WHO/HTM/TB/2004.329 TB/VIH MANUEL CLINIQUE Seconde édition Département Halte à la Tuberculose Département VIH/SIDA Département Santé et développement de l’enfant et de l’adolescent Organisation mondiale de la Santé Genève Equipe de rédaction: Anthony Harries Conseiller du Programme national de lutte antituberculeuse, Lilongwe (Malawi) Dermot Maher Département Halte à la Tuberculose, Organisation mondiale de la Santé, Genève (Suisse) Stephen Graham Wellcome Trust Research Laboratories, Blantyre (Malawi) et Liverpool School of Tropical Medicine, Liverpool (Angleterre) Avec la participation de: Mario Raviglione et Paul Nunn Département Halte à la Tuberculose Charles Gilks Département VIH/SIDA Shamim Qazi et Martin Weber Département Santé et développement de l’enfant et de l’adolescent Organisation mondiale de la Santé Eric van Praag Family Health International,Washington DC, Etats-Unis Avant-propos de: Dr JW Lee (deuxième édition) Sir John Crofton (première édition) Remerciements: Nous tenons à remercier pour leurs observations et leurs propositions Dr Kevin de Cock, le Dr Robert Colebunders, le Dr Peter Donald, le Dr Malgosia Grzemska, le Dr Fabio Scano, le Dr Robert Scherpbier, le Dr Jeffrey Starke et le Dr Mukund Uplekar qui a relu le manuscrit. $&OLQLFDO)UHQFKSGI Catalogage à la source: Bibliothèque de l’OMS TB/VIH: manuel clinique / équipe de rédaction: Anthony Harries, Dermot Maher et Stephen Graham. Deuxième édition. 1. Tuberculose, pulmonaire 2. Tuberculose 3. Infections par le VIH 4. Infections opportunistes liées au SIDA 5. Antituberculeux 6. Antirétroviraux 7. Prestation des soins de santé, intégrée 8. Manuels I. Harries, Anthony II. Maher, Dermot III. Graham, Stephen. ISBN 92 4 154634 4 (Classification NLM:WF 200) © Organisation mondiale de la Santé 2005 Tous droits réservés. Pour se procurer les publications de l’Organisation mondiale de la Santé, s’adresser à l’équipe Marketing et diffusion, Organisation mondiale de la Santé, 20 avenue Appia, 1211 Genève 27 (Suisse) (téléphone: +41 22 791 2476; télécopie: +41 22 791 4857; adresse électronique: [email protected]). Les demandes relatives à la permission de reproduire ou de traduire des publications de l’OMS – que ce soit pour la vente ou une diffusion non commerciale – doivent être envoyées à l’unité Publications, à l’adresse ci-dessus (télécopie: +41 22 791 4806; adresse électronique: [email protected]). Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation mondiale de la Santé aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les lignes en pointillé sur les cartes représentent des frontières approximatives dont le tracé peut ne pas avoir fait l’objet d’un accord définitif. La mention de firmes et de produits commerciaux n’implique pas que ces firmes et ces produits commerciaux sont agréés ou recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé, de préférence à d’autres de nature analogue. Sauf erreur ou omission, une majuscule initiale indique qu’il s’agit d’un nom déposé. L’Organisation mondiale de la Santé ne garantit pas l’exhaustivité et l’exactitude des informations contenues dans la présente publication et ne saurait être tenue responsable des dommages éventuels résultant de leur utilisation. Les opinions exprimées dans la présente publication n’engagent que les auteurs cités nommément. Imprimé en Chine $&OLQLFDO)UHQFKSGI TABLE DES MATIÈRES Avant-propos de la seconde édition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 Avant-propos de la première édition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12 Préface de la seconde édition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 Glossaire et abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 1. Informations générales sur la tuberculose et le VIH . .23 1.1 1.1.1 1.1.2 La tuberculose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 Données de base sur la TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 Pathogénie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25 1.2 1.2.1 1.2.2 1.2.3 1.2.4 1.2.5 1.2.6 1.2.7 1.2.8 Virus de l’immunodéficience humaine . . . . . . . . . . . . . . . .28 Introduction: le VIH et le SIDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 Epidémiologie du VIH et du SIDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 Transmission du VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29 Prévention de la transmission du VIH dans les unités de soins 29 Immunopathogénie de l’infection par le VIH . . . . . . . . . . . .31 Evolution naturelle de l’infection par le VIH . . . . . . . . . . . .31 Définition des stades cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33 Surveillance épidémiologique du SIDA . . . . . . . . . . . . . . . .35 1.3 1.3.1 1.3.2 1.3.3 1.3.4 1.3.5 1.3.6 1.3.7 Tuberculose liée au VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37 Epidémiologie de la co-infection par le VIH et M. tuberculosis . .37 Infections par le VIH et risque de tuberculose . . . . . . . . . . .37 La tuberculose pendant l’évolution de l’infection par le VIH . . .38 Conséquences de la co-infection par le VIH et M. tuberculosis .38 Impact du VIH sur la lutte antituberculeuse . . . . . . . . . . . . .38 Schémas d’évolution de la TB liée au VIH . . . . . . . . . . . . . . .39 Impact de la TB sur le VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40 2 Cadre élargi d’une lutte antituberculeuse efficace . .43 2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 2.2 2.2.1 2.2.2 Eléments du cadre élargi de la lutte antituberculeuse . . . . .44 Objectifs de la lutte antituberculeuse . . . . . . . . . . . . . . . . . .44 Cibles assignées à la lutte antituberculeuse (guérison et dépistage des cas) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44 Train de mesures pour la lutte antituberculeuse (la stratégie DOTS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45 2.2.3 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 3 2.2.4 2.2.5 Activités essentielles pour la mise en application de la stratégie DOTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46 Indicateurs pour mesurer la progression vers la maîtrise de la tuberculose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47 2.3 Traitement sous supervision directe . . . . . . . . . . . . . . . . . .48 2.4 Tuberculose-VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49 2.5 DOTS-Plus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49 3 Diagnostic de la tuberculose pulmonaire chez l’adulte . 53 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 3.10 Méthodes de diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53 Tableau clinique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54 Diagnostic à partir des frottis d’expectoration . . . . . . . . . .55 Diagnostic différentiel de la TB pulmonaire . . . . . . . . . . . .58 Diagnostic par la radiographie thoracique . . . . . . . . . . . . .60 Anomalies des clichés radiologiques en cas de TB pulmonaire 60 Diagnostic différentiel à l’examen radiologique . . . . . . . . .61 Rôle de la culture pour le diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . .62 Septicémie et TB concomitante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .62 Comment distinguer la TB pulmonaire d’autres affections pulmonaires liées au VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .62 4 Diagnostic de la tuberculose pulmonaire chez l’enfant . 67 4.1 4.2 Epidémiologie de la TB chez l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67 En quoi la tuberculose de l’enfant diffère-t-elle de celle de l’adulte? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69 Méthode de diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70 Système de notation pour le diagnostic de la TB chez l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73 L’intradermoréaction à la tuberculine . . . . . . . . . . . . . . . . . .74 Décision de commencer le traitement antituberculeux chez l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .75 Impact du VIH sur le diagnostic de la TB chez l’enfant . . . .76 Diagnostic différentiel de la TB pulmonaire chez un enfant infecté par le VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77 Prise en charge des enfants en contact avec des adultes contagieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .78 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9 5 Diagnostic de la tuberculose extrapulmonaire chez l’adulte et l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 5.1 5.2 Méthode de diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83 Tuberculose ganglionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83 4 $&OLQLFDO)UHQFKSGI TABLE DES MATIÈRES 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 Tuberculose miliaire (disséminée) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86 Tuberculoses des séreuses (épanchement pleural, péricardique, ascite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .87 Méningite tuberculeuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94 Autres formes de TB extrapulmonaire . . . . . . . . . . . . . . . .96 Informations complémentaires sur la TB de la colonne vertébrale, du tube digestif et du foie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .98 6 Diagnostic du VIH chez l’adulte atteint de tuberculose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 6.1 Reconnaissance clinique de l’infection par le VIH chez un sujet atteint de TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 6.2 6.2.1 6.2.2 6.2.3 Recherche du VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102 Recherche des anticorps anti-VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102 Recherche du virus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .103 Objectifs de la recherche d’anticorps anti-VIH chez les sujets atteints de TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .104 Stratégie de la recherche des anticorps anti-VIH chez les sujets atteints de TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .104 Diagnostic de l’infection par le VIH chez les sujets atteints de TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .105 6.2.4 6.2.5 6.3 Le conseil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 7 Diagnostic du VIH chez l’enfant tuberculeux. . . . . . 111 7.1 Reconnaissance clinique de l’infection par le VIH chez l’enfant tuberculeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .111 Dépistage du VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112 Conseils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .113 7.2 7.3 8 Définition des cas de tuberculose et des catégories de traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 8.1 8.1.1 8.1.2 8.1.3 Définition des cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .117 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .117 Questions et réponses à propos des définitions de cas . .117 Définition des cas selon le siège de la maladie et le frottis d’expectoration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .118 Catégories de patient pour l’enregistrement au moment du diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .119 8.1.4 8.2 Classement des diagnostics en catégories . . . . . . . . . . . . . 120 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 5 9 Prise en charge des cas de tuberculose. . . . . . . . . . . 123 9.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 9.2 Mode d’action des médicaments antituberculeux . . . . . . . 125 9.3 9.3.1 9.3.2 9.3.3 9.3.4 9.3.5 Schémas thérapeutiques antituberculeux . . . . . . . . . . . . .126 Nouveaux cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .126 Retraitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .127 Codification des schémas thérapeutiques antituberculeux .127 Schémas thérapeutiques recommandés . . . . . . . . . . . . . . .128 Utilisation de la streptomycine dans les zones à forte prévalence du VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .129 Utilisation des antituberculeux chez l’enfant . . . . . . . . . . .129 9.3.6 9.4 Schémas thérapeutiques antituberculeux: questions et réponses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 9.5 Utilisation des médicaments antituberculeux dans certains cas particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 9.6 Rôle de la corticothérapie adjuvante: questions et réponses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 9.7 9.7.1 9.7.2 9.7.3 Suivi des malades en cours de traitement . . . . . . . . . . . . .135 Suivi des malades atteints de TBP à frottis positif . . . . . . .135 Enregistrement des résultats du traitement . . . . . . . . . . .136 Etudes de cohorte: questions et réponses . . . . . . . . . . . .137 9.8 Réaction des cas de TB VIH-positifs au traitement antituberculeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 10 Effets secondaires des médicaments antituberculeux . 141 10.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 10.2 Prévention des effets secondaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 10.3 Où prendre en charge les effets indésirables? . . . . . . . . . 141 10.4 Quand arrêter les antituberculeux? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 10.5 10.5.1 Effets secondaires des antituberculeux. . . . . . . . . . . . . . . . 142 Effets secondaires des antituberculeux chez les malades VIH-positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .143 6 $&OLQLFDO)UHQFKSGI TABLE DES MATIÈRES 10.6 Prise en charge des effets secondaires des médicaments en fonction des symptômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 10.7 10.7.1 10.7.2 Prise en charge des prurits et des réactions cutanées . . .145 Schémas thérapeutiques comprenant la thioacétazone . .145 Schémas thérapeutiques sans la thioacétazone . . . . . . . . .146 10.8 Désensibilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 10.9 Prise en charge de l’hépatite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 11 Thérapie antirétrovirale contre l’infection par le VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 11.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 11.2 Médicaments antirétroviraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 11.3 Principes de la thérapie antirétrovirale. . . . . . . . . . . . . . . . 151 11.4 Principes de l’approche de la santé publique pour ces traitements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 11.5 11.5.1 11.5.2 Début de la thérapie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .152 Adultes et adolescents présentant une infection avérée par le VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .152 Nourrissons et enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .152 11.6 11.6.1 11.6.2 Posologies recommandées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154 Adultes et adolescents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154 Enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154 11.7 11.7.1 11.7.2 Choix du schéma thérapeutique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .161 Adultes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .161 Enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .162 11.8 Contrôle de l’efficacité du traitement . . . . . . . . . . . . . . . . 163 11.9 Effets secondaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 11.10 Interactions entre les ARV et les médicaments pour éviter ou traiter les infections opportunistes . . . . . . . . . . 165 11.11 11.11.1 11.11.2 11.11.3 Antirétroviraux et traitements antituberculeux . . . . . . . .165 Interactions médicamenteuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .165 Traitement concomitant de la TB et du VIH . . . . . . . . . . .165 Syndrome de reconstitution immunitaire . . . . . . . . . . . . .166 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 7 11.11.4 Options pour le traitement antirétroviral chez les patients tuberculeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .166 12 Traitement et prévention des autres affections liées au VIH chez les patients tuberculeux VIH-positifs . . . 169 12.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 12.2 Maladies liées au VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 12.3 12.3.1 12.3.2 Infections sexuellement transmissibles . . . . . . . . . . . . . . .170 Prise en charge des syndromes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 Schémas thérapeutiques pour les IST courantes . . . . . . .171 12.4 Problèmes cutanés et buccaux 12.5 12.5.1 12.5.2 Problèmes respiratoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .178 Chez l’adulte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .178 Chez l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .180 12.6 12.6.1 12.6.2 12.6.3 Problèmes digestifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .180 Dysphagies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .180 Diarrhées de l’adulte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .182 Diarrhées de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .184 12.7 12.7.1 12.7.2 12.7.3 12.7.4 12.7.5 12.7.6 Problèmes neurologiques de l’adulte . . . . . . . . . . . . . . . . .184 Etats confusionnels aigus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .185 Modifications chroniques du comportement . . . . . . . . . .185 Céphalées persistantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .186 Troubles de la locomotion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .187 Altérations de la vision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .188 Sensations de brûlures dans les pieds . . . . . . . . . . . . . . . .188 12.8 Problèmes neurologiques courants chez l’enfant . . . . . . .189 12.9 12.9.1 12.9.2 Fièvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189 Méthode de prise en charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189 Infections généralisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190 12.10 Autres problèmes liés au VIH 12.11 12.11.1 12.11.2 12.11.3 12.11.4 12.11.5 Prévention des infections opportunistes liées au VIH . . . .193 Mesures générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .193 Vaccinations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .193 Chimioprophylaxie primaire chez l’adulte . . . . . . . . . . . . .194 Chimioprophylaxie primaire chez l’enfant . . . . . . . . . . . . .195 Chimioprophylaxie secondaire chez l’adulte . . . . . . . . . . .195 8 $&OLQLFDO)UHQFKSGI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .173 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .191 TABLE DES MATIÈRES 13 Coordination des soins dans leurs divers cadres . . 199 13.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 13.2 Elargissement du champ d’application de la nouvelle méthode pour faire baisser la charge de la TB-VIH . . . . .199 13.3 Orientation vers les services locaux de soins pour le VIH/SIDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .200 13.4 Avantages de l’appui des services locaux de soins pour le VIH/SIDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .201 13.5 13.5.1 13.5.2 13.5.3 13.5.4 Cadre pour les soins du VIH/SIDA qui intègre les interventions contre la tuberculose . . . . . . . . . . . . . . . . .201 Soins à domicile et dans la communauté . . . . . . . . . . . . .201 Soins de santé primaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .202 Soins de santé au niveau secondaire . . . . . . . . . . . . . . . . .203 Soins de santé au niveau tertiaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . .204 13.6 13.6.1 13.6.2 Le secteur privé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .206 Médecins privés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .206 Tradipraticiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .206 13.7 Recherche opérationnelle visant à intégrer davantage les soins et la prévention de la tuberculose et du VIH/SIDA .206 Promotion des services de conseil et de dépistage volontaire du VIH pour l’amélioration des soins de la tuberculose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .207 Approche pratique de la santé pulmonaire . . . . . . . . . . . .207 13.7.1 13.7.2 14 Prévention de la tuberculose chez les personnes infectées par le VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 14.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 14.2 Protection des personnes VIH-positives contre l’exposition à la TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .209 Amélioration du milieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210 Masques de protection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210 Education des malades . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210 Cas suspects de TBP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .211 Malades ayant une TBP à frottis positif . . . . . . . . . . . . . . .211 Malades ayant une tuberculose à bacilles multirésistants (TB-MR) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .211 14.2.1 14.2.2 14.2.3 14.2.4 14.2.5 14.2.6 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 9 14.3 14.3.1 14.3.2 14.3.3 14.3.4 Rôle du BCG dans la prophylaxie de la tuberculose chez les personnes infectées par le VIH . . . . . . . . . . . . . .212 Considérations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .212 Protection induite par le BCG chez les enfants infectés par le VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .212 Sécurité d’emploi du BCG chez les enfants infectés par le VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .212 Politique recommandée par l’OMS à propos du BCG et du VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .213 14.4 Rôle du programme élargi de vaccination (PEV) 14.5 14.5.1 14.5.2 Traitement préventif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .213 Groupes ciblés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .214 Rôle du traitement préventif à l’isoniazide chez les personnes VIH-positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .216 Recommandations de l’OMS et de l’ONUSIDA pour le traitement préventif de la tuberculose chez les personnes VIH-positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .216 14.5.3 . . . . . . .213 Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221 10 $&OLQLFDO)UHQFKSGI TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS DE LA SECONDE ÉDITION L’OMS s’est engagée à ce que la santé publique fasse de grands progrès dans le monde. En ce qui concerne la tuberculose, l’objectif est de parvenir à l’échelle mondiale à un taux de guérison de 85% et un taux de dépistage de 70% d’ici à 2005. Pour le virus de l’immunodéficience humaine, il s’agit d’arriver à fournir, dans les mêmes délais, le traitement antirétroviral à 3 millions de personnes dans les pays en développement. Les objectifs du Millénaire pour le développement visent à une amélioration de la santé des enfants et de la lutte contre les maladies transmissibles prioritaires (dont la tuberculose et le VIH) d’ici à 2015. Les progrès dans les soins de la co-infection par la tuberculose et le VIH contribueront à atteindre ces objectifs. Les médecins ont un rôle essentiel à jouer, non seulement pour les soins de leurs patients, mais aussi pour la santé publique. Dans le cadre de la santé publique, la lutte contre la tuberculose repose sur la qualité des soins, qui passe entre autres par l’identification des patients et un traitement efficace. La prévention du VIH se fonde, quant à elle, sur la nécessité d’augmenter la proportion de personnes infectées qui choisissent de connaître leur statut. Les résultats positifs d’un test de dépistage du VIH devraient s’accompagner d’un accès à des soins de qualité. Il est essentiel de renforcer la confiance des communautés dans ces soins, ce qui améliorera l’acceptation du dépistage. Le présent manuel donne des indications pratiques sur les soins à apporter aux patients de tous âges infectés par le VIH: traitement de l’infection avec les antirétroviraux et des maladies qui s’y associent, dont la tuberculose. Les épidémies de tuberculose et de VIH se superposent. Pour les médecins, les patients sont au cœur des actions de santé publique pour lutter contre la double infection. Ils sont par exemple en général en bonne position pour proposer aux patients tuberculeux le dépistage volontaire du VIH et les conseils qui vont de pair. Lorsque ces patients découvrent qu’ils sont séropositifs, leurs médecins sont bien placés pour veiller soit directement, soit en les orientant vers les services appropriés, à ce qu’ils reçoivent effectivement le prestations à vie dont ils ont besoin. Ces prestations doivent comprendre: le traitement de l’infection par le VIH, la prévention et le traitement des maladies liées au VIH, un soutien pour diminuer le risque de transmission du VIH, une aide psychologique et sociale. Le présent manuel donne des indications précieuses aux médecins pour soigner les patients co-infectés par la tuberculose et le VIH. Leurs efforts sont indispensables pour atteindre collectivement les objectifs mondiaux de la santé publique. Dr JW Lee Directeur général, Organisation mondiale de la Santé Genève (Suisse) 11 $&OLQLFDO)UHQFKSGI AVANT-PROPOS DE LA PREMIÈRE ÉDITION Les médecins et le personnel soignant travaillant en Afrique subsaharienne seront impressionnés par le nombre de malades atteints de tuberculose et par l’épidémie de l’infection par le VIH et son effet qui accroît de manière dramatique l’impact de la tuberculose. Ils apprendront que, chez bien des sujets, le développement d’une tuberculose clinique est le premier signe d’une infection par le VIH sousjacente. Cet excellent ouvrage est conçu pour le praticien très occupé. Il résume les caractéristiques des deux maladies, leurs interactions et met notamment l’accent sur les problèmes cliniques du diagnostic et de la prise en charge des adultes comme des enfants. Il résume les autres affections liées au VIH que le clinicien est susceptible de rencontrer chez les patients atteints par la tuberculose et le VIH. Passant en revue le problème d’une manière très utile pour ceux qui n’y ont pas encore fait face, il constitue également un ouvrage de référence commode pour le praticien expérimenté rencontrant une difficulté particulière. Bien présenté, il est facile à utiliser. Le traitement moderne de la tuberculose chez les sujets infectés par le VIH réussit très bien.A côté du bénéfice qu’en tire le malade, il réduit le risque d’extension de la tuberculose aux familles et à la communauté. D’autres traitements contribuent à soulager ou à guérir les malades des autres affections liées au VIH. Le présent ouvrage en propose un bon résumé. Il est également un guide en matière de conseil et de coopération interinstitutions, deux éléments essentiels de la prise en charge de la tuberculose associée au VIH. Les problèmes énormes posés par le VIH et la tuberculose en Afrique subsaharienne prennent une acuité croissante en Asie et en Amérique du Sud, où cet ouvrage devrait se révéler également très utile. Je tiens à féliciter l’OMS pour avoir décidé de produire ce livre de grande valeur et les auteurs pour l’imagination et le sens pratique dont ils ont fait preuve dans la manière de présenter les problèmes et leur prise en charge. Sir John Crofton Professeur émérite sur les maladies respiratoires et la tuberculose Université d’Edimbourg (Ecosse) 12 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRÉFACE DE LA SECONDE ÉDITION La reconnaissance des conséquences du VIH sur la prise en charge clinique de la tuberculose a incité l’OMS à publier la première version de ce manuel en 1996. En réponse à la demande, il a été adapté aux différentes régions et traduit dans de nombreuses langues. Il a été distribué à plus de 100 000 exemplaires. Les atouts et les faiblesses de la première édition, de même que l’évolution des connaissances dans le domaine de la co-infection TB-VIH, ont suscité l’élaboration d’une seconde édition. Nous avons accordé une attention accrue à la nécessité pour les programmes nationaux de lutte antituberculeuse d’assurer des soins de qualité aux enfants atteints par la tuberculose. La présente édition donne donc des principes plus approfondis pour les prendre en charge. Le VIH alimente l’épidémie de la tuberculose dans les populations où ces deux infections coexistent. L’intensité de la transmission de Mycobacterium tuberculosis augmente le nombre de personnes infectées par le VIH qui sont exposées, puis infectées par le bacille. Dans les populations où la prévalence du VIH est élevée, de nombreuses personnes VIH-positives développent la tuberculose et de nombreux patients tuberculeux sont co-infectés par le VIH. Mais à l’heure actuelle, seule une petite proportion de tous les sujets infectés par le VIH ont accès aux thérapies antirétrovirales. Toutefois cette proportion devrait rapidement augmenter cependant et les médecins qui soignent la tuberculose doivent se familiariser avec ces traitements. Pour toutes ces raisons, nous avons inclus dans cette édition un nouveau chapitre sur les médicaments antirétroviraux. Le nouveau cadre élargi de la lutte antituberculeuse et le cadre stratégique de lutte contre la co-infection TB-VIH reprennent l’évolution de la politique antituberculeuse depuis 1996. Le Chapitre 2 intègre ces nouvelles directives. Avec les changements mentionnés ci-dessus, le présent manuel donne des conseils actualisés sur la prise en charge des patients co-infectés par la tuberculose et le VIH. Cet ouvrage est destiné avant tout aux médecins et aux autres professionnels de la santé qui travaillent dans les hôpitaux de district et dans les centres de santé des pays où le VIH et la tuberculose ont des 13 $&OLQLFDO)UHQFKSGI prévalences élevées. Il s’agit principalement de l’Afrique subsaharienne, cette région étant la plus sévèrement touchée par le VIH et la tuberculose liée au VIH. Nous espérons cependant qu’il pourra aussi être utile dans d’autres parties du monde, confrontées aux mêmes problèmes. Les équipements varient d’un hôpital et d’un centre de santé à l’autre. Dans le cadre de ce manuel, nous sommes partis du principe que votre établissement disposait d’un petit laboratoire et d’un service de radiologie mais, même si ce n’est pas le cas, l’ouvrage garde son utilité. Les professionnels de la santé qui soignent des patients tuberculeux doivent savoir comment diagnostiquer et traiter la TB, connaître les principes du diagnostic et du traitement de l’infection à VIH et de l’autres affections qui lui sont associées. Le présent manuel vous aidera dans cette tâche. Entrant dans la poche d’une blouse blanche, vous pouvez utiliser le présent manuel lors de la visite des patients hospitalisés, au cabinet ou au cours des consultations à domicile. Il est cependant impossible d’inclure dans un ouvrage de cette taille toutes les informations que vous pourriez souhaiter sur la tuberculose chez les personnes infectées par le VIH. C’est pourquoi nous proposons à la fin de chaque chapitre des références complémentaires: livres, matériel d’information générale, revues ou articles récemment parus. Le français n’étant pas obligatoirement la langue maternelle de nombre des utilisateurs du présent manuel, nous avons délibérément adopté un style simple. Nous serons heureux de recevoir vos observations sur cet ouvrage que vous pourrez envoyer à l’OMS. Elles nous serviront à améliorer les éditions à venir. De nombreuses références sont des publications de l’OMS. Pour en commander des exemplaires, veuillez prendre contact avec Marketing et diffusion, Organisation mondiale de la Santé, 1211 Genève 27, Suisse. 14 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRÉFACE DE LA SECONDE ÉDITION GLOSSAIRE ET ABRÉVIATIONS Sont expliqués ici les abréviations ou acronymes et certains des termes employés dans le présent ouvrage. abandon ADF AGP agranulocytose AINS anorexie antibiogramme ARC ARN ART ARV BAAR bacille mutant bactéricide bactériostatique BCG blocage médullaire bronchectasie bubon caséification CBD CDC CDV cellules CD4 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI sujet arrêtant la prise des médicaments avant la fin du traitement association à dose fixe adénopathie généralisée persistante absence de leucocytes polynucléaires anti-inflammatoire non stéroïdien perte de l’appétit test pour établir la sensibilité du bacille tuberculeux ou sa résistance aux médicaments antituberculeux AIDS related complex, syndrome associé au SIDA, pré-SIDA, para-SIDA acide ribonucléique thérapie antirétrovirale médicament antirétoviral bacille acido-alcoolorésistant bacille présentant une modification génétique soudaine qui le différencie du reste de la population bacillaire détruit les bactéries inhibe la multiplication des bactéries Bacille de Calmette-Guérin obstruction à la circulation normale du LCR le long de la moelle épinière (arachnoïdite spinale) dilatation irréversible des bronches avec infection permanente des expectorations tuméfaction d’un ganglion contenant du pus dégradation tissulaire due au bacille de la tuberculose, aboutissant à la formation d’une matière jaune blanchâtre ressemblant à du fromage (caseum) chimiothérapie de brève durée Centers for Disease Control and Prevention (Etats-Unis) conseil et dépistage volontaire (du VIH) sous-groupe de lymphocytes T porteurs d’antigènes CD4 15 chimiothérapie CMV co-infection (infection mixte) coloration ZN conjonctivite phlycténulaire conseil contacts cotrimoxazole dactylite désensibilisation traitement avec des médicaments: la chimiothérapie antituberculeuse signifie ainsi le traitement par des médicaments antituberculeux cytomégalovirus infection simultanée par différents germes pathogènes, par exemple M. tuberculosis et le VIH coloration de Ziehl-Neelsen réaction douloureuse d’hypersensibilité de la conjonctive à la tuberculose primaire, se manifestant par une irritation et de petites taches rouges à la jonction de la cornée et de la sclérotique dialogue par lequel une personne (le conseiller) aide son interlocuteur (le malade ou le client) à prendre des décisions et à agir en fonction de celles-ci personnes (souvent les membres de la famille) vivant auprès d’un sujet tuberculeux et risquant de contracter l’infection tuberculeuse triméthoprime / sulfaméthoxazole (TMP/SMX) inflammation des doigts manière de vaincre l’hypersensibilité à un médicament en ré-exposant progressivement le sujet à ce médicament gêne respiratoire test immunoenzymatique accumulation de liquide dans le péricarde dyspnée EIA épanchement péricardique épanchement pleural accumulation de liquide dans l’espace pleural érythème noueux nodules rouges, douloureux, sensibles sur l’avant des jambes exsudat liquide à forte teneur en protéine et avec beaucoup de cellules inflammatoires dans une zone malade faux négatif résultat négatif d’un test alors qu’il devrait être positif faux positif résultat positif d’un test alors qu’il devrait être négatif fluorochromes colorants prenant un éclat brillant à la lumière ultraviolette frottis négatif absence de BAAR dans un frottis réalisé à partir des expectorations (crachat) d’un malade et observé au microscope frottis positif présence de BAAR dans un frottis réalisé à partir des expectorations (crachat) d’un malade et observé au microscope 16 $&OLQLFDO)UHQFKSGI GLOSSAIRE ET ABRÉVIATIONS GDF dispositif mondial pour l'approvisionnement en médicaments antituberculeux gibbosité angle de la colonne vertébrale dû à un effondrement provoqué par la tuberculose hémoptysie expectorations mêlées de sang HEPA filtres HEPA (High Efficiency Particulate Air) hilaire en rapport avec le hile hile partie médiane de la face interne des poumons contenant les grosses bronches, les artères et les veines pulmonaires IEC information, éducation, communication IM injection par voie intramusculaire immunosuppresseur médicament supprimant l’immunité normale incidence nombre de cas nouveaux d’une maladie dans une population pendant une période donnée (en général un an) induration épaississement, par exemple de la peau, lors du test à la tuberculine infection opportuniste infection qui "profite" de la faiblesse des défenses immunitaires d’une personne pour provoquer une maladie INNTI inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse INTI inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse IP inhibiteurs de la protéase IST infection sexuellement transmissible ITI inhibiteur de la transcriptase inverse ITI nucléotidique inhibiteur nucléotidique de la transcriptase inverse latent se dit de quelque chose qui est présent sans se manifester (mais qui peut se manifester ultérieurement) LCR liquide céphalo-rachidien lésion zone d’altération d’un tissu ou d’un organe LME liste des médicaments essentiels LMP leucoencéphalopathie multifocale progressive lymphocytes T lymphocytes responsables de l’immunité à médiation cellulaire MAC complexe M. avium intracellulare (l’une des mycobactéries atypiques) malade TB-VIH tuberculeux infecté par le VIH TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 17 méningisme présence de symptômes évoquant la méningite, par exemple des céphalées, la raideur du cou, le signe de Kernig monothérapie traitement avec un seul médicament mutation modification génétique soudaine ayant par exemple comme résultat de rendre un bacille résistant aux médicaments mycobactérie atypique mycobactérie n’occasionant pas la tuberculose nourrisson enfant de moins de 12 mois NS numération sanguine complète observance du le sujet prend ses médicaments comme ils lui ont traitement été prescrits OMS Organisation mondiale de la Santé ONG organisation non gouvernementale pathogénie mécanisme de développement d’une maladie PCIME prise en charge intégrée des maladies de l'enfant période muette période de trois mois environ entre la contamination d’une personne par le VIH et l’apparition des anticorps dans le sang PEV Programme élargi de Vaccination PIL pneumonie interstitielle lymphoïde PNAT programme national de lutte antituberculeuse pneumothorax accumulation d’air dans l’espace pleural PPC pneumonie à Pneumocystis cariini (désormais appelé Pneumocystis jiroveci) PPD tuberculine purifiée - dérivé protéique purifié (Purified Protein Derivative) PVJ pression veineuse jugulaire (jugulogramme) PVS personnes vivant avec le VIH/SIDA quiescent inactif, dormant, en sommeil réaction réaction immunologique même à une petite d’hypersensibilité quantité d’un médicament ou d’un autre antigène, par exemple la tuberculine rechute maladie se manifestant de nouveau, après que le patient a été déclaré guéri résistance acquise résistance de M. tuberculosis à des médicaments antituberculeux chez un malade qui a déjà été traité contre la tuberculose résistance initiale résistance de M. tuberculosis à des médicaments antituberculeux chez un malade qui n’en a jamais pris auparavant schéma thérapeutique un ou plusieurs médicaments donnés à une certaine posologie pendant une durée déterminée 18 $&OLQLFDO)UHQFKSGI GLOSSAIRE ET ABRÉVIATIONS scrofule séroconversion ganglion lymphatique tuberculeux dans le cou apparition des anticorps anti-VIH dans le sang, normalement trois mois après la contamination SIDA syndrome d’immunodéficience acquise SK sarcome de Kaposi SL syndrome de Lyell (épidermolyse nécrosante suraiguë) SNC système nerveux central soins à domicile soins d’un patient à domicile plutôt qu’à l’hôpital SSP soins de santé primaires statut VIH présence ou absence du VIH suspicion de TBP sujet présentant des manifestations cliniques évoquant pour l’agent de santé une tuberculose pulmonaire, en particulier une toux pendant plus de trois semaines syndrome groupe de signes et symptômes syndrome diarrhée chronique liée au VIH et s’accompagnant d’amaigrissement d’une perte de poids (syn.: "maladie de la maigreur") syndrome de éruption caractéristique avec des lésions "en Stevens-Johnson cocarde" et une inflammation des muqueuses TAHA traitement antirétroviral hautement actif TB tuberculose TB liée au VIH Tuberculose survenant chez une personne infectée par le VIH TBEP tuberculose extrapulmonaire (en dehors des poumons) TB-MR tuberculose à bacilles multirésistants TBP tuberculose pulmonaire TB-VIH infection simultanée (co-infection) par le bacille tuberculeux et le VIH TDM tomodensitométrie (scanner) test VIH recherche des anticorps anti-VIH dans le sang TFH tests de la fonction hépatique thrombopénie diminution du nombre des plaquettes dans le sang TMP-SMX triméthoprime-sulfaméthoxazole traitement adjuvant en addition à un autre traitement traitement empirique traitement d’une pathologie sans avoir la confirmation du diagnostic par des tests traitement préventif traitement destiné à prévenir la maladie, par (prophylaxie) exemple l’isoniazide en prophylaxie de la tuberculose dans certains cas TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 19 TSD tubercules tuberculine tuberculome UICTMR UNICEF VGM VIH VIH-négatif VIH-positif 20 $&OLQLFDO)UHQFKSGI traitement sous supervision directe (= DOT directly observed treatment dans la stratégie DOTS: un auxilliaire s’assure, en le surveillant, que le patient avale bien les comprimés prescrits) petites lésions arrondies tuberculeuses protéine extraite du bacille tuberculeux (PPD) lésion tuberculeuse arrondie de 1 cm ou plus de largeur Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires Fonds des Nations Unies pour l’enfance volume globulaire moyen virus de l’immunodéficience humaine absence d’anticorps anti-VIH présence d’anticorps anti-VIH GLOSSAIRE ET ABRÉVIATIONS INTRODUCTION En l’absence de traitement, l’infection par le VIH entraîne une immunodéficience progressive s’accompagnant d’une sensibilité de plus en plus grande aux infections, dont la tuberculose. Le VIH alimente l’épidémie de TB dans de nombreux pays, notamment en Afrique subsaharienne mais aussi, de plus en plus, en Asie et en Amérique du Sud. Dans les populations à forte prévalence du VIH, la TB est une cause majeure de morbidité et de mortalité. Les programmes de lutte contre ces deux maladies ont donc des préoccupations communes. La prévention du VIH doit être une priorité de la lutte antituberculeuse, de même que le traitement et la prévention de la TB doivent aussi l’être pour les programmes de lutte contre le VIH/SIDA. Dans les deux cas, ces programmes fournissent un appui au personnel des services de santé généraux mais, jusqu’à présent, ils ont suivi en grande partie des voies séparées. La nouvelle méthode de lutte antituberculeuse dans les populations à forte prévalence du VIH requiert désormais la collaboration entre ces programmes. L’infection par le VIH accroît la pression sur les programmes qui s’occupent de la TB et se trouvent confrontés à un nombre croissant de cas. Le VIH a pour effet de révéler toutes les faiblesses des programmes de lutte antituberculeuse. L’augmentation du nombre de cas suspects surcharge les services de diagnostic. Les tuberculoses extrapulmonaires et les tuberculoses pulmonaires à frottis négatif, plus difficiles à diagnostiquer, représentent une proportion plus grande des cas. On observe plus de réactions indésirables aux médicaments. La morbidité et la mortalité augmentent, en partie à cause d’autres infections liées au VIH que l’on peut guérir. Le risque de rechute est plus élevé. Si le diagnostic de la TB a toujours été difficile chez l’enfant, il se complique encore en présence du VIH. Les programmes de lutte antituberculeuse ont pour objectif de faire diminuer la morbidité, la mortalité et la transmission de la TB, tout en évitant l’apparition de pharmacorésistances. Jusqu’à présent, les efforts pour lutter contre la TB chez les personnes infectées par le VIH ont porté principalement sur la mise en œuvre de la stratégie DOTS. Le principe fondamental en est l’identification et la guérison des cas contagieux (parmi les patients se présentant dans les services de santé). On cible ainsi la dernière étape dans la séquence des événements qui font que le VIH alimente l’épidémie de TB, à savoir la transmission de M. tuberculosis par les cas contagieux. L’approche élargie de la lutte 21 $&OLQLFDO)UHQFKSGI antituberculeuse dans les populations à forte prévalence du VIH comprend des interventions contre les deux agents infectieux (on lutte en effet indirectement contre la TB en combattant le VIH). La mise en œuvre de cette approche repose sur la poursuite des activités essentielles des deux programmes avec, en outre, une collaboration sur des actions communes portant sur des domaines d’intérêt général: formation du personnel, éducation du public, approvisionnement en médicaments, dépistage et prise en charge des cas, surveillance. 