le point sur… Traitement combiné d’insuline et d’analogue du GLP-1 : qu’en attendre ? La diminution de la sécrétion d’insuline et l’augmentation de celle du glucagon représentent les deux caractéristiques physio­ pathologiques principales du diabète de type 2. La majorité des patients vont devoir recourir à une insulinothérapie avec comme conséquences une prise pondérale et un risque d’hypoglycémie accru. Les analogues du GLP-1 sont une alternative thérapeutique efficace de par leur action sur la sécrétion de glucagon et d’insuline, la satiété et le ralentissement de la vidange gastrique. Chez les patients insuffisamment contrôlés par les traitements oraux conventionnels, introduits en alternative ou en combinaison à une insuline, ils permettent d’éviter ou de limiter les effets secondaires liés à l’insuline. Le risque d’hypoglycémie est réduit et la spirale infernale prise de poids/ augmentation des doses d’insuline est limitée. Rev Med Suisse 2014 ; 10 : 1235-40 B. de Kalbermatten J. Jaafar F. R. Jornayvaz J. Philippe Drs Bénédicte de Kalbermatten, Jaafar Jaafar et François R. Jornayvaz Pr Jacques Philippe Département des spécialités de médecine Service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et hypertension HUG, 1211 Genève 14 [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Combined treatment of insulin and GLP-1 analogs : what do we expect ? Type 2 diabetes mellitus is a progressive and heterogeneous disease. The decrease in in­ sulin secretion by pancreatic b cells and the increase of glucagon secretion by pancreatic b cells, are the two major pathophysiologic characteristics. The majority of type 2 diabe­ tics will therefore require insulin in the evo­ lution of their disease, with weight gain and hypoglycaemia as side effects. GLP-1 analogs are effective therapeutic alternatives due to their actions on glucagon and insulin secre­ tion, on satiety and gastric emptying. For pa­ tients inadequately controlled with conven­ tional antidiabetics, GLP-1 analogs, introduced as an alternative or in combination with insu­ lin, can prevent or reduce the side effects as­ sociated with insulin. Indeed, the risk of hy­ poglycaemia is reduced and the vicious circle of weight gain secondary to insulin/need to increase insulin doses is limited. 0 introduction : le diabète de type 2 et son traitement souvent insuffisant Physiopathologie du diabète de type 2 On compte à ce jour 382 millions de personnes diabétiques dans le monde, dont environ 90% ont un diabète de type 2. C’est une maladie évolutive dont la physiopathologie est as­ sociée à de multiples anomalies incluant, d’une part une sur­ production hépatique de glucose, responsable de l’hyperglycé­ mie à jeun, et d’autre part, une sécrétion d’insuline diminuée ainsi qu’une insulinorésistance des tissus cibles périphériques (muscles squelettiques, foie et tissu adipeux) responsables des excursions glycémiques postprandiales.1-3 La dysfonction des îlots de Lange­ rhans est un élément-clé et un prérequis dans le développement du diabète de type 2. Au stade de prédiabète, la production d’insuline est normale mais pro­ portionnellement trop faible par rapport au degré de sensibilité à l’insuline, qui lui, est réduit. Par la suite, la production d’insuline diminue et la glycémie s’élève (figure 1). On observe, en outre, une surproduction (postprandiale et à jeun) de glucagon par les cellules a pancréatiques, aggravant la néoglucogenèse hépa­ tique 3 et une diminution de l’effet incrétine (tableau 1). En effet, une réduction des taux postprandiaux de GLP-1 (Glucagon-Like-Peptide/peptide analogue au glu­ cagon), responsable en partie de l’hyperglycémie postprandiale, a été observée chez les patients diabétiques de type 2.1 Le résultat global de ces anomalies est donc une production excessive de glucose et une sous-utilisation de celui-ci. Les traitements conventionnels et leurs limites Le diabète de type 2 est une maladie complexe aux complications potentiel­ lement sévères.3 Sa prise en charge efficace est d’une importance évidente pour la prévention de ses complications vasculaires.4 Cependant, environ 55% des pa­ tients diabétiques de type 2 ont une HbA1c en dessus des cibles recommandées pour leur situation. L’utilisation combinée de médicaments