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(Roger Sablonier). Ces tendances, qui offrent une image moins consensuelle, se reflètent dans la Nouvelle
histoire de la Suisse et des Suisses (1982-1983). Guy P. Marchal, Ulrich Im Hof, Bernhard Stettler, Matthias
Weishaupt ont étudié l'historiographie de la Confédération; Peter Blickle l'a située dans le contexte européen
du mouvement communal des paix territoriales. La question de savoir si l'ancienne Confédération est un Etat,
une fédération, une confédération d'Etats ou un Etat fédéral n'a guère progressé depuis Jean Bodin et Josias
Simler (1576), à moins de lire, avec Blickle, le Contrat social de Rousseau (1762) comme une théorie de la
coniuratio ou de la confédération. Les historiens actuels considèrent que chaque canton était détenteur de
souveraineté, mais que la Confédération ne satisfaisait pas aux critères qui définissent un Etat, puisque la
plupart des attributs de l'Etat moderne lui faisaient défaut: monopole de la violence légitime, gouvernement
central, administration et justice institutionnalisée. De même lui manquaient les signes de la souveraineté:
sceau, armoiries, trésor, etc. Même ses symboles (couronne d'armoiries, treize Confédérés prêtant serment)
la présentent comme la somme de ses membres, les signes unitaires (Helvetia, Croix fédérale) ne s'imposant
qu'au XIXe s. Néanmoins, l'Europe la voyait comme une unité. Les controverses autour des anniversaires de
1991 et 1998 ont montré l'écart séparant les conceptions savante et populaire de l'histoire suisse, écart
d'autant plus profond que l'identité nationale, fragilisée pour diverses raisons à la fin du XXe s., s'appuie
fortement sur l'image, revivifiée pendant la Deuxième Guerre mondiale, d'une Confédération au destin unique
et pratiquant dès 1291 la démocratie et la défense armée.
Auteur(e): Andreas Würgler / PM
2 - Des origines à 1353
C'est dans le traité de 1351 par lequel Uri, Schwytz, Unterwald et Lucerne s'allient avec Zurich qu'apparaît le
terme de "confédération" au sens à la fois d'alliance jurée et de territoire où est due l'entraide. Ce traité servit
de modèle pour ceux de 1352 avec Zoug et Glaris et de 1353 avec Berne. Le passage de "confédérés" à la
notion plus abstraite de "confédération" est d'autant plus remarquable que l'on utilise le singulier. Pourtant,
les huit cantons de 1353 formaient non pas un mais six réseaux différents et tous partiels; par exemple,
Berne n'était pas allié avec Lucerne, Zurich, Zoug et Glaris, mais seulement avec Uri, Schwytz et Unterwald;
Glaris était allié avec ces trois derniers et avec Zurich, mais non avec Berne, Lucerne et Zoug, même si des
ententes annexes et des accords séparés bilatéraux établissaient des liens indirects complémentaires. De
telle sorte que jusqu'à la bataille de Sempach (1386), Zurich, Berne et Lucerne se traitaient dans les
correspondances officielles non pas de "confédérés" mais d'"amis". L'emploi d'un mot suggérant une alliance
unique résulte peut-être du caractère inhabituel d'un système illimité dans la durée, mais limité dans
l'espace.
Il existait au XIIIe s. sur le territoire de la Suisse, alors intégré au Saint Empire romain germanique, quatre
régions principales relativement indépendantes les unes des autres dans lesquelles se formèrent, étant donné
la faiblesse ou l'absence du pouvoir impérial, d'innombrables alliances, généralement éphémères, ayant pour
but le maintien de la paix et l'entraide militaire contre des nobles locaux ou des puissances voisines (Savoie,
Bourgogne, Habsbourg, Milan). A l'ouest, la confédération bourguignonne dirigée par la ville de Berne montre
les multiples possibilités d'évolution de telles alliances, puisque ses membres devinrent finalement, soit des
bailliages bernois (vallée du Hasli, couvent d'Interlaken, villes de Berthoud et de Payerne, par exemple), soit
des cantons suisses (Soleure, Fribourg), soit des alliés de la Confédération (ville de Bienne, comté de
Neuchâtel). La ville de Bâle regardait surtout vers le nord, celles de Zurich, Schaffhouse et Saint-Gall vers la
région du lac de Constance, mais toutes s'intéressaient aussi aux grandes alliances urbaines (Ligue du Rhin
de 1254, des villes souabes de 1376/1385, des villes alsaciennes de 1379).
Alliances perpétuelles des cantons ("Pactes fédéraux")
Année Cantons
1291 UR SZ NW