22 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INTRODUCTION INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH I Le présent chapitre donne des informations générales sur la tuberculose (TB), le virus de l’immunodéficience humaine, le syndrome d’immunodéficience acquise et sur les liens entre eux. 1.1 LA TUBERCULOSE 1.1.1 Données de base sur la TB Mycobacterium tuberculosis La TB est une affection bactérienne causée par M. tuberculosis (et parfois par M. bovis ou M. africanum). Ces microorganismes sont également appelés bacilles “tuberculeux” (à cause des lésions qu’ils entraînent: des nodules ou “tubercules”), ou bacilles acido-alcoolorésistants (BAAR). Lors de l’examen au microscope des expectorations contenant des bacilles tuberculeux, ceux-ci apparaissent en rouge après l’application de certains colorants; c’est parce qu’ils sont acidorésistants (ils conservent le colorant même après rinçage à l’acide et à l’alcool). Le bacille tuberculeux peut rester inactif dans les tissus pendant de nombreuses années. Infection tuberculeuse et tuberculose L’infection est installée lorsqu’une personne est porteuse de bacilles tuberculeux dans son organisme, mais ceux-ci sont en petit nombre et demeurent quiescents. Les défenses immunitaires de l’organisme arrivent à les contrôler et ils ne provoquent pas de maladie. De nombreuses personnes sont porteuses de l’infection tout en restant apparemment en bonne santé. La tuberculose survient lorsqu’un ou plusieurs organes sont atteints, comme le montrent les symptômes et signes cliniques. A ce stade, les bacilles tuberculeux ont commencé à se multiplier dans l’organisme et sont devenus suffisamment nombreux pour faire échec aux défenses immunitaires. Sources de contamination La source de contamination la plus importante est le patient présentant une TB pulmonaire (TBP) qui tousse. En général, ce sujet donne des frottis positifs (voir Chapitre 3). La toux produit des gouttelettes (des particules de sécrétions respiratoires de moins de 5 µm de diamètre en général, renfermant le bacille tuberculeux), jusqu’à 3 000 à chaque fois que l’on tousse. Le fait de parler, d’éternuer, de cracher ou de chanter produit également ces gouttelettes qui peuvent rester longtemps en TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 23 suspension dans l’air. L’exposition à la lumière du soleil détruit le bacille tuberculeux (il suffit de 5 minutes), mais celui-ci peut survivre plusieurs heures dans l’obscurité. Ces gouttelettes sont tellement fines qu’elles traversent la barrière des bronches et pénètrent profondément jusque dans les alvéoles des poumons où le bacille est susceptible de se multiplier. Deux facteurs déterminent le risque de l’exposition pour un individu: la concentration de gouttelettes dans l’air contaminé et la durée pendant laquelle il respire cet air. On observe la tuberculose bovine dans certains pays. M. bovis, transmis par le lait, infecte les amygdales, se manifestant alors sous la forme d’une scrofule (adénite cervicale), ou les voies digestives en provoquant une tuberculose abdominale. Voies par lesquelles il n’y a pas de transmission de la TB La TB n’est pas transmise par les aliments, la boisson, les rapports sexuels, les transfusions sanguines ou les moustiques. Risque de contamination Au niveau individuel, il dépend de la durée de l’exposition aux particules en suspension et de la sensibilité personnelle. Il est donc élevé pour un individu sensible se trouvant longtemps à l’intérieur d’un local en contact rapproché avec une personne atteinte de TBP à frottis positif. Le risque contagieux avec une personne présentant une TBP à frottis négatif est faible, et il est encore plus faible s’il s’agit d’une TB extrapulmonaire (TBEP). Risque d’évolution vers la maladie La contamination peut se produire à n’importe quel âge. Une fois infecté par M. tuberculosis, l’individu le reste pour de nombreuses années et probablement la vie entière.Toutefois, les personnes contaminées par M. tuberculosis ne développent pas la tuberculose dans la grande majorité des cas (90%). Dans cette population asymptomatique mais infectée, l’intradermoréaction positive à la tuberculine constitue la seule possibilité de mettre en évidence l’infection. Les personnes contaminées peuvent développer la TB à n’importe quel moment. Si la plupart des tissus et organes peuvent être atteints, les poumons sont le plus souvent touchés. Le risque que la maladie apparaisse culmine après ré-infection, puis diminue régulièrement à mesure que le temps passe. Les nourrissons et les jeunes enfants contaminés ont un risque plus grand de développer la maladie en raison de l’immaturité de leur système immunitaire. Dans ce groupe d’âge 24 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH également, il y a une plus grande probabilité que la TB essaime des poumons à d’autres parties de l’organisme. En général, la maladie apparaît dans les deux ans qui suivent la contamination chez les enfants qui vont la développer. Cependant, elle reste silencieuse dans la plupart des cas pendant l’enfance mais peut encore apparaître à un âge ultérieur. Divers stress physiques ou émotionnels peuvent déclencher l’évolution de l’infection vers la maladie. L’un des plus importants facteurs en est l’affaiblissement de la résistance immunitaire, en particulier par le VIH. I Evolution naturelle de la TB en l’absence de traitement Au bout de 5 ans d’évolution et en l’absence de traitement, 50% des sujets atteints de TB meurent, 25% guérissent spontanément grâce à l’efficacité de leur système immunitaire, et 25% présentent une TB chronique contagieuse. Epidémiologie M. tuberculosis infecte un tiers de la population mondiale. En 2000, on a estimé le nombre des nouveaux cas dans le monde à 8,3 millions. C’est dans les pays en développement, où 75% des cas surviennent dans le groupe d’âge économiquement productif (15 à 50 ans), que l’on observe 95% des cas de TB et 98% des décès. En 2000, l’Afrique subsaharienne avait la plus forte incidence (290/100 000 par an) et la plus forte augmentation du nombre annuel des cas (6%). Cette même année, 1,8 million de personnes sont mortes de la TB, mais la mort peut aussi être attribuée au VIH pour 226 000 d’entre elles (12%). La TB est responsable de 25% des décès évitables dans les pays en développement. La recrudescence de la tuberculose infantile est la conséquence directe de l’augmentation du nombre d’adultes tuberculeux. La vaccination néonatale par le BCG a eu un effet limité dans les pays en développement. Les nourrissons et les jeunes enfants (moins de 5 ans) sont particulièrement exposés au risque d’infection et de maladie. A cause de la difficulté du diagnostic, notamment dans les régions où l’infection des enfants par le VIH est courante, il est difficile de déterminer avec précision la morbidité de la TB chez l’enfant. Le chapitre Chapitre 4 traite de ces questions d’une manière plus approfondie. 1.1.2 Pathogénie Primo-infection Elle se produit lors de la première exposition au bacille tuberculeux. Les noyaux infectieux des particules inspirées sont si petits qu’ils passent au travers des défenses mucociliaires des bronches et vont se loger dans TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 25 les alvéoles pulmonaires. L’infection débute par la multiplication des bacilles dans les poumons dans la zone où ils provoquent une lésion appelée “chancre d’inoculation”. La lymphe entraîne ensuite le bacille vers les ganglions hilaires. Le chancre d’inoculation et l’adénopathie hilaire constituent le complexe primaire. A partir de ce complexe, le bacille peut ensuite se répandre par voie sanguine dans tout le corps. La réaction immunitaire (hypersensibilité retardée et immunité cellulaire) se développe en 4 à 6 semaines après la primo-infection. La quantité de bacilles contaminant et la vigueur de la réaction immunitaire déterminent la suite des événements. Dans la plupart des cas le système immunitaire arrête la multiplication des bacilles; néanmoins quelques bacilles quiescents persistent. Seule l’intradermoréaction positive à la tuberculine met en évidence l’infection. Dans de rares cas, la réponse immunitaire ne suffit pas à empêcher la multiplication des bacilles et la maladie survient en quelques mois. Evolution de la primo-infection pas de maladie clinique intradermoréaction positive à la tuberculine (évolution habituelle: 90% des cas) réactions d’hypersensibilité par ex.: érythème noueux, conjonctivite phlycténulaire, dactylite complexe primaire complications pulmonaires et pleurales par ex.: tuberculose pulmonaire, trouble de la ventilation et opacité lobaire épanchement pleural maladie généralisée par ex.: adénopathie (cervicale en général), méningite, péricardite, tuberculose miliaire EN PRATIQUE L’évolution rapide vers une localisation intrathoracique de la maladie à la suite de la primo-infection tuberculeuse est plus courante chez les enfants de moins de 5 ans. La radiographie pulmonaire peut révéler une adénopathie intrathoracique et des infiltrations des poumons. 26 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH TB post-primaire Elle survient après une période de latence de plusieurs mois ou années après la primo-infection et se produit par réactivation ou par réinfection. La réactivation signifie que les bacilles restés inactifs dans les tissus pendant des mois ou des années après la primo-infection recommencent à se multiplier. L’affaiblissement du système immunitaire à cause de l’infection par le VIH est l’un des facteurs pouvant déclencher cette multiplication. La réinfection signifie qu’une personne ayant déjà fait une primo-infection est contaminée une nouvelle fois. I La réaction immunitaire du patient entraîne la formation d’une lésion pathologique, en général bien localisée avec souvent des destructions tissulaires étendues et la formation de cavités. La TB post-primaire touche habituellement les poumons mais peut concerner n’importe quelle partie de l’organisme. Ses caractéristiques sont les suivantes: destruction étendue des poumons avec présence de cavités, frottis positif, atteinte du lobe supérieur, habituellement pas d’adénopathie intrathoracique. Ce sont ces sujets qui constituent la principale source d’infection dans la collectivité. TB post-primaire TB pulmonaire ex.: cavités infiltrations dans le lobe supérieur fibrose pneumonie évolutive endobronchique TB extrapulmonaire Courantes Moins courantes Epanchement pleural Empyème Adénopathie (cervicale en général) Appareil génital masculin (épididymite, orchite) Système nerveux central Appareil génital féminin (méningite, tuberculome cérébral) (salpingo-ovarien, endomètre) Péricardite (épanchement/constriction) Rein Surrénales Estomac – intestins (péritoine, région iléo-caecale) Colonne vertébrale, autres os et articulations TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI Peau (lupus vulgaire, tuberculides, TB miliaire) 27 EN PRATIQUE La tuberculose pulmonaire post-primaire se produit habituellement chez l’adulte, et s’accompagne d’un frottis d’expectoration positif. 1.2 VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE 1.2.1 Introduction: le VIH et le SIDA Depuis la première description du SIDA en 1981, les chercheurs ont identifié deux sérotypes du VIH, l’agent responsable. Le VIH-1 est le type prédominant à l’échelle mondiale. L’infection par le VIH-2 est la plus courante en Afrique de l’Ouest, mais elle survient aussi à l’occasion en Afrique orientale, en Europe, en Asie et en Amérique latine. Les deux sous-types provoquent le SIDA et les modes de transmission sont les mêmes.Toutefois, la transmission serait légèrement plus difficile pour le VIH-2 et l’évolution vers le SIDA plus lente. 1.2.2 Epidémiologie du VIH et du SIDA A la fin de l’année 2002, on estimait qu’il y avait dans le monde 42 millions d’adultes et d’enfants vivant avec le VIH ou le SIDA. On recensait 28,5 millions d’entre eux (68%) en Afrique subsaharienne et 6 millions (14%) en Asie du Sud et du Sud-Est. On estime qu’en 2002, 5 millions d’adultes et d’enfants ont été infectés par le VIH et que 3,1 millions sont morts du SIDA. On a recensé 2,4 millions de ces décès (77%) en Afrique subsaharienne, région où la séroprévalence moyenne du VIH est la plus élevée dans la population adulte (9% fin 2002 chez les 15 – 49 ans). Sur les 25 pays où la séroprévalence du VIH chez l’adulte dépassait 5% en 2001, 24 se trouvent en Afrique subsaharienne. En dehors de cette région, le seul pays dans ce cas est Haïti. Dans neuf pays (tous en Afrique subsaharienne), la séroprévalence du VIH chez l’adulte atteint ou dépasse 15%. C’est donc cette région où sévit le plus l’épidémie. Toutefois, certains pays dans d’autres régions sont aussi très affectés avec des séroprévalences chez l’adulte situées entre 1 et 5%: Cambodge, Myanmar et Thaïlande en Asie du Sud-Est; Belize, Guatemala, Guyana, Haïti, Honduras, Panama et Suriname dans les Amériques. Il semble que la séroprévalence du VIH se stabilise en Afrique subsaharienne, mais elle continue de croître dans certains pays ayant une population importante, comme la Fédération de Russie. 28 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH 1.2.3 Transmission du VIH Les rapports sexuels sont le mode de transmission le plus courant dans le monde. Les autres infections sexuellement transmissibles (en particulier celles qui causent des ulcérations génitales) augmentent le risque de transmission du VIH. Les modes de transmission les plus courants varient d’une région à l’autre. En Afrique subsaharienne, le VIH se transmet avant tout par les rapports sexuels, la voie sanguine et de la mère à l’enfant. Dans la plupart des pays à faible revenu, on observe un nombre équivalent d’hommes et de femmes infectés. Les transfusions de sang contaminé, les injections au moyen de seringues et d’aiguilles contaminées et l’utilisation d’instruments non stérilisés pour percer la peau permettent la transmission par voie sanguine. La consommation de drogues par injection constitue le mode de transmission le plus courant pour l’épidémie qui prend rapidement de l’ampleur en Fédération de Russie et en Ukraine. I Environ un tiers des enfants nés de mères infectées par le VIH le sont également et la transmission intervient le plus souvent autour de la naissance. Le risque de transmission du VIH par l’allaitement est plus faible. Néanmoins, dans beaucoup de pays à faible revenu, l’allaitement est plus sûr que l’emploi de biberons. La transmission du VIH lors des contacts quotidiens (par les embrassades, les baisers, la nourriture, la boisson, ou les piqûres de moustiques ou d’autres insectes) n’a jamais encore été mise en évidence. 1.2.4 Prévention de la transmission du VIH dans les unités de soins Transmission aux malades Les malades courent potentiellement le risque d’être infectés par le VIH au contact du personnel ou d’autres malades séropositifs. Les agents soignants qui se savent VIH-positifs ne devraient pas pratiquer d’actes chirurgicaux ou de techniques invasives de diagnostic ou de traitement. Les infections croisées entre malades peuvent se produire à partir du matériel médical, chirurgical ou dentaire contaminé. Il est capital de suivre les procédures de stérilisation recommandées. La réduction du nombre d’injections, autant que faire se peut, permet de diminuer le risque d’infections croisées. Transmission au personnel La plupart des professionnels de santé contractent l’infection par le VIH en dehors de leur lieu de travail, par voie sexuelle avec un partenaire ou TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 29 conjoint VIH-positif. Le risque de transmission du VIH au personnel par les malades est réduit si le personnel observe les procédures normales de lutte contre les infections. Dans les unités de soins, il est moindre pour le VIH que pour l’hépatite B. Moins de 0,5% des professionnels de santé exposés à une piqûre accidentelle avec une aiguille contaminée par du sang d’un patient séropositif ont contracté l’infection. Les objets piquants ou tranchants posent un risque particulier pour le personnel soignant et il convient donc de les manipuler avec précaution, en suivant les directives locales pour leur élimination après usage. En cas de piqûre accidentelle, il faut presser la blessure pour favoriser l’écoulement du sang, et laver soigneusement à l’eau et au savon. Dans les zones de forte prévalence du VIH, on partira du principe que le sang et les liquides biologiques sont toujours contaminés. Le tableau suivant indique les règles de conduite pour éviter la transmission aux professionnels de santé. Lorsqu’elle est disponible, il faut entreprendre une prophylaxie post-exposition avec des antirétroviraux dès que possible (dans les 24 heures) après une piqûre accidentelle. Exposition au risque ponction veineuse actes invasifs, actes chirurgicaux, accouchement sang ou liquides physiologiques répandus réanimation linge souillé 30 $&OLQLFDO)UHQFKSGI Précautions pour éviter la transmission du VIH porter des gants utiliser un système fermé de pompe à vide,si possible jeter les aiguilles et les seringues dans une boîte réservée à cet usage jeter les gants et les tampons dans des sacs en plastique ne fuyant pas et destinés à l’incinération étiqueter les flacons de sang et les demandes avec la mention “inoculation dangereuse” porter des gants et un tablier protéger les yeux (lunettes de protection) jeter les objets piquants ou coupants dans une boîte réservée à cet usage nettoyer dès que possible avec le désinfectant à votre disposition (par ex. glutaraldéhyde, phénol, hypochlorite de sodium) éviter la méthode du bouche à bouche (utiliser un ballon de réanimation et un masque) porter des gants et un tablier mettre le linge dans un sac en plastique ne fuyant pas laver le linge à haute température ou avec un désinfectant chimique approprié INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH 1.2.5 Immunopathogénie de l’infection par le VIH Infection des cellules par le VIH Le VIH infecte les cellules porteuses à leur surface de l’antigène CD4. Il s’agit principalement d’un groupe de lymphocytes T jouant un rôle central dans l’immunité à médiation cellulaire, les lymphocytes T CD4+. Ces dernières années, on a également découvert que le VIH avait besoin d’autres molécules sur la surface cellulaire, les chimiokines, pour pouvoir pénétrer dans la cellule. Les patients qui n’ont pas certaines de ces chimiokines (par exemple la CCR5) résistent mieux à l’infection. D’autres, qui présentent des modifications moléculaires au niveau de ces récepteurs, évoluent plus lentement vers le SIDA. I Destruction du système immunitaire par le VIH La principale anomalie résultant de l’infection par le VIH est la baisse progressive du nombre des lymphocytes T CD4+. Or, ce sont ces cellules qui jouent le rôle le plus important dans l’immunité à médiation cellulaire. De surcroît, les lymphocytes T CD4+ survivants ne fonctionnent plus aussi bien qu’avant l’infection. L’infection par le VIH entraîne donc un déclin progressif de l’immunité. 1.2.6 Evolution naturelle de l’infection par le VIH Infection aiguë On l’appelle aussi “infection primaire à VIH” ou “syndrome de séroconversion”. Dans 40 à 90% des cas, elle s’accompagne de symptômes cliniques. La durée d’incubation entre l’exposition et l’apparition de ces symptômes varie en général de 2 à 4 semaines. Certaines personnes présentent une fièvre avec éruption cutanée, arthralgies et adénopathies multiples lors de la séroconversion. Il arrive qu’un syndrome neurologique aigu se produise mais il évolue le plus souvent spontanément vers la guérison. La méningite aseptique, la neuropathie périphérique, l’encéphalite et la myélite font partie de ce syndrome. Des troubles graves accompagnant la séroconversion laissent présager une évolution à long terme plus défavorable. La plupart des sujets qui ont des symptômes vont consulter, mais le diagnostic, pour de multiples raisons, n’est pas posé le plus souvent. Premièrement, il arrive que le praticien n’envisage pas une infection par le VIH. Deuxièmement, il peut attribuer le tableau clinique, qui n’est pas très spécifique, à une autre cause, le paludisme par exemple. Troisièmement, les tests sérologiques restent en général négatifs à ce stade. Ils ne deviennent positifs qu’entre 4 et 12 semaines après l’infection, la séroconversion intervenant pour 95% des sujets dans les six mois qui suivent la TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 31 transmission. C’est la mise en évidence d’ARN viral dans le plasma qui pose le diagnostic de l’infection aiguë. Infection par le VIH asymptomatique Chez l’adulte, la période de latence de l’infection par le VIH jusqu’au début de la maladie liée au virus et au SIDA est d’une durée longue et variable. Une personne infectée par le VIH peut rester asymptomatique pendant 10 ans ou plus. La grande majorité des enfants infectés par le VIH le sont pendant la période périnatale. Pour eux, la période asymptomatique est plus courte. Alors que quelques nourrissons tombent malades durant les premières semaines de la vie, la plupart des enfants évoluent vers la maladie avant d’avoir atteint l’âge de deux ans. Quelques-uns se maintiennent en bonne santé pendant plusieurs années. Adénopathie généralisée persistante (AGP) Elle se définit comme une tuméfaction des ganglions localisés dans au moins deux sites en dehors de l’aine. A ce moment, la lymphe est le principal réservoir du VIH. Cette adénopathie se déclare chez environ un tiers des personnes infectées par le VIH et ne présentant pas d’autres symptômes. On note une tuméfaction persistante, généralisée, symétrique et non douloureuse des ganglions. Elle n’a aucune signification particulière pour le pronostic. Evolution de l’infection à la pathologie associée au VIH et au SIDA Chez presque toutes (pour ne pas dire toutes) les personnes infectées par le VIH, la pathologie associée au VIH et au SIDA finit par s’installer. Cette progression est plus rapide chez certains sujets, la vitesse dépendant des caractéristiques du virus et de l’hôte. En ce qui concerne le virus, il s’agit du type et de la souche: le VIH-1 et, au sein de ce type, certaines souches provoquent une évolution plus rapide. Pour l’hôte, les facteurs d’une évolution plus rapide comprennent l’âge, moins de 5 ans ou plus de 40 ans, les infections concomitantes et peut-être des facteurs génétiques. Progression de l’immunodéficience A mesure que l’infection par le VIH progresse et que l’immunité décline, les sujets deviennent plus sensibles aux infections, qui comprennent la tuberculose, la pneumonie et des mycoses récidivantes de la peau, de l’oropharynx et le zona. Celles-ci peuvent survenir à n’importe quel stade de l’évolution de l’infection et de l’immunodéficience. Certains patients présentent des symptômes généraux (fièvre inexpliquée et perte de poids), que l’on a appelé “ARC” ou “para-SIDA”. Il arrive que 32 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH certains développent une diarrhée chronique s’accompagnant d’une perte de poids, souvent appelée “maladie de la maigreur” (ou syndrome cachectisant ou syndrome d’amaigrissement). I Certaines maladies liées spécifiquement au VIH surviennent le plus souvent à un stade avancé de l’immunodéficience. Il s’agit de certaines infections opportunistes (comme la méningite cryptococcique) et de certaines tumeurs (comme le sarcome de Kaposi). A ce stade tardif, les sujets meurent en général en moins de deux ans, à moins de recevoir un traitement spécifique contre le VIH. On nomme parfois ce stade “SIDA avancé”. EN PRATIQUE La tuberculose peut se déclarer à n’importe quel stade de l’évolution de l’infection par le VIH. 1.2.7 Définition des stades cliniques Système de l’OMS pour la définition des stades cliniques de l’infection à VIH L’OMS a mis au point un système pour définir les stades cliniques (à l’origine pour le pronostic) reposant sur des critères cliniques. La définition des symptômes, des signes et des pathologies repose sur le jugement clinique. L’état clinique ou le degré de performance détermine, en fonction du résultat le plus élevé, le stade clinique, 1, 2, 3 ou 4 (voir le tableau). Le stade clinique est un critère important pour savoir quand commencer la thérapie antirétrovirale. Adultes Système OMS pour la définition des stades cliniques de l’infection à VIH et de la pathologie associée chez l’adulte (à partir de 13 ans) Stade 1: º Aasymptomatique º Aadénopathie généralisée persistante et/ou degré de performance 1: asymptomatique, activité normale Stade 2: º Perte de poids < 10% du poids corporel º Manifestations cutanéomuqueuses (par ex. aphtes, mycoses des ongles) º Zona (herpès zoster) dans les 5 dernières années TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 33 º Infections récurrentes des voies respiratoires supérieures (sinusites bactériennes par exemple.) et/ou degré de performance 2: symptomatique, activité normale Stade 3: º º º º º º º Perte de poids > 10% du poids corporel Diarrhée chronique inexpliquée pendant plus d’un mois Fièvre inexpliquée pendant plus d’un mois Candidose de l’oropharynx (muguet) Leucoplasie orale chevelue TB pulmonaire Infections bactériennes graves (pneumonie, pyomyosite) et/ou degré de performance 3: alité moins de 50% de la journée au cours du dernier mois Stade 4: º º º º º º º º º º º º º º º º Syndrome cachectique, tel que défini par les CDCa Pneumonie à Pneumocystis carinii Toxoplasmose cérébrale Cryptosporidiose avec diarrhée pendant plus d’un mois Cryptococcose extrapulmonaire Infection à cytomégalovirus (CMV) localisée dans un organe autre que le foie, la rate ou les ganglions lymphatiques Herpès cutanéomuqueux pendant plus d’un mois, viscéral quelle qu’en soit la durée Leucoencéphalopathie multifocale progressive Toute mycose endémique généralisée (par exemple ex. l’histoplasmose) Candidose de l’œsophage, de la trachée, des bronches ou des poumons Infection mycobactérienne atypique, généralisée Septicémie à salmonelle non typhoïdique TB extrapulmonaire Lymphome Sarcome de Kaposi Encéphalopathie liée au VIH, telle que définie par les CDCb et/ou degré de performance 4: alité plus de 50% de la journée au cours du dernier mois (NB: les diagnostic définitifs ou présomptifs sont acceptables) a Syndrome cachectique lié au VIH = perte de poids > 10% du poids corporel s’accompagnant soit d’une diarrhée inexpliquée pendant plus d’un mois, soit d’une faiblesse chronique et d’une fièvre inexpliquée pendant plus d’un mois. b Encéphalopathie liée au VIH = constatations cliniques de troubles incapacitants des fonctions mentales ou motrices interférant avec les activités de la vie quotidienne, évoluant sur des semaines ou des mois, en l’absence d’une maladie ou pathologie concomitante autre que l’infection à VIH qui pourrait expliquer ces observations. 34 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH Enfants Système OMS pour la définition des stades cliniques de l’infection à VIH et de la pathologie associée chez l’enfant Stade 1: º Asymptomatique º Adénopathie généralisée persistante Stade 2: º Diarrhée chronique inexpliquée º Candidose grave persistante ou récurrente en dehors de la période néonatale º Perte de poids ou croissance anormalement lente º Fièvre persistante º Infections bactériennes graves et récurrentes Stade 3: º º º º º 1.2.8 I Infections opportunistes évocatrices du SIDA Croissance fortement ralentie Encéphalopathie progressive Pathologies malignes Septicémies ou méningites récurrentes Surveillance épidémiologique du SIDA Le SIDA est un terme ayant une définition officielle pour la surveillance épidémiologique, ce qui veut dire que la notification systématique des cas est utile pour surveiller la pandémie et planifier les actions de santé publique. En revanche, ce terme n’a aucune utilité pour le traitement individuel des patients. Lors de la prise en charge des sujets présentant des pathologies liées au VIH, l’objectif est d’identifier et de traiter cellesci, quelle que soit leur nature. L’OMS a recommandé des définitions de cas chez l’adulte et l’enfant aux fins de la surveillance, lorsque le dépistage du VIH en laboratoire n’est pas possible. EN PRATIQUE Le terme de SIDA s’emploie pour la surveillance épidémiologique, pas pour le traitement des patients. Définition OMS du cas de SIDA aux fins de surveillance lorsque le dépistage du VIH en laboratoire n’est pas possible Adultes La présence d’au moins 2 signes majeurs et d’un signe mineur définit un cas de SIDA. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 35 Signes majeurs: º perte de poids > 10% du poids corporel, º diarrhée chronique pendant plus d’un mois, º fièvre prolongée pendant plus d’un mois. Signes mineurs: º toux persistante pendant plus d’un moisa, º dermatose prurigineuse généralisée, º antécédents de zona (herpès zoster), º candidose de l’oropharynx, º herpès simplex chronique évolutif ou disséminé, º adénopathie généralisée. La présence soit d’un sarcome de Kaposi généralisé, soit d’une méningite cryptococcique suffit à définir le cas de SIDA. Les avantages de cette définition sont sa simplicité et son faible coût de mise en œuvre. Ses inconvénients sont sa sensibilité et sa spécificité relativement faibles. Par exemple, des cas de tuberculose sans VIH pourraient entrer dans le cadre de cette définition à cause de la similitude du tableau clinique. Enfants La présence d’au moins 2 signes majeurs et 2 signes mineurs définit le cas de SIDA (s’il n’existe pas d’autre cause connue d’immunodépression). Signes majeurs: º perte de poids ou croissance anormalement lente, º diarrhée chronique pendant plus d’un mois, º fièvre prolongée pendant plus d’un mois. Signes mineurs: º adénopathie généralisée, º candidose de l’oropharynx, º infections courantes récidivantes, par ex. emple otites, pharyngites, º toux persistante, º éruption cutanée généralisée. L’infection par le VIH confirmée chez la mère fait partie des critères mineurs. a Une toux persistante pendant plus d’un mois ne doit pas être considérée comme un signe mineur chez les malades atteints de tuberculose. 36 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH Cette définition n’est pas très spécifique, notamment dans les régions pauvres où la malnutrition et la tuberculose infantiles sont courantes. En outre de nombreux enfants présentent une pathologie aiguë associée au VIH, comme la PPC, sans aucun signe clinique évident de SIDA. 1.3 TUBERCULOSE LIÉE AU VIH 1.3.1 Epidémiologie de la co-infection par le VIH et M. tuberculosis I Fin 2000 dans le monde, environ 11,5 millions de personnes infectées par le VIH l’étaient également par M. tuberculosis. On recense 70% des sujets présentant une co-infection en Afrique subsaharienne, 20% en Asie et 4% en Amérique latine et aux Caraïbes. Nombre d’adultes (15–49 ans) présentant une co-infection TB-VIH dans les régions de l’OMS à la fin de l’année 2000 Région de l’OMS Afrique Amériques Méditerranée orientale Europe Asie du Sud-Est Pacifique occidental Total 1.3.2 Nombre de personnes co-infectées (en miliers) 7979 468 163 133 2269 427 11440 % du total mondial 70 4 1 1 20 4 100 Infection par le VIH et risque de tuberculose Le VIH accroît probablement la sensibilité à l’infection par M. tuberculosis et, chez un sujet déjà contaminé par M. tuberculosis, le risque d’évolution de l’infection vers la maladie, qui augmente avec l’aggravation de l’immunodéficience. En plus du risque, le VIH accroît la vitesse de progression des infections récentes ou latentes vers la TB. Le tableau suivant montre, pour un individu contaminé par M. tuberculosis, le risque de développer la TB au cours de sa vie en fonction de son statut par rapport au VIH. STATUS PAR RAPPORT AU VIH négatif positif TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI RISQUE DE DÉVELOPPER LA TB AU COURS DE LA VIE 5–10% 50% 37 EN PRATIQUE Le VIH est le facteur le plus puissant d’augmentation du risque de la TB que l’on connaisse. 1.3.3 La tuberculose pendant l’évolution de l’infection par le VIH La TB peut survenir à n’importe quel moment de cette évolution, mais le risque s’accroît fortement avec la dégradation des défenses immunitaires. 1.3.4 Conséquences de la co-infection par le VIH et M. tuberculosis Par rapport à un sujet indemne, celui qui est infecté par le VIH a dix fois plus de risque de développer la TB. Les notifications de cas de TB ont augmenté dans les populations ou les deux infections sont courantes; c’est ainsi que dans certaines parties de l’Afrique subsaharienne, le nombre des cas notifiés a été multiplié par 3 à 5 au cours de la dernière décennie. La séroprévalence du VIH peut atteindre 75% chez les sujets atteints de TB. En Afrique subsaharienne un tiers ou plus des personnes infectées par le VIH sont susceptibles de développer une TB. 1.3.5 Impact du VIH sur la lutte antituberculeuse Les principes de la lutte contre la tuberculose restent identiques, même en présence de nombreux sujets TB-VIH. Les services de santé ont néanmoins des difficultés à faire face à l’augmentation et à l’importance du nombre des tuberculeux dans les populations où la TB-VIH est courante. Les conséquences sont les suivantes: º diagnostic en excès des TBP à frottis négatif (en raison de la difficulté du diagnostic), º TBP à frottis positif non diagnostiquées (en raison d’une surcharge de travail dans les laboratoires), º surveillance inadaptée de la chimiothérapie antituberculeuse, º faibles taux de guérison, º morbidité élevée pendant le traitement, º taux élevés de mortalité durant le traitement, º taux d’abandon élevés à cause des effets secondaires des médicaments, 38 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH º taux élevé de rechutes de la TB, º augmentation de la transmission des souches pharmacorésistantes chez les patients infectés par le VIH dans les lieux de rassemblement. 1.3.6 I Schémas d’évolution de la TB liée au VIH Lors de la progression de l’infection par le VIH, le nombre et le fonctionnement des lymphocytes T CD4+ déclinent. Or, ces cellules jouent un rôle important dans les défenses immunitaires de l’organisme contre le bacille tuberculeux. Le système immunitaire perd donc sa capacité à enrayer la multiplication et l’extension locale de M. tuberculosis. Les tuberculoses miliaires et extrapulmonaires sont plus courantes. TB pulmonaire Même chez les sujets infectés par le VIH, la TBP reste la forme la plus courante de tuberculose. La présentation dépend du degré d’immunodéficience. Le tableau suivant montre les variations de l’aspect clinique, des résultats des frottis d’expectoration et de la radiographie thoracique varient en fonction du stade, précoce ou tardif, de l’infection par le VIH. Variations de la TBP en fonction du stade, précoce ou tardif, de l’infection par le VIH Caractéristiques de la TB pulmonaire Stade de l’infection par le VIH précoce tardif Aspect clinique Ressemble souvent à Ressemble souvent une TBP post-primaire à une TBP primaire Résultats du frottis Souvent positif Souvent négatif Radiographie thoracique Souvent des cavités Souvent des infiltrations sans cavités Tuberculose extrapulmonaire Les formes les plus courantes sont les suivantes: l’épanchement pleural, la lymphadénite (tuberculose ganglionnaire), la péricardite, la tuberculose miliaire, la méningite, la tuberculose disséminée (avec la présence de mycobactéries dans le sang). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 39 TB liée au VIH chez l’enfant Comme chez l’adulte, l’évolution naturelle de la TB chez un enfant infecté par le VIH dépend du stade de l’infection par le VIH. Au stade précoce, lorsque l’immunité est encore bonne, les symptômes sont similaires à ceux rencontrés chez un enfant qui n’est pas atteint par le VIH. A mesure que l’infection par le VIH progresse et que l’immunité décline, la dissémination de la TB devient plus courante. La méningite tuberculeuse, la tuberculose miliaire ou une tuberculose ganglionnaire étendue se déclarent alors. 1.3.7 Impact de la TB sur le VIH La présence d’autres infections (y compris la TB) chez un sujet infecté par le VIH pourrait permettre à ce dernier de se multiplier plus rapidement, ce qui entraînerait une évolution plus rapide vers le SIDA. 40 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH LECTURES COMPLÉMENTAIRES I TUBERCULOSE Crofton J, Horne N, Miller F. Clinical tuberculosis. Deuxième édition. Londres, MacMillan Press Limited, 1999. Schlossberg D. Tuberculosis and nontuberculous mycobacterial infections. Quatrième édition. Philadelphie, Pennsylvanie (Etats-Unis d’Amérique), WB Saunders, 1998. Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Prise en charge de la tuberculose. Guide pour les pays à faibles revenus. Cinquième édition. Paris, 2000. Reider HL. Bases épidémiologiques de la lutte antituberculeuse. Première édition. Paris, Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, 1999. Organisation mondiale de la Santé. Tuberculosis Handbook. Genève, 1998 (WHO/TB/98.253). Organisation mondiale de la Santé. Global tuberculosis control: surveillance, planning, financing.WHO report 2003. Genève, 2003 (WHO/CDS/TB/2003.316). VIH/SIDA Fauci AS.The AIDS epidemic. Considerations for the 21st century. New England Journal of Medicine, 1999, 341: 1046–1050. Royce RA, Sena A, Cates Jr W, Cohen MS. Sexual transmission of HIV. New England Journal of Medicine, 1997, 336: 1072–1078. World AIDS series. Lancet, 2000, 355: WA1–WA40. Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). Rapport sur l’épidémie mondiale de VIH/SIDA: juillet 2002. Genève, 2002 (avec des estimations sur les pays). Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). Le point sur l’épidémie de SIDA: décembre 2002. Genève, 2002. SYSTÈME DE DÉFINITION DES STADES CLINIQUES DE L’INFECTION À VIH ET DE LA PATHOLOGIE ASSOCIÉE Organisation mondiale de la Santé. Améliorer l’accès aux traitements antirétroviraux dans les pays à ressources limitées. Recommandations pour une approche de santé publique. Genève, 2002. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 41 DÉFINITION DU CAS DE SIDA POUR LA SOURVEILLANCE Organisation mondiale de la Santé . Syndrome d’immunodéficit acquis (SIDA). Définition OMS/CDC du cas de SIDA. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 1986, 61: 69–73. (WHO case definition for AIDS in children where HIV testing is available.). Centers for Disease Control and Prevention. 1994 revised classification system for human immuno-deficiency virus infection in children less than 13 years of age. Morbidity and Mortality Weekly Report, 1994, 43 (No. RR-12): 1–10. (Case definition for AIDS in children where HIV testing is available.). Organisation mondiale de la Santé. Définitions OMS du cas de sida aux fins de surveillance, pour les adultes et les adolescents. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 1994, 69: 273–275. TUBERCULOSE ASSOCIÉE AU VIH Corbett EL, Watt CJ, Walker N, Maher D, Williams BG, Raviglione MC, Dye C. The growing burden of tuberculosis: global trends and interactions with the HIV epidemic. Archives of Internal Medicine, 2003, 163: 1009–1021. Raviglione MC, Harries AD, Msiska R, Wilkinson D, Nunn P. Tuberculosis and HIV: current status in Africa. AIDS, 1997, 11 (suppl B): S115–S123. Ya Diul M, Maher D, Harries A. Tuberculosis case fatality rates in high HIV prevalence populations in sub-Saharan Africa. AIDS, 2001, 15: 143–152. Organisation mondiale de la Santé. Cadre stratégique pour réduire la charge de la coinfection tuberculose/HIV. Genève, 2002 (WHO/CDS/TB/2002.296; WHO/HIV-AIDS/2002.2). Organisation mondiale de la Santé. Guidelines for collaborative TB and HIV programme activities. Genève, 2003 (WHO/CDS/TB/2003.319;WHO/HIV/2003.01). 42 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA TUBERCULOSE ET LE VIH CADRE ÉLARGI D’UNE LUTTE ANTITUBERCULEUSE EFFICACE 2.1 2 INTRODUCTION L’OMS a déclaré que la TB représentait une urgence mondiale, parce qu’elle a échappé a tout contrôle dans de nombreuses parties du monde. Nous sommes dans cette situation principalement pour les raisons suivantes: a) dans de nombreuses régions du monde, les pouvoirs publics ont négligé la maladie; b) Des des programmes inadaptés de lutte antituberculeuse ont alourdi l’impact de la maladie (les sujets atteints de TB sans traitement adapté vivent plus longtemps avec la forme chronique de la maladie et contaminent d’autres personnes) et entraîné l’apparition de résistances; c) les les taux élevés de croissance démographique ont contribué à l’augmentation du nombre des cas de TB; d) l’épidémie l’épidémie du VIH a conduit à une augmentation énorme du nombre des cas de TB, là où le VIH et la TB sont courants. L’OMS a élargi le cadre de la lutte antituberculeuse pour intégrer l’expérience acquise depuis la mise au point des premiers principes généraux, en 1994. Ce nouveau cadre convient dans toutes les situations, y compris lorsque le VIH est courant. Le succès de la lutte antituberculeuse dépend des agents de santé et de leur travail pour traiter les patients en appliquant ce cadre, établi par le programme national de lutte antituberculeuse (PNAT). De plus, les programmes de lutte contre la TB et le VIH/SIDA doivent collaborer pour contrecarrer les effets de ces deux problèmes. Cela dépendra de l’application de la stratégie DOTS et d’autres interventions. En plus de dépister efficacement et de guérir les cas de TB, il s’agit de prendre des mesures pour faire baisser la transmission du VIH (à l’aide de la promotion des préservatifs, du traitement des infections sexuellement transmissibles), de fournir le traitement antirétroviral hautement actif (TAHA), d’assurer la prophylaxie de la TB ainsi que celle des infections bactériennes associées au VIH au moyen d’antibiotiques. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 43 2.2 ÉLÉMENTS DU CADRE ÉLARGI DE LA LUTTE ANTITUBERCULEUSE Il comporte les éléments suivants: 1. Objectifs de la lutte antituberculeuse 2. Cibles assignées à la lutte antituberculeuse 3. Train de mesures pour la lutte antituberculeuse 4. Activités essentielles pour l’application du DOTS 5. Indicateurs pour mesurer les progrès du PNAT. 2.2.1 Objectifs de la lutte antituberculeuse Il s’agit de réduire la mortalité, la morbidité et la transmission de la maladie (tout en évitant de créer des résistances aux médicaments anti tuberculeux) jusqu’à ce que la TB ne soit plus une menace pour la santé publique. Le but est de diminuer les souffrances humaines, ainsi que la charge socio-économique de la TB sur les familles et les collectivités. Pour y parvenir, il faut garantir à chaque patient l’accès au diagnostic, au traitement et à la guérison. 2.2.2 Cibles assignées à la lutte antituberculeuse (guérison et dépistage des cas) a) Guérir 85% des nouveaux cas de TBP à frottis positif. Un programme national de lutte antituberculeuse (PNAT) obtenant un taux de guérison des sujets présentant une TBP à frottis positif d’au moins 85% a les effets suivants sur la TB: i) la prévalence et le taux de transmission de la TB diminuent rapidement; ii) l’incidence de la TB diminue progressivement; iii) il y a moins de résistances aux médicaments (ce qui rend les traitements futurs plus faciles et moins onéreux). La première des priorités est d’obtenir des taux de guérison élevés. Les programmes qui y parviennent font diminuer rapidement la transmission de la TB et il est probable qu’ils couvriront la majorité des cas présents dans les communautés. 44 $&OLQLFDO)UHQFKSGI CADRE ÉLARGI D’UNE LUTTE ANTITUBERCULEUSE EFFICACE b) Dépister 70% des cas existants de TBP à frottis positif Il est important pour le PNAT d’obtenir d’abord un taux élevé de guérison avant de développer le dépistage des cas. Lorsque les taux de guérison restent faibles, le programme ne fait qu’aggraver les problèmes: i) le nombre d’échecs dans le traitement des cas de TBP à frottis positif augmente; ii) la transmission des pharmacorésistances s’accroît. L’épidémie que l’on pouvait maîtriser devient incontrôlable. 2 Lorsqu’un PNAT est efficace, le taux de guérison est élevé et il y a peu de pharmacorésistances Avec un taux de guérison élevé, l’augmentation du dépistage des cas de TBP à frottis positif diminue la transmission de la tuberculose. 2.2.3 Train de mesures pour la lutte antituberculeuse (la stratégie DOTS) Les PNAT sont confrontés à de nouveaux défis. Ils doivent se renforcer solidement pour atteindre les objectifs assignés à la lutte antituberculeuse. º Il faut augmenter les moyens des services de santé généraux pour appliquer et développer durablement la stratégie DOTS, tout en maintenant parallèlement la qualité du dépistage des cas et du traitement. º En favorisant une approche axée sur le patient et la participation de la collectivité dans les soins de la TB, on peut améliorer à la fois l’accès et le recours aux services de santé. º Il est essentiel que le secteur public, le secteur privé et le bénévolat collaborent pour garantir un diagnostic et des soins de la TB accessibles et de qualité. º L’impact croissant du VIH sur l’incidence de la TB impose d’adopter de nouvelles approches et de créer de nouveaux partenariats. º Deux approches complémentaires s’imposent aux PNAT en cas de forte prévalence des TB pharmacorésistantes: guérir les cas de tuberculose multirésistante (TB-MR) et éviter de nouveau cas (grâce à la stratégie DOTS). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 45 Le cadre élargi consolide les cinq éléments essentiels de la stratégie DOTS: º Un engagement politique durable pour développer les ressources financières et humaines et faire de la lutte antituberculeuse une action couvrant tout le pays et intégrée dans le système de santé national. º Accès à des examens de qualité des frottis pour la recherche des cas chez les personnes venant consulter pour des symptômes évocateurs (notamment une toux prolongée) ou découvertes par le dépistage. Cette activité est particulièrement importante chez les sujets infectés par le VIH et dans d’autres groupes très exposés, comme les personnes vivant en institutions. º Chimiothérapie standardisée de brève durée pour les cas de TB dans de bonnes conditions de prise en charge, notamment la supervision directe du traitement. Ces conditions sont remplies lorsque les services de soins sont solides du point de vue technique et ouverts sur la dimension sociale. º Approvisionnement ininterrompu en médicaments de qualité reposant sur des systèmes fiables d’achat et de distribution. º Système d’enregistrement et de notification permettant l’évaluation des résultats pour chaque patient et le programme en général. 