient effectuées à des posologies suboptimales par rapport aux posologies retenues pour les études de phase III. Elles portent sur des substitutions d’acides aminés au niveau de la protéase - de la valine de la position 82 en alanine, phénylalanine ou thréonine - mais aussi sur d’autres substitutions multiples et complexes. Une situation de résistance croisée importante entre indinavir et ritonavir a été observée (90 %) alors qu’elle est plus faible mais variable selon les isolats entre indinavir et saquinavir (10 à 15 %). PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Classe chimique NR Dénomination chimique hydroxyaminopentane amide Dénomination scientifique [1(1S,2R), 5(S)]-2,3,5-tri désoxy-N-(2,3-dihydro-2hydroxy-1H-indène-1-yl)5-[2-[[1,1-diméthyléthyl) amino]carbonyl]-4-(3pyridinylméthyl)-1-pipéra zinyl] -2-(phénylméthyl)o-érythro-pentonamide Formule brute TOXICOLOGIE (9) DL 50 par voie orale chez le rat et la souris > 5 000 mg/kg DL 50 par voie intrapéritonéale > 5 000 mg/kg chez le rat et ≥ 5 000 mg/kg chez la souris. Toxicité chronique C36H42 N5O4 Chez le rat, il a été observé : - une cristallurie à posologies > 50 mg/kg/j, sans lésion rénale associée, - une augmentation du poids de la thyroïde et une hyperplasie des cellules folliculaires thyroïdiennes à doses ≥ 160 mg/kg/j, - une augmentation du poids du foie, à doses ≥ 40 mg/kg/j, accompagnée d’une hypertrophie des cellules hépatiques à doses ≥ 320 mg/kg/j. Formule développée OH N H N OH N N H H3C Masse moléculaire relative O N O CH3 CH3 711,88 Chez le chien, il a été observé : - aucune cristallurie à doses 10 - 40 mg/kg/j, - un cas de cristallurie chez 1 chien à la dose de 80 mg/kg/j, sans lésion rénale associée. NR : non renseigné ACTION ANTIVIRALE (2, 3, 4, 9, 11) Chez le singe, il a été observé : - aucune cristallurie à doses 10-40 mg/kg 2 fois par jour, - un cas de cristallurie chez 1 singe à la dose de 80 mg/kg 2 fois par jour. L’indinavir exerce une inhibition puissante et compétitive sur les protéases des virus VIH-1 et VIH-2 (Ki : 0,34 et 3,3 nM respectivement). Dossier 1996, XVII, 2-3 71 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA EFFETS INDÉSIRABLES (11) Mutagénicité Il n’a pas été mis en évidence de mutagénicité ou génotoxicité lors de tests réalisés in vitro (Ames, micronoyaux, aberrations chromosomiques) ou in vivo (aberrations chromosomiques). La décision de poursuivre le traitement sera réévaluée, au plan de la tolérance, au 3ème mois par le Comité des Antirétroviraux. Lithiase des voies urinaires Carcinogénèse Il a été observé des cas de lithiase des voies urinaires (4 %) avec douleurs lombaires et avec ou sans hématurie, réversible après hydratation et interruption temporaire du traitement. Des études à long terme, sur le rat et la souris, sont en cours. Tératogénèse - Aucun effet tératogène n’a été observé chez le rat et le lapin. - Des modifications squelettiques ont été observées chez le rat : augmentation de la fréquence des côtes surnuméraires à des doses ≤ aux doses utilisées chez l’homme, augmentation de la fréquence des côtes cervicales à des doses ≥ aux doses utilisées chez l’homme. Hyperbilirubinémie Il a été rapporté des cas d’hyperbilirubinémie (bilirubine totale > 25 mg/l) asymptomatique (10 %), rarement associée à une augmentation des ALAT, ASAT ou phosphatases alcalines. Une éventuelle aggravation de l’hyperbilirubinémie physiologique du nouveau-né en cas d’administration à la mère en période périnatale n’a pas été observée. PHARMACOCINÉTIQUE (9, 10, 11) Absorption orale - à jeun : Tmax : 0,8 ± 0,3 h - administration + repas riche en matières grasses, protéines et calories : diminution de 84 % de la Cmax et diminution de 77 % de l’Aire sous la courbe (AUC) - administration + repas léger (collation) : peu de modifications de la Cmax, l’AUC et la Cmin Autres effets observés au cours des essais cliniques Asthénie, douleurs abdominales, régurgitation acide, diarrhée, sécheresse de la bouche, dyspepsie, flatulence, nausées, vomissements, adénopathies, étourdissements, céphalées, hyperesthésie, insomnie, sécheresse de la peau, prurit, rash et altération du goût. Biodisponibilité : 60 % Effets biologiques les plus fréquents Taux plasmatique moyen après 10 jours de traitement à la posologie de 4 prises de 400 mg par jour : 200 nM Modifications des ALAT, ASAT et une protéinurie. Liaison aux protéines plasmatiques : 60 % RENSEIGNEMENTS THÉRAPEUTIQUES Métabolisme hépatique (cytochrome P450 3A4 principale enzyme) avec un effet de premier passage Demi-vie : 1,8 ± 0,4 h Indication ATU (1) Elimination digestive (80 %) et urinaire Traitement de l’infection par le VIH, de préférence en association à tout autre antirétroviral disponible (faisant l’objet d’une AMM ou d’une ATU), chez des patients adultes, ayant moins de 200 lymphocytes CD4/mm3, ou au stade C de la classification CDC 93. ÉTUDES CLINIQUES (1) Monothérapie Posologie (1) Cf tableaux pages 74 à 76 L’indinavir est réservé à l’adulte en monothérapie ou en association avec d’autres antirétroviraux. Association Cf tableau page 163 Dossier 1996, XVII, 2-3 72 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 3. Précautions d’emploi - 2 400 mg/j en 3 prises - dose réduite à 1 800 mg/j (avec prise en compte d’une éventuelle baisse de l’activité antirétrovirale et du risque d’émergence de résistance), en cas de : . insuffisance hépatique légère à modérée en rapport avec une cirrhose . antécédents de lithiase des voies urinaires. 3.1. Didanosine Indinavir et didanosine doivent être administrés au moins à une heure d’intervalle l’un de l’autre sur un estomac vide. 3.2. Rifabutine Il est essentiel que la posologie soit respectée et qu’il n’y ait pas d’interruption ou d’oubli de prise de médicament. En effet, en cas de dose insuffisante, la survenue d’une résistance est très fréquente, y compris en association. En raison d’une augmentation des concentrations plasmatiques de la rifabutine, une diminution de moitié de la posologie de la rifabutine est nécessaire en cas d’administration concomitante d’indinavir et de rifabutine. Modalités d’administration (1) 3.3. Kétoconazole - L’indinavir doit être administré de préférence avec de l’eau 1 heure avant ou 2 heures après un repas, sinon avec un liquide et/ou un repas léger peu riche en matières grasses. - Un apport hydrique d’au moins 1,5 l / 24 h doit être réalisé Une réduction de la posologie de l’indinavir (600 mg/8 h) doit être envisagée en cas d’administration concomitante d’indinavir et de kétoconazole. 4. Associations à prendre en compte Contre-indications (1) Aucune donnée pharmacocinétique n’est disponible concernant l’association de l’indinavir à la thalidomide, au foscarnet, au ganciclovir, au cidofovir, à l’izoniazide, à la méthadone. - Insuffisance hépatique sévère (taux prothrombine < 50 %) - Allaitement ou grossesse - Chez les femmes en âge de procréer, en l’absence de contraception efficace 5. Associations fréquentes dans la thérapeutique de l’infection par le VIH - Hypersensibilité connue à l’indinavir, ou à l’un des autres composants de la gélule. Il n’a été observé aucune interaction cliniquement significative avec les médicaments ou associations suivants : - zidovudine, Interactions médicamenteuses (1) - zidovudine + lamivudine, stavudine, 1. Associations contre-indiquées - triméthoprime + sulfaméthoxazole, - fluconazole, En raison d’une compétition possible au niveau du cytochrome P450 3A4, l’administration concomitante d’astémizole, de cisapride, de midazolam, de terfénadine et de triazolam, avec l’indinavir peut entraîner des troubles du rythme cardiaque ou une sédation prolongée. - isoniazide, - clarithromycine, - un contraceptif oral (noréthindrone + éthinylestradiol 1/35), - cimétidine, 2. Associations déconseillées - quinidine, - ni avec le jus de pamplemousse. 2.1. Rifampicine 2.2. Autres inhibiteurs de protéase VIH, en l’absence de données disponibles 2.3. Itraconazole Dossier 1996, XVII, 2-3 73 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Indinavir (MK-639, L-735,524) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Efficacité et tolérance de l’indinavir (MK-639) en monothérapie et de l’association ZDV + indinavir - en cours (1, 9) Protocole Étude internationale, multicentrique, randomisée, en double aveugle Phase III 780 patients (30 en France) 2 groupes : - groupe 1 - groupe 2 Inclusion VIH+ - 50 < CD4 < 250/mm3 - 251 < CD4< 500/mm3 Durée suivi : 18 mois Objectifs - efficacité et tolérance du MK-639 utilisé seul par rapport à la ZDV utilisée seule après 24 semaines de traitement - efficacité et tolérance du MK-639 en association à la ZDV, par rapport à la ZDV seule et au MK-639 seul (après 52 semaines pour l’efficacité) Âge > 18 ans Naïfs de traitement antirétroviral Résultats préliminaires à 24 semaines Groupe 1 (n = 224) - à J0 . taux moyen de CD4 : 145/mm3 . taux moyen d’ARN viral : 4,4 log copies/mm3 - à S24 : Bras 1 Bras 2 Bras 3 ARN viral -1 - 0,8 - 0,3 (p = NR) (log copies/ml) Nombre de 36 % 37 % 7% patients ayant (p = NR) < 500 copies/ml Nombre de + 125 + 125 + 20 3 CD4 (/mm ) (p = NR) Schéma posologique 3 bras : - Bras 1 : Zidovudine (ZDV) + indinavir (MK-639) : . AZT : 200 mg x 3/j . MK-639 : 800 mg x 3/j - Bras 2 : MK-639 : 800 mg x 3/j - Bras 3 : ZDV : 200 mg x 3/j Durée essai 12 mois Groupe 2 (n = 266) - à J0 . taux moyen de CD4 : 254/mm3 . taux moyen d’ARN viral : 4,28 log copies/mm3 - à S24 : Bras 1 Bras 2 Bras 3 ARN viral - 1,02 - 0,98 - 0,3 (log copies/ml) (p = NR) Nombre de 56 % 37 % 2% (p = NR) patients ayant < 500 copies/ml Nombre de + 95 + 105 + 20 CD4 (/mm3) (p = NR) NB : afin de supprimer le bras monothérapie zidovudine initial, le protocole a été amendé en donnant le MK-639 en ouvert à tous les patients. Il y a donc deux groupes de traitement : MK-639 + zidovudine et MK-639. Dossier 1996, XVII, 2-3 74 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Indinavir (MK-639, L-735,524) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Comparaison de l’activité antirétrovirale de 2 doses de L-735,524 et d’AZT suivi de ddC - 1995 (8) Protocole Étude randomisée, double aveugle phase II Inclusion VIH+ CD4 < 500/mm3 Ag p24 > 25 pg/ml 70 patients Pas de traitement antérieur par un inhibiteur de protéase Schéma posologique - Groupe A (n = 45) MK 639 (L-735,524) 800 mg versus 1600 mg/j doses modifiées en cours d’étude à 600 mg 4 fois/j - Groupe B (n = 25) . ZDV 600 mg/j . changement à la 12e semaine : ddC 2,25 mg/j Résultats Traitement antérieur par l’AZT possible : 90 % des patients Nombre moyen de - Groupe A : 160 - Groupe B : 119 CD4/mm3 - Augmentation des CD4 pendant tout le traitement : groupe A > groupe B - Charge virale : . groupe A : 1,5 log à faible dose et 0,5 log à forte dose . groupe B : 0,2 log Un retour à la valeur de base est observé à la12ème semaine, probablement lié au développement de résistance Tolérance élévation transitoire et réversible de la bilirubine 11 patients/45 (23 %) Charge virale ( log/ml) - Groupe A : 5,25 - Groupe B : 5,35 Durée 24 semaines Conclusion Cette étude de dose a permis de montrer que les doses de 800 mg et 1600 mg/j étaient inefficaces. Elles ont été abandonnées au profit de posologie supérieure : 2 400 mg/j. Cette dose est réduite à 1 800 mg/j (avec prise en compte d’une éventuelle baisse de l’activité antirétrovirale), en cas d’insuffisance hépatique légère à modérée en rapport avec une cirrhose et chez les patients ayant des antécédents de lithiase des voies urinaires Study with indinavir shows major reductions in virus level and immune system recovery (étude 021) (5) Protocole 70 patients Schéma posologique - 800 mg x 4 /j - 800 mg x 3/j - 1000 mg x 3 /j Inclusion VIH+ CD4 : 150 - 500 cell/mm3 Résultats - Pas de différence entre les 3 niveaux de dose - CD4 à S 36 : . + 100/mm3 . Augmentation ≥ 50 cellules : 50 % des patients - Charge virale à S24 : . - 1 log : 80 % patients . - 2 log : 50 % patients - Charge virale indétectable à S 28 : 33 % patients ARN VIH plasmatique : > 20 000 copies/ml Tolérance Lithiase rénale : 5 patients Dossier 1996, XVII, 2-3 75 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Indinavir versus ZDV + ddI versus Indinavir + ZDV + ddI Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A Phase II open-label randomized study of the triple combination of indinavir, zidovudine and didanosine versus indinavir alone and zidovudine plus didanosine in antiretroviral naive patients(étude 020) (7) Protocole Étude randomisée, en ouvert phase II 78 patients Inclusion VIH+ Résultats préliminaires - à J0 : . taux moyen de CD4 : 150/mm3 . taux moyen d’ARN viral : 4,9 log copies/mm3 CD4 < 500/mm3 Schéma posologique - Groupe 1 : Indinavir : 600 mg x 4 /j - Groupe 2 : ZDV : 200 mg x 3 /j + ddI : 125 à 200 mg x 2/j - Groupe 3 : Indinavir : 600 mg x 4 /j + ZDV : 200 mg 3 x / j + ddI : 125 à 200 mg 2/j - à S24 : ARN plasmatique : ≥ 20 000 copies/ml (moy = 5 log10 copies/ml) Pas traitement antirétroviral antérieur Grpe 1 Grpe 2 Réduction -1,9 - 1,5 médiane max. (p = NR) de l’ARN viral (log copies/ml) Nombre de 40 % 0% patients ayant (p = NR) < 200 copies/ml Progression +100 + 70 médiane max. (p = NR) nombre de CD4 (cellule/mm3) Grpe 3 - 3,1 60 % + 110 Potent and sustained antiretroviral activity of indinavir (IDV) in combination with zidovudine (ZDV) and lamivudine (3TC) (étude 035) (6) Protocole Étude multicentrique, Randomisée, en double aveugle , 3 bras 97 patients Schéma posologique - Bras 1 Indinavir : 600 mg x 3/j - Bras 2 ZDV : 200 mg x 3 /j + lamivudine : 150 mg x 2/j - Bras 3 ZDV : 200 mg x 3 /j + lamivudine : 150 mg x 2/j + Indinavir : 600 mg x 3/j Inclusion VIH+ Résultats préliminaires - à J0 : . taux moyen de CD4 : 174,8/mm3 . taux moyen d’ARN viral : 4,58 log copies/mm3 CD4 : 50-400 cell/mm3 - à S24 : RNA VIH plasmatique : ≥ 20 000 copies/ml Bras 1 Bras 2 - 1,3 -2 ARN viral (log copies/ml) (p = NR) Nombre de 44 % 86 % (p = NR) patients ayant < 500 copies/ml Nombre de + 77 + 146 CD4 (/mm3) (p = NR) (Roche PCR Kit assay) Traitement antérieur à ZDV ≥ 6 mois Pas de traitement antérieur par un médicament anti-protéase Bras 3 - 1,0 0% + 22 Pharmacocinétique : seule interaction observée : augmentation de l’AUC de la ZDV dans la trithérapie Tolérance - 6 anémies/neutropénies (4 dans le bras 2) - 2 lithiases rénales parmi les patients sous indinavir - 17 hyperbilirubinémies parmi les patients sous indinavir Conclusion : Ces résultats préliminaires révèlent une bonne tolérance de la trithérapie qui induit une baisse de la charge virale et une augmentation des CD4 pendant 6 mois. Dossier 1996, XVII, 2-3 76 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 7 - Masari F, Conant M, Mellors J et al. A phase II openlabel, randomized study of the triple combination of indinavir, zidovudine (ZDV) and didanosine (ddI) versus indinavir alone and zidovudine in antiretroviral naive patients. 3nd Conference on Retroviruses and opportunistic infections. Washington 28 janv - 1er fev 1996. Asbt 200. 1 - ARCAT-SIDA. Index des essais thérapeutiques en cours. Août 1995, Paris. 2 - Condra JH. Clinical development of HIV-1 resistance to the viral protease inhibitor L-735,524. 2nd Nat Conf Human Retroviruses and related infections Washington DC 29 janv - 2 fév 1995. Lett Infect 1995 ; 10 : 269-70. 8- Mellors J, Steigbigel R, Gulick R et al. Comparison of antiviral activity of 2 doses of MK-639 versus AZT in p 24 antigenemic, HIV-1 infected patients with < 500 CD4 /mm3. 2nd Nat Conf Human Retroviruses and related infections Washington DC 29 janv - 2 fév 1995. 3 - Dorsey BD, Levin RB, Mc Daniel SL et al. L-735,524 : the design of a potent and orally bioavailable HIV protease inhibitor. J Med Chem 1994 ; 37 : 3443-51. 9 - Merck Sharp Dohme - Chibret (Laboratoire). Résumé des caractéristiques du produit - Document CRIXIVAN‚ Mars 1996 4 - Emini EA, Deutsch P, Schleif W et al. Clinical development of HIV-1 resistance to the viral protease inhibitor L-735,524. AIDS 1994 ; 8 (suppl 4) : S10. 10 - Saag MS, Squires KE, Teppler H et al. Clinical trials of inhibitors of the HIV-1 protease. J Cell Biochem 1994 ; supp (18B) : 115. 5. Emini EA. Protease inhibitors. 3rd Conference on Retroviruses and Opportunistic infections Washington 28 janv-1er fév 1996, L1. 11 - Vacca JP, Dorsey BD, Schleif WA et al. L-735,524 : an orally bioavailable human immunodeficiency virus type 1 protease inhibitor. Proc Natl Acad Sci USA 1994 ; 91 : 4096-100. 6’ - Gulick R, Mellors J, Havlir D et al. Potent and sustained antiretroviral activity of indinavir (IDV) in combination with zidovudine (ZDV) and lamivudine (3TC). 3nd Conference on Retroviruses and opportunistic infections. Washington 28 janv - 1er fev 1996. Asbt LB. Dossier 1996, XVII, 2-3 77 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Lamivudine DCI Lamivudine Sigle 3TC Autre dénomination 2’-3’didéoxy-3’-thiacidine Nom déposé EPIVIR® Code d’expérimentation GR109714X (énantiomère (-) du BCH-189) Laboratoire GlaxoWellcome Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur de la transcriptase inverse, Analogue nucléosidique (cytidine) ATC NR CIM 10 NR ATU de cohorte (juin1995) (n° 589 061-3) Renseignements administratifs NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé La lamivudine est un inhibiteur de la transcriptase inverse possèdant une ATU de cohorte. Elle est présentée sous forme de comprimés pelliculés à 150 mg Elle inhibe 50 % de réplication virale dans les lymphocytes CD4 à des concentrations allant de 4 nM - 0,67 µM. Elle garde son pouvoir contre des souches de virus résistantes à la zidovudine : l’association zidovudine-lamivudine est prometteuse sur le plan virologique. L’indication ATU est le traitement de l’infection par le VIH, en association avec la zidovudine, chez des patients pouvant tolérer celle-ci et ayant moins de 200 lymphocytes CD4/mm3 pour un âge supérieur à 6 ans, ou moins de 500 CD4/mm3 pour un âge compris entre 3 et 6 ans, traités préalablement par la zidovudine, puis la didanosine ou la zalcitabine selon leurs indications respectives en France, ces deux derniers traitements ne pouvant être poursuivis en raison d’une intolérance et/ou d’une aggravation significative de l’infection par le VIH. La posologie est de 300 mg/j en 2 prises orales. Dossier 1996, XVII, 2-3 78 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES Ce composé est un inhibiteur compétitif de la désoxycytidine-TP au niveau de la transcriptase inverse (CI50 = 23,4 ± 2,5 mcM) ; il anticipe la terminaison de la chaîne d’ADN proviral. Il est par ailleurs inhibiteur compétitif des DNA polymérases ß et γ. Le rapport lamivudine 5’TP/lamivudine est plus élevé dans les cellules au repos (ce qui est également le cas avec la zidovudine et la didanosine). - Comprimés pelliculés 150 mg en flacon de PE haute densité Substances auxiliaires : . noyau : cellulose microstalline (E640), glycolate d’amidon sodique, stéarate de magnésium (E572) . pelliculage : opadry blanc : hydroxypropylméthylcellulose (E464), dioxyde de titane (E171), polyéthylèneglycol, polysorbate 80 (E433), eau purifiée qsp Plusieurs souches de virus VIH-1 résistants générés in vitro ont montré une substitution de méthionine en isoleucine à la position 184 du second codon de la transcriptase inverse. L’introduction de cette substitution Ile/Met dans des souches résistantes à la zidovudine (mutations au niveau des acides aminés 41 et 215) restaure la sensibilité de ces souches à la zidovudine. - Solution buvable : pour l’étude pédiatrique 2006 : flacon 150 ml dosé à 10 mg/ml (arôme : fraise et banane) - Durée de conservation à une température ≤ 30° C, 2 ans PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Classe chimique Nucléoside -Polypeptide Dénomination chimique 2’-3’didéoxy-3’-thiacidine Dénomination scientifique (2R, cis)-4 amino-1-2 hydroxyméthyl 1,3-oxa thiolone-5-yl)-(1H) pyri midine Formule brute C8H11N3O3S Ces données ont contribué à la conception de plusieurs essais cliniques étudiant l’association zidovudine-lamivudine, prometteuse sur le plan virologique. L’étude des résistances générées in vivo confirme la mutation à la position 184 avec substitution de la méthionine par l’isoleucine ou la valine, la culture des mutants in vitro montrant une multiplication plus importante des virus 184 Val par rapport aux virus 184 Ile. Plus récemment, il est apparu que le virus résistant à la lamivudine (muté en position 184) ne développe pas in vitro de résistance à la zidovudine, au d4T, à la néviparine, à la délavirdine et au saquinavir. La mutation en 184 semble conférer à la transcriptase inverse une plus grande fidélité de copie du génome viral (21). NH2 Formule développée N N O HOH2 C O S Masse moléculaire relative TOXICOLOGIE (4) 229,25 Toxicité aiguë et chronique : cf RCP (Résumé des caractéristiques du produit diffusé par l’Agence du médicament) ACTION ANTIVIRALE (3, 4, 6, 8, 11, 14, 16, 19) Tératogénicité - embryotoxicité Développée préférentiellement à la molécule racémique en raison d’une moins grande cytotoxicité, la forme (-) de lamivudine est active contre les virus VIH-1 et VIH-2. Elle inhibe 50 % de réplication virale dans les lymphocytes CD4 à des concentrations allant de 4 nM - 0,67 µM. Elle garde son pouvoir contre des souches de virus résistantes à la zidovudine. La lamivudine montre une action antivirale anti-HBV. Après diffusion dans la cellule hôte, la lamivudine doit, comme pour tous les analogues nucléosidiques, être transformée en un métabolite actif tri-phosphorylé : la lamivudine-5’TP. Dossier 1996, XVII, 2-3 Il n’a pas été observé d’effet tératogène chez le rat (4 000 mg/kg/j) et chez le lapin (1 000 mg/kg/j). S’il n’a pas été noté d’effet embryotoxique chez le rat, un effet précoce au stade de la pré-implantation l’a été chez le lapin (doses ≥ 80 mg/kg/j) Mutagénicité Un test cytogénétique in vitro s’est avéré positif ainsi que le test du lymphome de souris. Les autres tests ont été négatifs. 79 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PHARMACOCINÉTIQUE (1, 4, 7, 9, 10, 12, 15, 17, 18) ÉTUDES CLINIQUES Chez l’adulte Monothérapie Cf tableaux pages 81 et 82 1. Absorption - biodisponibilité Association L’absorption orale est rapide : T max = 1 à 1,5 heures. Elle est plus longue lors de la prise du médicament au cours d’un repas riche en graisses (T max. : 3,15 h - p < 0,0001), avec une concentration maximale réduite de moitié (p = 0,0017), sans modification de la quantité totale de médicament absorbé (aires sous la courbe voisines). Cf tableaux pages 164 à 171 RENSEIGNEMENTS THERAPEUTIQUES Indication ATU Après dose unique de 2 et 8 mg/kg, la concentration maximale est respectivement de 1 725 et 5 815 ng/ml. Traitement de l’infection par le VIH, en association avec la zidovudine, chez des patients pouvant tolérer celle-ci et ayant moins de 200 lymphocytes CD4/mm3 pour un âge supérieur à 6 ans, ou moins de 500 CD4/mm3 pour un âge compris enttre 3 et 6 ans, traités préalablement par la zidovudine, puis la didanosine ou la zalcitabine selon leurs indications respectives en France, ces deux derniers traitements ne pouvant être poursuivis en raison d’une intolérance et/ou d’une aggravation significative de l’infection par le VIH. La biodisponibilité est de 80 à 85 %. La demi-vie est de la lamivudine est de 2,5 heures. La demi-vie intracellulaire du dérivé triphosphate est de 10 à 15 heures. 2. Distribution Le volume de distribution est de 1,3 l/kg. La liaison aux protéines plasmatiques est faible. Le rapport LCR/plasma décrit est de 0,12 (18). Posologie - Adulte et enfant de plus de 3 ans : . 300 mg/j en 2 prises orales, . en cas d’insuffisance rénale, adaptation posologique. 3. Élimination L’élimination est rénale, notamment par sécrétion tubulaire active. Elle se fait à raison de 70 % sous forme inchangée. La clairance systémique moyenne est 0,32 l/kg/h. - ATU nominative possible, notamment : . chez l’enfant de moins de 3 ans et/ou de moins de 30 kg à la posologie de 8 mg/kg/j . en cas d’association avec un antirétroviral autre que la zidovudine. Chez l’enfant (information Glaxo, protocole sous ATU) Effets indésirables La pharmacocinétique chez l’enfant est caractérisée par : - une moindre absorption orale, - Fièvre - une biodisponibilité : 60 %, - Céphalées - une clairance systémique moyenne de 0,52 l/kg/h, Le rapport LCR/plasma est de 0,20 (12). - Fatigue, malaise - Nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales - Pancréatite En cas d’association à la zidovudine - Éruption cutanée - Paresthésies - Troubles hématologiques modérés : neutropénie, thrombocytopénie, anémie Les modifications de la pharmacocinétique de la lamivudine (augmentation de 13 % du taux plasmatique et de 28 % du pic plasmatique) n’ont pas de conséquences cliniques significatives (9). Dossier 1996, XVII, 2-3 - Élévation transitoire des enzymes hépatiques (ASAT, ALAT) et de l’amylasémie. 80 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-déoxy-3'-thiacytidine) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Safety and pharmacokinetics of a reverse transcriptase inhibitor, 3TC, in patients with HIV infection : a Phase I study - 1992 (17) Protocole Étude en ouvert monocentrique, phase I 20 patients Inclusion VIH + asymptomatiques (stades CDC II - III 1987) Tolérance - pas de modification de l’ECG, - pas de perturbations des paramètres biologiques, - céphalées modérées (35 %), - vertiges (10 %), - nausées (5 %), - douleur abdominale (5 %), - fatigue (5 %). Ces effets ne sont pas liés à la dose ou à la voie d’administration. CD4 < 500/mm3 (40 - 500/mm3 moyenne : 415/mm3) Schéma posologique 5 doses : 0.25, 1, 2, 4, 8 mg/kg en 1 injection IV, puis après 48 ou 72 h, 1 prise orale de même dose Hommes : 26 - 51 ans Phase I - II study of 3TC in children with HIV infection - 1993 (14) Protocole Étude en ouvert Phase I - II 31 patients Inclusion VIH+ Résultats Amélioration de l'asthénie et de l'appétit Âge : 3 mois - 17 ans Schéma posologique escalade de dose : 0.5, 1, 2, 4, 6 mg/kg/j 2 bras : - Groupe A: pas de traitement antérieur - Groupe B : intolérance ou inefficacité d'un traitement antirétroviral antérieur Tolérance clinique - 1 décès (semaine 6) non expliqué - 2 sorties d’étude : . 1 cas d’hyperactivité sévère (semaine 8) . 1 cas de détérioration des capacités psychométriques (semaine 28) Durée - 12 semaines (n = 23) - 24 semaines (n = 8) Paramètres biologiques : peu modifiés Evaluation of safety and efficacy of 3TC (lamivudine) in patients with asymptomatic or midly symptomatic HIV infection : a phase I/II study. (NUCB 2001 )-1995 (18) Protocole Étude en ouvert, multicentrique, européenne, non randomisée, phase I-II 104 patients Inclusion VIH + asymptomatiques ou paucisymptomatiques (stades CDC 1987 II III - IVC2) Schéma posologique per os 2 fois/j - escalade de dose : 0.5, 1, 2, 4, 8, 12, 20 mg/kg/j - après 24 semaines 1 dose : 8 mg/kg/j Hommes > 18 ans Durée ≥ 24 semaines 14 sorties d’étude : progression maladie (11), décès (2) céphalées (1) Résultats - Lymphocytes CD4 : progression en début de traitement (NS), puis baisse jusqu’au niveau initial ou moins - Ag p24, ß2 microglobuline, néoptérine : baisse (NS) maintenues sur 1 an, non liées à la dose CD4 ≤ 400/mm3 Tolérance - Ni effet dose dépendant, ni toxicité dose-limitante, - Céphalées, diarrhée, fatigue, nausées, douleur abdominale, - Légers signes de neuropathies périphériques chez 2 patients sans aggravation en fonction du temps, - Quelques épisodes de neutropénie, de thrombocytopénie, d’augmentation des enzymes hépatiques et de la bilirubine. Traitement antirétroviral antérieur possible avec interruption 3 semaines au moins avant l’inclusion (maximum 1 an) Conclusion : Dans cette étude, la lamivudine ne montre pas de toxicité majeure. Dossier 1996, XVII, 2-3 81 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-déoxy-3'-thiacytidine) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A Phase I-II study of 3TC (lamivudine) in patients with advanced human immunodeficiency infection (NUCA 2001) - 1995 (13) Protocole Étude en ouvert, multicentrique, phase I-II 97 patients (90 hommes - 7 femmes) Schéma posologique escalade de dose 0.5, 1, 2, 4, 8, 12, 20 mg/kg/j Inclusion VIH+ ARC (78) ou SIDA (19) Résultats - Augmentation de l’appétit et de l’énergie aux doses ≥ 8 mg/kg/j, avec augmentation de poids (p < 0,05° - Augmentation transitoire des CD4 (p < 0,01 à 8 et 12mg/kg/j à la 4ème semaine, mais non significative à la 24ème semaine) - Diminution Ag p24 pdt 32 semaines à la dose de 20 mg/kg/j) (p ≤ 0,05) - Diminution du taux RNA viral (p ≤ 0,05 à la 4ème semaine) - Diminution transitoire de la ß2 microglobuline - Diminution transitoire de la néoptérine CD4 ≤ 300/mm3 (moyenne : 128/mm3 ; 7 - 357) Ag p24+ (n = 31) Pas de traitement antirétroviral 3 semaines avant l’inclusion Durée 24 semaines Tolérance - 6 patients sortis d’étude pour effets indésirables : . neutropénie (< 1000/mm3), diarrhée sévère, hyperamylasémie, neuropathie périphérique, possible épilepsie, purpura. - Autres effets : céphalées, insomnie, nausées, diarrhée, douleur abdominale Conclusion : avec une bonne tolérance ici confirmée et une activité clinique au moins transitoire, la lamivudine se révèle intéressante, notamment dans le concept d’une thérapie basée sur des associations. Mise à disposition de la Lamivudine (3TC) (NUCB 3004) - En cours - 1995 (2) Protocole Étude en ouvert, multicentrique, européenne, Nombre de patients non limité Inclusion VIH+ Âge > 3 ans Adultes : CD4 ≤ 300/mm3 Schéma posologique 3TC per os 600 mg/j en 2 prises avril 1995 : passage à 300 mg/j en 2 prises en association avec la ZDV Inclusion possible patients réfractaires ou intolérants aux autres traitements Durée non limitée Dossier 1996, XVII, 2-3 Critères d’évaluation Critère principal : tolérance avec surveillance clinique et biologique mensuelle Non-inclusion - Grossesse - Affection hépatique chronique 82 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Contre-indications 7 - Dudley MN. Clinical Pharmacokinetics of nucleoside antiretroviral agents. J Inf Dis 1995 ; 171 (suppl 2) : S99S112. - Hypersensibilité à la lamivudine 8 - Gao WY, Agbaria R, Driscoll JS et al. Divergent antihuman immunodeficiency virus activity and anabolic phosphorylation of 2’,3’-dideoxynucleoside analogs in resting and activated human cells. J Biol Chem 1994 ; 269 : 12633-8. - Grossesse, allaitement - Absence de contraception efficace - Transaminasémie > 5 x valeur normale - Prothrombinémie < 50 % 9 - Horton CM, Yuen G, Mikolich DM et al. Pharmacokinetics (PK) of oral lamivudine administered alone and with oral zidovudine (ZDV) in asymptomatic patients with HIV infection. Clin Pharmacol Ther 1994 ; 55 : 198. - Clairance de la créatinine < 30 ml/minute - Enfants de moins de 3 ans 10 - Hussey EK, Donn KH, Daniel MJ et al. Interspecies scaling and pharmacokinetic parameters of 3TC in humans. J Clin Pharmacol 1994 ; 34 : 975-7. Interactions médicamenteuses Triméthoprime 11 - Larder BA, Kemp SD, Harrigan PR. Potential mechanism for sustained antiretroviral efficacy of AZT-3TC combination therapy. Science 1995 ; 269 : 696-9. Augmentation de 40 % des concentrations plasmatiques de lamivudine, sans nécessité d’ajustement posologique (information Glaxo, protocole sous ATU). 12 - Lewis L, Well SM, Church J et al. A phase I/II study of 3TC in children with HIV infection. IXth Int. Conference on AIDS, Berlin June 1993 PO-B26-2059. 13 - Pluda JM, Cooley TP, Montaner JS. et al. Phase I/II study of 3TC in patients with advanced human immunodeficiency virus infection. J Inf Dis 1995 ; 171 : 1438-47. Perturbations des paramètres biologiques Élévation transitoire des enzymes hépatiques (ASAT, ALAT) et de l’amylasémie. 14 - Schuurman R, Nijhuis M, Van Leeuwen R et al. Rapid changes in HIV-1 RNA load and appearance of drug-resistant virus populations in persons treated with lamivudine (3TC). J Inf Dis 1995 ; 171 : 1411-9. 15 - Singlas E, Postaire M. Pharmacocinétique clinique des analogues de nucléosides à activité antirétrovirale. Lett Infect 1994 ; 9 : 640-50. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Angel JB, Hussey EK, Hall ST et al. Pharmacokinetics of 3TC administered with and without food to HIV-infected patients. Drug Invest 1993 ; 6 : 70-4. 16 - Sommadossi J. P. Nucleoside analogs : similarities and differences. Clin Inf Dis 1993 ; 16 (suppl 1) : S7-S15. 2 - ARCAT-SIDA. Répertoire des essais thérapeutiques en France 1995 (3ème Edition + mise à jour août) - 1996, 4ème édition, Paris. 17 - Van Leuwen R, Lange JM, Hussey EK.et al. The safety and pharmacokinetics of a reverse transcriptase inhibitor, 3TC, in patients with HIV infection : a phase I study. AIDS 1992 ; 6 : 1471-5. 3 - Boucher CAB, Cammack N, Schipper P et al. High-level resistance to (-) enantiomeric 2’-déoxy-3’thiacytidine in vitro is due to one amino-acid substitution in the catalytic site of HIV type 1 reverse transcriptase. Antimicrob Agents Chemother 1993 ; 37 : 2231-4. 18 - Van Leuwen R, Katlama C, Kitchen V et al. Evaluation of safety and efficacy of 3TC (Lamivudine) in patients with asymptomatic or midly symptomatic Human Immunodeficiency Virus infection : a phase I/II study. J Infect Dis 1995 ; 171 : 1166-71. 4 - Cameron JM, Collis P, Daniel M et al. Lamivudine. Drugs Fut 1993 ; 18 : 319-323. Drugs Fut 1995 ; 20 : 424-5. 19 - Wainberg MA, Salomon H, Gu Z et al. Development of HIV-1 resistance to (-)-2’-déoxy-3’-thiacytidine in patients with AIDS or advanced AIDS-related complex. AIDS 1995 ; 9 : 351-7. 5 - Certain A, Guessant-Flambard S. Lamivudine. in «Médicaments et Sida». Edts Arnette, Paris 1995 pp 69-70. 6 - Coates JAV, Cammack N, Jenkinson HJ et al. (-)-2’déoxy-3’-thiacytidine is a potent, highty selective inhibitor of HIV type 1 and type 2 replication in vitro. Antimicrob Agents Chemother 1992 ; 36 : 733-9. Dossier 1996, XVII, 2-3 20 - Wainberg MA,Drosopovlos WC, Salomon H et al. Enhaced fidelity of 3TC-selected mutant HIV-1 reverse transcriptase. Science 1996 ; 271 : 1282-5. 83 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Loviride DCI Loviride Sigle NR Nom déposé NR Code d’expérimentation R089439(racémique dont les énantiomères (+) et (-) sont respectivement R090384 et R090385, isomère actif) Laboratoire Janssen-Cilag Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur sélectif de la transcriptase inverse, Inhibiteur non-nucléosidique ATC NR CIM 10 NR Renseignements administratifs Médicament en développement NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé Le loviride est un inhibiteur sélectif, non-nucléosidique, de la transcriptase inverse. C’est un médicament en développement. Il exerce une inhibition sélective de la transcriptase inverse contre le virus VIH-1. Aucune action n’est observée sur le VIH-2, ni sur le virus simien. Dossier 1996, XVII, 2-3 84 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES TOXICOLOGIE Classe chimique Nucléoside - Polypeptide Il n’a pas été observé d’effet mutagène lors des tests classiques (« Ames reverse mutation test », « micronucleus test» et « mammalian gene mutation test »). Dénomination chimique α-anilino-phénylacétamide (α-APA) Dénomination scientifique (±)-α-[(2-acétyl-5méthylphényl)amino]-2,6dichlorobenzèneacétamide ou USAN : (±) -2-(6-ace tyl-m-toluidino)-2-(2,6dichlorophényl)acétamide ÉTUDES CLINIQUES Monothérapie Cf tableau page 96 Association Cf tableau page 171 Formule brute C17H16Cl2N2O2 Formule développée Cl O NH2 CH O RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES CH3 NH Cl 1 - Colebunders R, Vandenbruaene M, Delescluse J et al. The interim safety results and pharmacokinetics of a combination of R 89439 and zidovudine therapy in HIV. Xth International Conference on AIDS. Yokohama août 1994 PB0252. CH 3 LOVIRIDE (R-89439) 351,23 Masse moléculaire relative 2 - De Brabander M, Staszewski S, De Cree J et al. Loviride induces a prolonged rise of the CD4 count in asymptomatic HIV-1 + subjects. Xth International Conference on AIDS Yokohama août 1994. ACTION ANTIVIRALE (4) 3 - De Cree J, De Brabander M, Geukens H et al. Clinical pharmacology of loviride (R89439), a potent a-APA RTinhibitor on HIV-1-negative and - positive volunteers. Acta Antwerpiensia 1994 ; 11 : 21-8. Le loviride exerce une inhibition sélective de la transcriptase inverse du virus VIH-1 (CI50 = 13 nM) présent dans des cellules MT-4. Aucune action n’est observée sur le VIH-2, ni sur le virus simien. Les souches de VIH-1 présentant la mutation Tyr remplacé par Cys en position 181 affichent une sensibilité réduite. PHARMACOCINÉTIQUE 4 - Pauwels R, Andries K, Debyser Z et al. Potent and highly selective human immunodeficiency virus type 1 (HIV-1) inhibition by a series of a-anilinophenyl-acétamide derivatives targeted at HIV-1 reverse transcriptase. Proc Natl Acad Sci USA 1993 ; 90 : 1711-5. 5 - Staszewski S, Vandercam B, De Vuyst H et al. Evaluation of the efficacy and tolerance of R18893, R89439 (loviride) and placebo in asymptomatic HIV-1 patients. Xth International Conference on AIDS Yokohama août 1994, P513B. (3) Paramètres* patients VIH+ volontaire sain pic plasmatique 486 ng/ml 396 ng/ml concentration plasmatique moyenne** 46-119 ng/ml 97-172 ng/ml 6 - Staszewski S, Miller V, Rehmet S et al. A triple combination study with zidovudine, lamivudine (3TC) and loviride (R 89439) in p24 positive HIV-1 infected patients. An interim analysis. 34th ICAAC, Orlando, octobre 1994, P I158. 7 - Youle M, Davies S, Andries K et al. Randomized double-blind trial of loviride (R 89439), zidovudine and the combination in HIV-1 infected patients. IInd National Conference on Human Retroviruses and related infections Washington DC janv-fev 1995 - LB 6A. * après 100 mg 3 fois/j , ** de l’isomère L actif Les concentrations plasmatiques sont dix fois supérieures à ceux observées avec le dérivé R18893, première molécule de cette série chimique. Dossier 1996, XVII, 2-3 85 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Loviride Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Evaluation of the efficacy and tolerance of R18893, R89439 (loviride) and placebo in asymptomatic patients with HIV-1994 (2) (5) Protocole Étude contrôlée, randomisée, en double aveugle phase II, 3 bras 114 patients Inclusion VIH+ asymptomatiques Résultats ( loviride) - Augmentation soutenue du nombre de CD4 pendant 24 semaines (différence significative par rapport au placebo : p = 0,005) - Bonne tolérance - Pas d’apparition précoce de résistance (mutation V106A ou Y181C) à 12 semaines CD4 > 400/mm3 Aucun traitement antirétroviral ou immunomodulateur antérieur Schéma posologique - Bras A : loviride : 100 mg 3 fois/j - Bras B : R18893 : 200 mg 3 fois/j - Bras C : placebo Conclusion Le loviride entraîne une augmentation prolongée du taux CD4 chez les sujets VIH+ asymptomatiques. Dossier 1996, XVII, 2-3 86 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Névirapine DCI Névirapine Sigle NR Nom déposé VIRAMINE® Code d’expérimentation BI-RG-587 Laboratoire Boehringer-Ingelheim Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur de la transcriptase inverse, Inhibiteur non-nucléosidique ATC NR CIM 10 NR Renseignements administratifs Médicament en développement NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé La névirapine est un inhibiteur, non-nucléosidique, de la transcriptase inverse. C’est un médicament en développement Elle exerce une inhibition non compétitive de la transcriptase inverse du virus VIH-1. Elle n’est pas active sur le VIH-2, ni sur les DNA-polymérases des cellules des mammifères. In vitro, la névirapine montre une activité comparable sur des isolats sensibles ou résistants à la zidovudine ; l’association des 2 médicaments est synergique. L’émergence rapide de virus résistants a été observée dès les premiers essais cliniques . Dossier 1996, XVII, 2-3 87 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Classe chimique NR Dénomination chimique dipyridodiazépinone Dénomination scientifique 11-cyclopropyl-5,11-dihdro -4 méthyl-6H-dipyrido(1,4) diazépin-6-one Formule brute C15H14N4O Formule développée H3 C H L’émergence rapide de virus résistants a été observée dès les premiers essais cliniques et l’analyse des isolats de virus résistants a mis en évidence des mutations sur les acides aminés de la transcriptase inverse en position 108, 188, 190, en plus de celles en position 103, 106 et 181 présentes en culture cellulaire. Par ailleurs, la mutation la plus fréquente en monothérapie - celle où une cystéine remplace une tyrosine en position 181 - a pu être prévenue grâce à une association de la névirapine à la zidovudine (10). PHARMACOCINÉTIQUE (1, 2, 5) O N N Masse moléculaire relative N rapide T max 4,6 h à une dose de 200 mg avec possibilité d’un nouveau pic plasmatique après 4 h chez certains patients et maintien de 80 % de Cmax pendant 24 h Demi-vie 22 - 48 h (possibilité d’une seule prise /jour) Clairance 44 ± 12 ml/kg/h Associé à la zidovudine (2) concentration au plateau et aire sous la courbe non modifiées 266,302 ACTION ANTI-VIRALE (3, 7, 8, 9, 10, 11) La névirapine exerce une inhibition non compétitive de la transcriptase inverse du virus VIH-1, à une concentration nanomolaire (Ki = 0,04µM en culture cellulaire). Elle n’est pas active sur le VIH-2, ni sur les DNA-polymérases des cellules des mammifères. ÉTUDES CLINIQUES Monothérapie Elle se lie au complexe transcriptase-DNA au niveau d’une poche hydrophobe, proche du site actif catalytique. L’incorporation des nucléotides dans le DNA est bloquée, sans que soit affectée la fixation des nucléotides ou les modifications structurales induites par ces derniers. Cf tableaux pages 89 et 90 Association In vitro, la névirapine montre une activité comparable sur des isolats sensibles ou résistants à la zidovudine ; l’association des 2 médicaments est synergique. Dossier 1996, XVII, 2-3 Absorption N Cf tableau page 172 88 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Névirapine (BI-RG-587) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Phase I/II evaluation of nevirapine alone and in combination with zidovudine (ZVD) for infection with HIV - 1995 (2) Protocole Étude en ouvert 62 patients Inclusion VIH-1+ Résultats Taux de CD4 et d’Ag p24 :efficacité initiale annulée par l’émergence rapide de virus résistants mais chez 4 patients sur 7 recevant 200 mg/j de névirapine en association à la ZDV, il y a maintien d’une baisse de plus de 50% de Ag p24 pendant 12 semaines ou plus. CD4 < 400/mm3 Schéma posologique Névirapine : 12,5 ; 50 ; 200 mg/j seule ou en association avec ZDV 600 mg/j en 3 prises Âge > 18 ans Suspension traitement antirétroviral à J-28 Tolérance - effet sédatif, somnolence ou fatigue nécessitant une adaptation de dose de néviparine (1 cas : 12,5 mg), - céphalées, diarrhée, nausées, fièvre, - éruption cutanée : 11 patients (arrêt traitement : 2 patients), non liée à la dose, - élévation des transaminases hépatiques chez 10 % des patients (effet inducteur enzymatique) Durée 24 semaines Conclusion : malgré l’émergence de résistance, il y a évidence d’une activité antirétrovirale de la névirapine. La dose de 200 mg/j n’est peut-être que le plus faible niveau des doses actives. Alternating nevirapine and zidovudine treatment of HIV type-1 infected persons does not prolong névirapine activity - 1994 (4) Protocole Étude multicentrique en ouvert 10 patients Inclusion VIH-1+ CD4 ≤ 400/mm3 Âge ≥ 18 ans Ag p24 : - semaine 1 (névirapine) : diminution de plus de 50 % pour 9 patients, - semaine 2 et 3(ZDV) : diminution plus prononcée, La remontée et l’inefficacité constatée ensuite est sensiblement moins marquée avec la névirapine qu’avec la ZDV. Karnofsky score ≥ 70 ß2 microglobuline : même profil que pour Ag p24 Aucun traitement antirétroviral antérieur CD4 lymphocytes : augmentation initiale puis diminution, surtout pendant les phases de traitement à la névirapine avec un retour au niveau de base à la13ème semaine. Ag p24 ≥ 10 pg/ml Schéma posologique - 1 semaine : Névirapine : 200mg/j - 3 semaines : ZDV : 600mg/j Durée : 9 à 13 semaines Sensibilité à névirapine : sur 2 patients - avant traitement : IC50 < 0,001µM - à la 8ème semaine de traitement : IC50 = 0,04 µM et 2,8 µM, soit une diminution de 40 et 1 000 fois. Conclusion : le traitement alterné « névirapine-zidovudine » ne prolonge pas l’efficacité de la névirapine et ne prévient pas le développement de souches résistantes. Dossier 1996, XVII, 2-3 89 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Névirapine (BI-RG-587) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats High-dose nevirapine : safety, pharmacokinetic and antiviral effect in patients with HIV infection - 1995 (5) Protocole Étude multicentrique en ouvert, phase I/II durée = 24 semaines 21 patients Schéma posologique Névirapine per os 400 mg/j en 1 prise Durée durée = 24 semaines Inclusion VIH+ Résultats Virologie Ag p24 et ARN viral plasmatique : diminution prolongée > 50 % (≥ 8 semaines) chez 8/10 patients. CD4 ≤ 400/mm3 (moyenne : 41) Tolérance - rash cutané : 10 patients dont 2 atteintes sévères et 6 arrêts du traitement, sans corrélation observée avec : . la prise d’autres médicaments, . une variation des enzymes hépatiques, . les concentrations plasmatiques de névirapine. - autres effets indésirables : fièvre, céphalées, fatigue, , nausées/vomissements, somnolence, diarrhée, myalgie/arthralgie Ag p24 + (n = 18) RNA-VIH plasmatique mesurable : n = 11 Âge ≥ 18 ans Suspension traitement antirétroviral à J-28 Pharmacocinétique - les taux plasmatiques sont corrélés à la réponse virologique, - les concentrations observées chez les répondeurs sont supérieurs à celles observés chez les non répondeurs (p = 0,02) Résistance Les isolats étudiés à la 12ème semaine révèlent un développement rapide d’une résistance chez tous les patients. Conclusion : une dose de 400 mg/j de névirapine ne prévient pas le développement de résistance et fait apparaître un rash cutané chez 48 % des patients A pilot study to evaluate the development of resistance to nevirapine in asymptomatic HIV-infected patients with CD4 cell counts of > 500/mm3 - ACTG 208 - 1995 (6) Protocole Étude en ouvert, non randomisée, phase II/III 20 patients Inclusion VIH+ asymptomatiques Sorties étude 3 (n = 17) : - 2 pour rash important en semaine 1, - 1 pour raisons personnelles CD4 > 500/mm3 âge ≥ 18 ans Résultats - diminution ARN viraux : - 0,51 log copies/ml - isolats à 12 semaines. : tous résistants Schéma posologique - 400 mg/j en 1 prise - en cours d’essai, un schéma progressif est instauré : pdt 4 semaines : 200 mg/j puis 400 mg/j Durée : 12 semaines Conclusion : un état d’immunosuppression moins important et une charge virale moins élevée ne retardent pas l’apparition de VIH résistants. Dossier 1996, XVII, 2-3 90 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 6 - Havlir D. A pilot study to evaluate the development of resistance to nevirapine in asymptomatic HIV-infected patients with CD4 cell counts of > 500/mm3 (ACTG 208). J Inf Dis 1995 ; 172 : 1379-83. 