Numerus IX — MMXIII VOX ROMANA Lycée Français de Singapour Le journal des latinistes du LFS L’art antique EDITORIAL Ce n’est pas le fait du hasard si le terme « esthétique » est directement issu d’un mot grec αἴσθησιs signifiant sensation. L’esthétique renvoie à la perception par les sens et à la sensibilité nécessaire pour apprécier la beauté plastique (encore un emprunt au grec…) d’une œuvre d’art. La statuaire grecque est à ce titre exemplaire de la maîtrise parfaite de sculpteurs comme Phidias ou Praxitèle. Mais les arts dans le monde antique, c’est aussi les fresques romaines, les céramiques grecques, les mosaïques, l’architecture et même l’orfèvrerie. Pour terminer l’année en beauté, Vox Romana dévoile pour vous quelques chefs d’œuvre incontournables de l’art gréco-romain, références universelles dans l’histoire des arts. L’équipe des latinistes vous souhaite une belle fin d’année sous le signe de la création artistique. J.-F.C. L.L. Etymologie Couverture : détail d’une fresque de la villa des Mystères à Pompéi, crédit WolfgangRieger. par les latinistes de 4èmes Art (n-m) : du latin ars, artis, f, « talent, savoir-faire ; art, science ». 1. Ensemble de connaissances et de règles d’action, dans un domaine particulier. Ex : l’art vétérinaire. 2. Expression, par les créations de l’homme, d’un idéal esthétique ; ensemble des activités humaines Détail d’une frise du palais crétois de Knossos, domaine public créatrices visant à l’expression du Beau. Ex : œuvre d’art, objet d’art, histoire de l’art… Les beaux-arts (du latin bellae artes) renvoient aux quatre disciplines artistiques enseignées dans les Ecoles des beaux-arts, l’architecture, la peinture, la sculpture et la gravure. On y ajoute parfois la musique, la danse et la poésie. Plastique (adj. qual.) : du latin plasticus issu du grec ancien πλαστικός « relatif au modelage », dérivé du verbe πλάσσειν « mouler, former » dont dérive aussi le mot « plasma », la partie liquide du sang. 1. Qui a le pouvoir de donner une forme. Ex : chirurgie plastique. 2. Relatif aux arts qui élaborent des formes. Ex : arts plastiques. 3. Flexible, malléable, mou. Ex : l’argile est plastique. 4. Matière plastique : matière synthétique qui peut être moulée. Ex : bouteille plastique. Détail d’une céramique grecque, crédit histoiredelantiquite.net Les fresques par les latinistes de T les La fresque est une technique particulière de peinture murale dont la réalisation s'opère sur un enduit appelé intonaco, avant qu'il ne soit sec. Le terme vient de l'italien a fresco qui signifie dans le frais. Le fait de peindre sur un enduit qui n'a pas encore séché permet aux pigments dilués à l’eau de pénétrer dans la masse, et donc aux couleurs de durer plus longtemps qu'une simple peinture en surface sur un substrat. Femme assise jouant de la cithare, fresque de la Villa de P. Fannius Synistor à Boscoreale, 40-30 av. J.-C., crédit cosmovisions.com. La fresque est basée sur le principe de la carbonatation, réaction chimique entre la chaux contenue dans l’enduit et le gaz carbonique de l’air conduisant au durcissement de l’enduit et à la fixation de la couche picturale. Une grande habileté est requise de la part du fresquiste entre la pose de l'enduit et son séchage complet. Après le tracé des esquisses sur le mur, la peinture est appliquée avec une brosse douce en poil d’animal à partir de pigments mélangés sur une palette. Si les Grecs ont découvert l’usage du blanc de céruse, du jaune de Saturne (tous deux à base de plomb) et le sépia extrait de la seiche, les Romains découvrent, eux, le murex, un coquillage produisant un pigment pourpre très à la mode à l’époque. Les peintres étaient des artistes reconnus et les riches Romains les employaient pour décorer leurs demeures de fresques splendides. Le terme de fresque est souvent utilisé par métonymie dans le langage courant pour désigner la peinture murale en général. La sculpture grecque par les latinistes de 2ndes L’art de la statuaire grecque est, entre tous, le plus remarquable. Même si nous n’avons conservé qu’une partie de la production antique, il nous reste néanmoins des œuvres exceptionnelles qui expriment Aurige de Delphes, -Vème, crédit blogspot. l’idéal grec de la beauté plastique. La plupart des sculptures qui nous restent sont en pierre, le plus souvent en marbre blanc, mais les Grecs utilisaient très fréquemment le bronze, la technique chryséléphantine (incrustations d'or et ivoire), mais aussi l'argile et le bois. Progressivement, après la période archaïque, les formes des statues évoluent vers une représentation humaine de plus en plus réaliste qui atteint son apogée à l’époque de la statuaire classique à Athènes (Vème - IVème siècles av. J.C.) où les sculpteurs privilégient l’expression du mouvement et la précision du détail anatomique dans la recherche d’un idéal de beauté et de proportions. Les deux grands noms du classicisme grec sont les sculpteurs Phidias (Φειδίας) (- 490 - 430) et Praxitèle (Πραξιτέλης) (vers - 400 - 326). Le savant romain Varron écrit ainsi : « Praxiteles qui propter artificium Satyre, copie d’un original de Praxitèle, domaine public. egregium nemini paulum modo humaniori ignotus » (« Grâce à l'excellence de son talent, Praxitèle n'est inconnu d'aucun homme un tant soit peu cultivé ».) Groupe du Laocoon,ème œuvre des Rhodiens Agésandre, Athénodore et Polydore, II ou Ier siècle av. J.