2.2.4 Activités essentielles pour la mise en application de la stratégie DOTS º Mettre en place un programme national de antituberculeuse (PNAT) avec un service central. lutte º Préparer un plan de développement pour le programme. º Préparer le manuel du PNAT et le mettre à la disposition de tous les districts. º Mettre en place un système d’enregistrement et de notification utilisant un matériel standardisé permettant le classement des cas inscrits et des analyses de cohortes pour les résultats. º Planifier et mettre en route un programme de formation couvrant tous les aspects du programme d’action. 46 $&OLQLFDO)UHQFKSGI CADRE ÉLARGI D’UNE LUTTE ANTITUBERCULEUSE EFFICACE º Mettre en place un réseau de services de microscopie en contact étroit avec les services de soins de santé primaires (SSP) et soumis à des contrôles de qualité réguliers. 2 º Mettre en place dans le cadre des SSP des services de traitement qui donnent la priorité à la chimiothérapie de brève durée sous supervision directe et assurent l’éducation sanitaire des patients. Ces services doivent couvrir l’ensemble du territoire et des patients. º Assurer un approvisionnement régulier en médicaments et matériel de diagnostic se basant sur les données antérieures de la notification des cas. º Etablir un plan d’encadrement des principales opérations au niveau intermédiaire et à celui des districts, à mettre en place dès le début du programme. º Faire de la mobilisation sociale par l’information, l’éducation et la communication (IEC), afin de susciter et de maintenir l’appui à la lutte antituberculeuse. º Faire participer tous les prestateurs de soins, privés, bénévoles, organisations non gouvernementales (ONG), missions religieuses, employeurs, etc. º Entreprendre une analyse économique et préparer un plan financier pour donner au PNAT une solide assise financière. º Mener la recherche opérationnelle comme une activité faisant partie intégrante de la stratégie DOTS afin d’améliorer les résultats du PNAT. 2.2.5 Indicateurs pour mesurer la progression vers la maîtrise de la tuberculose º Politique nationale antituberculeuse telle qu’elle est exposée dans le manuel du PNAT et conforme à la stratégie DOTS. º Nombre de circonscriptions administratives du pays appliquant la nouvelle stratégie DOTS. º Taux de guérison des cas à frottis positif. º Taux de dépistage des cas. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 47 Le documents OMS Stratégie DOTS: un cadre élargi pour lutter efficacement contre la tuberculose (WHO/CDS/TB/2002.297) dresse une liste complète des indicateurs. 2.3 TRAITEMENT SOUS SUPERVISION DIRECTE Qu’entend-on par traitement sous supervision directe? Pour garantir la guérison du malade, il faut veiller à ce que celui-ci suive bien son traitement. L’observance, par le malade, de la chimiothérapie de courte durée signifie qu’il prend bien chaque dose du schéma thérapeutique recommandé. Or, suivre un traitement antituberculeux pendant 6 ou 8 mois est une tâche très ardue et il est difficile de prévoir quel malade arrivera à assumer pleinement cette responsabilité. Le traitement sous supervision directe (TSD) est par conséquent l’un des moyens les plus sûrs pour garantir l’observance. Cela consiste à faire suivre le sujet pendant tout le traitement par un auxilliaire qui l’observe avaler ses comprimés. Le PNAT coordonne la formation de ces aidants et contrôle leur efficacité. Le traitement sous supervision directe aussi près du domicile du malade que possible Il est improbable qu’un sujet atteint de TB suive bien son traitement si cela implique pour lui de longs déplacements. L’un des objectifs du programme est d’organiser les services de façon à ce que les malades puissent se traiter aussi près que possible de leur domicile. Le programme de lutte antituberculeuse amène les traitements aux malades là où ils habitent. Beaucoup vivent près d’établissements de soins (centre de santé, hôpital de district). Pour ceux-là, la supervision directe du traitement sera assurée par l’un des membres du personnel de l’établissement. D’autres cependant vivent loin des établissements de santé. Ceux-là seront alors supervisés par un membre entraîné de la collectivité locale ou un agent soignant détaché. Il est également possible de former des membres de la famille à cette fin. Certaines zones disposent d’un programme local de soins pour le VIH/SIDA. Le personnel des soins à domicile peut alors assurer l’administration du traitement sous supervision directe s’il a reçu la formation nécessaire et s’il est bien encadré. Intégration du traitement de la tuberculose dans les services de santé généraux Dans le passé, certains programmes de lutte antituberculeuse fonctionnaient uniquement avec des hôpitaux et des dispensaires spécialisés, séparés des services de santé généraux. Le gros problème de 48 $&OLQLFDO)UHQFKSGI CADRE ÉLARGI D’UNE LUTTE ANTITUBERCULEUSE EFFICACE ce système est que de nombreux sujets tuberculeux vivent loin de ces établissements. L’une des raisons pour lesquelles la tuberculose échappe à tout contrôle dans de nombreux pays est que les malades n’ont pas accès aux services de diagnostic et de traitement. Or, c’est leur proximité qui conditionne la réussite des PNAT. C’est pourquoi les services de traitement de la tuberculose sont intégrés aux autres services de santé existants. 2.4 2 TUBERCULOSE-VIH Il existe un lien étroit entre la TB et le VIH, la première étant l’une des principales causes de morbidité et de mortalité associées au second. De son côté, le VIH est le facteur qui alimente le plus l’épidémie de TB dans les populations où il a une prévalence élevée. Le cadre stratégique mondial de l’OMS pour lutter contre l’association TB-VIH est une riposte coordonnée à cette double épidémie. La collaboration des programmes contre ces deux maladies est donc essentielle pour aider les services de santé généraux. Leurs personnels ont besoin de soutien pour délivrer l’ensemble des interventions de prévention et de soins du VIH et de la TB. Pour contrecarrer l’impact du VIH sur la TB, d’autres interventions doivent s’ajouter au dépistage et à la guérison efficaces des cas: º des mesures pour diminuer la transmission du VIH (promotion des préservatifs, traitement des infections sexuellement transmissibles (IST), conseil et dépistage volontaire du VIH, mesures de sécurité pour la consommation des drogues par injection, diminution du nombre des partenaires sexuels, prévention de la transmission mère – enfant, dépistage appliqué aux produits sanguins avant transfusion, application par les personnels soignants des précautions universelles); º thérapie antirétrovirale (pour améliorer ou maintenir le système immunitaire des personnes vivant avec le VIH); º soins des personnes vivant avec le VIH (par exemple, traitement des maladies associées, prévention des infections, de la TB, soins palliatifs, soutien nutritionnel). 2.5 DOTS-PLUS La forte proportion de tuberculose à bacilles multirésistants (TB-MR) dans certaines régions remet en question les efforts de lutte. On parle de TB-MR lorsque les bacilles résistent au moins à l’isoniazide et à la rifampicine. DOTS-Plus est une initiative pour la prise en charge globale de ces cas s’appuyant sur les cinq éléments de la stratégie DOTS. Elle TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 49 prend néanmoins en compte des aspects spécifiques, comme l’utilisation des antituberculeux de seconde intention. Son but est d’éviter la poursuite du développement et de la propagation des TB-MR. Elle n’est pas destinée à une application universelle et ne s’impose pas dans toutes les situations. Son application dans certaines régions connaissant une forte proportion de TB-MR a pour objectif de lutter contre l’épidémie émergente de cette forme de TB. Le principe de base reste cependant que la prévention, par l’application pleine et entière de la stratégie DOTS, est le premier moyen de lutte. L’application de DOTS-Plus a pour condition préalable l’existence d’un programme efficace de lutte antituberculeuse s’appuyant sur la stratégie DOTS. 50 $&OLQLFDO)UHQFKSGI CADRE ÉLARGI D’UNE LUTTE ANTITUBERCULEUSE EFFICACE LECTURES COMPLÉMENTAIRES Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Prise en charge de la tuberculose. Guide pour les pays à faibles revenus. Cinquième édition. Paris, 2000. 2 Maher D, van Gorkom JLC, Gondrie P, Raviglione MC. Community contribution to tuberculosis care in countries with high tuberculosis prevalence: past, present and future. International Journal of Tuberculosis and Lung Disease, 1999, 3: 762–768. Organisation mondiale de la Santé. Principes pour la prise en charge de la tuberculose à bacilles résistants. Genève, 1997 (WHO/TB/96.210, (Rev.1). Organisation mondiale de la Santé. DOTS. Un guide pour comprendre la stratégie DOTS contre la tuberculose recommandée par l’OMS. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1999 (WHO/CDS/CPC/TB/99.270). Organisation mondiale de la Santé. Anti-tuberculosis drug resistance in the world. Report No. 2. Prevalence and trends. Genève, 2000 (WHO/CDS/TB/2000.278). Organisation mondiale de la Santé. The WHO/IUATLD Global Project on Antituberculosis Drug Resistance. Genève, 2000. Organisation mondiale de la Santé. Lignes directrices relatives à la mise en place des projets pilotes “DOTS-Plus” pour la prise en charge de la tuberculose à bacilles multirésistants [TB-MR]. Genève, 2000 (WHO/CDS/TB/2000.279). Organisation mondiale de la Santé. Stratégie DOTS: un cadre élargi pour lutter efficacement contre la tuberculose. Genève, 2003 (WHO/CDS/TB/2002.297). Organisation mondiale de la Santé. Cadre stratégique pour réduire la charge de la co-infection tuberculose/HIV. Genève, 2002 (WHO/CDS/TB/2002.296). Organisation mondiale de la Santé. Le traitement de la tuberculose: Principes à l’intention des programmes nationaux. Deuxième édition. Genève, 1997 (WHO/TB/97.220) (troisième édition parue en anglais sous la cote WHO/CDS/TB/2003.313). Organisation mondiale de la Santé. Community contribution to TB care. Practice and Policy. Genève, 2003 (WHO/CDS/TB/2003.312). Organisation mondiale de la Santé. Guidelines for collaborative TB and HIV programme activities. Genève, 2003 (WHO/CDS/TB/2003.319,WHO/HIV/2003.01). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 51 DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ADULTE 3.1 3 MÉTHODE DE DIAGNOSTIC La première des priorités de la lutte antituberculeuse, c’est de diagnostiquer et de guérir les cas contagieux, c’est-à-dire les malades atteints d’une TBP à frottis positif. C’est pourquoi tous les sujets (indépendamment de leur statut par rapport au VIH) présentant un tableau clinique évocateur d’une TBP doivent fournir des expectorations dont le frottis sera examiné au microscope. La plupart des cas suspects (sujets présentant des signes ou symptômes évocateurs) n’étant pas hospitalisés, le diagnostic de la TBP se fait généralement en consultation externe. Chez certains cas suspects, étant gravement malades ou alités, la recherche se fait alors dans le cadre d’une hospitalisation. Le dépistage clinique par l’évaluation des symptômes identifie les cas suspects de TBP parmi les malades fréquentant les établissements de soins. Dans des pays à forte prévalence, la méthode ayant le meilleur rapport coût-efficacité pour dépister, parmi ces cas suspects, les cas de tuberculose, consiste à examiner au microscope les frottis d’expectoration. Lorsque le frottis est positif, le malade est dit atteint de TBP à frottis positif. Il faut alors le notifier auprès de l’officier de district en charge de la tuberculose et commencer le traitement. La radiographie thoracique n’est pas nécessaire la plupart du temps. Il arrive parfois qu’un patient donne un frottis négatif et que, par ailleurs, son état ne s’améliore pas avec un antibiotique à large spectre. Si vous suspectez toujours une TB, il faut alors réexaminer ce patient et pratiquer une radiographie thoracique. Si l’image est typique de la TBP, vous notifierez le cas auprès de l’officier de district chargé de la TB et commencerez le traitement antituberculeux. Si le diagnostic reste encore douteux, quand par exemple la radio ne montre pas d’infiltrations pulmonaires spécifiques, on administre au patient un autre traitement antibiotique. S’il n’y a pas d’amélioration clinique, ou si la toux disparaît brièvement avant de revenir, on recommence l’examen du frottis. Si vous continuez de penser que le sujet pourrait avoir la TB malgré un nouveau frottis négatif, réexaminez-le et refaites une radio avant de décider du diagnostic. Dans les cas où le doute persiste, il peut être utile de faire pratiquer une culture si les structures à votre disposition le permettent. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 53 Dans les populations à forte prévalence de la TB, l’intradermoréaction à la tuberculine n’a qu’une valeur limitée dans le diagnostic de la TB chez l’adulte. L’intradermoréaction positive ne permet pas de distinguer l’infection par M. tuberculosis de la maladie. L’exposition antérieure aux mycobactéries de l’environnement peut également entraîner l’obtention d’un résultat faussement positif. Inversement, le résultat de l’intradermoréaction peut s’avérer négatif, même si le sujet est atteint de TB. L’infection par le VIH, un état grave de malnutrition et la tuberculose miliaire sont les circonstances souvent associées à une intradermoréaction à la tuberculine faussement négative. 3.2 TABLEAU CLINIQUE Symptômes Symptômes les plus importants pour le diagnostic de la TBP: º toux pendant plus de 2 à 3 semaines, º expectorations, crachats, º perte de poids. Plus de 90% des sujets atteints de TBP à frottis positif présentent une toux peu après le début de la maladie. Toutefois, celle-ci n’est pas spécifique et elle est également courante chez les fumeurs et chez les malades souffrant d’infections aiguës des voies respiratoires supérieures ou inférieures. Comme la plupart des infections respiratoires aiguës disparaissent en trois semaines, on soupçonne la TBP dès lors que la toux persiste plus longtemps et il faut alors demander l’examen des expectorations au microscope. Les malades atteints de TBP peuvent présenter d’autres symptômes, respiratoires ou généraux (systémiques). Respiratoires: douleurs thoraciques, hémoptysies, essoufflement. Généraux: fièvre, sueurs nocturnes, asthénie, anorexie, aménorrhées secondaires. La perte de poids et la fièvre sont plus courantes chez les malades atteints de TBP VIH-positifs que chez les autres. Inversement, la toux et l’hémoptysie sont moins courantes chez les patients séropositifs que chez les séronégatifs, sans doute parce que les premiers présentent moins de cavités, moins d’inflammation et moins d’irritations endobronchiques. Signes physiques Les signes physiques chez les sujets atteints de TBP ne sont pas spécifiques et n’aident pas à distinguer cette maladie d’autres affections 54 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ADULTE pulmonaires. Ils peuvent être généraux, comme de la fièvre, de la tachycardie (rythme cardiaque accéléré), ou de l’hippocratisme digital. Les signes pulmonaires (perçus au stéthoscope) comprennent des crépitations, une respiration sifflante, bronchique ou amphorique. Il n’y a souvent aucun signe thoracique. 3 EN PRATIQUE Tous les sujets suspects de TBP doivent fournir des expectorations pour l’examen microscopique des frottis. 3.3 DIAGNOSTIC À PARTIR DES FROTTIS D’EXPECTORATION Recueil des échantillons d’expectoration Un cas suspect de TBP doit fournir 3 échantillons d’expectoration aux fins de l’examen microscopique. Les chances de trouver des bacilles tuberculeux sont plus grandes avec trois échantillons qu’avec deux ou un. Les sécrétions s’amassent pendant la nuit dans les voies respiratoires. Un échantillon recueilli tôt le matin a donc plus de chances de contenir des bacilles tuberculeux qu’un autre recueilli plus tard. Il peut être difficile pour un malade en consultation externe de produire trois échantillons d’expectoration tôt le matin. En pratique, la procédure sera donc la suivante: 1er jour échantillon n° 1 Le malade fournit sous surveillance et sur place un échantillon d’expectoration au moment où il se présente à l’établissement de soins. Il lui est remis un récipient qu’il ramène à son domicile pour recueillir un autre échantillon d’expectoration tôt le lendemain matin. 2e jour échantillon n° 2 Le malade apporte son échantillon recueilli tôt le matin. échantillon n° 3 Le malade fournit un autre échantillon sur place et sous surveillance. Si le malade n’arrive pas à fournir d’expectorations, l’infirmier ou le physiothérapeute peuvent l’aider à tousser et à expectorer. On peut appliquer la même méthode pour les malades hospitalisés. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 55 Terminologie Les mycobactéries sont des “bacilles acido-alcoolo-résistants” (BAAR), souvent abrégé en “bacilles acido-résistants”. L’enveloppe cireuse de la bactérie retient la teinture à l’aniline (par ex. la fuchsine phéniquée) même après décoloration à l’acide et à l’alcool. Coloration de Ziehl-Neelsen C’est une technique simple de détection des BAAR. Voici comment procéder: º fixer le frottis sur la lame; º recouvrir le frottis fixé de fuchsine phéniquée pendant 3 minutes; º chauffer, rincer à l’eau courante et décolorer avec un mélange acide-alcool pendant 3 à 5 secondes; º colorer au bleu de méthylène pendant 30 secondes; º rincer de nouveau à l’eau courante; º observer au microscope (utiliser l’objectif à immersion x 100 et un oculaire x 10). Les bacilles apparaissent comme des chapelets de bâtonnets rouges, de 2 à 4 µm de longueur et de 0,2 à 0,4 µm de largeur. Coloration aux fluorochromes Cette technique de coloration nécessite un microscope spécial en fluorescence. Les fluorochromes sont de l’auramine phénolée ou de l’auramine-rhodamine. Après décoloration par le mélange acide-alcool et recoloration par le bleu de méthylène, les bacilles émettent une fluorescence jaune vif sur fond noir. L’avantage de cette méthode est de pouvoir examiner rapidement les frottis à faible grossissement. Il est important de vérifier les frottis positifs aux fluorochromes en utilisant la coloration de Ziehl-Neelsen. Notation des résultats Le nombre des bacilles observés dans un frottis reflète la gravité de la maladie et la contagiosité du malade. Il est donc important de noter le nombre de bacilles observés sur chaque frottis. Le tableau suivant donne la méthode standard de notation au grossissement x 1 000. Nombre de bacilles Notation du résultat aucun BAAR pour 100 champs à l’objectif à immersion 0 1–9 BAAR pour 100 champs à l’objectif à immersion rares 10–99 BAAR pour 100 champs à l’objectif à immersion + (1+) 1–10 BAAR pour champ à l’objectif à immersion ++ (2+) > 10 BAAR pour champ à l’objectif à immersion +++ (3+) 56 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ADULTE Le technicien de laboratoire doit examiner les trois échantillons d’expectoration de chaque cas suspect. Il lui faut inscrire les résultats de chaque échantillon avec le numéro de référence du laboratoire sur le registre du laboratoire et la demande d’examen. Les résultats indiqués comme ci-dessus sont communiqués au médecin qui classe ensuite le patient. Le classement des patients en cas à frottis positif ou frottis négatif résulte de l’examen de plusieurs frottis. Le tableau suivant explique comment classer les sujets présentant des symptômes pulmonaires. Frottis-positif Au moins 2 frottis examinés et positifs, c’est-à-dire avec au moins 1 à 9 BAAR pour 100 champs (rares). Résultat indéterminé Plusieurs possibilités: º un seul frottis examiné (quelle que soit la notation), º 3 frottis examinés mais un seul positif. Dans ces deux situations, il faut examiner d’autres frottis ou faire une radio thoracique pour pouvoir classer le patient. 3 Frottis négatif Au moins 2 frottis sans aucun BAAR (négatifs) Sensibilité de l’examen microscopique des frottis Pour que la recherche microscopique des bacilles tuberculeux dans les frottis soit positive, il faut qu’il y ait au moins 10 000 micro-organismes par millilitre d’expectoration. Examen des frottis en cas d’infection par le VIH Les taux de positivité des frottis chez les sujets TB-VIH dépendent du degré de la déficience immunitaire ainsi que le montre le tableau suivant. Déficience immunitaire Probabilité d’obtenir un frottis positif modérée la même que chez le sujet VIH-négatif grave diminuée (diminution de l’inflammation pulmonaire) Faux-positifs à l’examen des frottis Un faux-positif signifie que le résultat de l’examen du frottis est positif bien que le sujet n’ait pas en réalité de TBP à frottis positif. Les causes peuvent en être les suivantes: colorant rouge retenu par des éraflures de la lame, transfert accidentel de BAAR d’une lame positive à une lame négative, contamination de la lame ou du frottis par des mycobactéries TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 57 de l’environnement, présence de diverses particules acidorésistantes (par ex. des particules de nourriture, des précipités, d’autres microorganismes). Faux-négatifs à l’examen des frottis Un faux-négatif signifie que le résultat de l’examen du frottis est négatif bien que le sujet présente en réalité une TBP à frottis positif. Des problèmes dans le recueil, le traitement ou l’interprétation des frottis, ou des erreurs administratives peuvent en être la cause. EN PRATIQUE Si, contrairement aux attentes, le résultat d’un frottis est négatif (par ex. pour un sujet présentant des cavités du lobe supérieur à la radiographie thoracique), il faut envisager la possibilité d’un faux-négatif et refaire l’examen microscopique des expectorations. Causes possibles des faux-négatifs à l’examen des frottis Type de problème exemples recueil de l’échantillon le malade ne fournit pas un bon échantillon utilisation d’un récipient qui n’est pas approprié expectorations conservées trop longtemps avant l’examen traitement de frottis réalisé à partir d’un mauvais l’échantillon prélèvement sur l’échantillon mauvaise préparation du frottis, mauvaise coloration interprétation temps insuffisant passé à examiner le frottis du frottis attention insuffisante portée à l’examen (manque de motivation) erreurs identification erronée du malade administratives étiquetage erroné de l’échantillon erreurs dans les dossiers 3.4 DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DE LATB PULMONAIRE EN PRATIQUE Lorsque les trois frottis sont négatifs, le cas suspect peut très bien ne pas avoir de TBP en réalité. Il faut alors réexaminer le sujet et rechercher une pathologie susceptible d’être confondue avec la TBP. 58 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ADULTE Le tableau suivant montre les diverses possibilités de diagnostic. Diagnostic dilatation des bronches (bronchectasie) carcinome bronchique (cancer du poumon) Autres infections, par ex.: pneumonie bactérienne abcès pulmonaire Pneumocystis carinii insuffisance cardiaque congestive insuffisance ventriculaire gauche asthme broncho-pneumopathie chronique obstructive Indices évocateurs du diagnostic correct toux avec des expectorations purulentes en grande quantité facteur de risque (tabagisme, âge, antécédents de mineur) 3 évolution plus courte en général, fièvre, réagit aux antibiotiques toux avec des expectorations purulentes en grande quantité abcès avec niveau liquidien à la radiographie thoracique toux sèche, non productive avec dyspnée importante symptômes d’insuffisance cardiaque (dyspnée, orthopnée, dyspnée nocturne paroxystique, hémoptysie, œdème, malaise, épigastrique dû à la congestion hépatique) signes d’insuffisance cardiaque symptômes intermittents, expiration sifflante généralisée; les symptômes réveillent le patient la nuit facteurs de risque (tabagisme), symptômes chroniques, dyspnée importante, sifflements généralisés, signe d’insuffisance cardiaque droite (œdème de la cheville par exemple) EN PRATIQUE Si un malade est essoufflé, a des hémoptysies continuelles et des frottis négatifs, écouter attentivement s’il ne présente pas en milieu de diastole un souffle grave, avec roulement, évoquant une sténose mitrale s’accompagnant d’œdème pulmonaire. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 59 3.5 DIAGNOSTIC PAR LA RADIOGRAPHIE THORACIQUE Indications de la radiographie thoracique Frottis positif L’examen des frottis d’expectoration constitue le premier test de dépistage chez les patients suspects de TB. Dans la plupart des cas de TBP à frottis positif, la radiographie thoracique n’est pas nécessaire. Pour les autres, les indications sont les suivantes: a) suspicion de complications chez un malade essoufflé et nécessitant un traitement particulier, par exemple pneumothorax, épanchement péricardique, ou pleural (il est rare d’obtenir des frottis positifs avec ces épanchements); b) hémoptysies fréquentes ou graves (pour exclure la dilatation bronchique ou l’aspergillome); c) un seul frottis positif sur les 3 (dans ce cas, les anomalies à la radiographie thoracique sont un critère supplémentaire nécessaire pour diagnostiquer une TBP à frottis positif). Frottis négatif Réexaminer les sujets qui, malgré une cure d’antibiotique à large spectre, continuent de tousser et ont au moins 2 frottis négatifs (et de préférence 3). Si vous soupçonnez toujours une tuberculose malgré les frottis négatifs, il faut alors demander une radiographie thoracique. 3.6 ANOMALIES DES CLICHÉS RADIOLOGIQUES EN CAS DE TB PULMONAIRE EN PRATIQUE Aucune image à la radiographie thoracique n’est absolument caractéristique de la TBP, en particulier en cas d’infection sous-jacente par le VIH. Le tableau suivant montre les aspects dits “classiques” et “atypiques”. Les aspects classiques sont plus courants en cas de séronégativité pour le VIH. Inversement, ce sont les aspects atypiques qui deviennent plus fréquents chez les patients séropositifs. ASPECTS CLASSIQUES ASPECTS ATYPIQUES infiltrats dans le lobe supérieur infiltrats interstitiels (notamment infiltrats bilatéraux dans la zone inférieure des poumons) cavités adénopathie intrathoracique fibrose pulmonaire absence de cavités et rétraction aucune anomalie 60 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ADULTE EN PRATIQUE Les modifications de la radiographie thoracique chez le sujet TB-VIH dépendent de la déficience immunitaire. Lorsque celle-ci est modérée, l’apparence est souvent classique (avec des cavités et des infiltrats dans le lobe supérieur). En cas d’immunodéficience sévère, l’aspect est souvent atypique. 3.7 3 DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL À L’EXAMEN RADIOLOGIQUE Les clichés thoraciques ne sont pas forcément spécifiques de la TBP. D’autres affections peuvent aussi bien donner une image “classique” que “atypique”. EN PRATIQUE La grande majorité des sujets (plus de 90%) atteints de TBP comportant des lésions cavitaires donnent des frottis positifs. Il est donc probable qu’un patient présentant des cavités à la radiographie thoracique et une suite de frottis négatifs souffre d’une autre affection. Le tableau suivant expose les diagnostics différentiels pour les images radiologiques associées fréquemment à la TBP. Images radiologiques Diagnostic différentiel Cavités Infections certaines pneumonies bactériennes nocardiose mélioïdose paragonimose abcès pulmonaire certaines mycoses Maladies non infectieuses carcinome bronchique maladie du tissu conjonctif (collagénose) maladie pulmonaire professionnelle pneumonie carcinome bronchique Infiltration unilatérale TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 61 Infiltration bilatérale Adénopathie médiastinale 3.8 pneumonie maladie du tissu conjonctif (collagénose) maladie pulmonaire professionnelle sarcoïdose lymphome carcinome bronchique sarcoïdose RÔLE DE LA CULTURE POUR LE DIAGNOSTIC Culture de M. tuberculosis Lorsque ce bacille est mis en culture à partir d’échantillons cliniques (expectorations, ponction ganglionnaire, liquide céphalorachidien (LCR) par exemple), le résultat devient le critère absolu pour le diagnostic définitif de la TB. Une fois que les bacilles tuberculeux ont été cultivés on peut pratiquer un antibiogramme pour déterminer in vitro leur sensibilité aux antibiotiques. Le milieu habituel est celui de Löwenstein-Jensen, bien qu’on puisse aussi utiliser des milieux liquides ou des systèmes automatisés (Bactec par exemple) dans les laboratoires mieux équipés. Limites de la culture pour le diagnostic M. tuberculosis se développe lentement et il faut souvent entre 6 et 8 semaines avant d’obtenir une culture positive. Les résultats ne peuvent donc pas aider à poser rapidement le diagnostic malgré une utilité rétrospective éventuelle. Pour pouvoir pratiquer des cultures de mycobactéries, un laboratoire doit avoir du personnel suffisamment qualifié et l’équipement nécessaire, mais dans la plupart des pays en développement, il n’existe qu’un ou deux centres de références capables de faire des cultures et des antibiogrammes. Dans la plupart des hôpitaux, ces services ne seront pas facilement disponibles. 3.9 SEPTICÉMIE ET TB CONCOMITANTE La septicémie peut survenir en même temps que la TB. Le manque de réaction après le traitement d’une septicémie, à la suite d’une pneumonie par exemple, peut être dû à une co-infection TB-VIH. 3.10 COMMENT DISTINGUER LA TB PULMONAIRE D’AUTRES AFFECTIONS PULMONAIRES LIÉES AU VIH Il s’agit là d’un problème de diagnostic courant et souvent difficile. Plusieurs maladies affectant les sujets VIH-positifs ont des tableaux 62 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ADULTE cliniques similaires: toux, fièvre, parfois symptômes thoraciques et opacités sur les clichés thoraciques. La pneumonie est le diagnostic différentiel le plus fréquent et le plus important. Elle peut aussi survenir parallèlement à la tuberculose. Il convient dans chaque cas de procéder à une évaluation clinique attentive et de faire rechercher les BAAR dans des échantillons d’expectoration si le malade tousse depuis plus de 3 semaines. 3 Pneumonie bactérienne aiguë Elle est courante chez les sujets VIH-positifs. La durée de l’affection, plus courte, la distingue généralement de la TBP. Streptococcus pneumoniae en est l’agent pathogène le plus courant. Quel que soit le statut du malade vis-à-vis du VIH, la pneumonie bactérienne aiguë répond bien au traitement classique à la pénicilline, au cotrimoxazole ou à l’ampicilline. EN PRATIQUE Si une pneumonie présumée ne répond pas à une chimiothérapie antibiotique classique, on envisagera alors d’autres agents pathogènes, comme M. tuberculosis. Sarcome de Kaposi (SK) La reconnaissance clinique du SK est simple lorsqu’il y a les lésions typiques de la peau et des muqueuses. Le diagnostic du SK pulmonaire ou pleural est plus difficile. Le malade se présente habituellement avec une toux, de la fièvre, des hémoptysies et une dyspnée et il a normalement des lésions autre part. La radiographie thoracique montre un semis nodulaire diffus (avec des infiltrats diffusant à partir du hile) ou un épanchement pleural. Le liquide pleural est en général teinté de sang. La cytologie peut fournir le diagnostic et il est difficile d’éliminer une TBP concomitante. Pneumonie à Pneumocystis carinii (PPC) La PPC (ou pneumocystose) chez l’adulte atteint du SIDA est moins fréquente en Afrique subsaharienne que dans les pays développés. Le malade se présente habituellement avec une toux sèche et une dyspnée progressive. Le tableau suivant expose les caractéristiques cliniques et radiologiques permettant de distinguer la PPC de la TBP. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 63 Caractéristiques cliniques et radiologiques de la PPC et de la TB Typiques de la PPC toux sèche expectorations muqueuses (s’il y en a) dyspnée signes normaux crépitations à l’auscultation radiographie opacités interstitielles thoracique bilatérales diffuses normale symptômes Typiques de la TB toux productive expectorations purulentes douleur thoracique pleurétique hémoptysies signes de condensation signes d’épanchement pleural condensation lobaire cavités épanchement pleural adénopathie intrathoracique Le diagnostic définitif de la PPC repose sur la découverte des kystes dans des expectorations provoquées, dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire ou dans les échantillons de biopsie. Ces examens sont souvent impossibles à réaliser dans les hôpitaux de district. Le diagnostic dépend donc des caractéristiques cliniques ou radiologiques, de l’élimination de la TB et de la réaction à un essai du cotrimoxazole à haute dose, associé à des corticoïdes en cas de dyspnée sévère. Autres pathologies La cryptococcose et la nocardiose sont deux autres pathologies rares qui ont une présentation similaire à la TB. Le diagnostic de la cryptococcose pulmonaire repose sur la découverte de spores fongiques dans les frottis d’expectoration. La nocardiose peut être particulièrement difficile à distinguer de la TB. La radiographie thoracique montre souvent des infiltrats cavitaires dans le lobe supérieur. Le germe peut également être faiblement acido-résistant. La présence de tissus mous et d’abcès cérébraux entraîne une suspicion clinique. Le diagnostic repose sur la découverte dans les frottis d’expectoration de bâtonnets en chapelets ramifiés Gram-positifs. En Asie du Sud-Est, la pénicilliose (due à Penicillium marneffei) et la mélioïdose ont un tableau clinique voisin de la TBP et peuvent s’associer au VIH. Il en va de même pour des mycoses plus courantes (paracoccidioïdomycose et histoplasmose) sur le continent américain. 64 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ADULTE LECTURES COMPLÉMENTAIRES 3 Crofton J, Home N, Miller F. Clinical Tuberculosis. Deuxième édition. Londres, MacMillan Press Limited, 1999. Harries AD, Maher D, Nunn P. An approach to the problems of diagnosing and treating adult smear-negative pulmonary tuberculosis in high-HIV-prevalence settings in sub-Saharan Africa. Bulletin of the World Health Organization - Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé, 1998, 76: 651–662. Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Guide technique. Diagnostic de la tuberculose par examen microscopique direct des expectorations dans les pays à faibles revenus. Cinquième édition. Paris, 2000. Toman K. Dépistage et chimiothérapie de la tuberculose. Questions et réponses. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1980. Organisation mondiale de la Santé. Tuberculosis Handbook. Genève, 1998 (WHO/TB/98.253). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 65 DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT 4.1 4 ÉPIDÉMIOLOGIE DE LA TB CHEZ L’ENFANT C’est en général un adulte (souvent un membre de la famille) atteint de TBP à frottis positif qui est à l’origine de la transmission de la TB à un enfant. Habituellement, la tuberculose de l’enfant représente 10% à 20% de l’ensemble des cas. Sa fréquence dans une population donnée dépend des éléments suivants: nombre de cas contagieux, proximité avec les cas contagieux, âge de l’enfant au moment de l’exposition et pyramide des âges. Les enfants présentant rarement une TB à frottis positif, il est improbable qu’ils deviennent une source importante de contamination et la maladie résulte donc principalement de l’échec de la lutte antituberculeuse chez l’adulte, c’est-à-dire le fait de ne pas guérir les cas contagieux (les patients atteints de TBP à frottis positif). Si la première des priorités consiste à guérir les adultes contagieux, il n’en est pas moins important de traiter les enfants atteints! La qualité du traitement de la tuberculose chez l’enfant donne les résultats suivants: a) amélioration du bien-être par une diminution de la morbidité et de la mortalité; b) amélioration de la crédibilité et de la réputation du PNAT; c) diminution du risque pour les enfants de souffrir plus tard d’une réactivation de la TB avec formation de cavités. EN PRATIQUE La qualité du programme de lutte antituberculeuse est le meilleur moyen de prévenir la TB chez l’enfant. Vaccination Dans de nombreux pays, on administre le BCG aux nouveau-nés et pourtant on observe des TBP chez l’enfant. Cela montre les limites du vaccin qui semble donner une meilleure protection contre la tuberculose miliaire ou la méningite tuberculeuse que contre la TBP. L’efficacité du BCG varie d’une région à l’autre sans que l’on sache tout à fait pourquoi. Le moment de la vaccination est sans doute l’un des problèmes. Dans les pays en développement, où la TB est fréquente, les enfants sont souvent exposés très tôt dans la vie et il faut donc les vacciner le plus vite possible, c’est-à-dire juste après la naissance. Pourtant, le système immunitaire des nouveau-nés peut être encore trop immature pour pouvoir produire une réaction efficace à la vaccination. Le BCG est plus efficace lorsqu’il est administré aux enfants TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 67 d’âge scolaire mais, dans les collectivités où la TB est fréquente, c’est beaucoup trop tard pour protéger l’enfant de la maladie. La malnutrition et des infections graves, comme le VIH ou la rougeole, font partie des autres facteurs qui limitent l’efficacité de ce vaccin. Risque infectieux Il dépend de l’exposition aux gouttelettes infectieuses. Un nourrisson dont la mère a une TBP à frottis positif a, par exemple, un risque élevé de contracter l’infection. Au contact de sa mère, il est probable que l’enfant inhalera un plus grand nombre de gouttelettes infectieuses que toutes les autres personnes du foyer. Plus l’exposition est importante, plus grande est la probabilité de contracter la maladie. Risque d’évolution vers la maladie Le risque est maximal dans la période qui suit la contamination puis il diminue régulièrement à mesure que le temps passe. Les nourrissons et les enfants de moins de 5 ans ont un système immunitaire moins développé que ceux d’âge scolaire. Ils sont donc particulièrement susceptibles de contracter la maladie (jusqu’à 20% de plus). Celle-ci survient chez nombre d’entre eux dans l’année qui suit l’infection et pour la plupart dans les deux ans. Chez le nourrisson en particulier, le délai d’apparition de la maladie après l’infection peut être très réduit et la TBP se manifeste plutôt comme une pneumopathie aiguë. La mère est presque toujours la contaminatrice dans ce cas. La majorité des enfants séronégatifs pour le VIH qui sont infectés par M. tuberculosis ne développent pas la TB pendant l’enfance. L’intradermoréaction positive à la tuberculine peut alors constituer la seule preuve de l’infection chez ces enfants en bonne santé, asymptomatiques mais infectés. Un enfant infecté peut développer la tuberculose maladie à tout EN PRATIQUE Une suspicion de TB chez un nourrisson doit conduire à rechercher la TBP chez la mère. S’il n’y a pas d’antécédents bien définis, il faut aussi lui demander si elle a souffert d’une toux chronique. moment. Des pathologies ou stress divers peuvent déclencher l’évolution vers la maladie, le facteur le plus important restant l’affaiblissement du système immunitaire. Celui-ci peut être dû à une infection par le VIH, à d’autres maladies (notamment la rougeole et la coqueluche) ou à la malnutrition. Ces problèmes sont plus fréquents chez les nourrissons et les jeunes enfants. 68 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT 4.2 EN QUOI LA TUBERCULOSE DE L’ENFANT DIFFÈRE-T-ELLE DE CELLE DE L’ADULTE? 4 Chez l’enfant, la maladie se manifeste le plus fréquemment entre 1 et 4 ans. Comme nous l’avons déjà souligné, le jeune âge est en lui-même un facteur de risque d’infection, d’évolution vers la maladie et de dissémination dans l’organisme. La plupart des enfants tuberculeux ne sont pas contagieux. La TBP à frottis négatif est la forme la plus courante chez l’enfant, la formation de cavités étant rare. Dans la majorité des cas, les enfants sont trop jeunes pour pouvoir donner des expectorations en vue d’examiner des frottis. Une autre méthode pour en obtenir consiste à pratiquer une aspiration gastrique le cas échéant. Si d’autres méthodes de diagnostic ne sont pas possibles ou pas systématiquement mises en œuvre, on classe les enfants dans la catégorie des “TBP à frottis négatif”, même si cet examen n’a pas été pratiqué. La TB extrapulmonaire vient ensuite avec, dans les formes les plus courantes, la TB miliaire et la méningite tuberculeuse (en général chez l’enfant de moins de 3 ans), la tuberculose ganglionnaire (à tout âge), les épanchements (pleural, péricardique ou péritonéal) et la tuberculose du rachis (souvent chez l’enfant d’âge scolaire, voir le Chapitre 5). La TBP à frottis positif peut être en général diagnostiqués chez l’enfant à partir de 6 ans, mais sa prévalence reste faible entre 5 et 12 ans pour s’accroître ensuite chez l’adolescent. A l’adolescence, la TBP devient comme celle de l’adulte avec, par exemple, fréquemment des cavités. Pathogénie Chez l’enfant, la tuberculose maladie est en général une TB primaire, la TB post-primaire survenant éventuellement chez l’adulte après réactivation des bacilles quiescents depuis l’enfance. L’âge auquel l’enfant est contaminé conditionne le tableau clinique. En bas âge, l’atteinte pulmonaire est en relation étroite avec une pathologie des ganglions médiastinaux. Il s’agit de la tuberculose gangliobronchique donnant une large gamme de lésions segmentaires. Il arrive d’observer ces lésions chez l’adulte mais c’est inhabituel. Chez l’adulte, la TB se développe en général à l’apex des lobes supérieurs et inférieurs. Le jeune enfant (c’està-dire celui de moins de 5 ans), est particulièrement sensible aux formes disséminées à la suite de la primo-infection: TB miliaire et TB extrapulmonaires, par exemple la méningite tuberculeuse. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 69 EN PRATIQUE L’enfant dénutri ou infecté par le VIH peut développer une TBP grave à n’importe quel âge. 4.3 MÉTHODE DE DIAGNOSTIC Le diagnostic de la TBP est ardu chez l’enfant. Si vous pensez le contraire, c’est que vous en diagnostiquez probablement en excès. Il est aussi facile de la diagnostiquer à tort que de passer à côté en attribuant le tableau clinique à la malnutrition ou au SIDA. Il faut évaluer soigneusement toutes les données avant de poser le diagnostic. La difficulté particulière de ce diagnostic vient du fait qu’avant l’âge de 6 à 8 ans, il est rare que les enfants atteints expectorent. Or l’examen du frottis au microscope est habituellement le seul test facilement disponible et mis en œuvre pour les adultes et les enfants plus âgés présentant une TBP. En revanche, il n’existe pas de “test-irréfutable” dans la majorité des cas infantiles. Le jeune enfant avale en général ses expectorations. L’aspiration gastrique et l’écouvillonnage du larynx ne sont guère utiles si l’on ne dispose pas de services capables de mettre M. tuberculosis en culture, ce qui signifie que la confirmation bactériologique est en général impossible. Le diagnostic de TBP chez l’enfant est donc presque toujours présomptif. En ce qui concerne la TB extrapulmonaire, la méthode de diagnostic chez l’enfant est semblable à celle pour l’adulte et elle est décrite au Chapitre 5. Certains hôpitaux peuvent disposer de moyens particuliers utiles pour le diagnostic, par exemple l’examen au microscope des liquides biologiques (épanchement pleural, liquide céphalorachidien, liquide d’ascite), la culture, un service de radiologie spécialisé, la biopsie et l’histologie. Evaluation clinique A l’examen clinique, aucune caractéristique spécifique ne permet d’attribuer à coup sûr la pathologie à la TBP. Les symptômes et les affections respiratoires sont très courants chez l’enfant, en particulier avant l’âge de 5 ans. Dans la plupart des cas suspects, l’enfant a été traité sans résultat avec un antibiotique à large spectre. Il y a trois indices importants à rechercher: (1) Le contact avec une adulte ou un autre enfant ayant une TBP à frottis positif. 70 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT Il est en général possible de déterminer la source de l’infection qui est le plus souvent la mère ou une autre femme s’occupant de l’enfant, comme une tante, une grand-mère ou une sœur. Ce sont elles qui passent le plus de temps avec l’enfant. On veillera à faire une anamnèse spécifique pour chaque sujet en contact dans le ménage. Il ne faut pas se contenter par exemple de demander: “Y a-t-il quelqu’un dans cette famille qui a la tuberculose?” mais plutôt: “Y at-il quelqu’un de malade et quels sont les symptômes?”. Il faut se rappeler que le contact peut avoir eu lieu entre 6 six mois et deux ans plus tôt, délai habituel entre la contamination et l’apparition des symptômes de la maladie. Il arrive à l’occasion de diagnostiquer des cas de TBP chez l’adulte lorsqu’un enfant présente une pathologie suspecte. 