1 - Cheeseman SH, Hattox SE, Mc Laughlin MM et al. Pharmacokinetics of nevirapine : initial single-rising-dose study in Humans. Antimicrob Agents Chemother 1993 ; 37 : 178-82. 7 - Koup RA, Merluzzi VJ, Hargrave KD et al. Inhibition of HIV-1 replication by the dipyridodiazepinone BI-RG-587. J Inf Dis 1991 ; 163 : 966-70. 2 - Cheeseman SH, Havlir D, Mc Laughlin M.M et al. Phase I/II evaluation of nevirapine alone and in combination with zidovudine for infection with HIV. J Acquir Immune Defic Syndr Hum Retroviral 1995 ; 8 : 141-51. 8 - Merluzzi VJ, Hargrave KD, Labadia M et al. Inhibition of HIV-1 replication by a non nucleoside reverse transcriptase inhibitor. Science 1990 ; 250 : 1411-3. 3 - Cohen KA, Hopkins J, Iingraham RH et al. Characterization of the binding site for nevirapine (BI-RG587) a nonnucleoside inhibitor of HIV-type 1 reverse transcriptase. J Biol Chem 1991 ; 266 : 14670-4. 9 - Richman DD, Rosenthal AS, Skoog M et al. BI-RG-587 is active against zidovudine-resistant human immunodeficiency virus type 1 and synergistic with zidovudine. Antimicrob Agents Chemother 1991 ; 35 : 305-8. 4 - De Jong MD, Loewenthal M, Boucher CA et al. Alternating nevirapine and zidovudine treatment of human immunodeficiency virus type 1- infected persons does not prolong nevirapine activity. J Inf Dis 1994 ; 169 : 1346-50. 10 - Richman DD, Havlir D, Corbeil J et al. Nevirapine resistance mutations of HIV-type 1 selected during therapy J Virol 1994 ; 68 : 1660-6. 11 - Spence RA, Kati WM, Anderson KS et al. Mechanism of inhibition of HIV-1 reverse transcriptase by non nucleoside inhibitors. Science 1995 ; 267 : 988-93. 5 - Havlir D, Cheeseman SH, Mc Laughlin MM et al. Highdose nevirapine : safety, pharmacokinetics and antiviral effect in patients with HIV infection. J Inf Dis 1995 ; 171 : 537-45. Dossier 1996, XVII, 2-3 91 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Ritonavir DCI Ritonavir Sigle NR Nom déposé NORVIR® Code d’expérimentation ABT-538 Laboratoire Abbott Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur peptidomimétique de protéase du VIH ATC NR CIM 10 NR A.T.U de type cohorte (20 mars 1996) (n° 589 090 - 3) Renseignements administratifs NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé Le ritonavir est un inhibiteur peptidomimétique de protéase du VIH-1 et VIH-2, possédant une ATU de type cohorte. Il est présenté sous forme de gélule à 100 mg. Son activité inhibitrice vis à vis des protéases humaines du même groupe aspartique est très faible. Il n’existe pas de résistance croisée avec les inhibiteurs de la transcriptase réverse. Les effets indésirables décrits au cours des essais cliniques ont été des troubles gastro-intestinaux, du système nerveux, dermatologiques, du système respiratoire, du système cardio-vasculaires ainsi que des troubles hématologiques. L’ indication ATU sont le traitement de l’infection par le VIH, de préférence en association à tout autre antirétroviral disponible (faisant l’objet d’une AMM ou d’une ATU), chez des patients ayant plus de 12 ans, ayant moins de 200 lymphocytes CD4/mm3 ou au stade C de la classification CDC 93. La posologie est de 1 200 mg/j en 2 prises au cours des repas. Dossier 1996, XVII, 2-3 92 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES (1) Son activité inhibitrice vis à vis des protéases humaines du même groupe aspartique est très faible. Les données in vitro montrent que le ritonavir est actif contre toutes les souches de VIH testées (sur lignées cellulaires humaines primaires et transformées). La concentration inhibant 50 % et 90 % de la réplication virale in vitro est respectivement de 0,02 µM et 0,11 µM. Gélule à 100 mg Substances auxiliaires : glycéridespolyglycolisés saturés éthanol polyoxyl 35 huile de ricin triglycérides à chaînes moyennes polysorbate 80 acide citrique 260,00 mg 136,75 mg 120,00 mg 36,00 mg 36,00 mg 30,75 mg Au cours des essais cliniques, l’analyse génotypique des isolats a montré l’émergence d’une mutation initiale en position 82 (V82A/F) sur le génome de la protéase. Le degré de résistance était corrélé à l’accumulation séquentielle de mutations (en position 36, 46, 54, 71 et 84 pour les plus fréquente). Il n’existe pas de résistances croisées avec lers inhibiteurs de la transcriptase réverse. Enveloppe de la gélule : gélatine, polysorbate 80 Conservation : température entre + 4° C et + 8° C (réfrigérateur), durée 12 mois TOXICOLOGIE (1) PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Toxicité aiguë et chronique : cf. RCP Classe chimique NR Tératogénicité Dénomination chimique NR - Aucune malformation liée au traitement n’a été observée chez le rat ou le lapin. Dénomination scientifique 10-hydroxy-2-méthyl-5(1-méthyléthyl)-1-[2-(1méthyléthyl)-4-thiazolyl]3, 6-dioxo-8,11bis(phényl méthyl)-2,4,712 tétraza triécan-13-oic-acide, 5thiazolylmethyl ester, [5S(5R*, 8R*, 10R*, 11R*)] - Chez le rat, résorption précoce - poids fœtal réduit - retard et variation du développement de l’ossification ont été observés à la dose toxique de 75 mg/kg/j. Formule brute - Chez le lapin, résorption - réduction des portées et du poids fœtal se sont produites à la dose toxique de 110 mg/kg/j. PHARMACOCINÉTIQUE (1, 4, 7, 8) C37H48N6O5S2 Après injection d’une dose unique de 400 mg (7) : Formule développée C max : 5,3 ± 1,8 µg/ml (> 300 x EC 50 VIH 1E) H3C CH3 O H3C H3C Masse moléculaire : relative N S H O N N N CH3 H N O OH H O Après administration per os d’une dose unique de 600 mg (1) S N 720,95 Volume apparent distribution 0,41 ± 0,25 l/kg Liaison aux protéines 98 - 99 % (albumine et α-glycoprotéine acide) Métabolisme premier passage hépatique faible par cytochrome hépatique P450 (isoenzymes CYP 3A4 >CYP 2D6) Elimination hépatobiliaire 86 % NR : non renseigné ACTION ANTIVIRALE (6, 7, 9, 11,12) Le ritonavir est un puissant inhibiteur peptidomimétque des protéase aspartyl du VIH-1 et VIH-2, auxquelles il se lie de façon spécifique (VIH-1 : Ki = 15 pM). Dossier 1996, XVII, 2-3 93 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Après administration per os de 2 x 600 mg /jour pendant 3 semaines (4) Biodisponibilié > 90 % T max 3,3 ± 2,2 h C max 11,2 ± 3,6 µg/ml demi-vie 3,2 h clairance apparente 8,9 ± 3,2 l/h Troubles du système cardio-vasculaires Vasodilatations fréquentes. Autres effets indésirables Asthénie (22,3 %), migraine (15,6 %), fièvre occasionnelle, douleur, hyperlipidémie, myalgie, perte de poids. Troubles biochimiques Dans un modèle utilisé par Kempf D (8), le ritonavir modifie l’aire sous la courbe des autres molécules antiprotéases, dont celle du saquinavir (x facteur 29). Élévation des γGT (12 %), augmentation des triglycérides (10 %), des CPK, élévation des transaminases SGPT (6 %) et SGOT (4 %) ont été observés. Amylase élevée, acide urique élevé, potassium faible, glucose élevé, calcium total faible, magnésium élevé, bilirubine totale élevée, phosphatases alcalines élevées sont plus rarement rapportés. ÉTUDES CLINIQUES Monothérapie Cf tableaux pages 95 à 97 Troubles hématologiques Association Leucopénie (16 %) ou hypergranulocytose et augmentation du nombre de polynucléaires neutrophiles, hyperéosinophilie, diminution du taux d’hémoglobine, augmentation du temps de coagulation peuvent survenir. Cf tableaux page 173 et 174 EFFETS INDESIRABLES (décrits au cours des essais cliniques) RENSEIGNEMENTS THERAPEUTIQUES Troubles gastro-intestinaux (1) Nausées (47,5 %), diarrhée (44,9 %), vomissements (23,8 %), douleurs abdominales (11,6 %), altération du goût (11,4 %), dyspepsies fréquentes, anorexie, irritation localisée de la gorge, flatulences occasionnelles, bouche sèche, éructation, ulcération buccale peuvent être observés. Indication ATU Traitement de l’infection par le VIH, de préférence en association à tout autre antirétroviral disponible (faisant l’objet d’une AMM ou d’une ATU), chez des patients ayant plus de 12 ans, ayant moins de 200 lymphocytes CD4/mm3 ou au stade C de la classification CDC 93. Troubles du système nerveux Paresthésie (26,6 %), neuropathie sensitive périphérique (15,4 %), vertiges fréquents, hyperesthésie, somnolence, insomnies occasionnelles, anxiété ont été rapportés. Posologie 1 200 mg/j en 2 prises au cours des repas. Troubles dermatologiques L’initiation ou la reprise du traitement après une interruption se fait selon un schéma progressif : 600 mg/j le 1er jour, 800 mg les 2ème et 3ème jours, 1 000 mg/j le 4ème jour puis 1 200 mg/j à partir du 5ème jour. Érythèmes fréquents, prurits occasionnels, sueur, érythème maculopapulaire. Contre-indications Troubles du système respiratoire - Insuffisance hépatique sévère (taux de prothrombine inférieure à 50 %). Pharyngites occasionnelles, toux accentuée. Dossier 1996, XVII, 2-3 94 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Ritonavir (ABT-538) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A short term study of the safety, pharmacokinetics and efficacy of ritonavir, a HIV-1 protease inhibitor - 1995 (4) Protocole Étude randomisée double aveugle, versus placebo phase I -II 84 patients Inclusion VIH+ Résultats à 4 semaines (n = 76) Critères Ia Ib HIV-1RNA - 0,78* - 0,83* (log) CD4/mm3 + 75** + 135** Ag p24 (%) - 92* - 85* * p < 0,01 / groupes placebo ** p < 0,05 / groupes placebo mm3 CD4 > 50 / (91 - 173 /mm3) Ag p24 + Schéma posologique - Groupe I (n = 39) : Ia : ABT-538* : 300 mg 2 x /j Ib : ABT-538* : 400 mg 2 x /j ou placebo pdt 4 semaines puis ABT-538* : 300 ou 400 mg 2 x /j Âge ≥ 18 ans IIa IIb - 0,97* - 1,13* + 95** + 65** - 100* - 100* Résultats à 32 semaines (n = 51) Critères Ia Ib VIH-1RNA - 0,2 (log) (PCR-RNA n = 17 - 1,94 log) CD4/mm3 * p = 0,01 / grp 500 mg x 2 ** p = 0,03 / grp 500 mg x 2 - Groupe II (n = 45) : IIa : ABT-538* : 500 mg 2 x /j IIb : ABT-538* : 600 mg 2 x /j ou placebo pdt 4 semaines puis ABT-538* : 500 ou 600 mg 2 x / * ABT-538 sirop parfumé à la cerise IIa - 0,2* IIb - 0,81* - 20 - 230** Effets indésirables - nausées, paresthésie buccale, - augmentation des enzymes hépatiques, - augmentation du cholestérol et des triglycérides. Durée 4 semaines, prolongée à 12 semaines Conclusion : dans cet essai à court terme, le ritonavir est efficace et bien toléré avec une efficacité indéniable, notamment à la dose de 2 x 600 mg/jour, les bénéfices cliniques au long cours restent à établir. ABT-538 versus zidovudine versus ABT-538 + zidovudine chez des patients naïfs de traitement antirétroviral - en cours (2) Protocole Étude multicentrique, randomisée, en double aveugle, phase III 225 patients Inclusion VIH+ asymptomatiques Durée de suivi : 13 mois CD4 > 200/mm3 Objectifs - tolérance de l’ABT-538 en monothérapie ou associé à la ZDV. - efficacité sur la charge virale des 2 monothérapies et de l’association. PCR-ARN VIH > 15 000/ml Schéma posologique - ZDV :200 mg 3 fois/j - ABT-538 : 600 mg 2 fois/j - ZDV + ABT-538 (aux mêmes posologies) Naïfs de traitement anti rétroviral Durée essai : 12 mois Dossier 1996, XVII, 2-3 95 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Ritonavir (ABT-538) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A preliminary study of ritonavir, an inhibitor HIV-1 protease to treat HIV-1 infection (10) Protocole Étude multicentrique randomisée comparative double aveugle versus placebo pendant 4 semaines phase I-II 62 patients Schéma posologique - Groupe I (n = 31) 1. ABT-538 * 200 mg 3 x / j 2. ABT-538 * 300 mg 3 x / j 3. Placebo et après 4 semaines ABT-538 1. ou 2. Inclusion VIH+ Patients évalués - semaine 4 : n = 55 - semaine 12 : n = 52 CD4 : 50 - 500/mm3 (moyenne : 150-175) Virémie ≥ 25 000 copies/ml (moyenne : 90 000-117 000) Exclusion Perturbations hépatiques importantes Résultats - 1ère phase : jusqu’à 4 semaines de traitement : . réduction significative de la charge virale plasmatique dans les 4 sous-groupes traités par placebo (p < 0,001), la réduction est maximale à J15 : - 0,86 à - 1,18 log/ml de plasma la réduction est moyenne à 4 semaines : - 0,83 log/ml de plasma . CD4 : augmentation médiane : 74 cellules/mm3 - 2ème phase : jusqu’à 12 semaines de traitement : (8 semaines pour le sous-groupe 3) . réduction maintenue de la charge virale plasmatique, en moyenne pour tous les dosages : - 0,5 log maximale en 2-3 semaines : - 1,7 log en moyenne en 12 semaines : - 1,1 log (analyse par une technique plus sensible dans 1 sous-groupe monocentrique : n = 20) . CD4 : augmentation médiane : 83 cellules/mm3 . parallélisme entre la diminution de la charge virale et l’augmentation des CD4, par ex. 2 patients à charge virale devenue undétectable pendant période prolongée présentant une augmentation forte et maintenue des CD4 - Groupe II (n = 31) 1. ABT-538 * 200 mg 4 x / j 2. ABT-538 * 300 mg 4 x / j 3. Placebo et après 4 semaines ABT-538 1. ou 2. * ABT-538 sous forme de sirop parfumé à la cerise Tolérance - Diarrhée, nausée, céphalée, fatigue - Altération du goût, paresthésie circumorale surtout dans le sous-groupe II 2., paresthésie périphérique - Hypertriglycéridémie - 1 seul cas d’élévation des enzymes hépatiques (dans le sous-groupe II 2.) - Aucune perturbation hématologique Durée totale 12 semaines Conclusion : le ritonavir montre une bonne tolérance et un effet antiviral puissant avec une diminution soutenue de la virémie plasmatique et une élévation substantielle des CD4. Dossier 1996, XVII, 2-3 96 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Ritonavir (ABT-538) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Prolongation of life and prévention of AIDS in advanced HIV immunodeficiency with ritonavir (M94 247) (3) Anti-HIV activity and lymphocyte surrogate marker response dynamics to ritonavir therapy in advanced HIV immunodeficiency (5) Protocole Essai international (Amérique du Nord, Europe, Australie), multicentrique, randomisé, contrôlé versus placebo phase III randomisation : avril à juillet 1995 Inclusion VIH+ Patients évalués En décembre 1995, 1 090 patients randomisés CD4 < 101/mm3 (médian : 18-22 / mm3) Résultats Résultats préliminaires concernant 191 patients présentant des événements cliniques : - décès après 6.1 (0.2 - 7.7) mois de traitement : . Ritonavir : 26 patients (4.8 %) . Placebo : 46 patients (8,4 %) (p = 0,02) - événements SIDA ou décès après 1 mois d’étude . Ritonavir : 69 patients (12,7 %) . Placebo : 149 patients (27,3 %) (p = 0,001) Traitement antérieur ≥ 9 mois (mono ou bithérapie) Traitement antirétroviral concomitant possible Schéma posologique - Ajout de ritonavir au traitement antirétroviral habituel : 1 200 mg/j en 2 prises Tolérance (n = 1 090) . Ritonavir : 90 patients (17 %) . Placebo : 32 patients (6 %) - Nausées (10 %), vomissements (5,7 %), pharyngites), (1,3 %), faiblesse, diarrhées, apparaissant le plus souvent dans les 2 premières semaines - Élévation du taux d’acide urique et des triglycérides - Placebo Durée essai : 16 semaines Suivi des marqueurs - VIH RNA plasmatique (quantitative PCR) 159 patients parmi les 211 premiers patients et présentant ≥ 15 000 copies/ml plasma . moyenne à inclusion dans groupe ritonavir : 5,4 log/ml . diminution sous ritonavir : - 1,3 log à 2 semaines - 0,6 log à 16 semaines, p < 0,001/placebo - Taux de CD4 : 211 premiers patients . moyenne à inclusion dans groupe ritonavir : 31 cellules/mm3 . augmentation sous ritonavir : + 40 cellules/mm3 à 4 semaines + 50 cellules/mm3 à 16 semaines, p < 0,001/placebo - Taux de CD8 : 211 premiers patients . moyenne à inclusion dans groupe ritonavir : 508 cellules/mm3 . augmentation sous ritonavir : + 300 cellules/mm3 à 8 semaines Conclusion : Aux vues de ces résultats préliminaires, chez des patients très immunodéprimés, l’ajout de ritonavir à un traitement antirétroviral par inhibiteur(s) de la transcriptase inverse (mono ou bithérapie) ou à aucun traitement, est bien toléré et a un effet bénéfique significatif tant clinique que sur la charge virale et les lymphocytes T CD4 et CD8. Dossier 1996, XVII, 2-3 97 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA - Allaitement et grossesse. - stéroïdes tels que dexaméthasone, prednisolone, - Femmes en âge de procréer, en l’absence de contraception efficace. - antihistaminiques non sédatifs, loratidine par exemple, - antagonistes des canaux calciques, - Patients traités ou ayant été traités il y a moins de trois semaines, par les médicaments faisant l’objet d’une contreindication d’association (voir interactions médicamenteuses). - antidépresseurs tricycliques tels que désipramine, imipramine, amitriptyline, nortriptyline et autres antidépresseurs tels que fluoxétine, paroxétine, sertraline, - Hypersensibilité connue au ritonavir ou à l’un des autres composants de la gélule. - neuroleptiques tels que halopéridol, rispéridone, thioridazine, - Patients déjà inclus ou éligibles dans une étude clinique contrôlée évaluant un inhibiteur de la protéase du VIH ou un autre traitement antirétroviral. - carbamazépine, warfarine, tolbutamide. 2.2. Éthinyl-estradiol Une réduction de la concentration plasmatique d’éthinylestradiol a été observée, lors de la prise de contraceptifs oraux ; la quantité d’éthinyl-oestradiol prescrite dans ce cadre doit être augmentée. Interactions médicamenteuses (1) 1. Associations contre-indiquées En raison de la grande affinité du ritonavir pour plusieurs isoformes du cytochrome P450, une forte augmentation de la concentration plasmatique des médicaments suivants a été observée ou est probable en cas d’association au ritonavir : 3. Associations nécessitant une précaution d’emploi - Désipramine - Théophylline - Anti-infectieux : rifabutine. 4. Associations à prendre en compte - Analgésiques : dextropropoxyphène, mépéridine, péthidine, piroxicam. Il n’est pas impossible qu’en cas de traitement au ritonavir, il y ait une augmentation des concentrations plasmatiques des médicaments suivants : - Antiallergiques : astémizole, terfénadine. - Antidépresseurs : bupropion. - Médicaments cardiovasculaires : amiodarone, bépridil, encaïnamide, flécaïnide, propafénone, quinidine. - méthadone, - chimiothérapies cytotoxiques. - Modificateurs de la motilité digestive : cisapride. - Neuroleptiques : clozapine. 5. Associations fréquentes dans la thérapeutique de l’infection à VIH - Anxiolytiques et hypnotiques : alprazolam, clorazépate, diazépam, flurazépam, midazolam, triazolam et zolpidem. 5.1. Antirétroviraux analogues nucleosidiques 2. Associations déconseillées La modification des doses d’AZT et de ddI n’est pas nécessaire lors d’une association au ritonavir. 2.1. Certains médicaments sont connus ou suspectés d’être métabolisés par les mêmes isoenzymes du cytochrome p450 ; du fait du potentiel d’élévation significative de leur concentration plasmatique, une évaluation attentive des risques et avantages potentiels doit être réalisée avant l’association du ritonavir et l’un des médicaments suivants : 5.2. Divers Aucune donnée pharmacocinétique n’est encore disponible concernant l’association du ritonavir avec : - les autres antiviraux (sauf AZT et ddI) : foscavir, ganciclovir, cidofovir, - antibiotiques macrolides, notamment clarithromycine, azithromycine, érythromycine, - le thalidomide, - autres inhibiteurs de protéase VIH, en l’absence de données disponibles, - l’isoniazide, - immunodepresseurs tels que ciclosporine, tacrolimus, - le cotimoxazole : la modification des doses de sulfaméthoxazole/triméthoprime n’est pas nécessaire. Dossier 1996, XVII, 2-3 98 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 7 - Kempf DJ, Marsh KC, Denissen JF et al. ABT-538 is a potent inhibitor of human immunodeficiency virus protease and has high oral bioavailability in humans. Proc Natl Acad Sci USA 1995 ; 92 : 2484-2488 1 - Abbott (Laboratoire). Résumé des caractéristiques du produit. Avril 1996. 8 - Kempf DJ, Marsh KC, Denissen JF et al. Coadministration with ritonavir enhances the plasma levels of HIV protease inhibitors by inhibition of cytochrome P450. 3rd Conference on Retroviruses and opportunistic infections - Washington 28 janv - 1er fév 1996 - Abst 143 2 - ARCAT-SIDA. Index des essais thérapeutiques en cours. Août 1995 Paris. 3 - Cameron B, Heath-Chiozzi M, Kravcik S et al. Prolongation of life and prevention of AIDS in advanced HIV immunodeficiency with ritonavir. 3rd Conference on Retroviruses and on Opportunistic infections - Washington 28 janv - 1er fev. 1996 - Abst LB6a. 9 - Korneyeva M, Boucha C, Niu P et al. Phenotypic and genotypic evolution of HIV-1 in AIDS Patients undergoing therapy with the protease inhibitor. 35th ICAAC San Francisco, Sept 1995 P I 175. 4 - Danner SA, Cooper DA, Gudiol F et al. A short-term study of the safety, pharmacokinetics and efficacy of ritonavir, a HIV-1 protease inhibitor. N Engl J Med 1995 ; 333 : 1528-33. 10 - Markowitz MM, Hongmei M, Kempf DJ et al. Selection and analysis of Human Immunodeficiency virus type 1 variants with increased resistance to ABT-538, a novel protease inhibitor. J Virol 1995 ; 69 : 701-6. 5 - Heath-Chiozzi M, Leonard J, Henry D et al. Anti-HIV activity and lymphocyte surrogate marker response dynamics to ritonavir therapy in advanced HIV immunodeficiency. 3rd Conference on Retroviruses and on Opportunistic infections. Washington 28 janv - 1er fev. 1996 - Abst LB6b. 11 - Mathez D et al. Ritonavir, AZT, DDC as a triple combination in AIDS-patients (« Stalingrad »). 3rd Conf. on retroviruses and opportunistic infections - Abt 285 Washington - janv. 1996. 12 - Wei X, Ghosh SK, Taylor ME et al. Viral dynamics in human immunodeficiency virus type 1 infection. Nature 1995 ; 373 : 117-22. 6 - Ho DD, Neumann AU, Perelson AS et al. Rapid turnover of plasma virions and CD4 lympocytes in HIV-1 infection. Nature 1995 ; 373 : 123-6. Dossier 1996, XVII, 2-3 99 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Saquinavir DCI Saquinavir Sigle NR Nom déposé INVIRASE® Code d’expérimentation Ro-31-8959 Laboratoire Roche Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur peptidomimétique de protéase ATC NR CIM 10 NR Renseignements administratifs ATU de type cohorte (déc. 1995) n° 589 081.4 NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé Le saquinavir est un inhibiteur peptidomimétique de protéase du VIH-1 et VIH-2, possédant une ATU de type cohorte. Il est présenté sous forme de gélule à 200 mg. L’activité antivirale est à la fois compétitive et réversible. Elle est hautement spécifique. Les associations de saquinavir et de zidovudine ou de zalcitabine testées in vitro montrent une efficacité plus qu’additive contre le VIH-1 et la triple association est synergique avec un index thérapeutique important. La survenue de résistance est précoce. Il existe peu de résistance croisée entre le saquinavir d’une part et l’indinavir ou le ritonavir d’autre part ; les souches saquinavir-résistantes peuvent devenir sensibles au ritonavir et à l’indinavir. L’indication ATU est le traitement de l’infection par le VIH, de préférence en association à un nucléoside, chez des patients de plus de 13 ans, ayant moins de 300 lymphocytes CD4 par mm3, traités préalablement par un antirétroviral, ce traitement ne pouvant être poursuivi en raison : soit d’une contre-indication, soit d’une intolérance, soit d’une aggravation significative de l’infection par le VIH. La posologie est 1 800 mg/j, soit 3 gélules 3 fois/j à prendre dans les 2 heures qui suivent un repas. Dossier 1996, XVII, 2-3 100 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES (17) ACTION ANTIVIRALE (4, 5, 7, 8, 11, 12, 13, 15, 16, 21) Gélule à 200 mg, sous forme de mesylate de saquinavir Flacon en verre de 270 gélules. Substances auxilliaires : lactose anhydre, cellulose microcristalline, polyvidone K30, glycolate d’amidon sodique, talc, stéarate de magnésium Enveloppe de la gélule : gélatine, oxydes de fer noir, rouge et jaune (E 172), de bleu FDxC (E132) et de dioxyde de titane (E171) NR Dénomination chimique dipyridodiazépinone Dénomination scientifique Une exposition de longue durée (80-87 jours) de cellules MT-4 au saquinavir (100 nM/l/j) peut conduire in vitro à la disparition du virus VIH jusqu’à 35 jours après l’incubation (15). N-tert-Butyl-décahydro2[2(R)- hydroxy-4-phé nyl-3(S)-[[N-(2-quinolyl carbonyl)-L-asparaginyl] amino] butyl] (4aS,8aS)-isoquinoline3(S)-carboxamide méthanesulfonate Les associations de saquinavir et zidovudine ou de zalcitabine testées in vitro montrent une efficacité plus qu’additive contre le VIH-1 et la triple association est synergique avec un index thérapeutique important (5). N1-[1(S)-Benzyl-3-[4a(S), 8a(S),3(S)-(tert-butylcarbamoyl)décahydroisoquinolin-2-yl]-2(R)-hydroxypropyl]N2-(quinolin-2-yl carbonyl)-L-asparaginamide méthanesulfonate Formule brute C38H50N6O5 Formule développée H O H N CH3 CH3 CH3 O N N N O H O Masse moléculaire relative Dossier 1996, XVII, 2-3 NH2 N OH H 766,96 H Il est également actif dans des cellules infectées de manière chronique. L’activité antivirale est à la fois compétitive et réversible. Elle est hautement spécifique : l’inhibition des protéases humaines du même groupe aspartique (rénine, pepsine, gastrine, cathepsines...) ou de molécules telles que sérine, cystéine, enzymes métalliques ne survient qu’à des doses 1000 fois supérieures. Le moment d’adjonction de l’inhibiteur peut être retardé de 22 heures sans perte significative de l’activité, ce qui est en faveur d’un mode d’action tardif dans le cycle de réplication du VIH-1. PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Classe chimique In vitro, le saquinavir est un très puissant inhibiteur de protéase des VIH-1, VIH-2 (Ki 0,12 nM et 0,10 nM respectivement ; CI50 : 2 - 7 nM dans la plupart des études sur des lignées cellulaires infectées de manière aiguë par le VIH-1), VIS et plusieurs souches de VIH-1 résistantes à AZT. In vitro, une mutation apparaît essentiellement sur le codon 48 (G48V) suivie d’une mutation sur le codon (L90M) de la protéase. In vivo, sont également observées les mutations 48 et 90, cette dernière étant ici la principale et les doubles mutations étant exceptionnelles. D’autres codons (16, 17, 36, 46, 71) peuvent être touchés par ailleurs. Une étude récente (11) a montré que la survenue de résistance est précoce : 23 % de souches résistantes sont observées après 4 mois de saquinavir (600 mg/j) en monothérapie et 63 % après 7 mois. Une association à la zidovudine retarde l’apparition de ces résistances : aucune souche résistante n’est observée à 4 mois et 53 % à 8-12 mois de traitement. Selon une analyse des génotypes de souches prélevées lors de 3 études cliniques de phase II (8), des taux importants de RNA plasmatique ou des taux faibles de CD4 à l’inclusion ne sont pas prédictifs de l’apparition d’une résistance génotypique. Il existe peu de résistance croisée entre le saquinavir d’une part et l’indinavir ou le ritonavir d’autre part ; les souches saquinavir- résistantes peuvent devenir sensibles au ritonavir et à l’indinavir. 101 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PHARMACOCINÉTIQUE (20, 18, 13) - soit d’une intolérance, - soit d’une aggravation significative de l’infection par le VIH. Voie IV C max 87,4 ng/ml Volume de distribution 703 l, suggérant une fixa tion tissulaire importante Clairance plasmatique 98,8 l/h Demi-vie 13,2 h Elimination hépatique et extra-hépatique Posologie 1 800 mg/j soit 3 gélules 3 fois/j, à prendre dans les 2 heures qui suivent un repas. Effets indésirables - Diarrhée, gêne abdominale, nausées. - Éruption cutanée. - Douleurs musculo-squelettiques, myalgies. - Céphalées, engourdissement des extrémités. - Pharyngite. - Asthénie. Voie per os (suspension ou capsules) Absorption - suspension : 40 min en moyenne - capsules : 3 à 4 h C max 65,6 ng/ml Contre-indications Biodisponibilité absolue : 4%, due à une faible absorption et un 1er passage hépatique important fortement améliorée (18 fois) par la prise du médicament après un repas (dans un intervalle de 2 h). ÉTUDES CLINIQUES - Diarrhée chronique significative et/ou signe de malabsorption. - Insuffisance hépatique sévère (Prothrombine < 50 %). - Allaitement ou grossesse, ou absence de contraception efficace chez les femmes en âge de procréer. - Âge < 13 ans. - Hypersensibilité connue au saquinavir ou aux composants de la gélule. - Patients avec troubles hématologiques de grade III. - Patients avec troubles non-hématologiques de grade III. Monothérapie Interactions médicamenteuses Cf tableaux pages 103 à 105 1. Associations déconseillées Association Cf tableaux pages 175 à177 1.1. Rifampicine Diminution de 80 % des concentrations plasmatiques de saquinavir. RENSEIGNEMENTS THERAPEUTIQUES (17) 1.2. Autres inhibiteurs de la protéase, en l’absence de données disponibles Indication ATU Traitement de l’infection par le VIH, de préférence en association à un nucléoside, chez des patients de plus de 13 ans, ayant moins de 300 lymphocytes CD4 par mm3, traités préalablement par un antirétroviral, ce traitement ne pouvant être poursuivi en raison : - soit d’une contre-indication, Dossier 1996, XVII, 2-3 Remarque : une interaction métabolique avec le ritonavir a été rapportée ; dans un modèle développé par Kempf D (9), une augmentation spectaculaire de l’aire sous la courbe (x facteur 29) du saquinavir est observée en présence de ritonavir. 102 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Saquinavir (RO 31-8959) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Tolerability and pharmacokinetics of single oral doses of Ro 31-8959, an HIV proteinase inhibitor - 1992 (20) Protocole Étude en double aveugle, randomisée (6/4) versus placebo, phase I 60 patients Inclusion Volontaires sains hommes Âge : 18 - 45 ans Tolérance - vertige : 8 patients dont 4 sous placebo - syncope vasovagale : 2 patients (à 1 200 et 1 800 mg) - autres effets : céphalées, nausées, gène abdominale, diarrhée, glycosurie et leucocytose, effets peu fréquents, modérés et non liés à la dose Schéma posologique Dose unique Escalade de dose : 25, 75, 200, 600, 1200, 1800 mg (suspension orale) Safety and activity of saquinavir in HIV infection - 1995 - étude 013328) (10) Protocole Étude en double aveugle, randomisée, phase I-II 49 patients Inclusion VIH+ asymptomatiques ou paucisymptomatiques 44 patients évalués Résultats La posologie 600 mg 3 x /j est la plus efficace. - CD4 : l’augmentation est dose-dépendant et liée aux concentrations plasmatiques mesurées - Ag p24 : n = 3 (non détectable chez 1 patient à 600 mg x 3 /j) - DNA-PCR et RNA-PCR : diminution de la charge virale plus importante à 600 mg x 3 /j CD4 ≤ 500/mm3 Schéma posologique Escalade de dose : 25, 75, 200, 600 mg 3 fois par jour Pas de traitement antiviral antérieur Durée 16 semaines Dossier 1996, XVII, 2-3 Tolérance : aucun effet indésirable sérieux 103 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Saquinavir (RO 31-8959) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Efficacité et tolérance du saquinavir en monothérapie ou en association avec ZVD versus ZVD - 1993 (1) Protocole Étude contrôlée, double aveugle, groupes parallèles, phase I - II 92 patients (62 hommes) Inclusion VIH+ Résultats - CD4 : . augmentation du taux de CD4 dans tous groupes . bithérapie > monothérapie (effet maximal avec l’association saquinavir à 200 ou 600 mg + ZDV) - Virémie plasmatique, RNA polymérase : meilleurs résultats avec l’association saquinavir à 600 mg + ZDV CD4 ≤ 300/mm3 Schéma posologique 5 groupes : - Groupe 1 : saquinavir : 600 mg x 3 /j - Groupes 2 à 4 : saquinavir : 75 mg x 3 /j ou 200 mg x 3 /j ou 600 mg x 3 /j + ZDV : 200 mg x 3 /j - Groupe 5 : + ZDV : 200 mg x 3 /j Tolérance : bonne Durée 16 semaines Pharmacocinétique, tolérance et activité antivirale de différents dosages de Ro 31-8959- (ANRS 014) (1, 6) Protocole Étude bicentrique double aveugle randomisée phase I - II 61 patients Inclusion VIH+ asymptomatiques ou symptomatiques 50/mm3<CD4<250/mm3 Ag p24+ Schéma posologique 75, 200, 600 mg 3 foi /j Critères d’évaluation - Augmentation CD4 et CD8 - Réduction de l’Ag p 24 - ß2 microglobuline - Néoptérine - Virémies plasmatique et cellulaire - PCR ADN quantitative - Résistance in vitro n= 38 Prétraitement par la ZDV Résultats - Effet dose - dépendant : meilleure réponse à 600 mg x /j - Activité antirétrovirale : non interprétable Durée 16 semaines Tolérance : bonne Dossier 1996, XVII, 2-3 104 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Saquinavir (RO 31-8959) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats The effect of high dose-saquinavir on viral load and CD4+ T-cell counts in HIV-infected patients (19) Protocole Étude en ouvert phase I - II 40 patients Inclusion VIH+ 200 < CD4 < Résultats 500/mm3 - RNA-VIH plasmatique (copies/ml) . diminution maximale/J0 . taux à S24/J0 Schéma posologique - Groupe 1 : 3 600 mg /j en 6 prises - Groupe 2 : 7 200 mg /j en 6 prises - CD4 . augmentation maximale/J0 . taux à S24/J0 Durée 24 semaines Groupe 1 Groupe 2 - 1,06 log - 1,34 log - 0,48 log (p < 0,001) - 0,85 log (p < 0,001) + 72 + 121 + 31 (NS) + 82 (p = 0,002) - Efficacité : groupe 2 > groupe 1 . réduction RNA-VIH plasmatique : p = 0,08 . réduction PBMC : p = 0,08 . progression du taux de CD4 : p = 0,002 Tolérance : modérées et réversibles et plus fréquents dans le groupe 2 - troubles digestifs - augmentation des transaminases Résistance au saquinavir : apparition de mutation - groupe 1 : 9 patients - groupe 2 : 4 patients Conclusion La dose la plus forte à 7200 mg/j produit, en monothérapie, des effets sur la charge virale et le taux de lymphocytes CD4 plus importants et plus durables que la dose à 3600 mg/j. Dossier 1996, XVII, 2-3 105 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 2. Précautions d’emploi 2.1. Inducteurs enzymatiques : rifabutine, phénytoïne, carbamazépine : diminution des concentrations plasmatiques de saquinavir. 9 - Kempf D, Marsh K, Denissen J et al. Coadministration with ritonavir enhances the plasma levels of HIV protease inhibitors by inhibition of cytochrome P450. 3rd Conference on Retroviruses and opportunistic infections Washington 28 janv - 1er fév 1996, Abstt 143 2.2. Kétoconazole (et autres azolés) : augmentation des concentrations plasmatiques de saquinavir. 10 - Kitchen VS, Skinner C, Ariyoschi K et al. Safety and activity of saquinavir in HIV infection. Lancet 1995 ; 345 : 952-5. 2.3. Jus de pamplemousse : la prise concomitante de jus de pamplemousse peut entraîner une augmentations des concentrations plasmatiques de saquinavir d’un facteur 2. 11 - Lange J. Effets de l’association de l’AZT sur la sensibilité du saquinavir. 2 nd Nat Conf Human Retroviruses and related infections. Washington DC 29 janv-2 fév 1995 Lett Infect 1995 ; 10 : 269. 12 - Martin JA. Ro 31-8959. Drugs Fut 1991 ; 16 : 210-2. 13 - Martin JA. Saquinavir mesylate - Ro 31-8959. Drugs Fut 1995 ; 20 : 321-5. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - ARCAT-SIDA (Association de Recherche, de Communication et d’Action pour le traitement du Sida). Répertoire des essais thérapeutiques en France 1993 (2ème édition) Paris. 2 - ARCAT-SIDA (Association de Recherche, de Communication et d’Action pour le traitement du Sida). Répertoire des essais thérapeutiques en France 1995 (3ème édition) Paris. 3 - Collier AC, Coombs RW, Schoenfeld DA et al. Extended treatment with saquinavir (SAQ), Zidovudine (ZDV) and Zalcitabine (ddC) vs SAQ and ZDV vs ddC and ZDV. 35 th ICAAC, San Francisco (USA), Sept 1995 - P I173. 4 - Craig JC, Duncan IB, Hockley D et al. Antiviral properties of Ro 31-8959, an inhibitor of human immunodeficiency virus proteinase. Antiviral Research 1991 ; 16 : 295 - 305. 5 - Craig JC, Whitakker L, Duncan IB et al. In vitro antiHIV and cytotoxicological evaluation of the triple combination : AZT and ddC with HIV proteinase inhibitor saquinavir (Ro 31-8959) vs ddC and ZDV. Antivir Chem Chemother 1994 ; 5 : 380-6. 6 - Delfraissy JF, Sereni D, Brun-Vezinet F et al. A phase I - II dose ranging study of the safety and activity of Ro 318959 (HIV-Proteinase Inhibitor) in previously Zidovudine (ZDV) treated HIV-infected individuals. IX th Int. Conf. on AIDS, Berlin juin 1993 - WS-B26-3. 7 - Galpin S, Roberts NA, O’Connor T et al. Antiviral properties of the HIV-1 proteinase inhibitor Ro 31-8959. Antivir Chem Chemother 1994 ; 5 : 43-45 8 - Jacobsen H, Haenggi M, Ott M et al. Resistance to saquinavir : update of the genotype analysis of phase II trials. 35 th ICAAC, San Francisco, Septembre 1995 - P I174. Dossier 1996, XVII, 2-3 14 - Muirhead GJ, Shaw T, Williams P.E.O et al. Pharmacokinetics of the HIV-proteinase inhibitor, Ro 318959, after single and multiple oral doses in healthy volunteers. Br J Clin Pharmacol 1992 ; 34 : 170P-171P. 15 - Nitschko H, Lindhofer H, Schaetzl H et al. Long-term treatment of HIV-infected MT-4 cells in culture with HIV proteinase inhibitor Ro 31-8959 leads to complete cure of infection. Antivir Chem Chemother 1994 ; 5 : 236-42. 16 - Roberts NA, Redshaw S. Discovery and development of the HIV proteinase inhibitor Ro 31-8959. In : The Search for antiviral drugs. Edited by Adams J., Mertuzzi V. J. Boston : Birkhauser ; 1993 pp 129-51. 17 - Roche (Laboratoire). Résumé des caractéristiques du Produit INVIRASE, Janvier 1996. 18 - Saag MS. Safety, tolerance and antiviral efficacy of the HIV proteinase inhibitor, saquinavir, in combination with 1 or 2 nucleosides, AZT and ddC. IInd Cong Int. sur traitements dans Infection à VIH. Glasgow novembre 1994. Lett Infect 1994. 19 - Shapiro JM, Winters MA, Stewart F et al. The effect of high dose-saquinavir on viral load and CD4+ T-cell counts in HIV-infected patients. Ann Intern Med 1996 ; 124 : 1039-50.. 20 - Shaw TM, Muirhead GJ, Parish N et al. Tolerability and pharmacokinetics of single oral doses of Ro 31-8959, an HIV proteinase inhibitor. Br J Clin Pharmacol 1992 ; 34 : 166P-7P. 21 - Vella S. Update on a proteinase inhibitor. AIDS 1994 ; 8 (Suppl 3) : S25-S29. 22 - Williams PEO, Muirhead GJ, Madigan MJ et al. Disposition and bioavailability of the HIV-proteinase inhibitor Ro 31-8959, after single dose in healthy volunteers. Br J Clin Pharmacol 1992 ; 34 : 155P-156P. 106 Évaluation thérapeutique Dossier 1996, XVII, 2-3 Antirétroviraux dans le SIDA Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Stavudine DCI Stavudine Sigle d4T Autre dénomination 2’,3’ didéhydro - 3’ - déoxythymidine Nom déposé ZERIT® Code d’expérimentation BMY -27 857 Laboratoire Bristol-Myers-Squibb Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur de la transcriptase inverse, Analogue nucléosidique (thymidine) ATC NR CIM 10 NR Renseignements administratifs ATU de type cohorte (juillet 1995) 15 mg : n° 589 064.2 - 20 mg : n°589 063.6 30 mg : n° 589 069.4 - 40 mg : n° 589 070.2 NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3615 CNIMH Résumé La stavudine est un analogue nucléosidique (thymidine, inhibiteur de la transcriptase inverse des virus VIH-1 et VIH-2, possédant une ATU de cohorte. Elle est présentée sous forme de gélules à 5, 15, 20, 30 et 40 mg. Elle exerce une inhibition sélective et puissante de la transcriptase inverse à des concentrations comparables mais le plus souvent supérieures à celles de la zidovudine. Elle est également active contre des souches de virus VIH-1 résistantes à la zidovudine. L’indicationsATU est le traitement des patients adultes présentant une infection sévère par VIH, intolérants ou ne répondant pas à la zidovudine ou aux autres antirétroviraux, ou pour lesquels ces traitements sont contre-indiqués. La posologie ATU est de 1 mg/kg/jour par voie orale en 2 prises espacées de 12 heures. Dossier 1996, XVII, 2-3 107 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES Gélules à 5, 15, 20, 30 et 40 mg Conservation : entre 15° et 30° C, à l’abri de l’humidité Substances auxiliaires : cellulose microcristalline, carboxyméthylamidon sodique, lactose, stéarate de magnésium In vitro, la zidovudine inhibe la phosphorylation cellulaire de la stavudine ; l’inverse n’est pas vrai ; ce point est à prendre en compte lors de la conception d’une association zidovudine-stavudine. PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Classe chimique Nucléoside -Polypeptide Dénomination chimique 2’,3’-didéhydro-3’-déoxy thymidine ou 3’-déoxy-2’-thymidinène Dénomination scientifique 1 - (2,3 - didéoxy - ß - D glycéro - pent - 2 -enofura nosyl)-thymine ou 2’,3’-didéoxythymidin - 2’ -ène Formule brute C10H12N2O4 La stavudine montre une affinité certaine pour les DNApolymérases β et γ humaines avec un pouvoir inhibiteur supérieur à celui de la zidovudine. Il a été observé, principalement in vitro en culture de virus, une mutation virale au codon 75 (Valine → Tyrosine) de la transcriptase inverse ; in vivo, cette mutation a été très peu décrite (17). TOXICOLOGIE (18, 11, 26) O Formule développée H3C HOH2 C O H Masse moléculaire relative Le rapport des concentrations intracellulaires du dérivé triphosphaté actif et de la molécule-mère est plus élevé dans les cellules engagées dans le cycle cellulaire que dans les cellules au repos, la d4T montrant ainsi un profil semblable à la zidovudine alors que pour les nucléosides didanosine, zalcitabine et lamivudine, il est observé une situation inverse. Tératogénicité, embryotoxicité ou toxicité foetale NH N Aucune altération de la fertilité n’a été notée chez l’animal. O H 224,22 ACTION ANTIVIRALE (3, 16, 4, 12, 18, 19, 11, Aucune tératogénicité, embryotoxicité ou toxicité foetale ne sont apparues chez le rat et le lapin à doses respectives de 1 000 et 600 mg/kg/j, à l’exception d’une augmentation de la fréquence d’ossification incomplète du sternum et d’un accroissement de la mortalité néonatale précoce chez le rat à une dose de 1 000 mg/kg/j. 25, 9, 17, 24, 14, 30) Mutagénicité In vitro, la stavudine exerce une inhibition sélective et puissante de la transcriptase inverse des virus VIH-1 et VIH-2 à des concentrations comparables (CI50 respectivement de 0,01 et 0,006 µM (3)) mais le plus souvent supérieures à celles de la zidovudine. Elle est également active contre des souches de virus VIH1 résistantes à la zidovudine. Par contre, elle est sans action significative contre le virus de l’hépatite B et n’a pas de pouvoir antibactérien. Pénétrant dans la cellule virale par diffusion, la stavudine est phosphorylée par 3 fois, principalement par la thymidine kinase, et transformée en d4T-TP, molécule active sur la transcriptase inverse ; au cours de cette cinétique intracellulaire, il n’y a pas d’accumulation du dérivé monophosphate, comme dans le cas de la zidovudine. Dossier 1996, XVII, 2-3 Aucun effet mutagène n’a été observé avec les tests classiques ; toutefois une augmentation de la fréquence d’aberrations chromosomiques dans des lymphocytes humains et des fibroblastes de souris est décrite, effets observés également avec le nucléoside naturel, la thymidine. Cytotoxicité médullaire in vitro Des études sur cellules médullaires humaines ou murines, progénitrices des lignées granulocytaire et monocytaire ont montré que la toxicité de la stavudine est moindre que celle de la zidovudine. 