aux mécanismes d’action divers a été largement acceptée dans le traitement du diabète de type 2.2 Ces traitements Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 11_16_37943.indd 1 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 1235 28.05.14 08:58 Mesures hygiéno-diététiques Traitements oraux en monothérapie Traitements oraux combinés Insulinothérapie Insulinorésistance Sécrétion de glucagon Glycémie Production d’insuline Fonction des cellules b 4 ans 7 ans Prédiabète Diagnostic du diabète 10 ans 16 ans Développement des complications macro et microvasculaires Figure 1. Physiopathologie, évolution du diabète de type 2 et échappement aux traitements conventionnels visent principalement à potentialiser la sé­ crétion d’insuline (sulfonylurées, glinides) et à améliorer la sensibilité à l’insuline (metformine, glitazones). Par leur con­ trôle sur l’équilibre glycémique, ils ont prouvé réduire, du moins pour certains, le risque des complications, notamment microvasculaires.1,4 Leur utilisation est cependant limitée par leurs effets secondaires et leur incapacité à agir à long terme malgré une efficacité initiale.5 En effet, ils n’agissent pas sur des voies déterminantes dans la physiopathologie du diabète de type 2, telles la diminution de la sécrétion d’insuline et l’hypersécrétion de glucagon. La détérioration progressive de la fonction des cellules b pancréatiques est le facteur principal de l’évolution de la maladie et, en con­ séquence, de l’échec des traitements oraux conventionnels. La nécessité d’adapter la médication au cours du temps est intrinsèque à l’évolution naturelle de la maladie. De nom­ breux patients requièrent donc, après plusieurs années de diabète, des thérapies combinant des antidiabétiques oraux et l’insuline pour arriver à un contrôle glycémique accep­ table (figure 1). 1236 Diabète de type 2 : quelle cible thérapeutique et quel traitement ? Tableau 1. L’effet incrétine Il est actuellement recommandé d’obtenir un bon con­ trôle glycémique avec une HbA1c à moins de 7% chez la plupart des patients, notamment afin de réduire le risque d’atteintes microvasculaires. En pratique, on recommande des glycémies à jeun l 7 mmol/l et postprandiales l 10 mmol/l. Des cibles plus strictes (HbA1c : 6-6,5%) sont envi­ sageables chez certains patients sélectionnés (diabète de courte durée, longue espérance de vie, absence de maladie cardiovasculaire), si celles-ci peuvent être obtenues sans Le GLP-1 (glucagon-like peptide 1) et le GIP (glucose-dependent insulinotropic polypeptide) sont des hormones intestinales sécrétées en réponse à une prise alimentaire Elles induisent la sécrétion d’insuline par les cellules b et réduisent la sécrétion de glucagon par les cellules a, en réponse à un repas. Cette activité du GLP-1 est glucose-dépendante et est responsable de 70% de la sécrétion d’insuline chez le sujet sain. Leur effet est pléiotrope avec également un ralentissement de la vidange gastrique et une augmentation de la sensation de satiété Les hormones incrétines endogènes sont inactivées en quelques minutes par une enzyme, la dipeptidyl-peptidase-4 (DPP-4) Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 11_16_37943.indd 2 risque d’hypoglycémie majeure ou autres effets secondaires. A l’inverse, chez certains patients, des cibles moins strictes (7,5-8%) sont appropriées. En effet, l’ensemble des essais cardiovasculaires dans le diabète de type 2 suggère qu’il est important d’individualiser les cibles thérapeutiques au contexte du patient.3 Sur le plan pratique, les recommandations internatio­ nales actuelles 3 préconisent, conjointement à l’instauration de mesures hygiéno-diététiques, une monothérapie par metformine en première ligne de traitement (efficacité éle­ vée sur la diminution de l’HbA1c, faible risque d’hypoglycé­ mie, perte de poids possible, faible coût). Si la cible d’HbA1c n’est pas atteinte après environ trois mois de monothérapie par metformine, un traitement de deuxième ligne doit être envisagé. Une sulfonylurée, une glitazone, un agent incrétine ou même une insuline (généralement basale) sont possibles. En général, l’association d’un second médicament oral réduit l’HbA1c de 1% environ.3 S’il n’y a pas de baisse significative de la glycémie malgré une bithérapie bien conduite, le mé­ (D’après réf.3). Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 0 28.05.14 08:58 Diabète? Troubles du métabolisme des lipides? Réponses directement dans votre cabinet médical Système Point of Care cobas b 101 Permet la surveillance et le traitement des patients diabétiques • Dosage de l’hémoglobine glyquée (HbA1c) Indique si le patient court un plus grand risque de développer une maladie cardiovasculaire • Mesure du profil lipidique (CHOL, HDL- et LDL-CHOL, TG) Diagnostic du syndrome métabolique • Surveillance de la glycémie à long terme (HbA1c) et des valeurs des lipides sanguins (HDL- et LDL-CHOL, TG) COBAS, COBAS B et LIFE NEEDS ANSWERS sont des marques de Roche. 1007085 © 2014 Roche Système Point of Care cobas b 101 Roche Diagnostics (Suisse) SA 6343 Rotkreuz www.roche-diagnostics.ch/fr/cobas-b-101 cobas-b-101_Inserat_FR_A4_140417.indd 1 17.04.14 11:06 dicament de deuxième ligne peut être remplacé par un autre ayant un mécanisme d’action différent. Au stade de la trithérapie, les mêmes combinaisons orales et injectables sont possibles. Cependant, l’insuline reste le traitement le plus efficace, particulièrement quand l’HbA1c est très éle­ vée.3 traitement par insuline En raison du déclin progressif de fonctionnement des cellules b, le recours à un traitement d’insuline est fréquem­ ment requis (plus de 20% des patients). Cette progression naturelle de la maladie, combinée à l’augmentation de sa prévalence, et le fait que les patients sont diagnostiqués à un âge de plus en plus précoce signifient que le nombre de patients nécessitant, in fine, un traitement par insuline pour maintenir un contrôle glycémique adéquat va croître.1 La majorité des patients diabétiques de type 2 maintiennent cependant des taux non négligeables de sécrétion d’insu­ line endogène, même à des stades tardifs de la maladie. En conséquence, le recours à des stratégies thérapeutiques d’in­ sulinothérapie simple (basale) est habituellement pos­sible.3 Comme mentionné précédemment, l’insuline peut être introduite en deuxième ou troisième ligne de traitement, en association avec un ou plusieurs autres antidiabéti­ques. Il est important de débuter par une insuline basale avant d’aller vers des stratégies d’insulinothérapie com­plexes. La stratégie la plus pratique comporte une seule injection d’insuline basale à faible dose (0,1-0,2 U/kg/jour) dans le but d’inhiber la néoglucogenèse hépatique et de restaurer une glycémie à jeun normale. L’horaire de celle-ci va dépen­ dre des activités du patient et de son profil glycé­mi­que. Au final, il est important de retenir que n’importe quelle insu­ line permet toujours d’abaisser la glycémie et l’HbA1c. Ce­ pendant, le risque d’hypoglycémie en est la barrière prin­ cipale.2 Les hypoglycémies sont associées à une morbidité et à une mortalité augmentées.1,5 La prise de poids sous insuline (estimé à environ 2 kg pour chaque diminution d’HbA1c de 1%) est l’autre facteur principal limitant son utili­sation.1 La prise de poids varie bien sûr en fonction du régi­me d’insuline utilisé (moindre sous régime d’insuline basale que régime basal/prandial) et de la dose totale ad­ ministrée. La prise concomitante de certains antidiabé­ tiques oraux (glitazones et sulfonylurées) augmente encore davantage cette prise de poids. En outre, dans les essais cliniques,2 la proportion de patients traités atteignant un contrôle glycémi­que satisfaisant sous insuline excède rare­ ment 60% et cela au prix d’événements hypoglycémiques. Par conséquent, de nouveaux régimes de traitement mini­ misant les effets secondaires de l’insuline, améliorant l’ad­ hérence des patients et aidant à préserver potentiellement la fonction des cellules pancréatiques b, sont requis.1 Les analogues du GLP-1 représentent dans ce sens une classe thérapeuti­que intéressante.6 traitement par analogue du GLP-1 Cibler le système des incrétines est devenu une ap­ proche thérapeutique importante dans la prise en charge du diabète de type 2.7 Les inhibiteurs de la DPP-4 (dipep­ 1238 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 11_16_37943.indd 3 tidyl-peptidase-4) et les analogues du GLP-1 sont les deux classes de médicaments développés à cet effet. En mimant ou potentialisant l’action des hormones