4 (2) Une croissance insuffisance ou une perte de poids (ralentissement de la croissance). C’est un bon indicateur d’une maladie chronique chez l’enfant et la TB peut en être la cause. Cependant, ce dernier n’est pas spécifique, la malnutrition, les diarrhées persistantes ou récidivantes et l’infection à VIH pouvant aussi en être à l’origine. (3) Des symptômes respiratoires, comme une toux persistant plus de trois semaines chez un enfant traité avec un antibiotique à large spectre. EN PRATIQUE En cas de suspicion de TB, il faut demander à la mère le carnet de santé de l’enfant (fiche de croissance) et voir s’il n’y a pas un ralentissement de la croissance ou une perte de poids. Sans ces indices, la TB devient moins probable. Il faut cependant toujours faire une anamnèse claire et examiner l’enfant attentivement. Il peut y avoir des signes évoquant d’autres diagnostics, comme l’asthme ou l’inhalation d’un corps étranger. Il faut observer l’état nutritionnel de l’enfant et rechercher les signes d’une infection par le VIH (voir Chapitre 7). A l’examen du thorax, il arrive de faire des constatations inattendues, comme des consolidations ou un épanchement pleural. La TB est ainsi plus probable que des pneumopathies bactériennes plus courantes chez un enfant qui présente ces anomalies mais ne semble pas malade pour autant (aucun signe par exemple de détresse respiratoire comme une tachypnée) et n’a pas eu récemment d’antibiotiques. Enfin, il TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 71 ne faut pas oublier d’ausculter le cœur, faute de quoi il arrive de diagnostiquer par erreur la TBP alors que l’enfant présente une insuffisance cardiaque due à une anomalie congénitale, une cardiopathie rhumatismale ou une cardiomyopathie. Examens On fera si possible une intradermoréaction à la tuberculine pour les éléments d’information qu’elle peut apporter. Un résultat négatif n’exclut pourtant pas la TB. Ce point est abordé plus en détail à la section 4.5. La radio thoracique est courante en cas de suspicion de TBP ou de TB miliaire. La tuméfaction des ganglions est l’image caractéristique qui apparaît le plus régulièrement chez un grand nombre d’enfants atteints. On peut observer des cavités chez les enfants à partir d’un certain âge et les adolescents, qui donnent alors souvent des frottis positifs. Lorsqu’il est normal, le cliché thoracique est utile pour exclure la TBP ou la TB miliaire chez les enfants présentant des symptômes évocateurs, comme une fièvre persistante, des sueurs nocturnes ou un ralentissement de la croissance. Un seul examen radiologique au moment de la présentation de la maladie a un intérêt limité. Lorsqu’un enfant se présente avec une toux persistante, il faut lui administrer un traitement avec un antibiotique à large spectre et faire une radio de contrôle au moins un mois plus tard. Comme pour l’examen clinique, on trouve parfois des anomalies radiologiques marquées chez un enfant qui pourtant n’a pas l’air de se porter si mal. Cela évoque alors la TBP. La malnutrition et l’infection par le VIH limitent encore davantage l’intérêt de l’intradermoréaction à la tuberculine et de l’examen radiologique du thorax (voir section 4.5), ce qui est malheureux car le professionel de santé a souvent besoin de faire la distinction entre ces pathologies courantes et la TB. Pour ajouter encore à la confusion, ces deux groupes de sujets sont particulièrement exposés au risque de TB. Diagnostic différentiel pour les symptômes respiratoires chroniques Les autres pathologies pouvant se manifester par des symptômes respiratoires chroniques sont: º º º º la coqueluche, l’asthme, l’infection à VIH (voir section 4.8), l’inhalation d’un corps étranger, 72 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT º º º º º la dilatation des bronches, la mucoviscidose, les cardiopathies, les reflux gastro-œsophagiens sévères, l’encéphalopathie infantile sévère. 4.4 4 SYSTÈME DE NOTATION POUR LE DIAGNOSTIC DE LA TB CHEZ L’ENFANT Il existe un certain nombre de systémes de notations pour améliorer le diagnostic de la TB chez l’enfant mais ils ont rarement été évalués. Les systèmes de notations reposent sur le recueil soigneux et systématique des informations probantes pour le diagnostic. Ils ne posent pas le diagnostic mais ils sont un outil utile pour orienter le jugement clinique. En dépassant un certain seuil, le nombre de points indique une forte probabilité de TB. On en trouvera des exemples dans Clinical tuberculosis (Crofton, Horne et Miller) ou dans l’article de van Beekhuizen dans Tropical doctor (voir “Lectures complémentaires” à la fin du chapitre). Les manifestations cliniques caractéristiques (déformation du rachis, scrofule ou ascite indolore par exemple) accompagnées d’examens simples orientent souvent vers le diagnostic d’une forme ou d’une autre de TB extrapulmonaire. On peut alors poser le diagnostic avec confiance même s’il est rarement confirmé par la microbiologie. Toutefois, la TBP est la forme la plus courante mais aussi la plus difficile à diagnostiquer. Les systémes de notations sont donc utiles au moins pour la TBP dont les symptômes sont si peu spécifiques dans les régions où la malnutrition et le VIH sont fréquents. Les caractéristiques évocatrices (et les plus fréquemment utilisées) sont: º une durée de la maladie dépassant 4 semaines, en particulier s’il n’y a pas eu de réaction à des traitements, par exemple l’administration d’un antibiotique à large spectre pour une toux persistante; º la preuve d’une émaciation (c’est-à-dire un poids inférieur à 60% du poids médian en fonction de l’âge), en particulier s’il n’y a pas de gain de poids malgré un appui nutritionnel intensif; º des antécédents familiaux de TBP à frottis positif (information très importante); º une intradermoréaction à la tuberculine significative ou “positive”. Certains systèmes de notation tiennent compte de la réaction au traitement antituberculeux. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut avoir recours à un traitement antituberculeux d’épreuve pour poser le diagnostic! TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 73 4.5 L’INTRADERMORÉACTION À LA TUBERCULINE La tuberculine est une protéine purifiée obtenue à partir du bacille tuberculeux. On l’appelle aussi dérivé protéique purifié (ou PPD de purified protein derivative).Après une infection par M. tuberculosis, le sujet développe une hypersensibilité à la tuberculine. Lorsqu’on injecte celleci par voie intradermique, il manifeste une réaction locale retardée au bout de 24 à 48 heures. On quantifie ensuite cette réaction en mesurant le diamètre de l’induration cutanée au point d’injection. Certains états pathologiques peuvent cependant supprimer cette réaction qui indique une hypersensibilité. En d’autres termes, elle montre seulement que le sujet a été contaminé, à un moment ou à un autre, par M. tuberculosis. EN PRATIQUE L’intradermoréaction à la tuberculine ne mesure pas l’immunité et n’indique pas en elle-même la présence ou l’extension de la tuberculose maladie. Elle ne signale que l’infection. Les détails techniques sur les tuberculines, leur administration et la lecture des intradermoréactions dépassent le cadre de cet ouvrage. Clinical tuberculosis (Crofton, Horne et Miller) en fait une bonne description. On injecte une dose standardisée de 5 unités contenues dans 0,1 ml sur la face antérieure de l’avant bras, à la limite entre le tiers central et le tiers supérieur de celui-ci. Il est très important que l’injection soit intradermique de façon à ce qu’elle soit bien localisée. Lorsque l’administration est correcte, une petite boursouflure d’au moins 5 mm de diamètre doit apparaître pour se résorber ensuite en 1 à 2 heures. Cet acte n’est pas facile à pratiquer sur un enfant vigoureux qui ne veut pas se laisser faire. Une injection mal faite peut donner un résultat faussement négatif. Signification d’une intradermoréaction négative à la tuberculine Le résultat n’est pas significatif, en d’autres termes, l’intradermoréaction est “négative”, lorsque le diamètre de l’induration cutanée est inférieur à 10 mm (ou 5 mm chez un enfant VIH-positif), qu’il ait ou non été vacciné par le BCG. Ce résultat n’exclut pas obligatoirement la TB et ne permet donc pas de décider qu’un patient n’a pas la TB. Le tableau suivant énumère les cas où la réaction à la tuberculine est supprimée malgré la présence d’une tuberculose évolutive. 74 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT Cas de suppression de la réaction à la tuberculine infection par le VIH malnutrition infections bactériennes sévères, y compris la TB elle-même infections virales, par exemple la rougeole, la varicelle, la mononucléose infectieuse cancers médicaments supprimant l’immunité, comme les corticoïdes injection mal faite de la tuberculine 4 Signification d’une intradermoréaction positive à la tuberculine Les antécédents de vaccination par le BCG déterminent chez un enfant la signification d’un résultat “positif”. L’intradermoréaction reste généralement positive plusieurs années après la vaccination. Normalement la réaction est plus faible (diamètre souvent inférieur à 10 mm) qu’avec l’infection naturelle par M. tuberculosis. On considère que le test a donné un résultat significatif ou positif, lorsque le diamètre de l’induration dépasse 10 mm ou 5 mm chez l’enfant infecté par le VIH. Une intradermoréaction positive n’est que l’un des indices en faveur du diagnostic de tuberculose. Plus l’enfant est jeune et plus le diamètre de l’induration est grand, plus cet indice a de poids. 4.6 DÉCISION DE COMMENCER LE TRAITEMENT ANTITUBERCULEUX CHEZ L’ENFANT Cette décision est un processus actif qui nécessite d’évaluer les éléments cliniques et les résultats des examens, de réfléchir soigneusement et souvent de se ménager une période d’observation. Lorsque l’enfant a une TB confirmée ou lorsque cette maladie est très probable, il n’y a aucune raison d’hésiter à commencer le traitement. Si les éléments du diagnostic ne sont pas très étoffés et si l’enfant est un peu plus âgé et ne manifestant pas de signes de gravité, il n’y a aucune raison d’être anxieux et de commencer le traitement de toute urgence. On peut attendre pour mieux asseoir le diagnostic! En revanche, si l’enfant est très jeune et gravement malade, il peut s’avérer nécessaire de commencer le traitement même sur un faisceau de présomptions moins irréfutables. Dans le passé, certains médecins ont prôné le “traitement d’épreuve” avec des antituberculeux pour les besoins du diagnostic, l’idée étant que si l’enfant réagit favorablement au traitement spécifique, le diagnostic est posé. Cette méthode pose néanmoins quelques problèmes: a) certains antituberculeux, comme la rifampicine, détruisant d’autres bactéries, on ne peut exclure la présence d’autres infections (bactériennes) pour expliquer la réaction de l’enfant au traitement; TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 75 b) l’observance des “traitements d’épreuve” manque en général de rigueur en raison de l’incertitude avec laquelle la décision de traiter a été prise; c) on peut être tenté de passer trop vite au “traitement d’épreuve” sans avoir appliqué une méthode de diagnostic suffisamment rigoureuse et réfléchie; d) l’administration trop rapide d’un “traitement d’épreuve” peut ne pas donner suffisamment de temps au traitement d’autres infections plus courantes, pneumonies bactériennes ou atypiques par exemple; e) une fois qu’un traitement antituberculeux a été entrepris, il doit être mené à son terme. 4.7 IMPACT DU VIH SUR LE DIAGNOSTIC DE LA TB CHEZ L’ENFANT Le VIH rend le diagnostic et la prise en charge de la TB chez les enfants encore plus difficile pour les raisons suivantes: a) plusieurs affections liées au VIH, y compris la TB, peuvent se présenter de manière similaire (voir le paragraphe 4.8 pour le diagnostic différentiel). b) L’interprétation de l’intradermoréaction à la tuberculine est moins fiable. Un enfant immunodéprimé peut donner une réaction négative à ce test malgré sa tuberculose. c) Dans certains pays, l’infection par le VIH est très courante chez les adultes tuberculeux. Si l’enfant a été au contact d’un adulte ayant une TBP à frottis positif et que celui-ci soit l’un de ses parents, il a un risque accru d’être infecté aussi par le VIH. En outre, il arrive que l’enfant atteint de TB, même s’il n’est pas infecté par le VIH, vive dans un foyer où l’un des parents, voire les deux, sont morts. Dans cette situation, l’observance et l’administration du traitement jusqu’à son terme posent davantage de difficultés. Pour toutes ces raisons, de nombreux éléments du diagnostic de la TB chez l’enfant sont moins utiles en cas d’infection concomitante par le VIH. Conséquences de l’infection par le VIH sur les éléments du diagnostic de la TBP chez l’enfant Eléments du diagnostic Effet du VIH Symptômes chroniques moins spécifique Contact à frottis positif (si c’est un parent) moins spécifique Malnutrition, ralentissement de la croissance moins spécifique Intradermoréaction positive moins sensible Anomalies “caractéristiques” à la radio moins spécifique Réaction satisfaisante au traitement anti-TB moins sensible 76 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT 4.8 DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DE LA TB PULMONAIRE CHEZ UN ENFANT INFECTÉ PAR LE VIH 4 Pneumonie bactérienne C’est une affection très courante chez l’enfant infecté par le VIH et une manifestation récidivante au stade du SIDA. Streptococcus pneumoniae en est le plus souvent à l’origine et réagit bien au traitement en général. Haemophilus influenzae, Salmonella, Staphylococcus aureus, Klebsiella pneumoniae et Escherichia coli peuvent aussi en être responsables. Chez le nourrisson, le tableau clinique de la TBP peut être aigu et il faut l’envisager lorsque la réaction à une antibiothérapie standard n’est pas satisfaisante et que la mère a une TB. Les pneumonies à staphylocoques ou à Klebsiella peuvent poser un problème chez l’enfant infecté par le VIH et souffrant d’une pathologie pulmonaire chronique : il arrive qu’elles entraînent la formation de kystes et de cavités. Pneumonie interstitielle lymphoïde (PIL) C’est une cause très courante de pathologie pulmonaire chez l’enfant de plus de 2 ans infecté par le VIH. Il peut être très difficile de la différencier de la TBP ou de la TB miliaire. Son tableau clinique habituel comprend des adénopathies généralisées symétriques (indolores et mobiles), une hypertrophie chronique, bilatérale et non douloureuse des parotides et un hippocratisme digital. Le diagnostic est clinique car il ne peut être confirmé que par une biopsie pulmonaire. L’image radiologique typique comporte un aspect réticulonodulaire bilatéral diffus et une hypertrophie des ganglions médiastinaux et hilaires. Il faut se rappeler que les anomalies radiologiques sont souvent unilatérales en cas de TBP. La PIL a un tableau clinique et radiologique étendu. La pneumonie bactérienne en est une complication fréquente qui brouille davantage l’aspect évocateur à la radiographie thoracique. Dilatation des bronches (bronchectasie) Il s’agit en général d’une complication de la pneumonie interstitielle lymphoïde, mais il arrive de l’observer avec la TB. Une toux produisant des expectorations purulentes abondantes et parfois teintées de sang, l’hippocratisme digital et l’halitose sont caractéristiques du tableau clinique. Sarcome de Kaposi pulmonaire Le SK peut toucher les poumons et provoquer des infiltrations diffuses et une hypertrophie ganglionnaire. Les patients peuvent présenter un épanchement pleural abondant donnant un liquide teinté de sang à la ponction. On recherchera des lésions typiques du SK ailleurs, sur la peau, le palais ou la conjonctive. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 77 Pneumonie à Pneumocystis carinii C’est un problème courant chez l’enfant infecté par le VIH et elle se présente habituellement sous la forme d’une pneumonie aiguë grave chez le nourrisson de moins de six mois. Contrairement à la TB, elle se caractérise par une hypoxie sévère. Les anomalies radiologiques les plus courantes sont une infiltration interstitielle diffuse et une distension. Dans les pays en voie de développement, elle devient un diagnostic très improbable pour les pathologies respiratoires persistantes de l’enfant qui n’est plus un nourrisson. Elle est devenue rare dans les pays qui pratiquent le dépistage systématique du VIH avant la naissance et administre une prophylaxie au cotrimoxazole aux nourrissons infectés par le VIH. Autres Les autres pathologies à envisager sont les mycoses pulmonaires, candidoses ou cryptococcoses par exemple, la nocardiose et le lymphome pulmonaire. EN PRATIQUE La PIL est la plus courante des affections pulmonaires associées au VIH et pouvant être confondues avec la TB. 4.9 PRISE EN CHARGE DES ENFANTS EN CONTACT AVEC DES ADULTES CONTAGIEUX Les établissements de soins voient éventuellement les enfants atteints de la tuberculose une fois qu’ils sont malades. Toutefois, la plupart des programmes nationaux de lutte antituberculeuse recommandent également de rechercher activement les enfants en contact avec les adultes contagieux. Pour être efficace, ce dépistage doit être systématique. S’il n’existe pas de programme systématique de dépistage là où vous travaillez, peut-être pouvez-vous en instaurer un? Le schéma ci-dessous montre comment prendre en charge les enfants en contact avec des adultes contagieux (atteints de TBP à frottis positif). On soupçonne que l’enfant en contact est infecté par le VIH si l’on observe les faits suivants : il présente un tableau clinique conforme à une infection au VIH; on sait ou soupçonne que le parent (le sujet contagieux pour la tuberculose) est VIH-positif. Si vous soupçonnez que l’enfant en contact est infecté par le VIH, il faut conseiller les parents avant de dépister le VIH chez l’enfant. 78 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT Comment identifier et prendre en charge les enfants en contact avec des adultes contagieux groupe cible de adultes contagieux adultes ayant une TBP à frottis positif identifier tous les enfants exposés enfants en contact dans le foyer sélection des enfants pour le dépistage tous les enfants < 5 ans enfants à tout âge toussant depuis plus de 3 semaines méthode de dépistage anamnèse et examen clinique intradermoréaction à la tuberculine et radiographie thoracique (si les ressources le permettent) résultat du dépistage TB improbable action TB possible traitement des autres possibilités de diagnostics et réévaluer prophylaxie à l’isoniazide pour tous les enfants < 5 ans 4 TB très probable confirmer le diagnostic notifier et traiter le cas de TB Un enfant de moins de 5 ans vivant avec un sujet atteint de TBP à frottis positif a un risque élevé de contracter l’infection et de développer la tuberculose maladie, en particulier s’il est séropositif pour le VIH. L’intradermoréaction n’est pas un moyen fiable de distinguer les enfants qui sont infectés de ceux qui sont indemnes et il est rarement possible TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 79 de la faire. L’UICTMR recommande donc un traitement préventif à l’isoniazide pour tous les enfants (en dessous de 5 ans) vivant au foyer d’un malade atteint de TBP à frottis positif. Ce traitement préventif doit tenir compte du profil de sensibilité aux médicaments de la source de l’infection si l’on dispose de cette donnée. 80 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT LECTURES COMPLÉMENTAIRES 4 Chaulet P et al. Childhood tuberculosis, still with us. In: Children in the Tropics L’enfant en milieu tropical. Paris, Centre international de l’Enfance, 1992. Crofton J, Horne N, Miller F. Clinical tuberculosis. Deuxième édition. Londres, MacMillan Press Limited, 1999. Donald PR, Fourie PB, Grange JM. Tuberculosis in Childhood. Pretoria, JL van Schaik, 1999. Graham SM, Coulter JBS, Gilks CF. Pulmonary disease in HIV-infected African children. International Journal of Tuberculosis and Lung Disease, 2001, 5: 12–23. Hesseling AC, Schaaf HS, Gie RP, Starke JR, Beyers N. A critical review of diagnostic approaches used in the diagnosis of childhood tuberculosis. International Journal of Tuberculosis and Lung Disease, 2002, 6: 1038–1045. Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Prise en charge de la tuberculose. Guide pour les pays à faibles revenus. Cinquième édition. Paris, 2000. Miller FJW. Tuberculosis in children. New Delhi, Churchill-Livingstone, 1986. Mukadi YD, Wiktor SZ, Coulibaly I-M, et al. Impact of HIV infection on the development, clinical presentation, and outcome of tuberculosis among children in Abidjan, Côte d’Ivoire. AIDS, 1997, 11: 1151–1158. Osborne CM. The challenge of diagnosing childhood tuberculosis in a developing country. Archives of Diseases in Childhood, 1995, 72: 369–74. Palme IB, Gudetta B, Bruchfeld J, Muhe L, Giesecke J. Impact of human immunodeficiency virus 1 infection on clinical presentation, treatment outcome and survival in a cohort of Ethiopian children with tuberculosis. The Pediatric Infectious Disease Journal, 2002, 21: 1053–106. Reider HL. Bases épidémiologiques de la lutte antituberculeuse. Première édition. Paris, Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, 1999. Schaaf HS, Beyers N, Gie RP, et al. Respiratory tuberculosis in childhood: the diagnostic value of clinical features and special investigations. The Pediatric Infectious Disease Journal, 1995, 14: 189–194. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 81 Van Beekhuizen HJ.Tuberculosis score chart in children in Aitape, Papua New Guinea. Tropical doctor, 1998, 28: 155–160. 82 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHEZ L’ENFANT DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT 5 On observe des TB extrapulmonaires (TBEP) à n’importe quel âge, mais les jeunes enfants et les adultes VIH-positifs y sont particulièrement sensibles. Elles peuvent représenter jusqu’à 25% des cas de TB. Les enfants de moins de deux ans sont exposés à un risque de dissémination de la maladie aboutissant à la TB miliaire ou à la méningite tuberculeuse. Les formes les plus couramment associées au VIH sont les suivantes: tuberculose ganglionnaire, pleurale, péricardique, miliaire, méningée. Dans de nombreux cas de TB extrapulmonaire, on observe une TB pulmonaire concomitante. EN PRATIQUE Rechercher la TB pulmonaire chez le sujet présentant une TB extrapulmonaire. Si le patient a une toux grasse depuis plus de deux ou trois semaines, faire rechercher les BAAR dans les échantillons d’expectoration. Si ce test est négatif, demander une radiographie thoracique. 5.1 MÉTHODE DE DIAGNOSTIC Le diagnostic définitif de la tuberculose extrapulmonaire est souvent difficile à poser. On peut se contenter d’un diagnostic de présomption, à condition d’avoir exclu auparavant toute autre pathologie. Les sujets présentent habituellement des signes généraux (fièvre, sueurs nocturnes, perte de poids) et locaux en rapport avec la localisation de la maladie. Ces derniers sont identiques chez l’adulte et l’enfant. Le degré de certitude dépend des moyens de diagnostic dont on dispose, par exemple la possibilité de pratiquer des examens radiologiques spécialisés, des échographies ou des biopsies. 5.2 TUBERCULOSE GANGLIONNAIRE Quel que soit le statut vis-à-vis du VIH, les ganglions cervicaux sont les ganglions lymphatiques les plus couramment impliqués. Le cours évolutif habituel de l’affection ganglionnaire est le suivant: ganglions fermes ganglions mobiles fistulisation cutanée discrets → adhérant entre eux → abcès, fistule chronique TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI → guérison avec cicatrices 83 EN PRATIQUE Lors d’une déficience immunitaire grave, la tuberculose ganglionnaire peut être aiguë et ressembler à une adénopathie pyogène aiguë. Chez l’adulte, le diagnostic différentiel de la tuberculose ganglionnaire comprend les affections suivantes: adénopathie généralisée persistante (AGP), lymphome, sarcome de Kaposi, métastases cancéreuses, sarcoïdose, réactions médicamenteuses (par ex. à la phénytoïne). Chez l’enfant infecté par le VIH, l’AGP s’accompagne souvent d’une pneumonie interstitielle lymphoïde (PIL) que l’on peut confondre avec la TB, les symptômes respiratoires chroniques étant très voisins. L’adénopathie avec PIL se caractérise par sa généralisation, sa symétrie et des ganglions mobiles, non douloureux, fermes et non fluctuants. Le diagnostic différentiel comprend l’adénite bactérienne ou pyogène ainsi que les lymphomes (lymphome de Burkitt, par exemple). Adénopathie généralisée persistante (AGP) L’AGP est une manifestation de l’infection par le VIH qui peut toucher jusqu’à 50% des individus atteints par ce virus. Elle n’a pas d’importance pour le pronostic et il n’y a pas de traitement spécifique. Les critères de diagnostic sont les suivants: ganglions lymphatiques de plus d’1 cm de diamètre, dans 2 localisations extra-inguinales (ou plus), pendant 3 mois ou plus. Les ganglions, symétriques, ne sont pas douloureux et il s’agit souvent des ganglions cervicaux postérieurs ou épitrochléens. L’AGP peut diminuer lentement au cours de l’infection par le VIH et disparaître avant le début du SIDA. Dans les populations à forte prévalence du VIH, elle est la cause la plus courante d’adénopathie. Elle constitue un diagnostic clinique chez les personnes VIH-positives. Il ne faut continuer les recherches que si d’autres affections se manifestent. On poursuit les examens, biopsie comprise, si les ganglions présentent les caractéristiques suivantes: º º º º taille (> 4 cm de diamètre), ou grossissant rapidement, adénopathie asymétrique, ganglions douloureux sans lien avec une infection locale, ganglions mobiles, adhérant, 84 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT º signes généraux évidents (fièvre, sueurs nocturnes, pertes de poids par exemple), º adénopathie hilaire ou médiastinale révélée par la radiographie thoracique. 5 Méthode pratique d’investigation d’une adénopathie (si le tableau clinique évoque une autre cause que l’AGP) Mode operatoire ponction du ganglion Test Résultat Diagnostic observer les ➝ caséification ➝ matières prélevées TB recherche de ➝ présence de ➝ BAAR sur frottis BAAR TB frottis pour l’examen cytologique ➝ cellules ➝ cancéreuses lymphome, carcinome tumeurs malignes (par ex. SK) en l’absence de diagnostic après la ponction biopsie du ganglion observer la ➝ caséification ➝ surface d’incision TB recherche de ➝ présence de ➝ BAAR sur un BAAR frottis à partir de la surface TB ➝ TB ganglion dans ➝ granulome ➝ le formol et BAAR pour examen ➝ histologique cellules ➝ cancéreuses TB ganglion frais envoyé en culture TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI ➝ culture bacillaire positive tumeurs malignes 85 Le diagnostic de la tuberculose ganglionnaire est possible même en l’absence d’un laboratoire pouvant réaliser une analyse histologique ou une culture bacillaire. La sensibilité du diagnostic de la tuberculose ganglionnaire par ponction et frottis pour rechercher les BAAR est de 70%. Cette sensibilité passe à 80% si l’on excise un ganglion, observe la surface d’excision et réalise un frottis pour rechercher les BAAR. L’aspect histologique des ganglions tuberculeux prélevés chez des malades VIH-positifs dépend du degré de la déficience immunitaire ainsi que l’indique le tableau suivant. Degré de déficience immunitaire modérée grave 5.3 Aspect histologique des ganglions lymphatiques lésion caséeuse avec peu ou pas de BAAR faible réaction cellulaire avec de nombreux BAAR TUBERCULOSE MILIAIRE (DISSÉMINÉE) La tuberculose miliaire provient d’une forte dissémination par voie sanguine du bacille tuberculeux. Elle est la conséquence d’une primoinfection récente ou de l’érosion d’une lésion tuberculeuse dans un vaisseau sanguin. Manifestations cliniques Le sujet présente des symptômes généraux plutôt que respiratoires, avec possibilité d’hépatosplénomégalie et de tubercules choroïdiens (examen du fond d’œil). Le tableau comporte souvent une fièvre d’origine inconnue et il peut y avoir un amaigrissement important. La tuberculose miliaire étant une cause pas assez diagnostiquée du syndrome cachectisant terminal du sujet VIH-positif, la suspicion est de mise. Diagnostic La radiographie thoracique montre de petites opacités miliaires diffuses, réparties uniformément. Le terme “miliaire” signifie “semblable à de petits grains de mil”. Il arrive que les clichés radiologiques soient normaux dans les cas avancés d’immunodéficience incapables de produire la réaction inflammatoire. La numération sanguine peut révéler une pancytopénie et il arrive que les tests de la fonction hépatique soient anormaux. L’examen des expectorations, du LCR ou de la moelle osseuse donne parfois la confirmation bactériologique (frottis ou mise en culture). 86 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les affections suivantes: syndrome cachectisant (“maladie de la maigreur”), septicémie (y compris les fièvres typhoïdes), cancer généralisé, infection disséminée avec une mycobactérie atypique, trypanosomiase (dans les régions d’endémie) et maladies du tissu conjonctif. 5 On peut confondre les anomalies typiques à l’image radiologique avec celles provoquées par une PIL chez l’enfant. Le tableau suivant dresse la liste des caractéristiques permettant de différencier les deux pathologies. Toutefois, la PIL présentant des manifestations cliniques et radiologiques très variées en fonction du stade de l’infection à VIH, il y a une superposition clinique des deux maladies. Différenciation clinique de la TB miliaire et de la PIL chez l’enfant TB miliaire PIL Manifestations cliniques: Symptômes respiratoires Fièvre persistante Amaigrissement Adénopathie généralisée Hypertrophie des parotides Hippocratisme Hépatomégalie -/+ ++ +++ -/+ ++ +++ ++ -/+ +++ ++ + ++ Caractéristiques radiologiques: Micronodules diffus Diffusion récticulaire Adénopathie ++ -/+ + ++ ++ 5.4 TUBERCULOSE DES SÉREUSES (ÉPANCHEMENT PLEURAL, PÉRICARDIQUE, ASCITE) Les épanchements inflammatoires tuberculeux peuvent se produire dans n’importe laquelle des cavités séreuses du corps, comme par exemple les cavités pleurale, péricardique ou péritonéale. C’est une forme plus courante de tuberculose chez les personnes VIH-positives que chez les TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 87 autres. Elle survient aussi chez les enfants d’âge scolaire, avec ou sans VIH. Les épanchements séreux indiquent souvent une primo-infection ou une réinfection. Méthode de diagnostic On observe habituellement des manifestations générales et locales. L’examen au microscope des prélèvements de ponctions d’un épanchement séreux tuberculeux met rarement en évidence des BAAR parce que le liquide se forme à la suite de la réaction inflammatoire des membranes séreuses atteintes par les lésions tuberculeuses. La culture bacillaire, même si elle est possible, n’apporte pas d’aide immédiate: il faut en général de 4 à 6 semaine pour obtenir un résultat. La teneur en leucocytes est variables, mais les lymphocytes et les monocytes prédominent habituellement. Le liquide de ponction est un exsudat (c’est-à-dire que la teneur en protéine dépasse 30 g/l). EN PRATIQUE Le laboratoire de biochimie n’est pas indispensable pour diagnostiquer un exsudat. Il suffit simplement de laisser reposer le liquide de ponction : s’il “coagule”, c’en est un. Dans les populations à forte prévalence du VIH en Afrique subsaharienne, la TB est la cause la plus courante des épanchements séreux. C’est le plus souvent un diagnostic de présomption (c’est-à-dire sans confirmation microbiologique ou histologique). Il est important d’éliminer les autres causes. EN PRATIQUE Interpréter avec prudence la teneur en protéine donnée par le laboratoire pour un liquide de ponction. Si l’échantillon a été analysé tardivement, un caillot a pu se former et le résultat, anormalement bas, ne correspond plus à la réalité. Tuberculose pleurale Le diagnostic clinique et radiologique d’un épanchement pleural est simple. Les manifestations cliniques typiques sont générales et locales (douleurs thoraciques, essoufflement, déplacement trachéal et médiastinal de l’autre côté de l’épanchement, diminution de l’ampliation thoracique, matité et silence respiratoire du côté de l’épanchement). La radiographie thoracique montre une opacité blanche unilatérale et uniforme, présentant souvent un bord supérieur concave. Lorsqu’elle est 88 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT réalisable et en cas de doute, l’échographie confirme la présence de liquide dans l’espace pleural. 5 Il faut toujours faire une ponction exploratrice lorsqu’un sujet souffre d’épanchement pleural. Le liquide est habituellement de couleur jaune. La numération leucocytaire est en général élevée (de 1 000 à 2 500 par mm3) avec une prédominance des lymphocytes. Le liquide est parfois teinté de sang. La présence de pus dans la ponction indique l’empyème (épanchement purulent). EN PRATIQUE Dans un hôpital disposant d’équipements limités pour soigner une population où la prévalence de la tuberculose est forte, il faut traiter avec des antituberculeux tout patient présentant un épanchement pleural exsudatif unilatéral et n’ayant pas réagi à une antibiothérapie. Si vous disposez des équipements nécessaires, la biopsie pleurale au moyen d’une aiguille d’Abrams est utile pour l’exploration histologique. Comme la répartition des lésions tuberculeuses sur la plèvre est parcellaire, le rendement diagnostic de la biopsie pleurale est d’environ 75%. La multiplication des biopsies accroît le rendement, et une petite biopsie chirurgicale l’augmente encore davantage mais elle ne s’impose pas en général. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel d’un épanchement pleural exsudatif comprend les affections cancéreuses, l’épanchement post-pneumonique, l’embolie pulmonaire et l’abcès hépatique amibien (en cas d’épanchement sur la droite). Empyème tuberculeux Il se produit habituellement lorsque une cavité tuberculeuse pulmonaire se rompt dans l’espace pleural. Les signes physiques sont ceux d’un épanchement pleural, mais la ponction met à jour un pus blanc ou jaunâtre épais. Si celui-ci est trop épais pour être prélevé au moyen d’une aiguille et d’une seringue, on utilise un drain intercostal. Le prélèvement sera envoyé au laboratoire pour la recherche de la tuberculose, la coloration de Gram et la culture bactériologique. Si vous disposez des équipements nécessaires, la biopsie pleurale est utile pour le diagnostic histologique. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 89 Le principal diagnostic différentiel est l’empyème bactérien, en fait plus toxique pour le sujet et le rendant plus malade. La coloration de Gram et/ou la mise en culture de la ponction peuvent confirmer cette pathologie. Le bruit de clapotis entendu dans le stéthoscope lorsqu’on secoue la poitrine du malade s’appelle succussion. Il indique un pyopneumothorax (présence de pus et d’air dans l’espace pleural). Après confirmation radiologique, on insère un drain avec obturation sous l’eau. EN PRATIQUE Essayer toujours d’obtenir le bruit de succussion chez un malade présentant les signes d’épanchement pleural. Péricardite tuberculeuse Diagnostic Il repose habituellement sur des manifestations générales et cardiovasculaires évocatrices et certains examens complémentaires (électrocardiogramme, radiographie thoracique et échocardiographie). Il est important d’éliminer l’insuffisance rénale et le sarcome de Kaposi. Symptômes cardiovasculaires: º douleur thoracique, º essoufflement, º toux, º vertiges et faiblesse (faible rendement cardiaque), º œdème des membres inférieurs, º douleur de l’hypochondre droit (congestion hépatique), º gonflement de l’abdomen (ascite). Signes cardiovasculaires: º tachycardie, º hypotension artérielle, º pouls paradoxal, º jugulogramme augmenté, petite amplitude des ondes “a” et “v”, º choc systolique impalpable, º assourdissement des bruits cardiaques, º frottement péricardique, º signes d’insuffisance cardiaque droite (hépatomégalie, ascite, œdème). 90 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT EN PRATIQUE Les signes peuvent être discrets. Evaluer attentivement tout sujet présentant un œdème et/ou de l’ascite en gardant en mémoire la possibilité d’un épanchement péricardique. 5 Radiographie thoracique: º augmentation de l’ombre cardiopéricardique, º champs pulmonaires clairs, º épanchement pleural liquidien. Electrocardiogramme: º tachycardie, º modifications des ondes T et ST, º complexe QRS de bas voltage, º parfois, inversions électromagnétiques (alternance des ondes R positives et négatives, évoquant un cœur qui se déplace à chaque battement dans le liquide péricardique). Echocardiographie: º liquide péricardique, º croisement de lignes entre le péricarde viscéral et pariétal. Pièges dans le diagnostic de l’épanchement péricardique Il est arrivé à des médecins de confondre l’épanchement péricardique avec: º une insuffisance cardiaque congestive; º un hépatome ou un abcès hépatique amibien (hépatomégalie); º des épanchements pleuraux bilatéraux. Ponction du péricarde (péricardiocentèse) Elle n’est sûre que dans les conditions suivantes: a) l’échocardiographie a confirmé la présence d’un épanchement péricardique modéré à important; b) le manipulateur a de l’expérience. La ponction du péricarde à visée thérapeutique est nécessaire en cas de tamponnade cardiaque (trouble cardiaque aigu menaçant la vie du sujet). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 91 EN PRATIQUE Dans les populations à forte prévalence de la TB-VIH, la tuberculose est la cause la plus vraisemblable d’épanchement péricardique que l’on peut soigner. Il est plus sûr pour le malade de démarrer un traitement antituberculeux présomptif que de subir une péricardiocentèse pour le diagnostic. Le traitement par les corticoïdes et les antituberculeux vient habituellement à bout de l’épanchement péricardique tuberculeux sans péricardiocentèse. Evolution La péricardite constrictive est l’une des complications possibles malgré le traitement antituberculeux. La prise en charge médicale de l’insuffisance cardiaque due à cette constriction a parfois un effet bénéfique. En cas d’échec, le chirurgien doit évaluer les avantages de la péricardectomie par rapport au risque opératoire pour son patient. Diagnostic différentiel Mis à part la tuberculose, le diagnostic différentiel de l’épanchement péricardique comprend les affections suivantes: transsudats: insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, insuffisance hépatique, hypothyroïdie; exsudats: affections cancéreuses, péricardite purulente, maladies inflammatoires. Ascite tuberculeuse L’ascite résulte de la péritonite tuberculeuse. Les voies de dissémination de la TB au péritoine sont les suivantes: a) à partir de ganglions mésentériques tuberculeux; b) à partir de la TB intestinale (les malades atteints de TB pulmonaire peuvent développer des ulcères intestinaux et des fistules résultant de l’ingestion d’expectorations infectées); c) par le sang. Manifestations cliniques Les malades présentent des signes généraux et une ascite. Un amaigrissement important est courant chez l’enfant. Il n’y a en général pas de signe évoquant une autre cause de l’ascite: syndrome 92 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT néphrotique, (œdème périphérique et périorbital) ou hypertension portale (splénomégalie importante). Il est possible de palper des masses abdominales (ganglions mésentériques). L’adhérence des ganglions aux intestins peut provoquer des occlusions. Il peut se développer des fistules entre les intestins, la vessie et la paroi abdominale. 5 Examens Faire une radiographie du thorax pour rechercher une TBP associée. La ponction de l’ascite s’impose toujours. Le liquide aspiré est en général de couleur paille, mais parfois trouble et teinté de sang. C’est un exsudat contenant habituellement plus de 300 leucocytes par mm3, en majorité des lymphocytes. L’échographie, lorsqu’elle est réalisable, montre des images en rapport avec une TB, en particulier des ganglions mésentériques ou rétropéritonéaux hypertrophiés. EN PRATIQUE Il arrive que l’albuminémie d’un malade cachectisant ayant une ascite tuberculeuse soit basse. Dans ce cas, le seuil habituel de 30 g/l d’albumine pour le diagnostic d’un exsudat est trop élevé. On calculera à la place la différence entre la teneur en albumine du sérum et celle du liquide d’ascite. Si le résultat obtenu est inférieur à 11 g/l, l’ascite est alors un exsudat. Diagnostic C’est d’habitude un diagnostic présomptif. Le diagnostic définitif repose sur la biopsie péritonéale, réalisable dans certains hôpitaux. Le prélèvement percutané en aveugle au moyen d’une aiguille dans le péritoine donne en général beaucoup plus de complications que de résultats. En revanche, la laparoscopie sous anesthésie locale, pratiquée par des mains expérimentées, est utile: elle permet la vision directe des lésions péritonéales tuberculeuses et le prélèvement de la biopsie. La laparotomie confirme le diagnostic presque dans chaque cas, mais elle est trop invasive pour être appliquée systématiquement. Diagnostic différentiel A part la tuberculose, le diagnostic différentiel de l’ascite comprend les affections suivantes: transsudats: insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, syndrome néphrotique, affection hépatique chronique due à une cirrhose, schistosomiase hépatosplénique, hypoprotéinémie; TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 93 exsudats: tumeurs malignes, autres infections pouvant provoquer une péritonite. 5.5 MÉNINGITE TUBERCULEUSE Les voies de dissémination de la TB aux méninges sont les suivantes: a) rupture d’un tuberculome cérébral dans l’espace sous-arachnoïdien; b) sang. Manifestations cliniques Le malade peut présenter des signes généraux et des signes méningés. Les céphalées et la perte de conscience débutent et s’installent progressivement. L’examen révèle souvent une raideur de la nuque et un signe de Kernig positif. Les paralysies des nerfs crâniens proviennent de l’exsudat à la base du cerveau. Les tuberculomes et les occlusions vasculaires peuvent provoquer des déficiences neurologiques et des crises de type épileptique. Il peut se développer une hydrocéphalie obstructive. La survenue d’une arachnoïdite spinale entraîne une paraplégie (flasque ou spasmodique). Diagnostic Il repose en général sur l’examen clinique et sur celui du LCR. La ponction lombaire est sûre dans la plupart des cas où l’on soupçonne une méningite tuberculeuse. EN PRATIQUE La ponction lombaire est risquée si le malade présente un déficit neurologique en foyer (lésion occupant l’espace cérébral) ou si le fond d’œil révèle un œdème papillaire (hypertension intracrânienne). Dans ces circonstances, on a recours utilement à la scannographie du cerveau si elle est réalisable. Autrement, il est plus sûr de démarrer un traitement antituberculeux présomptif plutôt que de risquer une ponction lombaire. La pression du LCR à l’ouverture est élevée, et le liquide peut apparaître limpide ou parfois trouble. La numération des leucocytes s’établit généralement à environ 500 par mm3 avec une majorité de lymphocytes (ou, au début de l’infection, une prédominance de polynucléaires). Le taux de protéines est en général élevé et celui de glucose faible. L’examen du LCR au microscope ne montre des BAAR que dans une minorité de cas. Il est néanmoins possible d’améliorer les possibilités de diagnostic par les méthodes suivantes: a) examiner le culot de centrifugation d’un échantillon de 10 ml de LCR; 94 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT b) examiner le culot de centrifugation pendant au moins une demiheure avant de le déclarer négatif; c) examiner plusieurs échantillons recueillis sur plusieurs jours. 5 EN PRATIQUE La ponction lombaire est importante pour faire la distinction entre une méningite purulente et la méningite tuberculeuse. Il faut toujours exclure la méningite cryptococcique en examinant le LCR au microscope (coloration à l’encre de Chine) ou, si c’est possible, en demandant une culture fongique. Difficultés d’interprétation des résultats de l’examen du LCR L’examen du LCR peut donner certains résultats normaux, en particulier en cas de séropositivité pour le VIH. Les pourcentages de malades atteints de méningite tuberculeuse, VIH-positifs et présentant des résultats normaux sont les suivants: glucose 15%, protéine 40%, numération leucocytaire 10%. Diagnostic différentiel Le tableau suivant montre le diagnostic différentiel de la méningite tuberculeuse, avec des anomalies typiques à l’examen du LCR. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 95 Diagnostic différentiel de la méningite tuberculeuse Affection méningite tuberculeuse méningite* cryptoccique méningite* bactérienne partiellement traitée méningite virale syphilis aiguë trypanosomiase au stade tardif tumeur (carcinome/ lymphome) leptospirose méningite amibienne Anomalies du LCR Numeration Protéines leucocytaire Elevée Augmentées L > PN Augmentées Elevée L > PN Augmentées Elevée Elevée L > PN Elevée L > PN Elevée L > PN Elevée L > PN Elevée L > PN Elevée L > PN Glucose Diminué Diminué Diminué Examen au microscope BAAR (dans certains cas) Positif à l’encre de Chine Bactéries à la coloration de Gram (rarement) Augmentées Normal (faible dans les oreillons ou d’herpès simplex) Augmentées Normal Augmentées Diminué Augmentées Diminué Augmentées Diminué Augmentées Diminué Trypanosomes mobiles Cellules malignes à l’examen cytologique Leptospires Présence d’amibes PN = polynucléaires; L = lymphocytes * diagnostics différentiels courants 5.6 AUTRES FORMES DE TB EXTRAPULMONAIRE Les autres formes de TB extra-pulmonaires sont moins courantes. Aucune information ne permet de dire si elles sont plus fréquentes chez les personnes VIH-positives que les autres. Le tableau suivant expose les manifestations cliniques habituelles et les examens pour le diagnostic. 