
d’une atrophie de la muqueuse gastrique puis d’une dysplasie (7). Moins
fréquemment, on peut observer des adénocarcinomes de type intestinal chez
des sujets plus jeunes (< 40 ans) ; ces cancers surviennent en général sur des
muqueuses infectées par Hp mais non atrophiques (8). Dans un modèle animal
(gerbille mongolienne), des travaux ont confirmé le rôle carcinogène d’Hp et le
rôle protecteur de l’éradication de l’infection (9). Cependant, chez l’homme, il
n’est pas encore démontré que l’éradication de la bactérie prévient la survenue
du cancer gastrique. Certains recommandent l’éradication d’Hp chez des sujets
à risque : patients traités pour un cancer gastrique superficiel, antécédent fami-
lial de cancer gastrique.
Facteurs environnementaux autres que Hp
L’évolution de la gastrite induite par l’infection à Hp peut également être
influencée par d’autres facteurs environnementaux (10), tels que le taba-
gisme (11), qui augmente en particulier à lui seul le risque de cancer du cardia
(RR = 4,2, IC95% : 2,5-7) (12). Ainsi, les patients infectés et fumeurs auraient
2,3 fois plus de risque de développer un cancer gastrique que les patients
infectés mais non fumeurs (11). Le mode d’alimentation indépendamment de
l’infection à Hp semble être un facteur de risque du cancer de l’estomac : une
consommation excessive d’aliments riches en sel ou de viandes ou poissons
fumés favorise son apparition. En revanche, la consommation de fruits et de
légumes antioxydants diminuerait le risque de 40% et ceci indépendamment
de la consommation de sel, de l’âge ou du sexe (13).
Facteurs génétiques
Environ 10% des malades ont des antécédents familiaux de cancers gastriques.
En cas d’atteinte d’un parent au premier degré, le risque de cancer serait multi-
plié par deux ou trois. Par ailleurs, l'adénocarcinome gastrique fait partie des
cancers fréquents du syndrome HNPCC (hereditary non polyposis colorectal
cancer), mais fait aussi partie du phénotype de la polypose adénomateuse recto-
colique familiale, du syndrome de Peutz-Jeghers et de la polypose juvénile (14).
Certaines formes familiales de cancers gastriques doivent faire rechercher une
mutation de la E-cadhérine après consultation d’onco-génétique. Les « cancers
gastriques diffus héréditaires » sont liés à une mutation germinale de l’anti-
oncogène CDH1 avec perte de fonction de la protéine cadhérine E (15). Le
diagnostic doit être évoqué lorsqu'il existe dans une famille au moins deux cas
de cancer gastrique de type diffus chez des apparentés au premier ou au
deuxième degré, dont un cas diagnostiqué avant 50 ans, ou bien trois cas chez
des apparentés de premier ou deuxième degré, quel que soit l'âge. Le mode de
transmission est autosomique dominant.
110 Les cancers digestifs