incrétines endo­ gènes,2,8,9 ces agents améliorent le contrôle glycémique global en agissant tant sur la glycémie à jeun que sur les excursions glycémiques postprandiales, et cela sans risque majeur d’hypoglycémie.1,8,10 Les recommandations inter­ nationales admettent l’utilisation des agents incrétines oraux (inhibiteurs de la DPP-4) ou injectables (analogues du GLP-1) en deuxième et troisième lignes de traitement après échec par des antidiabétiques conventionnels seuls ou en association. De façon globale, il faut noter que l’efficacité des analogues du GLP-1 s’est révélée supérieure à celle des in­ hibiteurs de la DPP-4 sur le contrôle glycémique global.11 Les analogues du GLP-1, en plus de leur capacité à sti­ muler la sécrétion d’insuline, ont une série d’effets pléio­ tropes comme la diminution de l’appétit, le ralentissement de la vidange gastrique et, dans des modèles animaux, po­ tentiellement sur la survie des cellules b.9 Même lorsque la fonction des cellules b est sévèrement altérée, les ana­ logues du GLP-1 agissent sur la glycémie en supprimant la sécrétion de glucagon par les cellules a, ciblant par là un défaut pathogénique majeur du diabète de type 2, négligé par les autres traitements conventionnels.1 Il n’y a pas d’avantage théorique à associer inhibiteur de la DPP-4 et analogue du GLP-1 dans le sens où la finalité est d’aug­ menter l’effet incrétine. Analogue du GLP-1 en alternative à une insuline basale : résultats d’études L’introduction d’un analogue du GLP-1, en alternative à une insuline basale (ou prémix) chez des patients diabé­ tiques de type 2, insuffisamment contrôlés sous antidiabé­ tiques oraux conventionnels en mono ou bithérapie, sem­ ble présenter de nombreux avantages. Par leur action prin­ cipalement sur les excursions glycémiques postprandiales, leur introduction précoce à la place d’une insuline fait sens. Une efficacité similaire à l’insuline sur le contrôle glycé­ mique a été démontrée, avec un risque moindre d’hypo­ glycémie et une perte de poids significative (2,3 à 3,6 kg) et durable sur le long terme.2 En combinaison aux traite­ ments antidiabétiques oraux conventionnels, une baisse de l’HbA1c de 0,8 à 1,7% peut être attendue.7 Toutefois, il n’existe pas de critères fiables permettant de prédire quel patient va répondre aux analogues du GLP-1. Certaines études suggèrent qu’ils seraient une alternative de choix à l’insuline, principalement chez des patients sévèrement obèses (IMC L 35 kg/m2) mais avec une HbA1c encore infé­ rieure à 8,5%.2,6,10,12 Différents types d’analogues du GLP-1 existent en Suisse. Leurs caractéristiques, différences et indications reconnues en Suisse sont décrites dans le tableau 2. traitements combinés insuline et analogue du GLP-1 : avantages, désavantages, résultats d’études L’association d’un analogue du GLP-1 à l’insuline répond à une logique théorique de par leurs actions complémen­ taires et additives. L’insuline basale contrôle la glycémie à Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 0 28.05.14 08:58 Tableau 2. Caractéristiques, différences et indications reconnues en Suisse des analogues du GLP-1 TFG : taux de filtration glomérulaire. Molécules Exénatide (Byetta) Liraglutide (Victoza) Exénatide LAR (Bydureon) Durée d’action Courte L 24 heures Demi-vie 2,4 heures Longue L 24 heures Demi-vie 13 heures Ultra longue 1 semaine Demi-vie 5-6 jours Posologie Injection SC Dose initiale de 5 mg 2 x/jour durant 1 mois puis 10 mg 2 x/jour. Avant les repas Injection SC Dose initiale de 0,6 mg à titrer après 1 semaine à 1,2 mg puis 1,8 mg. Sans lien avec les repas Injection SC Dose de 2 mg 1 x/semaine. Sans lien avec les repas Prix Dose max. : CHF 4.66/jour Dose max. : CHF 7.53/jour Dose max. : CHF 5.31/jour Avantages 3,8 En comparaison aux analogues de longue durée d’action •Effet supérieur sur les excursions glycémiques postprandiales •Plus forte inhibition de la vidange gastrique •Moins de tachyphylaxie En comparaison aux analogues de courte durée d’action •Diminution supplémentaire de l’HbA1c et de la glycémie à jeun •Evénements hypoglycémiques moindres •Meilleure tolérance digestive • Effets gastro-intestinaux : nausées, vomissements, diarrhées, constipation, douleurs abdominales, dyspepsies (généralement Effets indésirables