Abderrahmane Bouguermouh rejoint sa “colline oubliée”

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INHUMÉ HIER À IGHZER-AMOKRANE (OUZELLAGUEN)
Abderrahmane Bouguermouh rejoint sa “colline
oubliée”
C’est une marée humaine qui a accompagné, hier après-midi, sous un soleil radieux, le regretté
Abderrahmane Bouguermouh, célèbre cinéaste algérien, à sa dernière demeure, à IghzerAmokrane, dans la commune d’Ouzellaguen, 60 kilomètres à l’ouest de Béjaïa.
Dès les premières heures de cette journée ensoleillée, des grappes humaines, venues de différentes régions du
pays, affluaient vers le domicile mortuaire, sis au quartier des Quatre-Chemins de la gare, dans la périphérie de
la ville d’Ighzer-Amokrane, pour rendre un ultime hommage à l’enfant prodige d’Ouzellaguen, décédé dimanche
passé à l’hôpital de Birtraria d’Alger, à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue maladie.
Une foule nombreuse, composée des membres de la famille et d’anciens amis du défunt, mais aussi de simples
citoyens, a tenu à assister à la veillée funèbre qui a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi, au domicile familial
des Bouguermouh, à Ouzellaguen. Le froid glacial, qui sévit dans la région en cette période hivernale, n’a pu
empêcher les gens de venir en masse pour prendre part à cette cérémonie funèbre au cours de laquelle les
discussions tournaient autour de la vie et du valeureux parcours du réalisateur du premier long-métrage
d’expression amazighe, la Colline oubliée.
L’enterrement de Dda Abderrahmane, comme l’appelaient ses amis par respect, prévue à 13h, a été retardé
d’une heure, en raison des aléas de circulation, étant donné que certains axes routiers, à l’instar du tronçon de
la RN26 reliant Béjaïa à El-Kseur, étaient fermés, hier, par des citoyens en colère.
Ce n’est qu’à 14h, que la levée du corps a eu lieu depuis la maison des Bouguermouh vers le cimetière familial,
sis au lieu-dit Azebouj, dans une vaste oliveraie longeant la voie ferrée en contre-bas de la ville d’IghzerAmokrane.
La procession humaine, qui accompagnait la dépouille mortelle à sa dernière demeure, a eu à parcourir
quelques centaines de mètres sous les battements assourdissants des tambours de la troupe locale des Scouts
musulmans algériens (SMA), qui précédait la foule.
Une fois sur les lieux, l’un des imams d’Ouzellaguen récitera, dans un silence religieux, la Fatiha du Saint Coran
devant le cercueil recouvert de l’emblème national.
L’émotion était à son comble lorsque l’ancien journaliste de la Chaîne III, Yacine Sid-Ahmed, un des amis du
cinéaste disparu, prononcera l’oraison funèbre devant la dépouille mortelle. Visiblement très ému par la
disparition de son ami, l’orateur n’a pu retenir ses larmes en retraçant la vie et le parcours du défunt
réalisateur.
“Abderrahmane Bouguermouh était un grand homme de culture, un véritable intellectuel. Au-delà du 7e art
dont il avait fait sa raison d’exister, il s’est également consacré à la littérature, en publiant son premier roman
intitulé Anza. Une manière de confirmer un autre talent, celui de sa force du verbe”, a-t-il souligné.
Il faut noter que plusieurs personnalités issues d’horizons divers, dont des cinéastes, des chanteurs et autres
artistes, tels que Kamel Hamadi, Farid Ferragui, Boudjemâa Agraw, Amour Abdenour… ont tenu à assister à ces
obsèques. L’on a aussi remarqué la présence du wali de Béjaïa, l’ancien président de l’APN, Karim Younès,
d’anciens députés du RCD et indépendants et autres élus locaux.
Néanmoins, on déplore la défection remarquée d’actuels parlementaires de la wilaya de Béjaïa qui ont brillé par
leur curieuse absence.
En tout état de cause, le défunt cinéaste, considéré comme le pionnier du cinéma amazigh, a eu droit à de
grandioses funérailles, à la hauteur de la grandeur de sa personnalité. Il reposera désormais aux côtés de ses
ascendants et proches disparus, dont son frère Malek Bouguermouh, une autre icône du théâtre algérien,
décédé le 11 novembre 1989, dans un tragique accident de la circulation près d’El-Kseur.
KO
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