108 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA PHARMACOCINÉTIQUE (7, 5, 28, 27, 8, 13, 15) RENSEIGNEMENTS THÉRAPEUTIQUES (6, information Bristol-Myers Squibb) Chez l’adulte Indication ATU Absorption orale rapide (T max : 1 h) C max à l’équilibre 500 - 700 ng/ml (pour une dose de 0,66 mg/kg/8 h) Liaison aux protéines 34 - 38 % Biodisponibilité 82% Volume de distribution 0,5 l/kg Diffusion dans le LCR 2 cas rapportés (7) Demi-vie élimination plasmatique 1 à 1,6 h le dérivé triphosphaté a une demi-vie intracellulaire longue de 3 à 3,5h Traitement des patients adultes présentant une infection sévère par VIH, intolérants ou ne répondant pas à la zidovudine ou aux autres antirétroviraux, ou pour lesquels ces traitements sont contre-indiqués. Posologie - 1 mg/kg/jour par voie orale en 2 prises espacées de 12 heures, - doses initiales recommandées en fonction du poids : . 40 mg 2 fois/j si ≥ 60 kg, Métabolisme hépatique, mal connu . 30 mg 2 fois/j si < 60 kg. Élimination en partie par voie rénale dont au moins 40 % sous forme inchangée, ce qui doit faire envisager un ajustement de posologie en cas d’insuffisance rénale. En cas d’insuffisance rénale, adaptation de la posologie en fonction de la clairance à la créatinine : Il n'y a pas de modification significative observée lors d’une association 100 mg de didanosine + 40 mg de stavudine( C max, demi-vie, clairance rénale). Chez l’enfant (15) T max 0,5 h C max 437 ng/ml (1 mg/kg/j) Demi-vie : 1,11 h Clairance totale 256 ml/min/m2 Diffusion dans le LCR 16 à 97 % des taux plasmatiques concomitants - 50 ≥ clairance > 26 ml/min : 0,5 mg/kg/24 h, - 25 ≥ clairance > 10 ml/min : 0,25 mg/kg/24 h. Effets indésirables - Neuropathie périphérique sensitive, réversible habituellement à l’arrêt du traitement (effet dose-dépendant ( > 2mg/kg/j)) : 15 à 21 % - Troubles neuropsychiques : céphalée, excitabilité, insomnie, anxiété, dépression, convulsions - Nausées et/ou vomissements, douleurs abdominales, diarrhée - Toux et dyspnée, douleurs thoraciques - Pancréatite : 1% - Troubles hématologiques modérés : leucopénie, anémie, thrombocytopénie - Éruption cutanée ÉTUDE CLINIQUES Perturbations des paramètres biologiques Elévation des transaminases hépatiques, amylase, CPK et LDH Monothérapie Contre-indications Cf tableaux pages 110 à 115 - Hypersensibilité à la stavudine ou à l’un des composants - Grossesse, allaitement - Enfant Dossier 1996, XVII, 2-3 109 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Stavudine (d4T) ( 2', 3' - didéhydro - 2', 3' - didéoxythymidine) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats 1) Design and implementation of the stavudine Paralleltrack program : evaluation of safety and efficacy of 2 weight-adjusted dose levels of stavudine in patients with advanced HIV infection - 1995 (1) Protocole Étude randomisée, en double aveugle Phase III 10438 patients Schéma posologique Stavudine per os, 2 prises/j - Dose 1 . ≥ 60 kg : 40 mg/j . 40-59 kg : 30 mg/j . < 40 kg : 20 mg/j Inclusion VIH+ stade avancé Suivi : Octobre 1992 - Février 1994 Résultats Survie : résultat équivalent dans les 2 groupes : 79 % Patients intolérants à la ZDV et à la ddI ou aggravés sous ZDV et sous ddI Tolérance Neuropathie : fréquence supérieure pour la dose 2 (21 %) que pour la dose 1 (15 %) - Dose 2 . ≥ 60 kg : 80 mg/j . 40-59 kg : 60 mg/j . < 40 kg : 40 mg/j 2) Comparison of safety and efficacy of two doses of stavudine (ZERIT, d4T) in a large simple trial in the US Parallel Track Program (10) Résultat Survie : avantage pour le dose 2 (p = 0,03) Idem Idem 12 551 patients dont 11 784 avec CD4 moyen = 44/mm3 et durée moyenne traitement = 22 semaines Tolérance Neuropathie : nécessitant adaptation posologie fréquence supérieure pour la dose 2 (23 %) que pour la dose 1 (17 %) (p < 0,0001) liée à neuropathie antérieure (p < 0,0001) et à faible taux de CD4 (p < 0,0001) Arrêt de traitement Dose 1 : 13 % Dose 2 : 11 % Conclusion La dose de 40 mg 2 fois/j doit être préférée en traitement initial en raison de sa meilleure efficacité clinique, avec une réduction de posologie lors de l’apparition de neuropathie, qui est un effet indésirable dose-dépendant. Dossier 1996, XVII, 2-3 110 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Stavudine (d4T) ( 2', 3' - didéhydro - 2', 3' - didéoxythymidine) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Safety of stavudine in AZT (ZVD) -intolerant subjects - 1995 (29) Protocole Étude en ouvert Phase I 23 patients Schéma posologique 0,5 ou 1 mg/kg/ en 2 prises per os Durée du traitement : - 70 % patients : 26 semaines - 39 % patients : 52semaines - 9 % patients : > 2 ans Inclusion SIDA : 9 - ARC : 14 Tolérance - Neuropathie périphérique : principal effet indésirable ayant nécessité un arrêt traitement chez 2 patients CD4 ≤ 8 - 426/mm3 (moyenne : 55) 500/mm3 Intolérance à la ZDV caractérisée par : - une diminution du taux d’hémoglobine : n = 20 2g/dl(taux résultant ≤ 9g/dl) - une diminution du nombre de neutrophiles : n = 8 ≥ 200/mm3 (taux résultant ≤ 750/mm3) - Hématologie : . pas de toxicité hématologique dose-dépendante . patients anémiés sous ZDV : anémie sévère récurrente : 4/20 anémie nécessitant une transfusion sanguine, sans réduction de dose ni interruption de traitement : 9/20 . patients montrant une neutropénie sous ZDV : neutropénie sévère récurrente sans interruption de traitement : 1/8 Conclusion : La survenue de neuropathie périphérique représente la toxicité dose-limitante et est liée à la dose de stavudine ainsi qu’à la durée du traitement. d4T in patients with AIDS or ARC : A phase I trial (Brown University Aids Program) - 1993 (5) Protocole Étude en ouvert Phase I 41 patients Schéma posologique - Phase 1 : n = 20 escalade de dose : 2, 4, 8, 12 mg/kg/j per os en 3 prises/j - Phase 2 : n = 16 recherche de la dose minimale efficace 4, 2, 1, 0.5mg/kg/j per os en 2 prises/j Durée de 4 à 71 semaines (moyenne : 24 semaines) Inclusion SIDA : 12 ARC : 29 (stades CDC IV A ou IV C 2) Patients évaluables n = 36 (10 SIDA ; 26 ARC) CD4 < 400/mm3 15 à 570/mm3 (moyenne : 192 ± 25/mm3) Ag p24 : 22 détectables 15 à 630 pg/ml (moyenne : 234 pg/ml) Résultats - CD4 à la 24ème semaine : . augmentation > 50/mm3 : 56 % des patients . augmentation > 100/mm3 : 44 % des patients - Ag p 24 : . disparition à 4ème semaine : 37 % des patients . disparition à 12ème semaine : 59 % des patients . diminution du taux à la 24ème semaine chez 7 patients . augmentation persistante du taux chez 1 patient - Amélioration clinique à la 6ème semaine : gain de poids > 2 kg chez 62 % des patients Tolérance - dose maximale tolérée (MTD) : 2mg/kg/j - neuropathie périphérique : 55 % toxicité limitante corrélée à la dose et au rythme d'administration : toxicité plus fréquente et d’apparition plus rapide aux doses > 1 mg/kg/j et au rythme de 2 prises/j - hépatotoxicité asymptomatique : 11% - anémie nécessitant une transfusion sans arrêt de traitement : 14 % Patients antérieurement traités par la zidovudine, sans intolérance : 47 % Patients jamais traités par la zidovudine : 53 % Conclusion : étude importante pour les données précoces rapportées, qui devront toutefois être confirmées, eu égard au petit nombre de patients inclus. Dossier 1996, XVII, 2-3 111 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Stavudine (d4T) ( 2', 3' - didéhydro - 2', 3' - didéoxythymidine) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Stavudine in patients with AIDS and ARC : ACTG 089 - 1995 (21) Protocole Étude en ouvert Phase I 41 patients : - dont 38 hommes - dont 36 blancs, 4 noirs et 1 « hispanique » - dont 32 homosexuels, 5 toxicomanes, 1 homosexuel/toxicomane, 3 sujets à haut risque sexuel - dont 29 précédemment traités à la ZDV (5 > 6 mois) dont 15 intolérants à AZT (raison non hématologique) Schéma posologique ÀJ: perfusion IV d’1 h du 1/4 de la dose orale utilisée ensuite Inclusion des patients selon un schéma d’escalade de dose, chaque progression de niveau de dose se faisant après 3 semaines de traitement au niveau inférieur sans effet indésirable significatif chez 3 patients sur 5 (4 doses) : 2, 4, 8 et 12 mg/kg/j en 4 prises/j per os Inclusion - SIDA : 3 - ARC : 32 (stades CDC IV-A ou IV-C2) Patients évaluables : n = 40 Résultats - CD4 ≤ 500/mm3 (17 patients ≤100/mm3) - Ag P24 + : n = 18 (moyenne : 366,5 pg/ml) - Indice de Karnovsky > 70 % (37 ≥ 90 % , 4 : 70 à 80 %) Exclusion - Intolérance hématologique à la zidovudine - Traitement antirétroviral durant le mois précédent - Traitement cytotoxique durant les 3 mois précédents - Antécédent de convulsions - Neuropathie périphérique de grade II Après observation d’une toxicité dose-limitante, l’inclusion des patients se fait selon un schéma de désescalade (4 doses) : 4, 2, 1, 0,5mg/kg/j en 2 prises/j per os - CD4 . semaine 10 : augmentation de 10 % (n = 24) . réponse non-dépendante du taux initial, du stade de la maladie et d’un traitement préalable à la ZDV . effet dose-dépendant apparent entre groupes de posologie ≤ et > 2mg/kg/j (NS) - Ag p24 . réduction chez 15/18 patients (83 %) . réduction très significative (p = 0,0008) . moyenne = 96,4 pg/ml à 30 semaines . maintien d’un taux inférieur à la moyenne initiale pdt 1 an au moins - Poids Gain de poids ≥ 2,5 kg chez 40 % des patients à 10 semaines Tolérance - Neuropathie périphérique sensitive . principale toxicité dose-limitante . apparue chez 22 patients dont 8 des 9 patients avec antécédent de neuropathie et paresthésies à l’inclusion (p = 0,03) . fréquence plus élevée et délai plus court aux doses de 4 - 8 mg/kg/j, dans un délai de 1 à 66 semaines de traitement, . pas d’influence du rythme d’administration (2 ou 4 prises/j), - Autres effets indésirables : . pneumonie (6), . céphalée (5), . nausées/vomissements (5), . diarrhée (3), . anorexie (3), . douleur thoracique (3), . dépression (3), . dyspnée (3). Conclusion : étude importante pour les données précoces rapportées, qui devront toutefois être confirmées, eu égard au petit nombre de patients inclus. Dossier 1996, XVII, 2-3 112 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Stavudine (d4T) ( 2', 3' - didéhydro - 2', 3' - didéoxythymidine) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Dose-related activity of stavudine in patients infected with HIV - 1995 (23) Protocole Étude en ouvert, multicentrique, randomisée, Phase II n = 152 Schéma posologique - Groupe 1 (n = 51) 0,1 mg/kg/j - Groupe 2 (n = 53) 0,5 mg/kg/j - Groupe 3 (n = 48) 2 mg/kg/ Durée de traitement : 10 semaines avec possibilité d’extension à une dose supérieure et avec un suivi de tolérance à long terme Inclusion - ARC : 105 - SIDA : 32 - Asymptomatiques : 15 Patients évaluables : n = 149 CD4 ≤ 500/mm3 2-596/mm3 (moy : 250/mm3) Critères Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 d’efficacité (n = 50) (n = 51) (n = 48) - CD4 augmentation 6/50 9/51 12/48 de 25 % et (3 %) (18 %) (25 %) 3 ≥ 25/mm - Titre VIH + 42 % - 12 % - 77 % (cellules mononuclées sanguines) - progression des CD4 en fonction de la dose : p = 0,04 - comparaison entre les 3 groupes : p = 0,02 - meilleure réponse si patient naïf ZDV : p = 0,002 Résultats Ag p24 + : n = 26 Âge ≥ 12 ans Traitement antérieur à la ZDV : n = 111 durée moyenne : 69 semaines Tolérance : (suivi maximum = 23 mois) - Meilleur index thérapeutique : dose 0,5mg/kg/j - Neuropathies périphériques à 1 an . Résultats Groupe 1: 6 % - Groupe 2 : 17 % - Groupe 3 : 37 % différence significative entre le groupe 3 et 1 (p = 0.001) et non significative entre le groupe 3 et 2 . corrélation significative (p = 0,001) avec les taux bas initiaux de CD4 . corrélation avec la durée de traitement (semaines) : < 12 : faible fréquence quelle que soit la dose 12 - 24 : fréquence plus élevée quelle que soit la dose > 16 : fréquence très élevée à la dose de 2mg/kg/j . temps moyen nécessaire pour réversion symptôme : Groupe 1: 1 semaine - Groupe 2 : 1,3 semaines Groupe 3 : 3 semaines . 55 % des patients ont pu ensuite supporter 1/2 dose pdt 32 semaines en moyenne (1-72) - Hépatotoxicité : augmentation de l’aspartate aminotransférase chez 14 /151 patients, liée ni à la dose ni à la durée de traitement, peut-être à une affection sous-jacente - Hématologie : macrocytose chez 68 % patients, liée à la dose mais non associée à une anémie Conclusion : La meilleure efficacité apparaît à 2 mg/kg/j, mais elle est corrélée toutefois à un taux important de neuropathies à 1 an. Le meilleur index thérapeutique se situerait donc vers la dose de 0,5 mg/kg/j. Dossier 1996, XVII, 2-3 113 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Stavudine (d4T) ( 2', 3' - didehydro - 2', 3' - dideoxythymidine) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Stavudine (d4T) in HIV-infected patients with CD4 > 350/mm3 : results of a double-blind randomised controlled study. 3rd Conference on Retroviruses and opportunistic infections (13’) (étude «stavudine précoce) Protocole Étude multicentrique randomisée, double aveugle, phase II - III 66 patients Inclusion - VIH+ (89 % d’asymptomatiques) - CD4/mm3 : 527 CD4/mm3 (345-746) - Virémie cellulaire + Schéma posologique per os - Groupe 1 (n = 22) : . > 60 kg : 80 mg/j . < 60 kg : 60 mg/j - Groupe 2 (n = 22) : . > 60 kg : 40 mg/j . < 60 kg : 30 mg/j - Groupe 3 (n = 22) : placebo per os x 2/j Exclusion - Antécédent neuropathie périphérique - Traitement anti-rétroviral ou immunomodulateur antérieur - Femmes enceintes, allaitantes ou sans contraception Durée de suivi : 12 mois Résultats à 12 semaines Augmentation du taux CD4 Diminution virémie cellulaire (log) PCR-ARN (log) Grp 1 + 38 Grp 2 Grp 3 + 17 - 45 NS -1 - 0,7 l 0 Grp 1-Grp 2 / Grp3 : p < 0,01 - 0,6 - 0,4 + 0,4 Grp 1-Grp 2 / Grp3 : p < 0,01 Grp 1/Grp 2 : NS NS : non siggnificatif Durée de l’étude 3 mois (possibilité ensuite de traitement en ouvert) Conclusion. Cet essai tend à montrer l’efficacité antirétrovirale de la stavudine, avec une meilleure efficacité à forte dose mais les différences ne sont par significatives. Comparaison de l’efficacité clinique de 2 doses de stavudine chez des patients séropositifs ayant reçu de l’AZT pendant au moins 16 semaines - 1995, en cours (2) Protocole Étude multicentrique européenne, randomisée, en double aveugle phase III 632 patients (France = 119) Schéma posologique - Groupe 1 : . > 60 kg : 80 mg/j . < 60 kg : 60 mg/j - Groupe 2 : . > 60 kg : 40 mg/j . < 60 kg : 30 mg/j per os en deux prises/j Traitement pdt 14 mois ou plus Dossier 1996, XVII, 2-3 Durée de suivi : ≥ 14 mois Inclusion - VIH+ - 500 > CD4/mm3 > 100 - Âge > 18 ans - Poids > 40 kg - Traitement antérieur de plus de 16 semaines à la zidovudine Critères principaux - Infection opportuniste : survenue ou récidive - Décès - Chute de 50 % du taux initial de CD4 Autres critères : lymphocytes CD4 Exclusion - Antécédent de traitement par un autre anti-rétroviral, un immunomodulateur, ou médicament cytotoxique - Infection opportuniste évolutive - Antécédent de neuropathie - Allergie à la zidovudine - Femmes enceintes ou allaitantes 114 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Stavudine (d4T) ( 2', 3' - didehydro - 2', 3' - dideoxythymidine) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Clinical efficacy of stavudine (d4T, Zerit ®) compared to zidovudine in ZVD-pretreated HIV positive patients (BMS-019) - 1995 (2) Safety and tolerability of ZERIT® (stavudine) versus RETROVIR® (zidovudine) in HIV-infected Adults with < 500 CD4 cells / mm3 after at least 6 months ZVD treatment - 1995 (20) Protocole Étude multicentrique, internationale, randomisée, en double aveugle, double placebo, phase III 800 patients prévus (dont 40 en France) Schéma posologique - Groupe 1 : stavudine . > 60 kg : 80 mg/j . < 60 kg : 60 mg/j + placebo zidovudine per os en deux prises/j - Groupe 2 : zidovudine 600 mg/j + placebo stavudine per os en trois prises/j Durée = 14 mois Inclusion - VIH+ 50 < CD4/mm3 < 500 3 sous groupes : ≤ 100/mm3 100 < CD4 < 300/mm3 ≥ 300/mm3 - Poids > 40 kg - Traitement antérieur par la ZDV de plus de 6 mois sans apparition d’anomalie sévère Critères - Principaux : . évolution vers le SIDA . chute de 50 % du taux initial de CD4 . décès - Autres critères : lymphocytes CD4, antigénémie p24, poids, qualité de vie Exclusion - Intolérants à la ZDV - Autre traitement antirétroviral ou un immunomodulateur - Traitement cytotoxique prévu - Infection opportuniste évolutive, diarrhée ou neuropathie Résultats - Patients . n = 822 (92 % suivi complet) . suivi moyen : 27 mois . SIDA : 14 % ; symptomatiques : 50 % ; asymptomatiques : 50 % . CD4 moyen : 235/mm3 . Traitement antérieur par la ZDV : 20 mois - Efficacité clinique : . maintien du traitement : stavudine : 79 semaines ZDV : 54 semaines (p < 0,0001) . apparition de l’échec du traitement en fonction des critères principaux plus tardive avec la stavudine qu’avec la ZDV (p = 0,002) . progression vers le SIDA ou décès plus lente avec la stavudine qu’avec la ZDV (p = 0,007), survie plus longue avec la stavudine / AZT (p = 0,07) . CD4 : augmentation de 40 à 50 cellules à la 96ème semaine avec la stavudine . augmentation de poids, du taux d’hémoglobine, du nombre de neutrophiles plus grande avec la stavudine qu’avec la ZDV (p < 0,0001) Tolérance - Effets plus fréquents sous ZDV que sous stavudine : nausées et vomissements (p < 0,01), myalgie (p < 0,04), dyspepsie (p < 0,05), myélosuppression dose-limitante (p = 0.002) - Effets plus fréquents sous stavudine que sous ZDV : neuropathie périphérique : 56/18 (p = 0.0005) largement corrélée au diagnostic SIDA (p = 0.006) - Zidovudine et stavudine : élévation des transaminases hépatiques, plus fréquente lorsque les valeurs de départ sont anormales Dossier 1996, XVII, 2-3 115 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Précautions d’emploi - Prédisposition ou antécédent de neuropathie périphérique. - Dépression médullaire préexistante. - Insuffisance rénale : une adaptation posologique doit être envisagée. - Affection hépatique : une adaptation posologique doit être envisagée. - Une vigilance s’impose en cas de prescription conjointe de rifampicine, de rifabutine, de flucytosine, de ganciclovir, de pentacarinat, de kétoconazol etc. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Anderson RE, Dunkle LM, Smaldone L et al. 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Dossier 1996, XVII, 2-3 117 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Zalcitabine DCI Zalcitabine Sigle ddC Nom déposé HIVID® Code d’expérimentation Ro 24-2027 Laboratoire Produits ROCHE Classifications pharmacothérapeutique Thériaque* Antiviral Inhibiteur de la transcriptase inverse, Analogue nucléosidique ATC Analogues nucléosidiques - J05AB08 CIM 10 NR Renseignements administratifs AMM Réservé aux Hôpitaux avec dispositions particulières Circulaires n° 88-13 du 4-5-1988, n° 37 du 9-6-1994 Agrée aux collectivités (JO du 26/06/94) Année commercialisation : 1994 Liste : I NR : non renseigné * Base de données, sur minitel : 3616 CNIMH Résumé Dossier 1996, XVII, 2-3 118 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA HISTORIQUE ACTION ANTIVIRALE Synthétisée par Horwitz (18), l’activité anti VIH de la zalcitabine a été découverte en même temps que celle de la zidovudine. Le développement de cette molécule a été limité par l’apparition de neuropathie. Elle trouve actuellement un nouvel intérêt dans la nécessité de trouver des traitements alternatifs à la zidovudine ou d’établir des associations d’antirétroviraux pour être plus efficace (26). La zalcitabine a été approuvée au Printemps 1992 par la FDA, en association avec la zidovudine. Les études in vitro ont montré que la zalcitabine est un des plus puissants analogues nucléosidiques actifs contre la réplication du VIH (10 fois plus que la zidovudine et la didanosine). Elle inhibe complètement l’effet cytopathogène du VIH sur des cellules de la lignée ATH8 en culture, à des concentrations de 0,5 µmole/l (c’est la nucléoside le plus actif dans ce test) (10, 27). Cette activité est confirmée sur d’autres lignées cellulaires infectées par le VIH, en particulier les cellules MT-4. RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES HIVID® 0,750 mg comprimés pélliculés (gris bleuté) boite de 100, flacon verre AMM n° 558 284-0 La zalcitabine inhibe la réplication du VIH dans les cultures de monocytes/macrophages ; cette inhibition serait d’un niveau identique à celui observé dans les cellules mononuclées du sang périphérique humain (38). HIVID® 0,375 mg comprimés pélliculés (beige rosé) boite de 100, flacon verre AMM n° 558 282-8 De nombreux médicaments ont été testés in vitro en association avec la zalcitabine : Excipient - comprimé nu : lactose anhydre, cellulose microcristalline, croscarmellose sodique, oxyde de fer rouge*, oxyde de fer jaune*, oxyde de fer noir, stéarate de magnésium. - pelliculage : hydroxyméthylpropylcellullose, polyéthylène glycol, polysorbate 80, oxyde de fer rouge*, oxyde de fer jaune*, oxyde de fer noir, dioxyde de titane. * uniquement dans HIVID 0,375 mg Conservation : 1 an, à < 30° C, à l’abri de l’humidité. PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES Les études in vitro n’ont pas montré de différence d’activité de la zalcitabine vis à vis des virus HIV-1 et HIV-2. Classe chimique Nucléoside -Polypeptide Dénomination chimique 2’,3’ - didéoxycytidine Dénomination scientifique 4 - amino - 1 - ß - D 2’,3’ didésoxyribofuranosyl - 2 - (1, H) - pyrimidone Formule brute C9H13N3O3 Formule développée NH2 N HOH2 C O Masse moléculaire relative Dossier 1996, XVII, 2-3 211,22 N O - avec l’interféron alpha, une synergie a été montrée, permettant d’employer des doses plus faibles que celles utilisées avec chaque produit seul (40), - avec le dipyridamole, l’activité de la zalcitabine est maintenue pour des doses plus faibles car la concentration du nucléoside triphosphate endogène - en compétition avec la zalcitabine vis à vis de la transcriptase inverse - se trouve diminuée, - avec la ribavirine, il y a antagonisme (inhibition des enzymes nécessaires à l’activation de la zalcitabine), - avec la zidovudine, il y a une interaction positive (l’effet synergique reste à confirmer en clinique). MÉCANISME D’ACTION La zalcitabine franchit la barrière cellulaire par deux mécanismes dont l’un utilise un transporteur de nucléoside (11). Les enzymes nécessaires à sa métabolisation en un dérivé triphosphorylé sont ceux de la cellule hôte. Elle subit une première phosphorylation par une déoxycytidine kinase cellulaire dont l’activité demeure relativement constante pendant le cycle cellulaire. Ce point est à prendre en compte (comme pour la didanosine) pour la conception de traitements associant plusieurs analogues nucléosidiques. L’affinité de la déoxycytidine kinase pour la zalcitabine est plus faible que pour le dérivé naturel. 119 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Mutagénicité - Test d’Ames Les études effectuées sur sept souches différentes de bactéries, avec ou sans activation métabolique, n’ont pas mis en évidence de potentiel mutagène de la zalcitabine. - Cellules de mammifères Les études sur les cellules pulmonaires de hamster chinois n’ont montré aucun pouvoir mutagène. Un test de synthèse d’ADN non programmée (test UDS) dans les hépatocytes de rat en culture n’a pas mis en évidence de réparation d’ADN non programmée. ADN Voies métaboliques de la phosphorylation de la ddC et de son homologue endogène : la 2’-déoxycytidine Le dérivé tri-phosphorylé est le composé actif de la zalcitabine. Il entre en compétition avec le dérivé naturel 2’déoxycytidine -5’-triphosphate et sert de substrat aux ADN polymérases cellulaires et à la transcriptase inverse. L’affinité de cette dernière pour ce dérivé est plus grande que pour le nucléoside naturel (30). - Lymphocytes Des lymphocytes du sang périphérique humain ont été exposés à la zalcitabine, avec ou sans activation métabolique ; aux concentrations de 1,5 µg/ml ou plus, une augmentation dose-dépendante des aberrations chromosomiques a été constatée. Des doses orales de 2 500 et 4 500 mg/kg de zalcitabine se sont avérées clastogènes dans le test du micronoyau chez la souris. Carcinogénicité Le ddCTP est incorporé dans la chaîne d’ADN en formation ; l’absence du groupement hydroxle en 3’ empêche la polymérisation de la chaîne et la synthèse est interrompue. Le dérivé naturel est un facteur limitant pour la formation du ddCTP : sa vitesse de phosphorylation est plus grande et des concentrations élevées pourraient diminuer l’activité antivirale de la zalcitabine (ce dérivé est en faible quantité dans les monocytes et les macrophages, ce qui pourrait expliquer la moindre activité observée in vitro de la zalcitabine dans ces cellules) (41). La demi-vie du métabolite actif triphosphorylé est de 2,6 à 7 heures. TOXICOLOGIE (3, 44) Des lymphomes thymiques ont été observés chez la souris après administration de zalcitabine à la dose de 1 000 mg/kg/j. Cytotoxicité La zalcitabine est toxique pour les BFU-E humains ; cependant, les concentrations nécessaires pour produire cet effet sont beaucoup plus élevées que les doses utilisées en clinique (38). Les effets toxiques de la zalcitabine sont certainement dus à l’incorporation du dérivé triphosphorylé dans l’ADN normal de la cellule. PHARMACOCINÉTIQUE (9, 11, 22, 36, 39) Toxicité aiguë et chronique : cf RCP Absorption Embryotoxicité, tératogénicité Aucun effet sur la fertilité et les capacités générales de reproduction n’a été démontré chez le rat. L’absorption de la zalcitabine est rapide et importante. Sa biodisponibilité est supérieure à 80 %. Chez la souris, les doses élevées - 1 000 et 2 000 mg/kg/j sont tératogènes ; pour des doses de 400 mg/kg/j, une incidence accrue de fœtus malformés est observée, mais la différence avec le groupe témoin n’est pas significative. Il n’y a pas d’observations rapportées sur la croissance et le développement postnatal des petits. Son administration au moment des repas entraîne une diminution de 14 % de l’aire sous la courbe de la concentration plasmatique et augmente le Tmax : Dossier 1996, XVII, 2-3 - Tmax = 50 min à jeûn , - Tmax en présence d’aliments = 100 min. 120 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Le pic de concentration plasmatique, Cmax, après une dose orale de 1,5 mg est de : - 25,2 ng/ml à jeûn, - 15,5 ng/ml, en présence d’aliments, soit une diminution de 39 %. Cependant, ces modifications ne semblent pas avoir de conséquences cliniques et les études cliniques ont été effectuées sans recommandations particulières quant à la prise d’aliments. La zalcitabine n’est pas dégradée en milieu acide. Distribution Après une dose IV de 1,5 mg, le volume de distribution est de 0,534 l/kg. La liaison aux protéïnes plasmatiques est faible, inférieure à 4 %. Les concentrations dans le LCR sont en moyenne de 20 % des concentrations plasmatiques (9 à 37%) après l’administration intraveineuse. Cette faible diffusion est à prendre en compte pour les patients avec une atteinte du système nerveux central par le VIH. Cependant, les concentrations obtenues après une dose unique intra-veineuse de 27 mg/kg chez le singe sont celles qui inhibent la réplication du virus dans les études réalisées in vitro (9). Une étude récente (in vitro) a été publiée concernant la faisabilité d’une forme transdermique (21) : l’objectif étant d’avoir des taux sanguins maintenus efficaces dans le temps et d’éviter des effets indésirables. L’activité antivirale de la zalcitabine a été démontrée dans des études pilotes (17, 25, 26, 42, 43) sur des critères biologiques : taux des CD4, valeur de l’antigénémie p24. Ces études ont montré que l’apparition de neuropathies périphériques, principaux effets indésirables, était dose dépendante et ont amené à retenir la posologie de 0,01mg/kg - soit 0,750 mg 3 fois par jour - pour les essais cliniques suivants de phase III. L’essai CPCRA 002 et l’étude Roche N3544 (programme d’accès élargi réalisé en ouvert) ont été menés avec des patients intolérants ou ne répondant plus à la zidovudine (conditions de l’AMM). L’étude Roche N3492 (ACTG 119) concerne des patients traités par de la zidovudine pendant au moins un an. La durée de l’étude a été de 37 semaines. La mortalité a été moins élevée dans le groupe zalcitabine, mais la différence en terme de survie n’est pas significative et le nombre de patients est trop faible. L’étude Roche N3300 (ACTG 114) concerne des patients naïfs ou traités par la zidovudine pendant une période inférieure à trois mois. Association Cf tableau page 178 RENSEIGNEMENTS THÉRAPEUTIQUES Indications (AMM) La demi-vie d’élimination est de 2 à 3 heures. La zalcitabine est indiquée en monothérapie chez les adultes atteints d’une infection par le VIH, à un stade avancé de la maladie et présentant une manifestation toxique sévère à la zidovudine (intolérants) ou dont la maladie progresse sous zidovudine (échec). Il n’y a pas de métabolisme hépatique. L’intolérance hématologique liée à la zidovudine est définie par : Métabolisme / Élimination L’élimination se fait par voie rénale sous forme inchangée (70 %) et justifie une adaptation de posologie chez l’insuffisant rénal, ainsi qu’une surveillance particulière lorsqu’un médicament néphrotoxique est prescrit en association. ÉTUDE CLINIQUES Monothérapie Cf tableaux pages 122 à 127 Dossier 1996, XVII, 2-3 - une diminution du taux d’hémoglobine d’au moins 2 g/100 ml ou une concentration totale en hémoglobine à 8,5 g/100 ml, - une diminution des neutrophiles d’au moins 200 cellules/mm3 ou une concentration totale inférieure à 750 cellules/mm3. L’intolérance clinique comprend soit une atteinte musculaire avec élévation des enzymes musculaires régressant après interruption de la zidovudine, soit des symptômes gastrointestinaux, soit tout autre symptôme clinique connu comme étant clairement lié à la zidovudine. 121 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zalcitabine (ddC) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats 1) Phase I Studies of 2’, 3’- didéoxycytidine (ddC) in severe human immunodeficiency virus infection as a single agent and alternating with zidovudine (AZT) Etude de l’efficacité et de la toxicité - 1988 (43) Protocole Essai initial Étude en ouvert Phase I 20 patients Inclusion SIDA : 16 - ARC : 4 13 patients évaluables Résultats - Augmentation du nombre de CD4 pour les doses 0,03, 0,06 et 0,09 mg/kg/4h chez 10 patients en 2 semaines (p< 0,05) mais nouvelle baisse des CD4 après la 2ème semaine CD4 ≤ 350/mm3 Âge: 25-57 ans Schéma posologique - ddC IV 2 semaines - ddC per os > 4 semaines Escalade de doses : 0,03 - 0.25 mg/kg/8h, 0,03 - 0,06 - 0,09 mg/kg/4h - Diminution du taux d’Ag p24 chez certains patients : n =11 à la 2ème semaine (p < 0,01) (même à faible dose), persistante à la 6ème semaine (p < 0,05) mais augmentation après la 2ème semaine chez certains patients : n= 4 Tolérance - Neuropathies périphériques dépendantes de la dose cumulée (après la 10ème semaine, plutôt pour les fortes doses) - Éruptions cutanées, thrombopénies, malaise, fièvre, ulcérations buccales le plus souvent 2) Étude NCI : étude pharmacodynamique et recherche de dose (43) Protocole Essai complémentaire Étude en ouvert Phase I 6 patients Schéma posologique ZDV alterné avec ddC - ZDV : 200mg/4h pdt 7 j - ddC : 0,03 mg/kg/4h pdt 7j Inclusion SIDA : 2 - ARC : 4 Patients traités pendant 9 semaines ou plus : n = 5 CD4 ≤ 350/mm3 Résultats Augmentation des CD4 : p < 0,05 Âge 27-33 ans (1 patient a participé à l’essai initial) Tolérance - bonne pour de courtes durée - profil de toxicité différent de la ZDV Durée ≥ 9 semaines Conclusion : Etudes à poursuivre pour comparer l’intérêt des traitements alternés ou intermittents. Dossier 1996, XVII, 2-3 122 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zalcitabine (ddC) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats 1) Circulating p24 Antigen Levels and Responses to Dideoxycytidine in Human Immunodeficiency Virus (HIV) Infections - ACTG 012 (25) 2) Safety and tolerance of dideoxycytidine as a single agent. Results of early-phase studies in patients with acquired immunodeficiency syndrome (AIDS) or advanced AIDS related complex - 1989 (26) Protocole Étude en ouvert, randomisée Phase I / II 61 patients Inclusion SIDA : 33 ARC avancé : 28 Patients évaluables : - à 2 sem : n = 58 - > 3 sem : n = 45 Ag p24 >100 pg/ml Résultats - Augmentation du nombre des CD4 : . apparaît après la diminution de l’Ag p24 . est maximum pour la dose de 0,03 mg/kg/4h . est maximum entre la 8ème et 12ème semaine . est surtout sensible pour les patients ARC . est moindre pour les plus fortes et les plus faibles doses (durée trop courte et durée trop longue) - Taux d’Ag p24 . diminution pour toutes les doses (p < 0,01) . diminution plus rapide et plus grande avec les fortes doses . diminution plus faible pour les patients SIDA Schéma posologique Escalade de doses : (en mg/kg/4h) ddC ARC SIDA 0,06 n =10 n=8 0,03 n=8 n=9 0,01 n=7 n=4 0,005 n = 8 n=7 Doses élevées étudiées en premier. Durée prévue 3 à 6 mois Tolérance - Pancytopénie : n=1 à la dose de 0,06 mg/kg/4h - Toxicité dermatologique : rapide, transitoire (surtout le 1er mois) ; disparaît spontanément ; ne réapparaît pas en cas de reprise de traitement après arrêt - Neuropathies périphériques : toxicité plus tardive ; présente pour tous les patients recevant 0,06 et 0,03 mg/kg/4h (moins forte pour les doses faibles, n’apparaissant jamais avant la 12ème semaine) Conclusion La zalcitabine diminue l’Ag p24, mais la période d’étude est trop courte pour évaluer l’efficacité sur la progression de la maladie. L’apparition d’une neuropathie périphérique limite l’utilisation de doses élevées. La toxicité est identique pour les deux plus fortes doses utilisées ; elle est moins sévère et moins fréquente pour la dose de 0,005 mg/kg/4h avec l’apparition d’une neurotoxicité plus tardive. Dossier 1996, XVII, 2-3 123 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zalcitabine (ddC) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Final clinical and statistical report: the pharmacokinetics, tolerability, and antiviral antivity of multiple dose dideoxycytidine (ddC). Etude pharmacodynamique et recherche de dose. Etude ROCHE N 3326 - 1989 (17) Protocole Étude pharmacodynamique et recherche de dose (ARC) 21 patients Inclusion SIDA ou ARC avancé Résultats - Augmentation du nombre de CD4 pour 9 patients après 4 semaines de traitement - Diminution du taux d’Ag p24 de 50 % ( à 0,01 mg/kg/8h) et de 80 % à la 20ème semaine - Plus faible activité à la dose de 0,03 mg/kg/j Schéma posologique - 0,01 mg/kg/8h - 0,03 mg/kg/24h Tolérance - Neuropathie : de 20 % à la dose faible à 100% pour la dose la plus élevée - Éruption, stomatite et arthrite spontanément résolutives Conclusion : nécessité de doses multiples pour une meilleure efficacité. Alternating and intermittent Regimens of Zidovudine and Deoxycytidine in Patients with AIDS or AIDS-Related Complex. ACTG 047 - 1993 (37) Protocole Étude en ouvert, randomisée multicentrique (12), phase II 131 patients Hommes 96 % Schéma posologique 1) ZDV = 200mg/4h + alternance/semaine - groupe A : ddC = 0,01 mg/kg/4h - groupe B : ddC = 0,03 mg/kg/4h 2) ZDV = 200mg/4h + alternance/mois - groupe C : ddC = 0,01 mg/kg/4h - groupe D : ddC = 0,03 mg/kg/4h 3) Intermittent/ semaine : - grpe E : ZDV = 200 mg/4h - grpe F : ddC = 0,03 mg/kg/4h 4) Continu : monothérapie - grpe G : ZDV = 200mg/4h Inclusion SIDA : 23 % - ARC : 77 % Ag p24 ≥ 70 pg/ml Moyenne de suivi : 40 semaines - suivi pdt 48 semaines : n = 59 (45 %) - sorties d’étude (toxicité ddC ou ZDV) : n = 20 - total sorties d’études : n = 28 dont 17 remplacés Résultats - Augmentation du nombre de CD4 : . dans tous les groupes . plus faible pour E, F que pour A, B, C, D et G - Diminution du taux d’Ag p24 : plus rapide pour A, B, C et D - Gain de poids pour A, B, C, D (par rapport à G : p = 0,008 à la 48ème semaine) - Progression de la maladie : n = 8 dont 5 infections opportunistes - Décès : n= 9 sans relation avec la prise de ZVD ou de ddC Pas de traitement par la zidovudine depuis plus de 90 jours À l’arrêt : - taux moyen de CD4 : 142/ mm3 - taux moyen d’Ag p24 : 257 pg/ml Tolérance - Toxicité hématologique : surtout pour G (33%) par rapport à A,B,C,D et E : p < 0,02 - Neuropathie périphérique : avec la ddC . n 31 ont 68 % avant la 24ème semaine de traitement . 