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Résumé du rapport n° 2003 126 présenté par Mmes Bernadette ROUSSILLE et Dr. Françoise LALANDE,
membres de l’Inspection générale des affaires sociales
IGAS Les essais cliniques chez l’enfant en France Octobre 2003
L’administration (ministère de la santé et AFSSAPS, les deux autorités de tutelle) est
accusée de multiplier les contraintes sur les promoteurs, alors qu’elle veut aussi
promouvoir le médicament pédiatrique et limiter l’usage hors AMM des produits. La
directive européenne sur les essais cliniques de médicament reflète cette attitude et vise à
orienter les ECE dans le sens d'un meilleur rapport bénéfices/ risques et d'une plus grande
transparence.
La recherche institutionnelle (organismes de recherche, université, hôpitaux) a
investi ce champ depuis, notamment, l'institution il y a dix ans du programme hospitalier
de recherche clinique (PHRC) : en hématologie ou cancérologie, la recherche publique
est devenue majoritaire. Toutefois, elle reste faible (la pédiatrie ne représente que 8,6 %
des recherches financées), insuffisamment pourvue en professionnels dédiés à cette
mission et menacée notamment par la réduction du temps médical à l'hôpital.
II - Il existe un contraste entre une organisation aux fondements solides et un
fonctionnement insuffisamment performant, en décalage avec les besoins concrets
des enfants.
Constituant un moyen privilégié de faire avancer la médecine, fondé sur des concepts
bien définis, structuré par une méthodologie extrêmement rigoureuse et légitimé sur le
plan éthique par un cadre juridique précis, le système des ECE apparaît comme une
construction solide dont les contours sont clairs. Sur un total de 2081 essais cliniques,
222 ont été menés en 2002 chez les mineurs (126 essais de produits et de dispositifs
médicaux, 96 essais cognitifs).En dix ans, le nombre des recherches cliniques chez
l’enfant en France a augmenté de 7 % pour les essais de médicaments, et a été multiplié
par plus de 6 pour les essais cognitifs, alors même que le nombre total des essais
cliniques chez l’adulte régressait. La proportion d’essais promus par l’industrie
pharmaceutique est de 76 % pour les essais de médicaments
Ces chiffres relativisent quelques idées reçues : certes les ECE ne représentent que 11 %
du total des essais menés en France pour une population de moins de 18 ans qui regroupe
22 % de la population. Mais ce décalage s’explique en partie par les restrictions imposées
par la législation et par la faible incidence de la maladie chez l’enfant, y compris dans des
pathologies graves comme les cancers (1800 nouveaux cas par an). Les cancers font
l’objet d'environ 15 % des ECE, beaucoup plus que leur part en terme de morbidité. Le
pourcentage de 76 % de promoteurs industriels dépasse celui de l’industrie
pharmaceutique dans le secteur des adultes (73 %), alors même qu’il est convenu de
déplorer, y compris au ministère de la santé, une faible implication des industriels dans le
domaine des ECE
Cependant, l’objectif de protection des enfants n'est pas suffisamment atteint, du fait
des carences du suivi des ECE et de défauts de qualité. Si l’administration a une bonne
connaissance des flux d’essais lancés chaque année, elle ne connaît pas en revanche le
nombre des enfants qui y sont réellement soumis. Les chiffres, tout à fait incertains,
pourraient recouvrir une fourchette de 20 000 à 80 000 mineurs. Le suivi des effets
indésirables graves, ramené à chaque essai, est insuffisamment structuré et les contrôles
sont trop rares.