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4 juin 2014 0
dicament de deuxième ligne peut être remplacé par un
autre ayant un mécanisme d’action différent. Au stade de la
trithérapie, les mêmes combinaisons orales et injectables
sont possibles. Cependant, l’insuline reste le traitement le
plus efficace, particulièrement quand l’HbA1c est très éle-
vée.3
traitement par insuline
En raison du déclin progressif de fonctionnement des
cellules b, le recours à un traitement d’insuline est fréquem-
ment requis (plus de 20% des patients). Cette progression
naturelle de la maladie, combinée à l’augmentation de sa
prévalence, et le fait que les patients sont diagnostiqués à
un âge de plus en plus précoce signifient que le nombre de
patients nécessitant,
in fine
, un traitement par insuline pour
maintenir un contrôle glycémique adéquat va croître.1 La
majorité des patients diabétiques de type 2 maintiennent
cependant des taux non négligeables de sécrétion d’insu-
line endogène, même à des stades tardifs de la maladie. En
conséquence, le recours à des stratégies thérapeutiques d’in-
sulinothérapie simple (basale) est habituellement pos sible.3
Comme mentionné précédemment, l’insuline peut être
introduite en deuxième ou troisième ligne de traitement,
en association avec un ou plusieurs autres antidiabéti ques.
Il est important de débuter par une insuline basale avant
d’aller vers des stratégies d’insulinothérapie com plexes.
La stratégie la plus pratique comporte une seule injection
d’insuline basale à faible dose (0,1-0,2 U/kg/jour) dans le
but d’inhiber la néoglucogenèse hépatique et de restaurer
une glycémie à jeun normale. L’horaire de celle-ci va dépen-
dre des activités du patient et de son profil glycé mi que. Au
final, il est important de retenir que n’importe quelle insu-
line permet toujours d’abaisser la glycémie et l’HbA1c. Ce-
pendant, le risque d’hypoglycémie en est la barrière prin-
cipale.2 Les hypoglycémies sont associées à une morbidité
et à une mortalité augmentées.1,5 La prise de poids sous
insuline (estimé à environ 2 kg pour chaque diminution
d’HbA1c de 1%) est l’autre facteur principal limitant son
utili sation.1 La prise de poids varie bien sûr en fonction du
régi me d’insuline utilisé (moindre sous régime d’insuline
basale que régime basal/prandial) et de la dose totale ad-
ministrée. La prise concomitante de certains antidiabé-
tiques oraux (glitazones et sulfonylurées) augmente encore
davantage cette prise de poids. En outre, dans les essais
cliniques,2 la proportion de patients traités atteignant un
contrôle glycémi que satisfaisant sous insuline excède rare-
ment 60% et cela au prix d’événements hypoglycémiques.
Par conséquent, de nouveaux régimes de traitement mini-
misant les effets secondaires de l’insuline, améliorant l’ad-
hérence des patients et aidant à préserver potentiellement
la fonction des cellules pancréatiques b, sont requis.1 Les
analogues du GLP-1 représentent dans ce sens une classe
thérapeuti que intéressante.6
traitement par analogue du glp-1
Cibler le système des incrétines est devenu une ap-
proche thérapeutique importante dans la prise en charge
du diabète de type 2.7 Les inhibiteurs de la DPP-4 (dipep-
tidyl-peptidase-4) et les analogues du GLP-1 sont les deux
classes de médicaments développés à cet effet. En mimant
ou potentialisant l’action des hormones incrétines endo-
gènes,2,8,9 ces agents améliorent le contrôle glycémique
global en agissant tant sur la glycémie à jeun que sur les
excursions glycémiques postprandiales, et cela sans risque
majeur d’hypoglycémie.1,8,10 Les recommandations inter-
nationales admettent l’utilisation des agents incrétines oraux
(inhibiteurs de la DPP-4) ou injectables (analogues du
GLP-1) en deuxième et troisième lignes de traitement après
échec par des antidiabétiques conventionnels seuls ou en
association. De façon globale, il faut noter que l’efficacité des
analogues du GLP-1 s’est révélée supérieure à celle des in-
hibiteurs de la DPP-4 sur le contrôle glycémique global.11
Les analogues du GLP-1, en plus de leur capacité à sti-
muler la sécrétion d’insuline, ont une série d’effets pléio-
tropes comme la diminution de l’appétit, le ralentissement
de la vidange gastrique et, dans des modèles animaux, po-
tentiellement sur la survie des cellules b.9 Même lorsque
la fonction des cellules b est sévèrement altérée, les ana-
logues du GLP-1 agissent sur la glycémie en supprimant la
sécrétion de glucagon par les cellules a, ciblant par là un
défaut pathogénique majeur du diabète de type 2, négligé
par les autres traitements conventionnels.1 Il n’y a pas
d’avantage théorique à associer inhibiteur de la DPP-4 et
analogue du GLP-1 dans le sens où la finalité est d’aug-
menter l’effet incrétine.
Analogue du GLP-1 en alternative à une
insuline basale : résultats d’études
L’introduction d’un analogue du GLP-1, en alternative à
une insuline basale (ou prémix) chez des patients diabé-
tiques de type 2, insuffisamment contrôlés sous antidiabé-
tiques oraux conventionnels en mono ou bithérapie, sem-
ble présenter de nombreux avantages. Par leur action prin-
cipalement sur les excursions glycémiques postprandiales,
leur introduction précoce à la place d’une insuline fait sens.
Une efficacité similaire à l’insuline sur le contrôle glycé-
mique a été démontrée, avec un risque moindre d’hypo-
glycémie et une perte de poids significative (2,3 à 3,6 kg)
et durable sur le long terme.2 En combinaison aux traite-
ments antidiabétiques oraux conventionnels, une baisse
de l’HbA1c de 0,8 à 1,7% peut être attendue.7 Toutefois, il
n’existe pas de critères fiables permettant de prédire quel
patient va répondre aux analogues du GLP-1. Certaines
études suggèrent qu’ils seraient une alternative de choix à
l’insuline, principalement chez des patients sévèrement
obèses (IMC L 35 kg/m2) mais avec une HbA1c encore infé-
rieure à 8,5%.2,6,10,12
Différents types d’analogues du GLP-1 existent en Suisse.
Leurs caractéristiques, différences et indications reconnues
en Suisse sont décrites dans le tableau 2.
traitements combinés insuline et
analogue du glp-1 : avantages,
désavantages, résultats d’études
L’association d’un analogue du GLP-1 à l’insuline répond
à une logique théorique de par leurs actions complémen-
taires et additives. L’insuline basale contrôle la glycémie à
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