0,03 mg/kg = 34 % ; 0,01 mg/kg - 15 % ( p = 0,04) . D = 14 % ; B et F = 46 % (p = 0,03) - Autres (n = 6) : réaction anaphylactoïde (1), fièvre (1), perte audition reversible (1), malaise (1), augmentation des transaminases (1), rash (1) Juin 1988 - Oct 1989 Conclusion : intérêt des traitements alternés : augmentation des CD4, diminution Ag p24, et diminution de la toxicité de chacun des médicaments (moins d’anémie liée à la ZDV) mais effet limité en ce qui concerne l’efficacité (groupes trop petits). Dossier 1996, XVII, 2-3 124 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zalcitabine (ddC) - Efficacité et tolérance de traitements alternés ou intermittents Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Alternating (ALT) and intermittent (INT) ddC and AZT in the treatment of persons with advanced HIV infections and hematologic intolerance to AZT - ACTG 050 - 1993 (8) Protocole Étude en ouvert, multicentrique, randomisée 109 patients Schéma posologique 1) ZDV = 1000 mg/4h + alternance/semaine - groupe A : ddC = 0,01 mg/kg/4h - groupe B : ddC = 0,03 mg/kg/4h 2) ZDV = 200mg/4h + alternance/mois - grpe C : ddC = 0,01 mg/kg/4h - grpe D : ddC = 0,03 mg/kg/4h 3) Intermittent/ semaine : - grpe E : ZDV seul - grpe F : ddC seul Inclusion SIDA ou ARC avancé Sorties d’étude : n=71/ 109 Résultats aucune différence significative des marqueurs biologiques entre les différents groupes CD4 = 60/mm3 (moyenne) Traitement antérieur à la ZDV ≥ 4 semaines, avec intolérance hématologique pour une dose ≤ 600 mg/j Tolérance - Neuropathies périphériques : plus fréquente en cas d’antécédents neurologiques, avec de fortes doses de ddC en régime alterné par semaine, mais aussi avec de l’AZT en monothérapie - Troubles hématologiques plus nombreux pour les régimes alternés/ mois mais aussi avec la ddC en monothérapie Durée : 48 semaines 1) Etude ACTG 114 - Roche N 3300 Zalcitabine en monothérapie dans le traitement de l'infection à VIH de stade avancé chez des patients ayant été traités/ AZT pendant une durée minimale - 1993 (16) 2) Etude d’équivalence de la DDC et de l’AZT en 1ère intention - 1995 (6) Protocole Étude en double insu, randomisée, multicentrique, Phase II/III 635 patients Schéma posologique - Groupe 1 : n = 320 ddC 0,750mg 3 fois/j pdt 10,2 mois - Groupe 2 : n = 315 - ZDV : 200 mg x 6 puis 100 mg x 6 (Avril 990) pdt 12,4 mois Inclusion SIDA ou ARC avancé CD4 ≤ 200/mm3 Valeur médiane CD4 dans les 2 groupes : 90 (ddC) et 87 (ZDV) /mm3 Résultats - Survie patients : . ZDV : 73 décès . ddC : 101 décès (9 = 0,02) - Probabilité de survie à 18 mois : ZDV = 84%, ddC = 73 % (p = NS) Tolérance - Neuropathie périphérique : ZDV = 17 %, ddC = 33,8 % - Toxicité hématologique : . neutropénie : ZDV = 19,7 % ; ddC = 8,8 % . anémie : ZDV = 14,3 % ; ddC = 5 % - Arrêt pour toxicité hématologique : ZDV = 7 % ; ddC = 2,8 % - Arrêt pour toxicité neurologique : ddC = 9,4 % ; ZDV = 0,6 % - Nausées : ddC = 7,2 % ; ZDV = 19,5 % Patients naïfs de traitement antiviral ou sous ZDV depuis ≤ 12 semaines Conclusion : pour les patients naïfs, le choix de la ZDV en monothérapie est préférable en terme de survie. Dossier 1996, XVII, 2-3 125 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zalcitabine (ddC) - Efficacité et tolérance de traitements alternés ou intermittents Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Zalcitabine Compared with Zidovudine in Patients with Advanced HIV-1 Infection Who Received Previous Zidovudine Therapy Roche N3492 - 1993 (13) Protocole Étude en ouvert, multicentrique, randomisée, phase II/III Inclusion SIDA : 22 ou ARC avancé : 89 Résultats Duréemédiane de traitement : ZDV = 27 semaines ; ddC = 37 semaines Âge moyen : 36 ans Sorties d’étude : n = 56 ZDV = 34 ; ddC = 22 ( p= 0,004) 111 patients (110 hommes) CD4 < 200/mm3 - médiane ZDV : 88/mm3 - médiane ddC : 84/mm3 Schéma posologique - ZDV : n= 59 2 fois 100 mg/4h ou /5 h puis 100 mg/4h ou /5 h - ddC : n= 52 0,750 mg x 3/j Traitement antérieur par la ZDV ≥ 48 semaines Jan 1990 - juin 1991 Durée 37 semaines Résultats - Probabilité d’absence d’événement pathologique à 12 mois : ddC : 53% ; AZT : 57 % - Poids corporel : . ZDV : diminution de 1,8 kg à la 20ème semaine et et 2, 4 kg a à la 24ème semaine . ddC : augmentation de 0,5 kg à la 20ème semaine et de 0,4 kg à la 24ème semaine p = 0,04 et p = 0,05 - Nombre de CD4 : diminution plus lente chez les patients traités par la ddC (p = 0,05) - Survie à 1 an : ZDV = 75 % ; ddC = 81 % - Décès à 1 an : ZDV = 13/ 52 (25 %) ; ddC = 10/ 59 (17 %) (NS) Tolérance - Sorties d’étude pour toxicité : n = 17 ZDV : n = 5 (10 %) ; ddC : n =12 (10,2 % ) - Total avec signes de toxicité : . ZDV : n= 4 (8 %) avec interruption ou retrait . ddC : n= 26 (44 %) dont n = 19 avec interruption ou retrait - ddC : . neuropathie périphérique : n= 15 (25 %) . ulcérations buccales : n= 10 (17 %) - ZVD : . toxicité hématologique : anémie : n= 4 (8 %), neutropénie : n = 6 (12 %), thrombocytopénie : n = 1 (2 %) . augmentation des transaminases : n = 3 (6 %) Conclusion : Pas de différence sur la survie ni sur l’évolution de la maladie entre ZDV et ddC. La ddC constitue une alternative intéressante en cas d’échec à la zidovudine. Les profils de tolérance sont différents : ZDV : toxicité hématologique ; ddC : neuropathies périphériques. Le groupe de patients est trop petit (nombreuses sorties d’essai). Dossier 1996, XVII, 2-3 126 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zalcitabine (ddC) - Efficacité et tolérance de traitements alternés ou intermittents Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Étude ROCHE N3544 : HIVID en monothérapie dans le traitement à VIH de stade avancé chez des patients intolérants ou non répondants à l'AZT - Etude "EAP" (Expanded Acces Program (44) Étude en ouvert, randomisée (posologie) 4085 patients Schéma posologique - Groupe 1 : n = 2 011 0,750 mg 3 fois/j (posologie standard) - Groupe 2 : n = 2 074 0,375 mg 3 fois/j (posologie réduite de moitié) Stade VIH avancé Résultats : - Survie : 70 % après 10 mois de traitement - Décès : . groupe 1 : n = 320 (15,9 %) . groupe 2 : n = 357 (17,2 %) . différence non significative - Augmentation des CD4 plus importante ches les patients avec un taux de CD4 initialement >100/ mm3 dans le groupe 1 - Diminution du taux d’Ag p24 dans les 2 groupes Moyenne CD4 - Groupe 1 : 79/mm3 - Groupe 2 : 83/mm3 Intolérants ou non répondants à la ZDV Intolérants à la ddI Tolérance : - Abandon traitement pour effet indésirable : n = 736 : . posologie faible : n = 338 (16,3 %) . posologie standard : n = 398 (19,8 %) - Neuropathie périphérique : . posologie faible : 8,2 % - arrêt : 7,4 % . posologie standard : 12,6 % - arrêt : 11,4 % - Pancréatite : < 1% Durée moyenne de traitement : dans les deux groupes 31,5 semaines Conclusion : activité de la ddC aux deux posologies ; meilleur efficacité avec la dose standard A comparative trial of didanosine or zalcitabine after treatement with zidovudine in patients with human immunodeficiency virus infection - CPCRA ("Community Programs for Clinical Research on AIDS) 002 - 1994 (1) Protocole Étude en ouvert, multicentrique, randomisée 2 bras, 133 centres 467 patients sexe ratio H/F = 9/1 Schéma posologique (monothérapie) - Groupe ddC : n = 237 0,75mg 3fois/j - Groupe ddI : n = 230 250 mg (sachet) 2 fois/j Inclusion SIDA ou CD4 ≤ 300/mm3 - Groupe ddC : 66,7 % - Groupe ddI : 64,8 % Moyenne CD4 - Groupe ddC : 71,1/mm3 - Groupe ddI : 75,1/mm3 Moyenne de suivi : 16 mois Résultats : - Progression clinique de la maladie : ddC : n = 152 (sur 237) ; ddI : n = 157 (sur 230) (p = 0,56) (p = 0,15 après ajustement clinique) - Décès : grp ddC : n = 88 (34,8 %); grp ddI : n =100 (43,1 %) (p = 0,09) (p = 0,003 après ajustement : CD4, Karnofsky) - Médiane de survie : ddC = 25,4 mois ; ddI = 19,3 mois Âge moyen : 38 ans Tolérance : ddC = 65,8 % ; ddI = 66,5 % - Neuropathie périphérique : ddC : n = 69 (29,1%) ; ddI : n = 32 (13,9 %) (p = 0,0007) - Lésions buccales-stomatite : ddC : n = 8 (3,4 %) (p = 0,0074) - Pancréatite : ddI : n = 8 (1,7 %) (p = 0,058) - Diarrhée : ddC n = 9 (3,8 %) ; ddI n = 48 (21%) (p = 0,0001) - Douleurs abdominales : ddC n =7 (2,9 %) ; ddI n = 16 (7 %) (p = 0,03) - Vomissements-nausées : ddC n = 21 (8,9 %) ; ddI n = 35 (15,7 %) . Hyperamylasémie: ddC n = 9 (3,8 %) ; ddI n = 13 (5,6 %) Traitement antérieur par la ZDV : 17 mois Durée Déc 1990-Sept 1991 Conclusion : ddC et ddI sont équivalentes en terme d’efficacité sur le critère de la progression de la maladie ; les profils de toxicité sont différents pour la ddI et la ddC. Dossier 1996, XVII, 2-3 127 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Posologie, mode d’administration Chez l’adulte, la posologie recommandée est de 0,75 mg per os toutes les 8 heures soit une dose totale quotidienne de 2,25 mg. Un ajustement posologique est nécessaire en cas d’apparition d’effets indésirables, surtout s’ils sont liés à la dose (neuropathie). Après une interruption de traitement, il est prudent de reprendre avec des doses faibles et après régression complète des signes. L’adaptation de posologie en cas d’insuffisance rénale reste à préciser. Surveillance des patients - Surveillance clinique Il faut surveiller les premiers signes révélateurs d’apparition d’une neuropathie périphérique, surtout en cas d’antécédents et/ou de taux de CD4 inférieurs à 50/mm3. - Surveillance biologique Elle est nécessaire surtout en cas d’antécédent de pancréatite ou d’hyperamylasémie ou de consommation excessive d’alcool. - Autres manifestations toxiques sérieuses La prudence est recommandée chez les patients ayant des antécédents d’ulcérations œsophagiennes. Des hypersensibilités, ont été décrites ainsi que des cas de myocardiopathie et d’insuffisance cardiaque congestive. Interactions médicamenteuses (2) - Pentamidine (par voie IV), (classification officielle : précaution d’emploi) : risque accru d’induction de pancréatite, pouvant rendre nécessaire l’arrêt du traitement par la zalcitabine. - Médicaments néphrotoxiques - amphotéricine B, foscarnet, aminosides : risque de développer une neuropathie périphérique et d’autres effets indésirables de la zalcitabine en interférant avec la clairance de la zalcitabine : il peut y avoir surdosage en zalcitabine. Une adaptation de posologie peut être nécessaire. Une surveillance clinique régulière doit être exercée. - Médicaments entraînant une neuropathie périphérique chloramphénicol, cisplatine, dapsone, disulfirame, éthionamide, glutéthimide, sels d’or, hydralazine, iodoquinol, isoniazide, métronidazole, nitrofurantoïne, phénytoïne, ribavirine, vincristine - : leur association à la zalcitabine doit être si possible évitée. - Médicaments ayant une toxicité pancréatique : leur association à la zalcitabine doit être impérativement évitée. Contre-indications La zalcitabine est contre indiquée chez les patients présentant une hypersensibilité à l’un des constituants des comprimés. - Didanosine. L’association de la zalcitabine à la didanosine est déconseillée. Grossesse Mises en garde, précaution d’emploi - Tolérance La tolérance n’est pas établie chez les enfants de moins de 13 ans, et chez les patients infectés par le VIH et asymptomatiques. - Neuropathie périphérique La gravité d’une éventuelle neuropathie périphérique doit être prévenue en arrêtant le traitement ou en diminuant la posologie dès l’apparition des premiers symptômes. - Pancréatite Le traitement doit être interrompu dès les premiers signes biologiques annonciateurs et en cas d’associations avec d’autres médicaments pancréatotoxiques. Le traitement ne sera repris que si le diagnostic de pancréatite est exclu. Une surveillance accrue est nécessaire chez les patients présentant des antécédents de pancréatite. Dossier 1996, XVII, 2-3 L’innocuité de la zalcitabine chez la femme enceinte n’a pas été établie. Des effets tératogènes ont été observés chez l’animal avec de très fortes doses. Elle ne doit être utilisée pendant la grossesse qu’en dernier recours et en fonction du rapport bénéfice/risque. Une méthode de contraception efficace doit être utilisée pendant la durée du traitement. Allaitement Le passage de la zalcitabine dans le lait maternel n’est pas connu. L’allaitement n’est pas indiqué en raison des effets indésirables sévères encourus par le nouveau-né. De toute façon, l’allaitement est contre-indiquée chez la femme VIH+ car le virus est excrété dans le lait. 128 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Effets indésirables (29) - Foie : lésions hépatocellulaires, hépatite, anomalies de la fonction hépatique. 1. Neuropathies périphériques Le principal effet indésirable est représenté par les neuropathies périphériques : 20 à 30 %. La neuropathie est sensorimotrice, caractérisée par un engourdissement, une sensation de brûlure au niveau des extrémités distales (pieds et bas des jambes). Elle survient habituellement dans la dixième semaine de traitement mais son apparition et sa gravité sont fonction de la dose. Elle est lentement réversible (6 mois) si le traitement est interrompu précocement et avec des doses de 0,01 mg/kg. - Appareil locomoteur : douleurs à l’épaule, crampes au niveau des jambes, pieds douloureux, bras douloureux, arthrite, arthropathie, extrémités froides, poignets douloureux, myosite. - Système nerveux : hypertonie, tremblements de la main, fasciculations musculaires, convulsions, ataxie, anomalies de la coordination, paralysie de Bell, dysphonie, hyperkinésie, hypokinésie, migraine, névralgies, névrite, stupeur, vertiges. - Psychisme : confusion, difficultés de concentration, amnésie, insomnie, somnolence, dépression, agitation, dépersonnalisation, labilité émotionnelle, nervosité, anxiété, euphorie, réactions maniaques, démence. 2. Ulcérations buccales (7,8 %) - Appareil respiratoire : toux, dyspnée, cyanose. 3. Pancréatites (moins de 1%) - Peau : dermatite, alopécie, urticaire, papules érythémateuses, lésions cutanées, acné, éruptions bulleuses, réactions vasomotrices. 4. Effets rapportés avec une fréquence supérieure à 3 % - Vision, organe des sens : altération du goût, xérophtalmie, anomalies de la vision, anomalies oculaires, douleurs oculaires, acouphènes, surdité, parosmie. - Appareil digestif : dysphagie, anorexie, diarrhée, douleurs abdominales, vomissements, constipation. - Appareil urinaire : mictions fréquentes, anomalies de la fonction rénale, insuffisance rénale aiguë, kyste rénal, goutte, néphropathie toxique, polyurie, calculs rénaux, hyperuricémie. - Peau et annexes : éruption, prurit, sueurs. - Système nerveux central et périphérique : céphalées, vertiges. - Appareil locomoteur : myalgies, arthralgies. - Signes généraux :perte pondérale, fatigue, fièvre, frissons, douleurs thoraciques. Surdosage - Appareil respiratoire : pharyngite. 1. Surdosage aigu - Effets indésirables biologiques : anémie, leucopénie, neutropénie, éosinophilie, thrombopénie, élévation des TGP, élévation des TGO, élévation des phosphatases alcalines. Les séquelles en sont inconnus. Il n’existe pas d’antidote. Il n’est pas établi si la zalcitabine est dialysable par dialyse péritonéale ou hémodialyse. 5. Effets rapportés avec une fréquence inférieure à 3 % 2. Surdosage chronique - Signes généraux : asthénie, douleurs, douleurs rétrosternales, malaise, œdème généralisé. - Système cardiovasculaire : hypertension, palpitations, syncope, fibrillation auriculaire, tachycardie, cardiomyopathie. - Appareil digestif : sécheresse de la bouche, ulcérations œsophagiennes, dyspepsie, glossite, douleurs œsophagiennes, rectorragies, hémorroïdes, ulcérations rectales, flatulence, ulcérations linguales, abdomen augmenté de volume, anomalies gingivales, stomatites, éructations, gastrite, hémorragie digestive, glandes salivaires augmentées de volume, ictère, œsophagite. Dossier 1996, XVII, 2-3 Dans les premières études de phase I, tous les patients recevant la zalcitabine à une posologie environ 6 fois supérieures à la posologie actuellement recommandées présentaient une neuropathie périphérique au de 10 semaines. 80 % des patients recevant environ le double de la posologie actuellement recommandée présentaient une neuropathie périphérique au bout de 12 semaines 129 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Abrams DI, Goldman AL, Launer C et al. A comparative trial of didanosine or zalcitabine after treatment with zidovudine in patients with human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1994 ; 330 : 657-62. 2 - Acosta EP, Fletcher CV. Antiretroviral drug interactions Intern J Antimicrob Agents 1995 ; 5 : 73-83. 3 - Anderson TD, Arceo DR, Brosnan C et al. Peripheral neuropathy induced by 2’,3’-dideoxycytidine. Lab Inves 1992 ; 66 : 63-74. 4 - ARCAT-SIDA. 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RETROVIR® 100 mg : étui de 100 gélules RETROVIR® 250 mg : étui de 40 gélules RETROVIR® solution buvable flacon de 200 ml avec seringue doseuse RETROVIR® solution injectable perfusion IV : étui de cinq flacons de 20 ml / 200 mg de verre brun. Conservation - Février 1985 : activité in vitro sur le HTLV III (59). - Durée - Conditions - Juin 1985 : décision de débuter les essais cliniques. - Juillet-Déc. 1985 : premier essai clinique de phase I (104). - Février 1986 : début du 2ème essai clinique AZT contre placebo. - Août-Sept. 1986 : 1ère et 2ème réunions du comité de surveillance. Arrêt de l’essai contrôlé contre placebo le 18/09/1986 (31). 12 mois à température ambiante < 30°C à l’abri de l’humidité à l’abri de la lumière PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES - Mars 1987 : commercialisation en France. RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES RETROVIR® 100 mg gélules (blanche à bande bleu foncé code Y9C) AMM n°555 824-4 RETROVIR® 250 mg gélules (blanc et bleu à bande bleu foncé code H2F) AMM n°556 103-9 Nucléoside, polypeptide pyridinique autre Dénomination chimique 3’-azido3’-déoxythymidine Dénomination scientifique (3-azido-2,3-didesoxybeta-D-ribofuranosyl)-5méthyl-2,4(1H,3H)-pyri midindion Formule brute C10H13N5O4 Formule développée RETROVIR® solution buvable 100 mg/10 ml AMM n°557 353-9 O H3C HOH2C O RETROVIR® solution injectable perfusion IV 10 mg/ml flacon de 20 ml / 200 mg AMM n°558 011-4 NH N O N3 Substances auxiliaires des gélules : amidon de maïs, cellulose microcristalline, carboxyméthylamidon sodique, stéarate de magnésium Substances auxiliaires de la solution buvable : sirop de glucose hydrogéné, glycérol, acide citrique anhydre, benzoate de sodium, saccharine sodique, arôme fraise, arôme sucre blanc, eau purifiée Substances auxiliaires de la solution injectable : acide chlorhydrique et/ou hydroxyde de sodium qsp pH environ 5,5 (4-7), eau p.p.i qsp 20 ml Dossier 1996, XVII, 2-3 Classe chimique Masse moléculaire relative 267,24 ACTION ANTIVIRALE (49, 59, 85, 104) Les études in vitro ont montré : - l’absence d’effet direct de la zidovudine sur une suspension de virions, - l’inhibition de la multiplication virale dans des cellules chroniquement infectées (H9) à des concentrations de quelques mmol/l, 133 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA - la possibilité d’empêcher le développement de l’infection de cellules fraîchement infectées (H9) à de très faibles doses : 0,05 mmol/l. Cette activité a aussi été trouvée sur le VIH-2, le HTLV 1 et sur des rétrovirus pathogènes pour l’animal : FeLV (95) ou certains virus murins. Une étude in vivo (77) sur des souris infectées par le complexe viral de la leucémie murine de Rauscher (RLV) a montré que la zidovudine prévient l’infection des splénocytes, l’apparition d’une splénomégalie et supprime la virémie si le traitement est instauré immédiatement après l’inoculation. MÉCANISME D’ACTION (85) Après diffusion à travers la membrane des lymphocytes et des globules rouges grâce à sa lipophilie, la zidovudine doit être phosphorylée en dérivé monophosphate par la thymidine kinase cytosolique cellulaire. Cette première étape semble limitante. La thymidine kinase cytosolique cellulaire est spécifique de la phase S à l’inverse des enzymes nécessaires à la phosphorylation de la didanosine et de la zalcitabine. Ce point est important pour déterminer la nature des associations à mettre en œuvre. L’obtention du dérivé diphosphaté est sous la dépendance d’une thymidilate kinase. La dernière étape se fait grâce à l’action d’une nucléoside diphosphatase kinase. Le dérivé triphosphaté inhibe de façon compétitive l’incorporation de thymidine endogène dans la transcriptase inverse, mais pas celle de l’adénosine, guanosine ou cytidine ; ce point est important pour l’avenir des associations d’antirétroviraux. La zidovudine triphosphatée est sélective de l’activité de la transcriptase reverse du virus : il faut 100 fois plus d’AZTTP pour inhiber l’activité de l’ADN polymérase que pour inhiber l’enzyme virale (lymphocytes H9). Cette sélectivité est importante à la fois pour l’activité et pour la tolérance. Après incorporation de l’AZT-TP, l’élongation de la chaîne d’ADN ne peut se faire car la substitution en 3’par des radicaux azides empêche la transformation ultérieure de ponts 5’-phosphodiester en ponts 3’phosphodiester et bloque la synthèse de la chaîne terminale du DNA viral (la demi-vie de l’AZT -TP est de 3 à 5 heures). TOXICOLOGIE (49, 55, 85, 107) Toxicité aiguë et chronique : cf RCP Embryotoxicité, tératogénicité - Fertilité : aucun effet n’a été noté sur la fertilité ni sur la descendance chez le rat à dose moyenne. - Effet tératogène : . pas d’effet chez le rat ; . embryotoxicité pour des doses fortes (500 mg/kg/j) chez le lapin. Mutagénicité Ces phosphorylations successives expliquent qu’il n’existe pas de corrélation entre les concentrations extra-cellulaires des produits inchangés et les concentrations intra-cellulaires des métabolites actifs tri-phosphorylés. La concentration relativement faible des dérivés di et triphosphatés dans les cellules traitées indiquent que la zidovudine-MP est peu transformée (elle s’accumule dans les cellules). Le taux de ZDV-TP varie avec le type de cellules utilisé. Dossier 1996, XVII, 2-3 La zidovudine n’est pas mutagène sur le test d’Ames mais elle l’est légèrement dans le test sur les cellules de lymphome de souris. La réponse a été positive, in vitro, sur le test de transformation cellulaire. Un effet clastogène a été observé in vitro mais pas in vivo chez le rat. Carcinogénicité Les études menées chez le rat et la souris (lots de 60 animaux de chaque sexe et par dose étudiée) ont montré l’apparition tardive (après 19 mois) de tumeurs vaginales malignes avec la dose maximale tolérée sur le plan hématologique (5 carcinomes malpighiens, un papillome chez le rat). 134 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Dans le groupe intermédiaire, une souris a développé un papillome malpighien. Aucune tumeur vaginale n’a été retrouvée dans les autres groupes de souris et de rats traités respectivement par 30 mg/kg/j puis 20 mg/kg/j et 80 mg/kg/j. De même, aucun autre type de tumeur due au traitement n’est apparu. Des doses de 200 mg toutes les 4 heures permettent d’atteindre des taux sériques compris entre 80 et 1335 mg/l. La concentration plasmatique de zidovudine n’est pas un bon marqueur de l’efficacité clinique : un dosage du dérivé triphosphorylé intra-cellulaire est un indicateur plus précis de l’activité et de la tolérance. La demi-vie sérique est brève : 1,1 heure. Cytotoxicité La mesure de l’effet cytopathogène de la zidovudine sur différents modèles de cellules - humaines et animales - en culture montre que celui-ci apparaît à des doses plus faibles pour les lignées humaines. Les cellules progénitrices hématopoïétiques BFU-E et CFUGM sont fortement inhibées (CI50 = 0,9 à 2,4 mmol/l). Les lymphocytes B et T ne sont pas affectés par les doses de zidovudine qui sont utilisées pour les protéger contre le virus VIH. Les cellules non sanguines sont très peu sensibles. Les effets myélo-suppresseurs de la zidovudine sont dus à son interaction avec la synthèse des acides nucléiques de la cellule hôte. L’AMT - 3’-amino-3’desoxythymidine-, métabolite de la zidovudine formé in vivo et in vitro s’avère 5 à 7 fois plus toxique pour les cellules souches. L’importance de sa participation à la cytotoxicité de la zidovudine est à évaluer. PHARMACOCINETIQUE (16, 46, 49, 64, 84) 2. Distribution Le volume de distribution à l’équilibre varie de 1,3 à 1,6 l/kg. La zidovudine est lipophile. Donc, le passage à travers les membranes cellulaires est direct. La liaison aux protéines est faible : 34 à 38 %. 20 à 50% des taux sériques sont retrouvés dans le LCR. Le passage de la barrière fœto-placentaire se fait par diffusion passive. Les concentrations chez le fœtus sont en moyenne de 50 à 100 % des concentrations maternelles en fonction du temps de prélèvement après l’administration du médicament (12, 88). La zidovudine passe dans le lait. Le risque de contamination du nouveau-né est faible mais réel. L’allaitement maternel est donc contre-indiqué. La zidovudine diffuse également dans : - la salive (rapport salive /plasma = 0,60), 1. Absorption À jeun, la zidovudine est bien résorbée par voie orale : 65 % (60 - 70 %). En présence d’aliments riches en graisses, l’absorption est réduite, en temps et en quantité. À l’inverse, une alimentation liquide riche en protéines ralentit légèrement l’absorption digestive de la zidovudine : la Cmax est augmentée mais la quantité absorbée n’est pas modifiée (point important pour ces malades). La prise à jeun est recommandée. Les données concernant l’influence de la diarrhée sur l’absorption de la zidovudine sont contradictoires : pour certains il n’y a pas de modifications (106), pour d’autres il est noté une diminution de 32 % (44). L’absorption serait diminuée si le taux de CD4 est faible. - le sperme (concentrations supérieures aux concentrations plasmatiques). 3. Métabolisme Il y a formation au niveau hépatique d’un premier dérivé glucurono-conjugué inactif et facilement éliminé : le GZDV ou 3’-azido-3’déoxythymidine glucuronate, dont la demi-vie est de 1 heure. Deux autres métabolites ont été identifiés : l’AMT ou 3’amino-3’déoxythymidine et son dérivé conjugué le GAMT. L’AMT est formé en petite quantité, mais il serait responsable, en partie, de la toxicité hématopoïétique. La molécule subit un effet de premier passage hépatique. 4. Elimination Le Tmax se situe entre 30 et 90 minutes. Il est observé une grande variation inter-individuelle, parfois supérieure à 4 heures chez certains patients. La Cmax est de 1,5 - 18 mmol/l. Dossier 1996, XVII, 2-3 20 % de la dose administrée sont retrouvés dans les urines sous forme inchangée. Le G-ZDV est excrété par voie rénale dans la proportion de 70 à 75 %. 135 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA ÉTUDES CLINIQUES La durée de ces essais n'est pas suffisamment prolongée pour permettre de mettre en évidence une éventuelle différence en terme de survie. Monothérapie pages 137 à 144 et 146 à 147 Tableaux pages 137 à 144 et 146 à 147 1. SIDA et ARC sévère La première étude de phase I de la zidovudine a été réalisée en 1985 chez 19 patients ayant développés un SIDA (104). L’amélioration clinique des patients ainsi traités a conduit Fischl à la mise en place en 1987 d'un essai contrôlé contre placebo (31). La différence de mortalité entre les deux groupes a incité le comité de surveillance indépendant à interrompre l'essai, la poursuite de l'administration du placebo étant jugée non-éthique. Les essais initiaux ont montré une diminution du nombre d'infections opportunistes, de la fréquence de passage de l'ARC vers le SIDA, du taux d'antigène p24 pendant les 24 premières semaines du traitement (11), une augmentation du poids et du score de Karnofsky, du taux des lymphocytes CD4 et une meilleure réponse aux tests cutanés d'hypersensibilité retardée. Des études rétrospectives, non contrôlées, confirment les résultats de ces essais initiaux. Elles montrent un allongement de la survie chez des patients à un stade évolué de la maladie (ARC et SIDA) et soulignent l’importance de débuter le traitement rapidement après le diagnostic de SIDA (19, 24, 92). Il faut préciser que l'utilisation de la zidovudine lors de ces études se confond avec la mise en place d'une prophylaxie systématique de la pneumocystose par aérosols de PENTACARINAT®. Il n'est donc pas aisé de faire la part entre le bénéfice apporté par l'emploi de ce traitement antirétroviral et celui apporté par les mesures prophylactiques. L'étude EACGS 017 (65), conduite chez des patients asymptomatiques mais à haut risque de progression vers le SIDA, met en évidence une propabilité de progression vers l'ARC sévère diminuée sous zidovudine à 1 an. Mais cette différence n'est pas retrouvée à 2 ans. Un essai conduit chez les patients symptomatiques ayant un taux de CD4 compris entre 200 et 500/mm3 (40) a mis en évidence une augmentation du délai de progression vers le SIDA et une augmentation du délai de chute des CD4 à moins de 200/mm3 dans le groupe traité précocement, c'està-dire avant que les CD4 ne chutent à moins de 200/mm3 ou que le SIDA n'apparaisse. Par contre, il n'y a pas d'augmentation de la survie, que le traitement soit immédiat ou différé. L'essai Concorde (17), mené chez des patients asymptomatiques jamais traités, recevant de la zidovudine ou un placebo (remplacé par de la zidovudine au diagnostic de SIDA ou d'ARC), n’a pas montré de différence en terme de survie, ni de progression vers l'ARC, le SIDA, bien qu'il y ait une augmentation significative du taux des CD4 sous zidovudine. L'essai ACTG 019 concernant des patients asymptomatiques ayant des lymphocytes CD4 supérieurs ou égaux à 500/mm3 (99) ne retrouve pas de différence significative en terme d'évolution vers le SIDA ou de survie, entre les patients traités dès le début de l'essai par la zidovudine à la dose de 500 mg ou de 1500 mg/j et ceux qui avaient reçu un placebo, ceci malgré un ralentissement de la chute des CD4 chez les patients du premier groupe. 3. Conclusion Il semble donc maintenant prouvé que l'usage de la zidovudine en monothérapie chez les patients à un stade évolué de leur infection (ARC et SIDA) apporte un bénéfice en terme de survie et qu'il faille le débuter dès que possible après le diagnostic de la première infection opportuniste. 2. Traitement des patients à un stade plus précoce de la maladie Tableau Après avoir mis en évidence l'efficacité de la zidovudine chez des patients symptomatiques et immunodéprimés, il était logique de proposer ce traitement anti-retroviral à des malades à un stade plus précoce de l'infection de façon à tenter d'en enrayer l'évolution. Par contre chez des patients moins évolués dans leur maladie, si la zidovudine semble retarder la progression vers l'ARC et le SIDA et a un effet bénéfique sur l'immunité, elle n’augmente pas la survie. Les essais ACTG 016 (32), ACTG 019 (99) et EACGS (18) menés chez des patients pauci ou asymptomatiques retrouvent tous une diminution de la progression de la maladie avec des suivis relativement limités. Cf tableaux page 156 à 178 Dossier 1996, XVII, 2-3 Association 136 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - essai contrôlé contre placebo Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats The efficacy of azidothymidine (AZT) in the treatment of patients with AIDS and AIDS related complexe 1987 (31) Protocole Étude multicentrique, en double aveugle, phase II/III 282 patients Inclusion SIDA : n = 160 ARC : n = 122 Durée moyenne du suivi : 24 semaines Critère principal : survie Moyenne CD4/mm3 : 71,3 Schéma posologique - ZDV : n = 145 1500 mg/j (250 mg/4 h) - placebo : n = 137 Résultats - Augmentation significative de la survie sous ZDV (probabilité de survie à 24 semaines : 0,98 sous ZDV, 0,78 sous placebo) - Augmentation significative du poids et du score de Karnovsky sous ZDV - Augmentation significative du taux de CD4 sous ZDV - Augmentation significative de la réponse aux tests cutanés d'hypersensibilité retardée - Diminution de la fréquence de passage de l'ARC vers le SIDA sous ZDV) (0 après 6 semaines de ZDV versus 12 sous placebo) - Diminution du nombre d'infections opportunistes sous ZDV (24 sous ZDV, 45 sous placebo) The safety and efficacy of zidovudine in the treatment of subjects with midly symptomatic human immunodeficiency virus type 1 (HIV) infection. - ACTG 0 16 - 1990 (32) Protocole Étude multicentrique, phase II/III 711 patients Schéma posologique - ZDV : n = 360 1200 mg/j (200 mg/4 h) - placebo : n = 351 Inclusion ARC mineur Durée moyenne du suivi : 11 mois Critère principal d’évaluation évolution vers le SIDA ou l'ARC sévère 800/mm3 200 < CD4 < stratification suivant le taux de CD4 à l'entrée dans l'essai Résultats - sous groupe 200 < CD4 < 500/mm3 : . 12 progressions sous ZDV 34 progressions sous placebo (p = 0,002) . augmentation du taux des CD4 sous ZDV, apparaissant à la 4ème semaine et persistant jusqu'à la 52ème semaine . diminution significative du taux d'Ag p24 sous ZDV - sous groupe 500 < CD4 < 800/mm3 : évolution clinique et biologique identique dans les 2 groupes Tolérance - Neutropénie (< 750/mm3) : 4 % sous ZDV, - Anémie (taux d’hémoglobine < à 8 g/dl) : 2 % sous ZDV, 0 % sous placebo - Nausées : 68 % sous ZDV, 46 % sous placebo, - Vomissements : 27 % sous ZDV,16 % sous placebo Dossier 1996, XVII, 2-3 137 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - essai contrôlé contre placebo Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Zidovudine in asymptomatic human immunodeficiency virus infection. A controlled trial in persons with fewer than 500 CD4 positive cells per cubic millimeter. - ACTG 019 - 1990 (99) Protocole Étude multicentrique, en double aveugle, phase II/IIII 1 338 patients Schéma posologique - Groupe 1 : n = 453 ZDV : 500 mg/j (100 mg x 5) - Groupe 2 : n = 457 ZDV : 1500 mg/j (300 mg x 5) - Groupe 3 : n = 428 placebo Inclusion VIH+ asymptomatiques Durée moyenne du suivi : 55 semaines Critères principaux d’évaluation survie, évolution vers le SIDA ou l'ARC sévère CD4 < 500/mm3 Résultats - Progressions vers le SIDA : . sous placebo : 33 . sous ZDV 500 mg : 11 (p = 0,002) . sous ZDV 1500 mg : 14 (p = 0,05) - Taux de progression (pour 100 personnes/an) vers le SIDA ou l'ARC sévère : 7,6, 3,6 et 4,3 % respectivement pour les groupes 1, 2 et 3 - Augmentation significative du taux de CD4 et diminution de l'antigénémie p24 sous ZVD Ag p24 + 11 % à l'entrée dans l'essai Tolérance Anémie (< 8 g/dl) et neutropénie (< 750/mm3) plus fréquente (6,3 %) dans le groupe 2 par rapport au groupe 1; pas de différence significative entre les groupes 1 et 3 Placebo controlled trial to evaluate zidovudine in treatment of human immunodeficiency virus infection in asymptomatic patients with hemophilia. - ACTG 036 - (arrêt prématuré de l'essai à la publication des résultats de l'essai ACTG 019) - 1991 (57) Protocole Étude multicentrique, randomisée, en double aveugle, phase III 193 patients Inclusion - VIH+ asymptomatiques - Syndrome de lymphadénopathies généralisées persistantes 167 évaluables Durée moyenne du suivi : 9,7 mois Critères principaux d’évaluation : évolution vers l'ARC et décès, nombre de CD4, poids Résultats - Progression vers l'ARC et le SIDA ou décès : plus fréquemment observée sous placebo (n = 22) que sous ZDV (n = 13) - Augmentation du nombre des CD4 : plus importante sous ZDV (+ 48 à 24 semaines) que sous placebo (+ 4) - Gain de poids : supérieur dans le groupe sous ZDV à 24 semaines (p = 0,03) Schéma posologique - ZDV per os : n = 82 300 mg x 5 fois/jour - placebo : n = 85 Tolérance - Neutropénie (< 750) : plus fréquente sous ZDV (p < 0,0001) - Anémie : pas de différence significative - Nausées : plus fréquente sous ZDV (p < 0,0001) - Asthénie : plus fréquente sous ZDV (p = 0,05) Dossier 1996, XVII, 2-3 138 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - essai contrôlé contre placebo Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Zidovudine in early asymptomatic human immunodeficiency virus infection : a placebo controlled trial in persons with greater than 400 CD4 + cells per microliter. (E ACGS) - 1993 (18) Protocole Étude multicentrique, internationale, randomisée, en double aveugle, phase II /III Inclusion - VIH+ asymptomatiques - Syndrome de lymphadénopathies généralisées persistantes 984 patients évaluables Durée moyenne du suivi : 94 semaines Critères principaux d’évolution : - progressions vers le SIDA ou l'ARC sévère - modification ultérieure : progression vers le groupe IV des CDC ou baisse des CD4 à moins de 350/mm3 Schéma posologique - ZDV : n = 489 (250 mg x 2/12 h - placebo : n = 495 Résultats - Progression clinique ou biologique placebo : 129 ; ZDV : 76 (p < 0,001) - Probabilité de progression à 2 ans : placebo : 0,34 ; ZDV : 0,19 - Sous ZDV, diminution significative de : . la progression vers le groupe IV, . la baisse des CD4 à moins de 350/mm3 - Progression vers l'ARC sévère ou le SIDA : NS Tolérance - Anémie : 0.6 % des patients sous ZDV - Neutropénie < à 750/mm3 ZDV, placebo : 2 % NS Zidovudine twice daily in asymptomatic subjects with HIV infection and a high risk of progression to AIDS : a randomized double-blind placebo-controlled study- EACGS : étude 017 - 1994 (80) Protocole Étude multicentrique, internationale, randomisée, en double aveugle, II /III 329 patients Schéma posologique - ZDV : n = 167 (250 mg x 4/j pdt 4 semaines, puis 500 mg x 2/j - placebo : n = 162 Inclusion - VIH+ asymptomatiques - Syndrome de lymphadénopathies généralisées persistantes - 200 < CD4 < 400/mm3 - ou CD4 > 400/mm3 et - ou CD4 > 400/mm3 et Ag p24 + Durée moyenne du suivi : 58 semaines Critères principaux d’évaluation : évolution vers le SIDA ou l'ARC sévère phase Résultats - Probabilité de progression vers l'ARC sévère : . à 1 an : ZDV = 3 % ; placebo = 12 % . à 2 ans : 14 % (NS) - Probabilité de progression vers le stade IV : . à 1 an : plus faible sous ZDV, . à 2 ans : pas de différence - Augmentation du taux des CD4 ou stabilité du chiffre de départ plus prolongée sous ZDV : 18 mois versus 10 mois (n = 0,0367) Tolérance - Anémie (< 8 g/dl) : placebo = 2 % ; ZDV = 8 % - Neutropénie < 750/mm3 : ZDV = 3 % - Nausées : ZDV = 16 % ; placebo = 7 % - Asthénie : ZDV = 7 % ; placebo = 2 % Dossier 1996, XVII, 2-3 139 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - essai contrôlé contre placebo Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Randomized double-blind, placebo-controlled trial of twice-daily zidovudine in asymptomatic haemophiliacs infected with the human immunodeficiency virus type 1 (European - Australian Haemophilia Collaborative Study Group) - 1994 (54) Protocole Étude multicentrique, internationale, randomisée, en double aveugle, phase II /III Inclusion Hémophiles asymptomatiques ou ayant un syndrome de lymphadénopathies généralisées persistantes Schéma posologique - ZDV per os : n = 69 250 mg x 4 fois/j pdt 4 semaines - placebo : n = 71 - 100 < P CD4 < 400/mm3 - ou CD4 > 400/mm3 et Ag p24 + Pas de traitement antiviral antérieur 140 patients évaluables Durée moyenne du suivi : 89,5 semaines Critères principaux : évolution vers le SIDA ou l'ARC sévère Résultats - Progression vers : le SIDA : ZDV = 6 %, . le SIDA : ZDV = 6 % ; placebo = 6 % (NS) . l'ARC sévère (0 % dans le groupe IV des : CDC) : ZDV = 14 % ; placebo = 11 % (NS) - Remontée du taux des CD4 : différence NS Tolérance - Anémie < à 8 gr/dl : ZDV = 4 % ; placebo = 1 % - Neutropénie < 750/mm3 : ZDV = 5 % ; placebo = 0 - Pas de toxicité hépatique Études cliniques : Zidovudine (ZVD) - essai non contrôlé Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Survival experience amoung patients with AIDS receiving zidovudine. Follow-up of patients in a compationate plea program - 1988 (19) Protocole Étude non contrôlée 4805 patients Inclusion Patients ayant présenté une pneumocystose Résultats - Survie de 73 % à 1 an (contre moins de 50 % dans une cohorte de patients non traités) - Survie supérieure si le traitement a débuté dans les 90 jours suivant la pneumocystose Schéma posologique ZDV 200 mg toutes les 4 heures Dossier 1996, XVII, 2-3 140 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - essai non contrôlé Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Effects of zidovudine in 365 consecutive patients with AIDS or AIDS related complex - 1988 (24) Protocole Étude non contrôlée Inclusion SIDA : n = 285 ARC : n = 80 Résultats - Survie de 60 % à 48 semaines lorsque la ZDV est débutée plus de 6 mois après le diagnostic de SIDA - Survie de 80 % à 50 semaines lorsque la ZDV est débutée moins de 6 mois après le diagnostic Schéma posologique ZDV 200 mg toutes les 4 heures Factors influencing outcome of treatment with zidovudine of patients with AIDS in Australia. - 1990 (92) Protocole Étude non contrôlée 308 patients Inclusion SIDA Résultats - Survie de 60 % à 18 mois - Probabilité de survie plus élevée si traitement débuté moins de 12 semaines après le diagnostic de SIDA Schéma posologique ZDV 200 mg toutes les 4 heures The effect of antiviral therapy on the natural history of human immunodeficiency virus infection in a cohort of haemophiliacs - 1992 (73) Protocole Étude non contrôlée 84 patients Inclusion VIH+ Résultats - Risque d'évolution vers le SIDA : 25 % à 8,2 ans, sous ZDV contre 25 % à 4,5 ans en l'absence de traitement - Survie après le diagnostic de SIDA : plus courte chez les patients non traités (0,5 an),que chez les patients traités avant (2,8 ans) ou après (2,1 ans) le diagnostic de SIDA : Hémophiles date de séroconversion connue Influence of treatment with zidovudine (ZDV) on the long term survival of AIDS patients. - 1992 (7) Protocole Étude non contrôlée 629 patients Inclusion SIDA Résultats Survie avec ou sans traitement : - 89 versus 59 % à 1 an respectivement - 69 versus 48 % à 2 ans respectivement - 55 versus 40 % à 3 ans respectivement Schéma posologique ZDV : n = 195 (434 patients n'ont pu bénéficier d'un traitement par la ZDV, soit que celui- ci était non disponible, soit qu’ils l'ont refusé) Dossier 1996, XVII, 2-3 141 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - essai non contrôlé Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Survival of zidovudine-treated patients with AIDS compared with that of contemporary untreated patients. - 1992 (97) Protocole Étude non contrôlée 271 patients Inclusion SIDA Résultats Survie à 24 mois : : - 45,9 % sous ZDV - 20,5 % sans traitement Schéma posologique - ZDV : n = 159 - pas de traitement : n = 112 Zidovudine and the natural history of the acquired immunodeficiency sydrome - 1991 61) Protocole Étude non contrôlée 1022 patients Inclusion SIDA (développé après avril 87 : n = 714) Résultats Résultats Survie médiane sous ZDV : 770 jours contre 190 en l'absence de traitement (p < 0,001) Schéma posologique ZDV : 352 (49 %) Long term safety and efficacy of zidovudine in patients with advanced human immunodeficiency virus disease.- 1991 (60) Protocole Étude non contrôlée 886 patients Inclusion SIDA ou ARC Résultats Survie sous ZDV : - à 1 an : 83 %, - à 18 mois : 67 % CD4 < 250/mm3 Survival from AIDS to death of zidovudine-treated patients entering treatment before and after AIDS diagnostis in Italy - 1993 (119) Protocole Étude non contrôlée 1687 patients Inclusion - Patients traités dès le diagnostic de SIDA, avec un délai maximal de 6 mois : n = 600 - Patients enrôlés et traités dès le stade ARC, développant un SIDA : n = 1087 Suivi moyen : 18 mois Résultats Risque relatif de décès double chez les patients traités avant le stade SIDA Comparaison of long term prognosis of patients with AIDS treated and not treated with zidovudine. - 1994 (52) Protocole Étude non contrôlée 4484 patients Dossier 1996, XVII, 2-3 Inclusion SIDA - Patients traités après le diagnostic de SIDA : n = 2013 - les autres ne sont pas traités 142 Résultats Patients traités par ZDV : - pendant la 1ère année le taux de décès est inférieur dans le groupe traité (RR : 0,47 ; 95 % (IC), 0,42 à 0,51) - après 2 ans, le taux de mortalité est supérieur dans le groupe traité (RR : 1,35 ; 95 % (IC) 1,15 à 1,58) Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - Traitement immédiat ou différé Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Prolonged zidovudine therapy in patients with AIDS and advanced AIDS related complex - 1989 (30) Protocole Étude multicentrique, en double aveugle, Phase II/III 229 patients. Inclusion SIDA ou ARC, Durée moyenne du suivi : 21 mois Critère principal d’évalation : survie Résultats - Survie à 12 mois : augmentation significativement plus grande dans le groupe traité immédiatement : 84,5 % versus 78,8 %. - Survie à 18 mois : 64,6 % dans le groupe traité tardivement. - Survie à 21 mois : 57,6 % dans le groupe traité immédiatement. Schéma posologique - Groupe 1 : n = 127 (traitement immédiat) ZDV 1500 mg/j (250 mg toutes les 4 h) - Groupe 2 : n = 102 ( traitement différé) placebo pdt 17 semaines puis ZDV 1200 mg/j (200 mg toutes les 4 h) Tolérance - Neutropénie (<750/mm3) : 58 % - Anémie (< 7,5 g/dl) : 32 % A controlled trial of early versus late treatment with zidovudine in symptomatic human immunodeficiency virus infection- 1992 (40) Protocole Étude multicentrique, en double aveugle, Phase II/III 338patients. Schéma posologique - Groupe 1 : n = 170 (traitement immédiat) ZDV 1500 mg/j (250 x 6 mg/j) - Groupe 2 : n = 168 (traitement différé) Placebo Si progression vers le SIDA ou chute des CD4 à moins de 200/mm3 : passage en ouvert à ZDV 1500 mg/j Dossier 1996, XVII, 2-3 Durée moyenne du suivi : 21 mois Inclusion VIH+ symptomatiques : - signes d'ARC, - lymphadénopathies, - sueurs nocturnes, - dermite séborrhéique Critères principaux d’évalaution : Survie, évolution vers le SIDA. Résultats - Pas d'augmentation de la survie : . décés sous traitement immédiat : 23 . décés sous traitement différé : 20 (p = 0,8) - Augmentation du délai de progression vers le SIDA : . traitement immédiat : 28 . traitement différé : 20 (p = 0,02) - Augmentation du délai de chute des CD4 à moins de 200/mm3 dans le groupe traité précocement - Plus grand pourcentage de négativation de l'antigénémie P24 dans le groupe traité précocement 200 < CD4 < 500/mm3 Tolérance - Neutropénie (< 1000/mm3) : . traitement immédiat : 14 % . traitement différé : 10 % - Anémie nécessitant une transfusion : . traitement immédiat : 5% . traitement différé : 2% 143 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - Traitement immédiat ou différé Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Concorde : MRC/ANRS randomised double-blind controled trial of immediate, and differed zidovudine in symptom-free HIV infection - 1994 (17) Protocole Étude multicentrique, internationale, en double aveugle, randomisée, Phase II/III 1749 patients Inclusion VIH+ asymptomatiques jamais traités Durée moyenne du suivi : 3,3 ans Critère principal d’évaluation : survie, toxicité sévère, progression vers le SIDA, progression vers le groupe IV de la classification des CDC Schéma posologique - Groupe 1 (traitement immédiat) : ZDV = 250 mg x 4/j - Groupe 2 (traitement différé) placebo jusqu'au diagnostic de SIDA ou d'ARC A partir de 10/89 : possibilité de mettre sous ZDV en ouvert, les patients ayant des CD4 < à 500/mm3 Résultats - Pas de différence en terme de survie, de progression vers l'ARC, le SIDA, ou le décès - Augmentation du taux des CD4 sous ZDV Tolérance - Anémie < 10 g/dl : . à 1 an : traitement immédiat : 5,3 % traitement différé : 0,9 % . à 3 ans : traitement immédiat : 8,5 % traitement différé : 2,1 % - Neutropénie < 800/mm3 . à 1 an : traitement immédiat : 4,3 % traitement différé : 1,3 % . à 3 ans : traitement immédiat : 8,7 % traitement différé : 2,6 % A comparison of immediate with deferred Zidovudine therapy for asymptomatic HIV infected adults with CD4 cell counts of 500 or more per cubic millimeter.ACTG 019 - 1995 (98) Protocole Étude multicentrique, nationale, en double aveugle, randomisée, 1637 patients Inclusion VIH+ asymptomatiques jamais traités Durée moyenne du suivi :4,8 ans Critère principal d’évaluation : survie, progression vers le SIDA, taux de CD4 CD4 > 500/mm3 Résultats - Pas de différence en terme de survie et de progression vers le SIDA entre les 3 groupes - Déclin moindre du taux de CD4 dans le groupe traité immédicatement aux deux doses (p = 0.001) Schéma posologique - Groupe 1 (traitement immédiat) : ZDV : 500 mg/j - Groupe 2 (traitement immédiat) : ZDV : 1500 mg/j - Groupe 3 (traitement différé) : placebo A partir de 08/89 possibilité de mettre sous ZDV en ouvert, les patients ayant des CD4 < 500/mm3 Dossier 1996, XVII, 2-3 Tolérance : meilleure dans le groupe traité tardivement qui dans le groupe ayant reçu de la ZDV à la dose de 1500 mg/j : - anémie < 8g/dl (4 %), - granulopénie < 750 mm3 (5,6 %) (p < 0.001) 144 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 2. Chez l’enfant Étude de dose Tableau page 146 et 147 Les posologies de zidovudine utilisées dans les études initiales - 1200 et 1500 mg/j - provoquaient une lourde toxicité, notamment hématologique. De ce fait, des posologies moindres ont été évaluées. Seules des études préliminaires ont été menées sur l’incidence du rythme d'administration et des traitements séquentiels. Il ne semble pas qu'il existe de différence significative entre une administration bi-quotidienne et des prises plus fréquentes (71, 72). Dans l'espoir d'améliorer la tolérance, des traitements séquentiels ont été évalués sur de petites cohortes de malades. Le schéma d'administration varie : un jour sur deux, trois jours par semaine, un mois sur deux. Il semble que l'efficacité soit identique notamment en ce qui concerne la prévention des atteintes nerveuses centrales, et la tolérance meilleure (10, 28, 90). Au total, à l'heure actuelle les doses usuelles recommandées de zidovudine sont de 500 à 600 mg par jour en 2 à 3 prises. Cette posologie peut être diminuée (300-400 mg/j) sans perte d'efficacité chez les patients atteints de SIDA et d'ARC ou très immunodéprimés (CD4 < 100/mm3). Certaines situations rendent nécessaires un schéma posologique différent (grossesse, atteinte nerveuse centrale, thrombopénie sévère). RENSEIGNEMENTS THÉRAPEUTIQUES Indications AMM 3. Femme enceinte et nouveau-né Un traitement pourra être prescrit chez la femme enceinte séropositive après 14 semaines de grossesse puis chez son enfant dès la naissance, dans le but de réduire le risque de transmission du VIH de la mère à l’enfant. Précautions d’emploi - Les patients atteints de SIDA ont souvent des désordres hépatiques, rénaux ou gastro-intestinaux sous-jacents ou co-existants pouvant éventuellemnent altérer la pharmacocinétique de la zidovudine. - Chez les malades insuffisants hépatiques, la clairance de la zidovudine est ralentie. Du fait de la diminution de la glucuroconjugaison, sa demi-vie et ses concentrations plasmatiques augmentent. Pour éviter une accumulation de la zidovudine en administration répétée, une réduction posologique est proposée (14, 33, 93). - Chez des patients séronégatifs pour le VIH et atteints d'insuffisance rénale sévère, il n'y a pas de grandes modifications de la pharmacocinétique de la zidovudine inchangée mais il existe un ralentissement important de l'élimination du métabolite conjugé et une grande augmentation de ses concentrations (21). La toxicité potentielle du G-ZDV est inconnue. L'hémodialyse n'a que des effets négligeables sur la pharmacocinétique de la zidovudine alors qu'elle augmente l'élimination du dérivé glycuroconjugué 69, 83). - L'administration orale de la zidovudine pourrait être maintenue en cas de diarrhées même très importantes. 