96 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT Localisation de la Manifestations cliniques maladie Colonne vertébrale Douleurs dorsales Gibbosité Abcès paravertébraux Douleur radiculaire Compression de la moelle épinière Os Ostéomyélite chronique Articulations En général monoarthrite périphériques notamment de la hanche ou du genou Tube digestif Masse abdominale Diarrhée Foie Reins et voies urinaires Surrénales Voies respiratoires supérieures Appareil génital féminin Appareil génital masculin TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI Douleur et masse dans le quadrant supérieur droit de l’abdomen Fréquence de la miction Dysurie Hématurie Douleurs/masse lombaires Diagnostic 5 Radiographie classique Biopsie tissulaire Biopsie tissulaire Radiographie classique Biopsie synoviale Radiographie avec produit de contraste baryté Échographie et biopsie Pyurie stérile Mise en culture de l’urine Pyélogramme intraveineux Échographie Signes d’insuffisance Radiographie surrénalienne (hypotension, classique natrémie basse, (présence de kaliémie normale à calcifications) élevée, urémie élevée, Échographie hypoglycémie) Raucité de la voix En général, Otalgie complication de la Douleur à la déglutition tuberculose pulmonaire Stérilité Examen de la région Salpingite aiguë pelvienne Grossesse extra-utérine Radiographie ou échographie de l’appareil génital Biopsie tissulaire Épididymite Mise en évidence fréquente d’une TB de l’appareil urinaire et des reins 97 5.7 INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES SUR LA TB DE LA COLONNE VERTÉBRALE, DU TUBE DIGESTIF ET DU FOIE Tuberculose de la colonne vertébrale C’est une forme importante de la maladie. Si elle n’est pas diagnostiquée, la TB vertébrale au niveau thoracique ou cervical a pour conséquence désastreuse la paralysie du malade. Elle débute sur un disque intervertébral, diffuse le long des ligaments antérieurs et longitudinaux, puis implique les corps vertébraux adjacents. L’examen radiologique classique de la colonne vertébrale pose en général le diagnostic dans les zones à forte prévalence de la TB. L’aspect typique est une érosion des bords antérieurs sur les limites inférieures et supérieures des corps vertébraux adjacents. L’espace intervertébral est rétréci. Les localisations les plus fréquentes sont les régions thoraciques, lombaires et lombo-sacrées. Les états cancéreux et les infections pyogènes du rachis constituent le principal diagnostic différentiel. Les dépôts malins sur la colonne vertébrale tendent à éroder les pédicules et les corps vertébraux, laissant le disque intact. Les infections pyogènes ont tendance à être plus aiguës que la TB et à provoquer de plus grandes douleurs. Tuberculose du tube digestif La TB iléo-cæcale peut présenter des signes généraux, une diarrhée chronique, des occlusions subaiguës, ou une masse dans la fosse iliaque droite. Le diagnostic repose sur l’examen radiologique du petit et du gros intestin au moyen de produits de contraste barytés, ou sur la coloscopie, si l’on dispose de ce moyen d’investigation. Le diagnostic différentiel comprend la maladie de Crohn dans sa forme iléo-cæcale, le cancer du cæcum, l’abcès de l’appendice, le lymphome, l’amoebome et l’abcès salpingo-ovarien. Tuberculose hépatique La TB miliaire implique parfois le foie. Au niveau du diagnostic, la TB hépatique peut être source de confusions. La formation d’abcès tuberculeux simples ou multiples peut ressembler à l’abcès amibien hépatique. La TB hépatique nodulaire peut ressembler à un hépatome. L’échographie est alors utile dans ces situations. La biopsie du foie, réalisable dans certains hôpitaux, pose le diagnostic. 98 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DE LA TB EXTRAPULMONAIRE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT LECTURES COMPLÉMENTAIRES 5 Crofton J, Horne N, Miller F. Clinical tuberculosis. Deuxième édition. Londres, MacMillan Press Limited, 1999. Donald PR, Fourie PB, Grange JM. Tuberculosis in Childhood. Pretoria, JL van Schaik, 1999. Harries AD, Maher D, Nunn P. An approach to the problems of diagnosing and treating adult smear-negative pulmonary tuberculosis in high-HIV - prevalence settings in sub-Saharan Africa. Bulletin of the World Health Organization - Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé, 1998, 76 (6): 651–662. Maher D, Harries AD. Tuberculous pericardial effusion: a prospective clinical study in a low-resource setting – Blantyre, Malawi. International Journal of Tuberculosis lung Disease, 1997, 1 (4): 358–364. Miller FJW. Tuberculosis in children. New Delhi, Churchill-Livingstone, 1986. Toman’s tuberculosis case detection, treatment and monitoring: questions and answers. Révisé par T. Frieden, deuxième édition, Organisation mondiale de la Santé, Genève, 2004. ISBN 92 4 154603 4. (WHO/HTM/TB/2004.334). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 99 DIAGNOSTIC DU VIH CHEZ L’ADULTE ATTEINT DE TUBERCULOSE 6.1 6 RECONNAISSANCE CLINIQUE DE L’INFECTION PAR LE VIH CHEZ UN SUJET ATTEINT DE TB Chez de nombreux malades atteints de TB-VIH en Afrique subsaharienne, la seule affection liée au VIH présente chez le sujet est la tuberculose. Toutefois certaines manifestations cliniques sont plus courantes que d’autres chez les patients tuberculeux VIH-positifs. Le tableau suivant expose les manifestations cliniques évoquant une infection éventuelle par le VIH. Manifestations évocatrices d’une infection par concomitante chez les sujets atteints de tuberculose Antécédents º º º º º Symptômes º º º º Signes º º º º º º º º º º le VIH infection sexuellement transmissible (IST) herpes zoster (zona), laissant souvent une cicatrice pneumonie récente ou récidivante infections bactériennes sévères (sinusite, septicémie, pyomyosite) TB récente traitée perte de poids (> 10 kg ou > 20% du poids de départ) diarrhée (> 1 mois) douleur rétrosternale à la déglutition (évoquant une candidose œsophagienne) sensation de brûlure dans les pieds (neuropathie sensitive périphérique) cicatrices d’herpès zoster éruption papulaire prurigineuse sarcome de Kaposi adénopathie symétrique généralisée candidose buccale perlèche (chéilite angulaire) leucoplasie chevelue buccale nécrose des gencives aphtes géants ulcérations génitales douloureuses et persistantes EN PRATIQUE Il faut toujours examiner la bouche des patients. De nombreuses lésions buccales sont très évocatrices de l’infection à VIH et d’autres sont pathognomoniques. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 101 EN PRATIQUE A la numération sanguine (NS), une anémie, une leucopénie ou une thrombopénie inexpliquée doit faire évoquer l’infection à VIH. Le diagnostic définitif du VIH repose sur le test de dépistage. 6.2 RECHERCHE DU VIH On diagnostique en général cette infection en recherchant les anticorps dirigés contre le virus. Entre l’infection et la production de ces anticorps, il y a habituellement un délai de 3 à 8 semaines que l’on appelle la “période muette”. On peut également déceler l’infection par le dépistage du virus (antigène p24, tests reposant sur l’acide nucléique ou culture). 6.2.1 Recherche des anticorps anti-VIH La méthode la plus couramment employée consiste à identifier les personnes contaminées en recherchant les anticorps anti-VIH dans des échantillons de sérum ou de plasma. Le tableau suivant expose les deux principales méthodes. Il existe des tests sérologiques pour le VIH-1 comme pour le VIH-2. Les détails techniques de ces épreuves sortent du cadre de cet ouvrage. Ces tests sont à la fois très fiables, très sensibles et très spécifiques. La fiabilité dépend cependant de la qualité du prélèvement et de l’analyse. Au moment du prélèvement, le personnel doit étiqueter correctement l’échantillon et le formulaire. La qualité de la réalisation des tests par le personnel du laboratoire est cruciale. Avantages et inconvénients des tests de dépistage des anticorps anti-VIH Méthode de Avantages depistage du VIH EIA º moins coûteuse que (ELISA l’immunotransfert auparavant) º un grand nombre de sérums peuvent être testés chaque jour º sensibilité et spécificité 102 $&OLQLFDO)UHQFKSGI Inconvénients º certains matériels spécialisés de laboratoire sont nécessaires º personnel qualifié º alimentation électrique stable º il faut utiliser tout un kit (90 à 100 échantillons) DIAGNOSTIC DU VIH CHEZ L’ADULTE ATTEINT DE TUBERCULOSE Tests immunologiques simples et rapides (après immobilisation sur membrane par exemple) º simplicité, rapidité º moins coûteux que l’immunotransfert º aucun matériel spécialisé n’est nécessaire º fournis sous la forme de tests à usage unique permettant d’analyser un seul échantillon 6 EIA Le test immunoenzymatique (EIA) est le plus couramment pratiqué pour rechercher les anticorps anti-VIH. C’est sans doute le test le plus efficace pour analyser un grand nombre d’échantillons par jour, comme dans les grandes banques du sang ou pour les études de surveillance. Il coûte entre US$ 0,75 et 1,75 par échantillon traité. Tests simples/rapides Plusieurs tests donnent des résultats comparables à l’EIA sans nécessiter de personnel hautement qualifié ou de matériel spécial. On considère qu’ils sont rapides s’ils peuvent être faits en moins de 10 minutes et simples s’ils prennent un peu plus de temps. On distingue quatre types d’essais: agglutination, peigne/bandelette réactive, migration et migration tangentielle. Dans la plupart des présentations, l’apparition d’un point ou d’une ligne clairement visible signe un résultat positif. Nombre d’entre eux ont un témoin interne permettant de valider chaque essai. Ils sont relativement chers et coûtent de 1 à 2 US$ par échantillon traité. Tests n’utilisant pas de plasma ou de sérum Il existe des tests à utiliser sur du sang total, du sang séché, de la salive ou de l’urine. Ils sont moins désagréables pour le patient que ceux qui requièrent la traditionnelle ponction veineuse. La teneur en anticorps dans ces échantillons est néanmoins beaucoup plus faible que dans le plasma ou le sérum. Tout en ayant une certaine utilité pour la surveillance, les résultats positifs demandent à être confirmés pour pouvoir poser le diagnostic au niveau individuel. 6.2.2 Recherche du virus lui-même Le test immunoenzymatique de recherche de l’antigène p24 du VIH a été le premier à pouvoir détecter les particules virales libres en circulation. Le dosage quantitatif de l’ARN viral dans le plasma (charge virale) a TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 103 désormais supplanté cet EIA. La mesure de la charge virale repose sur l’amplification de l’acide nucléique viral ou du signal de capture de la sonde (amplification par signal de l’ADN ramifié). Les résultats sont donnés en nombre de copies par millilitre et les tests de nouvelle génération arrivent à déceler 20 à 50 copies/ml. Le dosage de la charge virale est devenue la norme dans les pays industrialisés pour établir le stade de la maladie et contrôler la réaction au traitement antirétroviral. Plusieurs facteurs ont toutefois limité jusqu’à maintenant son utilisation dans les pays en développement: le coût du matériel complexe indispensable pour sa réalisation, la nécessité de maintenir des conditions rigoureuses dans le laboratoire, d’avoir des contrôles de qualité et un personnel hautement qualifié. 6.2.3 Objectifs de la recherche d’anticorps anti-VIH chez les sujets atteints de TB La recherche des anticorps anti-VIH chez les sujets atteints de TB répond principalement à trois objectifs: a) prise en charge individuelle des patients (dépistage du VIH pour chaque patient); b) surveillance (dépistage anonyme pour contrôler les tendances épidémiologiques); c) recherche (dépistage volontaire pour des études épidémiologiques, cliniques ou virologiques). 6.2.4 Stratégie de la recherche des anticorps anti-VIH chez les sujets atteints de TB (quels tests utiliser, quand les pratiquer) En général, l’OMS recommande différentes stratégies, en fonction des objectifs du dépistage. Le but est d’optimiser l’exactitude et de minimiser les coûts. Le tableau suivant expose la stratégie à adopter en fonction de l’objectif du dépistage. 104 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DU VIH CHEZ L’ADULTE ATTEINT DE TUBERCULOSE Objectifs, stratégies et interprétation des épreuves de dépistage du VIH Objectif Prise en charge individuelle des patients Surveillance (dans les populations où la prévalence du VIH dépasse 10%) 6.2.5 Stratégie du dépistage Echantillon soumis à un test EIA ou à une méthode plus simple et plus rapide Interprétation des résultats 1er essai négatif = sujet séronégatif pour le VIH ou test à refaire 1er essai positif + 2e essai positif = patient séropositif pour le VIH 1er essai positif + 2e essai négatif ➝ refaire les deux tests Les résultats restent contradictoires ➝ refaire le prélèvement et le test Echantillon soumis à un Essai négatif = sujet test EIA ou à une séronégatif pour le VIH méthode plus simple et plus rapide Essai positif = patient séropositif pour le VIH 6 Diagnostic de l’infection par le VIH chez les sujets atteints de TB Le lien entre le VIH et la TB est bien connu dans le public. Les malades souffrant de TB peuvent donc être tout à fait conscients de la possibilité d’être également infectés par le VIH. Il est donc important de leur proposer un service conseil et de dépistage volontaire du VIH, si c’est réalisable, sur la base des avantages suivants: a) donner aux patients la possibilité de connaître leur statut en ce qui concerne le VIH; b) améliorer le diagnostic et la prise en charge des autres affections liées au VIH; c) éviter les médicaments entraînant un gros risque d’effets secondaires; d) augmenter l’utilisation des préservatifs et diminuer la transmission du VIH; e) avoir la possibilité d’administrer une chimioprophylaxie au cotrimoxazole pour éviter les infections opportunistes et diminuer la mortalité; f) avoir la possibilité d’utiliser la thérapie antirétrovirale; TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 105 g) avoir la possibilité de conseiller les patients et leur famille sur l’infection par le VIH et le pronostic; h) avoir la possibilité de conseiller les patients et leur famille sur les mesures à prendre pour éviter la transmission du VIH. Il est préférable de réaliser le même jour le test de dépistage du VIH à l’aide d’un test rapide de façon à réduire le plus possible le nombre de visite dans les centres de conseil et de dépistage. La confidentialité est un autre point important pour les patients. EN PRATIQUE Le traitement médicamenteux de la tuberculose est le même pour tous les malades, qu’ils soient ou non séropositifs pour le VIH, à une exception près: on ne donne pas de thioacétazone en cas de séropositivité (augmentation du risque de réactions cutanées graves et parfois mortelles). Même si elle était légale, une politique de dépistage obligatoire du VIH appliquée aux sujets atteints de TB irait à l’encontre de son objectif. Elle aurait les résultats suivants: a) elle dissuaderait les malades d’aller se faire soigner; b) elle ferait diminuer le nombre de cas détectés dans les groupes sensibles; c) elle porterait atteinte à la crédibilité des services de santé. 6.3 LE CONSEIL Le service de conseil et dépistage volontaire du VIH (CDV) commence par le conseil pour permettre au patient de prendre en toute connaissance de cause la décision de demander le dépistage. Celle-ci dépend entièrement de son libre arbitre et il faut lui garantir la confidentialité de toute la procédure. Le conseil et la confidentialité sont essentiels avant et après la recherche des anticorps anti-VIH. L’intéressé doit consentir explicitement, et en connaissance de cause, à faire le test, c’est-à-dire qu’il comprend les implications de celui-ci et les conséquences du dépistage. Le conseiller apporte son soutien au patient en instituant un dialogue serein. Les conseillers Toute personne travaillant avec des malades ou des familles peut devenir un conseiller, à condition de suivre une formation adaptée. Les conseillers appartiennent à la communauté ou au personnel de santé. Il 106 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DU VIH CHEZ L’ADULTE ATTEINT DE TUBERCULOSE est indispensable de prévoir leur soutien et leur encadrement pour pérenniser les services de CDV. De nombreux agents de santé ont été formés au conseil et ont l’occasion, dans le cadre de leur activité, de conseiller le dépistage du VIH à leurs patients. Les médecins et les autres praticiens occupent souvent une bonne position pour conseiller la dépistage du VIH à leurs patients, en raison de la relation, en général de confiance, qu’ils ont établie avec eux. 6 Conseil avant le test L’objectif est de permettre au sujet de décider en connaissance de cause s’il fera le test. Il doit en connaître les implications et les conséquences. En discutant avec son patient, le conseiller examine principalement les points suivants: a) la probabilité pour le sujet d’avoir contracté l’infection par le VIH; b) ses connaissances sur le VIH; et c) son aptitude à faire face à un résultat positif. EN PRATIQUE Dans les régions de forte prévalence du VIH, toute personne souffrant de TB appartient à un groupe exposé à un risque élevé d’infection par le VIH. a) Évaluation du risque d’avoir contracté l’infection par le VIH º partenaires sexuels multiples º rapports avec des prostitué(e)s º pour les hommes, rapports sexuels avec d’autres hommes º perforation non stérile de la peau, par ex.: scarifications, tatouages º antécédents de transfusion sanguine º consommation de drogues par injection º partenaire sexuel, ou conjoint à risque b) Évaluation des º que signifie et qu’implique le test? connaissances sur le VIH º comment le VIH se transmet-il? º qu’est-ce qu’un comportement à risque? c) Évaluation de l’aptitude º la réaction attendue du sujet au à faire face au résultat résultat qui apportera un soutien moral? º impact d’un résultat positif sur: - les relations - les aspects sociaux, par ex. l’emploi - les perspectives de l’état de santé du patient TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 107 Conseil après le test La teneur de ce conseil dépend du résultat. Il a pour objectif de discuter de celui-ci, d’informer, d’apporter un soutien et d’encourager des pratiques sexuelles sans risque à l’avenir. Il faut toujours garantir la confidentialité et parler de manière ouverte et sympathique. Lorsqu’une personne apprend que son test est positif, les réactions courantes à différents moments comprennent le choc, la colère, la culpabilité, la douleur et la dépression. Les patients auront besoin d’un soutien continuel. Points à aborder avec un résultat négatif º Si le sujet a récemment eu un comportement à risque, elle ou il peut être en phase d’incubation (le test peut avoir été effectué pendant la période “muette” avant la séroconversion). º Conseiller d’éviter les pratiques sexuelles à risque. º Inciter à adopter des comportements sains. Points à aborder avec un résultat positif º Questions de santé générale (alimentation correcte, équilibre entre le repos et l’exercice physique, éviter les infections, quand consulter pour des symptômes ou des affections liées au VIH). º Prévention de la grossesse. º Connaissance des effets secondaires possibles des médicaments antituberculeux. º Le résultat positif est le moment où commencent les soins des maladies associées au VIH, la chimioprophylaxie des infections opportunistes et éventuellement la thérapie antirétrovirale. º Pratiques sexuelles à moindre risque. º Dons de sang ou d’organes à éviter. º Réaction du patient au résultat du test. º Soutien psychologique et moral du patient. º Comment en informer les amis, la famille, les partenaires sexuels. º Conseil du (ou des) partenaire(s) si possible. º Orientation vers les services locaux offerts par la communauté ou les groupes de soutien, s’ils existent. º Conséquences sociales, par exemple sur l’emploi ou en matière d’assurance vie. 108 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DU VIH CHEZ L’ADULTE ATTEINT DE TUBERCULOSE LECTURES COMPLÉMENTAIRES 6 ONUSIDA. UNAIDS policy on HIV testing and counselling. Genève, Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), 1997. ONUSIDA Actualisation. Méthodes de dépistage du VIH. Novembre 1997. Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA, Genève, 1977, ONUSIDA Collection Meilleures Pratiques. Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), Organisation mondiale de la Santé. Operational characteristics of commercially available assays to determine antibodies to HIV-1 and/or HIV-2 in human sera. Report 11. Genève, janvier 1999 (WHO/BTS/99.1; UNAIDS/99.5). ONUSIDA Actualisation. Conseil et tests volontaires. Genève, Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), Septembre 2000. ONUSIDA Collection Meilleures Pratiques. Volberding PA. HIV quantification: clinical applications. Lancet, 1996, 347:71–73. Organisation mondiale de la Santé. Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) - OMS. Recommandations concernant le choix et l’utilisation des tests de mise en évidence des anticorps anti-VIH - Version révisée. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 1997, 72: 81–83. Organisation mondiale de la Santé. Importance des tests simples/rapides pour la recherche du VIH. Recommandations OMS/ONUSIDA. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 1998, 73:321–328. Organisation mondiale de la Santé. Accroître l’accès à la connaissance du statut VIH : conclusions d’une consultation OMS, 3–4 décembre 2001. Genève, 2002. WHO/HIV/2002.09. Organisation mondiale de la Santé. Testing and counselling. Genève, 2002 (http://www.who.int/hiv/topics/vct/testing, consulté le 8 mai 2003). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 109 DIAGNOSTIC DU VIH CHEZ L’ENFANT TUBERCULEUX 7.1 7 RECONNAISSANCE CLINIQUE DE L’INFECTION PAR LE VIH CHEZ L’ENFANT TUBERCULEUX L’infection par le VIH peut se présenter chez l’enfant de nombreuses manières et, souvent, les manifestations cliniques ne sont pas spécifiques. La perte de poids, la fièvre et la toux sont par exemple courantes en cas de tuberculose, avec ou sans VIH. Il est donc difficile d’établir une définition clinique de l’infection par le VIH. EN PRATIQUE Les parents donnent des indices importants quant à la possibilité d’une infection par le VIH chez leur enfant. Interrogez-les sur leur santé; il leur arrive parfois de dévoiler leur statut en ce qui concerne le VIH. L’OMS a mis au point un système définissant les stades cliniques de l’infection à VIH et des maladies qui s’y associent (voir Chapitre 1). Ce système sert principalement à faire un pronostic et à décider quand commencer le traitement antirétroviral. Le tableau clinique du VIH/SIDA pédiatrique n’est pas très spécifique dans les pays en développement où la malnutrition infantile est courante et la tuberculose endémique. Il sera improbable qu’un état de malnutrition avancée ou une émaciation d’un enfant d’âge scolaire ou issu d’une famille bien alimentée soit uniquement dû à une mauvaise absorption de la nourriture. On devrait alors soupçonner une maladie sous-jacente, comme le VIH, la TB ou les deux. Le tableau suivant dresse la liste des signes cliniques évocateurs d’une infection par le VIH. Nombre d’entre eux sont plus spécifiques que dans le système de l’OMS pour la définition des stades cliniques mais la sensibilité est moins grande. En d’autres termes, un signe particulier pourra évoquer fortement l’infection par le VIH sans que, pour autant, beaucoup d’enfants contaminés le présentent. L’interprétation de ces signes dépend aussi des caractéristiques locales de la maladie. La splénomégalie par exemple est souvent due au paludisme en Afrique subsaharienne et elle n’a donc qu’une faible spécificité en ce qui concerne le VIH. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 111 Signes cliniques évocateurs de l’infection par le VIH chez l’enfant Courants Moins courants croissance anormalement lente d’un enfant allaité de moins de 6 mois infections bactériennes récidivantes adénopathie symétrique généralisée candidose étendue de l’oropharynx otite moyenne suppurante chez une enfant allaité éruption généralisée par ex., papules et démangeaisons, molluscum contagiosum mycoses étendues sur la peau, les ongles, le cuir chevelu hypertrophie bilatérale et non douloureuse des glandes parotides hippocratisme digital hépatomégalie non douloureuse sans cause apparente splénomégalie (dans les zones sans paludisme) anémie sévère persistante abcès récidivants ou nécroses tissulaires profondes herpès simplex récidivant lésions du SK zona sur plusieurs foyers régression du développement fistule recto-vaginale acquise Si nombre de ces signes sont fortement évocateurs, aucun cependant ne pose à lui seul le diagnostic qui devra être confirmé par le dépistage du VIH. 7.2 DÉPISTAGE DU VIH Le test pratiqué habituellement consiste à rechercher les anticorps antiVIH dans le sang. Il est rare qu’un seul test donne un résultat suffisamment fiable. On recommande donc en général d’en faire deux. Il faut que ces deux tests soient positifs pour poser le diagnostic. La recherche positive des anticorps anti-VIH n’est pas toujours un indicateur fiable de l’infection chez le nourrisson. Les anticorps anti-VIH d’une mère infectée passent en effet la barrière placentaire durant la grossesse.Ainsi, presque tous les enfants nés de mères séropositives ont des anticorps anti-VIH dans le sang à la naissance, mais seul environ un tiers d’entre eux sont infectés. La recherche des anticorps anti-VIH ne permet donc pas de distinguer au départ les enfants contaminés de ceux qui ne le sont pas. En général, il devient impossible de détecter les 112 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DU VIH CHEZ L’ENFANT TUBERCULEUX anticorps maternels lorsque l’enfant indemne atteint l’âge de 9 mois, mais il arrive qu’on puisse continuer à les déceler jusqu’à l’âge de 15 mois. La plupart des enfants infectés produisent leurs propres anticorps, de sorte que le test reste positif au-delà de 15 mois. 7 EN PRATIQUE Le diagnostic de l’infection par le VIH chez l’enfant de moins de 15 mois repose sur les manifestations cliniques du nourrisson et un test positif pour la mère. 7.3 CONSEILS En général, la suspicion du VIH chez un enfant doit s’étendre à l’ensemble de sa famille. Lors du conseil, il faudra donc prendre en considération la mère et, si possible, le père. Jusqu’à une époque récente, il y avait peu de traitements spécifiques à proposer à un enfant et à sa famille en cas de test positif, ce qui en faisait un point délicat à aborder. L’accessibilité croissante des traitements antirétroviraux devrait néanmoins inciter à pratiquer le test de dépistage. Le lecteur trouvera au Chapitre 6 les sujets à aborder lors d’une discussion avec des adultes chez qui l’on soupçonne le VIH. Conseil avant le test Il est important de conseiller la mère et d’obtenir son consentement avant de faire le dépistage du VIH pour elle (si l’enfant a moins de 18 mois) ou son enfant (s’il est plus âgé). Si le résultat est positif pour l’enfant, il est fort probable que la mère soit séropositive et à l’origine de l’infection de l’enfant. Il faut bien se rendre compte de la situation dans laquelle se retrouve une mère lorsqu’elle apprend que son enfant est contaminé par le VIH: º son enfant a une maladie incurable mortelle, º elle-même risque d’avoir le VIH, º son mari risque de l’avoir également, º chacun de ses futurs enfants risque de l’avoir aussi. La décision de faire un dépistage est difficile à prendre pour la mère. Il lui faut du temps et un soutien tandis qu’elle en évalue les avantages et les inconvénients. En cas de séropositivité, le principal avantage est la connaissance de son état et la possibilité de planifier son avenir. En revanche, elle peut craindre des maltraitances ou l’abandon de son mari si elle lui confie qu’elle est séropositive pour le VIH. La possibilité que les TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 113 personnels de santé ne soignent plus aussi bien son enfant en cas de résultat positif peut aussi être une source d’inquiétude pour elle. EN PRATIQUE Une mère peut souhaiter amener son mari pour discuter avec le conseiller avant le dépistage. Il est en effet d’habitude plus facile pour une femme de dire à son conjoint qu’elle pourrait être VIH-positive, que de lui annoncer ensuite qu’elle l’est effectivement. Conseil après le test Le chapitre 6 dresse la liste des points à aborder avec toute personne qui a un résultat positif. D’autres questions concernent plus particulièrement les mères séropositives, notamment les sombres perspectives pour son enfant et le risque d’infection par le VIH pour ceux qui viendront ensuite. Environ un tiers des enfants nés de mères séropositives sont également infectés par le VIH (si on n’intervient pas pour éviter la transmission de la mère à l’enfant). L’allaitement est une question importante à aborder avec les mères qui allaitent ou qui ont récemment accouché. Même s’il s’accompagne d’un certain risque de transmission, l’allaitement au sein reste, dans de nombreux pays à faible revenu, plus sûr que le biberon. Prenons par exemple le cas d’un enfant né d’une mère séropositive qui vit dans un environnement dépourvu d’eau propre. Il court probablement un plus grand risque de mourir de diarrhée s’il est nourri au biberon que du SIDA s’il est allaité. Il est également important d’envisager la prophylaxie de la PPC avec le cotrimoxazole pour les enfants nés de mères séropositives. La PPC est une cause très courante de mortalité chez le nourrisson infecté par le VIH, en particulier avant l’âge de 6 mois. La posologie recommandée est de 150 mg TMP/750 mg SMX par m2/jour en administration trihebdomadaire. Pour un nourrisson de 2 à 6 mois (pesant en général entre 3 et 6 kg), la posologie recommandée est donc d’administrer trois fois par semaine une dose de 40 mg TMP/200 mg SMX. Si l’on ne dispose que de comprimés, on donne à l’enfant un demi-comprimé broyé de cotrimoxazole (80 mg TMP/400 mg SMX) les lundis, mercredis et vendredis. 114 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DIAGNOSTIC DU VIH CHEZ L’ENFANT TUBERCULEUX LECTURES COMPLÉMENTAIRES 7 Lepage P, Spira R, Kalibala S, et al. Care of human immunodeficiency virusinfected children in developing countries. The Pediatric Infectious Disease Journal, 1998, 17: 581–586. Marum LH,Tindyebwa D, Gibb D. Care of children with HIV infection and AIDS in Africa. AIDS, 1997, 11 (Supplement B): S125–S134. Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA. Provisional WHO/UNAIDS Secretariat recommendations on the use of cotrimaxazole prophylaxis in adults and children living with HIV/AIDS in Africa. Genève, 2000 (disponible sur internet à l’adresse suivante : http://www.unaids.org). Temmerman M, Ndinya-Achola J, Ambani J, Piot P. The right not to know HIVtest results. Lancet, 1995, 345: 969–970. Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA. Le point sur l’épidémie de SIDA. Décembre 2002. Genève, 2002. ONUSIDA/02.46F. Organisation mondiale de la Santé. Le Conseil VIH/SIDA: un élément clé de la prise en charge: guide conçu pour les décideurs, les planificateurs et les responsables de la mise en oeuvre d’activités de conseil. Genève, 1995. WHO/GPA/TOC/HCS/95.15. Organisation mondiale de la Santé. Améliorer l’accès aux traitements antirétroviraux dans les pays à ressources limitées. Recommandations pour une approche de santé publique. Genève, 2002 (www.who.int/hiv). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 115 DÉFINITION DES CAS DE TUBERCULOSE ET DES CATÉGORIES DE TRAITEMENT 8.1 DÉFINITION DES CAS 8.1.1 Introduction 8 Le diagnostic de TB signifie que le sujet présente une pathologie symptomatique due à des lésions causées par M. tuberculosis, mais de quel type de tuberculose s’agit-il? Il est important de répondre à cette question avant de démarrer le traitement. La définition des cas nous renseigne sur la forme de TB et nous définissons les cas d’une manière codifiée. Cela veut dire que, lorsque nous évoquons une certaine forme de TB, nous parlons tous de la même chose. Un cas suspect est une personne qui présente des signes et des symptômes évocateurs de la TB, notamment une toux prolongée. Un cas de TB est un sujet pour lequel la maladie est confirmée par la bactériologie ou dont le diagnostic a été établi par un médecin. NB: il faut enregistrer toute personne à qui l’on administre un traitement antituberculeux. Un cas certain est un sujet qui a donné une culture positive du complexe M. tuberculosis. (Dans les pays où l’on ne peut pas systématiquement mettre des échantillons en culture, un patient qui donne deux frottis positifs est aussi considéré comme un “cas certain”.) 8.1.2 Questions et réponses à propos des définitions de cas Pourquoi définir les cas? Pour 2 raisons: a) pour déterminer le traitement; b) aux fins d’enregistrement et de notification (voir Chapitre 2). Pourquoi les définitions de cas déterminent-elles le traitement? Pour 3 raisons: a) pour identifier les cas prioritaires; b) pour utiliser au mieux les ressources (en ciblant les ressources sur les cas prioritaires); c) pour réduire le plus possible les effets secondaires pour les malades (en réservant les schémas thérapeutiques les plus puissants à certains cas). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 117 Comment définit-on un cas? Il y a 4 facteurs: a) la localisation de la TB b) le résultat du frottis de l’expectoration c) l’existence d’un traitement antituberculeux antérieur d) la gravité de la TB EN PRATIQUE Toujours demander à un “nouveau” cas de TB s’il a déjà été traité pour la TB. Le tableau suivant expose leur importance. Facteur définissant le cas localisation de la TB résultat de la recherche des BAAR dans un frottis d’expectoration traitement antérieur gravité de la TB 8.1.3 les facteurs permettant de définir le cas et Importance enregistrement et notification º la priorité est d’identifier les cas à frottis positif (puisque ce sont les cas contagieux) º dans un bon PNAT, au moins 50% des cas sont des TB pulmonaires à frottis positif. º enregistrement et notification (le contrôle de la guérison bactériologique n’est facilement réalisable que dans ce groupe) les sujets déjà traités et continuant de donner des frottis positifs ont un risque élevé de présenter une résistance aux antituberculeux. Ils nécessitent donc un schéma thérapeutique différent et plus puissant. la plupart des autorités recommandent un schéma thérapeutique moins puissant pour les cas de TBP à frottis négatif sans cavités (et que l’on sait être séronégatifs pour le VIH). Définition des cas selon le siège de la maladie et le frottis d’expectoration Tuberculose pulmonaire à frottis positif (TBP+) Au moins 2 frottis d’expectoration initiaux positifs pour les BAAR ou 1 frottis positif et des anomalies radiologiques évocatrices d’une tuberculose pulmonaire évolutive de l’avis d’un médecin ou 1 frottis positif et mise en évidence de M. tuberculosis par culture 118 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DÉFINITION DES CAS DE TUBERCULOSE ET DES CATÉGORIES DE TRAITEMENT Tuberculose pulmonaire à frottis négatif (TBP-) Cas de tuberculose pulmonaire ne correspondant pas à la définition de la TB à frottis positif donnée ci-dessus. 8 Conformément aux bonnes pratiques cliniques et de santé publique, le diagnostic doit reposer sur les critères suivants: au moins 3 frottis d’expectoration négatifs pour les BAAR et aucun résultat après un traitement par un antibiotique à large spectre et anomalies radiologiques évocatrices d’une tuberculose évolutive et décision prise par un médecin d’administrer un traitement antituberculeux complet TB extrapulmonaire TB affectant d’autres organes que les poumons: plèvre, ganglions lymphatiques, abdomen, appareil uro-génital, peau, articulations, os, méninges par exemple. Le diagnostic repose sur la culture positive d’un échantillon, l’histologie ou des signes cliniques manifestes d’une TB extrapulmonaire évolutive s’accompagnant de la décision prise par un médecin d’administrer un traitement antituberculeux complet. Si le diagnostic établit à la fois une tuberculose pulmonaire et extrapulmonaire, le patient doit être classé dans les cas de TB pulmonaire. EN PRATIQUE Sont des formes de tuberculose extrapulmonaire: l’épanchement pleural (la plèvre se trouve en dehors des poumons); la tuberculose miliaire (la TB est disséminée dans tout le corps et ne se limite pas aux poumons). 8.1.4 Catégories de patient pour l’enregistrement au moment du diagnostic Nouveau cas Patient dont on est certain qu’il n’a jamais pris d’antituberculeux ou qu’il n’en a pas pris pendant plus d’un mois. Rechute Patient qui a) a déjà reçu un traitement, a été déclaré guéri, et b) présente à nouveau une TB mise en évidence par la bactériologie (frottis ou culture). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 119 Traitement après échec thérapeutique Patient qui commence un regime de retraitement après l’échec du premier traitement. Traitement après interruption (abandon) Patient qui reprend le traitement avec un diagnostic bactériologique positif après une interruption de 2 mois ou plus. Transfert Patient qui a été enregistré dans un autre service et qui est transféré pour poursuivre son traitement. Autres Tous les cas qui ne correspondent pas aux définitions ci-dessus. Ce groupe comprend les cas chroniques (à savoir les patients qui donnent des frottis positifs à l’issue d’un retraitement). 8.2 CLASSEMENT DES DIAGNOSTICS EN CATÉGORIES En suivant les définitions de cas, on classe tous les patients (adultes et enfants) dans l’une des quatre catégories de diagnostic déterminant le traitement. Les patients sont classés de façon à faire correspondre chaque catégorie de diagnostic avec un schéma thérapeutique approprié. Le tableau suivant énumère les cas appartenant à chaque catégorie. Catégorie de diagnostic Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 3 Catégorie 4 120 $&OLQLFDO)UHQFKSGI Patients º nouveaux cas de TBP à frottis positif º nouveaux cas de TBP à frottis négatif avec une atteinte importante du parenchyme º nouveaux cas de TB extrapulmonaire (sous une forme grave) º malades tuberculeux gravement atteints avec infection concomitante par le VIH º TBP à frottis positif qui ont déjà été traitées: rechute, traitement après interruption, traitement après échec thérapeutique º cas de TBP à frottis négatif avec atteinte parenchymateuse limitée et séronégativité avérée pour le VIH º TB extrapulmonaire (dans ses formes les moins graves) et séronégativité avérée pour le VIH º malades chroniques et TB multirésistant DÉFINITION DES CAS DE TUBERCULOSE ET DES CATÉGORIES DE TRAITEMENT Le tableau suivant énumère les formes graves et moins graves de TB extrapulmonaire TB extrapulmonaires graves méningite TB miliaire péricardite péritonite épanchement pleural bilatéral ou étendu atteinte rachidienne TB intestinale TB uro-génitale 8 TB extrapulmonaires moins graves TB ganglionnaire épanchement pleural (unilatéral) TB osseuse (à l’exclusion du rachis) articulations périphériques atteinte des surrénales Enfants Les enfants et les adolescents sont souvent classés dans la catégorie 3. La TBP de l’enfant est presque toujours à “frottis négatif” (en fait le frottis n’est pas réalisé, car les enfants expectorent rarement). Lorsque les jeunes sont infectés pendant l’adolescence, il leur arrive de développer une tuberculose primaire, se présentant habituellement par un épanchement pleural ou par de petites lésions parenchymateuses dans les poumons. Selon une étude sur un groupe d’adolescents présentant un épanchement pleural, 25% développèrent une TBP en l’absence de traitement. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 121 LECTURES COMPLÉMENTAIRES Organisation mondiale de la Santé. Le traitement de la tuberculose: Principes à l’intention des programmes nationaux. Deuxième édition. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1997 (WHO/TB/97.220) (Troisième édition publiée en anglais sous la cote WHO/CDS/TB/2003.313). Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Prise en charge de la tuberculose. Guide pour les pays à faibles revenus. Cinquième édition. Paris, 2000. Organisation mondiale de la Santé. Tuberculosis handbook. Genève, 1998 (WHO/TB/98.253). Organisation mondiale de la Santé, Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires et l’Association Royale Hollandaise contre la Tuberculose (KNCV). Révisions des définitions internationales pour la lutte contre la tuberculose. International journal of tuberculosis and lung disease, 2001, 5(3): 213-215. 122 $&OLQLFDO)UHQFKSGI DÉFINITION DES CAS DE TUBERCULOSE ET DES CATÉGORIES DE TRAITEMENT PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE 9.1 9 INTRODUCTION Objectifs du traitement antituberculeux 1. Guérir le malade de sa tuberculose. 2. Eviter le décès que peut entrainer une tuberculose évolutive ou ses effets tardifs. 3. Eviter les rechutes de la TB. 4. Eviter le développement de pharmacorésistances. 5. Diminuer la transmission de la maladie à d’autres personnes. EN PRATIQUE Correctement mis en œuvre, le traitement antituberculeux atteint ces objectifs. Traitement antituberculeux efficace = administration correcte de la chimiothérapie de brève durée Nous savons depuis plus de 100 ans que M. tuberculosis est responsable de la TB et nous disposons de médicaments antituberculeux efficaces depuis près de 50 ans. Pourtant, actuellement, jamais la tuberculose n’a posé un problème aussi grave dans le monde. Pourquoi? Ce n’est pas l’absence de traitements efficaces qui est en cause. Correctement mise en œuvre, la chimiothérapie de brève durée (CBD) permet d’atteindre les objectifs du traitement antituberculeux énumérés ci-dessus. C’est un problème d’organisation: comment administrer correctement la CBD? C’est dans la qualité de la gestion du programme de lutte antituberculeuse que se trouve la réponse. Le Chapitre 2 décrit le cadre organisationnel pour que ces programmes soient efficaces. Schémas thérapeutiques normalisés Il existe de nombreux schémas thérapeutiques possibles pour le traitement de la TB. L’OMS et l’UICTMR recommandent des schémas normalisés. Le programme national de lutte antituberculeuse (PNAT) dans votre pays préconise les schémas à administrer. Correctement mis en œuvre, ils permettent d’atteindre les objectifs du traitement antituberculeux. Les regimes sont abordables. La Banque mondiale reconnaît d’ailleurs que la CBD est l’une des interventions en matière de santé ayant le meilleur rapport coût-efficacité. Le dispositif mondial pour l’approvisionnement en médicaments antituberculeux (GDF, Global TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 123 Drug Facility) veille à garantir un accès ininterrompu à des antituberculeux de qualité au meilleur prix (http://stoptb.org/GDF). Les antituberculeux de première intention Le tableau suivant énumère les antituberculeux de première intention avec leur mode d’action, leur efficacité et la posologie recommandée. Celle-ci est identique pour les adultes et les enfants Antituberculeux Mode de première Efficacité Posologie recommandée d’action (mg/kg) intention quoti- (abréviation) dienne hebdomadaire isoniazide (H) bactéricide rifampicine (R) bactéricide pyrazinamide (Z) bactéricide streptomycine (S) bactéricide éthambutol (E) bactériostatique thioacétazone (T) bactériostatique forte forte moindre moindre moindre moindre 5 10 25 15 15 2.5 tri- 10 10 35 15 (30) sans objet Les présentations et les associations de ces médicaments variant d’un pays à l’autre, il convient de suivre les recommandations du manuel du PNAT. Traitement intermittent La thioacétazone est le seul antituberculeux essentiel qui ne soit pas efficace en traitement intermittent. Il ne faut en aucun cas administrer ce principe actif à des patients que l’on sait ou soupçonne être VIHpositifs. L’efficacité de l’éthambutol en traitement intermittent n’a pas été démontrée. Thioacétazone Certains pays utilisent encore ce médicament (en général en association avec l’isoniazide pour la phase d’entretien). L’OMS le déconseille néanmoins à cause du risque de toxicité grave, notamment chez le sujet infecté par le VIH. Il convient donc de remplacer la thioacétazone par l’éthambutol, en particulier dans les régions où le VIH est courant. Il devient de plus en plus aisé de trouver les ressources nécessaires pour cette substitution. Le prix de la rifampicine baisse et le GDF donne désormais accès à des antituberculeux de qualité et à faible coût dans davantage de pays. 124 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE Quand la thioacétazone continue d’être utilisée, il est indispensable d’avertir les patients du risque de réactions cutanées sévères. Il faut leur conseiller d’interrompre immédiatement le traitement et de se présenter dans un service de santé si des démangeaisons ou une réaction cutanée surviennent. 