Nous devons la première publication scientifique sur la phénologie en 1735à René-
Antoine Ferchault de Réaumur, physicien et naturaliste français, a qui nous devons
notamment le premier thermomètre à alcool et l’échelle de température portant son nom. Il est
le premier à avoir suggéré, en comparant l'évolution des températures dans plusieurs sites et
l'apparition d'événements phénologiques, que la température devait être une des variables
impliquées dans le déterminisme de la phénologie. Cependant, les tout premiers travaux sur la
phénologie ont été réalisés au XVIe siècle par un exploitant normand (Sire Gilles de
Couberville et du Mesnil Anvar) sur des variétés de pommiers, et seulement publiés en 1880.
Plusieurs études de phénologie ont été réalisées au XIXe siècle et début du XXe siècle, en
France, puis en Grande Bretagne et aux Etats Unis principalement. La plupart de ces relevés
phénologiques sont malheureusement publiés dans des rapports ou des revues à faible
diffusion et sont difficilement accessibles. Pourtant, ce n’est qu’en 1849, que le terme
« Phénologie » est né, dans la conférence à l’Académie de Bruxelles donnée par Charles
Morren, botaniste belge.
1.3. Pourquoi l’étudier ?
Depuis les années soixante-dix, la phénologie connaît un nouvel intérêt du fait du
changement climatique. De récentes études ont montré que les dates d’apparition des
événements phénologiques avaient changé chez une très grande majorité d’espèces, animales
et végétales. Ces changements décrivent des avancements des évènements de printemps tels
que la floraison, l’apparition des feuilles, de l’ordre de 2 à 3 jours par décennies en moyenne
sur l’ensemble des espèces, et en revanche des retards des événements d’automne tels que la
fructification et la coloration des feuilles, de l’ordre de 1 jour par décennie. Ces changements
phénologiques ont d’importantes conséquences sur les chaînes trophiques, la dynamique des
communautés animales et végétales, le fonctionnement des écosystèmes, et même la
répartition géographique des espèces. Ainsi, de nombreuses études tentent de modéliser la
phénologie de la végétation et des espèces animales afin de pouvoir estimer les conséquences
que le changement climatique aura sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes.
Modéliser un système nécessite de bien le connaître. C’est pourquoi de nombreux
programmes de recherche et observatoires sur la phénologie ont vu le jour ces dix dernières
années.