1. Chez l’adulte - Manifestations de l’infection par le VIH aux stades avancés de la maladie tels que SIDA et ARC. - Manifestations précoces de l’infection par le VIH lorsque le taux de CD4 est inférieur à 500 éléments/ mm3. - Patients asymptomatiques dont les marqueurs de l’évolutivité de la maladie sont en progression, en particulier lorsque les lymphocytes CD4 sont, lors de mesures répétées, inférieurs à 200/mm3 ou lorsqu’ils sont compris entre 500 et 200/mm3 et en diminution rapide. Dossier 1996, XVII, 2-3 Chez l’enfant de plus de trois mois au stade symptomatique ou au stade asymptomatique avec des signes nets d’immunodépression due au VIH. - Une diminution de la clairance totale de la zidovudine a été rapportée chez des patients hémophiles et porteurs asymptomatiques de l'infection VIH (63). Cette diminution n'est pas corrélée avec l'existence d'anomalies hépatiques fréquentes chez ce type de malades. - Chez la femme enceinte, des concentrations plus basses de zidovudine et une augmentation de la clairance ont été observées (68, 100). 145 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - Étude de dose Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A randomized controlled trial of a reduced daily dose of Zidovudine in patients with the acquired immunodeficiency syndrome (29) Protocole Étude multicentrique, en ouvert, randomisée 524 patients SIDA Inclusion SIDA Durée moyenne du suivi : 25,6 mois Critères d’évaluation : Survie, délai de survenue d'une nouvelle infection. Opportuniste, toxicité notamment hématologique. Schéma posologique - Groupe 1 (n : 262) 250 mg/4 h - Groupe 2 (n : 262) 100 mg/4 h Résultats - Survie à 18 mois - Survie à 24 mois . Groupe 1 : 52 % . Groupe 1 : 27 % . Groupe 2 : 63 % . Groupe 2 : 34 % (p = 0,012) (p = 0,033) - Délai de survenue d'une nouvelle infection opportuniste : identique dans les deux groupes. Tolérance hématologique : - Anémie (taux d'hémoglobine < à 8 g/dl) : . Groupe 2 : 29 % (p = 0,0009) . Groupe 1 : 39 % - Neutropénie (taux polynucléaires neutrophiles < 750/mm3) : . Groupe 2 : 37 % (p = 0,0009) . Groupe 1 : 51 % Conclusion : l'efficacité s'est avérée au moins équivalente dans les deux groupes. La tolérance hématologique est meilleure dans le groupe traité à faible dose. Double blind dose-response study of Zidovudine in AIDS and advanced HIV infection 1992 - (66) Protocole Étude multicentrique, en ouvert, randomisée 474 patient Inclusion SIDA, ARC CD4 < 100/mm3 Durée moyenne du suivi : 19 mois Critères d’évaluation : survie, survenue de nouveaux évènements cliniques en rapport avec l'infection VIH, taux de CD4, qualité de vie, tolérance hématologique. Schéma posologique 3 doses quotidiennes en 4 prises : - Groupe 1 : 400 mg - Groupe 2 : 800 mg - Groupe 3 : 1200 mg Résultats - Taux de décès : identique dans les 3 groupes respectivement 23, 23, et 19 %, et 38, 41 et 44 % à 1 an - Délai de survenue d'une nouvelle infection opportuniste, nombre d'infection opportuniste, taux de CD4, indice de qualité de vie et score de Karnofsky : pas de différence entre les 3 groupes Tolérance hématologique - Anémie : Groupe 1 = 20 % ; Groupe 2 = 30 % Groupe 3 = 34 % (p = 0.006) - Neutropénie (taux polynucléaires neutrophiles < 1000/mm3) : Groupe 1 = 41 ; Groupe 2 = 45 % Groupe 3 = 61% 61% (p = 0.0005) Conclusion.L’efficacité n’est pas liée à la dose administrée ; par contre, l'incidence de survenue d'une anémie ou d'une leucopénie, le délai de la première diminution de la dose et le nombre de sorties d'étude le sont Dossier 1996, XVII, 2-3 146 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zidovudine (ZDV) - Étude de dose (suite) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A pilot study of low-dose Zidovudine in human immunodeficiency virus infection. 1990 (15) Protocole Étude pilote 67 patients Inclusion ARC Résultats - Amélioration clinique observée à 12 semaines : supérieure dans les 2 groupes 1 et 2, avec augmentation du poids et du score de Karnofsky. - Augmentation du taux de CD4 : supérieure dans le groupe 1. - Antigénémie P24, virémie plasmatique : pas de différence dans les 3 groupes. - L'aciclovir n'a pas majoré l'activité anti-rétrovirale de la zidovudine. 500/mm3 Schéma posologique - Groupe 1 (n = 28) 300 mg/j - Groupe 2 (n = 24) 600 mg/j - Groupe3 (n = 15) 1500 mg/j 200 < CD4 < AgP24+ ou une virémie plasmatique positive aciclovir 4,8 g/j pour certains sujets Chez des patients asymptomatiques, l'essai ACTG 019 (99) a montré l'équivalence des posologies quotidiennes de 500 et de 1500 mg en ce qui concerne l'efficacité mais la supériorité de la dose de 500 mg en ce qui concerne la tolérance. À cette dose : - 1,1% des patients ont présenté une anémie inférieure à 8 g/dl contre 6,3% des patients qui recevaient 1500 mg de zidovudine par jour (p : 0,0001), - 1,8 % des patients traités à faible dose, contre 6,3% des patients traités à forte dose (p < 0,0001) ont présenté une neutropénie sévère (taux polynucléaires neutrophiles inférieur à 750/mm3). - Chez les patients âgés, une diminution des doses ou un espacement peut être rendu nécessaire du fait d’une augmentation de la demi-vie (69). Contre-indications - Antécédent d’hypersensibilité à la zidovudine. - Troubles hématologiques sévères (taux d’hémoglobine (< 7,5 g/100 ml et taux de neutrophiles < 0,75.109/l) Effets indésirables 1. Toxicité hématologique Les effets indésirables les plus sérieux et les plus fréquents de la zidovudine sont l’anémie, la leucopénie et la thrombopénie. 45 % des patients atteints d'ARC et de SIDA, traités par la zidovudine, vont présenter une anémie à moins de 7,5 g/l d'hémoglobine, une neutropénie à moins de 750/mm3 ou une leucopénie à moins de 1500/mm3 (49). Dossier 1996, XVII, 2-3 1.1. En fonction du stade de la maladie L'incidence des effets hématologiques est fonction du stade de la maladie ; elle est d'autant plus élevée que celle-ci est évoluée. C'est ainsi que dans la première étude contre placebo effectuée en 1987 chez des patients atteints de SIDA ou d'ARC, il a été observé 24 % d'anémies sévères (taux d'hémoglobine inférieur à 7,5 g/dl) et 16 % de neutropénies sévères (< à 500/mm3). Les sujets les plus immunodéprimés et ayant une cytopénie pré-existante ont un plus grand risque de développer ce type de complications (75). La tolérance hématologique a été meilleure chez les patients traités dans le cadre de l'essai ACTG 016 - malades atteints d'ARC mineur et relativement peu immunodéprimés - : une neutropénie (< 750/mm3) n'a été observée que chez 4 % des patients sous zidovudine et une anémie (taux d'hémoglobine < 8 g/dl) que chez 2% des patients. L'incidence est encore plus faible chez les patients asymptomatiques ayant moins de 500 CD4/mm3 recevant 500 mg par jour de zidovudine, dans le cadre de l'essai ACTG 019 : anémie (taux d'hémoglobine < 8 g/dl) dans 1,1 % des cas, neutropénie (à moins de 750/mm3) dans 1,8 % des cas. 147 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Par contre dans l'étude Concorde, la toxicité hématologique est plus importante chez les sujets traités immédiatement que chez les patients traités plus tardivement. Il est souvent observé une atrophie musculaire, et quelquefois une tension. Les enzymes musculaires sont habituellement augmentées (6, 36, 70). 1.2. En fonction de la dose administrée Sur le plan anatomopathologique, il est noté la présence de fibres musculaires vacuolisées voire nécrotiques, une inflammation interstitielle modérée ou absente et, en microscopie électronique, des mitochondries dont le volume est augmenté et contenant des inclusions paracristallines. La zidovudine affecte les mitochondries musculaires en inhibant la DNA a polymérase (20). L'incidence de la toxicité hématologique est également fonction de la dose administrée. Au cours de l'étude ACTG 019, il a été mis en évidence une tolérance supérieure dans le groupe recevant 500 mg par jour de zidovudine que dans le groupe en recevant 1500 mg : - anémie (< 8 g/dl) dans 1,1 % et 6,3 % des cas respectivement, - neutropénie : taux de polynucléaires neutrophiles < 750/mm3, dans 1,8 % et 6,3 % des cas respectivement. Dans l'étude menée par le Nordic Medical Research Councils HIV Therapy Group, le délai de la première diminution de dose était significativement plus long chez les patients recevant 400 ou 800 mg de zidovudine par jour par rapport à ceux recevant 1200 mg. Dans une étude comparant les doses de 1500 mg et 600 mg/j de zidovudine chez des patients atteints de SIDA, il a été observé plus de sorties d'étude à 25 mois, en raison d'effets toxiques hématologiques dans le premier groupe (29). Enfin, les modes d'administration séquentiels testés sur un petit nombre de patients semblent mieux tolérés y compris chez des sujets intolérants à la prise quotidienne de zidovudine (89, 103). 1.3. Autres effets indésirables hématologiques 2.2. Toxicité hépatique Dans l'analyse de l'essai ACTG 019, il n'a pas été retrouvé d'augmentation notable du taux des transaminases chez les patients recevant de la zidovudine par rapport aux patients sous placebo. Par contre, une augmentation dose-dépendante de la bilirubine a été retrouvée chez les patients traités (47). Plusieurs cas d'hépatites avec résolution à l'arrêt du traitement ont été rapportés (25, 38). Des défaillances hépatiques mortelles associées à une hépatomégalie et à une stéatose ont été décrites chez des patients recevant de la Zidovudine (34). Un cas d'hépatite fulminante a été décrit (82). - Thrombocytopénie - Macrocytose - Pancytopénie sévère - Aplasie. 2. Autres effets indésirables 2.1. Myopathie La zidovudine est responsable de l'apparition de myopathie, qui apparaît généralement après un traitement prolongé (pendant plus de 6 mois) et quelle que soit la dose administrée. Son installation est subaiguë en quelques semaines et se manifeste par une sensation de fatigue musculaire à prédominance proximale, affectant surtout les membres inférieurs. La moitié des patients se plaint de myalgies. Dossier 1996, XVII, 2-3 La myopathie due à la zidovudine est à distinguer de la myopathie associée à l'infection par le VIH dans laquelle la douleur et la tension musculaire sont habituellement absentes et les enzymes musculaires normales (42). L'arrêt du traitement permet habituellement une régression des signes. Remarque. Une information a été présentée par la FDA, sur des cas d'acidose métabolique sévère associés parfois à des perturbations hépatiques chez des patients recevant un traitement anti-rétroviral (91). Les cas mortels rapportés présentaient des similarités cliniques et biologiques : traitement anti-rétroviral par zidovudine ou didanosine pendant au moins quatre mois, douleurs abdominales, volumineuse hépatomégalie, stéatose macrovésiculaire sans inflammation ni nécrose, augmentation modérés des transaminases, triglycérides augmentés, trou anionique, taux de bicarbonates diminué, acidose lactique et taux de prothrombine diminué. L'incidence de ce syndrome n'est pas connue mais est probablement faible. L'origine en serait un dysfonctionnement mitochondrial et donc identique à celle des myopathies induites par la zidovudine (50). 148 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 2.3. Divers - L'ingestion de zidovudine pourrait provoquer l'apparition d'ulcères oesophagiens (27). - La zidovudine pourrait avoir un effet délétère sur l'état nutritionnel, en particulier les taux de cuivre et de zinc (5). - L'incidence des nausées provoquées par la zidovudine est de l'ordre de 20 à 30 %. - L'apparition d'une pigmentation unguéale est fréquente (23). Plus rarement il peut être observé une pigmentation cutanée ou muqueuse (39, 94). - La responsabilité de la zidovudine a été évoquée dans la survenue de lymphomes malins non hodgkiniens. En fait, il semble que l'apparition de ce type de complications puisse être en rapport avec l'allongement de la survie due au médicament. La zidovudine n'augmente pas l'activation des lymphocytes B (101). - Enfin, céphalées, insomnies, anorexie et asthénie sont plus fréquemment rapportées sous zidovudine que sous placebo. Interactions médicamenteuses (1, 2, 9, 22, 62, 76, 86, 87, 102) Seules quelques données sur certaines associations sont actuellement disponibles. Les interactions médicamenteuses avec la zidovudine relèvent de deux mécanismes parfois associés : - interaction par addition d’effet toxique, Ceci est probablement du à une baisse du métabolisme de la zidovudine. 1.3. Ganciclovir L'association zidovudine-ganciclovir est mal tolérée sur le plan hématologique. De plus le ganciclovir inhibe la phosphorylation intra-cellulaire de la zidovudine (37). 2. Augmentation de l’activité par augmentation des taux circulants (inhibition de la glucuronoconjugaison) Les substances métabolisées par les microsomes hépatiques inhibent la glucuronoconjugaison (74) de la zidovudine et leur association demande de prendre des précautions d’emploi (surveillance clinique régulière). 2.1. Probénécide Le probénécide inhibe la glucuronoconjugaison de la zidovudine et pourrait également diminuer son excrétion rénale ainsi que celle de son métabolite glucuronoconjugué (41, 53). 2.2. Acide valproïque L'acide valproïque inhibe la glucuronoconjugaison et augmente sa biodisponibilité orale de la zidovudine (51). 2.3. Fluconazole - interaction d’ordre pharmacologique. 2.4. Méthadone L'administration conjointe de zidovudine et de substances susceptibles d'interférer avec son métabolisme hépatique ou son excrétion rénale ou d'augmenter sa toxicité médullaire, doit rester très prudente, les inconnues restant dans ce domaine très nombreuses. La méthadone augmente les concentrations sériques de zidovudine en cas de prise simultanée (80). 2.5. Isoprinosine 2.6. Lorazépam 1. Augmentation de la toxicité hématologique 2.7. Cimétidine 1.1. Amphotéricine B, dapsone, flucytosine L’addition des effets hématologiques des 2 produits demande de prendre des précautions d’emploi (contrôle plus fréquent de l’hémogramme). 3. Diminution de l’efficacité par accélération du métabolisme hépatique : inducteurs enzymatiques Précaution d’emploi (surveillance clinique régulière) 3.1. Rifampicine 1.2. Paracétamol L'administration conjointe de zidovudine et de paracétamol peut en augmenter les risques hématologiques (90) et hépatiques (101) surtout lors d’une utilisation prolongée. Dossier 1996, XVII, 2-3 La rifampicine diminue les concentrations sériques et augmente l'excrétion de la zidovudine (8). 3.2. Phénobarbital 149 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 4. Autres interactions médicamenteuses - Le triméthoprime et le cotrimoxazole diminuent de façon importante l'excrétion rénale de la zidovudine, ce qui n'a pas de conséquence, tant que le métabolisme hépatique de cette dernière reste normal (13). - Le GM-CSF potentialise l'activité de la zidovudine in vitro, peut être en favorisant sa phosphorylation. 13 - Chatton JY, Munafo A, Chave JP et al. Trimethoprim alone or in combinaison with sulphamethoxazole, decreases the renal excretion of Zidovudine and its glucuronide. Brit J Clin Pharmacol 1992 ; 34 : 551-4. 14 - Child S, Montaner J, Toukas C, Fanning M et al. Canadian multicenter Azydothymidine trial : AZT pharmacokinetics. J Acquir Immun Defic Syndr Hum Retrovirol 1991 ; 4 : 865-70. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 15 - Collier AC, Bozette S, Coombs RW et al. A pilot study of low-dose Zidovudine in human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1990 ; 323 (15) : 1015-21. 1 - Acosta EP, Fletcher CV. Antiviral drug interaction. 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Des données récentes sur la dynamique virale ont confirmé et justifié la nécessité de «traiter tôt et fort » et de façon la plus «agressive possible». Toutes ces différentes étapes ont été précédées par des études réalisées in vitro sur différentes lignées cellulaires et avec différentes souches ou isolats cliniques afin de prouver un effet additif et ou synergique. La coorélation avec l’existence de synergie in vivo n’est pas systématiquement retrouvée. - comment faut-il la réaliser ? - combien d’antirétroviraux faut-il associer ? 2 ou 3 ? ou plus ? - la réduction des effets indésirables des antirétroviraux peut-elle être obtenue en réduisant leur posologie en les associant ? ainsi l’inhibition des cytochromes P450 responsables du métabolisme du saquinavir par le ritonavir va augmenter les taux sanguins du saquinavir ce qui permettrait peut-être de diminuer la posologie du ritonavir en association avec le saquinavir ? ÉVOLUTION / ÉTAPES * Jusqu’à ces derniers temps, la ZDV a été l’antirétroviral de choix pour débuter une thérapie contre le SIDA. * Les échecs ou les intolérances observés sous ZDV ont conduit à la mise au point de protocole : - de substitution, tout d’abord par la ddI (essai ACTG 116A et 116B/117), - d’alternance et/ou intermittence, avec la ZDV, la ddC. * La d4T a d’abord été utilisé en cas d’échec ou d’intolérance à la ZDV ou la ddI ou la ddC. * ZDV + ddI utilisée en association combinée/alternée a montré son intérêt (ACTG 143, essais delta...) OBJECTIFS * ZDV + ddC utilisée en association a montré son intérêt (ACTG 155..). Le but d’une association est de : - créer une synergie ou une action additive (en jouant sur le nombre et la nature des cibles virales des antirétroviraux : un inhibiteur actif pendant la phase S comme la ZDV + un inhibiteur actif pendant toutes les phases comme la ddI ou la ddC), - réduire la charge virale, quantitativement et durablement, - éviter ou diminuer les toxicités, en recherchant un profil de toxicité différent (ne pas associer ddI et ddC). - diminuer le risque d’apparition de résistances (intérêt de l’association de la ddI et la ZDV, ou de la ddC et de la ZDV), notamment de résistance croisée, - de restaurer la sensibilité à certains antirétroviraux devenus résistants (comme par exemple ZDV + 3TC) Dossier 1996, XVII, 2-3 - quand faut-il l’entreprendre ? * ZDV + 3TC utilisée en association a montré son intérêt (NUCB 3001, NUCB 3002..). * Trithérapie RÉSULTATS Les associations ont montré leur intérêt sur : - la diminution de la mortalité pour la bithérapie ZDV + ddI ou ZDV + ddC (essai delta 1) chez des patients naïfs, - chez des patients déjà traités par antirétroviral (ACTG 175), - le bénéfice immuno-virulogique de l’association ZDV + 3TC (NUCA 3001/3002 et NUCB 3001). 154 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA L’apport des associations apparaît d’autant plus important que le taux initial des CD4 est plus élevé (résultats comparés des essais delta, ACTG 175). ÉTUDES CLINIQUES Tableaux pages 156 à 178 Toutes les études réalisées ne sont pas rapportées ici pour des raisons diverses , notamment celles menées avec l’interféron, l’hydroxyurée, l’aciclovir, le foscarnet, le G-CSF... Dossier 1996, XVII, 2-3 CONCLUSION Les associations sont plus que jamais «à suivre». Les premiers essais cliniques menés chez des patients à un stade avancé de la maladie n’ont pas permis de mettre en évidence tous les bénéfices cliniques attendus d’associations d’antirétroviraux. De nombreux essais, entrepris plus précocement devraient démontrés tout l’intérêt des associations d’antirétroviraux : bi- mais surtout tri- et pour certrains quadrithérapies. 155 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques - Bithérapie : Délavirdine (U-90152S) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Tolérance et efficacité de l’association delavirdine (del) per os + zidovudine (ZVD) per os versus ZVD per os seule ARCAT-SIDA 1995 p32, en cours (1) Protocole Étude multicentrique, européenne, randomisée, simple aveugle, phase Ib - II 100 patients (15 en France) Schéma posologique Groupe 1 : - del : 600 mg/j 3 prises - ZDV : 200 mg x 3/j Groupe 2 - del 1200 mg/j 3 prises - ZDV 200 mg x 3/j Groupe 3 - del 600 à 1 200 mg/j en doses croissantes en 3 prises - ZDV 200 mg x 3/j Groupe 4 : - placebo delavirdine - ZDV 200 mg x 3/j Inclusion - âge > 16 ans - CD4 : 50 - 350/mm3 - indice Karnofsky > 70 - bilan biologique normal - zidovudine bien toléré après 8 sem Critères d’évaluation - Critère principal : tolérance au médicament selon la posologie - Autres critères : . évolutivité de l’infection : taux de CD4, d’Ag p24, charge virale . Concentrations plasmatiques de delavirdine Exclusion - Traitement antérieur par un analogue nucléosidique > 12 mois - Traitement par la didanosine ou une molécule en évaluation au cours des 3 mois précédents - Antécédent d’allergie aux dérivés de la pipérazine - Femmes enceintes et allaitantes Résultats partiels - Augmentation transitoire du taux de CD4 - Diminution légère de la charge virale, uniquement à forte dose de delavirdine : 1200mg/j Tolérance - Éruption cutanée sévère : 6 % des patients - Problèmes cutanés mineurs : 33 % des patients Durée = 12 semaines (éventuellement doublée pour patients groupe placebo) Tolérance et efficacité de l’association delavirdine (del) per os + zidovudine (ZVD) per os versus ZVD per os + placebo chez des patients VIH+ ayant un taux de lymphocytes < 350/mm3 - ARCAT-SIDA 1995 ; p33 en cours (1) Protocole Étude multicentrique, internationale, randomisée en 2 bras et stratifiés en 2 groupes selon le taux de CD4 en double aveugle, phase III 1000 patients (France : 170) Schéma posologique Bras 1 (n = 500) : - del 300 mg x 3/j - ZVD 200 mg x 3/j Bras 2 (n = 500) : - placebo delavirdine - ZVD 600 mg/j 3 prises Inclusion - Âge > 16 ans - CD4 < 350/mm3 - Groupes B et C selon CDC 1993 - Indice Karnofsky > 70 - Données biologiques < gr II - Classification ACTG (dans chaque bras, 100 patients CD4 < 50) Exclusion - Allergie à pipérazine - Participation autre essai - Femmes enceintes ou allaitantes Durée suivi 2 ans Dossier 1996, XVII, 2-3 156 Critères d’évaluation - Critères principaux : . bénéfice clinique : survie, délai sans affection définissant le Sida: - Autres critères : . tolérance . suivi biologique + taux plasmatiques J0, S4 et S12 . pharmacoéconomie . qualité de vie Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Délavirdine (U-90152S) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Traitement en ouvert par la delavirdine au sein d’une triple association ARCAT-SIDA 1995, en cours (1) - extension en ouvert de l’étude précédente Protocole Étude multicentrique, en ouvert, phase III 4100 patients (70 en France) Inclusion - âge > 16 ans - CD4 : ≤ 500/mm3 Critères d’évaluation - Tolérance au médicament à long terme - évolution du taux de CD4 - PCR-ARN plasmatique - Progression de la maladie - Décès Schéma posologique - ZVD : 500 ou 600 mg/j - + delavirdine : 1200 mg/j - + ddI : 250 ou 400 mg/j selon le poids corporel ou ddC: 0,225 mg/j Études cliniques : Didanosine (ddI) - Association / alternance Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A randomized pilot study of alternating or simultaneous zidovudine and didanosine therapy in patients with symptomatic human immunodeficiency virus infection - 1994 (12) Protocole Étude randomisée 41 patients Schéma posologique - Groupe 1 : n = 20 (alternance) . ZVD : 600 mg/j x 3 semaines . ddI : 00 mg/j x 3 semaines - Groupe 2 : n = 21 (association) . ZVD : 300 mg/j . ddI : 250 mg/j Inclusion SIDA ou infection symptomatique CD4 < 350 mm3 Durée de suivi : 42 semaines Critères d’évolution - taux de CD4 - poids des patients Traitements antiviraux possibles : 3 mois maximum Résultats - Augmentation du poids plus importante dans le groupe « association » : . + 4 Kg à la 27ème semaine, . mais poids équivalent à la 63ème semaine - Augmentation du nombre de CD4 significativement plus élevée dans le groupe « association » jusqu’à la 45ème semaine Tolérance - 1 pancréatite fulminante : 1 décès dans le groupe « association » - augmentation de l’amylasémie : 2 patients / 41 Conclusion : bénéfice clinique, immunologique et virologique plus marqué dans le groupe traité par l’association. Dossier 1996, XVII, 2-3 157 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Didanosine (ddI) -Substitution Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Combination therapy with zidovudine and didanosine compared with zidovudine alone in HIV1 infection - 1993 (6) Protocole Étude en ouvert, multicentrique (USA), partiellement randomisée 69 patients Schéma posologique Voir schéma ci-dessous 6 groupes : - 5 associations : ZDV + ddI (n = 55) - 1 ZDV seule (n = 14) Inclusion HIV-1+ CD4 < 400 Durée de suivi : 52 semaines Critères d’évolution - Taux CD4 - HIV-1 RNA - Toxicité mm3 Traitement antérieur par la ZDV < 4 mois Résultats - Augmentation médiane des CD4 plus importante dans les groupes des différentes associations que dans le groupe ZVD seule : 166 contre 77 à la 24ème semaine de suivi (p = 0,001) - Diminution significative des titres d’ARN plasmatique observée avec les associations : 83% contre 29 % dans le groupe ZDV seule (p = 0,017) - Chute plus marquée du taux d’hémoglobine pour la ZDV seule que dans le groupe association aux mêmes doses: 600mg/j. Pas de traitement par la ddI ZDV gélules : 3 fois par jour ddI sachets : 2 fois par jour Conclusion : Intérêt de l’association AZT/ddI sur la monothérapie en terme d’augmentation du nombre de CD4 (et dans le temps ), sur la diminution dans le plasma du RNA HIV-1 et des valeurs des paramètres hématologiques ; mais les groupes sont trop petits et l’étude nécessite plus d’informations sur le devenir clinique. Dossier 1996, XVII, 2-3 158 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Didanosine (ddI) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Preliminary results of the European / Australian delta trial : based on data up to 31st may, 1995. Delta 1, ANRS 017 (18) Protocole Étude en double aveugle, international (9 pays), multicentrique (52 sites en France), randomisée, phase I - II 2191 patients recrutés dont 2131 éligibles à l’inclusion : 84 % hommes et femmes non gestantes (âge moyen 36 ans) Schéma posologique - Groupe 1 : n = 702 . ZDV : 600 mg/j en 3 prises pdt 2 ans . ddI : 400 mg/j en 2 prises pdt 2 ans - Groupe 2 : n = 708 . ZDV : 600 mg/j en 3 prises pdt 2 ans . ddC : 2,25 mg/j en 3 prises pdt 2 ans - Groupe 3 : n = 702 . ZDV : 600 mg/j en 3 prises pdt 2 ans . placebo ddI ou ddC Inclusion VIH+ (groupes II et III, CDC 87 et ARC), Durée moyenne de suivi : 26 mois Critères d’évaluation - Critères principaux : . aggravation clinique de l’infection . effet indésirable grave conduisant à l’arrêt du traitement - Autres critères : . effet indésirable grave conduisant à une réduction de dose . critère biologique : (titrage de l’antigène p24, taux de lymphocytes CD4) - CD4 < 350/mm3 ou SIDA avec CD4 > 50/mm3 (moyenne des CD4 : 213/ mm3) - Stade : . SIDA : 12 % . ARC : 28 % . Asymptomatique : 60 % - Âge > 15 ans - Patients naïfs de tout traitement antirétroviral Exclusion - Traitement antirétroviral antérieur - Antécédents de pancréatite - Infection opportuniste évolutive - Femme enceinte Durée Début : mars 92 Fin: mars 94 Surveillance - Surveillance clinique : à J-15, J0, J15, M1 et chaque mois pendant 6 mois, puis tous les 2 mois - Surveillance biologique . biochimique et hématologique à J-15, J0 et M1 . virologique et cellulothèque à J-15, J0, M1 et 2 sur 3 . taux de CD4 et Ag p24 à J-15, J0, M1 et 1 mois sur 2 Résultats - Analyse en intention de traiter Critères Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Décès 69/720 82/708 116/703 (p = 0,0003) 9,6 % 11,6 % 16,5 % Progression vers 111/630 143/615 177/623 le SIDA ou mort 17,6 % 23,3 % 28,4 % (p < 0,0001) - Mortalité Mortalité réduite de 38 % chez les patients traités par la ZVD donné en association par rapport à la monothérapie ZVD. - Progression vers le SIDA ou la mort Chez les patients non SIDA à l’inclusion, la fréquence de la progression est nettement plus faible chez ceux qui ont reçu une association que chez ceux traités en monothérapie : l’association ZVD + ddI est statistiquement supérieure sur ce critère à l’association ZVD + ddC Conclusion : Cette étude montre l’intérêt des associations par rapport à la monothérapie et la réduction de la mortalité (38 %) ainsi que sur la progression vers le SIDA ou la mort ( p< 0,0001) ; il n’y a pas de différence significative entre les deux associations proposées. Dossier 1996, XVII, 2-3 159 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Didanosine (ddI) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Preliminary results of the European / Australian delta trial : based on data up to 31st may, 1995. Delta 2 - ANRS 017. (18) Protocole Étude en double aveugle international (9 pays), multicentrique (52 sites en France), randomisée, phase I - II, 3 bras 1083 patients inclus 86 % d’hommes Âge moyen 37 ans Schéma posologique - Groupe 1 : n = 362 . ZDV : 600 mg/j en 3 prises pdt 2 ans . ddI : 400 mg/j en 2 prises pdt 2 ans - Groupe 2 : n = 366 . ZDV : 600 mg/j en 3 prises pdt 2 ans . ddC : 2,25 mg en 3 prises pdt 2 ans - Groupe 3 : n = 702 . ZDV : 600 mg/j en 3 prises pdt 2 ans . placebo ddI ou ddC Inclusion VIH+ (groupes II et III, CDC 87 et ARC), Durée moyenne de suivi : 26 sem (à l’arrêt de l’essai ) Critères d’évaluation et surveillance : NR - CD4 < 350/mm3 ou SIDA avec CD4 > 50/mm3 (moyenne des CD4 : 189/ mm3) - Stade : . SIDA : 17 % . ARC : NR . Asymptomatique : 50 % - traitement antérieur par la ZVD > 3 mois (6 3% > 1 an) Résultats préliminaires - Analyse Critères Groupe 1 Groupe 2 Décès 84/362 96/366 (p = 0,0003) 23 % 26 % Progression vers 116/306 113/299 le SIDA ou mort 38 % 39 % (p < 0,0001) Groupe 3 94/355 26 % 115/297 38 % - Mortalité et progression vers le SIDA ou la mort : pas de différence entre les trois groupes thérapeutiques Tolérance Les deux associations ont été relativement bien tolérées cliniquement. Il y a plus d’arrêt de traitement avec l’association ZVD/ddI qu’avec l’association ZDV/ddC à cause d’effets indésirables gastro-intestinaux non sévères. Pas d’intérêt évident de la ZDV chez les patients prétraités Exclusion - Antécédents de pancréatite - Infection opportuniste évolutive - Femme enceinte Durée Début: mars 92 Fin: mars 94 Conclusion : Les résultats de Delta 2 ne montrent pas de différence significative pour les 3 bras entre les patients traités par une association et ceux traités par de la ZDV seule en terme de survie et de progression vers le SIDA. Conclusion générale des essais delta 1 et delta 2 Il est noté : - une réduction de la mortalité de 25 % en faveur des associations (p=0,001), - une bonne tolérance. Ces résultats doivent être complétés par les données biologiques : - immunologiques : sur les lymphocytes CD4, - virologiques : charge virale, résistances qui permettront probablement des comparaisons intéressantes avec des données cliniques qui devraient être disponibles au premier trimestre 96. D’autre part, une option thérapeutique ZDV + 3TC a été introduite dans l’essai delta il y a quelques mois qui fournira ultérieurement des informations sur l’activité et la toxicité relative de cette association par rapport aux deux autres chez les malades déjà traités si cette option est poursuivie (delta 3). Dossier 1996, XVII, 2-3 160 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Didanosine (ddI) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Nucleoside monotherapy (MT) vs. Combination Therapy (CT) in HIV Infected Adults: A randomized, Double-blind, Placebo-Controlled Trial in Persons with CD4 Cell Counts 200-500/mm3.1995 - ACTG 175 (10) Protocole Étude en double aveugle multicentrique (52) randomisée, 4 bras Stratification en fonction de l’utilisation préalable d’antirétroviral : + ou de 52 semaines 2467 patients Schéma posologique - Bras 1 : ZDV 600 mg/j + placebo ddI et ddC - Bras 2 : ddI 400 mg/j + placebo ddI et ddC - Bras 3 : ZDV 600 mg/j + ddI 400 mg/j + placebo de ddC - Bras 4 : ZDV 600 mg/j + ddC 2,25 mg/j + placebo de ddI Les sujets traités initialement en monothérapie ZDV ou ddI forment le groupe thérapie combinée « différée » et ceux traités par thérapie combinée forment le groupe de « thérapie combinée immédiate » Durée décembre 91, juin - octobre 92 Inclusion VIH+ 82 % asymptomatiques 200 ≤ CD4 ≤ 500/mm3 Durée moyenne de suivi : 143 semaines (maximum : 168 Critères d’évaluation : CD4, évènements cliniques, survie Âge > 12 ans - Naïfs de traitement antiviral : n = 1067 (43 %) moyenne CD4 : 372/mm3 - Traitement antiviral antérieur (ZVD = 99 %) : n = 1400 (57 %) moyenne CD4 : 338/mm3 ZDV > 6 mois : 80 % ZDV > 12 mois : 66 % ZDV > 24 mois : 42 % Les sujets dont les CD4 étaient inférieurs ou égaux à 50 % de leur niveau de base ou ayant une infection opportuniste liée au SIDA ont été sélectionnés au hasard et en aveugle pour recevoir soit ZDV/ddI, soit ZDV/ddC s’ils avaient été précédemment traités par monothérapie (ZDV ou ddI )ou pour recevoir la thérapie combinée et alternée s’il avaient été traités préalablement par thérapie combinée ZDV/ddI ou ZDV/ddC. Aucun antécédent de SIDA autre que le Kaposi dans les 30 jours suivant la randomisation Caractéristiques des sujets évalués : - 19 % perdus de vue (dont 25 % naïfs et 15 % prétraités) - Au 1/12/1994 : 1306 patients ont arrêté le traitement dont 7 % pour raison grave (plus nombreux dans le bras 4) - 332 sujets (91%) sont passés à l’autre traitement de l’étude en raison d’une diminution des CD4 de 50 % par rapport au taux de base - 565 sujets ont atteint la fin de l’étude dont 392 chez les prétraités (69 %) contre 173 (31 %) chez les naïfs ; ainsi, les résultats de l’étude sont dominés par les résultats des sujets prétraités Résultats - Développement du SIDA/décès : 308 patients (12 %) : bras 1 : 16 % ; bras 2 : 11 % ; bras 3 : 11 % ; bras 4 : 12 % Le risque de développer le SIDA ou de décéder est significativement plus faible chez les sujets initialement assignés au bras 3 par rapport au bras 1 (p = 0,005). Il est plus faible pour les sujets initialement assignés au bras 2 par rapport à ceux assignés au bras 1 (p = 0,019). Les comparaisons des bras 4 et 1, et 3 et 2 n’ont pas donné de résultats significatifs. - Mortalité : 154 sujets (6 %) : bras 1 : 54 (9 %) ; bras 2 : 29 (5 %) ; bras 31 (5 %) ; bras 4 : 40 (7 %) p globale = 0,007 Sujets naïfs : aucune différence significative entre les bras de traitement Tolérance Signes graves : 461 sujets(19 %) Le pourcentage dans tous les bras est identique, compris entre 19 % et 21 % 506 sujets (21%) ont des paramètres biologiques perturbés (dont 1,6% concernant la fonction pancréatique) Conclusion : 1) Pour les patients naïfs, l’initiation d’un traitement par ZDV/ddI ou ZDV/ddC est supérieure à la monothérapie ZVD pour retarder le développement d’un SIDA (plus grande efficacité clinique de l’association ZDV/ddC). Ces conclusions sont à l’encontre de l’ACTG 116A qui avait montré pour les patients naïfs une supériorité de la ZDV face à la ddI sans qu’aucune explication ne soit avancée, mais la population était différente car plus avancée dans la maladie. 2) Pour les patients ZDV ayant reçu un traitement antirétroviral, les thérapies ddI et ZDV/ddI se sont avérées supérieures à la monothérapie ZDV avec une augmentation avérée du taux de survie. Les bras ddI et ZDV/ddI étaient cependant comparables. C’est la première fois qu’une étude montre une augmentation du taux de survie dans une population ayant atteint un stade intermédiaire de la maladie. L’étude virologique (charge virale, phénotype biologique et résistance génotypique) sera disponible prochainement. Dossier 1996, XVII, 2-3 161 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Didanosine (ddI) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Randomized study of didanosine monotherapy and combination therapy with zidovudine in hemophilic and nonhemophilic subjects with asymptomatic human immunodeficiency virus-I infection.- ACTG - 1995 (13) Protocole Étude en ouvert multicentrique, randomisée, phase I-II 126 patients (âge moyen : 31,5 ans) 116 hommes (92 %) Schéma posologique - Bras A : n = 31 ZDV : 150 mg/j + ddI : 137 mg/j - Bras B : n = 31 ZDV : 300mg/j + ddI 334 mg/j - Bras C : n = 31 ZDV : 600 mg/j + ddI 500mg/j - Bras D : n = 33 monothérapie ddI 500 mg/j Inclusion VIH+ asymptomatiques Hémophiles : n = 40 (32 %) 200 < CD4 < 500/mm3 (35 % : < 300/mm3 65 % : entre 300 et 500/ mm3) Critères d’évaluation - Évènements ARC et SIDA - Taux de CD4 dans chaque bras selon le critère hémophile ou non, et naïfs ou non - Charge virale - Tolérance Caractéristiques des sujets évalués - À 16 sem, 20 % de patients sont sortis de l’étude dont : . toxicité : 16 % (bras A : 4 ; bras B : 4 ; bras C : 5 ; bras D : 7) . volontaires 17 % (bras A : 11 ; bras B : 3 ; bras C : 2 ; bras D : 5) . évolution clinique 6 % (bras A : 2 ; bras B : 0 ; bras C : 3 ; bras D : 1) - thrombocytopénie : 1 % (bras D : 1) - 9 patients sont perdus de vue Âge > 12 ans Naïfs de traitement antiviral : 66 (59 %) Prophylaxie de pneumocystose Résultats - Évolution clinique (n = 19) : 4 SIDA (définition 1987 dont 3 ARC et 3 diminution du nombre de CD4), 1 ARC, 14 diminution du nombre de CD4 - Augmentation du nombre de CD4 : en 12 semaines pour les bras B, C, D (p = 0,003) et A (p = 0,065) (surtout chez les patients naïfs et non hémophiles) - Charge virale : diminution dans 64 % des cas à 12 semaines, sans différence significative entre les 4 bras - Ag p24 : 72 sujets testés dont 23 positifs au début de l’étude : 12 sujets positifs à 12 et 24 semaines Durée Sept 1990 - Mai 1991 Tolérance Effets indésirables chez 21 sujets (17 %) : - augmentation des transaminases : (bras A : 7 ; bras B : 5 ; bras C : 3 ; bras D : 6) (dont 12 hémophiles) - pancréatites (n = 2) : doses fortes de ddI (bras C : 1, bras D : 1), régressives à l’arrêt du traitement - neuropathie périphérique (n = 2) : doses fortes de ddI (bras C : 1, bras D : 1), régressives à l’arrêt du traitement - neutropénie (n = 1, bras D) < 750/mm3, régressif à l’arrêt du traitement - hyperuricémie (n = 1, bras A) - hypertriglycéridémie (n = 1, bras B) Conclusion. La ddI en mono et en bithérapie (avec la ZDV) est bien tolérée, augmente le taux des CD4 (bras B), diminue la charge virale au bout des 12 premières semaines de traitement (mais effet non durable). La réponse est plus faible avec les patients prétraités (en relation avec l’émergence d’une résistance virale ? non prouvé) et chez les patients hémophiles (rôle des facteurs de la coagulation ?). Les effets hépatotoxiques surviennent plus rapidement et avec une fréquence plus grande chez les patients hémophiles. Dossier 1996, XVII, 2-3 162 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Indinavir (MK-639) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Efficacité et tolérance du MK-639 en association avec l’AZT et le 3TC, versus l’association AZT + 3TC, versus MK639 en monothérapie (Protocole 039) (20). Protocole Étude multicentrique, en double aveugle, randomisée, phase III Inclusion VIH+ Objectifs - Évolution du nombre de CD4 - Évolution du taux d’ARN viral plasma tique - Tolérance - Fréquence de survenue des pathologies en rapport avec le SIDA Âge : ≥ 18 ans CD4 : ≤ 50/mm3 Schéma posologique - Groupe 1 (n = 150) . MK-639 : 800 mg x 3/j . ZDV : 200 mg x 3/j . 3TC : 150 mg x 2/j - Groupe 2 (n = 150) . placebo MK-639 . ZDV : 200 mg x 3/j . 3TC : 150 mg x 2/j - Groupe 3 (n = 150) . MK-639 : 800 mg x 3/j . placebo ZDV . placebo 3TC - Groupe 4 (n = 150) en ouvert MK-639 : 800 mg x 3/j Dossier 1996, XVII, 2-3 Traitement antérieur à la ZDV ≥ 6 mois Pas de traitement antérieur par un inhibiteur de protéase ou par la 3TC 163 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-deoxy-3'-thiacytidine) - Bithérapie Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Combination 3TC/ZDV vs ZDV monotherapy in ZDV naive HIV-1 positive patients with a CD4 of 100-400 cells/mm3. (NUCB 3001/ANRS 028) - 1995 (11) Protocole Étude multicentrique, , européenne, randomisée, en double aveugle, phase III 129 patients (67 en France) Schéma posologique* - Groupe 1 (n = 65) . ZDV per os 600 mg/j en 3 prises . 3 TC per os 600 mg/j en 2 prises - Groupe 2 (n = 64) . ZDV per os 600 mg/j en 3 prises . placebo 3 TC per os Durée traitement 24 semaines Possibilité pour les patients du groupe 2 de recevoir ensuite la bithérapie 3TC+AZT : groupe 3 Inclusion VIH+ Asymptomatiques : 66 % Résultats à S24 Critères d’efficacité moyenne CD4 à S4/J0 moyenne CD4 à S24/J0 CD4 à S24 - 100 < CD4/mm3 < 400 (moyenne : 271/mm3) - Ag p24 + (29 %) - pas de traitement antiviral antérieur (≥ 4 semaines ZDV) - Hommes : 74 % Exclusion - Altération hématologique importante - Insuffisance rénale ou hépatique Groupe 1 (n = 65) + 70 cellules + 80 cellules 13 % < CD4 à J0 63 % diminution Ag p24 à S24 Ag p24 55 % négativation diminution 1,5 log PCR-ARN à S24 diminution viré- 1,5 log mie cellulaire à S4 diminution viré- > 1 log mie cellulaire à S24 Groupe 2 (n = 64) + 35 cellules -7 cellules 57 % p 45 % < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 29 % 0,7 log p < 0,01 0,5 log 0,1 log p < 0,0007 Manifestations cliniques (infections mineures), effets indésirables et paramètres biologiques : pas de différence significative entre les 2 groupes * après 24 semaines, le groupe ZVD a pu également bénéficier de l’association Résultats à S48 Critères Groupe 2 (n = 55) d’efficacité moyenne CD4 + 40 à S48/J0 cellules + 17 Gain total CD4 à S48 diminution 70 % Ag p24 à S48 diminution 1 log PCR-ARN à S48 diminution viré- log mie cellulaire à S48 Groupe 3 (n = 53) 59 cellules + 72 p NS < 0,0001 80 % 1 log 1,4 log Conclusion L’association 3TC+ZDV montre un bénéfice net après 24 semaines pour le taux de lymphocytes CD4, la diminution de la charge virale, de la virémie cellulaire et de l’antigénémie p24, qui reste maintenu à la 48ème semaine ; les patients sous monothérapie initiale améliorent leurs marqueurs biologiques lorsqu’ils choisissent l’association. Dossier 1996, XVII, 2-3 164 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-deoxy-3'-thiacytidine) - Bithérapie (suite 1) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Combination 3TC/ZDV vz ZDV monotherapy in ZDV experienced HIV-1 positive patients with a CD4 of 100-400 cells/mm3. 2nd Nat Conf Human Retroviruses and related Infections (NUCB 3002) - 1995 (15) Protocole Étude multicentrique, européenne, randomisée en double aveugle, phase III 223 patients Schéma posologique - Groupe 1 (n = 73) . 3TC per os 600 mg/j en 2 prises . ZDV per os 600 mg/j en 3 prises - Groupe 2 (n = 75) . 