9.2 9 MODE D’ACTION DES MÉDICAMENTS ANTITUBERCULEUX Chez un sujet donné, la population de bacilles tuberculeux se compose des groupes suivants: a) bacilles métaboliquement actifs, en multiplication continue dans les cavités; b) bacilles à l’intérieur de cellules, comme les macrophages; c) bacilles semi-quiescents (persistants) ayant une activité métabolique occasionnelle, par poussées; d) bacilles quiescents disparaissant ou mourant d’eux-mêmes. La diversité des antituberculeux permet d’agir sur les différents groupes de bacilles. EN PRATIQUE La longueur du traitement antituberculeux s’explique par la difficulté de détruire les bacilles semi-quiescents. Bactéricides L’isoniazide détruit 90% de la population bacillaire totale pendant les premiers jours du traitement. Il a une efficacité maximale sur les bacilles métaboliquement actifs, en multiplication continue. La rifampicine arrive à détruire les bacilles semi-quiescents que l’isoniazide n’atteint pas. Le pyrazinamide détruit les bacilles en milieu acide, à l’intérieur des cellules, comme dans les macrophages, par exemple. Action stérilisante Cela signifie la destruction de tous les bacilles. Les persistants sont les plus difficiles à détruire. La destruction de tous les bacilles a pour but d’empêcher les rechutes. La rifampicine est le médicament doté de la plus forte action stérilisante. Son efficacité rend possible la chimiothérapie de brève durée. Le pyrazinamide a aussi une bonne action stérilisante car il détruit les bacilles intracellulaires. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 125 Prévention de la pharmacorésistance Une population de bacilles tuberculeux qui n’a jamais été exposée à des médicaments antituberculeux renfermera naturellement en son sein quelques mutants résistants. Exposés à un principe actif antituberculeux, ces mutants se multiplieront et remplaceront les bacilles sensibles dans les circonstances suivantes: a) association d’antituberculeux inadaptée; b) mauvais mis en œvre du traitement antituberculeux. L’isoniazide et la rifampicine sont les plus efficaces pour éviter l’apparition de résistances aux autres médicaments. La streptomycine et l’éthambutol sont légèrement moins efficaces. 9.3 SCHÉMAS THÉRAPEUTIQUES ANTITUBERCULEUX Ils comportent une phase initiale (ou intensive) et une phase d’entretien. La phase initiale est conçue pour détruire rapidement les bacilles au stade de la multiplication active et les bacilles semi-quiescents, ce qui réduit la durée de la période contagieuse. La phase d’entretien continue d’éliminer les bacilles qui se multiplient et permet de réduire le nombre des échecs et des rechutes. Les principes thérapeutiques sont les mêmes pour tous les sujets tuberculeux (adultes comme enfants). 9.3.1 Nouveaux cas Phase initiale (2 mois) Une destruction rapide des bacilles tuberculeux s’opère lors de la phase initiale. La contagiosité disparaît en 2 semaines environ et l’état des malades s’améliore tandis que les symptômes régressent. Dans la grande majorité des cas de TBP à frottis positif, on obtient des frottis négatifs en deux mois. Le traitement sous supervision directe (TSD) est indispensable au cours de cette phase pour s’assurer que le malade prend bien chaque dose, ce qui évite ainsi le développement de résistances vis-à-vis de la rifampicine. Le risque de pharmacorésistance est plus élevé en début de traitement, lorsqu’il y a une nombreuse population bacillaire. Phase d’entretien (4 à 6 mois) Au moment d’entreprendre la phase d’entretien, la population bacillaire est réduite et il y a moins de risque de sélectionner des mutants pharmacorésistants. Le sujet a donc besoin de moins de médicaments mais pendant plus longtemps afin d’éliminer les derniers bacilles. Leur destruction permettra d’éviter les rechutes. L’idéal est de poursuivre le 126 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE TSD lorsque le sujet continue de prendre de la rifampicine pendant la phase d’entretien. Si ce n’est toutefois pas possible dans les conditions locales, la deuxième solution consiste à mettre en place une surveillance aussi rigoureuse que possible, hebdomadaire par exemple. 9 Si la rifampicine n’est pas prescrite pour la phase d’entretien, on remet en général aux patients la quantité de médicaments nécessaire pour un mois de traitement auto-administré. 9.3.2 Retraitement La phase initiale dure 3 mois sous supervision directe, la phase d’entretien 5 mois sous surveillance rapprochée. 9.3.3 Codification des schémas thérapeutiques antituberculeux Une codification a été fixée pour les schémas thérapeutiques antituberculeux. Une lettre code chaque antituberculeux (voir le tableau page section 9.1) et le traitement comporte deux phases. Le premier chiffre donne la durée en mois de la phase concernée. Le chiffre accompagnant la lettre en indice (par ex. 3) indique, pour le médicament en question, le nombre de doses par semaine. Lorsqu’il n’y a aucun chiffre en indice, cela signifie que le médicament doit être pris tous les jours. Les médicaments de substitution éventuels sont indiqués par des lettres entre parenthèses. Exemples 2 SHRZ/6 HE. C’est un schéma courant. 2 SHRZ représente la phase initiale. Sa durée est de 2 mois. Le traitement est quotidien (aucun chiffre en indice, par ex. 3, après les lettres) et se compose de streptomycine (S), d’isoniazide (Z), de rifampicine (R) et de pyrazinamide (Z). 6 HE représente la phase d’entretien. Sa durée est de six mois. Le traitement est quotidien et se compose d’isoniazide (H) et d’éthambutol (E). 2 SHRZ/4 H3R3. Certains pays disposent de ressources suffisantes pour prescrire la rifampicine en phase d’entretien comme en phase initiale. La phase initiale, 2 SHRZ, est la même que dans l’exemple précédent. 4 H3R3 représente la phase d’entretien. Sa durée est de 4 mois avec la prise trihebdomadaire d’isoniazide et de rifampicine (chiffre 3 en indice après les lettres). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 127 9.3.4 Schémas thérapeutiques recommandés Plusieurs schémas thérapeutiques sont possibles. Celui qui sera recommandé dépendra de la catégorie de diagnostic dans laquelle rentre le malade (voir Chapitre 8). Le tableau suivant expose les différents schémas possibles pour chaque catégorie de diagnostic. En cette matière, il convient de respecter les recommandations du PNAT et de se référer à son manuel. Schémas thérapeutiques recommandés pour chaque catégorie diagnostique (Organisation mondiale de la Santé: Traitement de la tuberculose. Principes à l’intention des programmes nationaux. Troisième édition. Genève, 2003) (WHO/CDS/TB/2003.313) Schémas thérapeutiques: Catégories Cas concernés Phase initiale Phase diagnosd’entretien (tous les jours ou (tous les jours ou tiques 3 fois par semaine)a 3 fois par semaine)a I II III IV 128 $&OLQLFDO)UHQFKSGI Nouveuax cas à 2HRZEb 4HR frottis positif. (ou Nouveuax cas de TPB 6HE tous à frottis négatif et les joursc) lésions parenchymateuses étendues. Grave infection à VIH concomitante ou formes sévères de TBEP Cas de TBP à frottis 2 HRZES/1HRZE 5HRE positif précédemment traités: - rechute - traitement après interruption - échecd. 4HR Nouveau cas de TBP 2HRZEe à frottis négatif (autre (or que ceux de la 6HE dailyc) catégorie I). Formes moins sévères de TBEP. Cas de TB chroniques Des schémas normalisés ou et TB-MR (à frottis individualisés spécialement conçus positif après sont proposés pour cette retraitement sous catégorie (voir à ce sujet le Chapitre 5 des Principes à l’intention des surveillance)f. programmes nationaux de l’OMS). PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE a Une prise de médicaments sous supervision directe est nécessaire au cours de la phase initiale du traitement des cas à frottis positif, et pour tout traitement utilisant la rifampicine. b On peut utiliser la streptomycine à la place de l’éthambutol. En cas de TB méningée, 9 remplacer l’éthambutol par la streptomycine. c Ce schéma peut être associé à un taux d’échec thérapeutique et de rechute supérieur à celui que l’on observe avec le traitement de 6 mois à la rifampicine au cours de la phase d’entretien (voir la section 4.8 des Principes à l’intention des programmes nationaux) d Chaque fois que cela est possible, il convient de faire un antibiogramme avant de prescrire un traitement de la catégorie II en cas d’échec thérapeutique. En cas de TB-MR avérée, ce sont alors les schémas de la catégorie IV que l’on recommande (voir à ce sujet le chapitre Chapitre 5 des Principes à l’intention des programmes nationaux de l’OMS). e L’éthambutol peut être omis au cours de la phase initiale du traitement de TBP non cavitaires à frottis négatif si les malades sont VIH-négatifs, infectés par des bacilles pleinement sensibles aux médicaments ou s’il s’agit de jeunes enfants atteints d’une TB primaire. f Pour les sujets en contact avec des malades atteints de TB-MR diagnostiquée par la culture, on pratiquera dans les meilleurs délais une culture et un antibiogramme. Certaines autorités recommandent une phase d’entretien de 7 mois avec prise quotidienne d’isoniazide et de rifampicine (7 HR) pour les malades de la catégorie I souffrant des formes suivantes de TB: méningite tuberculeuse, TB miliaire ou vertébrale s’accompagnant de signes neurologiques. Il faut recommander les associations en proportions fixes (ADF) dès qu’elles sont disponibles, notamment pour les schémas thérapeutiques incluant la rifampicine dans la phase d’entretien ou dans les cas où la supervision directe n’est pas pleinement garantie. 9.3.5 Utilisation de la streptomycine dans les zones à forte prévalence du VIH º Dans les populations à forte prévalence de la TB-VIH, les services de soins de la TB sont souvent débordés. Il arrive alors que la charge lourde de travail du personnel, le manque de motivation et la pénurie de ressources aient pour conséquence une insuffisance de stérilisation des aiguilles et des seringues utilisées pour injecter la streptomycine. Or, sans une stérilisation rigoureuse, il y a un risque de transmission du VIH et d’autres agents infectieux véhiculés par le sang. º Les injections de streptomycine sont très douloureuses pour les malades cachectiques infectés par le VIH. º De nombreux PNAT recommandent désormais l’utilisation de l’éthambutol à la place de la streptomycine. 9.3.6 Utilisation des antituberculeux chez l’enfant Les schémas thérapeutiques et les posologies en mg/kg sont identiques chez l’adulte et l’enfant. En général, les antituberculeux sont très bien TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 129 tolérés chez l’enfant et les effets secondaires graves sont rares. Il ne faut pas prescrire de thioacétazone à un enfant infecté par le VIH. Dans la mesure où l’on ne dépasse pas la posologie recommandée, l’éthambutol est sans danger même quand l’enfant est trop jeune pour signaler rapidement des problèmes de vision. Comme il est rare que les antituberculeux soient présentés sous forme de sirop, on administre aux enfants des comprimés fractionnés en fonction du poids. Le personnel de santé doit désigner l’adulte qui s’occupera du traitement de l’enfant, en général la mère mais pas toujours. Si un enfant est infecté par le VIH, le parent est souvent malade lui aussi. En cas de décès avant la fin du traitement, certaines perturbations du cadre familial se produisent couramment. Il arrive par exemple que la famille expédie l’enfant dans un village pour y être élevés par d’autres parents. On court alors le risque d’avoir une mauvaise observance du traitement et des résultats indésirables. Le personnel des services de santé doit prendre connaissance de la situation familiale et sociale de l’enfant et organiser le transfert du traitement le cas échéant. 9.4 SCHÉMAS THÉRAPEUTIQUES ANTITUBERCULEUX: QUESTIONS ET RÉPONSES Pourquoi utiliser 4 médicaments pendant la phase initiale? * Il existe un degré élevé de résistance primaire dans certaines populations. * L’utilisation d’un schéma thérapeutique comportant 3 médicaments fait courir le risque de sélectionner des mutants résistants, particulièrement chez les malades ayant une forte charge bacillaire, par exemple. en cas de TBP cavitaire ou de patient également séropositif pour le VIH. * Le schéma avec 4 médicaments diminue le risque de pharmacorésistance, d’échecs thérapeutiques et de rechutes. Pourquoi emploie-t-on le pyrazinamide seulement pendant la phase initiale? * L’effet stérilisant du pyrazinamide est maximal pendant les 2 premiers mois. * La prolongation de son utilisation est pratiquement dénuée d’intérêt. Est-il possible d’avoir une phase d’entretien de 4 mois? * C’est possible si la rifampicine est administrée pendant toute la durée du traitement (par exemple 2SHRZ/4HR, par ex.). La raison en est que l’isoniazide et la rifampicine sont tous deux des bactéricides puissants. 130 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE Dans la phase d’entretien classique de 6 mois (6HE ou 6HT), l’isoniazide est le seul bactéricide puissant. 9 Quand faut-il prescrire des schémas thérapeutiques comprenant l’administration de la rifampicine pendant toute la durée du traitement? * Bien que le coût élevé de la rifampicine ait empêché certains pays de faire appel à ces schémas thérapeutiques, la baisse du prix de ce principe actif le met de plus en plus à leur portée. * Comme la rifampicine doit être administrée sous supervision directe, les programmes de lutte antituberculeuse doivent prévoir les ressources nécessaires pour que ce soit bien le cas. Pourquoi est-il si important d’éviter l’apparition de la résistance à la rifampicine? * La rifampicine est l’antituberculeux le plus efficace et il est improbable qu’un nouveau principe actif puisse être mis à notre disposition dans un avenir proche. Si la résistance à la rifampicine venait à se généraliser, la TB deviendrait incurable. Comment éviter la résistance à la rifampicine? * De mauvais programmes de lutte antituberculeuse, le manque de supervision du traitement, les erreurs de prescription commises par les praticiens, la mauvaise absorption chez les patients VIH-positifs et l’utilisation de la rifampicine seule expliquent l’apparition de cette résistance. Le meilleur moyen de prévenir le problème consiste à renforcer les PNAT et à assurer autant que possible la supervision directe des traitements. Il importe de recourir à des méthodes d’administration des médicaments qui évitent le danger d’utiliser la rifampicine seule, comme par exemple d’utiliser le plus possible des comprimés conditionnés en plaquettes thermoformées et renfermant une association de médicaments antituberculeux en proportions fixes (APF). Quels sont les avantages des APF en comprimés? * Les posologies recommandées sont plus simples et il est plus facile de les ajuster en fonction du poids du patient. Les erreurs de prescription seront donc probablement moins fréquentes. * Il y a un moins grand nombre de comprimés à ingérer, ce qui favorise l’observance du traitement. * Les patients n’ont pas la possibilité de choisir le médicament qu’ils vont prendre. La monothérapie devient donc impossible, ce qui va de pair avec une diminution du risque de pharmacorésistances. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 131 Quand voit-on apparaître des TB à bacilles multirésistants (MR)? * Quand on n’arrive pas à administrer correctement les traitements antituberculeux. Comment traite-t-on les TB-MR? * Avec les médicaments de seconde intention, c’est-à-dire l’éthionamide, la cyclosérine, la kanamycine, la capréomycine et les quinolones. Ceux-ci ne sont pas disponibles dans de nombreux pays où il y a une forte prévalence de la TB et ils ont souvent un coût prohibitif. Que doit-on faire face à la TB-MR? * Les insuffisances du PNAT sont en général à l’origine du problème. La solution consiste à consacrer du temps, des efforts et des ressources à l’amélioration du programme. Dans certains pays, un ou deux centres spécialisés disposent de l’expertise et des médicaments de seconde intention disponibles pour traiter les malades présentant une TB-MR. * Les PNAT mettent en place des projets pilotes “DOTS-plus” dans les zones où les TB-MR sont courantes. Un groupe de travail mondial sur DOTS-plus coordonne ces projets. Le but consiste à évaluer la faisabilité, le coût et l’efficacité de l’administration des médicaments de seconde intention dans le cadre de la stratégie DOTS. Négociant avec ce groupe de travail, l’industrie pharmaceutique a accepté de fournir aux projets pilotes ces médicaments à des tarifs préférentiels. Le Comité Feu Vert fait partie de ce groupe de travail. Il étudie les demandes des programmes de lutte antituberculeuse d’inclure leur projet dans ceux qui sont déjà soutenus.Voir à ce sujet les principes pour la création de projets pilotes DOTS-plus (cf. lectures complémentaires). 9.5 UTILISATION DES MÉDICAMENTS ANTITUBERCULEUX DANS CERTAINS CAS PARTICULIERS Grossesse * L’utilisation de la streptomycine pendant la grossesse peut entraîner une surdité définitive de l’enfant. * Ne pas administrer de streptomycine pendant la grossesse, donner de l’éthambutol à la place. * Il n’y a aucun danger à prescrire l’isoniazide, la rifampicine, le pyrazinamide et l’éthambutol. * Les médicaments de seconde intention, comme les fluoroquinolones, l’éthionamide et le protionamide sont tératogènes. Il ne faut donc pas les prescrire. 132 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE Allaitement * Aucune contre-indication, antituberculeux. quel que soit le médicament 9 Insuffisance rénale * La rifampicine, l’isoniazide et le pyrazinamide ne présentent aucun danger et peuvent être administrés à la posologie habituelle. Il faut cependant prescrire de la pyridoxine chez ce type de patients pour éviter les neuropathies périphériques avec l’isoniazide. * L’éthionamide et le protionamide sont également sans danger. * La streptomycine est éliminée par voie rénale, l’éthambutol et la thioacétazone partiellement par voie rénale. * Eviter la streptomycine et l’éthambutol s’il y a d’autres solutions. Sinon il faut diminuer la posologie en réduisant les doses et en augmentant l’intervalle entre chaque prise. * Ne pas prescrire de thioacétazone, la marge entre la dose thérapeutique et la dose toxique étant trop étroite. * Le schéma thérapeutique le plus sûr pour ce type de patients est 2HRZ/4HR Affections hépatiques * La plupart des antituberculeux peuvent provoquer des lésions hépatiques, il convient d’être prudent. * Ne pas prescrire de pyrazinamide, car c’est l’antituberculeux le plus hépatotoxique. * On peut avoir recours à l’isoniazide et à la rifampicine en les associant à un ou deux principes actifs qui ne sont pas hépatotoxiques, comme la streptomycine et l’éthambutol, pour un traitement d’une durée totale de 8 mois. * Si le patient présente de graves lésions hépatiques, une autre solution consiste à prescrire pour la phase initiale la streptomycine, l’isoniazide et l’éthambutol puis, en phase d’entretien, l’isoniazide et l’éthambutol pour une durée totale du traitement de 12 mois. * Les schémas thérapeutiques recommandés sont: 2SRHE/6HE ou 2SHE/10HE. 9.6 RÔLE DE LA CORTICOTHÉRAPIE ADJUVANTE: QUESTIONS ET RÉPONSES Qu’est-ce qu’une corticothérapie adjuvante? Il s’agit d’administrer des corticoïdes en supplément du traitement antituberculeux. Les essais avant l’apparition du VIH ont confirmé leur intérêt dans les cas de méningite, de péricardite tuberculeuse et de TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 133 tuberculose pleurale. Ils ont aussi un effet bénéfique chez le patient VIHpositif atteint de péricardite tuberculeuse. Quelles sont les indications de la corticothérapie? * Méningite tuberculeuse (diminution de la conscience, troubles neurologiques, blocage médullaire). * Péricardite tuberculeuse (avec épanchement ou en phase de constriction). * Epanchement pleural tuberculeux (important avec des troubles graves). * Insuffisance surrénalienne (TB des surrénales). * Laryngite tuberculeuse (avec obstruction des voies respiratoires menaçant la vie du sujet). * Réactions graves d’hypersensibilité aux antituberculeux. * TB des voies urinaires (pour éviter les sténoses urétérales). * Hypertrophie ganglionnaire massive entraînant des compressions. Quelle est la posologie recommandée pour la prednisolone? La rifampicine est un inducteur puissant des enzymes hépatiques qui métabolisent les corticoïdes. La dose efficace de prednisolone est donc la moitié de celle qui est prescrite au patient. Le tableau suivant donne les posologies pour ce principe actif. Indication Méningite TB Péricardite TB TB pleurale Traitement par la prednisolone (Posologie pour les enfants entre parenthèses) 60 mg/jour (1–2 mg/kg) de la 1re à la 4e semaine, puis diminution progressive sur plusieurs semaines 60 mg/jour (1–2 mg/kg) de la 1re à la 4e semaine 30 mg/jour (0, –1 mg/kg) de la 5e à la 8e semaine puis diminution progressive sur plusieurs semaines 30 mg/jour (0,5–1 mg/kg) pendant 1 à 2 semaines. La corticothérapie est-elle un traitement sans risque en cas de TB-VIH? Les corticoïdes ayant un effet immunosuppressif, il y a un risque qu’ils diminuent davantage l’immunité et augmentent encore le risque d’infections opportunistes chez les malades VIH-positifs.Toutefois, en cas de TB-VIH et en soupesant les avantages et les inconvénients, il est probable que la corticothérapie sera utile pour le malade dans les indications mentionnées ci-dessus. EN PRATIQUE L’enregistrement des résultats du traitement des cas de TBP à frottis positif est essentiel pour surveiller la guérison des patients et l’efficacité du PNAT (voir Chapitre 2). 134 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE 9.7 SUIVI DES MALADES EN COURS DE TRAITEMENT Il est important de suivre tous les patients, adultes et enfants, pendant le traitement. C’est ainsi qu’on peut évaluer les progrès individuels de chacun et les résultats du PNAT. 9 Le suivi bactériologique n’est aisé à pratiquer que pour les malades atteints de TBP à frottis positif, en général des adultes et parfois des enfants à partir d’un certain âge. Le recours systématique à la radiographie thoracique pour surveiller la réaction au traitement n’est pas nécessaire et c’est un gaspillage des ressources. Le suivi clinique constitue habituellement la méthode de contrôle de l’efficacité du traitement pour les autres patients, c’est-à-dire les cas de TBP à frottis négatif,TBEP et la plupart des enfants. 9.7.1 Suivi des malades atteints de TBP à frottis positif Quand l’effectuer Au moment du diagnostic A la fin de la phase initiale Pendant la phase d’entretien A la fin du traitement Schéma thérapeutique Schéma thérapeutique de 8 mois de 6 mois Frottis d’expectoration Frottis d’expectoration Frottis d’expectoration Frottis d’expectoration Frottis d’expectoration (5e mois) Frottis d’expectoration (8e mois) Frottis d’expectoration (5e mois) Frottis d’expectoration (6e mois) Frottis d’expectoration à la fin de la phase initiale Dans l’immense majorité des cas, l’examen microscopique de l’expectation est négatif à la fin de la phase initiale. Si le frottis reste néanmoins positif, il faut poursuivre le traitement avec les 4 mêmes médicaments pendant 4 semaines supplémentaires. Il est improbable que le frottis soit encore positif après cette prolongation, à l’issue de laquelle on passe de toute façon à la phase d’entretien (même si le frottis est toujours positif après ces 4 semaines supplémentaires de la phase initiale). Frottis d’expectoration pendant la phase d’entretien Dans le cadre du schéma thérapeutique de 8 mois, la positivité du frottis du 5e mois (ou de tout frottis effectué par la suite) signe l’échec thérapeutique. Il en va de même pour le schéma thérapeutique de 6 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 135 mois: un frottis positif à partir du 5e mois indique l’échec thérapeutique. La cause courante en est le plus souvent la défaillance du programme pour garantir l’observance. Le malade passe alors à la catégorie 2 et démarre un schéma thérapeutique de retraitement. Frottis d’expectoration à la fin du traitement Au moins deux frottis négatifs, l’un au dernier mois de traitement et au moins un autre antérieurement, signent la guérison bactériologique. 9.7.2 Enregistrement des résultats du traitement Cas de TBP à frottis positif A la fin du traitement de chaque patient, le responsable du district pour la tuberculose doit enregistrer le résultat des traitements de la manière suivante: Guérison Malade ayant donné un frottis négatif pendant le dernier mois de traitement et à au moins une occasion précédente. Traitement achevé Malade qui a achevé son traitement mais dont les résultats ne permettent pas de le classer dans les guérisons ou dans les échecs thérapeutiques. Echec thérapeutique Malade donnant un frottis positif après 5 mois ou plus de traitement. Décès Décès du malade, quelle qu’en soit la cause, pendant la chimiothérapie. Abandon (traitement Malade dont le traitement a été interrompu interrompu) pendant au moins 2 mois consécutifs. Transfert Malade transféré à un autre service d’enregistrement et de notification et dont les résultats ne sont pas connus. 1. Le succès du traitement représente la somme des patients guéris et de ceux qui ont achevé leur traitement. 2. Dans les pays où la mise en culture est couramment pratiquée, les patients sont classés dans les guérisons ou les échecs thérapeutiques en fonction des résultats de la culture. Cas de TBP à frottis négatif et de TB extrapulmonaires Quatre des indicateurs standardisés donnés ci-dessus s’appliquent aux adultes et aux enfants atteints de TBP à frottis négatif ou de TBEP, traitement achevé, décès, abandon, transfert; le responsable de district doit donc les inscrire dans ses registres. 136 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE On inscrira dans les échecs thérapeutiques un patient enregistré comme cas à frottis négatif mais dont les frottis deviennent positifs après la fin de la phase initiale du traitement. 9.7.3 9 Etudes de cohorte: questions et réponses Qu’est-ce qu’une étude de cohorte? Une cohorte est constituée par un groupe de patients diagnostiqués en tant de cas de TB et enregistrés pendant une période donnée (en général un trimestre).Tous les cas de TBP à frottis positifs enregistrés entre le 1er janvier et le 31 mars de chaque année forment par exemple la cohorte pour ce trimestre. L’étude de cohorte fait référence à la décomposition statistique de ce groupe en fonction de certains indicateurs qui sont la définition codifiée des cas, des catégories de traitement (voir Chapitre 8) et des résultats thérapeutiques. Les nouveaux patients et ceux qui ont déjà été traités forment deux cohortes séparées. Qui effectue les études de cohorte et à quel rythme? C’est un processus continu. Le responsable du district pour la tuberculose analyse les cohortes de malades enregistrés dans son district tous les trimestres et à la fin de chaque année. Le responsable régional de la tuberculose fait de même pour tous les sujets enregistrés dans sa région et la direction centrale du PNAT pour tous les patients enregistrés dans le pays. A quoi servent les études de cohorte? C’est un outil de gestion essentiel pour évaluer l’efficacité du programme antituberculeux. Il permet aux équipes des districts, des régions et au personnel de la direction du PNAT d’identifier les districts rencontrant des difficultés. Un faible taux de guérison, un fort taux d’abandon, des proportions plus élevées que prévu de TBP à frottis négatif ou de TB extrapulmonaires, un taux de dépistage des cas plus faible que prévu font partie des problèmes susceptibles de se poser. Leur identification permet au PNAT de les surmonter et d’améliorer l’efficacité de ses prestations. 9.8 RÉACTION DES CAS DE TB VIH-POSITIFS AU TRAITEMENT ANTITUBERCULEUX Réaction chez les patients qui achèvent leur traitement Au niveau clinique, radiologique ou microbiologique, la réaction à une chimiothérapie de brève durée est la même chez les patients VIHpositifs que chez les autres lorsqu’ils vont au bout de leur traitement, à l’exception du gain de poids, plus faible en cas de séropositivité. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 137 Taux de létalité C’est le pourcentage de patients tuberculeux mourant pendant une période donnée (par exemple pendant le traitement). En cas de séropositivité pour le VIH, ce taux est bien plus élevé pendant et après le traitement antituberculeux que pour les malades séronégatifs. En Afrique subsaharienne, jusqu’à 30% des cas de TBP à frottis positif VIHpositifs meurent avant la fin du traitement. On a de plus en plus de données montrant que le pronostic est plus mauvais chez un sujet VIHpositif en cas de TBP à frottis négatif qu’en cas de TBP à frottis positif. On attribue ce surcroît de mortalité en cas de TB-VIH pendant et après le traitement en partie à la tuberculose elle-même et en partie aux autres affections liées au VIH, comme la septicémie, les diarrhées, la pneumonie, l’anémie, le sarcome de Kaposi ou la méningite cryptococcique. Le taux de létalité chez les malades TB-VIH est moindre avec la chimiothérapie de brève durée qu’avec les anciens schémas thérapeutiques (1 SHT ou SHE / 11 HT ou HE), en partie parce que la CBD est plus efficace. En outre, en plus de son action antituberculeuse, la rifampicine est un antibiotique à large spectre agissant sur un grand nombre d’agents pathogènes. Elle peut donc contribuer à réduire la mortalité due à d’autres affections bactériennes liées au VIH pendant le traitement antituberculeux. Deux études suggèrent l’importance du TSD pour diminuer la mortalité. Une mortalité plus élevée s’associe en effet à l’auto-administration des médicaments chez les sujets tuberculeux VIH-positifs. Ce lien subsiste même avec le contrôle de tous les facteurs autres que la supervision directe dans une analyse multivariée. Des traitements adjuvants pourraient s’avérer nécessaires pour faire baisser la mortalité. Rechute de la TB après la fin du traitement antituberculeux Ancien traitement standard (phase initiale 1 SHT ou SHE, phase d’entretien 11 HT ou HE) Le taux de rechute est plus élevé chez les malades VIH-positifs que les autres. Une des études sur les malades TB-VIH a montré un lien entre la rechute et la réaction cutanée à la thioacétazone. Une réaction grave à la thioacétazone nécessite d’interrompre le traitement et de passer à l’éthambutol. Il y a plusieurs explications possibles au lien entre le risque de rechute et la réaction à la thioacétazone, comme l’interruption du traitement, la mauvaise observance par la suite, une immunodéficience plus accentuée, et le passage à la combinaison isoniazide - éthambutol pendant les 11 mois de la phase d’entretien. 138 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE Chimiothérapie de brève durée Chez les patients tuberculeux terminant leur chimiothérapie, le taux de rechute pourrait être légèrement plus élevé en cas de séropositivité pour le VIH. Certaines études suggèrent deux moyens de diminuer ce taux, sans pour autant prolonger la survie. Le premier consiste à faire passer la durée du traitement de 6 à 12 mois. Le second est d’administrer une prophylaxie post-thérapeutique (par exemple à l’isoniazide).Avant de pouvoir recommander l’utilisation générale de ces traitements, il faudra faire de nouvelles études pour en confirmer les avantages, définir la posologie optimale (médicaments et durée) et évaluer la faisabilité au niveau opérationnel. 9 Récidive: rechute ou réinfection? Il faut envisager 2 possibilités en présence d’une récidive de la TB après la guérison: a) la vraie rechute (réactivation des bacilles persistants qui n’ont pas été détruits par les antituberculeux); b) la réinfection (due à une nouvelle exposition à une source de contamination). Le risque de réinfection dépend de l’intensité de l’exposition à la transmission des bacilles. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 139 LECTURES COMPLÉMENTAIRES Alzeer AH, Fitzgerald JM. Corticosteroids and tuberculosis: risks and use as adjunct therapy. Tubercle and Lung Disease, 1993, 74: 6–11. Graham SM, Daley HM, Banerjee A, Salaniponi FM, Harries AD. Ethambutol usage in tuberculosis — time to reconsider? Archives of Ddiseases in Childhood, 1998, 79: 274–278 Horne NW. Modern drug treatment of tuberculosis. Septième édition. Londres, Chest, Heart and Stroke Association, 1990. Reider HL. Interventions for tuberculosis control and elimination. Paris, Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, 2002. Organisation mondiale de la Santé. Secrétariat du partenariat Halte à la tuberculose. Global TB Drug Facility prospectus. A global mechanism to ensure uninterrupted access to quality TB drugs for DOTS implementation. Genève, 2001 (WHO/CDS/STB/2001.10a). Organisation mondiale de la Santé. Tuberculosis Handbook. Genève, 1998 (WHO/TB/98.253). Organisation mondiale de la Santé. Lignes directrices relatives à la mise en place des projets pilotes “DOTS-Plus” pour la prise en charge de la tuberculose à bacilles multirésistants [TB-MR]. Genève, 2000 (WHO/CDS/TB/2000.279). Organisation mondiale de la Santé. Le traitement de la tuberculose: Principes à l’intention des programmes nationaux. Deuxième édition. Genève, 1997 (WHO/TB/97.220) (Troisième édition publiée en anglais sous la cote WHO/CDS/TB/2003.313). Organisation mondiale de la Santé. Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, Association Royale Hollandaise contre la Tuberculose (KNCV). Révisions des définitions internationales pour la lutte contre la tuberculose. International journal of tuberculosis and lung disease, 2001, 5 (3): 213–215. Ya Diul M, Maher D, Harries A. Tuberculosis case fatality rates in high HIV prevalence populations in sub-Saharan Africa. AIDS, 2001, 15: 143–152. 140 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRISE EN CHARGE DES CAS DE TUBERCULOSE EFFETS SECONDAIRES DES MÉDICAMENTS ANTITUBERCULEUX 10.1 I0 INTRODUCTION La plupart des malades atteints de TB achèvent leur traitement sans souffrir d’effets secondaires notables. Mais, comme quelques rares sujets en éprouvent parfois, il est important de maintenir une surveillance clinique pendant le traitement antituberculeux. Les examens de laboratoire ne sont toutefois pas indispensables en routine. Comment le personnel soignant contrôle-t-il l’apparition d’effets secondaires chez les patients? a) en apprenant aux patients à reconnaître les symptômes des réactions les plus courantes et à les signaler si elles apparaissent; b) en leur demandant spécifiquement s’ils ont constaté ces symptômes à chaque consultation pendant le traitement, c’est-à-dire au moins une fois par mois pour chaque patient. 10.2 PRÉVENTION DES EFFETS SECONDAIRES Le personnel soignant doit être au courant des situations particulières ayant une incidence sur le choix et la posologie des antituberculeux (voir Chapitre 9). Il est possible de prévenir la neuropathie périphérique causée par l’isoniazide. Elle se manifeste en général par une sensation de brûlure aux pieds et elle est plus fréquente chez les sujets VIH-positifs et les consommateurs d’alcool. Il convient de donner à ces patients un traitement préventif de pyridoxine à la posologie de 10 mg/jour. L’idéal serait, dans la mesure du possible, de prescrire systématiquement 10 mg/jour de pyridoxine avec l’isoniazide. 10.3 OÙ PRENDRE EN CHARGE LES EFFETS INDÉSIRABLES? Réactions Mineures, par ex. troubles digestifs, douleurs articulaires Majeures, par ex. ictères, éruptions cutanées sévères TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI Où les prendre en charge en consultation externe Adresser à l’hôpital de district ou à un établissement central 141 10.4 QUAND ARRÊTER LES ANTITUBERCULEUX? Lorsqu’un malade présente des effets secondaires mineurs, il faut lui expliquer la situation, lui proposer un traitement symptomatique et l’encourager à poursuivre le traitement antituberculeux. En cas de réactions majeures, il faut arrêter tout de suite le(s) médicament(s) suspect(s). Le malade ne doit jamais reprendre le médicament en question s’il présente une des réactions suivantes: Réaction eruption cutanée sévère, agranulocytose perte de l’acuité auditive, troubles de l’équilibre troubles visuels (diminution de la vision et de la perception des couleurs) insuffisance rénale, choc, thrombopénie hépatite 10.5 Médicament responsable thioacétazone streptomycine éthambutol rifampicine pyrazinamide EFFETS SECONDAIRES DES ANTITUBERCULEUX Médicament Effets secondaires courants isoniazide º neuropathie périphérique º hépatite (plus de 40 ans) º somnolence/léthargie Effets secondaires rares convulsions,pellagre,arthralgies, agranulocytose, réactions lupoïdes, éruptions cutanées, psychose aiguë rifampicine insuffisance rénale aiguë, º digestifs: anorexie, nausées, choc, thrombopénie, éruption vomissements, douleurs cutanée, “syndrome grippal” abdominales (traitement intermittent), colite pseudo-membraneuse, º hépatite º diminution de l’efficacité pseudo insuffisance des contraceptifs oraux surrénalienne, ostéomalacie, anémie hémolytique pyrazinamide º arthralgies troubles digestifs, éruptions cutanées, anémie º hépatite sidéroblastique streptomycine º lésions nerveuses des éruptions cutanées fonctions auditives et vestibulaires (y compris pour le fœtus) º lésions rénales éthambutol éruptions cutanées, douleurs º névrite optique articulaires, neuropathie périphérique thioacétazone º éruptions cutanées, hépatite, agranulocytose impliquant souvent les muqueuses, avec parfois la formation de cloques 142 $&OLQLFDO)UHQFKSGI EFFETS SECONDAIRES DES MÉDICAMENTS ANTITUBERCULEUX EN PRATIQUE La rifampicine diminuant l’efficacité des contraceptifs oraux, on conseillera aux femmes une autre méthode de contraception. I0 EN PRATIQUE Il faut avertir les patients que la rifampicine teinte en rouge orangé toutes les sécrétions corporelles (urine, larmes, sperme et sueur). 10.5.1 Effets secondaires des antituberculeux chez les malades VIH-positifs Les réactions indésirables sont plus fréquentes chez les tuberculeux VIH-positifs que les autres. Le risque augmente en fonction de l’immunodéficience. La plupart des effets secondaires se produisent au cours des deux premiers mois de traitement. Eruptions cutanées C’est la réaction la plus fréquente, souvent précédée ou accompagnée de fièvre. L’implication des muqueuses est courante et le médicament responsable est en général la thioacétazone, même si la streptomycine et la rifampicine sont parfois incriminées. Les réactions cutanées graves, parfois mortelles, comprennent la dermatite exfoliative, le syndrome de Stevens-Johnson et l’érythrodermie bulleuse avec épidermolyse (syndrome de Lyell). Autres réactions Les troubles digestifs et les hépatites sont les réactions qui imposent le plus fréquemment une modification du traitement. Il peut exister un risque accru de choc anaphylactique et de thrombopénie associé à la rifampicine. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 143 10.6 PRISE EN CHARGE DES EFFETS SECONDAIRES DES MÉDICAMENTS EN FONCTION DES SYMPTÔMES Effets secondaires Mineurs anorexie, nausées, douleurs abdominales arthralgies Médicament probablement responsable rifampicine pyrazinamide sensation de brûlure isoniazide dans les pieds urines teintées en rifampicine rouge orangé Majeurs démangeaisons, éruptions cutanées surdité (absence de cérumen à l’examen) vertiges (et nystagmus) ictère (autres causes exclues) vomissements et états confusionnels (suspicion d’hépatite médicamenteuse pré-ictérique) troubles visuels troubles généraux y compris le choc et le purpura 144 $&OLQLFDO)UHQFKSGI thioacétazone (streptomycine) streptomycine streptomycine la plupart des antituberculeux la plupart des antituberculeux éthambutol rifampicine Prise en charge Poursuivre le traitement prendre les comprimés juste avant de dormir prescrire de l’aspirine ou un anti-inflammatoire non stéroïdien pyridoxine, 100 mg/jour rassurer le malade Arrêter le médicament responsable arrêter les antituberculeux (voir ci-dessous) arrêter la streptomycine, éthambutol à la place arrêter la streptomycine, éthambutol à la place arrêter tous les antituberculeux jusqu’à disparition de l’ictère (voir ci-dessous) arrêter les antituberculeux faire en urgence les tests de la fonction hépatique arrêter l’éthambutol arrêter la rifampicine EFFETS SECONDAIRES DES MÉDICAMENTS ANTITUBERCULEUX 10.7 PRISE EN CHARGE DES PRURITS ET DES RÉACTIONS CUTANÉES I0 La question est de savoir si le sujet prend ou ne prend pas de la thioacétazone. Dans les populations à forte prévalence de la TB-VIH, la thioacétazone est la cause la plus probable de réactions cutanées. EN PRATIQUE Essayer de déterminer s’il y avait déjà une réaction cutanée avant de commencer les antituberculeux, l’infection à VIH provoquant chez de nombreux sujets des lésions prurigineuses. 10.7.1 Schémas thérapeutiques comprenant la thioacétazone Arrêter immédiatement les antituberculeux si un prurit s’installe sans autre cause évidente (comme la gale par exemple). Il peut être le premier signe d’une réaction cutanée grave. Il arrive que l’arrêt immédiat de la thioacétazone supprime la réaction cutanée ou en diminue la gravité. Perfuser le sujet avec des solutions intraveineuses en cas de réaction cutanée sévère avec: a) dermatite exfoliative ou érythrodermie bulleuse avec épidermolyse, b) implication des muqueuses, c) hypotension. De nombreux médecins font appel aux corticoïdes, bien qu’il n’y ait pas de confirmation formelle de leur efficacité. La posologie typique consiste à administrer 60 mg/jour de prednisolone par voie orale jusqu’à amélioration. La diminution progressive de la posologie les jours suivants dépend de la réaction du patient au traitement. Si, au départ, le sujet est incapable de déglutir, donner 100 à 200 mg/jour d’hydrocortisone par voie intraveineuse (au lieu de la prednisolone par voie orale). En cas de dermatite exfoliative, on administrera aussi des antibiotiques pour se prémunir contre des infections des lésions qui pourraient mettre la vie du patient en danger. Celui-ci reprend les antituberculeux à sa guérison, en remplaçant la thioacétazone par l’éthambutol. EN PRATIQUE Ne jamais prescrire de thioacétazone à un malade qui a déjà mal réagi à ce médicament. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 145 Les réactions sévères peuvent entraîner l’arrêt du traitement antituberculeux pendant 3 à 4 semaines et, en cas de tuberculose grave, le malade risque alors de mourir. Dans cette situation, on lui administre au moins 2 antituberculeux qu’il n’a jamais pris auparavant jusqu’à disparition de la réaction. On reprendra ensuite le schéma thérapeutique initial (en remplaçant la thioacétazone par l’éthambutol). 10.7.2 Schémas thérapeutiques sans la thioacétazone En cas d’installation d’un prurit, il faut commencer par éliminer toutes les causes évidentes. On essaie d’administrer des antihistaminiques, on continue le traitement antituberculeux et on observe attentivement le malade. Dans certains cas, le prurit disparaît. Dans d’autres, une éruption cutanée apparaît. Il faut alors arrêter les antituberculeux et attendre la disparition de des lésions dermiques. En cas de réaction grave, il est possible qu’un traitement adjuvant, tel qu’il est décrit plus haut, devienne nécessaire. Le problème qui se pose alors est de reprendre le traitement antituberculeux sans connaître le médicament à l’origine de la réaction. Le tableau suivant expose la méthode standardisée de réintroduction des antituberculeux après un effet indésirable. Réintroduction des antituberculeux après un effet indésirable Probabilité d’être la cause de la réaction Médicament 1er jour Isoniazide le moins probable 50 mg Rifampicine 75 mg Pyrazinamide 250 mg Ethambutol 100 mg Streptomycine le plus probable 125 mg Doses d’épreuve 2e jour 300 mg 300 mg 1 gramme 500 mg 500 mg 3e jour 300 mg dose totale dose totale dose totale dose totale On donne si possible au malade 2 antituberculeux qu’il n’a pas pris auparavant pendant qu’il essaie les doses d’épreuve. Celles-ci sont administrées dans le but d’identifier le médicament responsable de la réaction. Le processus commence par le médicament le moins susceptible de produire l’effet indésirable (c’est-à-dire l’isoniazide). On commence par une dose d’épreuve faible. En cas de réaction, celle-ci ne sera pas si forte que pour une dose complète. On augmente progressivement la posologie sur 3 jours puis l’on répète la procédure, en ajoutant un médicament à chaque fois.Toute réaction à l’addition d’un médicament l’identifie comme le responsable de l’effet indésirable. 146 $&OLQLFDO)UHQFKSGI EFFETS SECONDAIRES DES MÉDICAMENTS ANTITUBERCULEUX Si le médicament responsable est le pyrazinamide, l’éthambutol ou la streptomycine, le traitement antituberculeux peut reprendre sans ce principe actif que l’on remplacera si possible par un autre médicament. Il arrive qu’il soit nécessaire de prolonger le schéma thérapeutique. La reprise de celui-ci doit être considérée comme un nouveau départ du traitement tuberculeux. Il est vrai qu’on prolonge ainsi la durée totale du traitement mais on diminue les risques de rechute. I0 EN PRATIQUE Il faut adresser les malades présentant des réactions médicamenteuses graves à des centres spécialisés. 10.8 DÉSENSIBILISATION Il arrive rarement que des malades développent des réactions d’hypersensibilité aux 2 deux antituberculeux les plus puissants, l’isoniazide et la rifampicine, pierre angulaire de la chimiothérapie de brève durée. Si un sujet séronégatif pour le VIH a présenté une réaction (pas trop grave) à l’isoniazide ou à la rifampicine, il est possible de le désensibiliser pour le médicament en question. Il ne faut cependant jamais tenter une désensibilisation chez les malades TB-VIH à cause du risque élevé de forte toxicité. La méthode présentée ici consiste à commencer la désensibilisation avec le dixième de la dose normale, puis à augmenter d’un dixième chaque jour, jusqu’à la prise par le malade de la dose complète, au 10e jour. Une fois la désensibilisation terminée, on inclut le médicament dans le schéma thérapeutique habituel. Dans la mesure du possible, il convient d’administrer au malade pendant la phase de désensibilisation deux antituberculeux qu’il n’a jamais pris auparavant, afin d’éviter l’apparition de pharmacorésistances pendant cette opération. 