-C., domaine public. Détail de Orphée entouré par des animaux, crédit Giovanni Dall'Orto. La mosaïque par les latinistes de 3èmes La mosaïque est apparue en Mésopotamie vers la fin du IVème millénaire avant Jésus-Christ, mais c'est seulement en -300 pendant les guerres puniques que cet art se diffuse à Rome. C’est un assemblage, au moyen d'un mortier de pose, de fragments multicolores appelés tesselles. Du temps des Romains, la mosaïque de pavement (sur le sol) connaît un grand succès et est très présente dans les riches villas romaines, surtout dans le triclinium (la salle à manger), où le décor est souvent plus sophistiqué. Le nom de « mosaïque » dérive du mot grec Μοῦσα qui signifie « muse ». On distingue trois types de mosaïques : l'opus sectile, qui consiste à assembler des tesselles de formes irrégulières et variées, l'opus tesselatum, où les tesselles sont cubiques, d'un centimètre de côté ; et l'opus qui permet des représentations plus précises avec des tesselles de seulement quelques millimètres de côté. Maison du poète tragique, Pompéi, crédit blog.lefigaro.fr Détail d’une mosaïque romaine à Zeugma, Turquie, crédit 123rf.com Les supports les plus utilisés sont les sols, les murs et les plafonds mais on peut en trouver aussi sur des meubles, des bijoux, on dit même que Hiéron II, tyran de Syracuse, en fit composer une sur le pont d'un navire, César en décorait sa tente. Mosaïque romaine, Pompéi, domaine public. La céramique grecque par les latinistes de 5èmes Les archéologues ont retrouvé de nombreuses céramiques antiques qui témoignent d’un haut niveau de qualité artistique. Le mot céramique vient du grec ancien κέραμος qui signifie terre à potier, argile. Il a donné son nom à Athènes au quartier des potiers, le Céramique. La technique de la céramique évolue pendant l’Antiquité avec l’invention du tour de potier. Skyphos Amphore Hydrie Cratère en calice Coupe La fabrication de la céramique comporte de nombreuses opérations. D’abord, on procède à l’extraction de l’argile qui, chez les potiers athéniens, contient du fer donnant à la poterie pendant la cuisson une couleur rouge orangé. Ensuite on pratique le tournage sur un tour à potier, mais les différentes parties des vases (pied, anse, col) sont tournées séparément. Enfin, on sèche la céramique à l’air ambiant et on assemble les différentes parties. On la polit puis un peintre la décore à l’aide de colorants en poudre (pigments). On peut procéder ainsi à la cuisson à haute température (entre 800°C et 950°C), opération délicate et compliquée. Vase grec du VIème siècle : Hercule, Cerbère et Euristhée, crédit histoire-fr,com On distingue différents styles de peinture à Athènes : de la fin du VIIème siècle av. J.C. au début du Vème siècle av. J.C., les peintres athéniens utilisent la technique à figures noires. Les images sur les objets sont peintes en noir sur un fond clair et les couleurs naturelles de l’argile sont gardées. Puis apparaît la technique à figures rouges représentées sur un fond noir. L’architecture par les latinistes de 1ères L’architecture romaine prend ses racines dans les techniques de construction grecques et étrusques. Les Grecs ont transmis les éléments principaux de la façade des temples ainsi que les différents ordres des Les Caryatides sur l’Acropole d’Athènes, Crédit Harrieta171 . chapiteaux. Or, les Romains développèrent des techniques remarquables de solidité. Puis vint l’invention de l’arc et de la voûte qui permit aux édifices de s’élever vers les cieux. On peut donc apercevoir des bâtiments spécifiques à Les différents ordres architecturaux. l’architecture romaine comme les amphithéâtres, les arènes, les aqueducs, les arcs de triomphes. Elle est un moyen, surtout sous l’Empire, de démontrer la puissance romaine. Nous pouvons retenir les noms de deux théoriciens romains de l’art du bâtiment : Vitruve avec son De architectura et Frontin, curateur des eaux à Rome à la fin du Ier siècle, avec son recueil De aquaeductibus urbis Romae. Fronton Frise Architrave Chapiteau Fût Eléments d’une façade de temple, Parthénon de l’Acropole d’Athènes, crédit w:es:Usuario:Barcex. Reconnaissez-vous ce bâtiment de Singapour ? Retrouvez 4 éléments inspirés de l’Antiquité ! Evénement! Les latinistes de premières ont présenté le théâtre antique à leurs camarades pour préparer le bac de français : architecture, organisation, personnages-types... Solution du jeu : c’est l’ancienne cour de justice de Singapour. On reconnaît un fronton, des chapiteaux corinthiens, une architrave, des fûts, une coupole. Ludite ! Les premières Les secondes Les Terminales Lycée Français de Singapour Les latinistes du lycée