3TC per os 300 mg/j en 2 prises . ZDV per os 600 mg/j en 3 prises - Groupe 3 (n = 75) . ZDV per os 600 mg/j en 3 prises . placebo 3 TC per os Inclusion VIH+ - 100 < CD4/mm3 < 400 (moyenne = 251/mm3) - Ag p24+ (25 %) - Indice de Karnofsky > 70 - Asymptomatiques : 54 % - Âge > 18 ans - Hommes : 84 % - Traitement toléré par l’AZT > 24 semaines (22 - 25 mois) - Bilan biologique normal Exclusion - Autre traitement antirétroviral - Insuffisance rénale ou cardiaque - Diarrhée sévère ou neuropathie > grade 2 - Femmes enceintes ou allaitantes Résultats Résultats à S24 Critères Nombre CD4 Retour CD4 à la valeur de base Diminution Ag p24 Ag p24 négativation Groupe 1 Groupe 2 - 21 + 33 cellules cellules (p < 0,0001) 27 % 32 % 69 % > 60 > 60 (p = 0,0009) 7 8 (70 %) (42 %) 24 % Groupe 1 Groupe 3 3 (14 %) Tolérance Groupe 2 Effets indé32/75 33/73 34/75 sirables Arrêt pour 4 4 0 effet indésirable Manifestations cliniques (infections mineures ou majeures), effets indésirables et paramètres biologiques : pas de différence significative entre les 3 groupes Durée 24 semaines Conclusion Après 24 semaines de traitement : - la bithérapie 3TC + ZDV est supérieure à la monothérapie ZDV, - la posologie de 3TC à 300mg/j est équivalente à celle de 600mg/j, - il n’y a aucune différence en termes de toxicité clinique et biologique entre les 3 groupes. Les études ultérieures devraient donc être réalisées à 2 x 150 mg/j de 3TC. Dossier 1996, XVII, 2-3 Groupe 3 + 33 cellules 165 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-deoxy-3'-thiacytidine) - Bithérapie (suite 2) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Treatment with lamivudine(3TC) , zidovudine (ZVD) or both in HIV-positive patients with 200 to 500 CD4 + cells per cubic millimeter - 1995 (8) Protocole Étude multicentrique, randomisée, contrôlée en double aveugle phase III 4 bras 366 patients Inclusion VIH+ Résultats Résultats à S24 - n = 335/331 pour analyses - n = 275 toujours en traitement 200 < CD4 < 500/mm3 (moyenne : 338 - 382/mm3) Critères d’efficacité CD4/mm3 p/ZVD seul p/3TC seul ≥ 12 ans Schéma posologique - Bras 1 (n = 39) : ZDV : 600 mg/j - Bras 2 (n = 87) 3TC : 600 mg/j - Bras 3 (n = 92) ZDV : 600 mg/j + 3TC : 300 mg/j - Bras 4 (n = 94) ZDV : 600 mg/j + 3TC : 600 mg/j Traitement antérieur par la ZVD < 4 semaines PCR-RNA (log) p/ZVD seul p/3TC seul Bras 1 Bras 2 Bras 3 Bras 4 + 11,9 - + 24 0,52 - + 66,3 0,002* 0,025 + 41,3 0,015* 0,061 - 0,31 - 0,6 - 1,2 - 1,1 - < 0,001* < 0.001* < 0.001* < 0.001* < 0.001* Résultats à S52 - n = 201/149 pour analyses - n = 182 suivi complet Durée : 24 semaines étendue à 52 semaines Critères d’efficacité CD4/mm3 p/ZVD seul p/3TC seul PCR-RNA (log) p/ZVD seul p/3TC seul Bras 1 Bras 2 Bras 3 - 26,5 - + 5,84 0,35 - + 69,4 + 66 < 0.001* < 0.001* 0,073 0,02 - 0,2 - - 0,29 0,31 - - 0,81 Bras 4 - 1,00 < 0.001* < 0.001* < 0.007* < 0.001* Tolérance - Digestifs, surtout nausées : 14 sorties d’étude avant S24 - Malaise, fatigue : 9 sorties d’étude avant S24 - Céphalées - Neuropathie périphérique modérée : 1 sortie d’étude / 2 adaptations de dose - Anémie : 2 sorties d’étude Conclusion : après un traitement d’un an, l’association ZVD + 3TC montre une bonne tolérance et une efficacité plus marquée qu’avec chacune des monothérapies. Dossier 1996, XVII, 2-3 166 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-deoxy-3'-thiacytidine) - Bithérapie (suite 3) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A randomised double-blind multicenter comparative trial of lamivudine (3TC)/zidovudine (ZVD) combination therapy vs ZVD/dideoxycytidine (ddC) combination therapy in ZVD experienced patients CD4 100-300mm3 (NUCA 3002) - 1995 (4) Protocole Étude multicentrique, randomisée, en double aveugle, phase III 182 ou 254 patients Schéma posologique AZT + 3TC 2 doses : 600 mg/j (n = 62) 300 mg/j (n = 58) versus AZT + ddC (n = 62) Inclusion VIH+ 100 < CD4 < 300/mm3 (moyenne : 211/mm3) Résultats Critères d’efficacité progression CD4 à S24 chute charge virale à S2 chute charge virale à S24 Traitement antérieur à l’AZT > 2ans AZT+3TC +30 et +20 AZT+ddC aucune 1,4 log 0,7 log p? 0,6 log 0,6 log NS Comparaison de l’efficacité et la tolérance de la lamivudine (3TC) contre l’association 3TC + loviride (R 89 439), contre placebo dans le traitement de patients VIH-1 sous traitement avec de la zidovudine (ZVD) et ayant entre 25 et 250 lymphocytes CD4/mm3 - (NUCB 3007 - essai CAESAR) - en cours (16) Protocole Étude multicentrique, internationale, randomisée, contrôlée, en double aveugle, Phase III, 3 bras 1900 patients Schéma posologique Traitement antérieur + selon les 3 bras : - 1. placebo 3TC + loviride - 2. 3TC + placebo loviride - 3. 3TC + loviride Inclusion VIH+ 25 < CD4 < 250/mm3 Objectifs Âge ≥ 18 ans - principal : efficacité comparée sur le temps de la progression de la maladie, et tolérance comparée des traitements Traitement antiviral antérieur : aucun, ou AZT, AZT + ddI ou AZT + ddC - secondaires : . taux de progression ou décès à la 52ème semaine . taux de CD4 et ARN viral . qualité de vie et consommation de soin 3TC = 150 mg x 2/j loviride = 100 mg x 3/j Durée 52 semaines Dossier 1996, XVII, 2-3 167 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-deoxy-3'-thiacytidine) - bithérapie Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Long-term safety and efficacy of lamivudine plus zidovudine compared with zalcitabine plus zidovudine in zidovudine-experienced patients with absolute CD4+ cells : 180-300 mm3(NUCA 3002) (4) Protocole Étude multicentrique, randomisée, en double aveugle, Phase III, 254 patients Inclusion VIH+ Durée de suivi : à 52 semaines : n = 162 (64 %) 100 < CD4 < 300/mm3 (moyenne : 241) Schéma posologique - Groupe 1 : 3 TC + ZDV . 3 TC : 150 mg x 2/j . ZDV : 200 mg x 3/j - Groupe 2 : 3 TC + ZVD . 3 TC : 300 mg x 2/j . ZDV : 200 mg x 3/j - Groupe 3 : ddCC + ZVD . ddC : 0,75 mg x 3/j . ZDV : 200 mg x 3/j Traitement antérieur par la ZVD > 2 ans Résultats Critères Variation de la médiane des CD4 (cellule/mm3) RNA-VIH plasmatique (RT-PCA) (copies/ml) Groupe 1 + 42,5 Groupe 2 + 23,3 p = 0,01 Groupe 3 - 29,6 - 0,39 à 0,51 log (pas de différence significative) Tolérance Meilleure tolérance dans le groupe 1 par rapport au groupe 2 Durée essai : 52 semaines Conclusion . Ces résultats montrent la persistance de l’activité virologique de l’association 3TC + ZDV par rapport à l’association ddC + ZVD sur 52 semaines. Evaluation de l’efficacité et de la tolérance de l’association stavudine (D4T) + lamivudine (3TC) (étude ALTIS*) - étude pilote, bicentrique - en cours (1, 2) Protocole Étude en ouvert Phase II, 80 patients (40 Altis 1 - 40 Altis 2) Schéma posologique - stavudine 60 ou 80 mg/j selon poids - lamivudine : 300mg/j Durée essai : 6 mois Dossier 1996, XVII, 2-3 Inclusion - VIH+ asymptomatiques stades B et C - 500 > CD4 > 50/mm3 - Charge virale ≥ 15 000 copies/ml (test ßDNA chiron) - Âge > 18 ans - Altis 2 : aucun traitement antirétroviral antérieur - Altis 1 : mono ou bithérapie > 6 mois (ou < 6 mois si intolérance à la ZDV) 168 Objectifs - Efficacité en fonction de l’évolution charge virale - Recherche d’éventuelles souches résistantes - Tolérance neurologique, hépatique et hématologique Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-deoxy-3'-thiacytidine) - Trithérapie Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Tolérance et efficacité d’une association loviride + lamivudine (3TC)+ zidovudine (ZVD ) versus lamivudine + zidovudine (étude AVANTI 1) - en cours (1, 2) Protocole Étude multicentrique, internationale, randomisée, en double aveugle, Phase II, 2 bras, 100 patients Inclusion VIH+ - Critère A CDC 1993 150 < CD4 < 300/mm3 - Critère BC CDC 1993 150 < CD4 < 500/mm3 Durée de suivi : 80 semaines Objectifs - Principaux . Mesure de la charge virale par PCR-ARN . Tolérance au traitement Schéma posologique - Bras 1 : ZDV + 3TC - Bras 2 : ZDV + 3TC + loviride ZDV : 200 mg 3 fois/j 3TC : 150 mg 2 fois/j loviride : 100 mg 3 fois/j - Autres . résistance à la ZDV et au 3TC . variation des phénotypes du VIH . progression de la maladie . qualité de vie Durée essai : 52 semaines Tolérance et efficacité d’une association indinavir + lamivudine (3TC) + zidovudine (ZDV) versus lamivudine + zidovudine(étude AVANTI 2) - en cours (1, 2) Protocole Étude multicentrique, internationale, randomisée en double aveugle, Phase II, 2 bras, 100 patients Inclusion VIH+ - Critère A CDC 1993 150 < CD4 < 300/mm3 - Critère BC CDC 1993 150 < CD4 < 500/mm3 Durée de suivi 80 semaines Objectifs - Principaux . Mesure de la charge virale par PCR-ARN . Tolérance au traitement Schéma posologique - Bras 1 : ZDV + 3TC - Bras 2 : ZDV + 3TC + indinavir ZVD : 200 mg 3 fois/j 3TC : 150 mg 3 fois/j indinavir : 800 mg 3 fois/j Dossier 1996, XVII, 2-3 - Autres . résistance à la ZDV et au 3TC . variation des phénotypes du VIH . progression de la maladie . qualité de vie 169 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Lamivudine (3 TC) (2'-deoxy-3'-thiacytidine) - Trithérapie (suite 1) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Intérêt de la mesure de l’ARN VIH plasmatique dans la stratégie thérapeutique antirétrovirale (ANRS W052) en cours (1, 2) Protocole Étude multicentrique, randomisée, en ouvert 220 patients Schéma posologique * Phase A : initiation - ZDV : 200 mg x 3/j ou 250 mg x 2/j - ddI : 200 mg x 2/j * Phase B : ajustement - Groupe 1 : n = 110 Ajout de 3TC si : . retour de la charge virale à 90 % de la charge initiale . diminution de la charge virale < 10 % à 3 mois . retour du taux de CD4 à la valeur initiale ou en deçà . manifestations cliniques du groupe C (CDC 1993) - Groupe 2 : n = 110 Ajout de 3TC si : . retour du taux de CD4 à la valeur initiale ou en deçà . absence d’augmentation des CD4 à 3 mois . manifestations cliniques du groupe C (CDC 1993) - Posologie 3TC 150 mg x 2/j Inclusion VIH+ asymptomatiques 200 - 400/mm3 Total lymphocytes < 25 % ARN plasmatique : 15000 - 300000 copies/ml Aucun traitement antirétroviral antérieur Durée essai : 18 mois (octobre 1995 à mars 1997) Dossier 1996, XVII, 2-3 170 Critères de jugement - Lymphocytes CD4 à 18 mois - Charge virale - Analyse des résistances en fonction de la charge virale - Évènement du groupe C (CDC 1993) Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Loviride Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Évaluation de l’association loviride + ZDV - 1994 (7) Protocole Étude contrôlé, randomisée en double aveugle, double placebo, phase II Étude de doses + placebo en association avec la ZDV Étude de doses + placebo 18 patients Inclusion VIH+ Résultats Aucune interaction pharmacocinétique observée entre loviride et ZVD 50 < CD4 < 350/mm3 50 < CD4 < Tolérance - Diarrhée fréquente (3 ou 4 patients sur 6 dans le groupe 3) - Aucune sortie d’étude pour intolérance - Chute transitoire du taux d’hémoglobine chez 1 patient du groupe 3 350/mm3 Schéma posologique - Groupe 1 : loviride : 50 mg 3 fois/j - Groupe 2 : loviride : 100 mg 3 fois/j - Groupe 3 : placebo - Groupes 1, 2 et 3 : ZVD : 250 mg 2 fois/j A triple combination study with zidovudine (ZDV), lamivudine (3TC) and loviride in p24 positive HIV-1 infected patients. An interim analysis.1994 (16) Protocole Étude en ouvert 2 bras, 10 patients Inclusion VIH+ Ag p24 + Résultats à S24 : (intermédiaires) - Lymphocytes CD4 : . augmentation soutenue (42 %) chez les patients du bras 1 . augmentation transitoire chez les patients du bras 2 Schéma posologique - Bras 1: loviride + 3TC + ZDV - Bras 2 : loviride + ZDV loviride : 100 mg 3 fois/j 3TC : 300 mg 2 fois/j 3TC : ZVD : 200 mg 3 fois/j - Ag p24 : . diminution soutenue chez 6 patients sur 10 chez les patients du bras 1 . négativation chez 2 patients du bras 1 Durée = 24 semaines Randomized double-blind trial of loviride, zidovudine (ZDV) and the combination in HIV-1 infected patients- 1995 (21) Protocole Étude contrôlée, randomisée, double aveugle, double placebo, 56 patients Schéma posologique - Bras 1 : loviride (n = 17) - Bras 2 : ZDV (n = 17) - Bras 3 : lov. + ZDV (n = 17) - Bras 4 : placebo (n = 5) Inclusion VIH+ asymptomatiques Résultats - Lymphocytes CD4 : augmentation plus importante dans le bras 3 par rapport au bras 1 (p < 0,05) - Charge virale : diminution beaucoup plus importante dans le bras 3 par rapport au bras 1 à la 8ème semaine 200 < CD4<500/mm3 Traitement antérieur à la ZDV Tolérance Incidence non différente dans les 4 bras Durée = 24 semaines Dossier 1996, XVII, 2-3 171 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Névirapine Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Nevirapine , zidovudine and didanosine compared with zidovudine and didanosine in patients with HIV-1 infections. A randomized, double blind, placebo-controlled trial (ACTG 241)- 1994 (2) Protocole Étude randomisée, multicentrique, double aveugle 398 patients Schéma posologique - Trithérapie (n = 199) . ZDV . ddI . Névirapine - Bithérapie (n = 199) . ZDV . ddI Inclusion VIH+ Perdus de vue : 47 - trithérapie : 26 - bithérapie : 21 CD4 ≤ 350/mm3 Traitement antirétroviral (1 ou 2) antérieur > 6 mois Bithérapie antérieure : 60 % des patients (durée moyenne = 2 ans) Résultats préliminaires - ZDV : 600 mg/j - ddI : 400 mg/j - Néviparine : 200 mg/j ≈ puis 400 mg/j pdt 15 jours Critères trithérapie bithérapie - Progression ou décès - CD4 < 50/mm3 50<CD4/mm3<350 - Augmentation du taux de CD4 34 27 (NS) 21 13 17 10 + 40% + 25 % (p = 0,002) - Diminution du taux d’Ag p24 (n = 89 inclusion) - Charge virale cellulaire (log) - Charge virale plasmatique (copies /ml) (log) Durée 48 semaines ++ + (p = 0,020.) -1 - 0,5 (p = 0,023) - 0,10 + 0,16 (p = 0,028) Tolérance Comparable, mais rashes cutanés plus fréquents sous névirapine (9 % vs 2 % : p = 0,002) Conclusion Les résultats préliminaires de cette étude confortent l’hypothèse selon laquelle la combinaison de 3 antirétroviraux augmente l’efficacité antirétrovirale, plus marquée toutefois sur les données immunologiques et virologiques que sur le plan clinique. Dossier 1996, XVII, 2-3 172 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Ritonavir (ABT-538) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Tolérance et impact sur la charge virale de l’association ABT-538 + AZT + ddC- en cours (1, 2) Protocole Étude multicentrique, en ouvert, Phase I/II 30 patients Schéma posologique - ABT-538 seul : 14 j - ABT-538 + ddC : J15 à J158 Durée 6 mois Inclusion VIH+ - asymptomatiques 50 < CD4 < 250/mm3 - symptomatiques CD4 < 350/mm3 ou chute importante du nombre de CD4 Objectifs Tolérance et activité anti-virale évaluée par l’évolution de la charge virale Naïfs de traitement antirétroviral Etude de l’efficacité virologique d’une association de 3 antirétroviraux dans le syndrome de primo-infection à VIH - (ANRS 053) - en cours (1, 2) Protocole Étude multicentrique, en ouvert - période A n =10 faisabilité durée du suivi : 1 an - période B n > 10 étude de durée de traitement durée du suivi : 2 ans Inclusion Primo-infection VIH+ symptomatique Objectifs Traitement précoce au cours ou décours immédiat d’un syndrome de primo-infection : - période A : négativation ou réduction importante de la charge virale - période B : . maintien de l’efficacité du traitement au cours du temps . évaluation de la durée optimale du traitement Schéma posologique - ZDV : 200 mg 3 fois/j - 3TC : 150 mg 2 fois/j - ABT-538 : 600 mg 2 fois/j Dossier 1996, XVII, 2-3 173 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Ritonavir (ABT-538) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Ritonavir, AZT, DDC as a triple combination in AIDS-patients (M94-208 « Stalingrad ») (11) Protocole Étude multicentrique en ouvert Phase I/II 29 patients Inclusion VIH+ Patients évalués n = 21 à 6 mois (8 sorties d’étude) - Asymptomatiques 50 < CD4 < 250/mm3 Schéma posologique - Ritonavir : 1 200 mg/j - ZDV : 600 mg/j - ddC : 2,25 mg/j - Symptomatiques CD4 < 350/mm3 ou chute importante Résultats - Charge virale plasmatique : . 69 000 copies/ml à inclusion . diminution de 2,5 log en moyenne à 6 mois . indétectable chez 25 % patients à 6 mois et chez 30 % patients à 9 mois - CD4 : . 156 cellules/mm3 à inclusion . augmentation à 303 cell/mm3 à 6 mois et 313 cellules/mm3 à 9 mois Durée : 6 mois Dossier 1996, XVII, 2-3 Naïfs de traitement antirétroviral 174 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Saquinavir Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Étude de l’efficacité clinique de l’association ddC + saquinavir par rapport à une monothérapie par ddC ou saquinavir (étude NV 14256) (20) Protocole Etats-Unis essai randomisé en double aveugle phase III Inclusion VIH+ Patients évalués - 978 patients - Suivi médian : 73 semaines CD4 : 50 - 300 / mm3 Schéma posologique - Groupe 1 : saquinavir + ddC - Groupe 2 : ddC - Groupe 3 : saquinavir Traitement antérieur par la ZVD ≥ 16 semaines (durée médiane : 68 sem.) Résulta ts - Mortalité : réduction de plus des 2/3 en faveur du groupe 1 par rapport aux groupe 2 et 3 (p significatif) - Évolution de la pathologie (apparition de manifestations cliniques du SIDA) : réductionde plus de 50 % en en faveur du groupe 1 par rapport aux groupes 2 et 3 (p significatif) ddC : 0,75 mg x 3/j saquinavir : 600 mg x 3/j Étude de dose de l’association saquinavir + ritonavir : tolérance - efficacité (20) Protocole Étude multicentrique, de recherche de dose en ouvert, aux USA Inclusion VIH+ CD4 : 100-500/mm3 Patients naifs ou non de traitement antirétroviral Objectifs Efficacité et tolérance de l’association saquinavir + ritonavir Schéma posologique - Bras 1 . Ritonavir : 400 mg x 2/j . Saquinavir : 400 mg x 2/j - Bras 2 . Ritonavir : 600 mg x 2/j . Saquinavir : 400 mg x 2/j . - Bras 3 . Ritonavir : 400 mg x 2/j . Saquinavir : 600 mg x 2/j - Bras 4 . Ritonavir : 600 mg x 2/j . Saquinavir : 600 mg x 2/j L’inclusion des patients dans les bras 3 et 4 sera ultérieure à celle dans les bras 1 et 2 avec des données préalables de tolérance. Possibilité d’ajouter un traitement par un analogue nucléosidique. Dossier 1996, XVII, 2-3 175 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Saquinavir Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Safety, tolerance and efficacy of therapy with HIV proteinase inhibitor, saquinavir, in combination with AZT or/and ddC (ACTG 229) - 1995 (14) Protocole Étude double aveugle, randomisée, phase III 342 patients (91 % hommes, 9 % femmes) Schéma posologique - Bras 1 (en 3 prises) . saquinavir : 1 800 mg/j . ZDV : 600 mg /j . ddC : 2,25 mg /j - Bras 2 (en 3 prises) . saquinavir : 1 800 mg/j . ZDV : 600 mg /j - Bras 3 (en 3 prises) . saquinavir : 1 800 mg/j . ddC : 2,25 mg /j 1) Étude sur 24 semaines Inclusion VIH+ tous stades infection Caractéristiques des patients évalués ACTG 229 Bras 1 Bras 2 - Nombre 98 99 de patients - Taux initial 145 156 de CD4 - Ag p24+ 32 % 23 % CD4 : 50 - 300/mm3 Traitement antérieur par la ZDV : ≥ 4 mois moyenne 26 mois Résultats à S8 Augmentation des CD4 à S24 - CD4 . retour à la valeur de base . gain 50 cellules ou 50 % réponse . gain 25 cellules ou 25 % réponse - Ag p24 . diminution de 1 log culture PBMC . diminution du taux de 50 % . négativation Durée : 24 semaines étendue à 36-48 semaines Bras 3 100 171 26 % Bras 1 130 % Bras 2 120 % Bras 3 105 % Bras 1 Bras 2 Bras 3 31 % 37 % (p = 0,001) 39 % 28 % (p = 0,026) 53% 63 % (p = 0,001) 44 % (p = 0,001) 61 % (p = 0,11) 55 % (p = 0,04) 58 % - négativation de la virémie plasmatique (p = 0,21) - nombre d’événements 1 (sida, décès) 55 % 21 % 33 % 9% 22 % 43 % 28 % 30 % 23 % 40 % 45 % 6 4 2) Extension de l’étude : n = 302 (83 %, + 24 semaines) à S48 Bras 1 Bras 2 Bras 3 - CD4S48 > CD4J0 51 % 33 % 34 % (p = 0,013) - Titre PMBC - 0,5log < - 0,25 log - nombre d’événements 3 8 7 (sida, décès) Conclusion : le saquinavir est actif en association avec la ZDV ou la ddC ; la trithérapie est supérieure à la bithérapie, en particulier sur le taux de CD4 et ceci sans effet indésirable majeur. Dossier 1996, XVII, 2-3 176 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Saquinavir Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Treatment of human immunodeficiency virus infection with saquinavir, zidovudine and zalcitabine - NV14255 Cette étude reprend l’étude ACTG 229 (cf page 168). Elle porte sur 302 patients. Les auteurs concluent à : - une augmentation du taux de CD4 dans les 3 bras (plus importante avec la trithérapie) suivie d’une diminution progressive, - une réduction de la charge virale dans les 3 bras, plus importante avec la trithérapie, - une absence de différence notable de la tolérance entre les 3 bras. Efficacité et tolérance de saquinavir en association avec un ou plusieurs inhibiteurs de la transcriptase inverse (ANRS 041) en cours (1, 2) Protocole Étude multicentrique, internationale, double aveugle, double placebo stratifié sur prise antérieure) de zidovudine (ZDV) inférieure à 15 j ou à 16 semaines, phase II - III 3 300 patients dont 450 en France Schéma posologique - Groupe 1 : . ZDV : 600 mg/j 3 prises . placebo zalcitabine (ddC) . placebo saquinavir . en octobre 1995* : arrêt des inclusions les patients déjà inclus reçoivent : ZDV + ddC + saquinavir - Groupe 2 : . ZVD : 600 mg/j 3 prises . ddC : 2,25 mg/j . placebo saquinavir - Groupe 3 : . ZDV : 600 mg/j 3 prises . placebo ddC) . saquinavir : 1 800 mg/j 3 prises - Groupe 4 : . ZVD : 600 mg/j 3 prises . ddC : 2,25 mg/j 3 prises . saquinavir : 1 800 mg/j 3 prises Durée > 80 semaines Dossier 1996, XVII, 2-3 Inclusion VIH+ asymptomatiques Inclusion : - CD4 : 50 - 350/mm3 - Âge > 18 ans - Seul traitement antiviral antérieur : ZVD Durée de suivi : 13 mois Suivi intensif de 800 patients (notamment virologique) Critères d’évaluation Critères principaux : - événement clinique définissant le SIDA ou décès - tolérance biologique et effets indésirables cliniques (moins de 16 semaines) Exclusion - Autre traitement expérimental - Chimiothérapie - Traitement immunomodulateur - Traitement par le foscarnet - Intolérance à la ZVD - Malabsorption, diarrhée chronique - Infection opportuniste en phase aiguë - Antécédents de lymphomes non Hodgkiniens et de neuropathies périphériques > grade 2 - Femmes enceintes, allaitantes - Patients ayant des anomalies biologiques ≥ gr. III ACTG Autres critères : - évolution marqueurs biologiques de infection (CD4, Ag p24, PCR-RNA) - sensibilité aux 3 molécules - poids et indice de Karnovsky - qualité de vie * après delta et ACTG 175 177 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Zalcitabine Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Combination and monotherapy with zidovudine and zalcitabine in patients with advanced HIV disease - ACTG 155 1995 (9) Protocole Étude multicentrique, contrôlée, en double aveugle, randomisée 1001 patients 90 % d’hommes Âge moyen 37 ans Schéma posologique - Groupe 1 : n = 283 ZDV seule 200 mg 3 fois/j - Groupe 2 : n = 285 ddC seule 0,75 mg 3 fois/j - Groupe 3 : n = 423 ZDV 200 mg 3 fois/j + ddC 0,5 mg 3 fois/j Inclusion ARC et SIDA (83 %) Asymptomatiques - ARC et SIDA : CD4 ≤ 300/mm3 - Asymptomatiques : CD4 ≤ 200/mm3 Caractéristiques des patients évalués - Médiane de durée de suivi : 17,7 mois : groupe 1 = 17,9 mois ; groupe 2 = 17,8 mois groupe 3 = 17,7 mois - 10 patients exclus - 372 patients (38 %) ont quitté l’étude à 7,7 mois dont : . 34 % ayant souhaité changer de traitement . 28 % à la demande des patients 3 Médiane des CD4 : 119/mm . 23 % pour toxicité - CD4 ≥ 150/mm3 : . 6,4 % de perdus de vue n = 386 - n = 95 ont atteint un point terminal et sont passés en 3 3 étude ouverte - 50/mm < CD4 < 150/mm : n = 336 Critères d’évaluation : progression vers la maladie, - CD4 ≤ 50/mm3 n = 269 décès, CD4, Ag p24, toxicité Résultats - Progression de la maladie ou décès : n = 405 (41%) groupe 1 : n = 118 (42 %) ; groupe 2 : n = 123 (43 %) groupe 3 : n = 164 (39 %) p = NS si CD4 ≥ médiane : p= 0.013 pour le groupe 3 et p= 0.009 pour le groupe 2 (par rapport au groupe 1) si les patients sont répartis selon les 3 groupes de taux de CD4 : p = NS Tolérance - Survie : 172 décès (17 %) - Effets indésirables les plus fréquents : groupe 1 : n = 43 (15 %) ; groupe 2 : n = 51 (18 %) . Neutropénie : ZDV groupe 3 : n = 78 (18 %) p = NS . Neuropathie périphérique (NP) : ddC - Progression de la maladie et décès en fonction du taux NP sévères : ZDV = 4 % ddC= 6 %, CD4 : ≥ 150/mm3 groupe 3 > groupe 1: p = 0,029 groupe 1/groupe 2 et groupe 3/groupe 2 : p = NS ZDV + ddC = 6 % p = 0,51 NP modérées : ZVD = 13% ddC= 23 %, - Valeur des CD4 : groupe 3 / groupe 1 : p= 0,0004 ZDV + ddC = 22 % p = 0,005 mais p = 0,06 /groupe 2 p = 0,64 entre ddC et ZVD + ddC . si ≥150/mm3 : augmentation CD4 plus longue et plus forte pour groupe 3/groupe 1 : p = 0,0007 . Pancréatite : 1% , 3% et 2 % dans les 3 groupes (NS) - Toxicité en fonction des CD4 : et pour groupe 3/groupe 2 : p= 0,07 3 . ≥ 150/mm : peu fréquente : NP : ZVD = 9 % . si CD4 entre 50 et 150/mm3 : augmentation pdt 4 ddC = 16 % ; ZDV + ddC = 9 % p = NS semaines seulement pour le groupe 3 . 50 < CD4 < 150/mm3 : surtout des stomatites : mais p = 0,02 pour la baisse des CD4 ZDV = 1% ; ddC = 8 % ; ZDV + ddC = 2 % p = 0,03 - Ag p24 : connue au départ pour 925 patients . CD4 ≤ 50/mm3 : plus sévère et plus fréquente : . ≥ 25 pg/ml : ZVD = 26 % ddC = 27 % ZDV + ddC = 29 % neutropénie : ZDV = 41 % ; ddC = 18 % . diminution au bout de 2 semaines : ZVD = 11 % ZDV + ddC = 35 % p = 0,003 toxicité hépatique : ZDV = 14 % ddC = 5 % ddC = 13 % ZDV + ddC = 37 % ZDV + ddC = 4 % p = 0,02 . avec diminution des CD4 : ZDV + ddC/ZVD (p = 0,0001) NP : pas de différence significative ZDV + ddC/ddC (p = 0,0009) Conclusion : dans les stades avancés de la maladie, il n’y a pas de différence entre ZDV et ZDV + ddC en termes d’évènements définissant le SIDA et de mortalité. L’analyse complémentaire montre l’intérêt des associations pour des valeurs de CD4 plus élevées (≥150/ mm3). Dossier 1996, XVII, 2-3 Traitement antérieur par la ZVD : au moins 6 mois. Médiane de la urée de traitement par la ZDV : 18 mois 178 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - ARCAT-SIDA (Association de Recherche, de Communication et d’Action pour le traitement du Sida). Répertoire des essais thérapeutiques en France. 1995 (3ème Edition) Paris. 11 - Katlama C, Tubiana R, Berlvrean ER et al. Combination 3TC/ZDV vs ZDV monotherapy in ZDV naive HIV-1 positive patients with a CD4 of 100-400 cells/mm3. 2nd Nat Conf Human Retroviruses and related Infections. Washington DC, jan-fev 1995 : LB31. 2 - ARCAT-SIDA (Association de Recherche, de Communication et d’Action pour le traitement du Sida). Répertoire des essais thérapeutiques en France. 1996 (4ème Edition) Paris. 12 - Mathez D et al. Ritonavir, AZT, DDC as a triple combination in AIDS-patients (« Stalingrad »). 3rd Conf. on retroviruses and opportunistic infections - Abt 285 Washington - janv. 1996. 3 - D’Aquila RT, Hugues MD, Johnson VA, Fischl MA et al. 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Combination and monotherapy with zidovudine and zalcitabine in patients with advanced HIV disease. Ann Intern Med 1995 ; 122 : 24-32. 10 - Hammer S, Katzenstein D, Hughes M et al. Nucleoside monotherapy versus combination therapy in VIH-infected adults: a randomized, double blind, placebo-contolled trial in persons with CD4 cells count 200-500/mm3. ICAAC San Fransisco, Sept-1995. Session 33; Abstract LB-1. Dossier 1996, XVII, 2-3 15 - Staszewski S, The European Lamivudine HIV Working Group. Combination 3TC/ZDV vz ZDV monotherapy in ZDV experienced HIV-1 positive patients with a CD4 of 100-400 cells/mm3. 2nd Nat Conf Human Retroviruses and related Infections. Washington DC, jan-fev 1995 : LB32. 16 - Staszewski S, Miller V, Rehmet S et al. A triple combination study with zidovudine, lamivudine (3TC) and loviride (R 89439) in p24 positive HIV-1 infected patients. An interim analysis. 34th ICAAC, Orlando, octobre 1994 P I158. 17 - Yarchoan R, Lietzau JA, Nguyen BY et al. 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IInd National Conference on Human Retroviruses and related infections Washington DC, janv-fev 1995 - LB 6A. 20 - Document Roche 179 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA III ème Partie Données concernant l’enfant CLASSIFICATION DE L’INFECTION VIH Résumé CHEZ L’ENFANT DE MOINS DE 13 ANS (1, 3) La classification de 1994 remplace celle publiée en 1987 et tient compte des nouvelles connaissances sur la progression de l’infection VIH chez l’enfant. Les enfants infectés sont classés dans des catégories mutuellement exclusives selon trois critères : sérologique, clinique, immunologique. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Source C.D.C.1994 ; Revised classification system for human immunodeficiency virus (H.I.V.) infection in children less than 13 years of age. MMWR 1994 ; 43 : N°RR12. 2 - C.D.C. Classification system for human immunodeficiency virus (H.I.V.) infection in children under 13 years of age. MMWR 1987 ; 36 : 325-330, 235. 3 - B.E.H. N° 11; 14 Mars 1995. Catégories immunologiques Catégories cliniques N asymptomatiques A symptômes mineurs B symptômes modérés C symptômes sévères Sans preuve d’immunodépression N1 A1 B1 C1 Immunodépression modérée N2 A2 B2 C2 Immunodépression sévère N3 A3 B3 C3 Correspondance entre la classification pédiatrique de 1987 et celle de 1994 Classification 1987 (2) Classification 1994 (1) Classification 1987 (2) Classification 1994 (1) P-0 Préfixe «E» P-2D1 C P-1 N P-2D2 C P-2A A,B et C P-2D3 B P-2B C P-2E1 C P-2C B P-2E2 B P-2F B Dossier 1996, XVII, 2-3 180 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA MÉDICAMENTS ANTIRÉTROVIRAUX Le comportement pharmacocinétique du médicament après les deux premières semaines de la vie est quasiment identique à ce qui est observé chez l'enfant âgé de plus d'un an et chez l'adulte. Introduction L'utilisation des médicaments antirétroviraux en pédiatrie a fortement bénéficié des essais thérapeutiques menés chez les patients adultes. La maladie VIH de l'enfant n'est cependant pas identique à la maladie de l'adulte. La différence la plus marquante est sans doute l'existence chez l'enfant, d'une forme clinique dite "précocement sévère". Cette forme évolutive touche environ 20% des enfants et conduit à une encéphalopathie sévère avec déficit immunitaire profond au cours des 2 premières années de la vie. D'autre part, certains critères d'évaluation thérapeutique sont particuliers à l'enfant. Ainsi en pédiatrie, les effets des médicaments sur le développement psychomoteur et sur la courbe pondérale doivent impérativement être évalués. On sait également que le nombre absolu des lymphocytes CD4+, principal marqueur actuel du déficit immunitaire lié au VIH, doit être interprété en fonction de l'âge. Les particularités pédiatriques de l'infection VIH justifient pleinement la réalisation d'essais thérapeutiques spécifiques à l'enfant. L'utilisation des médicaments antirétroviraux chez l'enfant est un sujet en constante évolution. Le développement de nouvelles molécules et de stratégies thérapeutiques plus efficaces est rapide. Ainsi, les attitudes thérapeutiques recommandées au moment de la rédaction de ce chapitre pourront être modifiées dans un avenir proche. C'est la raison pour laquelle nous nous limiterons à la description des données publiées dans la littérature et des principes généraux du traitement. Compte tenu du profil pharmacocinétique particulier au cours des 2 premières semaines de la vie, la posologie recommandée pour cette tranche d'âge est de 2 mg/kg toutes les 6 heures. * Après la première année de la vie Les paramètres pharmacocinétiques observés après la première année de la vie sont identiques à ceux observés à l'âge adulte (2). Après injection intraveineuse, la demi-vie plasmatique, la clairance rapportée à la surface corporelle et le volume de distribution sont en moyenne, respectivement de 1,5 heures, 650 ml/min/m2 et 45 l/m2. La voie métabolique principale est une glucurono-conjugaison hépatique, le métabolite inactif glucurono-conjugué étant éliminé dans les urines. Un quart de la dose de zidovudine est également éliminé dans les urines sans métabolisme hépatique. Le rapport des concentrations LCR / plasma est à 24 % lorsqu'il est calculé au plateau de concentration plasmatique, sous perfusion intraveineuse continue du médicament (3). Après prise orale, la biodisponibilité est en moyenne égale à 68 %. Il existe un fort effet de premier passage hépatique. Du fait de son comportement pharmacocinétique, le médicament doit être prescrit en fonction de la surface corporelle plutôt qu'en fonction du poids, le calcul de posologie selon le poids aboutissant à un sous-dosage des enfants les plus jeunes 1. Zidovudine 1.1. Spécificités pédiatriques de la pharmacocinétique * Au cours de la vie foetale La zidovudine traverse le placenta par diffusion passive. Les concentrations observées chez le fœtus sont identiques aux concentrations maternelles (9). * Au cours de la première année de la vie Les nouveau-nés âgés de moins de 2 semaines éliminent plus lentement le médicament que les enfants plus âgés (6). La demi-vie observée est en moyenne à 3,12 heures du fait d'une clairance relativement diminuée. Ceci est probablement le résultat d'une glucurono-conjugaison moins intense chez les nouveau-nés de moins de 2 semaines. La biodisponibilité après prise orale est élevée (72 %), du fait d'une atténuation de l'effet de premier passage hépatique. 1.2. Utilisation thérapeutique chez l’enfant En pédiatrie comme en médecine adulte, la zidovudine est le médicament antirétroviral le plus étudié. Les études cliniques pédiatriques publiées dans la littérature médicale sont résumées dans les tableau pages 184 et 185 . Ces études donnent des informations précises sur la tolérance du médicament et sur ses effets biologiques et cliniques. Plusieurs questions majeures restent cependant non résolues : quel est le meilleur moment pour initier le traitement par la zidovudine, quelle est la posologie à adopter, notamment. * Résultats ** Effets sur les signes cliniques de la maladie Dossier 1996, XVII, 2-3 181 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Selon les études, il est observé : - une amélioration de la courbe pondérale, - une diminution de l'hépatosplénomégalie, - une nette efficacité sur l'atteinte neurologique (7, 21), - une amélioration des fonctions cognitives après traitement à la posologie de 720 mg/m2/j en 4 prises orales (16), - une absence d'efficacité sur les encéphalopathies sévères après traitement par voie orale à la posologie de 400 mg/m2 par jour en 4 prises orales (5). ** Effets sur les signes biologiques de la maladie Une diminution de l'hypergammaglobulinémie est observée dans toutes les études. Il est souvent noté une augmentation du taux des lymphocytes CD4+, témoin d'une amélioration de l'état immunitaire. Cette augmentation est en général modérée ; elle est toujours transitoire, le système immunitaire se dégradant malgré la poursuite d'un traitement prolongé. Ce phénomène d'échappement thérapeutique est au moins en partie lié à l'acquisition de résistances à la zidovudine par le virus (25). Il pose le problème du relais par un autre médicament antirétroviral et souligne l'intérêt potentiel de l'utilisation précoce des associations thérapeutiques Ainsi, la monothérapie par zidovudine ne peut plus actuellement être recommandée, puisque l'étude ACTG 152 a montré que ce traitement était moins efficace et plus toxique que la monothérapie par ddI et que la bithérapie par zidovudine et ddI. ** Quelle dose et quelle voie d'administration faut-il adopter ? Aux États-Unis, la posologie classique de la zidovudine par voie orale pour les enfants âgés de plus de 3 mois est de 720 mg/m2/j en 4 prises. En France, la posologie utilisée est souvent plus faible (400 mg/m2/j). Les posologies élevées pourraient offrir un avantage, notamment pour la prévention et le traitement des atteintes neurologiques (22). Une étude pédiatrique est actuellement en cours aux États-Unis (ACTG128), comparant les posologies 720 mg/m2/j et 360 mg/m2/j, afin de vérifier cette hypothèse. ** Quelle est la voie d'administration optimale pour le traitement des encéphalopathies ? Les meilleurs résultats publiés l’ont été avec une perfusion intraveineuse continue de zidovudine sur plusieurs mois (7, 21). Une étude est en cours pour confirmer ce fait (22). ** Nécessité du passage de la voie orale à la voie intraveineuse * Tolérance de la zidovudine chez l'enfant - La principale toxicité est hématologique. Elle se manifeste par une anémie macrocytaire et/ou une neutropénie. Elle conduit souvent à diminuer la posologie du médicament. La lignée plaquettaire est habituellement épargnée, voire même améliorée chez les patients dont l'infection VIH est compliquée de thrombocytopénie. Les enfants traités à dose conventionnelle de zidovudine per os (720 mg/m2/j) et qui développent une encéphalopathie ou dont l'atteinte neurologique ne régresse pas après 6 mois de traitement, sont traités par une perfusion intraveineuse continue. Les résultats préliminaires sont intéressants : 38 patients ont été inclus dans cette étude et dans 22 cas, une amélioration de la symptomatologie est rapportée.. - Les autres effets indésirables rapportés sont plus rares : nausées, céphalées, augmentation des transaminases, myosite. 2. Didanosine - La tolérance du médicament dépend du stade de la maladie VIH (5). Les patients peu symptomatiques (P2A) ont moins d'effets indésirables que les patients traités à des phases plus avancées de leur maladie (P2B-F). Tableau page 186 2.1. Didanosine en monothérapie * Les questions non résolues : * Pharmacocinétique chez l'enfant ** Quand faut-il commencer le traitement ? Le comportement pharmacocinétique du médicament a été étudié chez des enfants âgés de 8 mois à 18 ans (1, 8). Après perfusion intraveineuse, la demi-vie et la clairance sont en moyenne de 0,8 heure et 490 ml/min/m2. Après prise orale, la biodisponibilité est en moyenne de 21 % mais la variabilité interpatient est considérable (< 5 % à 89 %). Cette variabilité interpatient souligne l'intérêt potentiel d'une évaluation pharmacocinétique de chaque patient. La diffusion du médicament dans le LCR est nulle ou faible. Des études randomisées ont été conduites en Europe (Penta 1) et aux Etats-Unis (ACTG 182) pour évaluer l'intérêt potentiel de l'utilisation très précoce de la zidovudine en monothérapie. Les résultats de ces études ne sont pas encore publiés. Il est vrai que la question ainsi posée a moins d'intérêt depuis l'avénement des associations thérapeutiques. Dossier 1996, XVII, 2-3 182 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA * Résultats * Pharmacocinétique * Effets sur les signes cliniques de la maladie Une amélioration de la courbe pondérale et une diminution de l'hépatosplénomégalie sont habituelles sous traitement. Une étude pharmacocinétique pédiatrique a montré que le comportement pharmacocinétique des deux médicaments n'était pas modifié lorsqu'ils étaient utilisés en association (19). Malgré sa faible pénétration cérébrale, la ddI est susceptible d'améliorer l'atteinte neurologique de certains enfants (8). * Études cliniques ** Effets sur les signes biologiques de la maladie L'élément le plus marquant est une amélioration de l'état immunitaire avec augmentation du taux des lymphocytes CD4+. Cette augmentation est supérieure à 10 % du taux de base (ou > 50 cellules/mm3) après 6 mois de traitement dans 30 % des cas (13). Elle se maintient à 3 ans pour 41 % des patients répondeurs à 6 mois (18). Cependant, il faut noter que l'amélioration de l'état immunitaire n'est clairement observée que pour les patients dont le taux de CD4 est supérieur à 100/mm3 en début de traitement. Un essai de phase I/II portant sur 68 patients traités par l'association AZT-ddI a été publié. Parmi les 68 patients, 54 n'avaient reçu aucun traitement antirétroviral préalable (groupe A) tandis que 14 étaient intolérants à l'AZT (groupe B). L'effet sur le système immunitaire est clairement démontré par l'analyse après 6 mois de traitement : 72% des patients du groupe A et 30% des patients du groupe B ont un taux de lymphocytes CD4+ augmenté par rapport à leur taux de base. Pour les patients du groupe A, le taux médian des lymphocytes CD4+ passe de 386/mm3 à 726/mm3 après 6 mois de traitement. Une analyse des effets indésirables observés chez plus de 100 enfants traités au NCI (22) montre que la pancréatite est l'effet indésirable le plus fréquent (7 % des cas). L'essai thérapeutique ACTG 152 est une étude pédiatrique de grande envergure qui comparait monothérapie par ddI ou zidovudine à l'association de ces deux médicaments. Les inclusions dans l'essai ont été arrétées en février 1995 parce que le bras monothérapie par ziduvudine s'est révélé être plus toxique et moins efficace que les deux autres bras. Une hyperamylasémie sans symptomatologie clinique de pancréatite peut également être observée mais n'est pas une raison suffisante pour arrêter le traitement. 2.3. Conclusions sur l'utilisation de la didanosine chez l'enfant * Tolérance D’autres effets, plus rares, ont été rapportés : neuropathie périphérique (< 3 % des cas), rétinopathie (< 5 % des cas). 2.2. Didanosine en association avec la zidovudine * Généralités Même si leur mode d'action est identique, la zidovudine et la didanosine ont un profil pharmacocinétique et des effets clinico-biologiques différents. Ainsi, du fait de sa meilleure pénétration dans le LCR, la zidovudine semble être plus actif sur l'atteinte neurologique de la maladie, tandis que la didanosine paraît avoir une action plus marquée et plus prolongée sur le système immunitaire. Des études in vitro ont montré une synergie d'activité antivirale des deux médicaments et l'absence de résistance croisée (10, 13, 23, 24). Ces considérations ont motivé le développement d'essais thérapeutiques de l'association zidovudine-didanosine, en pédiatrie comme en médecine adulte. Dossier 1996, XVII, 2-3 L'AMM pédiatrique de la didanosine prévoit que le médicament est indiqué chez l'enfant de plus de 6 mois ayant une infection VIH symptomatique et présentant une intolérance à la zidovudine ou une détérioration clinique ou biologique significative sous zidovudine. Cette indication pourrait être modifiée dans l'avenir, lorsque les résultats de l'étude ACTG152 seront publiés. Cette étude pédiatrique compare 3 bras : zidovudine seule, didanosine seule et association des deux. Une analyse préliminaire a conduit à arrêter le bras zidovudine seule du fait d'une efficacité supérieure des bras didanosine et association. 3. Autres antirétroviraux utilisés en pédiatrie 3.1. CD4 recombinantes Les études pédiatriques comportant la perfusion de molécules CD4 recombinantes n'ont pas montré d'efficacité clinique ni biologique (11). 183 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : essais pédiatriques de la zidovudine Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Effect of continuous intravenous infusion of zidovudine in children with symptomatic HIV infection. 1988 (21) Méthodologie Étude monocentrique phase I-II, 21 patients 21 patients Âge médian: 4,8 ans Schéma posologique Zidovudine en perfusion continue 4 paliers de dose : 0,5 ; 0,9 ; 1,4 et 1,8 mg/kg/h Inclusion VIH+ CDC P2 Résultats - Amélioration de l'état neurologique des 13 patients atteints d’encéphalopathie - Amélioration de la courbe pondérale - Diminution de l’hépatosplénomégalie - Augmentation du taux de CD4 supérieur à 25 % du taux de base pour 15/21 patients - Baisse des IgG Tolérance - Les effets indésirables sont essentiellement hématologiques : neutropénie, anémie - La tolérance est meilleure pour les enfants traités aux 2 premiers paliers de dose Durée de suivi 6 mois Effect of continuous-infusion zidovudine therapy on neuropsychologic fonctioning in children with symptomatic human immunodeficiency virus infection (7) Méthodologie Étude monocentrique, phase I-II Prolongement de l'étude précédente 13 patients Âge médian: 5 ans Inclusion VIH+ Encéphalopathie Résultats L'amélioration de l'état neurologique constatée à 6 mois dans l’étude précédente, se maintient à 12 mois Schéma posologique Cf étude précédente Durée de suivi : 12 mois Safety and tolerance of intermittent intravenous and oral zidovudine therapy in human immunodeficiency virus-infected pediatric patients. 