AA-06 FR-06-2014 «NOUVEL ORDRE GÉOPOLITIQUE MONDIAL - GÉOSTRATÉGIES DE DOMINATION»
de millions de travailleurs représentent une forme encore plus directe de l’exploitation des
ressources. Par contre, l’Ouest n’est pas considéré comme un espace vital à vider pour que des
Allemands puissent y prendre place et ses populations ne connaitront pas la terreur de
l’occupation allemande des pays de l’Est.
Le front de l’Est (en allemand: die Ostfront), ou la campagne orientale (en allemand:
der Ostfeldzug) ou la campagne de Russie (en allemand: der Rußlandfeldzug) a constitué de
loin le plus grand théâtre d'opérations de la Seconde Guerre mondiale, qui a opposé
l'Allemagne nazie à l'Union soviétique du 22 juin 1941 au 9 mai 1945. Il est considéré comme
le conflit le plus sanglant de l'Histoire – faisant plus de 30 millions de morts – et se déroulant
sur les territoires plus vastes que tous les autres théâtres d'opérations réunis. Durant les quatre
années que dura le conflit germano-soviétique il y eut, en permanence, une moyenne de 9
millions d'hommes simultanément impliqués dans les opérations de ce front. Il est le lieu de la
guerre totale la plus extrême, nourrie par des objectifs idéologiques, politiques, économiques
et militaires et d’un antagonisme farouche entre les belligérants1.
Le cours de la guerre sur le front de l'Est fut déterminé par les personnalités et les
idéologies des commandants suprêmes - Adolf Hitler et Joseph Staline, respectivement - bien
plus que sur tout autre front de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands nazis ont adopté
une ligne de conduite qui se résume à la lutte du fascisme contre le communisme et le combat
entre la race aryenne et les races slaves. Par contre, pour les Soviétiques s’était la lutte pour le
sauvetage de la «Mère patrie» (en russe: Родина-Мать, Rodina), par allusion à la «guerre
patriotique» de 1812 contre Napoléon Ier2. La religion orthodoxe, autrefois persécutée, fut
instrumentalisée pour souder la population autour du régime soviétique. Le conflit sur le front
de l’Est est ainsi caractérisé par son extrême brutalité sans commune mesure avec le front de
1 Dans ce conflit, l'Allemagne bénéficie de l'aide de la Roumanie, de l'Italie, de la Hongrie, de la République
slovaque et de la Finlande. L’Allemagne nazie est également assistée par des forces d'appoints: partisans
anticommunistes dans les territoires occupés (OUN ukrainienne, Armée Vlassov), division espagnole (División
Azul), unités de volontaires SS venant de différents pays conquis (France: Légion des volontaires français, dont
les troupes rejoignirent ensuite la division SS Charlemagne; Belgique: division SS Wallonie, Norvège: division
SS Viking, etc.). En outre, dès 1941, des volontaires plus ou moins forcés des territoires soviétiques occupés se
joignent aux troupes allemandes formant des unités de qualité variable, les «Hiwis» (abréviation du mot
allemand Hilfswillige, en français: auxiliaire volontaire), d'abord employés pour l'intendance et les services,
puis intégrés dans le cadre d'unités anti-partisans à partir de 1942. Outre ces personnels, la Wehrmacht compte
un certain nombre d'unités combattantes recrutées sur les territoires occupés d'URSS: Baltes, Caréliens,
Ukrainiens, Cosaques, Tatares, Géorgiens…, versés à partir de 1943 dans les unités cantonnées en France ou
dans les Balkans. Du côté des Alliés, l'Union soviétique est soutenue par des unités polonaises (les armées
polonaises de l'Est), puis par des unités roumaines, bulgares et yougoslaves, lorsque ces pays changent de camp
au fil de la conquête de l'Europe de l'Est par l'Armée Rouge. Bien qu'ils ne se soient jamais directement engagés
dans des actions militaires sur le Front de l'Est, le Royaume-Uni et les États-Unis fournissent à l'Union
soviétique un soutien économique au titre de la loi de prêts-bails, qui commence à parvenir à l'Armée rouge dès
1941, et dont l'impact commence à être sensible à partir de 1943 (soutien en rations de combat, don de camions
et de blindés permettant de motoriser l'armée, etc. expédiés par les convois de l'Arctique entre août 1941 et mai
1945). L’URSSS bénéficie aussi du soutien non négligeable des partisans d'Europe de l'Est, notamment de
Yougoslavie, Slovaquie, Pologne et des territoires soviétiques occupés par l'Allemagne. Quelques unités
occidentales, de taille symbolique, participent également à la lutte sur le front de l’Est, comme le groupe de
chasse français Normandie-Niemen ou quelques escadrons de chasse britanniques.
2 Initialement prévue pour mars 1941, mais retardée à cause de l’«opération Marita» ou «Bataille de Grèce»
(06.04.1941-01.06.1941), l’«opération Barbarossa» fut lancée par Adolf Hitler le 22 juin 1941, le même jour que
Napoléon envahissait la Russie en 1812.