situations de développement. On a vu d’abord dans les années 80 des pays-ateliers d’Asie du Sud-est (Corée du
Sud, Taïwan, Singapour) prendre une part croissante dans la production et les échanges, s’enrichir et améliorer
ainsi la vie de leurs populations. Depuis, de nouveaux pays n’ont cessé d’émerger certains devenant de
véritables puissances (parfois qualifiées de « pauvres ») ; on les désigne souvent par l’acronyme BRICS (ou
BRICSAM si on y ajoute le Mexique). En revanche, la situation de certains autres pays du Sud reste très
compliquée ; on les appelle (pudiquement) les PMA (Pays Moins Avancés). Au plan économique, le monde est
donc toujours très inégalitaire mais ces inégalités paraissent plus complexes. Il n’y a plus seulement un Nord et
un Sud mais des Nords et des Suds dont les niveaux de développement sont parfois difficilement définis même
en utilisant un indicateur comme l’IDH (l’IDH de la Chine est plus faible que celui de bien des pays du monde
mais la Chine est bien la deuxième puissance économique mondiale).
La diversité des situations économiques a modifié peu à peu la logique fonctionnelle du monde au plan
économique. Auparavant, on distinguait trois pôles moteurs majeurs qu’on avait qualifiés du nom de Triade
(Etats-Unis, Europe occidentale, Japon). Si ces trois pôles existent toujours, leur situation s’est là aussi
complexifiée avec le renforcement des économies du Canada et du Mexique (profitant de délocalisations
depuis les Etats-Unis), de l’Europe de l’est après la crise de la fin du communisme, des pays-ateliers d’Asie du
Sud-est que couronne la puissance écrasante de la Chine. Le monde actuel est donc un monde polycentrique.
Entre ces différents pôles, ces différents centres où se prennent les grandes décisions, des flux intenses
et croissants existent. Qu’ils soient humains (activités touristiques ou déplacements d’hommes d’affaires),
d’informations, de capitaux ou de marchandises, ils ont tous une importance économique et permettent de
définir le monde d’aujourd’hui comme un seul et même territoire. Cependant, la rapidité des évolutions et la
difficulté à traduire la complexité de ces flux font que les cartes représentant le processus de mondialisation
donnent à lire une réalité temporaire.
Economie : ensemble des activités humaines de production, d’échanges et de consommation de biens et de
services.
IDH : Indicateur de Développement Humain. Il correspond à une valeur entre 0 et 1 calculée à part du PIB, du
taux d’alphabétisation et de l’espérance de vie.
IV – Une lecture géopolitique du monde
Selon qu’on observe la situation de notre monde actuel en la comparant aux années 90 ou aux années
60 ou au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la lecture change. Depuis 1945, le nombre des Etats dans
le monde et la longueur des frontières n’a cessé d’augmenter ; il y a d’abord eu les conséquences de la
décolonisation qui a multiplié les Etats en Afrique et en Asie (années 40 à 70) avant que la fin du bloc
communiste fasse apparaître de nouveaux Etats en Europe (fin de la Yougoslavie ; scission de la
Tchécoslovaquie) et en Asie centrale (éclatement de l’URSS). Si le nombre des guerres a diminué dans le
monde actuel, cela ne signifie pas que les tensions géopolitiques ont cessé. Que ce soit sous des formes
pacifiques (référendum écossais, évolution du Groenland vers plus d’autonomie…) ou plus violentes (conflit au
Soudan ayant conduit à la partition du pays ; troubles en Irak avec l’émergence de l’Etat islamique ou en Syrie ;
situation dans l’est de l’Ukraine…), les luttes pour continuer à transformer la carte politique du monde se
poursuivent aujourd’hui. Elles touchent cependant davantage les pays du Sud et en particulier les PMA (80 %
d’entre eux ont été touchés par des conflits armés depuis 1990). Les oppositions ne portent pas seulement sur
la terre ferme ; des tensions, parfois fortes, peuvent exister pour le contrôle de telle ou telle parcelle du
domaine maritime à travers la délimitation des ZEE (par exemple en Méditerranée ou en mer de Chine). Le
monde actuel est donc un monde dans lequel les conflits persistent, conflits armés ou non qui traduisent une
fragmentation toujours en cours.
Les tensions interétatiques ou intra-étatiques, surtout si elles prennent de formes violentes relèvent du
rôle de l’Organisation des Nations Unies. Cependant, l’organisation internationale n’a pas assez de puissance
par elle-même pour imposer la paix partout dans le monde ; elle est largement tributaire du bon vouloir des
Etats (et notamment de ceux qui, au Conseil de sécurité, disposent d’un droit de veto) comme on a pu le voir
par exemple dans l’affaire syrienne où la Chine et la Russie ont bloqué toute possibilité d’intervention. Il faut
dire que l’ONU est encore largement fondée sur un monde qui n’existe plus. Créée en 1945, elle a donné un
rôle prépondérant à cinq puissances considérées comme les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale (Etats-