1990 (17) Méthodologie Étude multicentrique, phase I-II 35 patients Âge médian: 3,5 ans Inclusion VIH+2 CDC P2 Résultats - Amélioration de la courbe pondérale - Diminution de l’hépatosplénomégalie - Augmentation du taux de CD4 : + 13/mm3 pour les patients ayant un taux de CD4 inférieur 500/ mm3 avant traitement - Baisse des IgG Schéma posologique 3 paliers de dose - IV : 320, 480, 640 mg/m2/j en 4 perfusions - per os : 480, 720, 960 mg/m2/j en 4 prises Tolérance : - Les effets indésirables sont essentiellement hématologiques : neutropénie, anémie - La tolérance est meilleure pour les enfants traités aux 2 premiers paliers de dose Durée de suivi : 12 semaines Dossier 1996, XVII, 2-3 184 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : essais pédiatriques de la zidovudine (suite) Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats A multicenter trial of oral zidovudine in children with advanced human immunodeficiency virus - 1991 (16) Méthodologie Étude multicentrique, phase II 88 patients Âge médian: 3,9 ans Inclusion VIH+ maladie «avancée» Résultats - Amélioration des fonctions cognitives : 23/55 patients - Amélioration de la courbe pondérale - Augmentation du taux de CD4 à 1 mois (+ 44/mm3) mais diminution à 6 mois (- 22/mm3) - Diminution du taux d’Agp24 dans le sérum et le LCR - Diminution de la proportion de culture VIH positive dans le LCR Schéma posologique Zidovudine per os 720 mg/m2/j Tolérance - Les effets indésirables sont essentiellement hématologiques : neutropénie, anémie Durée de suivi : 6 mois Low-dose zidovudine in children with an human immunodeficiency virus type 1 infection acquired in the perinatal period - 1991 (4) Méthodologie Étude monocentrique,I phase II 60 patients Âge médian:1,9 ans Résultats - Pas d’effets sur les encéphalopathies sévères - Amélioration de 2/10 enfants ayant une atteinte neurologique modérée - Amélioration de la courbe pondérale pour les patients P2B-F - Diminution du taux moyen de CD4 : 1730 mm3 avant traitement versus 910/mm3 après 1 an (p < 0,001) - Ag p24 inchangée - Baisse des IgG Inclusion VIH+: CDC P2A : 26: P2B-F : 34 Schéma posologique Zidovudine per os 400 mg/m2/j Durée de suivi : 12 mois Tolérance - Les effets indésirables sont essentiellement hématologiques : neutropénie, anémie - La tolérance est meilleure pour les enfants symptomatiques (P2A versus P2B-F) Dossier 1996, XVII, 2-3 185 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : essais pédiatriques de la didanosine Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Dideoxyinosine in children with symptomatic human immunodeficiency virus infection - 1991 (8) Méthodologie Étude monocentrique, phase I-II 43 patients Âge médian: 4,8 ans Inclusion VIH+ Résultats - Amélioration de la courbe pondérale - Diminution de l’hépatosplénomégalie - Augmentation du taux de CD4 (> 10 % ou > 50/mm3) dans 30 % des cas - Diminution du taux d’Ag p24 dans 40 % des cas Schéma posologique Didanosine per os : 5 paliers de dose : 60, 120, 180, 360, 540 mg/m2/j en 3 prises Tolérance Pancréatite : 2/43 patients Durée de suivi : 6 mois Clinical and pharmacokinetic evaluation of long-term therapy with didanosine in children with human immunodeficiency virus infection - 1994 (18) Méthodologie Étude monocentrique, phase I-II Prolongement de l'étude précédente 103 patients Conclusion L'augmentation du taux de CD4 constatée à 6 mois dans l’étude précédente, se maintient à 12 mois Inclusion VIH+ CDC : P2 Schéma posologique Cf étude précédente Durée de suivi moyen : 22,6 mois Zidovudine and didanosine combination therapy in children with human immunodeficiency virus infection - 1994 (12) Méthodologie Étude monocentrique, phase I-II 68 patients Posologie - Zidovudine per os : 360 à 720 mg/m2/j en 4 prises Inclusion VIH+ CDC : PIB ou P2 Résultats - Amélioration de la courbe pondérale - Diminution de 1’hépatosplénomégalie - Augmentation du taux de CD4 : 72 % des patients non traités antérieurement par la zidovudine et 30 % des patients préalablement traités par la zidovudine - Diminution du taux d’Ag p24 - Diminution de la charge virale 54 patients non traités préalablement par la zidovudine 14 patients intolérants à la zidovudine Tolérance Effets indésirables habituels de la zidovudine et de la didanosine Pas de toxicité nouvelle lors de l’association des deux. Durée de suivi : 6 mois Dossier 1996, XVII, 2-3 186 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : essais pédiatriques de la lamivudine et de la stavudine Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Tolérance et pharmacocinétique de l’association Lamivudine + Zidovudine chez les nouveau-nés et les nourrissons infectés par voie fœto-maternelle. (NUCB 2006 / ANRS 036) - 1995 - en cours (26) Méthodologie Étude bicentrique, en ouvert, phase I-II 15 patients prévus Schéma posologique - Lamivudine per os (sirop) 8 mg/kg/j en 2 prises - Zidovudine per os . bébés < 3 mois : 3mg/kg/j en 4 prises . nourrissons > 3 mois : 180 mg/m2 en 4 prises Durée : 6 mois Inclusion Nouveau-nés et nourrissons présentant : - culture et/ou PCR positive dès la naissance - ou symptômes CDC 1987 avant l’âge de 6 mois - ou sous-classe CDC 1987 p.2BF ou p.2A si CD4 < 1 500/mm3 Objectifs Traitement pendant 6 mois Pharmacocinétique à J0 et J14 Tolérance clinique et biologique Exclusion - Troubles graves de fonction rénale ou hépatique - Infection opportuniste évolutive - Diarrhée persistante ou malabsorption A phase I / II evaluation of stavudine (d4T) in children with HIV virus infection - 1995 (15) Méthodologie Étude en ouvert phase I / II (recherche de dose) 37 patients Inclusion CD4 moyen : 242/mm3 (2-2 290/mm3) Objectifs - Propriétés pharmacocinétiques* - Tolérance - Efficacité Traitement antérieur par la zidovudine possible Schéma posologique Exclusion Stavudine per os - solution à reconstituer - Épilepsie 0,2 ou 1 mg/ml - Neuropathie périphérique - capsules 1, 5, 20, 50 mg ère 1 phase : 4 dosages randomisés : 0,125 ; 0,25 ; 0,5 ; 1 mg/kg/j randomisation :< ou > 24 mois d’âge) durée : 12 semaines 2ème phase : (uniquement si 1 mg/kg/j est tolérée par 4 patients au moins pendant 6 semaines au moins) 2 dosages séquentiels : 2 et 4 mg/kg/j Caractéristiques des sujets évalués - Âge moyen = 5,5 ans (7 mois - 15 ans) - 30 enfants symptomatiques ; 7 asymptomatiques - Traitement antérieur AZT : 29 - Durée moyenne traitement stavudine : 37 semaines Résultats - Effet positif sur la croissance à toutes les doses - Augmentation de 10 % du taux de CD4 chez 6 enfants en phase I Tolérance - Possible neuropathie réversible chez 1 enfant présentant un profil neurologique de base anormal - Pas d’effet hématologique - Aucun effet révélé par examens biologiques * Étude pharmacocinétique menée avec les doses orales de 1, 2 ou4 mg/kg/j, avec sur 1 jour, un protocole IV des demidoses correspondantes Dossier 1996, XVII, 2-3 187 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 3.2. Inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase (saquinavir, ritonavir, indinavir) Ces médicaments ont été très peu étudiés en pédiatrie. En attendant des résultats spécifiquement pédiatriques. Il est logique d'extrapoler à l'enfant les données d'efficacité récemment décrites sur des populations de patients adultes. Certaines antiprotéases peuvent désormais être prescrites à l'enfant grâce à des programmes d'ATU de cohorte ou d'ATU nominatives. La situation est susceptible d'évoluer très rapidement dans un avenir très proche. Des études phase I-II sont actuellement en cours. 3.3. Lamivudine (3TC) Tableau page 187 La lamivudine est en expérimentation clinique chez l'enfant depuis avril 1992. Une analyse préliminaire sur 70 enfants (15) révèle que la biodisponibilité du médicament est en moyenne de 62 % (extrêmes : 37 % - 92 %) et que le ratio de concentration LCR / sérum est en moyenne à 0,20 (0,09 à 0,46). Il est noté une amélioration de la courbe pondérale, de l'appétit et une sensation de mieux-être chez les patients traités. L'activité antirétrovirale in vivo est suggérée par la diminution du taux d'Agp24 et de l'ARN viral. Le médicament est très bien toléré chez l'enfant. Il peut être prescrit à l'enfant en comprimé ou sous la forme sirop grâce à un programme d'ATU. Une étude pilote de l'association AZT-ddI-3TC est actuellement en cours (22). Une étude européenne (Penta 4) vient de débuter dans le but d'évaluer l'intérêt potentiel de l'adjonction de 3TC à un traitement antirétroviral préalable par zidovudine, ddI ou zidovudine + ddI. 3.4. Stavudine (d4T) (!9 Une étude pédiatrique phase I/II a montré une tolérance et une efficacité intéressantes du médicament (15). Un essai thérapeutique comparant zidovudine en monothérapie à l'association zidovudine et d4T est actuellement en cours aux Etats-Unis (ACTG 240). Deux études pédiatriques sont actuellement en cours aux Etats-Unis. L'essai ACTG190 comporte une randomisation zidovudine-zalcitabine versus zidovudine seule ; l'essai ACTG138 compare deux faibles doses de zalcitabine. Comme chez les patients adultes, la zalcitabine peut être responsable de mucites et d'éruptions cutanées. 4. Conclusion Le fait que la zidovudine puisse prévenir même de manière imparfaite la contamination maternofœtale par le VIH l constitue sans doute une des avancées les plus importantes de la recherche clinique sur le SIDA. En pédiatrie comme en médecine adulte, l'avenir est à la mise au point de nouveaux médicaments antiretroviraux mais aussi au développement d'associations thérapeutiques plus efficaces. Les difficultés à mener des essais thérapeutiques en pédiatrie sont réelles. La mise au point et la réalisation de ce type d'essaid doivent être favorisées. Il est également important de pouvoir extrapoler à l'enfant, au moins sur des périodes transitoires, les données démontrées par certains grands essais thérapeutiques menés sur des patients adultes. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Balis FM, Pizzo PA, Butler KM et al. Clinical pharmacology of 2' 3'-dideoxyinosine in human immunodeficiency virus-infected children. J Infect Dis 1992 ; 165 : 99-104. 2 - Balis FM, Pizzo PA, Eddy J et al. Pharmacokinetics of zidovudine administered intravenously and orally in children with human immunodeficiency virus infection. J Pediatr 1989 ; 114 : 880-4. 3 - Balis FM, Pizzo PA, Murphy RF et al. The pharmacokinetics of zidovudine administered by continuous infusion in children. Ann Intern Med l989 ; 110 : 279-85. 4 - Blanche S, Duliege AM, Soledad M et al. Low-dose zidovudine in children with an human immunodeficiency virus type I infection acquired in the perinatal period. Pediatrics 1991 ; 88 : 364-70. 3.5. Zalcitabine (ddC) 5 - Blanche S, Caniglia M, Fischer A et al. AZT therapy in children with AIDS. Am J Med 1988 : 114 (S2) : 880-4. La zalcitabine a été très peu étudiée en pédiatrie. Une étude pédiatrique de phase I a été rapportée (20) mais la durée d'utilisation du médicament était limitée à 8 semaines par crainte des neuropathies périphériques décrites dans les essais adultes. 6 - Boucher FD, Modlin JF, Weller S et al. Phase I evaluation of zidovudine administered to infants exposed at birth to the human immunodeficiency virus. J Pediatr 1993 ; 122 : 137-44. Dossier 1996, XVII, 2-3 188 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 7 - Brouwers P, Moss H, Wolters P et al. Effect of continuous-infusion zidovudine therapy on neuropsychologic functioning in children with symptomatic human immunodeficiency virus infection. J Pediatr 1990 ; 117 : 980-5. 17 - McKinney RE, Pizzo PA, Scott GB et al. Safety and tolerancc of intermittent intravenous and oral zidovudine therapy in human immunodeficiency virus infected pediatric patients. J Pediatr 1990 ; 116 : 640-7. 8 - Butler KM, Husson NR, Balis FM et al. Dideoxyinosine in children with symptomatic human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1991 ; 324 : 137-44. 18 - Mueller BU, Butler KM, Stocker VL et al. Clinical and pharmacokinetic evaluation of long-term therapy with didanosine in children with SV infection. Pediatrics 1994 ; 94 : 724-31. 9 - Chavanet P, Diquet B, Waldner A et al. Perinatal pharmacokinetics of zidovudine. N Engl J Med 1989 ; 321 : 548-1549. 10 - Dornsife RE, St Clair MH, Huang AT et al. Antihuman immunodefieieney virus svnergism by zidovudine didanosine contrasts with their additive inhibition of normal human progenitor cells. Antimicrob Agents Chemother 1991 ; 35 : 322-8. l l - Husson RN, Chung Y, Mordenti J et al. Phase I study of continuous infusion soluble CD4 as a single agent or in combination with dideoxyinosine therapy in children with symptomatic human immunodeficiency infection. J.Pediatr 1992 ; 121 : 627-33. 12 - Husson RN, Mueller BU, Farley M et al. Zidovudine and didanosine combination therapy in children with human immunodeficiency virus infection. Pediatrics 1994 ; 93 : 316-22. 13 - Johnson VA, Merrill P, Videler JA et al. Two-drug combinations of zidovudine, didanosine, recombinant interferon-α inhibit replication of zidovudine-resistant human immunodeficiency virus type l synergistically in vitro. J Infect Dis 1991 ; 164 : 646-55. 14 - Kline MW, Dunkle LM, Church JA et al. A phase I/II evaluation of stavudine (d4T) in children with virus infection. Pediatrics 1995 ; 96 : 247-52. 15 - Lewis L, Wells M, Church S et al: A phase I/II study of 3TC in children with HIV infection. Abstract POB 262059, IXth international conference on AIDS, Berlin, June 1993. 16 - McKinney RE, Maha MA, Connor EM et al. A multicenter trial of zidovudine in children with advanced human immunodeficiency virus disease. N Engl J Med 1991 ; 324 : 1018-25. Dossier 1996, XVII, 2-3 l9 - Mueller BU, Pizzo PA, Farley M et al. Pharmacokinetic evaluation of the combination of zidovudine and didanosine in children with human immunodeficiency virus infection. J Pediatr 1994 ; 125 : 142-6. 20 - Pizzo PA, Butlert K, Balis F et al. Didéoxycytidine alone and in an alternating schedule with zidovudine in children with symptomatic human immunodeficiency virus infection. J Pediatr 1990 ; 117 : 799-808. 21 - Pizzo PA, Eddy J, Falloon J et al. Effect of continuous intravenous infusion of zidovudine (AZT) in children with symptomatic HIV infection. N Engl J Med 1988 ; 319 : 889-96. 22 - Pizzo PA, Wilfert CM. Antiretroviral treatment for children with HIV infection. In : Pediatric AIDS, edited by Pizzo PA and Wilfert CM ; Williams and Wilkins, Baltimore, 1994 ; 2nd edition, 651-688. 23 - Richmann DD. Susceptibility to nucleoside analogues of zidovudine-resistant isolates of human immunodeficiency virus. Am J Med 1990 ; 88 (suppl 5B) : 5S-8S. 24 - St Clair MH, Martin JL, Tudor-Williams G et al. Resistance to DDI and sensitivity to AZT induced by a mutation in HIV1 reverse transcriptase. Science 1991 ; 253 : 1557- l9. 25 - Tudor-Williams G, St Clair MH, McKinney RE et al. HIV 1 sensitivits to zidovudine and clinical outcome in children. Lancet 1992 ; 339 : 15-9. 26 - ARCAT-SIDA. Répertoire des essais thérapeutiques. France. 1995 3ème édition mise à jour août, Paris. 189 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Prophylaxie materno-fœtale Résumé Certains facteurs favorisent cette transmission comme le statut biologique et clinique de la mère (taux de CD4 inférieur à 200/mm3, charge virale élevée, antigénémie p24), le déroulement de la grossesse, la durée du travail. L’allaitement est un facteur de transmission incontestable (4). L’excrétion du VIH dans les sécrétions cervico-vaginales de la femme enceinte est particulièrement élevée : 38 % contre 12 % (7). DONNÉES CLINIQUES Tableau page 191 Une étude a montré qu’il est possible de réduire la transmission de 50 % lorsque les naissances sont provoquées par césarienne (10). Un essai vient d’être mis en place en 1995 : ANRS 050, international, multicentrique, randomisé, phase III, avec pour objectif principal d’évaluer si la césarienne programmée réduit le taux de transmission mèreenfant du VIH-1 (1500 couples sont prévus dont 150 en France) (2). La transmission de la mère à l'enfant constitue le mode de contamination le plus fréquent des jeunes enfants. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES Le risque de contamination pendant la grossesse, l'accouchement ou l'allaitement est estimé à 15 - 40 % (6). Ce taux est variable selon les études et selon les régions du globe : la dernière enquête européenne donne une fréquence de 14,4 %, l’enquête française estime le taux de transmission à 18,3 % (4). Pour les pays en voie de développement, les taux varient entre 25 et 50 %. TRANSMISSION Les mécanismes de transmission ainsi que le moment de la contamination ne sont pas intimement connus. Plusieurs arguments plaident en faveur d’une contamination tardive pour plus de 70 % des cas ; la possibilité d’une contamination au deuxième trimestre et plus rarement au premier trimestre ne représenterait que 20 à 30 % des cas (4). Dossier 1996, XVII, 2-3 Il a été montré sur des modèles animaux que ce risque pouvait être réduit par l'administration de zidovudine (14, 16). Par ailleurs, l'usage de cet anti-rétroviral pendant la grossesse semble dépourvu de risques majeurs (15, 11, 8). La zidovudine traverse le placenta, atteignant rapidement dans la circulation du fœtus des taux comparables aux taux sanguins maternels (17). L'intérêt d'un traitement préventif de la transmission materno-fœtale a été confirmé par les résultats de l'essai ACTG 076 (aux USA) et ANRS 024 (en France), avec une réduction relative du risque de 67,5 % (intervalle de confiance à 95% : 40,7 à 82,1 %) chez les couples mères-enfants traités par zidovudine par rapport à ceux recevant un placebo (6). 477 femmes enceintes VIH+, dont le taux de CD4+ était supérieur à 200/mm3, qui n'avaient pas reçu de traitement antirétroviral pendant leur grossesse et dont la durée de gestation variait entre 14 et 34 semaines ont été randomisées pour recevoir ou non un traitement par zidovudine. Le traitement de la mère comportait la prise orale de zidovudine (100 mg, 5 fois par jour) pendant la grossesse et une perfusion continue du médicament pendant le travail (2mg/kg en perfusion intraveineuse sur une heure puis 1mg/kg/h jusqu'à l'accouchement). 190 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Études cliniques : Prévention de la transmission materno-foetale Méthodologie Inclusion/Exclusion Évaluation - Résultats Reduction of maternal-infant transmission of human immunodeficiency virus type 1 with zidovudine (ZDV) treatment. ACTG 076 / ANRS 024 - 1994 (6) Méthodologie Étude multicentrique internationale, double aveugle contre placebo, randomisée phase III 409 patients Schéma posologique - ZDV 100 mg x 5/j ou placebo pour la mère - ZDV 2 mg/kg IV en 1 h puis 1 mg/kg IV pdt la durée de l'accouchement ou placebo - ZDV 2 mg/kg toutes les 6 h pendant 6 semaines à partir de la 8e-12e h de vie, chez le nouveau né, ou placebo Inclusion VIH+ Suivi Suivi d'Avril 1991 à Décembre 1993, date de la première analyse intermédiaire Patientes éligibles ayant donné naissance à 415 enfants vivants 363 enfants analysés (analyse intermédiaire) : - 180 dans le groupe ZDV, - 183 dans le groupe placebo CD4 > 200/mm3 Résultats - 13 (8,3 %) enfants infectés dans le groupe ZDV (IC 95 % : 3,9 - 12,8) - 40 (25,5 % ) enfants infectés dans le groupe placebo (IC 95 % : 18,4 - 32,5) Traitement antérieur par la zidovudine chez 19 patientes Âge gestationnel compris entre 14 et 34 semaines (moyenne : 26) Tolérance Effets indésirables (chez les nouveaux nés) : taux d'hémoglobine significativement plus bas dans le groupe ZDV, mais identique dans les deux groupes à 12 semaines Conclusion Intérêt de la zidovudine dans la réduction du risque de la transmission materno-foetale : diminution des deux tiers (67,5 %) Dossier 1996, XVII, 2-3 191 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Les nouveau-nés étaient par ailleurs traités par 2 mg/kg de zidovudine per os toutes les 6 heures pendant 6 semaines. La proportion d'enfants infectés à 18 mois était 8,3 % dans le groupe traité et 25,5 % dans le groupe placebo (p = 0,00006). En conséquence, les femmes enceintes VIH+ qui souhaitent poursuivre leur grossesse doivent impérativement être traitées selon le schéma décrit dans l'étude. De plus il n'a pas été observé d'effets indésirables majeurs chez les nouveaux nés, mais simplement une baisse modérée du taux d'hémoglobine à la naissance chez les enfants traités, avec retour à la normale à la 12ème semaine de vie. A la suite de l’essai ACTG 076, 274 enfants de l’étude ont été suivis pendant plus de 60 semaines ; 179 ont été inclus dans un nouvel essa i: ACTG 219, de surveillance prolongée. Aucune différence significative n’a été mise en évidence sur le plan clinique ou immunologique. De même, le développement psychomoteur est semblable entre les enfants du groupe zidovudine et ceux du groupe placebo (données des enfants non infectés). Sur la base des résultats de l’ essai ACTG 076, des recommandations ont été formulées par le service de santé publique des USA (1). En France, à la suite de ces résultats, un groupe d’experts réunis à la demande de l’Agence du Médicament a émis des recommandations écrites sur l’utilisation de la zidovudine chez la femme enceinte séropositive. Ces recommandations ont été diffusées dans la note d’information DGS-DH / 94 n°34 du 27 Mai 1994. Actuellement, 90 % des femmes séropositives qui désirent mener à terme leur grossesse seraient traitées ; leur nombre est estimé à 500 (19). Un traitement par Zidovudine suivant le schéma thérapeutique de l'essai ACTG 076 doit être proposé à toutes les femmes présentant les critères d'entrée dans cette étude. Il doit néanmoins être envisagé chez les femmes ne remplissant pas ces conditions, par exemple présentant une immuno-dépression plus sévère (3, 5, 9, 12). - quel est le mécanisme d’action ? pourquoi des échecs ? - quelle est l’efficacité lorsque le traitement est débuté à un âge gestationnel supérieur à 34 semaines ? - les femmes recevant de la zidovudine et débutant une grossesse doivent-elles interrompre le traitement pendant le premier trimestre du fait du risque tératogène potentiel ? - faut-il interrompre le traitement après l'accouchement, chez une femme dont l'état ne nécessite pas une thérapeutique anti-rétrovirale ? - quelle attitude adopter dans les pays en voie de développement où les taux de transmission sont élevés ? - comment résoudre les problèmes éthiques, sociaux et économiques posés par le dépistage et le traitement ? Des études supplémentaires sont nécessaires pour éclaircir ces différents points ainsi que pour évaluer l'efficacité et l'innocuité dans cette indication, d'autres médicaments qui pourraient être administrés aux patientes ayant développé une intolérance et/ou une résistance à la zidovudine. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Anonyme. Recommendations of the US Public Health Service Task Force of the use of zidovudine to reduce perinatal transmission of human immunodeficiency virus. MMWR Morb Mort Wkly Rep. 1994 ; 43 : 1-20. 2 - ARCAT-SIDA. Index des essais thérapeutiques en cours. 3ème édition + Mise à jour, Paris 1995. 3 - Bayer R. Ethical challenges posed by zidovudine treatment to reduce vertical transmission of HIV. N Engl J Med 1994 ; 331 : 1223-5. 4 - Bongain A, Castillon JM, Gillet JY. Le traitement par l’AZT chez la femme enceinte séropositive. Entretiens de Bichat 1995 ; infectiologie : 111-114. Un certain nombre de questions reste cependant sans réponse quant à l’utilisation de zidovudine chez la femme enceinte (3, 4, 12,13) : 5 - Boyer PJ, Dillon M, Navaie M et al. Factors Analysis of zidovudine given during pregnancy and/or delivery. JAMA 1994 ; 271 : 1925-30. - quel est l'effet à long terme de la zidovudine reçue in utero ? Une circulaire récente : DH/DGS du 27/10/1995 (19), recommande le repérage de tous les enfants ayant été exposés à la zidovudine en période périnatale ; (suivi des femmes et enfants dans les différentes cohortes : Serogest, pédiatrique...), 6 - Connor EM, Sperling RS, Gelber R et al. Reduction of maternal-infant transmission of human immunodeficiency virus type 1 with zidovudine treatment. N Engl J Med 1994 ; 331 : 1173-9. - quelle est l'efficacité de la zidovudine quand la mère est très immuno-déprimée (lymphocytes CD4/mm3 inférieurs à 200), quand elle a reçu un traitement prolongé par zidovudine, avec le risque d'avoir développé des souches résistantes à cet anti-rétroviral ? Dossier 1996, XVII, 2-3 7 - Henin Y, Mandelbrot L, Henrion R et al. Virus excretion in the cervicovaginal secretions of pregnant and nonpregnant HIV-infected women. J Acquir Immune Defic Syndr 1993 ; 6 : 72-5. 192 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 8 - Kumar RM, Hughes PF, Khuranna A. Zidovudine use in pregnancy : a report on 104 cases and the occurrence of birth defects. J Acquir Immune Defic Syndr 1994 ; 7 : 1034-9. 14 - Shih CC, Kaneshima H, Rabin L et al. Postexposure prophylaxis with zidovudine suppresses human immunodeficiency virus type I infection in SCID-hu mice in a timedependant manner. J Infect Dis 1991 ; 163 : 625-7. 9 - Matheson PB, Abrams DM, Thomas PA et al. Efficacy of antenatal zidovudine in reducing perinatal transmission of human immunodeficiency virus type 1. J Infect Dis 1995; 172 : 353-8. 15 - Sperling RS, Stratton P, O’Sullivan MJ, Boyer P et al. A survey of zidovudine use in pregnant women with human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1992 ; 326 : 857-61. 10 - Newell ML, Dunn DT, Peckham CS et al. Caesarean section and risk of vertical transmission of HIV-1 infection. European Collaborative Study. Lancet 1994 ; 343 : 1464-7. 16 - Van Rompay KK, Marthas ML, Ramos RA et al. Simian immunodeficiency virus (SIV) infection of infant rhesus macaques as a model to test antiretroviral drug prophylaxis and therapy : oral 3’-azido-3’-deoxythymidine prevents SIV infection. Antimicrob Agents Chemother 1992 ; 36 : 2381-6. 11 - O’Sullivan MJ, Boyer PJ, Scott GB et al. The pharmacokinetics and safety of zidovudine in the third trimester of pregnancy for women infected with human immunodeficiency virus and their infants: phase I Acquired Immunodeficiency Syndrome Clinical Trials Group Study (protocol 082). Am J Obstet Gynecol 1993 ; 168 : 1510-6. 12 - Rouzioux C. Prevention guidelines. Drugs 1995 ; 49 (Suppl.1) : 17-24 . 13 - Rogers MF, Jaffe HW. Reducing the risk of maternalinfant transmission of HIV : a door is open. N Engl J Med 1994 ; 331: 1222-3. Dossier 1996, XVII, 2-3 17 - Watts DH, Brown DH, Tartaglione T et al. Pharmacokinetic disposition of zidovudine during pregnancy. J Infect Dis 1991 ; 163 : 226-32. 18 - Note d’information DGS-DH/94 n°34 du 27 mai 1994 relative à l’efficacité de l’AZT sur la transmission du VIH de la mère enceinte séropositive à l’enfant. 19 - Circulaire DH/DGS n°42 du 27 Octobre 1995 relative au repérage des enfants dont la mère a reçu de la zidovudine pendant la grossesse. MTAS/MATCI 95/46 : 83-9. 193 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Prophylaxie des accidents professionnels Les dix infections prouvées ne concernent que des infirmières blessées par piqûre ; parmi les infections présumées, deux cas rapportés le sont après exposition de sang sur peau lésée (10). Les risques de contamination sont directement liés à la profondeur de la blessure, au volume de sang inoculé, ainsi qu’à la quantité de virus circulant chez le sujet infecté en relation avec le stade clinique du patient (10, 13). La fragilité du virus VIH doit faire envisager l’application de mesures simples comme l’utilisation d’eau de Javel. Résumé La prévention Les mesures préventives ne suffisent pas à faire disparaître les accidents du travail ; ces derniers sont nombreux et certainement sous-estimés. 1. Base de la prophylaxie L'efficacité de la zidovudine en traitement prophylactique secondaire après un accident professionnel est inconnue. Les données expérimentales montrent son efficacité comme inhibiteur de la réplication virale lorsqu’elle est prescrite avant le cycle initial de réplication virale, c’est à dire juste après l’accident. TRANSMISSION SOIGNÉ / SOIGNANT Les faits Une étude menée sur une période de six ans et concernant 1344 soignants a estimé le risque de séroconversion pour le VIH après exposition professionnelle (percutanée) au sang contaminé à 0,30 % environ (95 % CI, 0,13 % à 0,70 %) (6). Le risque serait moindre en cas de projection sur les muqueuses ou sur la peau lésée (0,05 %). Aux États Unis, les Centers for Diseases Control (CDC) reconnaissent actuellement 43 cas contamination de personnels soignants avec séroconversion après une exposition professionnelle (13). En France, la surveillance des personnels de santé mise en place en 1990 a pour objectif d’évaluer l’importance de ce problème, d’identifier les pratiques et de prévenir les procédures à risque. Au 30 Juin 1995, 37 cas d’infection par le VIH chez le personnel de santé ont été recensés depuis le début de l’épidémie dont 10 sont des infections prouvées et 27 sont des infections présumées (10). Dossier 1996, XVII, 2-3 Il y a peu d’études cliniques traitant de la prophylaxie de la transmission soignant/soigné. Deux études, dont un essai en double aveugle randomisé contre placebo, sont rapportées dans la littérature. Aucun des 49 patients de la première étude et des 244 de la seconde ne s'est contaminé (2, 12). Par ailleurs plusieurs échecs ponctuels de cette prophylaxie ont été rapportés, ce qui ne remet pas en cause la possibilité d'un certain degré d'efficacité de la zidovudine dans cette indication (4, 7, 8, 9). Une étude cas-témoin menée par les CDC montre que les facteurs liés à une contamination après une exposition accidentelle au sang infecté par le VIH sont les suivants par ordre d'importance décroissante : sang visible sur l'objet contaminant, absence de prise de zidovudine, profondeur de la plaie (1). La tolérance et l'acceptabilité de cette prophylaxie sont mauvaises. Forseter (5) rapporte en 1994 une étude concernant 113 membres du personnel soignant soumis à un risque de contamination professionnelle par le VIH : 60 personnes (53 %) ont accepté un traitement par zidovudine et seulement 21 (35 %) l'ont terminé. 194 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Des effets indésirables ont été observés chez 73 % des patients traités : les plus fréquemment observés étant des nausées dans 47 % des cas, des céphalées dans 35 % des cas et une asthénie dans 30 %. L'arrêt prématuré du traitement était dû dans 35 % des cas à un effet indésirable. En France, une enquête épidémiologique a été lancée début 1996, auprès de 3 000 patients opérés par un chirurgien contaminé (aucun cas n’a été déclaré à ce jour dans la littérature scientifique de ce type de contamination). Il n'existe pas de consensus quant au délai optimal de début du traitement, même s'il semble devoir être très court, quant à la dose administrée et sa durée. Se pose également le problème de l'émergence croissante de souches résistantes à la zidovudine ; des études récentes ont montré que 10 à 15 % des souches de primo-infection étaient résistantes à l’AZT. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES En dépit de ces interrogations, la proposition d'un traitement prophylactique par la zidovudine au personnel médical et paramédical exposé à un risque professionnel est devenue fréquente aux seins des hôpitaux publics français depuis 1989. 2 - Centers for Disease Control. Public health service statement on management of occupational exposure to human immunodeficiency virus, including considerations regarding zidovudine post-exposure use. MMWR 1990 ; 39 (suppl RR-1) : 1-14 . 2. Prophylaxie par la zidovudine 3 - Centers for Disease Control. Update : transmission of HIV infection during an invasive dental procedures- Florida MMWR 1991 ; 40 : 377-81. Une note d’information de Septembre 1995 précise la conduite à tenir en cas d’accident (13). Elle prévoit la possibilité de disposer d’un traitement (trousse d’urgence pour les deux premiers jours) par la zidovudine au niveau de services d’urgence ouverts vingt-quatre heures sur vingtquatre pour tout soignant (établissement public ou privé). Après accord de l’intéressé, la zidovudine (2 gélules à 250 mg) est à démarrer dans les quatre premières heures et si possible dans la première heure qui suit l’accident, puis poursuivi pendant 4 à 6 semaines. Un suivi sérologique et clinique est prévu dans tous les cas. Les études cliniques récentes ont montré d’une part la perte de l’efficacité de la zidovudine avec le temps ainsi que l’apparition de mutants résistants, d’autre part l’intérêt de l’association d’antirétroviraux à un stade précoce de la maladie. Un cas de prescription de zidovudine associée à la didanosine après un accident survenu avec un patient à un stade avancé de la maladie et traité pendant une longue période par la zidovudine (risque de souche résistante) a été rapporté (11). A la suite des résultats des deux grands essais cliniques ACTG 175 et DELTA, certains CISIH ou certains comités anti-rétroviraux ont pris l’initiative de mettre en place, d’emblée, une bithérapie. TRANSMISSION SOIGNANT / SOIGNÉ Le risque de contamination des patients par des soignants VIH positifs a été jusqu’à présent extrêmement faible. Un cas de contamination d’au moins cinq patients par un chirurgien dentiste a été rapporté aux USA (3). Dossier 1996, XVII, 2-3 1 - Cardo D, Srivastava P, Cielsielski C et al. Contaminations professionnelles par le V.I.H. Colloque A.I.S.S. « Infections transmissibles par le sang. Risques professionnels et prévention ». Poster, Paris, Juin 1995. 4 - Durand E, Lejeune E, Hugues FC. Failure of prophylactic zidovudine after suicidal self-inoculation of HIV-infected blood. N Engl J Med 1991 ; 324 : 1062. 5 - Forseter G, Joline C, Wormser GP. Tolerability, safety, and acceptability of zidovudine prophylaxis in health care workers. Arch Intern Med 1994 ; 154 (23) : 2745-9. 6 - Henderson DK, Fahey BJ, Willy M et al. Risk for occupational transmission of human immunodeficiency virus type 1 (HIV-1) associated with clinical exposures. Ann Intern Med 1990 ; 113 : 740-6. 7 - Jones PD. HIV transmission by stabbing despite zidovudine prophylaxis. Lancet 1991 ; 338 : 884. 8 - Lange JM, Boucher CA, Hollak CE et al. Failure of zidovudine prophylaxis after accidental exposure to HIV-1. N Engl J Med 1990 ; 322 : 1375-7. 9 - Looke DFM, Grove DI. Failed prophylactic zidovudine after needlestick injury. Lancet 1990 ; 355 : 1280. 10 - Lot F, Abitboul D. Infections professionnelles par le V.I.H. en France chez le personnel de santé. Le point au 30 juin 1995. BEH 1995 ; 44 : 193-4. 11 - Malcom JA, Dobson PM, Sutherland DC. Combination chemoprophylaxis after needlestick injury. Lancet 1993 ; 341 : 112-3. 12 - Puro V, Ippolito G. Zidovudine in post-exposure prophylaxis of health-care workers. Lancet 1990 ; 335 : 1166-7. 13. Note d’information DGS/DH/DRT n° 81 du 25 septembre 1995 relative aux mesures de prévention de la transmission du virus de l’immuno-déficience humaine chez les professionnels de santé et la conduite à tenir en cas d’accident avec exposition au sang ou à un autre liquide biologique. 195 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Primo-infection GÉNÉRALITÉS Le délai moyen entre la primo-infection à VIH et la maladie SIDA varie de 7 à 11 ans. La primo-infection symptomatique appartient au stade A de la classification CDC 1993. C’est une phase aiguë qui survient dans les 15 jours à 3 mois suivant la contamination. Elle est différente de la période dite «précoce» où le patient est en phase chronique asymptomatique. Les signes cliniques sont variés - exanthème maculo-papuleux évoquant l’éruption de la syphilis secondaire, associé à un syndrome grippal et un syndrome mononucléosique - et peuvent ne pas exister (cf chapitre «SIDA/la maladie» page). La virémie est élevée (semblable à celle observée à un stade avancé de la maladie). CD4 Groupe zidovudine 3 (cellules/mm ) Groupe placebo Initial 477 (n = 38) 519 (n = 36) 1 mois 676 (n = 31) 601 (n = 34) 6 mois 650 (n = 30) 513 (n 29) p = 0,07 L’augmentation du nombre de CD4 pendant la période de l’essai s’est également traduit par un bénéfice clinique. Le choix de la zidovudine s’explique par le fait qu’il s’agissait du «médicament standard» lorsque l’étude a été planifiée. Quelle que soit la sévérité de cette phase de primo-infection, les symptômes vont disparaître dans une période d’un mois maximum. Au cours de la maladie, la charge virale est corrélée à la progression de la maladie (2). L’antigénémie p24 est positive dans 60 % des cas durant la primo-infection. 2. Traitement actuel Il est actuellement proposé une trithérapie (ANRS 053) (3) : - zidovudine : 500 mg/j en 2 prises, - lamivudine : 500 mg/j en 2 prises, - ritonavir : 1200 mg/j en 2 prises. TRAITEMENT CONCLUSION La réponse immunitaire initiale serait un déterminant essentiel de la progression de la maladie, ce qui justifierait l’intérêt de traiter le patient durant la primo-infection. 1. Intérêt de la zidovudine L’efficacité de la zidovudine a été évaluée lors d’une étude contrôlée, multicentrique, en double aveugle contre placebo chez 77 patients : zidovudine (n = 39) 2 x 250 mg, placebo (n = 38) (1). La question qui se pose est de savoir quelle attitude adopter lorsque la charge virale est redevenue nulle. Pendant de combien de temps traiter ? Faut-il arrêter le traitement ? quand et comment ? Faudra-t-il le reprendre ? RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Kinloch de Loës S, Hirschel BJ, Hoen B et al. A controlled trial of zidovudine in primary human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1995 ; 333 : 408-13. La progression de la maladie est significativement moins fréquente dans le groupe zidovudine (une infection opportuniste) que dans le groupe placebo (7 infections opportunistes), p = 0,009. 2 - Mellors JW, Kingsley LA, Rinaldo CR et al. Quantitation of HIV-1 RNA in plasma predicts outcome after seroconversion. Ann Intern Med 1995 ; 122 : 573-9. Le taux de CD4 à 1 mois et 6 mois, par rapport au taux initial, montre l’efficacité de la zidovudine : 3 -ARCAT-SIDA (Association de Recherche, de Communication et d’Action pour le traitement du Sida). Répertoire des essais thérapeutiques en France. 1996 (4ème Edition) Paris. Dossier 1996, XVII, 2-3 196 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA IV ème Partie Dimension économique - Comment donner les mêmes chances à tous les patients contaminés par le VIH malgré les différences socio-économiques et/ou nationales existantes ? Les plus pauvres n’ont pas accès aux médicaments essentiels, non seulement pour le traitement du SIDA mais également pour celui des infections des maladies intercurrentes du SIDA (voire pour les maladies en général). Parallèlement à la propagation du SIDA, il est noté une recrudescence de la tuberculose due à l’augmentation du nombre de porteurs du bacille chez les sidéens ce qui permet à la maladie de se répandre plus largement et d’atteindre les personnes séronégatives. Résumé - Comment seront fixés les prix des médicaments ? - Comment gérer les dépenses liées au traitement du SIDA sans que cela se fasse au détriment de celui des autres pathologies ? Le thème choisi pour la XIème conférence internationale sur le SIDA - «One World. One Hope» («Un Monde. Un Espoir») (Vancouver juillet 1996) est encore loin de refléter la réalité et pour la majorité des malades, la question est hélas : « What world ? what hope ?». INTRODUCTION Des statistiques récentes du CDC (7) montrent que la moyenne d’âge des patients infectés est de 25 ans, et qu’un quart des nouvelles infections touchent des patients encore plus jeunes. L’ONUSIDA estime à près de 30 millions le nombre de personnes contaminées par le virus du SIDA dans le monde en juillet 1996, et à 8500 le nombre nouveaux cas par jour. Dans les années 2000, le nombre de personnes infectées par le virus sera d’environ 40 millions, dont 90 % dans les pays en voie de développement. Il est difficile de fournir une évaluation financière précise du coût du SIDA : s’il est possible de chiffrer les coûts directs, l’estimation des coûts indirects liés à la maladie et au décès est complexe. IMPACT ÉCONOMIQUE DU SIDA Les problèmes posés L’impact économique du SIDA soulève de nombreuses questions, liées ou non à son traitement. Dossier 1996, XVII, 2-3 Données chiffrées (9) Il est difficile de fournir une évaluation financière précise du coût du SIDA L’impact économique de l’épidémie dans les pays industrialisés est essentiellement dû aux coûts indirects (prise en charge sociale), contrairement à ce qui se passe dans d’autres maladies (cardiovasculaires par exemple). Cette situation est inversée dans les pays en voie de développement, les plus touchés par l’épidémie. Les études de coût-efficacité sont difficiles à réaliser dans le cas du SIDA du fait de la nature de la maladie (21). Ces études devraient apporter des éléments de réponses pour les choix à faire en matière de santé publique tant dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement. De nombreux aspects sont à prendre en compte : prévention, prise en charge des malades à l’hôpital (source principale de données dans les pays développées) et en ville, recherche thérapeutique... (12). L’étude des coûts directs montre le fossé existant entre les pays développés et les pays en voie de développement : 197 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 20 % des dépenses (coûts directs) sont consacrés à ces derniers qui pourtant concentrent 80 % des cas (11). Des études sur le coût de la prise en charge du sidéen (anglo-saxonnes pour la plupart) ont été réalisées généralement à partir du critère «qualité de vie» (8, 10, 16, 17, 18, 19, 20, 22). Une étude américaine menée en 1992 (15) estime le coût moyen du traitement d’un malade du début de l’infection jusqu’au décès à 119 000 dollars soit plus de 100 fois celui d’un malade vivant au Zaïre (11). Ces études sont difficilement transposables car réalisées dans un système de santé différent et avec des prix différents. - enquête (trimestrielle) sur la consommation des antirétroviraux, depuis 1990 dans l’ensemble des hôpitaux dispensateurs auprès des pharmaciens hospitaliers (RETROVIR®, VIDEX®, HIVID®) ; les données obtenues montrent une grande différence entre la file active des patients traités dans les hôpitaux et les médicaments effectivement dispensés : 20 à 30 % des malades ne prendraient pas leurs médicaments (4). Remarque : la base DMI2 est seulement une analyse pharmaco-épidémiologique et non pharmaco-épidémio-économique. Peut-être faudrait-il envisager une liaison entre les prescriptions et les dispensations. Il est dommage que cela n’est pas été conçu ainsi d’emblée. Des enquêtes plus anciennes ont permis de préciser certains points : Peu d’études françaises ont été publiées, l’approche coûtefficacité est encore peu développée (23). Actuellement, les ressources humaines et financières nécessaires pour mettre en œuvre la stratégie mondiale adoptée font l’objet d’une mobilisation particulière. - une enquête multicentrique sur l’infection à VIH en HAD réalisée entre octobre 1991 et mars 1992 dans 9 services d’HAD (représentant 75 % de l’activité dans ce type de prises en charge et à ces dates), ENVELOPPE SIDA (2) En France, les crédits destinés à la prise en charge des patients infectés par le VIH font l’objet d’une procédure particulière désignée sous le terme d’ « enveloppe SIDA » depuis 1989. L’infection par le VIH est actuellement la seule pathologie pour laquelle existe un tel dispositif. Indicateurs utilisés (2, 13) Les crédits sont répartis entre les régions en fonction des données fournies par des enquêtes effectuées et coordonnées par la Mission SIDA de la Direction des Hôpitaux, la Divison SIDA de la Direction Générale de la Santé, les DRASS et les DDASS, d’autres organismes administratifs et aussi des chercheurs en économie de la santé : - enquêtes sur la fréquentation hospitalière pour un jour donné ; depuis 1987, ces enquêtes recensent par semestre et à un jour donné, le nombre et les caractéristiques des patients présents dans les différentes structures de soins (publiques ou privées : MCO), - base DMI 2 (dossier épidémiologique, médical et économique de l’immunodéficience humaine /version 2, constitué en 1988) ; la base DMI 2 intègre les données fournies par une cinquantaine d’établissements (ensembles des CISIH et quelques centres hospitaliers généraux) en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer ; depuis 1988, plus de 50 000 patients ont fait l’objet de plus de 500 000 suivis (chiffre septembre 1985), Dossier 1996, XVII, 2-3 - deux enquêtes multicentriques sur les problèmes et besoins en prestations des personnes atteintes d’infection à VIH, réalisées en 1990 et 1993 chez respectivement 1200 et 2000 patients a permis par extrapolation des données recueillies de reconstituer la file active hospitalière et de décrire les caractéristiques sanitaires et sociales des patients (suivis dans des structures hospitalières et extrahospitalières), - une enquête sur les services de moyen séjour réalisée de mars à mai 1993 : analyse de 161 dossiers de patients. Des travaux de recherche en «économie du SIDA», financés par l’ANRS dans le cadre d’un appel d’offres - action coordonnée n°10 - ont été réalisées. Ces travaux ont associé des équipes de recherche et des administrations du secteur de la santé comme la DGS et la DH (1). Parmi les thèmes traités figuraient : «évaluation des coûts», «déterminants de la prise en charge» et «analyse de la production domestique de soins». Utilisation, répartition (2) L’«enveloppe SIDA» est destinée à couvrir toutes les dépenses : - médicales directes : médicaments, actes biologiques et non biologiques, - personnel : médical, para-médical, administratif, technicien et tout intervenant dans la prise en charge des patients. La répartition des crédits comprend : - une dotation spécifique annuelle, - le maintien dans les bases budgétaires des crédits obtenus l’année précédente, - la revalorisation de ces bases en fonction du taux directeur hospitalier. 