transitoires en début de traitement) • Pancréatites aiguës (données d’études controversées) • Rares hypoglycémies (principalement quand combinées aux sulfonylurées) Adaptation en cas d’hépatopathie17 Adaptation en cas d’insuffisance rénale16,17 Peut être utilisé avec précaution jusqu’à un stade CHILD B. (Pharmacocinétique étudiée principalement pour la liraglutide) Si TFG 60-30 ml/min : adaptation de dose à 5 mg 2 x/jour au maximum Si TFG l 30 ml/min : contre-indiqué Si TFG 60-30 ml/min : pas d’adaptation de dose nécessaire Si TFG l 30 ml/min : contre-indiqué Si TFG 60-30 ml/min : pas d’adaptation de dose nécessaire Si TFG l 30ml/min : contre-indiqué Contre-indications Maladies gastro-intestinales sévères, gastroparésies, pancréatites Indications1.Diabète de type 2 insuffisamment contrôlé sous antidiabétiques oraux 1. Diabète de type 2 insuffisamment approuvées (metformine en monothérapie OU association metformine/sulfonylurée contrôlé sous antidiabétiques et remboursées et metformine/glitazone) r IMC M 28 kg/m2 oraux (metformine en monothérapie en Suisse 2.En association avec de l’insuline basale (et w metformine) chez les diabétiques OU association metformine/ de type 2 insuffisamment contrôlés sous antidiabétiques oraux préalables sulfonylurée et metformine/glitazone) r IMC M 28 kg/m2 r IMC M 28 kg/m2 Pour le Victoza, condition de remboursement avec insuline basale stricto sensu : analogue GLP-1 puis insuline et non l’inverse. Pas remboursé en association avec des insulines prandiales jeun et les analogues du GLP-1, par leur action glucose-dé­ pendante sur la sécrétion d’insuline et leurs effets sur la satiété et la vidange gastrique, agissent sur les excursions glycémiques postprandiales. Cette combinaison va donc permettre un meilleur contrôle glycémique global.10 En outre, par l’inhibition de la sécrétion de glucagon, les agents incrétines améliorent les glycémies postprandiales, même si la fonction cellulaire b est fortement altérée. Les bénéfices de l’ajout d’un analogue du GLP-1 à un traitement d’insuline basale et vice-versa (chez des patients en plus sous metformine et/ou sulfonylurée en mono ou ­bithérapie) ont maintenant été largement étudiés. Les bé­ néfices, aussi bien des analogues de courte durée que de longue durée d’action,13 comparés à une insulinothérapie basale seule, sont une diminution supplémentaire de l’HbA1c (notamment par un meilleur contrôle des glycémies post­ prandiales), une possible diminution de la dose totale d’in­ suline, une diminution du risque d’hypoglycémie et une perte de poids ou une limitation de la prise de poids liée à l’insuline. L’adjonction d’un analogue du GLP-1, en alternative à l’insuline rapide chez des patients insuffisamment contrôlés sous antidiabétiques oraux et insuline basale, a également 0 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 11_16_37943.indd 4 été étudiée.2,6,14 La baisse d’HbA1c s’est avérée similaire et une perte de poids ainsi qu’une diminution des épiso­ des d’hypoglycémie ont été retrouvées dans le groupe sous analogue du GLP-1. Cette association semble particulière­ ment adaptée chez les patients obèses, polymorbides ou âgés, chez qui l’intensité du contrôle glycémique doit par­ ticulièrement être relativisée au risque d’hypoglycémie et de prise pondérale. L’arrêt de l’insuline prandiale après l’initiation d’un ana­ logue du GLP-1, chez des patients traités par insuline ba­ sale-bolus ou insuline prémix, a également été démontré possible.1,11,14 C’est par ailleurs dans ces situations que la diminution de la dose totale d’insuline s’est avérée la plus importante.1 L’arrêt de l’insuline basale après introduction d’un ana­ lo­gue du GLP-1 n’est pas recommandé car on observe une aggravation du contrôle glycémique dans 50% des cas.2,11 La diminution des doses d’insuline, tant basale que pran­ diale, après introduction d’un analogue du GLP-1, doit donc se faire de façon progressive en fonction du contrôle glycé­ mique. Actuellement, il n’y a pas de données relatives à l’asso­ ciation analogue du GLP-1/insuline à propos de la diminu­ Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 1239 28.05.14 08:58 tion du risque cardiovasculaire à long terme.11 La question de la durée de l’efficacité de telles associations à moyen et long termes reste également ouverte.2 Le coût de telles stratégies médicamenteuses et leur modalité de rembour­ sement sont également des facteurs limitants. cémies postprandiales ou de l’ensemble du profil glycémi­ que) et d’éventuels effets indésirables.15 Toute stratégie thérapeutique choisie, qu’elle soit orale ou injectable, doit être réévaluée si les objectifs thérapeuti­ques visés pour le patient ne sont pas atteints. conclusion Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article. Chez les patients diabétiques de type 2 (avec IMC M 28 kg/m2), après échec d’un traitement combiné oral, un traite­ ment injectable par insuline (généralement basale) ou un analogue du GLP-1 doivent être considérés. En l’absence de contre-indication, l’introduction d’un analogue du GLP-1 en alternative à une insuline basale présente de nombreux avantages : traitement injectable simple d’utilisation sans adaptation de dose, absence de monitoring glycémique strict, perte de poids, contrôle glycémique comparable à l’in­ suline avec un risque moindre d’hypoglycémie. De même, chez les patients déjà traités par insuline basale et chez qui le contrôle glycémique, notamment postprandial, n’est pas adéquat, l’adjonction d’un analogue du GLP-1 en alternative à une insulinothérapie prandiale est une stratégie thérapeu­ tique envisageable, avec un meilleur contrôle glycémique sans risque supplémentaire d’hypoglycémie, une diminu­ tion des doses totales d’insuline (ou une moindre augmen­ tation de celles-ci), une moindre prise de poids qu’avec l’adjonction d’insuline prandiale, et une alternative à la progression vers un schéma complexe basal/bolus. Comme le préconisent les recommandations actuelles centrées sur le patient, le choix de la stratégie thérapeuti­ que chez le diabétique de type 2 doit maintenant être in­ dividualisé en fonction de son phénotype, notamment visà-vis de la prise pondérale, du risque d’hypoglycémie, du profil glycémique (altération de la glycémie à jeun, des gly­ Implications pratiques > Les analogues du GLP-1 (Glucagon-Like-Peptide/peptide ana- logue au glucagon) représentent une classe thérapeuti­que effi­cace en alternative ou en combinaison à une insulino­ thérapie chez des diabétiques de type 2, notamment obèses, insuffisamment contrôlés sous traitement oral conventionnel > Les analogues du GLP-1 ont montré une efficacité similaire à l’insuline sur le contrôle glycémique, avec un risque faible d’hypoglycémie et une perte de poids significative et dura­ ble sur le long terme, chez un patient diabétique de type 2 non contrôlé sous traitement oral conventionnel > L’introduction précoce d’un analogue du GLP-1 chez un pa- tient diabétique de type 2, non contrôlé sous traitement oral conventionnel, peut permettre de retarder le passage à une insulinothérapie > L’association d’un analogue du GLP-1 à une insulinothérapie basale peut permettre de diminuer la dose totale d’insuline et de minimiser les effets secondaires liés à celle-ci, à savoir la prise de poids et l’hypoglycémie > Il n’y a à l’heure actuelle pas de données d’études sur l’impact des analogues du GLP-1 sur la mortalité cardiovasculaire et leur sécurité à long terme Bibliographie 1 Holat JJ, Vilsboll T. Combinating GLP-1 receptor agonist with insulin : Therapeutic rationales and clinical finding. Diabetes Obes Metab 2013;15:3-14. 2 ** Jendle J, Martin S, Milicevic Z. Insulin and GLP-1 analog combination in type 2 diabetes metillus : A critical review. Expert Opin Investig Drugs 2012;21:1463-74. 3* American Diabetes Association. Standard of medical care in diabetes-2014. Diabetes Care 2014;37 (Suppl. 1):14-80. 4 Stratton I, Adler A, et al. Association of glycaemia with macrovascular and microvascular complications of type 2 diabetes : Prospective observational study (UKPDS 35). BMJ 2000;321:405-12. 5 Viberti G, Kahn S, Greene D. A diabetes outcome progression trial (ADOPT). Diabetes Care 2002;25: 1737-43. 6** Guerci B, Sauvanet JP. Traitement du diabète de type 2 : l’exénatide, en alternative ou en association à 1240 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 juin 2014 11_16_37943.indd 5 l’insuline ? Médecine des Maladies Métaboliques 2013;7: 449-63. 7** Garber AJ. 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