198 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Pour la seule année 1993, 5348 millions de francs ont été dépensés pour la lutte contre le VIH (‘soins, prévention, aide sociale, dépistage, recherche), soit 0,7 % de la dépense nationale de santé (9). En pratique, pour l’année 1996, la dotation spécifique est de 240 millions de francs. Elle vient s’ajouter aux dotations successives dégagées depuis 1989. Cette ressource nouvelle est d’abord destinée à financer la mesure de la charge virale et le coût des médicaments spécifiques du SIDA notamment les bithérapies (24) : en effet, le coût du traitement antirétroviral sera multiplié par deux. L’estimation du coût supplémentaire faite à partir des patients non traités s’élèvera à environ 70 millions de francs pour une année (3). 4 - Bourdillon F. Vision actuelle des prescriptions d’antirétroviraux en France au travers du DMI2. Colloque BristolMyers Squib : «Charge virale : l’avènement des traitements individualisés», Paris, avril 1996. 5 - Bourdillon F, Andre E, Nadal JM, Bez G. Les prescriptions d’antirétroviraux en France durant la période 1er juillet 1993- 30 juin 1994. Lett Infect 1995 ; 10 (13) : 507-9. Au 31/12/1995, le montant spécifique attribué aux hôpitaux pour faire face à l’épidémie était de 3 037 millions de francs (cumul de toutes les dotations spécifiques annuelles) (cf schéma). Pour l’année 1996, la somme des crédits mobilisables calculée à partir de cette base et en appliquant les différents taux directeurs s’élèvera à 3 341 millions de francs. 8 - Bozette SA, Parker R, Hay J. A cost analysis of approved antiretroviral strategies in persons with advanced human immunodeficiency virus disease and zidovudine intolerance. J AIDS 1994 ; 7 : 355-62. 6 - Bourdillon F, Cavaignac L, Nadal JM, Mede Moussa A. La part des bithérapies dans les prescriptions antirétrovirales. 6ème rencontre nationale des CISIH. Jan 1996; Mission SIDA - Direction des Hôpitaux. 7 - Bozette SA. Specific considerations for cost-effectiveness studies in AIDS. J AIDS 1995 ; 10 (suppl 4) : S23-S27. 9 - CPM (Comité Paritaire Médicament). INSERM/SNIP. Expertise collective. Les enjeux économiques du SIDA. in «SIDA - Maladies associées. Pistes pour de nouveaux médicaments». Ed INSERM, 1996. CONCLUSION 10 - De Boer JB, Van Dam FS, Sprangers MA. Health-related quality-of-life evaluation in HIV-infected patients. Pharmacoeconomics 1995 ; 8 (4) : 291-304 . La lutte contre l’infection par le VIH a permis des innovations dans la prise en charge des patients, dans la création et/ou le développement de structures spécifiques, et a provoqué des changements dans l’organisation des soins. 11 - Debré B. Pour une nouvelle stratégie mondiale contre le SIDA. Rapport d’information n°1723. Commission des affaires culturelles familiales et sociales. Document Assemblée Nationale. Un effort général a été fait par tous les acteurs concernés. Les pharmaciens hospitaliers ont participé activement à cet effort et ont apporté leur contribution en dispensant les antirétroviraux et autres médicaments destinés à traiter les infections opportunistes dues au SIDA aux patients hospitalisés et ambulatoires, en essayant dans la mesure du possible, avec les moyens mis à leur disposition, de répondre à leur attente en ce qui concerne la confidentialité et les besoins d’information sur les médicaments prescrits (14). 13 - Flori YA, Bauchet E. Prospective SIDA 2010. Les aspects économiques. ANRS : p 177-194. 14 - Greco R, Lavack L, Rovers J. Assessment of the pharmacy service needs of HIV-positive outpatients receiving zidovudine. Ann Pharmacother 1992 ; 26 : 621-6. 15 - Hellinger FJ. The lifetime cost of treating a person with HIV. JAMA 1993 ; 270 (4) : 474-8. 16 - Kennelly JM, Tolley KH, Ghani ACH et al. Hospital costs of treating haemophilic patients infected with HIV. AIDS 1995 ; 9 : 787-93. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - ANRS. Recherche en économie du SIDA. Action coordonnée n°10. ANRS Information 1994 ; 12 : 20-5. 2 - Bez G. Soins et SIDA: Les chiffres clés. 4e édition Septembre 1995. Direction des Hôpitaux - Mission SIDA. 3 - Bourdillon F. Bithérapies : « une facture supplémentaire de 70 millions de francs ». J SIDA 1996 ; 80-81 : 16. Dossier 1996, XVII, 2-3 12 - Dormont J. Prise en charge des personnes atteintes par le VIH. Ministère des affaires sociales, de la santé et de la ville. Médecine-Sciences, Flammarion, 1993. 17 - Langtry HD, Palmer KJ, Benfield P. Zidovudine. A review of pharmacoeconomic and quality-of-life considerations for its use in patients with human immunodeficiency virus. Pharmacoeconomics 1993 ; 3 (4) : 309-37. 18 - Langtry HD, Palmer KJ, Benfield P. Zidovudine. A review of pharmacoeconomic and quality of life considerations for its use in patients with human immunodeficiency virus. Pharmacoeconomics 1992 ; 1 (3) : 161-74. 199 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Coût total de l’infection par le VIH à l’hôpital et son financement (2) Source : «Soins et SIDA. Les chiffres clés. Direction des hôpitaux. Mission SIDA. - les valeurs supérieures indiquent le coût total estimé de la prise en charge hospitalière - les valeurs intermédiaires : les ressources spécifiques attribuées aux hôpitaux. - Les valeurs inférieures : l’effort de redéploiement réalisé par les hôpitaux (charges fixes non liées à l’activité). * Le financement des emplois créés de 1987 à 1994 représente 27 % de la dotation accordée en 1994. * Les dépenses de médicaments représentent le 2ème poste. Le poste médicament représente 50 % du coût des dépenses médicales directes, hors personnel. Pour l’année 1994, le montant des antiviraux (antirétroviraux et autre antiviraux) est voisin de 485 millions de francs, soit 18 % de la ressource budgétaire 1994. * La biologie est le 3e poste (dépistage inclus). Dossier 1996, XVII, 2-3 200 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Équivalent traitement patient sous antirétroviraux (1er trimestre 1990 - 4ème trimestre 1995 (2) Source : «Soins et SIDA. Les chiffres clés. Direction des hôpitaux. Mission SIDA. Évolution des patients infectés par le VIH (base DMI2) ces dernières années (6) Juillet 1992 Juin 1993 Juillet 1993 Juin 1994 Juillet 1994 Juin 1995 Patients infectés 19 020 21 610 22 672 Patients traités 11 306 12 441 13 844 % de patients traités 59 57 61 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0 Total Patients Patients traites Juill 92Juin93 Juill 92Juin93 Juill 92Juin93 Ces deux graphiques (évolution des patients infectés et quantités dispensées) permettent de constater une augmentation plus forte du nombre de patients avec une baisse de la posologie moyenne quotidienne pour la même période. Dossier 1996, XVII, 2-3 201 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Evolution de la consommation des antirétroviraux en France (ZVD ddI et ddC en kg) Source : «Soins et SIDA. Les chiffres clés. Direction des hôpitaux. Mission SIDA. Ces chiffres relatifs à la consommation des antirétrviraux, donnés par les pharmaciens hospitaliers, montrent une différence entre la file active de patients traités et les médicaments effectivement dispensés (Bourdillon) Rappel des posologies les plus souvent prescrites : - AZT ou zidovudine ou RÉTROVIR® : 250 mg 2 fois /j - ddI ou didanosine ou VIDEX® : 200 mg 2 fois /j - ddC ou zalcitabine ou HIVID® : 0,750 mg 3 fois /j Coût des antirétroviraux en France en MF (ZDV, ddI, ddC) Date Coût en MF Variation en % 1er semestre 1990 73,5 - 1er semestre 1991 89,7 + 22,04 1er semestre 1992 112,0 + 24,86 1er semestre 1993 148,2 + 32,32 1er semestre 1994 131,9 - 10,99 1er semestre 1995 164,7 + 24, 86 Le coût à la fin 1995 (2ème semestre) est de 196,4 MF, soit en augmentation de 19 % par rapport au premier semestre, en raison de l’utilisation croissante des bithérapies. Dossier 1996, XVII, 2-3 202 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Coût des antirétroviraux Le coût mensuel d’un patient sous monothérapie est aux environs de 43,00 FF par jour soit 1 300 FF par mois. Il est entre 2 600 et 2 700 FF sous bithérapie. Les premières données concernant les inhibiteurs de protéases sont aux environs de : - 89,00 FF par jour pour le ritonavir ou Norvir® depuis mars 1996 - 60,00 FF par jour pour l’indinavir ou Crixivan® depuis mars 1996 - 83,00 FF par jour pour le saquinavir ou Invirase® gratuit depuis janvier 1996 et facturé depuis le 15 juillet 1996 Le coût mensuel d’une trithérapie est actuellement de 5000 FF. 19 - Moore RD, Hidalgo J, Bareta JC, Chaisson RE. Zidovudine therapy and health resource utilisation in AIDS. J AIDS 1994 ; 7 : 349-54. 20 - Rietmeijer CA, Davidson AJ, Foster CT, Cohn DL. Cost of care for patients with human immunodeficiency virus infection. Patterns of utilization and charges in a public health care system. Arch Intern Med 1993 ; 153 : 219-25. 21 - Simpson KN. Design and assessment of cost-effectiveness studies in AIDS population. J AIDS 1995 ; 10 (suppl 4) : S28-S32. Dossier 1996, XVII, 2-3 22 - Simpson KN, Hatziandreu EJ, Andersson F et al. Cost effectiveness of antiviral treatment with zalcitabine plus zidovudine for AIDS patients with CD4+ counts less than 300/ ml in 5 european countries. Pharmacoeconomics 1994 ; 6 (6) : 553-62. 23 - Viens-Bitker C, Blum-Boisgard C, Goldfar B et al. Le coût de l’infection à VIH: méthode et résultats. Rev Epidém et Santé Publ 1991 ; 39 : 25-36. 24 - Circulaire du 27 décembre 1995 relative au taux directeur d’évolution des dépenses des établissements sanitaires sous compétence tarifaire de l’Etat pour 1996 et aux modalités de déroulement de la campagne budgétaire. Annexe IV : enveloppe relative à la lutte contre le SIDA MTAS / MATVI 96/3 : 149-157. 203 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Prescription et dispensation des antirétroviraux De nombreux textes réglementent la prescription et la dispensation des antirétroviraux : Lettre du 27 Décembre 1988 (Direction de la Pharmacie et du Médicament) : Circulaire du 14 Avril 1987 (Direction des hôpitaux, Direction de la Pharmacie et du Médicament) «rappel des conditions de prise en charge thérapeutique par le RETROVIR® des malades infectés par le virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH.)». « explique et décrit le circuit de distribution choisi pour la zidovudine (RETROVIR®) ». Cette circulaire limite la distribution du RETROVIR“ aux seuls établissements hospitaliers figurant sur une liste jointe en annexe. «Il est recommandé aux responsables de chacun de ces établissements d’organiser un comité destiné à coordonner la prise en charge thérapeutique des malades présentant des manifestations sévères d’infections à virus HIV, tant ceux du CHR auquel il appartient que ceux des établissements environnants au sein de la même région ou situés dans une région limitrophe non représentée sur cette liste». Circulaire du 19 Juin 1987 (Direction des Hôpitaux, Direction de la Pharmacie et du Médicament, Direction de la Sécurité Sociale) : «modalités d’application de la circulaire du 21 Avril 1987 relative aux modalités de distribution et de prise en charge des interférons (spécialités INTRONA® des laboratoires Unicet et ROFERON® des laboratoires Roche) dans les établissements hospitaliers soumis à dotation globale et de la circulaire du 18 Mai 1987 relative aux modalités de prise en charge de la spécialité RETROVIR® des laboratoires Wellcome». Circulaire n° 88-13 du 4 Mai 1988 (Direction des Hôpitaux, Direction de la Pharmacie et du Médicament) : «prise en charge thérapeutique des malades infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)». « La présente circulaire fait suite à celle du 14 Avril 1987 qui décrivait le circuit de distribution choisi pour la zidovudine» et étend le rôle des comités AZT (coordination dans la distribution et guide pour la prescription du RETROVIR®) aux prochains médicaments antiviraux en cours de développement et proposés dans le traitement de l’infection par le VIH. Lettre n° 10067 du 10 Février 1989 (Direction des Hôpitaux) : «Lutte contre le SIDA. Réunion d’expertise sur l’utilisation des interférons». Circulaire n° 10085 du 13 Février 1989 (Direction des Hôpitaux , Direction de la Pharmacie et du Médicament, Direction de la Sécurité Sociale) : « Modalités de délivrance du CYMEVAN® (ganciclovir) des laboratoires Syntex . Rappel de la mission des comités de prise en charge thérapeutique par le RETROVIR® et les Interférons». Note n° 000070 du 2 Mars 1990 (Direction des Hôpitaux, Direction de la Pharmacie et du Médicament) adressée aux coordonnateurs des C.I.S.I.H. et aux coordonnateurs des comités AZT hors C.I.S.I.H : «modalités d’utilisation de la di-déoxy-inosine (DDI) dans le cadre des comités chargés de coordonner la prise en charge thérapeutique des patients infectés par le VIH ». Circulaire n° 333 du 13 Avril 1990 (Direction des Hôpitaux, Direction de la Pharmacie et du Médicament) : «portant sur les orientations de fonctionnement des comités destinés à coordonner la prise en charge thérapeutique des malades présentant des manifestations d’infection à V.I.H. (comités dits AZT) ». Circulaire DH-DPHM 91 - N° 21 du 15 Avril 1991 (Direction des Hôpitaux, Direction de la Pharmacie et du Médicament) : « Modalités de prescription et de dispensation de la zidovudine (AZT). Prescription en médecine de ville ». Dossier 1996, XVII, 2-3 204 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Circulaire DH-DGS N° 000612 du 4 Juin 1991 relative : «à la mise en place des réseaux ville-hôpital dans le cadre de la prévention et de la prise en charge sanitaire et sociale des personnes atteintes d’infection à VIH». Circulaire N° 92 / 001 du 27 Mai 1992 (Direction de la Pharmacie et du Médicament, Direction des Hôpitaux, Direction de la Sécurité Sociale): «Prise en charge thérapeutique du VIDEX® (ddI) des laboratoires Bristol». Lettre du 15 Juin 1992 (Direction de la Pharmacie et du Médicament) : « Modalités d’utilisation thérapeutique de la zalcitabine ou de didéoxycytidine (Laboratoires Produits Roche), médicament en cours d’investigation n’ayant pas encore reçu d’autorisation de mise sur le marché (article R 5126 du code de la santé publique)». Note d’information DGS-DH/94 n°34 du 27 Mai 1994 relative : « à l’efficacité de l’AZT sur la transmission du VIH de la mère enceinte séropositive à l’enfant ». Circulaire n°37 du 9 Juin 1994 (Direction Générale de la Santé, Direction des Hôpitaux, Direction de la Sécurité Sociale) relative : « à la prise en charge thérapeutique des spécialités HIVID® comprimés 0,375 mg et 0,750 mg (zalcitabine) des laboratoires Produits Roche ». Dossier 1996, XVII, 2-3 Note d’information DGS/DH/DRT n° 81 du 25 Septembre 1995 (Direction Générale de la Santé, Direction des Hôpitaux, Direction des Relations du Travail) relative : «aux mesures de la prévention de la transmission du virus de l’immunodéficience humaine chez les professionnels de santé et à la conduite à tenir en cas d’accident avec exposition au sang ou à un autre liquide biologique». Circulaire n°42 du 27 Octobre 1995 (Direction Générale de la Santé, Direction des Hôpitaux) relative : «au repérage des enfants dont la mère a reçu de la zidovudine pendant la grossesse ». L’avenir proche ? (janvier 1997 ?) À la suite de la présentation officielle, le 3 juillet 1996, du nouveau rapport du Pr J Dormont relatif à la prise en charge des personnes atteintes par le VIH (et traitant de tous les aspects sociaux et médicaux), le secrétaire d’État à la Santé et à la Sécurité Sociale a annoncé à cette occasion le «passage global des huit antirétroviraux actuels et de la charge en ville». Plusieurs mois seront nécessaires pour mettre en place ces nouveaux dispositifs et surmonter les «obstacles et les difficultés». Un travail d’équipe devra être réalisé avec tous les partenaires impliqués : médecins et pharmaciens hospitaliers, médecins et pharmaciens de ville, caisses d’assurance maladies, en s’appuyant sur les réseaux ville-hôpital avec pour objectif un circuit plus simple, plus facile d’accès, sans oublier le «nécessaire respect de la confidentialité». 205 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Stratégie thérapeutique Perspectives d’avenir GÉNÉRALITÉS Les traitements d’infections chroniques graves et de maladies malignes nécessitent la prescription de plusieurs produits simultanément (au moins trois et souvent plus). Il en est de même pour le SIDA. Ce sont souvent des thérapeutiques lourdes, parfois agressives, qui permettent la rémission et/ou la guérison (6). La prise en charge thérapeutique du SIDA posent des problèmes similaires à ceux rencontrés dans le traitement de la tuberculose (18, 31) : trouver un médicament actif, pallier l’apparition de la résistance et l’échappement thérapeutique par des associations. La grande variabilité génétique du VIH et sa dynamique de réplication favorisent l’apparition du phénomène de résistance. De plus, les antiviraux utilisés sont seulement virustatiques. Il est maintenant établi que la monothérapie à un certain stade de la maladie, bien qu’efficace à court terme, ne peut qu’accélérer la sélection de mutants résistants et compromettre l’efficacité des prochains antirétroviraux qui seront prescrits par la suite (23). FIN DE LA MONOTHERAPIE Depuis sa mise à disposition en 1987, de nombreux essais cliniques concernant des patients SIDA ou ARC ont montré l’intérêt réel mais limité dans le temps de la monothérapie par la zidovudine. Les essais cliniques concernant l’utilisation de la zidovudine chez des patients asymptomatiques (7, 34) avec un taux de CD4 ≥ 500/mm3 montrent que le passage au stade de la maladie n’est pas différé et qu’il n’y a pas de bénéfice en terme de survie (33). Devant ce constat, l’objectif n’est pas de retarder le traitement à un stade avancé de la maladie, mais d’élaborer une véritable stratégie en utilisant les molécules disponibles au moment le plus opportun et en fonction de l’évolution des marqueurs biologiques pronostiques (20, 21). LES ASSOCIATIONS Objectifs Le prescripteur dispose, actuellement, de plusieurs médicaments - huit, appartenant à deux familles : les analogues nucléosidiques et les antiprotéases -, et disposera, dans un proche avenir, de nombreux antirétroviraux appartenant à d’autres familles thérapeutiques. Devant le grand nombre d’associations potentielles, il faudra utiliser celles qui permettent au moins un effet additif, ne développent pas de résistances croisées, préviennent ou limitent la sélection de mutants résistants (ou la retardent le plus longtemps possible), diminuent les effets indésirables et ne multiplient pas les toxicités. Ces associations devront diminuer la charge virale le plus longtemps possible et aussi faciliter, dans la mesure du possible, l’observance tout en conservant une bonne qualité de vie pour le malade. Si les associations d’antirétroviraux apparaissent bénéfiques, elles n’empêchent pas complètement la survenue de mutants résistants. Cependant les règles qui commandent leur sélection commencent à être mieux connues et devraient permettre un choix judicieux des antiviraux à associer. Bithérapie Cependant, une étude récente a montré l’intérêt d’entreprendre le traitement antirétroviral tôt, pendant la période de primo-infection et les six mois suivants (22). Ces résultats ne sont contradictoires qu’en apparence et trouvent une explication dans la dynamique du VIH. Les essais thérapeutiques utilisant plusieurs antirétroviraux en alternance montrent une diminution des toxicités mais pas de véritable potentialisation de l’effet antiviral, contrairement à ce qui est observé avec la combinaison simultanée. Malgré la relative efficacité des traitements proposés, le déficit immunitaire continue de progresser : diminution du taux de CD4, présence et réplication de virus dans les lymphocytes et les macrophages. Les résultats des essais ACTG 175 (15, 16) et DELTA (37) publiés en Septembre 1995 ont confirmé que l’utilisation d’une association d’antirétroviraux était supérieure en terme d’efficacité, et de survie ; à la monothérapie. Dossier 1996, XVII, 2-3 206 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Pour la France, les données présentées par la Mission SIDA lors des 6èmes rencontres des CISIH en Janvier 1996 (3) montrent l’évolution de la place prise par la bithérapie durant ces deux dernières années : L’association de la lamivudine ou de la stavudine, à la zidovudine seule et/ou en association à la didanosine ou à la zalcitabine, est actuellement mise en œuvre en cas d’apparition d’un effet indésirable d’un des produits prescrits, ou en cas d’inefficacité de l’association zidovudine et didanosine (ou zalcitabine). - Juin 1993 : 10 % des 11 306 patients traités - Juin 1994 : 14,1 % des 12 441 patients traités - Juin 1995 : 31,4 % des 13 844 patients traités % 14 12 AZT+ddI 10 Conclusion AZT+ddC 8 6 AZT+3TC 4 Plusieurs notions importantes doivent être considérées lors de la mise en place d’une association. Autres 2 0 Depuis janvier 1996, une trithérapie incluant une antiprotéase est possible avec la mise à disposition du saquinavir et depuis fin mars 1996, du ritonavir et de l’indinavir. Juin 93 Juin 94 - 1) Il peut exister des résistances croisées. Juin 95 - 2) Les mutations de résistance peuvent interagir entre elles positivement ou négativement. - 3) La séquence d’administration successive des antiviraux doit tenir compte de l’émergence des mutants résistants. Par exemple, l’association zidovudine + lamivudine ne prévient pas l’apparition de résistance à la lamivudine ; de plus la mutation en pol 184 croise avec la résistance à la didanosine et à la zalcitabine, ce qui impliquerait qu’il est probablement préférable de prescrire cette association seulement après avoir épuisé les bénéfices d’autres associations car la sélection de la mutation en pol 184 par la lamivudine entraverait l’efficacité ultérieure de la didanosine ou de la zalcitabine. Les associations utilisées sont : Juin 1993 Juin 1994 Juin 1995 AZT+ddI 8% 11,3 % 11,9 % AZT+ddC 2% 2,8 % 12,9 % AZT+3TC - - 5,9 % Autres - - 0,7 % A la fin de l’année 1995, plus de la moitié (51,1%) des patients traités par des antirétroviraux le sont avec une bithérapie (données partielles concernant 7 841 patients traités) (3). Cependant, il existe une grande disparité entre les différents centres, certains sont loin des 50 % et d’autres bien supérieurs à la moyenne. Ce taux de bithérapie est nettement plus élevé que celui des six mois précédents et montre la mise en application des résultats des essais ACTG 175 (15, 16) et Delta (37). STRATÉGIE ACTUELLE «Traiter tôt et fort» (8, 18) L’objectif de la stratégie actuelle est de trouver la meilleure association thérapeutique afin de stabiliser l’infection chez les patients asymptomatiques. Trithérapie Les résultats des nombreuses études cliniques en cours avec la trithérapie permettront certainement de modifier, d’améliorer les stratégies à adopter. Les premiers résultats connus montrent que l’efficacité de ces associations est encore augmentée avec l’utilisation des antiprotéases. De même, des études cliniques montrent l’intérêt de la trithérapie à un stade précoce de la maladie, quand la charge virale est faible (30). Dossier 1996, XVII, 2-3 La question du passage d’une bithérapie à une trithérapie en cas d’inefficacité n’est à l’heure actuelle pas tranchée. Elle le sera peut-être avec les résultats d’études en cours. Le nouveau rapport (actualisé avec les données récentes) rédigé par le Professeur Dormont et relatif à la prise en charge des patients atteints par le VIH a été rendu public (dépêche de presse APM en date du 3 Juillet 1996). Les recommandations proposées remplacent celles du rapport Dormont de 1993, proches alors de celles du groupe des experts américains du NIAID émises également en Juillet 1993 (29). 207 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Le rapport de Juillet 1996 entérine la prescription d’une bithérapie en première intention et propose des recommandations pour la prise en charge thérapeutique des patients infectés par le VIH : quand débuter le traitement, lequel choisir, quand faut-il en changer, que prescrire en deuxième intention... 2) Quelle association choisir ? (Rapport Pr DormontCommuniqué presse APM, 3 Juillet 1996) Compte tenu des connaissances récentes obtenues grâce au développement des techniques virologiques (surtout la quantification virale) (4) sur le déroulement de l’infection, sur la cinétique de la production et de la destruction des particules virales (14, 19, 35), la logique serait de traiter le plus tôt possible et le plus fort possible. En effet : - zidovudine/zalcitabine, - la durée de vie des cellules infectées productrices de virus est de 2,2 jours, - la durée de vie moyenne des virions libres dans le plasma est de 0,3 jour, - la production moyenne de particules virales est de 10 millions à plus d’un milliard par jour, - le taux de renouvellement des CD4 est en moyenne de 1,8 à 2.109 cellules/jour. La dynamique virale est donc particulièrement élevée. Il faut également prendre en compte le taux d’erreur important de la transcriptase inverse : 1 pour 10 000 bases (5). Le virus sauvage est remplacé de manière importante par des mutants résistants à certains antirétroviraux (névirapine, ritonavir) utilisés en monothérapie en l’espace de deux semaines (35). La mesure de la charge virale est un outil précieux quant à sa valeur prédictive : plus cette valeur est basse, plus les risques de développer la maladie sont faibles (cf chapitre «Suivi clinique et marqueurs biologiques» page 36). Critères de choix Le problème posé aujourd’hui est qu’il faut: « apprendre à gérer les traitements avec pour objectif de durer » (21) compte tenu de l’évolution de la maladie et d’utiliser au mieux les huit médicaments mis à disposition. 1) Quand débuter un traitement ? (Rapport Pr DormontCommuniqué presse APM, 3 Juillet 1996) Les experts qui ont rédigé le nouveau rapport (Juillet 1996) relatif à la prise en charge des patients infectés par le VIH recommandent : - de traiter tout patient qui présente un taux de CD4 à moins de 300-350 cellules /mm3 (il était avant de 200), * Pour les patients naïfs, en première intention, les experts du « nouveau rapport » proposent comme traitement de référence une bithérapie : - zidovudine/didanosine, - zidovudine/lamivudine (malgré les données cliniques encore limitées). Pour les antiprotéases, le rapport indique : « il est difficile actuellement de les recommander en première intention » dans le cadre d’une bithérapie, seule exception : lorsque le traitement est entrepris à un stade avancé » D’autres associations sont envisageables - didanosine/stavudine, stavudine/lamivudine, associations d’antiprotéases - mais nécessitent plus de données cliniques. Les trithérapies sont encore insuffisamment évaluées en première intention. * En deuxième intention, pour les patients déjà traités par monothérapie (zidovudine) et avec plus de 200 CD4/mm3 Il est proposé : - soit d’ajouter de la didanosine ou de la lamivudine à la zidovudine, - soit de substituer la zidovudine par une autre monothérapie, - soit de substituer par une bithérapie avec des médicaments non encore administrées, ce qui semble l’attitude la plus logique, - soit de traiter par la bithérapie zalcitabine/saquinavir. « Il faut que les bithérapies soient de vraies bithérapies et non l’ajout d’un second médicament à un premier médicament qui ne marche plus » (21). * Après une bithérapie Il est proposé de prendre : - soit deux nouveaux analogues nucléosidiques, - soit un analogue nucléosidique avec une antiprotéase, - soit d’ajouter une antiprotéase à la bithérapie en cours. * Chez les patients avec un déficit immunitaire profond Les experts recommandent la prescription d’une antiprotéase avec un ou deux analogues nucléosidiques, quel que soit le traitement antérieur. - pour les patients avec un taux entre 300 et 500 CD4/mm3, le traitement est justifié s’ils sont symptomatiques ou si les marqueurs biologiques (mesure de la charge virale plasmatique) montrent un risque de progression vers la maladie. Dossier 1996, XVII, 2-3 208 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 3) Conclusion Il semble admis, actuellement, que la meilleure stratégie thérapeutique consiste à utiliser la bithérapie jusqu’à ce que l’augmentation de la charge virale impose une trithérapie. * Les recommandations du nouveau rapport Dormont peuvent sembler trop prudentes. La logique serait de traiter tôt et fort. En effet, d’un point de vue purement mathématique, c’est l’utilisation immédiate d’une multithérapie maximale qui retardera le plus efficacement l’apparition d’un virus multirésistant car la fréquence d’apparition de cette résistance est en principe proportionnelle au nombre total de réplication virale. C’est en réduisant au maximum ces réplications que sera optimisé l’avenir du patient et la limitation de la diffusion éventuelle des mutants. La seule justification de la limitation du nombre de médicaments antirétroviraux utilisés devrait tenir à la tolérance et à la compliance du traitement ainsi qu’à la qualité de vie du patient (9). * Les recommandations des experts de la Société Internationale du SIDA présentées à la XIème conférence internationale sur le SIDA (Vancouver, juillet 1996) sont plus «sévères», notamment en ce qui concerne le moment de début de traitement. - Au niveau du traitement, il est proposé de : . traiter tous les patients ayant une charge virale de plus de 30 000 à 50 000 copies avec une bithérapie, . évaluer le traitement par la mesure de la charge virale qui doit être suivie d’une diminution d’au moins 0,5 log au cours des 4 premières semaines, . suivre l’efficacité du traitement par la mesure de la charge virale et le taux de CD4, . changer rapidement le traitement en cas de non réponse, d’intolérance, d’effets indésirables, . améliorer si nécessaire le traitement, après six mois, en passant à la trithérapie par addition d’un inhibiteur de protéases ou d’un inhibiteur non nucléosidique. - En ce qui concerne la prophylaxie après exposition accidentelle (personnel soignant), les experts recommandent de traiter les sujets par une trithérapie intensive de 15 jours avec trois médicaments différents de ceux utilisés pour soigner la personne infectante. Objectifs Malgré l’efficacité des associations (bi et trithérapie) sur la multiplication virale et sur la négativation des virémies plasmatiques, l’élimination complète du virus est actuellement impossible en raison notamment de l’apparition de résistances ; le déficit immunitaire continue de progresser (chute des CD4) et des virus restent présents dans les lymphocytes et les macrophages. L’élimination totale du virus dans les cellules infectées est le pari fait par les chercheurs. De nouvelles stratégies sont basées sur l’immunothérapie, sur l’utilisation dans des essais de «candidats vaccins», et beaucoup d’espoirs sont fondés sur la thérapie génique. Axes de développement 1. Médicaments antirétroviraux Le faible nombre de médicaments (huit actuellement) disponibles doit conduire à la mise au point d’autres molécules (technique de criblage, modélisation moléculaire...) en essayant : - d’améliorer les médicaments existants : possibilité d’avoir d’emblée des pro-drogues monophosphate (6), - de faire des progrès dans « les associations » avec les produits disponibles, - de trouver de nouvelles familles thérapeutiques comme les dérivés non nucléosidiques de la transcriptase inverse (névirapine, délavirdine, loviride), - de trouver de nouvelles molécules plus spécifiques sur des cibles « classiques » (transcriptase inverse, protéase), - de trouver des molécules actives sur d’autres cibles moins explorées : inhibiteurs de l’intégrase, ou agir sur les protéines de l’hôte (24), inhibiteurs de l’adhérence du virus avec le récepteur, de la fusion de l’enveloppe virale avec la membrane cellulaire, - de trouver de nouvelles molécules plus sélectives, qui ne détruiraient que les cellules infectées limitant le risque d’extension de l’infection à d’autres cellules (25). - Les recommandations concernant la prévention de la transmission mère - enfant restent pour l’instant identiques à celles déjà mises en place, en raison du manque de connaissance quant aux éventuels effets tératogènes. 2. Immunothérapie (10) et vaccins (26) 2.1. Généralités PERSPECTIVES D’AVENIR Dossier 1996, XVII, 2-3 Trois essais d’immunothérapie et six essais vaccinaux sont en cours et présentés dans le «Répertoire des essais thérapeutiques en France» (1). 209 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA Ce sont des essais précoces de phase I, II ou I-II limités à un petit nombre de centres. Ils sont réalisés le plus souvent en partenariat avec l’ANRS et l’industrie. L’échec relatif des antirétroviraux, les données récentes sur le déroulement de l’infection ainsi que sur la dynamique virale montrent le rôle essentiel de la réponse immunitaire pendant une longue période dite de «latence clinique» et aussi d’autres arguments comme l’existence de sujets «non progresseurs à long terme» ou celles de personnes non contaminées (réfractaires) bien qu’en contact avec le virus (17). Les stratégies thérapeutiques de demain dépendront probablement d’une plus grande connaissance des mécanismes immunologiques : rôle des lymphocytes T cytotoxiques, origine de la chute des CD4, contrôle de la réplication des virus, explication de la dérégulation des cytokines, rôle de facteurs solubles (10). 2.3. Immunothérapie active Une baisse de l’IL2 serait un signe de progression de la maladie vers le SIDA. De nombreux essais sont en cours avec l’IL2 (voie intraveineuse ou sous-cutanée) seule ou associée à des antirétroviraux. L’essai ANRS 048 en cours (1) compare l’administration d’IL2 pendant 5 jours ou de PEG IL2 par courtes perfusions associé ou non à une bithérapie antirétrovirale versus une bithérapie seule chez des patients naïfs dont le taux de CD4 est compris entre 250 et 550/mm3. - Une étude de dose de l’IL2 par voie sous-cutanée a été réalisée aux États-Unis chez 41 patients récemment infectés par le VIH, dont le taux de CD4 à l’inclusion était supérieur à 500/mm3 sur une durée d’au moins 6 mois. C’est avec la dose la plus élevée que la remontée des CD4 a été la plus grande. Un essai de phase III associant IL2 et antirétroviraux doit suivre. 2.3. Vaccins : quand et comment (13, 26, 28) Des protéines impliquées dans l’entrée du VIH (chemokines) dans les cellules cibles ont été récemment identifiées et représentent de nouvelles cibles potentielles pour la recherche de traitements (11, 12). 2.2. Immunothérapie passive (10) * Une transfusion de plasma riche en anticorps antiVIH1 lors d’un essai de phase II, randomisé en double aveugle, versus une transfusion de plasma standard séronégatif pour le VIH-1 (essai IP 002) a montré un effet favorable sur l’évolution de l’infection : retard dans l’apparition du premier événement définissant le SIDA chez des patients symptomatiques (32). * D’autres approches sont envisagées : des études sont en cours avec des anticorps monoclonaux, des lymphocytes cytotoxiques... Il faut trouver des inhibiteurs de cytokines pour limiter leur effet activateur sur la multiplication virale et leurs autres effets néfastes (14) (un essai avec la thalidomide, activité anti TNF α a débuté récemment aux Etats Unis). * Des immunomodulateurs ont été utilisés en alternance avec d’autres antirétroviraux chez des patients asymptomatiques. * L’immunothérapie passive cellulaire : elle consiste en la production in vitro de grandes quantités de CTL autologues d’un patient, spécifiquement dirigés contre une protéine du VIH, en présence d’IL2 ; ces CTL autologues sont ensuite injectés à ce patient. Cette technique est complexe et pose de nombreux problèmes. Dossier 1996, XVII, 2-3 Les vaccins sont une grande voie de recherche et représentent la thérapeutique de l’avenir. Ils devront protéger les patients non contaminés - et donc être accessible à tous afin de permettre la prévention de l’épidémie mais aussi empêcher le virus d’infecter les cellules saines d’un patient séropositif. De nombreux problèmes devront être résolus et pris en compte : - la grande variabilité du virus, - la nature de l’infection : lente chronicité, - l’atteinte du virus dans ses «réservoirs», - le choix du «candidat vaccin», - le modèle animal, - les problèmes de sécurité pour les essais... Dans le monde, plusieurs essais sont en cours pour tester l’innocuité, la tolérance, l’activité sur la réponse immunitaire de «candidats vaccins» mais les difficultés rencontrées sont nombreuses, notamment la grande variabilité du VIH qui fait douter de l’efficacité des anticorps neutralisants. Un essai de phase I (escalade de doses) - IP 003 (1) - a pour objectif d’évaluer la tolérance d’un anticorps monoclonal humain anti-p24 au cours de l’infection par le VIH. Le choix du «candidat vaccin» porte souvent sur les glycoprotéines virales, l’objectif étant d’induire la production d’anticorps dirigés contre la gp 160 et la gp 120. Les essais en cours ou terminés sont nombreux. Plusieurs essais cliniques ont été réalisés en France (ANRS 22) et aux États-Unis à partir de la gp 160. Si l’immunisation est bien tolérée, elle ne montre pas de réponse significative sur le nombre de CD4, sur la charge virale, sur les anticorps neutralisants ou sur la réponse cytotoxique. 210 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 3. Thérapie génique (25, 28) La thérapie génique pourrait limiter la dégradation du système immunitaire. 3.1. Principe : introduire un gène capable de contrôler la synthèse d’une protéine ou d’un ARN et qui rendent les virus répliqués défectueux et non viables, ou qui rendent les lymphocytes résistants à l’infection. In vitro, plusieurs gènes se sont révélés capables d’inhiber la réplication du VIH. Plusieurs techniques sont envisageables : - utilisation de molécules mises en compétition avec l’ARN viral, - production intracellulaire de protéines qui seront en compétition avec les protéines virales, - utilisation d’un gène promoteur ou régulateur des cytokines. Il n’y a aujourd’hui plus aucun doute sur la nécessité de traiter les primo-infections. Et la thérapeutique est entrée dans une phase très nouvelle avec un nouvel outil d’évaluation et un marqueur pronostic reconnu, la charge virale. Mais chez des patients dont la charge virale est indétectable de nombreuses interrogations se posent notamment : quelle est la tolérance des bi et trithérapies au long cours ? Le système nerveux central ne peut-il constituer un véritable réservoir à virus ? Les systèmes immunitaires «reconstruits » des patients traités seront-ils aussi fonctionnels ? Ne va-t-on pas assister à l’émergence de nouvelles pathologies, chez des patients avec des charges virales nulles ? Autre question, essentielle : un vaccin au début du XXIème siècle ? « Rien n’est moins sûr » (26), et il semble que de nombreuses années soient nécessaires avant d’y arriver. Au total, aujourd’hui, il est permis de penser que l’arrivée de nouvelles molécules, de nouvelles familles thérapeutiques, permettront un meilleur contrôle de l’infection en attendant d’atteindre l’objectif final : un vaccin. 3.2. Les essais en cours - Un essai clinique chez chez 3 patients infectés par le VIH1 est en cours avec le gène Rev M10 (36). des lymphocytes sont prélevés, enrichis en CD4 et transfectés avec un plasmide contenant le gène Rev M10 ; ce dernier agit comme inhibiteur de la réplication virale sans affecter les cellules normales. Les cellules transfectées sont ensuite réinjectées aux patients. Les cellules Rev M10 montrent une survie supérieure par rapport à des mutants Rev M10 contrôles. - Une étude de phase II vient de débuter aux Etats Unis: les patients recevront leurs propres cellules T modifiées génétiquement ex vivo pour en modifier les récepteurs spécifiques du VIH. Cet essai, mis au point par la firme de biotechnologie Cell Genesys, est étudié conjointement avec des antirétroviraux. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - ARCAT SIDA. VIH et SIDA. Répertoire des essais thérapeutiques en France. 4ème éd, Mars 1996. 2 - Bez G. Soins et SIDA : Les chiffres clés. 4e édition Septembre 1995 Direction des Hôpitaux - Mission SIDA. 3 - Bourdillon F, Cavaignac L, Nadal J-M, Mede Moussa A. La part des bithérapies dans les prescriptions antirétrovirales. 6ème rencontre nationale des CISIH. Jan 1996 ; Mission SIDA - Direction des Hôpitaux. 4 - Brun-Vezinet F, Dormont J. Modalités de prescription de la mesure de la charge virale (ARN VIH plasmatique) chez les personnes atteintes par le V.I.H et ses conséquences en matière de suivi et de strtégie thérapeutique. Rapport à la Direction des Hôpitaux - Janvier 1996. - Un autre essai de thérapie génique par cette même société est aussi en phase II et concerne deux jumeaux dont un est atteint du SIDA : les cellules T du jumeau sain ont été génétiquement modifiées avec des récepteurs spécifiques du VIH et ensuite administrées au jumeau malade. 5 - Coffin JM. HIV population dynamics in vivo : implications for genetic variation, pathogenesis and therapy. Science 1995 ; 267 : 483-9. CONCLUSION 7 - CONCORDE Coordinatig Commitee. Concorde : MRC/ANRS randomised double-blind controled trial of immediate, and differed zidovudine in symptom-free HIV infection. Lancet 1994 ; 343 : 871-81. La recherche contre le SIDA est aujourd’hui marquée par un développement des thérapeutiques et une meilleure compréhension du déroulement virologique de l’infection par le VIH. 6 - CPM Comité Paritaire Médicament INSERM/SNIP. « Expertise collective ». SIDA maladies associées. Piste pour de nouveaux médicaments. INSERM ed 1996. 8 - Cooper DA. Early antiretroviral therapy. AIDS 1994 ; 8 (suppl 3) : S9-S14. 9 - Darbyshire J. Perspectives in drug therapy of HIV infection. Drugs 1995 ; 49 (suppl 1) : 1-3. Dossier 1996, XVII, 2-3 211 Évaluation thérapeutique Antirétroviraux dans le SIDA 10 - Delfraissy J-F, Goujard C. Immunothérapie et infection à VIH. in « Le SIDA. Synthèse des données récentes ». Berche P, Boitard C, Levy Y. John Libbey Eurotext ; HS n°1 Avril 1996 ; 138-147. 11 - Deng H, Liu R, Ellmeier W et al. Identification of a major co-receptor for primary isolates of HIV-1. Nature 1996 ; 381 : 661-6. 12 - Dragic T, Litwin V, Allaway G et al. 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