10.9 PRISE EN CHARGE DE L’HÉPATITE Il existe un risque de toxicité hépatique avec tous les antituberculeux, mais l’isoniazide et le pyrazinamide en sont le plus fréquemment à l’origine, l’éthambutol rarement. Une hépatite qui survient chez un malade en cours de traitement peut avoir effectivement pour origine les antituberculeux mais d’autres causes sont possibles. Même si ce point est souvent difficile à élucider, il faudra tenter d’éliminer des autres causes avant de décider qu’il s’agit bien d’une hépatite médicamenteuse. L’hépatite se manifeste par de l’anorexie, un ictère et souvent une hépatomégalie. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 147 Si vous posez le diagnostic d’hépatite médicamenteuse, il faut arrêter les antituberculeux, puis attendre la disparition de l’ictère, des symptômes hépatiques et le retour des enzymes hépatiques à la normale. S’il est impossible de doser les enzymes hépatiques, on conseille alors d’attendre deux semaines après la disparition de l’ictère avant de reprendre le traitement antituberculeux. Fait étrange mais heureux, il est possible, dans la plupart des cas, de reprendre le traitement avec les mêmes antituberculeux sans que l’hépatite revienne. La reprise peut être immédiate (si l’hépatite était bénigne) ou progressive. En cas d’hépatite ayant mis la vie du patient en danger, il est probablement plus sûr de recourir à un schéma standardisé comportant la streptomycine, l’isoniazide et l’éthambutol. Un malade gravement atteint risque de mourir sans traitement antituberculeux. Dans ce cas, on administre au patient 2 des médicaments les moins hépatotoxiques, la streptomycine et l’éthambutol. Une fois l’hépatite disparue, on reprend le traitement habituel. Face à une tuberculose étendue, on peut envisager d’administrer des fluoroquinolones, notamment l’ofloxacine, conjointement à la streptomycine et à l’éthambutol pour le traitement intermédiaire non hépatotoxique. LECTURES COMPLÉMENTAIRES Crofton J, Horne N, Miller F. Clinical tuberculosis. Deuxième édition. Londres, MacMillan Press Limited, 1999. Horne NW. Modern drug treatment of tuberculosis. Septième édition. Londres, The Chest, Heart and Stroke Association, 1990. Mitchell I,Wendon J, Fitt S et al. Anti-tuberculosis therapy and acute liver failure. Lancet, 1995, 345: 555–556. Reider HL. Interventions for tuberculosis control and elimination. Paris, Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, 2002. 148 $&OLQLFDO)UHQFKSGI EFFETS SECONDAIRES DES MÉDICAMENTS ANTITUBERCULEUX THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH 11.1 I1 INTRODUCTION Les progrès rapides dans la mise au point de la thérapie antirétrovirale (ART) ont abouti, en 1996 à l’avènement du traitement antirétroviral hautement actif (TAHA) qui a révolutionné la thérapie de l’infection à VIH. Il consiste à associer au moins trois médicaments antirétroviraux (ARV). Comme pour le traitement antituberculeux, cette association d’ARV donne de l’efficacité en diminuant le risque d’apparition des pharmacorésistances. Le TAHA est devenu la norme mondiale pour le traitement de l’infection à VIH. Bien qu’il ne la guérisse pas, il permet d’obtenir une suppression presque complète de la réplication du virus. C’est un traitement à vie. La thérapie antirétrovirale entraîne une diminution spectaculaire de la morbidité et de la mortalité liées à l’infection par le VIH mais le succès est à plusieurs conditions : il faut faire de gros efforts pour maintenir l’observance d’un traitement qui doit se poursuivre à vie et contrôler les effets, les toxicités des médicaments et les interactions. Bien que la thérapie antirétrovirale présente des avantages considérables, son administration n’est pas facile. De nombreux sujets ne tolèrent pas les effets toxiques des médicaments. Le grand nombre de comprimés à ingérer et la complexité des schémas thérapeutiques ne facilitent pas l’observance. Or, si le traitement n’est pas bien respecté, des souches virales pharmacorésistantes très difficiles à traiter apparaissent. Il est donc nécessaire de suivre attentivement les patients pour évaluer la réaction thérapeutique. Le TAHA est devenu la norme mondiale. Pourtant, là où la charge du VIH est la plus lourde, seule une infime minorité de sujets contaminés y ont accès (en Afrique subsaharienne et en Asie). En 2002, l’OMS estimait que six millions de personnes dans les pays en développement avaient besoin de ce traitement mais seulement 230 000 en bénéficiaient (dont la moitié dans un seul pays, le Brésil). Des efforts croissants sont faits au niveau international pour améliorer l’accès à ces traitements là où les ressources sont limitées. Les prix des médicaments (l’un des principaux obstacles dans les pays pauvres) baissent rapidement. Des modifications de la réglementation des brevets sont en cours d’étude pour permettre aux pays démunis d’importer des équivalents génériques peu onéreux. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 149 Des programmes pilotes sont mis au point pour garantir une administration correcte et sûre de ces médicaments et la distribution au niveau des districts. La liste modèle OMS des médicaments essentiels contient 8 ARV. L’OMS a publié des lignes directrices pour généraliser, dans le cadre de la santé publique, l’ART même là où les ressources manquent. Cette évolution facilitera la réalisation de l’objectif consistant à fournir ces traitements à trois millions de personnes dans les pays en développement d’ici 2005. Les traitements antirétroviraux seront de plus en plus accessibles dans les pays démunis. Les médecins traitant la tuberculose doivent en connaître les principes et leur application pratique. Ils trouveront donc dans ce chapitre un guide succinct, avec le traitement spécifique du VIH en cas de co-infection TB-VIH. Ils se reporteront aux lectures complémentaires proposées en fin de chapitre pour trouver davantage d’informations. Dans ce domaine en évolution rapide, il convient aussi de consulter les autorités nationales et internationales pour se tenir régulièrement à jour. Le site Web de l’OMS est utile pour cela (http://www.who.int). 11.2 MÉDICAMENTS ANTIRÉTROVIRAUX Ils entrent dans deux catégories principales: a) les inhibiteurs de la transcriptase inverse (ITI); b) les inhibiteurs de la protéase (IP). Les ITI se divisent ensuite en trois groupes: i) les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI); ii) les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI); iii) les inhibiteurs nucléotidiques de la transcriptase inverse (ITI nucléotidiques). Le tableau donne les ARV (avec les abréviations entre parenthèses) qui ont été approuvés en avril 2002 pour la liste modèle OMS des médicaments essentiels. INTI INNTI IP Zidovudine (AZT, ZDV) Névirapine (NVP) Saquinavir (SQV) Didanosine (ddI) Efavirenz (EFV) Ritonavir (RTV) (renforçateur) Stavudine (d4T) Indinavir (IDV) Lamivudine (3TC) Nelfinavir (NFV) Abacavir (ABC) Lopinavir/ritonavir (LPV/r) 150 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH Exemples d’autres médicaments ne figurant pas dans la LME: INTI zalcitabine (ddC) ITI nucléotidique tenofovir (TDF) INNTI delavirdine (DLV) IP amprenavir (APV) 11.3 1I PRINCIPES DE LA THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE Les ARV agissent en bloquant l’action des enzymes importants pour la réplication et le métabolisme du VIH. On peut les utiliser en associations standardisées (de trois médicaments en général, les trithérapies). On déconseille la monothérapie en raison du développement inévitable des pharmacorésistances. Elle reste néanmoins recommandée dans le cadre bien spécifique de la prévention de la transmission mère-enfant, pour une brève durée. On ne conseille pas non plus les bithérapies nucléosidiques car elles n’entraînent pas de diminution générale de la mortalité liée au VIH dans les populations. 11.4 PRINCIPES DE L’APPROCHE DE LA SANTÉ PUBLIQUE POUR CES TRAITEMENTS L’OMS recommande d’adopter une méthode standardisée pour la lutte contre la tuberculose et les schémas thérapeutiques antituberculeux. De même avec le VIH, elle recommande une méthode standardisée de soins, comprenant des schémas normalisés. La standardisation et la simplification de ces schémas facilitent la mise en œuvre des programmes de traitement du VIH. L’efficacité à ce niveau va de pair avec les meilleurs avantages pour les patients et un risque minimum d’apparition des pharmacorésistances. Bien que l’expérience soit limitée dans les sites disposant de peu de ressources, les pays sont en train de généraliser les traitements antirétroviraux. Les expériences qui vont être faites dans l’application de schémas thérapeutiques de première et de seconde intention orienteront les futures directives de l’OMS. EN PRATIQUE Pour une prescription sûre et efficace, le lecteur consultera les lignes directrices sur les schémas thérapeutiques, les posologies, les effets secondaires et les interactions médicamenteuses. Voir à ce propos Améliorer l’accès aux traitements antirétroviraux dans les pays à ressources limitées, Genève, OMS, révision 2003. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 151 Le traitements antituberculeux et antirétroviraux suivent les mêmes principes fondamentaux de santé publique. Dans les deux cas, le succès dépend de la volonté politique, du diagnostic et de l’enregistrement des patients, de l’administration de schémas thérapeutiques standardisés dans de bonnes conditions de prise en charge, du contrôle et de l’évaluation du programme par l’enregistrement des patients, la notification des cas et des résultats. 11.5 DÉBUT DE LA THÉRAPIE Les avis divergent quelque peu sur le moment opportun pour commencer le traitement. Dans les pays industrialisés, les médecins font appel à la numération des copies d’ARN viral dans le plasma et des lymphocytes T CD4+ pour prendre une décision. Par exemple, une charge virale élevée (c’est-à-dire plus de 30 000 copies d’ARN/ml par RT-PCR) indique le moment d’entreprendre la thérapie antirétrovirale. Mais il s’agit là d’analyses de laboratoires onéreuses pour établir le stade de l’infection et suivre le traitement. Les principes de l’OMS s’appliquent aux établissements de soins ayant peu de ressources et n’ayant pas forcément la possibilité de recourir à ces tests. Le stade clinique est cependant un critère important (voir section 1.2.7) pour entreprendre ces traitements. 11.5.1 Adultes et adolescents présentant une infection avérée par le VIH Recommandations pour entreprendre le traitement antirétroviral Numération des Stade OMS 4, quel que soit le résultat CD4 possible de la numération Stades OMS 1, 2 ou 3, avec une numération des CD4 inférieure à 200/mm3 Numération des Stades OMS 3 ou 4, quel que soit le résultat de la CD4 impossible numération des lymphocytes totaux Stades OMS 2, avec une numération des lymphocytes totaux inférieure à 1 200/mm3 Les contre-indications sont les suivantes: insuffisance rénale ou hépatique sévère, maladie incurable concomitante. 11.5.2 Nourrissons et enfants Recommandations pour entreprendre le traitement antirétroviral 152 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH Numération Age des CD4 Si elle < 18 est mois possible > 18 mois Si elle < 18 est mois impossible > 18 mois Diagnostic du VIH Test virologique positif1 Traitement recommandé º Stade pédiatrique OMS 3 (SIDA), quel que soit le pourcentage de CD42 º Stade pédiatrique OMS 1 (asymptomatique) ou stade 2 avec des CD4 < 20%3 º Stade pédiatrique OMS 3 avec un pourcentage de CD4 < 20% 1I Test virologique impossible mais enfant VIH-positif ou né de mère infectée (NB: il faut recommencer la recherche des anticorps anti-VIH à 18 mois pour poser le diagnostic définitif de l’infection Séropositif pour º Stade pédiatrique OMS 3 les anticorps (SIDA), quel que soit le anti-VIH pourcentage de CD42 º Stade pédiatrique OMS 1 (asymptomatique) ou stade 2 avec des CD4 < 15%3 Test virologique º Stade pédiatrique OMS 32 positif1 Test virologique º Traitement déconseillé4 impossible mais enfant VIH-positif ou né de mère infectée Séropositif º Stade pédiatrique OMS 32 pour les anticorps anti-VIH 1 PCR pour l’ADN ou l’ARN viral ou recherche de l’antigène p24 par complexe immun dissocié, ou mise en culture du VIH. 2 On peut envisage de mettre les enfants sous ARV en cas de stade pédiatrique 2 avancé avec par exemple des candidoses orales sévères récidivantes ou persistantes en dehors de la période néonatale, une perte de poids, des fièvres, des infections bactériennes sévères récidivantes, quelle que soit la numération des CD4. 3 La vitesse de la baisse du pourcentage des CD4 (si on peut la mesurer) doit être prise en compte dans la décision. 4 De nombreux symptômes cliniques des stades 2 et 3 ne sont pas spécifiques de l’infection à VIH et ont de nombreuses similitudes avec ceux observés chez des enfants indemnes du VIH en situation de pénurie des ressources. Lorsqu’on n’a pas la possibilité de demander le test virologique ou la numération des CD4, on n’envisagera donc pas, en général, de mettre sous ART les nourrissons de moins de 18 mois exposés au VIH quels que soient les symptômes. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 153 11.6 POSOLOGIES RECOMMANDÉES 11.6.1 Adultes et adolescents1 Le traitement antirétroviral est un domaine qui évolue rapidement. Les médecins doivent donc se tenir à jour et connaître les dernières recommandations sur les posologies et les traitements. Le site Web de l’OMS est utile à ce propos (www.who.int/HIV). Médicament ITI nucléosidique (INTI) Zidovudine (ZDV) Stavudine (d4T) Lamivudine (3TC) Didanosine (ddI) Posologie1 300 mg deux fois par jour 40 mg deux fois par jour (30 mg deux fois par jour si < 60 kg) 150 mg deux fois par jour 400 mg une fois par jour (250 mg une fois par jour si < 60 kg) 300 mg deux fois par jour Abacavir (ABC) ITI nucléotidique Tenofovir (TDF) 300 mg une fois par jour ITI non nucléosidiques (INNTI) Efavirenz (EFZ) 600 mg une fois par jour Névirapine (NVP) 200 mg une fois par jour pendant 14 jours puis 200 mg deux fois par jour Inhibiteurs de la protéase (IP) Nelfinavir (NFV) 1 250 mg deux fois par jour Indinavir/ritonavir (IDV/r) 800 mg/100 mg deux fois par jour2,4 Lopinavir/ritonavir (LPV/r) 400 mg/100 mg deux fois par jour (533 mg/133 mg deux fois par jour en association avec EFZ ou NVP) Saquinavir/ritonavir (SQV/r) 1 000 mg/100 mg deux fois par jour3,4 1 Il s’agit de posologies couramment utilisées. Celles qui sont données ici ont été retenues sur la base des meilleures données cliniques connues et nous avons préféré l’administration une ou deux fois par jour pour favoriser l’observance du traitement par le patient. Les posologies indiquées conviennent à des patients ayant des fonctions rénales et hépatiques normales. On consultera les informations sur les produits pour ajuster la posologie en cas de troubles rénaux ou hépatiques ou en cas d’interactions potentielles avec d’autres médicaments (entre autres contre le VIH). 2 Posologie courante en clinique. Les posologies habituellement recommandées pour IDV/r vont de 800 mg/200 mg à 400 mg/100 mg deux fois par jour. 3 On peut utiliser les capsules dures ou molles lorsque le SQV est associé au RTV. 4 Nous avons indiqué une posologie ajustée en cas d’association avec un INNTI, mais il n’est pas possible pour le moment de faire une recommandation définitive. Une possibilité à envisager consiste à augmenter l’élément RTV à 200 mg deux fois par jour en cas d’administration concomitante de l’EFZ ou de la NVP. Il faudra en savoir plus sur les interactions médicamenteuses. 11.6.2 Enfants Le tableau suivant donne les posologies recommandées pour les enfants 154 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI Lamivudine (3TC) Comprimés: 150 mg Solution buvable: 10 mg/ml Tous âges Dose maximale: > 60 kg: 150 mg 2 fois/jour >30 jours et < 60 kg: 4 mg/kg 2 fois/jour < 30 jours: 2 mg/kg 2 fois/jour Nom du Présentations Pharmacocinétique Age (poids), dosage* médicament et posologie Inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) Zidovudine Sirop: 10 mg/ml Tous âges < 4 semaines: 4 mg/kg (ZDV) 2 fois/jour Capsules: 100 mg; 250 mg 4 semaines à 13 ans: 180mg/m2 2 fois/jour Comprimés: 300 mg Dose maximale: >13 ans: 300 mg 2 fois/jour On peut mettre les comprimés dans l’eau, les mélanger à un peu d’eau ou de nourriture en les prenant immédiatement La solution se conserve à température ambiante (pendant un mois après l’ouverture) Prise possible en mangeant Ne pas utiliser avec la d4T (antirétroviral à effet antagoniste) Bien toléré 600 mg/m2 2 fois/jour en cas d’encéphalopathie à VIH Conservation dans des flacons en verre à l’abri de la lumière Les grands enfants n’acceptent pas bien de grandes quantités de sirop. Autres observations 1I 155 156 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH Comprimés: 300 mg ZDV + 150 mg 3TC Pas de forme liquide Adolescents et adultes Stavudine (d4T) Solution buvable: 1 mg/ml Capsules: 15 mg, 20 mg, 30 mg, 40 mg Comprimés à mâcher: 25 mg; 50 mg; 100 mg; 150 mg; 200 mg A tout âge Didanosine Poudre pédiatrique Tous âges (ddI, pour suspension didéoxyinosine) buvable: 10 mg/ml. Dans de nombreux pays il faut rajouter un antiacide. Association à dose fixe ZDV + 3TC Dose maximale: >13 ans ou > 60 kg: 200 mg 2 fois/jour ou 400 mg 1 fois/jour < 30 kg: 1 mg/kg 2 fois/jour 30 to 60 kg: 30 mg 2 fois/jour 3 mois à 13 ans: 90 mg/m2 2 fois/jour ou 240 mg/m2 1 fois/jour < 3 mois: 50mg/m2 2 fois/jour Dose maximale: > 13 ans ou > 60 kg: 1 comprimé 2 fois/jour Garder la solution au réfrigérateur; stabilité de 30 jours; bien agiter avant l’administration Il est possible d’ouvrir les capsules et d’en verser le contenu, des granulés gastrorésistants, sur une petite quantité de nourriture Grandes quantités de solution. A prendre à jeun, au moins 30 minutes avant ou 2 heures après manger Il ne faut pas fractionner les comprimés Il est possible de passer le comprimé à l’eau et de le mélanger à une petite quantité d’eau ou de nourriture en le prenant immédiatement. Pour les enfants < 30 kg, il est impossible d’administrer ces comprimés à la posologie exacte. Conserver la suspension au réfrigérateur; stabilité de 30 jours; bien agiter avant l’administration. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI Association à dose fixe ZDV + 3TC + ABC (trizavir) Comprimés: ZDV 300 mg + 3TC 150 mg + ABC 300 mg Pas de forme liquide Comprimés: 300 mg Adolescents et adultes Dose maximale: > 40 kg: 1 comprimé 2 fois/jour Dose maximale: > 16 ans ou > 37,5 kg: 300 mg 2 fois/jour < 16 ans ou < 37,5 kg: 8 mg/kg 2 fois/jour A partir de 3 mois Abacavir (ABC) Solution buvable: 20 mg/ml Dose maximale: > 60 kg: 40 mg 2 fois/jour Stavudine (d4T) (continue) Il faut arrêter définitivement l’ABC en cas d’hypersensibilité Il ne faut pas fractionner les comprimés IL FAUT AVERTIR LES PARENTS DU RISQUE D’HYPERSENSIBILITÉ Arrêter définitivement le Trizavir en cas d’hypersensibilité Il est impossible d’administrer la posologie exacte aux enfants < 30 kg IL FAUT AVERTIR LES PARENTS DU RISQUE D’HYPERSENSIBILITÉ Prise possible en mangeant Le contenu des capsules, saupoudré sur une petite quantité de nourriture, est bien toléré (stable en solution pendant 24 heures au frais). Ne pas utiliser avec l’AZT (antirétroviral à effet antagoniste) La solution est bien tolérée; on peut écraser les comprimés A conserver dans des flacons en verre 1I 157 158 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH Efavirenz (EFZ) Capsules: 50 mg, 100 mg, 200 mg Sirop: 30 mg/ml (NB: posologies plus forte avec le sirop qu’avec les capsules, voir le tableau) Comprimés: 200 mg Dose maximale: > 13 ans: 200 mg 1 fois/jour pendant 2 semaines puis 200 mg 2 fois/jour > 30 jours à 13 ans: 120 mg/m2 1 fois/jour pendant 2 semaines, puis 120-200 mg/m2 2 fois/jour inverse (INNTI) 15 à 30 jours: 5 mg/kg 1 fois/jour pendant 2 semaines, puis 120 mg/m2 2 fois/jour pendant 2 semaines, 15 à 20 kg: 250 mg (300 mg = 10 ml) 1 fois/jour 20 à <25 kg: 300 mg (360 mg = 12 ml) 1 fois/jour A partir de 3 ans Capsule (liquide) pour les plus de 3 ans: 10 à 15 kg: 200 mg (270 mg = 9 ml) 1 fois/jour Inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase Nevirapine Suspension Tous âges (NVP) buvable: 10 mg/ml AVERTIR LES PARENTS DU RISQUE D’ÉRUPTION CUTANÉE. Ne pas augmenter la posologie si c’est le cas (réaction bénigne à modérée, suspendre le médicament. Une fois l’éruption cutanée disparue reprendre l’administration depuis le début; en cas de réaction sévère, arrêter le médicament) Interactions médicamenteuses On peut ouvrir les capsules et en verser le contenu sur la nourriture mais le goût, est très poivré. On peut toutefois mélanger avec des aliments sucrés ou de la confiture pour masquer le goût. Prise possible en mangeant (en évitant les aliments trop gras qui augmentent l’absorption de 50%). Prise possible en mangeant Conserver la suspension à température ambiante; bien agiter A éviter en cas d’administration concomitante de la rifampicine TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI On peut conserver la poudre et les comprimés à température ambiante. La poudre a un goût sucré, légèrement amer; grumeleuse, elle est difficile à dissoudre. La solution doit être reconstituée juste avant l’administration avec de l’eau, du lait, du lait maternisé, de la bouillie, etc. Ne pas prendre d’aliments ou de boissons acides (qui accentue le goût amer). A cause des difficultés d’utilisation de la poudre, on préfère écraser les comprimés (même pour les nourrissons) si l’on peut administrer la posologie exacte. 25 à 33 kg: 350 mg (450 mg = 15 ml) 1 fois/jour Le meilleur moment est celui du coucher, notamment les 2 33 à <40 kg: 400 mg premières semaines pour diminuer (510 mg = 17 ml) 1 fois/jour les effets secondaires sur le système nerveux central. Dose maximale: >40 kg: 600 mg 1 fois/jour Interactions médicamenteuses Tous âges <1 an: 40–50 mg/kg Pharmacocinétique 3 fois/jour ou très variable chez 75 mg/kg 2 fois/jour le nourrisson imposant des >1 an et < 13 ans: 55 à posologie très 65 mg/kg 2 fois/jour élevées jusqu’à l’âge Comprimés: de 1 an Dose maximale: 250 mg (on peut >13 ans: 1250 mg partager les 2 fois/jour comprimés en deux, les écraser, les ajouter à de la nourriture ou les dissoudre dans l’eau Inhibiteurs de la protéase Nelfinavir Poudre pour (NFV) suspension buvable: 200 mg par cuillerée de 5 ml arasée Efavirenz (EFZ) (continue) 1I 159 160 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH A prendre en mangeant Capsules de grande taille Faibles quantités de solution mais goût amer Dose maximale: Interactions médicamenteuses > 40 kg: 400 mg LPV/100 mg ritonavir (3 capsules ou 5 ml) 2 fois/jour Solution buvable: A partir de 6 mois > 6 mois à 13 ans: 80 mg/ml de 225 mg/m2 LPV/57,5 mg/m2 lopinavir + ritonavir 2 fois/jour 20 mg/ml de ritonavir posologie en fonction du poids: 7–15 kg: 12 mg/kg LPV Capsules: 3 mg/kg ritonavir 2 fois par jour 133,3 mg de lopinavir et 15–40 kg: 10 mg/kg 33,3 mg de LPV 2,5 mg/kg ritonavir ritonavir 2 fois par jour Interactions médicamenteuses (pas autant qu’avec les IP contenant du ritonavir) Solution et capsules à conserver de préférence au réfrigérateur, mais elles se gardent 2 mois à température ambiante jusqu’à 25°C A prendre en mangeant. * Calcul de la surface corporelle (m2): racine carrée de (hauteur en cm X poids en kg divisée par 3 600) Lopinavir/ ritonavir (LPV/r) Nelfinavir (NFV) (continue) 11.7 CHOIX DU SCHÉMA THÉRAPEUTIQUE L’OMS recommande des schémas standardisés simplifiés facilitant la mise en place de programmes efficaces à grande échelle. Les pays doivent sélectionner un seul schéma de première intention et un nombre limité de schémas de seconde intention. Le présent manuel donne des conseils sur les schémas de première intention à recommander. Le guide OMS Améliorer l’accès aux traitements antirétroviraux dans les pays à ressources limitées donne des détails complets avec des orientations sur les schémas de seconde intention. Les recommandations officielles sur les schémas de première et de seconde intention doivent se fonder sur les résultats des études cliniques et sur la surveillance des pharmacorésistances. 11.7.1 1I Adultes Associations recommandées sans IP Deux INTI (par ex. zidovudine/lamivudine) + un INNTI (névirapine ou efavirenz) ou trois INTI (dont l’abacavir), par exemple: zidovudine, lamivudine, abacavir. Autres associations possibles d’INTI (sans ordre de préférence): Zidovudine + didanosine Stavudine + lamivudine ou didanosine Il ne faut pas associer la zidovudine et la stavudine en raison de leurs effets mutuellement antagonistes. Les effets neurotoxiques de la didanosine et de la zalcitabine peuvent s’ajouter et il ne faut donc pas les associer. Associations recommandées avec un IP Deux INTI + un IP, par exemple: zidovudine, lamivudine, indinavir Ce sont des schémas efficaces mais qui présentent quelques inconvénients: posologies complexes, interactions avec la rifampicine et des inquiétudes quant à la toxicité des IP sur le long terme. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 161 Associations d’ARV recommandées en première intention chez l’adulte et l’enfant porteur d’une infection à VIH avérée Schéma Chez la femme Principaux effets thérapeutique* enceinte toxiques ZDV/3TC/EFZ ou Remplacer NVP par EFZ ZDV: anémie ZDV/3TC/NVP chez la femme enceinte ou EFZ: symptômes nerveux quand on ne peut garantir centraux et risque une contraception efficace éventuel de tératogénicité NVP: hépatotoxicité et éruption cutanée sévère ZDV/3TC/ABC ABC: connaissance limitée ZDV: anémie des risques éventuels ABC: hypersensibilité ZDV/3TC/IP** ou LPV: connaissance limitée ZDV: anémie ZDV/3TC/NFV des risques éventuels NFV: diarrhées NFV: meilleures IDV: lithiase rénale connaissances IP: effets secondaires sur le métabolisme *ZDV/3TC est dans la liste des recommandations initiales pour l’élément INTI de la trithérapie à cause de l’efficacité, de la toxicité, de l’expérience clinique et de la disponibilité de l’association à dose fixe. On peut remplacer ce doublet par d’autres, d4T/3TC, d4T/ddI, ZDV/ddI selon les préférences nationales. Il ne faut jamais associer la ZDV et la d4T en raison de leurs effets antagonistes avérés. ** IP: IDV, LPV et SQV. 11.7.2 Enfants Les thérapies antirétrovirales ont été peu étudiées chez l’enfant. Il semblerait que l’on obtienne avec de nombreux schémas thérapeutiques antirétroviraux des améliorations à peu près semblables des marqueurs de substitution. La plupart des ARV disponibles pour l’adulte le sont aussi pour l’enfant avec des présentations spécifiques et des posologies établies en fonction de la surface corporelle ou du poids. Le traitement de première intention comprend ZDV/3TC associés à un INNT (NVP ou EFZ) ou à l’ABC. Il ne faut pas administrer l’EFZ aux enfants de moins de 3 ans en raison du manque d’informations sur la posologie. Chez les plus de 3 ans, l’EFZ est l’INNTI de choix au début d’une ART lorsqu’on n’a pas encore terminé un traitement antituberculeux avec de la rifampicine. 162 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH Associations d’ARV recommandées en première intention chez l’enfant1 Schéma thérapeutique Observations ZDV/3TC2 + ABC De préférence si l’enfant est parallèlement sous traitement antituberculeux ZDV/3TC2 + INNTI Choix de l’INNTI: º < 3 ans ou < 10 kg: NVP º > 3 ans ou > 10 kg: NVP ou EFV 1I 1 Les considérations et préférences nationales déterminent le choix des schémas thérapeutiques mis à la disposition du public. 2 C’est avec l’association ZDV/3TC qu’on a le plus d’expérience clinique et c’est donc l’association de deux INTI de choix. On peut lui substituer d’autres doublets, ZDV/ddI, d4T/3TC, d4T/ddI et ddI/3TC. Il ne faut jamais associer ZDV et d4T en raison de leurs effets antagonistes avérés. 11.8 CONTRÔLE DE L’EFFICACITÉ DU TRAITEMENT L’efficacité est contrôlée par: l’amélioration clinique: º gain de poids, º diminution de la fréquence et de la gravité des maladies associées au VIH (infections et pathologies cancéreuses), l’augmentation des lymphocytes totaux; l’amélioration des marqueurs biologiques duVIH (si ces analyses sont possibles): º numération des lymphocytes T-CD4+, º nombre de copies d’ARN du VIH dans le plasma. 11.9 EFFETS SECONDAIRES Tous les ARV ont des effets indésirables caractéristiques de leur classe de médicaments. º INTI: modifications lipidiques du foie acidose lactique lipodystrophies en cas d’utilisation prolongée º IP: lipodystrophies élévation de la cholestérolémie et de la triglycéridémie élévation de la glycémie épisodes hémorragiques chez les sujets hémophiles º INNTI: rashéruption cutanée enzymes hépatiques anormales/hépatite TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 163 L’acidose lactique est due à la toxicité des INTI sur les mitochondries et elle peut être mortelle si elle n’est pas reconnue. Il faut l’envisager lorsque le sujet souffre d’asthénie prononcée, de nausées, de vomissements et de douleurs abdominales. Les lipodystrophies ont des caractéristiques bien particulières. On constate une disparition de la graisse périphérique sur le visage, les membres et les fesses et une accumulation au niveau central autour de l’abdomen, sur la poitrine et dans le bas du cou (formant ce que l’on appelle une “bosse de bison”). Il s’y associe souvent une élévation de la cholestérolémie, de la triglycéridémie et de la glycémie. Autres effets secondaires spécifiques: INTI zidovudine didanosine zalcitabine stavudine lamivudine abacavir INNTI névirapine efavirenz delavirdine IP saquinavir ritonavir nausées, céphalées, fatigue, myalgies, myopathie, anémie, agranulocytose nausées, diarrhées, neuropathie, pancréatite neuropathie, pancréatite, ulcères buccaux neuropathie, pancréatite nausées, céphalées, asthénie, myalgies, anémie, agranulocytose nausées, asthénie, troubles du sommeil, hypersensibilité éruption cutanée, hépatite troubles neuropsychiatriques céphalées nausées, diarrhées nausées, diarrhées, faiblesse, sensibilité cutanée, goût anormal dans la bouche, engourdissement péri-oral indinavir nausées, douleurs abdominales, céphalées, calculs rénaux nelfinavir diarrhées, nausées, éruption cutanée amprenavir nausées, vomissements, diarrhées, goût anormal dans la bouche, troubles de l’humeur, engourdissement péri-oral lopinavir/ritonavir douleurs abdominales, diarrhées, fatigue, céphalées, nausées vomissements, pancréatite Le contrôle de l’innocuité des traitements antirétroviraux et de la tolérance dépend de l’examen clinique et des analyses de laboratoire, numération - formule sanguine, enzymes hépatiques, amylase sérique (pancréatite), glucose, triglycérides, créatine phosphokinase (myopathie). Les analyses pratiquées dépendent du schéma thérapeutique suivi. 164 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH 11.10 INTERACTIONS ENTRE LES ARV ET LES MÉDICAMENTS POUR ÉVITER OU TRAITER LES INFECTIONS OPPORTUNISTES 1I Il y a de nombreuses interactions entre les ARV et les autres médicaments. On citera deux exemples courants: la zidovudine avec le cotrimoxazole, les IP avec le kétoconazole ou le fluconazole. º Augmentation de l’hématotoxicité en cas d’administration concomitante du triméthoprime-sulfaméthoxaxole et de la zidovudine. º Les antimycosiques comme le kétoconazole ou le fluconazole peuvent inhiber le métabolisme des IP avec, pour conséquence, une augmentation de la teneur sérique en IP et un risque accru de toxicité. 11.11 ANTIRÉTROVIRAUX ET TRAITEMENTS ANTITUBERCULEUX 11.11.1 Interactions médicamenteuses La rifampicine stimule l’activité du système enzymatique du cytochrome P450 qui métabolise les IP et les INNTI, ce qui a pour effet de faire diminuer leur concentration sanguine. Parallèlement, les IP et les INNTI stimulent ou inhibent ce même système enzymatique, avec une altération de la concentration sanguine en rifampicine. Ces interactions potentielles peuvent entraîner l’inefficacité des ARV, du traitement antituberculeux et augmenter le risque de toxicité. L’isoniazide peut être à l’origine de neuropathies périphériques, à l’instar de certains INTI (didanosine, zalcitabine et stavudine). Il y a donc un risque de toxicité ajoutée en adjoignant l’isoniazide à ces ARV. Il y a aussi théoriquement une interaction avec l’abacavir. 11.11.2 Traitement concomitant de la TB et du VIH En cas de TB associée au VIH, la priorité est de traiter la TB, en particulier s’il s’agit d’une TBP à frottis positif (à cause de la nécessité d’interrompre la transmission). Il est toutefois possible d’administrer en même temps à ces patients la thérapie antirétrovirale et le traitement antituberculeux s’ils sont soigneusement pris en charge. Il faut faire une évaluation minutieuse pour déterminer quand commencer les ARV. Dans le cas par exemple d’un sujet avec un risque élevé de mourir pendant la durée du traitement antituberculeux (c’est-à-dire qui présente une TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 165 forme disséminée de la TB et/ou une numération des CD4 < 200/mm3), il pourra s’avérer nécessaire de commencer en même temps les ARV et le traitement antituberculeux. En revanche, pour un patient qui a une TBP à frottis positif comme première manifestation de son infection à VIH et qui ne semble pas courir un risque élevé de mourir, il peut s’avérer plus sûr de ne pas entreprendre le traitement antirétroviral avant d’avoir terminé la phase initiale du traitement antituberculeux. On diminue ainsi le risque de syndrome de reconstitution immunitaire et on évite la possibilité d’interactions médicamenteuses entre la rifampicine et un IP. 11.11.3 Syndrome de reconstitution immunitaire Il arrive parfois que les sujets ayant une TB associée au VIH présentent une exacerbation temporaire des symptômes, des signes ou des manifestations radiologiques de la TB après le début du traitement antituberculeux. On pense que cette réaction paradoxale est due à une reconstitution de l’immunité qui se produit avec une administration concomitante des ARV et des antituberculeux. Une forte fièvre, une adénopathie, un développement des lésions du système nerveux central et une dégradation de l’image radiologique en sont les signes et symptômes. Une évaluation minutieuse est nécessaire pour exclure les autres causes possibles, notamment l’échec du traitement antituberculeux, avant de diagnostiquer cet état comme une réaction paradoxale. Pour les réactions les plus graves, la prednisone semble être utile (1 à 2 mg/kg pendant 1 à 2 semaines, puis diminution progressive de la posologie), bien qu’on n’en ait pas formellement la preuve. 11.11.4 Options pour le traitement antirétroviral chez les patients tuberculeux Les options sont les suivantes: º Le repousser jusqu’à la fin du traitement antituberculeux. º Le repousser jusqu’à la fin de la phase initiale du traitement antituberculeux, puis prescrire l’éthambutol et l’isoniazide pour la phase d’entretien. º Traiter la TB avec un schéma thérapeutique incluant la rifampicine et prescrire de l’efavirenz avec 2 INTI. 166 $&OLQLFDO)UHQFKSGI THÉRAPIE ANTIRÉTROVIRALE CONTRE L’INFECTION PAR LE VIH LECTURES COMPLÉMENTAIRES 1I Bartlett JG, Gallant JE. Medical management of HIV infection. Baltimore, Maryland (Etats-Unis d’Amérique), Johns Hopkins University School of Medicine, 2000–2001. Carr A, Cooper DA. Adverse effects of antiretroviral therapy. Lancet, 2000, 356: 1423–1430. Harrington M, Carpenter CCJ. World AIDS Series: Hit HIV-1 hard, but only when necessary. Lancet, 2000, 355: 2147–2152. Pozniak AL, Miller R, Ormerod LP.The treatment of tuberculosis in HIV-infected persons. AIDS, 1999, 13: 435–445. Organisation mondiale de la Santé. Améliorer l’accès aux traitements antirétroviraux dans les pays à ressources limitées. Recommendations pour une approche de santé publique. Genève, 2002 (www.who.int/hiv). Harries AD, Nyangulu DS, Hargreaves NJ, Kaluwa O, Salaniponi FM. Preventing antiretroviral anarchy in sub-Saharan Africa. Lancet, 2001, 358: 410–14. Harries AD, Hargreaves NJ, Chimzizi R, Salaniponi FM.Traitement antiretroviral hautement efficace et lutte antituberculeuse en Afrique : synergies et potential. Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé, Recueil d’articles, 2002, 7: 87–94. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 167 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AU VIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUX VIH-POSITIFS 12.1 I2 INTRODUCTION Qu’ils aient accès à la thérapie antirétrovirale ou non, les patients atteints de TB-VIH peuvent souffrir également d’autres affections liées au VIH. Ce chapitre constitue un guide abrégé pour leur prise en charge au niveau de l’hôpital de district. Nous donnons à la fin de celui-ci un guide pour la prévention de ces pathologies. Les traitements en gras sont disponibles dans la plupart des hôpitaux de district. Pour plus de détails, le lecteur se reportera aux publications de l’OMS Guide pour la prise en charge clinique de l’infection à VIH chez l’adulte et chez l’enfant et Guidelines for the management of sexually transmitted infections. Le médecin devrait toujours vérifier les posologies. 12.2 MALADIES LIÉES AU VIH Certains agents pathogènes sont très actifs, d’autres peu. Ils sont très actifs lorsqu’ils sont pathogènes chez le sujet sain ayant une immunité normale. En revanche, les agents peu actifs ne deviennent en général pathogènes que chez le sujet immunodéficient. L’évolution de l’infection à VIH, avec le degré d’immunodéficience qui va de pair, détermine les agents pathogènes et les pathologies cliniques que l’on observe. Les agents très actifs (pneumocoques, salmonelles non typhiques ou M. tuberculosis par ex.) entraînent une pathologie quel que soit le stade de l’infection à VIH. Les agents moins actifs (candida, Cryptococcus neoformans, les toxoplasmes, le cytomégalovirus, Pneumocystis carinii ou les mycobactéries atypiques par ex.) sont pathologiques à un stade plus avancé. On observe de plus en plus couramment des infections disséminées aux stades avancés, lorsque l’immunodéficience devient sévère. La classification de l’OMS en stades cliniques de l’infection à VIH reprend ses caractéristiques. Les maladies dues à des agents pathogènes peu actifs et les infections disséminées caractérisent le stade 4 chez l’adulte et l’adolescent, et le stade 3 chez l’enfant. Les infections dues à des agents très actifs tendent à être plus faciles à diagnostiquer et à traiter que les autres. L’ensemble des maladies pouvant apparaître en cas de séropositivité pour le VIH varie d’une région à l’autre. En Afrique subsaharienne, ce sont des agents pathogènes très actifs (bactériens et mycobactériens) qui prédominent, notamment les pneumocoques, les salmonelles non TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 169 typhiques et le bacille tuberculeux. Le lien est très étroit avec la pauvreté et la transmission est intense dans un milieu de promiscuité et de mauvaise hygiène. La tuberculose est ainsi devenue la principale cause de décès pour les sujets infectés par le VIH et elle est responsable d’un tiers des morts dues au SIDA dans le monde. On a aussi établi récemment le lien entre l’infection à VIH et une fréquence croissante du paludisme clinique. Dans cette région, certains agents pathogènes peu actifs sont importants (notamment cryptococcus et les toxoplasmes), mais ceux qui sont les plus importants dans les pays industrialisés, Pneumocystis carinii ou les mycobactéries atypiques par exemple, sont relativement rares. Bien que le tableau des maladies chez le sujet séropositif soit moins bien connu dans les autres régions, il est probable qu’il soit, dans les grands traits, similaire dans tous les pays en développement. Près de 90% des séropositifs pour le VIH vivent dans les pays en développement de l’Afrique et de l’Asie du Sud-Est. La majeure partie de la charge de morbidité dans la population infectée par le VIH est donc provoquée par un nombre limité d’agents infectieux, c’est-à-dire le bacille tuberculeux, les pneumocoques et les salmonelles non typhiques. Les centres de santé et les hôpitaux des districts ont habituellement les moyens de diagnostiquer ces infections que l’on peut traiter en général avec des antimicrobiens efficaces et à un prix abordable. C’est ainsi que dans certains pays, le traitement antituberculeux peut revenir à seulement US$ 10 (mais il est plus cher en Afrique subsaharienne). Le diagnostic et le traitement des infections courantes liées au VIH et dues à des agents pathogènes très actifs sont donc faisables sans demander d’énormes moyens. Il faut développer les capacités des prestataires de soins de santé généralistes pour le diagnostic et le traitement de ces maladies. On pourra ainsi réduire significativement leur part dans la morbidité et la mortalité liées au VIH. L’OMS a établi à cet effet une liste de médicaments essentiels. Dans de nombreuses régions du monde, les traitements pour un grand nombre de ces infections (dont le virus de l’herpès, le cytomégalovirus et les mycobactéries atypiques) et de cancers (dont le sarcome de Kaposi et les lymphomes non hodgkiniens) sont plus onéreux et pas encore couramment accessibles. 12.3 INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES Toute personne ayant des rapports sexuels non protégés court le risque de contracter plusieurs infections sexuellement transmissibles (IST). Tout sujet présentant une IST a donc un risque accru d’en avoir une autre. Le VIH se transmet habituellement par voie sexuelle. Les IST autres que le VIH sont courantes chez les sujets atteints de TB-VIH. Le 170 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI lecteur trouvera dans cette section un bref compte-rendu du traitement médicamenteux des IST. Lorsqu’on soigne ce type de patients, il ne faut pas oublier d’informer, de conseiller, de donner des préservatifs et de prendre en charge le ou la partenaire. 12.3.1 I2 Prise en charge des syndromes Il est rare de pouvoir faire le diagnostic exact d’une IST. L’OMS a donc mis au point une approche syndromique de la prise en charge basée sur la reconnaissance de groupes cohérents de signes et de symptômes (syndromes). Le traitement recommandé pour chaque syndrome guérit la majorité des infections qui peuvent en être à l’origine. Le tableau suivant expose les plans de traitement recommandés pour les syndromes courants associés aux IST lorsqu’il n’est pas possible de demander des examens de laboratoire. Syndrome Hommes écoulement urétral Femmes inflammation du col écoulement vaginal Plan de traitement traiter la gonorrhée et la chlamydiose traiter la gonorrhée simple et la chlamydiose traiter la candidose et le Trichomonas vaginalis/vaginite bactérienne traiter l’inflammation du col - cervicite (dans les zones de forte prévalence des gonorrhées et des chlamydioses) Hommes et femmes ulcérations génitales traiter la syphilis et le chancre mou (et l’herpès dans les zones de forte prévalence du HSV-2) bubon inguinal - avec ulcérations traiter la syphilis et le chancre mou - sans ulcérations traiter le lymphogranulome vénérien (maladie de Nicolas-Favre) 12.3.2 Schémas thérapeutiques pour les IST courantes Le tableau ci-dessous expose les schémas thérapeutiques pour les IST courantes. N’utiliser ni la ciprofloxacine ni les tétracyclines en cas de grossesse. Eviter les tétracyclines chez l’enfant. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 171 IST gonorrhée (simple) chlamydiose syphilis primaire (chancre) chancre mou lymphogranulome vénérien 172 Schéma thérapeutique ciprofloxacine, voie orale: dose unique de 500 mg OU ceftriaxone, IM: dose unique de 250 mg OU céfixime, voie orale: dose unique de 400 mg OU spectinomycine, IM: dose unique de 2 g OU triméthoprime (80 mg)/sulfaméthoxazole (400 mg) (TMP-SMX), voie orale: dose unique de 10 comprimés OU gentamycine, IM: dose unique de 240 mg doxycycline, voie orale: 100 mg 2 fois par jour pendant 7 jours OU tétracycline, voie orale: 500 mg 4 fois par jour pendant 7 jours OU érythromycine, voie orale: 500 mg 4 fois par jour pendant 7 jours benzathine pénicilline G, IM: 2,4 millions UI en une séance (la dose est souvent injectée par moitié en deux endroits) OU pénicilline G procaïne, IM: 1,2 million UI par jour pendant 10 jours consécutifs OU (en cas d’allergie aux pénicillines) tétracycline, voie orale: 500 mg 4 fois par jour pendant 15 jours OU doxycycline, voie orale: 100 mg 2 fois par jour pendant 15 jours OU érythromycine, voie orale: 500 mg 4 fois par jour pendant 15 jours érythromycine, voie orale: 500 mg 3 fois par jour pendant 7 jours OU ciprofloxacine, voie orale: 500 mg 2 fois par jour pendant 3 jours OU ceftriaxone, IM: dose unique de 250 mg OU azithromycine, voie orale: dose unique de 1 g OU TMP-SMX, voie orale: 2 comprimés 2 fois par jour pendant 7 jours doxycycline, voie orale: 100 mg 2 fois par jour pendant 14 jours OU tétracycline, voie orale: 500 mg 4 fois par jour pendant 14 jours OU érythromycine, voie orale: 500 mg par jour pendant 14 jours OU sulfadiazine, voie orale: 1 g 4 fois par jour pendant 14 jours TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI candidose Trichomonas vaginalis vaginite bactérienne 12.4 nystatine, 100 000 UI par voie vaginale 1 fois par jour pendant 14 jours OU miconazole ou clotrimazole, 200 mg dans le vagin 1 fois par jour pendant 3 jours OU clotrimazole, dose unique de 500 mg dans le vagin métronidazole, voie orale: dose unique de 2 g OU métronidazole, voie orale: 400 à 500 mg 2 fois par jour pendant 7 jours métronidazole, voie orale: dose unique de 2 g OU métronidazole, voie orale: 400 à 500 mg 2 fois par jour pendant 7 jours I2 PROBLÈMES CUTANÉS ET BUCCAUX Le diagnostic des problèmes cutanés et buccaux associés au VIH repose habituellement sur des manifestations cliniques caractéristiques. Le tableau suivant expose les diagnostics et les traitements. Problèmes cutanés º Infections virales Infection Traitement local Traitement médicamenteux Adultes Enfants Herpes Traitement local des Acyclovir par voie orale 5 simplex (oral lésions (c’est-à-dire fois/jour jusqu’à la guérison ou génital) nettoyer régulièrement 200 mg <2 ans 100 mg et éviter les > 2 ans 200 mg surinfections bactériennes) Zona Traitement local des Analgésie lésions (c’est-à-dire Acyclovir nettoyer régulièrement 800 mg par voie 20 mg/kg et éviter les oral 5 fois/jour (max. 800 mg) surinfections pendant 7 4 fois/jour, bactériennes) jours au moins 5 jours Condylomes Podophylline à 20% ano-génitaux par voie locale 1 à 2 (paillomavirus fois par semaine humain) jusqu’à disparition Acide trichloracétique, Cryothérapie TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 173 Molluscum contagiosum Ne pas toucher aux lésions OU percer chacune d’entre elles avec une aiguille ou un bâtonnet en bois d’oranger bien pointu et tamponner avec du phénol. Acide trichloracétique, Cryothérapie º Mycoses Infection Traitement médicamenteux Adultes Enfants Teignes Pommade de En cas de résistance, (cheveux, Whitfield ou teinture griséfulvine corps, de Castellani eczéma Antimycosiques locaux: 500 mg par 10 mg/kg par voie marginé clotrimazole à 1% voie orale orale en plusieurs de Hebra) miconazole à 2% 2 fois/jour doses ou en dose unique Candisoses Application locale de violet de gentiane en solution aqueuse à 1% ou de pommade à la nystatine 2 fois fois par jour jusqu’à disparition des lésions Antimycosiques locaux Cryptococcose Traitement antimycosique cutanée/ systémique histoplasmose 174 Traitement local TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI º Infections bactériennes Infection Traitement local Traitement médicamenteux Adultes Enfants Impétigo, Pénicilline V par voie orale 4 furonculose fois/jour pendant 1 à 2 semaines 500 mg ≤ 1an 62,5 mg 1–5 ans 125 mg 6–12 ans 250 mg OU flucloxacilline par voie orale 4 fois/jour pendant 1 à 2 semaines 500 mg < 2 ans, 1/4 dose adulte 2–10 ans 1/2 dose adulte OR érythromycine par voie orale 4 fois/jour pendant 1 à 2 semaines 500 mg < 2 ans 125 mg 2–8 ans 250 mg > 8 ans 250–500 mg Pyomyosite Drainage chirurgical Plus antibiotiques (comme pour l’impétigo) Angiomatose Erythromycine par voie orale bacillaire (due 4 fois/jour pendant 8 semaines à Bartonella 500 mg < 2 ans 125 mg henselae) 2–8 ans 250 mg (lésions > 8 ans pouvant 250–500 mg évoquer le Doxycycline par voie orale 2 sarcome de fois/jour pendant 8 semaines Kaposi – 100 mg Contre-indiquée diagnostic (contrechez l’enfant définitif par indiquée < 12 ans biopsie) en cas de grossesse et d’allaitement) TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI I2 175 º Autres Pathologie Traitement local Prurit sans lésions cutanées Folliculite papulaire (dermatite papulaire prurigineuse; folliculite à éosinophiles) Dermatose séborrhéique Lotion à la calamine Antihistaminiques Lotion à la calamine Antifongiques locaux associés à de l’hydrocortisone à 1% Corticoïdes locaux puissants Shampooings antifongiques OU Antifongiques locaux renfermant des corticoïdes OU hydrocortisone locale à 1% Corticoïdes locaux puissants Ichtyose: Produits émollients peau sèche, (crème hydratée desquamations par exemple) Psoriasis Traitement classique du psoriasis, comme la pommade salicylée au coaltar 2 fois par jour Gale Benzoate de benzyle à 25% en application locale Application locale d’une lotion à base de lindane Sarcome de Traitement local des Kaposi lésions Radiothérapie 176 Traitement médicamenteux Adultes Enfants Antihistaminiques Métronidazole 2 fois/jour pendant 7 à 14 jours 250 mg 7,5 mg/kg toutes les 8 heures En cas d’atteinte sévère, kétoconazole par voie orale 200 mg 3 mg/kg par jour 2 fois/jour Ivermectine: 200 µg/kg en dose unique avec des médicaments locaux Chimiothérapie TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI º Problèmes buccaux Pathologie Candidose orale Leucoplasie chevelue Cheilite angulaire Traitement local Traitement médicamenteux Adultes Enfants Antifongiques en En cas de résistance, application locale, kétoconazole par voie orale comme l’amphotéricine pendant 14 jours en pastilles,la nystatine 200 mg 3 mg/kg par jour en pastilles ou 2 fois/jour comprimés Autre possibilité en cas de gynécologiques: résistance (sauf pour les enfants suspension de de moins de 1 an) fluconazole nystatine, 100 000 pendant 14 jours UI 3 fois par jour 100 mg/jour 2 mg/kg par jour OU un comprimé gynécologique de nystatine toutes les 4 heures OU comprimés de nystatine, 500 000 UI 4 fois par jour. Si l’on ne dispose pas de nystatine, utiliser le violet de gentiane à 0,25–0,5%. Dans tous les cas, traiter pendant 7 à 14 jours. Les récidives sont courantes en l’absence de prophylaxie. Pas de traitement Antifongiques locaux, Clotrimazole à 1% par exemple Gingivite/ abcès dentaire Aphtes Rincer la bouche avec des corticoïdes et de la tétracycline Corticoïdes en application locale TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI I2 Métronidazole par voie orale pendant 7 jours 400 mg 3 7,5 mg/kg toutes fois/jour les 8 heures ET/OU pénicilline V pendant 7 jours 500 mg 4 Jusqu’à 1 an fois/jour 62,5 mg 1–5 ans 125 mg 6–12 ans 250 mg Prednisolone par voie orale Acyclovir par voie orale (Thalidomide thalidomide par voie orale, 200 mg/jour pour les cas réfractaires). 177 12.5 PROBLÈMES RESPIRATOIRES 12.5.1 Chez l’adulte Il arrive que, durant le traitement antituberculeux, l’état de certains patients souffrant de TB-VIH ne s’améliore pas ou même se dégrade. Leurs problèmes respiratoires continuent ou de nouveaux apparaissent, comme la toux, l’essoufflement, les douleurs thoraciques. Il faut alors contrôler tout d’abord que le malade a bien pris ses antituberculeux, puis envisager les possibilités suivantes: Diagnostic au départ Possibilités TBP à frottis négatif erreur de diagnostic, par ex. autre agent pathogène, insuffisance cardiaque, affection chronique et obstructive des voies respiratoires. TBP à frottis positif le sujet ne respecte pas son traitement antituberculeux; TB à bacilles résistants aux médicaments; surinfection avec d’autres agents pathogènes. Le schéma suivant montre comment prendre en charge les malades TBVIH qui ne réagissent pas aux antituberculeux ou dont l’état se dégrade en cours de traitement. 178 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI sujet ne répondant aux antituberculeux ou dont l’état se dégrade une solution saline à 3-5% est parfois utile pour faire expectorer demander l’analyse des expectorations et un examen radiologique résultats de la radiographie thoracique examen des expectorations mise en culture coloration de Gram et recherche d’autres bactéries pathogènes opacité interstitielle diffuse (recherche des BAAR négative) nouvelles cavités (recherche des BAAR négative) échec thérapeutique pharmacorésistance pneumonie bactérienne pneumonie à Pneumocystis carinii suspicion de Nocardia schéma de retraitement adresser à un centre spécialisé antibiotiques (voir ci-dessous) TMP-SMX,4 comprimés 4 fois par jour pendant 3 semaines,puis 2 comp. par jour en prophylaxie frottis (BAAR) I2 résultat positif après 5 mois Le tableau suivant montre les principales bactéries responsables de surinfections pulmonaires chez les malades atteints de TBP à frottis positif et le traitement. Agent pathogène Streptococcus pneumoniae Haemophilus influenzae Staphylococcus aureus bacilles Gram-négatifs TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI Traitement pénicilline ou TMP-SMX amoxycilline ou TMP-SMX flucloxacilline ou chloramphénicol chloramphénicol (et gentamycine si nécessaire) 179 12.5.2 Chez l’enfant Les enfants tuberculeux infectés par le VIH sont également plus sensibles à d’autres maladies respiratoires et risquent davantage de mourir malgré le traitement antituberculeux. Le fait que l’enfant peut, en réalité, ne pas avoir de TBP constitue l’une des raisons importantes de son absence de réaction au traitement. Elle est en effet très difficile à diagnostiquer chez l’enfant et peut être confondue avec d’autres pathologies pulmonaires liées au VIH (voir à ce sujet le chapitre Chapitre 4). La plupart des enfants sous traitement antituberculeux sont des cas à frottis négatif. En l’absence d’amélioration avec le traitement, il convient d’envisager d’autres diagnostics comme la pneumonie interstitielle lymphoïde ou une cardiopathie. Dans tous les cas, la mauvaise observance du traitement peut aussi être à l’origine du problème. Les infections respiratoires multiples sont une caractéristique particulière de l’enfant infecté par le VIH. Lorsqu’ils ont la TB, les pneumonies bactériennes sont des complications courantes. On retrouve alors le plus souvent les bactéries énumérées ci-dessus. Le traitement doit suivre les directives de la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME). En cas de pneumonie sévère, il faut hospitaliser l’enfant et lui administrer 25 mg/kg de chloramphénicol par voie intramusculaire ou intraveineuse trois fois par jour (et de l’oxygène le cas échéant). S’il n’y a pas d’amélioration dans les 48 heures, il faudra passer à la gentamycine, 7,5 mg/kg en IM une fois par jour, et à la cloxacilline, 50 mg/kg en IM ou en IV toutes les 6 heures. En cas de présomption de TB chez l’enfant infecté par le VIH, la pneumonie interstitielle lymphoïde (PIL) peut être soit l’autre diagnostic possible, soit une surinfection parfois. La PIL elle-même se complique souvent de pneumonies bactériennes aiguës. Le tableau clinique évocateur de la PIL comprend l’adénopathie symétrique généralisée, l’hypertrophie non douloureuse des parotides et l’hippocratisme digital. Une image bilatérale interstitielle réticulo-nodulaire et une adénopathie apparaissent à la radiologie. En cas de détresse respiratoire persistante, on administre à l’enfant atteint de PIL 1 à 2 mg/kg de prednisolone par jour pendant 2 à 4 semaines, puis on diminue progressivement la posologie sur deux semaines. 12.6 PROBLÈMES DIGESTIFS 12.6.1 Dysphagies Divers problèmes liés au VIH peuvent provoquer une inflammation de 180 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI l’œsophage. La déglutition douloureuse en est la manifestation commune. La candidose œsophagienne est le plus souvent à l’origine des dysphagies liées au VIH. Pour diagnostiquer les autres causes, il faut avoir recours à l’endoscopie, à la biopsie et aux services d’un bon laboratoire. I2 Face à une dysphagie chez un malade dont on connaît la séropositivité, la conduite à tenir, si l’on ne dispose pas des moyens d’investigation nécessaires, consiste à le traiter empiriquement avec un antimycosique par voie orale. Lorsqu’il est possible de faire cet examen, la déglutition barytée révèle de fines ulcérations caractéristiques des muqueuses. L’endoscopie œsophagienne montre des plaques blanches et la biopsie apporte la confirmation. Le tableau suivant expose les traitements des problèmes de dysphagie. Cause de la dysphagie Candidose œsophagienne Herpès simplex Cytomégalovirus Ulcérations d’origine inconnue TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI Traitement Adultes Enfants Nystatine, 4 fois/jour, de 1 à 14 jours 500 000 UI 100 000 UI (OU comprimés gynécologiques à 100 000 UI toutes les 4 heures) Kétoconazole de 7 à 14 jours 200 mg 2 fois/jour 3 mg/kg par jour OU fluconazole de 7 à 14 jours 100 mg 1 fois/jour Contre-indiqué chez les enfant de moins de 1 an 1 – 2 mg/kg par jour Prophylaxie avec les pastilles de nystatine OU fluconazole à vie Acyclovir 800 mg par voie orale 20 mg/kg (sans 5 fois/jour pendant dépasser 800 mg) 7 à 10 jours 4 fois/jour pendant 5 jours En général, le traitement n’est pas possible en raison de son coût (ganciclovir ou foscarnet en IV) Prednisolone pendant 2 semaines, diminuer ensuite lentement la posologie jusqu’à l’arrêt complet 40 mg/jour 181 12.6.2 Diarrhées de l’adulte Introduction Les diarrhées aiguës, récidivantes ou chroniques sont très courantes et touchent jusqu’à 60% des personnes VIH-positives à un moment où à un autre de leur maladie. Elles s’accompagnent fréquemment de nausées, de vomissements, de crampes abdominales, de flatulence, d’une perte de poids et de déshydratation. Réhydratation Il faut toujours évaluer le taux d’hydratation d’un patient qui présente une diarrhée. La plupart des sujets souffrant de déshydratation bénigne à modérée seront réhydratés à l’aide de solutions par voie orale. Ceux qui, en petit nombre, présentent une déshydratation grave, seront perfusés. Investigation Là où les structures le permettent, il faut demander l’analyse microscopique et bactériologique de plusieurs échantillons de selles. Avec les colorants appropriés, la microscopie permet de retrouver les agents pathogènes suivants: Cryptosporidium, Isospora belli, Microsporidia. La mise en culture permet d’identifier Salmonella, Shigella, Clostridium difficile. Traitement Dans la plupart des cas, la cause est inconnue et il faut alors avoir recours au traitement empirique. Certains cas (sans doute dus à Isospora belli) réagissent à une cure de triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMPSMX). D’autres (probablement dus à Microsporidia) réagissent au métronidazole ou à l’albendazole. Il arrive parfois de découvrir la cause spécifique d’une diarrhée. De nombreux agents pathogènes responsables sont courants lorsque les conditions d’hygiène sont mauvaises. Le tableau suivant énumère les causes et donne les traitements. Diagnostic Traitement Infections bactériennes Salmonella triméthoprime 80 mg/sulfaméthoxazole 400 mg (TMP-SMX): 2 comprimés 2 fois par jour pendant 7 jours OU chloramphénicol, 500 mg 4 fois par jour pendant 7 jours ciprofloxacine 500 mg 2 fois par jour pendant 7 jours 182 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI Shigella triméthoprime 80 mg/sulfaméthoxazole 400 mg (TMP-SMX): 2 comprimés 2 fois par jour pendant 7 jours OU acide nalidixique: 1 g 4 fois par jour pendant 5 jours ciprofloxacine 500 mg 2 fois par jour pendant 7 jours Campylobacter jejuni érythromycine: 500 mg 4 fois par jour pendant 7 jours ciprofloxacine 500 mg 2 fois par jour pendant 7 jours Clostridium difficile métronidazole: 400 mg 3 fois par jour pendant 7 à 14 jours vancomycine: 250 mg 2 fois par jour pendant 7 à 14 jours Infections par des protozoaires Cryptosporidium Traitement symptomatique uniquement paramomycine (efficacité marginale) Isospora belli triméthoprime 80 mg/sulfaméthoxazole 400 mg (TMP-SMX): 2 comprimés 2 fois/jour pendant 7 à 14 jours Microsporidia métronidazole: 400 mg 3 fois par jour (Enterocytozoan pendant 7 jours bieneusi ou Septata albendazole: 800 mg 2 fois par jour intestinalis) pendant 4 semaines Entamoeba histolica métronidazole: 2 g par jour pendant 3 jours tinidazole 2 g en dose unique Giarida lamblia métronidazole: 800 mg 3 fois par jour pendant 7 jours puis furoate de diloxanide: 500 mg 3 fois/j pendant 10 jours OU tétracycline: 500 mg 4 fois par jour pendant 10 jours Cyclospora cayetanensis triméthoprime 80 mg/sulfaméthoxazole 400 mg (TMP-SMX): 2 comprimés 2 fois/jour pendant 3 à 7 jours I2 Diarrhées persistantes Donner un traitement symptomatique si la diarrhée persiste, si la cause en est inconnue et si le sujet ne réagit ni au TMP-SMX d’abord, ni au métronidazole puis à l’albendazole ensuite. La codéine et le lopéramide font partie des antidiarrhéiques utilisés dans le traitement symptomatique mais il faut éviter ces principes actifs chez l’enfant. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 183 12.6.3 Diarrhées de l’enfant Diarrhées aiguës La prise en charge de la diarrhée liquide aiguë est la même, que l’enfant soit infecté par le VIH ou non, tout en mettant l’accent sur la prévention de la déshydratation ou la réhydratation si l’enfant est déjà déshydraté. L’état de déshydratation est plus difficile à évaluer si l’enfant est gravement dénutri et il faudra être plus prudent pour le réhydrater. Il ne faut pas réduire les apports alimentaires mais plutôt conseiller de petits repas fréquents composés d’aliments nutritifs. En cas d’allaitement, celui-ci doit se poursuivre. La diminution des apports alimentaires augmente le risque d’apparition d’une diarrhée persistante. Syndrome dysentérique Si un enfant présente ce syndrome, c’est-à-dire une diarrhée sanglante aiguë s’accompagnant habituellement de fièvre et de douleurs abdominales, on administre un antibiotique pendant 5 jours. Le choix de celui-ci dépendra du profil local de sensibilité de la shigellose. Ce pourra être TMP 4 mg/SMX 20 mg 2 fois par jour, l’acide nalidixique à 15 mg/kg 4 fois par jour ou la ciprofloxacine à 10-–15 mg/kg 2 fois par jour. Diarrhées persistantes Il s’agit d’une diarrhée qui se prolonge pendant au moins deux semaines. Elle est parfois due à des parasites intestinaux comme Entamoeba hystolitica ou Giardia lamblia. Dans ce cas, on administre par voie orale du métronidazole à 10 mg/kg 3 fois par jour pendant 5 jours. L’aspect le plus important (et aussi le plus négligé) de la prise en charge est la récupération nutritionnelle. Certains micronutriments comme le zinc, la vitamine A et l’acide folique, ont une grande importance et doivent être administrés. Il faut augmenter la fréquence des repas et leur donner un contenu suffisant en calories et en protéines. Les régimes à base de lait ou d’œufs sont utiles, de même que les yaourts. 12.7 PROBLÈMES NEUROLOGIQUES DE L’ADULTE Les malades atteints de TB-VIH peuvent présenter une grande variété de problèmes neurologiques, parmi lesquels on observe couramment: 1) des états confusionnels aigus 2) des modifications chroniques du comportement 3) des céphalées persistantes 4) des difficultés de locomotion 5) une altération de la vision 6) des sensations de brûlure dans les pieds 184 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI Les problèmes neurologiques ont la réputation d’être difficiles à diagnostiquer. En fait, la difficulté n’est pas plus grande que pour d’autres pathologies, à condition de prendre son temps et d’y apporter le soin nécessaire. Le temps et la minutie sont en effet indispensables pour obtenir une anamnèse détaillée et faire un examen neurologique correct. Il faut en général faire appel à la famille ou aux amis du malade pour connaître certaines parties de son histoire, voire la totalité de celle-ci. Des analyses simples du sang et du liquide céphalo-rachidien (LCR), réalisables dans les laboratoires de district, sont souvent utiles. 12.7.1 I2 Etats confusionnels aigus Diagnostic différentiel lorsqu’un malade TB-VIH présente un état confusionnel aigu: a) surinfection aiguë, comme une septicémie, une méningite, le paludisme; b) hypoxémie, par exemple en cas de pneumothorax, de pneumonie, d’insuffisance cardiaque, d’anémie; c) troubles métaboliques, à la suite de diarrhées par ex. ou d’insuffisance surrénalienne; d) effets indésirables de médicaments: les états confusionnels aigus peuvent être par exemple le premier signe d’une insuffisance hépatique aiguë d’origine médicamenteuse (lorsqu’il est possible de le demander, le temps de prothrombine est un test utile). On recherchera toujours le paludisme dans le frottis sanguin. En cas de signes méningés, la ponction lombaire s’impose si elle peut être faite sans danger pour le sujet. Les autres analyses dépendront des équipements du laboratoire qui analysera les échantillons et des indices cliniques. 12.7.2 Modifications chroniques du comportement Les modifications chroniques du comportement, c’est-à-dire sur une période de plusieurs mois, sont en général provoquées par la démence induite par le SIDA ou la leuco-encéphalopathie multifocale progressive, qui sont incurables, à moins d’avoir accès à la thérapie antirétrovirale. Le diagnostic étant posé sur des critères cliniques, il faut d’abord éliminer les autres possibilités que l’on peut soigner. Il convient de demander la sérologie de la syphilis (dans les régions où elle est endémique) et la recherche des trypanosomes au microscope. Si la ponction lombaire est sans danger, on enverra au laboratoire un prélèvement de LCR pour éliminer la méningite chronique (cryptococcique ou tuberculeuse par exemple). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 185 12.7.3 Céphalées persistantes Le schéma suivant expose la méthode de prise en charge des céphalées chez un malade TB-VIH. Elles peuvent s’accompagner des manifestations suivantes: altération de la conscience, états confusionnels, convulsions. 186 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI Il arrive, rarement, que la méningite tuberculeuse se développe après que le sujet a commencé le traitement antituberculeux. Un tuberculome cérébral peut par exemple se rompre dans l’espace sous-arachnoïdien et libérer alors des bacilles tuberculeux non encore détruits par les médicaments. Le schéma thérapeutique couramment recommandé pour la méningite tuberculeuse est le suivant: 2 SHRZ/7 HR. I2 Il est improbable, mais possible, qu’un patient déjà sous traitement antituberculeux développe une méningite bactérienne aiguë. Le diagnostic repose sur l’examen du LCR. Méningite cryptococcique Sans traitement, l’issue est fatale mais le pronostic reste souvent très sombre quand on la traite. Dans de nombreux pays, les médicaments nécessaires ont un coût prohibitif et, fréquemment, ils ne sont pas disponibles en routine. Pour la plupart des patients le traitement est donc symptomatique et se limite aux médicaments analgésiques et sédatifs. Les sujets ayant les moyens d’un traitement antimycosique spécifique doivent prendre en cure initiale 400 mg par jour de fluconazole pendant 10 semaines. Les autres alternatives sont: i) l’amphotéricine B par voie intraveineuse (0,5 mg/kg/jour) pendant 14 jours, puis le fluconazole à 400 mg/jour pendant 8 semaines; ii) l’amphotéricine B par voie intraveineuse (0,5 mg/kg/jour) pendant 14 jours, puis l’intraconazole à 400 mg/jour pendant 8 semaines. Pour éviter les rechutes, un traitement d’entretien à vie s’impose à la dose de 200 mg de fluconazole par jour. 12.7.4 Troubles de la locomotion La tuberculose rachidienne peut entraîner des troubles de la locomotion. Il convient donc de s’assurer en premier lieu (par l’examen clinique et la radiographie de la colonne vertébrale) que le sujet ne souffre pas de cette forme de tuberculose. Chez les malades TB-VIH, si le VIH peut être effectivement à l’origine des troubles de la locomotion (myélopathie touchant la moelle épinière et parfois neuropathie périphérique), il y a aussi d’autres causes possibles. En cas de troubles de la locomotion et de myélopathie associée au VIH, le sujet présente habituellement une paraparésie spastique. On ne peut poser ce diagnostic qu’en éliminant les causes pouvant entraîner des troubles médullaires sans rapport avec le VIH. Le tableau suivant expose les principales causes de ces troubles et les tests pour le diagnostic. Dans la neuropathie périphérique liée au VIH, les troubles sensoriels tendent à prendre le pas sur la faiblesse motrice. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 187 Causes de troubles Diagnostic spondylarthrose médullaires Spondylarthrose cervicale radiographie de la colonne cervicale, myélographie Hernie discale myélographie Abcès épidural myélographie Tumeurs curables myélographie (neurofibrome, méningiome) Schistosomiase identification des œufs dans les selles, l’urine ou les biopsies rectales myélographie Syphilis nerveuse sérologie de la syphilis, examen du LCR Dégénération combinée anémie avec augmentation du VGM, faible subaiguë de la moelle niveau sérique de vitamine B12 La schistosomiase médullaire est difficile à diagnostiquer, mais facile à traiter. Lorsqu’un patient se présente avec un problème de la moelle épinière et vit dans une zone d’endémie de la schistosomiase, on commence par lui administrer empiriquement une dose de praziquantel (40 mg/kg) avant de poursuivre la prise en charge. 12.7.5 Altérations de la vision EN PRATIQUE Si un sujet prenant de l’éthambutol commence à avoir des difficultés à voir clair ou à percevoir les couleurs, arrêter ce médicament. La rétinite à cytomégalovirus risque d’entraîner une altération de la vision, mais elle est rare chez le patient africain atteint de SIDA. Le diagnostic repose sur l’aspect caractéristique du fond d’œil montrant une rétinite nécrosante avec des hémorragies périvasculaires et des exsudats. Dans bien des pays, le coût du traitement au gancyclovir et au foscarnet est prohibitif. 12.7.6 Sensations de brûlures dans les pieds Le VIH risque d’entraîner une neuropathie périphérique, empirant souvent lorsque le patient commence l’isoniazide. La sensation douloureuse de brûlures dans les pieds en est le principal symptôme. Une faiblesse distale et une atrophie avec absence du réflexe achilléen font aussi partie des signes. 188 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI Prophylaxie Si les ressources le permettent, tous les malades tuberculeux doivent prendre en prophylaxie 10 mg par jour de pyridoxine pour éviter la neuropathie liée à l’isoniazide. Dans le cas contraire, on réservera cette prophylaxie aux cas de TB-VIH et aux sujets consommant de l’alcool. I2 Traitement Donner aux malades souffrant de neuropathie associée à l’isoniazide 50 à 75 mg par jour de pyridoxine. L’amitryptiline (25 à 75 mg le soir), la phénytoïne (100 à 300 mg le soir) ou la carbamazépine (100 à 200 mg 2 fois par jour) peuvent soulager les symptômes de la neuropathie liée au VIH. 12.8 PROBLÈMES NEUROLOGIQUES COURANTS CHEZ L’ENFANT Les problèmes neurologiques les plus courants sont un retard du développement, voire la régression. Les retards de développement sont fréquents chez tout enfant atteint d’une maladie chronique et dénutri, états courant chez l’enfant co-infecté par le VIH et la TB. Le VIH peut aussi infecter le cerveau et entraîner divers problèmes neurologiques, parmi lesquels la régression mentale, des modifications du comportement, des états confusionnels et des convulsions. Une grande partie de ce qui a été décrit pour l’adulte (voir ci-dessus) s’applique aussi à l’enfant. Il est important d’envisager d’autres diagnostics, paludisme cérébral ou méningite par exemple. Il arrive que les enfants infectés par le VIH présentent des méningites à cryptocoque mais les méningites bactériennes sont plus fréquentes. Lorsqu’ils sont très amaigris, des réactions psychotiques aiguës peuvent survenir avec des états confusionnels, des comportements agressifs et des hallucinations une à deux semaines après avoir commencé le traitement antituberculeux. Il est probable que l’isoniazide en soit à l’origine et le traitement consiste à arrêter ce médicament et à administrer de la pyridoxine. Cette pathologie disparaît en général en une semaine et l’on peut ensuite réintroduire l’isoniazide. 12.9 FIÈVRE 12.9.1 Méthode de prise en charge La fièvre disparaît normalement 2 à 3 semaines après avoir commencé le traitement antituberculeux. Sa persistance peut signaler une réaction médicamenteuse ou une dissémination de l’infection. Le tableau suivant expose la prise en charge des fièvres persistantes. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 189 Manifestations Cause probable accompagnant la fièvre éruption cutanée réaction médicamenteuse perte de poids infection anémie progressive disséminée ou pancytopénie 12.9.2 Action arrêt des antituberculeux examen du malade recherches: º paludisme dans le frottis sanguin º trypanosomes dans le frottis sanguin º mise en culture du sang º envisager une ponction lombaire envisager le traitement empirique du paludisme – en l’absence de réaction, entreprendre une antibiothérapie contre une éventuelle septicémie Infections généralisées Elles entraînent une forte mortalité. Le tableau suivant montre la grande diversité des agents pathogènes qui peuvent en être à l’origine chez les malades TB-VIH. Agents pathogènes provoquant des infections généralisées chez les malades TB/VIH Bactéries Salmonelles non typhiques Streptococcus pneumonia Pseudomonas aeruginosa Staphylococcus aureus Autres bactéries Gram négatif 190 Mycobactéries Virus M. tuberculosis Cytomegalovirus Autres Cryptococcus Complexe M. avium (MAC) Histoplasma Leishmania Penicillium marneffei TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI Septicémie bactérienne Les salmonelles non typhiques, comme S. typhimurium, S. enteritidis, et les pneumocoques sont les germes les plus fréquemment identifiés chez les patients VIH-positifs atteints de septicémie en Afrique subsaharienne. De nombreuses souches de S. typhimurium sont résistantes à plusieurs antibiotiques. En cas de suspicion de septicémie, administrer du chloramphénicol ou de l’ampicilline et de la gentamycine. I2 Complexe M. avium intracellulaire (MAC) disséminé On l’observe moins fréquemment chez les sidéens en Afrique subsaharienne qu’ailleurs. Les hôpitaux de district et bien souvent les établissements centraux ne disposent pas des équipements qui permettraient le diagnostic et le traitement (par ex. clarithromycine + éthambutol + rifabutine). 12.10 Autres problèmes liés au VIH Tumeurs Sarcome de Kaposi (SK) Si le SK peut avoir de nombreuses localisations dans l’organisme, il touche habituellement la peau et la bouche, parfois les poumons et la plèvre, le tube digestif et le péricarde. Le tableau clinique est en général spécifique. On observe souvent un œdème du visage et des jambes. On peut le confondre avec les chéloïdes, la lèpre, la sarcoïdose, le mélanome ou l’angiomatose bacillaire due à Bartonella henselae. La biopsie confirme le diagnostic en cas de doute, notamment s’il s’agit d’une angiomatose bacillaire que l’on peut traiter avec l’érythromycine ou la doxycycline (voir le paragraphe 12.4 sur les problèmes cutanés). L’histologie montre des proliférations typiques de cellules fusiformes et de petits vaisseaux sanguins. Dans le cas d’un patient atteint de TB-VIH et de SK, le développement d’un épanchement pleural ou d’infiltrations progressives des poumons pendant le traitement antituberculeux est probablement dû au SK. Les ressources pour traiter le SK sont limitées dans de nombreux pays. Souvent le traitement n’est pas satisfaisant. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent soulager la douleur. Certains hôpitaux centraux proposent une chimiothérapie cytotoxique (vincristine par exemple) et la radiothérapie mais les résultats thérapeutiques ne sont guère satisfaisants. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 191 Lymphome Les malades sidéens courent un risque accru de développer des lymphomes atypiques et agressifs, de sombre pronostic même en disposant de la chimiothérapie cytotoxique. Anémie L’anémie chez un malade TB-VIH peut avoir pour causes: la tuberculose, une insuffisance médullaire liée au VIH, des infections concomitantes, les effets secondaires des médicaments. Elle demande un traitement d’appoint: fer, acide folique; transfusion sanguine si celle-ci s’avère indispensable. Dans les régions d’endémie palustre, on procèdera à un examen du frottis sanguin. Thrombopénie Elle est provoquée soit par une réaction auto-immune induite par le VIH soit par des réactions secondaires aux médicaments. Les corticoïdes à haute dose peuvent avoir une certaine utilité en cas d’hémorragies et de numération plaquettaire basse (moins de 20 x 109 / l). Pathologies rénales La néphropathie liée au VIH provoque un syndrome néphrotique et une altération progressive des reins. Il n’y a pas de traitement spécifique. On traite les infections des voies urinaires comme d’habitude. Cardiomyopathie congestive On envisagera cette pathologie en association avec le VIH pour le diagnostic différentiel de l’insuffisance cardiaque. Traiter l’insuffisance cardiaque comme d’habitude. Arthropathie Le pyrazinamide provoque souvent des arthralgies mais rarement de l’arthrite. L’arthropathie associée au VIH touche en général les petites articulations. Les AINS peuvent soulager la douleur. Insuffisance surrénalienne Le cytomégalovirus peut provoquer une inflammation nécrosante des surrénales, difficile à distinguer de l’atteinte tuberculeuse de ces glandes ou d’une pseudo-insuffisance (due à la rifampicine). Traiter par la corticothérapie. Infections des tissus mous, pyomyosites et sinusites par exemple Elles sont fréquentes chez le patient séropositif. Le diagnostic et le traitement se font comme d’habitude. 192 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI 12.11 PRÉVENTION DES INFECTIONS OPPORTUNISTES LIÉES AU VIH I2 12.11.1 Mesures générales Certaines mesures d’ordre général contribuent à réduire l’exposition à certains agents pathogènes chez le patient VIH-positif. Agent pathogène Pneumocystis carinii Toxoplasma gondii Cryptosporidium Histoplasma capsulatum Intervention proposée Eviter tout contact rapproché avec des patients souffrant d’une pneumonie à Pneumocystis carinii Eviter de manger de la viande rouge pas assez cuite. Eviter les chats Eviter de boire les eaux de surface (ce qui est difficile dans les petites localités rurales) Eviter les jeunes animaux de compagnie Dans les zones d’endémie éviter d’aller dans des grottes ou cavernes (pour les chauvessouris) et de nettoyer les poulaillers 12.11.2 Vaccinations Les vaccins tués ou inactivés sont sans danger pour le sujet immunodéprimé. Adultes En général, il ne faut administrer à l’adulte VIH-positif aucun vaccin bactérien ou viral vivant (par exemple le vaccin antipoliomyélitique oral, les vaccins contre la rougeole, la varicelle, les oreillons ou la fièvre jaune). On recommande souvent d’administrer à ces sujets les vaccins contre les pneumocoques, l’hépatite B et la grippe, mais c’est rarement le cas dans le secteur de la santé publique des pays pauvres à cause du coût élevé. Une étude en Ouganda n’a par ailleurs pas apporté la preuve que l’administration d’un vaccin polyosidique antipneumococcique 23valent soit utile chez l’adulte infecté par le VIH-1. Enfants Tous les vaccins du PEV doivent être administrés même si l’on connaît ou suspecte l’existence d’une infection asymptomatique par le VIH (voir la section 14.4). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 193 12.11.3 Chimioprophylaxie primaire chez l’adulte Pays industrialisés Le tableau ci-dessous présente les infections opportunistes, les indications et les schémas thérapeutiques recommandés couramment en prophylaxie primaire dans les pays industrialisés. Par prophylaxie primaire, on entend la prévention du premier épisode d’une maladie chez un sujet VIH-positif. On ne la recommande pas en routine contre les virus de type herpétique (herpes simplex, varicella zoster, cytomégalovirus) ni contre les mycoses. Prophylaxie primaire recommandée dans les pays industrialisés Agent pathogène Indications Schéma thérapeutique (de première intention) Pneumocystis carinii Numération des triméthoprime 80 mg/ CD4+ < 200/mm3 sulfaméthoxazole 400 mg Antécédents de (TMP-SMX) 2 cp/jour candidose buccale Perte de poids inexpliquée Evénement définissant le SIDA (par ex. la TB) Fièvre d’origine inconnue Toxoplasma gondii Numération des triméthoprime 80 mg/ CD4+ < 100/mm3 sulfaméthoxazole 400 mg (TMP-SMX) 2 cp/jour Complexe M. avium Numération des azithromycine 1 200 mg une (MAC) CD4+ < 50/mm3 fois par semaine OU clarithromycine 500 mg deux fois par jour Afrique subsaharienne Dans cette région, la plupart des hôpitaux n’ont pas actuellement le matériel pour faire des numérations des lymphocytes CD4+. L’infection par le MAC est rare. Selon les recommandations provisoires de l’ONUSIDA, il faut administrer à l’adulte et à l’enfant vivant avec le VIH/SIDA en Afrique le TMP-SMX dans le cadre d’un programme minimal de soins à assurer. Pour faire ces recommandations, l’ONUSIDA s’est fondée sur les données recueillies dans les pays industrialisés et les études réalisées en Côte d’Ivoire, à la fois sur les patients tuberculeux 194 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI VIH-positifs et les sujets séropositifs symptomatiques sans TB. Le TMPSMX pourrait prévenir plusieurs surinfections bactériennes (S. pneumoniae, S. typhimurium), parasitaires (Toxoplasma gondii, Isospora belli, le paludisme) et fongiques (Pneumocystis carinii). I2 Il convient d’administrer le TMP-SMX à la posologie de deux comprimés par jour aux adultes VIH-positifs suivants: º toutes les personnes présentant une infection au VIH symptomatique; º toutes les personnes sans symptômes mais ayant une numération des lymphocytes CD4+ < 500/mm3; les femmes enceintes après le premier trimestre de la grossesse. º 12.11.4 Chimioprophylaxie primaire chez l’enfant Il faudrait administrer, à partir de l’âge de six semaines, le TMP-SMX à tous les nourrissons exposés au VIH en se basant sur les critères suivants: º tout enfant né d’une mère infectée par le VIH, qu’elle ait ou non reçu une thérapie antirétrovirale au cours de la grossesse; º tout enfant reconnu comme étant infecté au cours de la première année de vie au moyen de la PCR (amplification génique), de la sérologie du VIH ou par un diagnostic clinique de l’infection (selon les lignes directrices de l’OMS ou du pays); º les enfants de plus de 15 mois ayant présenté un épisode d’infection à Pneumocystis carinii, ayant une infection au VIH symptomatique, une pathologie définissant le SIDA ou un pourcentage de lymphocyte CD4+ inférieur à 15%. La posologie doit être de 150 mg de TMP et 750 mg de SMX par m2 trois fois par semaine. Il arrive que le cotrimoxazole ne soit pas disponible en sirop: on donnera alors à un enfant de six semaines un demi- comprimé (triméthoprime 80 mg, sulfaméthoxazole 400 mg) le lundi, le mercredi et le vendredi. Il s’agit là de recommandations préliminaires dans l’attente de recherches complémentaires pour déterminer le rapport coût-efficacité de cette mesure dans différentes situations, le moment optimal pour commencer le traitement, la durée de la prophylaxie et des solutions de remplacement abordables. 12.11.5 Chimioprophylaxie secondaire chez l’adulte Après le succès des traitements initiaux de plusieurs infections opportunistes graves, pouvant menacer la vie du sujet atteint, on TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 195 observe des taux de rechute élevés. On recommande en général une prophylaxie secondaire à vie. Le tableau suivant expose les schémas thérapeutiques recommandés en prophylaxie secondaire chez l’adulte. Agent pathogène Pneumocystis carinii Schéma thérapeutique (de première intention) triméthoprime 80 mg/sulfaméthoxazole 400 mg (TMP-SMX) 2 cp par jour Toxoplasma gondii sulfadiazine 500 mg 4 fois par jour + pyriméthamine 25 mg par jour OU triméthoprime 80 mg/sulfaméthoxazole 400 mg (TMP-SMX) 2 cp par jour Complexe M. avium Clarithromycine 500 mg deux fois par jour + éthambutol 15 mg/kg une fois par jour OU azithromycine 500 mg une fois par jour + éthambutol 15 mg/kg une fois par jour Cryptococcus neoformans fluconazole 200 mg une fois par jour Histplasma capsulatum itraconazole 200 mg deux fois par jour Cytomégalovirus ganciclovir Salmonelles ciprofloxacine 500 mg deux fois par jour (à l’exclusion de pendant 6 à 8 mois S. typhi) bactériémie 196 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI LECTURES COMPLÉMENTAIRES I2 Bartlett JG, Gallant JE. Medical management of HIV infection. Baltimore, Maryland (Etats-Unis d’Amérique), Johns Hopkins University School of Medicine, 2000–2001. French N, Nakiyingi J, Carpenter LM, et al. 23-valent pneumococcal polysaccharide vaccine in HIV-1 infected Ugandan adults: double-blind, randomised and placebo controlled trial. Lancet, 2000, 355: 2106–2111. Organisation mondiale de la Santé. Improving child health. IMCI: the integrated approach. Genève, 1997 (WHO/CHD/97.12 Rev.,2) (www.who.int/childadolescent-health). Kovacs JA, Masur H. Prophylaxis against opportunistic infections in patients with human immunodeficiency virus infection. New England Journal of Medicine, 2000, 342: 1416–1429. Organisation mondiale de la Santé. Prise en charge de l’enfant atteint d’infection grave ou de malnutrition sévère. Directives de soins pour les centres de transfert de premier niveau dans les pays en développement. Genève, 2000 (WHO/FCH/CAH/00.1). Organisation mondiale de la Santé. Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). Provisional WHO/UNAIDS secretariat recommendations on the use of cotrimoxazole prophylaxis in adults and children living with HIV/AIDS in Africa. Genève, 2000, OMS/ONUSIDA. Wiktor SZ, Sassan-Morokro M, Grant AD, et al. Efficacy of trimethoprimsulphamethoxazole prophylaxis to decrease morbidity and mortality in HIV-1infected patients with tuberculosis in Abidjan, Cote Côte d’Ivoire: a randomised controlled trial. Lancet, 1999, 353: 1469–1475. Organisation mondiale de la Santé. Guide pour la prise en charge clinique de l’infection à VIH chez l’adulte. Décembre 1991. Genève, 1991 (WHO/GPA/IDS/HCS/91.6). Organisation mondiale de la Santé. Guide pour la prise en charge clinique de l’infection à VIH chez l’enfant. Novembre 1993. Genève, 1993 (WHO/GPA/IDS/HCS/93.3). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 197 Organisation mondiale de la Santé. Le SIDA en Afrique. Manuel du praticien. Genève, 1992. Organisation mondiale de la Santé. Guidelines for the management of sexually transmitted infections. Genève, 2003, version révisée. Organisation mondiale de la Santé. Improving Child Health. IMCI: the integrated approach. Genève, 1997 (WHO/CHD/97.12 Rev.2). 198 TRAITEMENT ET PRÉVENTION DES AUTRES AFFECTIONS LIÉES AUVIH CHEZ LES PATIENTS TUBERCULEUXVIH-POSITIFS $&OLQLFDO)UHQFKSGI COORDINATION DES SOINS DANS LEURS DIVERS CADRES 13.1 I3 INTRODUCTION Les malades TB-VIH reçoivent les soins dans des cadres variés qui comprennent le domicile du sujet, le dispensaire local, l’hôpital de district ou l’hôpital de troisième recours. La coordination des soins dans leurs divers cadres favorise leur continuité. Le personnel du PNAT comme celui des services de santé généraux doivent savoir que de nombreux patients tuberculeux VIH-positifs développent d’autres maladies associées au virus pendant le traitement antituberculeux. Pour mettre en œuvre les interventions qui réduiront la fréquence des infections opportunistes (par exemple la prophylaxie au cotrimoxazole ou une thérapie antirétrovirale), il faut instaurer une collaboration efficace avec les programmes de lutte contre le VIH/SIDA. Les malades TB-VIH connaissent parfois leur séropositivité pour le VIH avant de développer la tuberculose. Mais c’est l’inverse qui est le plus fréquent, avec la découverte de la séropositivité après l’apparition de la TB. Dans les deux cas, le programme de lutte antituberculeuse doit collaborer étroitement avec les autres services apportant l’aide et les soins aux personnes VIH-positives. Le praticien soignant le malade atteint de TB-VIH joue un rôle clef pour l’orientation du sujet vers les services les mieux adaptés. 13.2 ÉLARGISSEMENT DU CHAMP D’APPLICATION DE LA NOUVELLE MÉTHODE POUR FAIRE BAISSER LA CHARGE DE LA TB-VIH Le VIH renforçant l’épidémie de TB, les programmes de lutte contre ces deux maladies ont des préoccupations communes. La prévention du VIH devrait être une priorité de la lutte antituberculeuse, de même que les soins et la prévention de la TB devraient être une préoccupation majeure des programmes de lutte contre le VIH/SIDA. Jusqu’à une époque récente, les efforts pour endiguer la TB chez les sujets infectés par le VIH ont porté principalement sur l’application de la stratégie DOTS. En identifiant et en guérissant les cas contagieux de TB, elle vise à interrompre la transmission de l’infection à M. tuberculosis. L’élargissement du champ d’application de la nouvelle méthode de lutte antituberculeuse dans les populations connaissant une forte prévalence du VIH fait appel à des interventions contre la TB mais aussi contre le TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 199 VIH (donc indirectement aussi contre la TB). Les premières comprennent l’intensification du dépistage des cas, du traitement et des traitements préventifs. Les secondes, contre le VIH (et donc indirectement aussi contre la TB), incluent la promotion des préservatifs, le traitement ou la prophylaxie des IST et la thérapie antirétrovirale. Jusqu’à présent, les programmes de lutte contre la TB et contre le VIH/SIDA ont travaillé chacun de leur côté. Mais il leur faut désormais collaborer dans les domaines d’intérêt commun pour soutenir les prestataires généralistes des soins de santé. Le système intégré de soins du VIH/SIDA et de la TB utilise les services de santé à sa disposition pour garantir aux malades TB-VIH la continuité des soins. 13.3 ORIENTATION VERS LES SERVICES LOCAUX DE SOINS POUR LE VIH/SIDA L’une des caractéristiques importantes d’un PNAT pleinement opérationnel est l’intégration des activités de lutte antituberculeuse dans les services de santé généraux (voir Chapitre 2). Cela signifie qu’au niveau du district et des services de soins de santé primaires, le personnel de santé prend en charge les patients tuberculeux en suivant les directives du PNAT, avec l’appui du personnel de ce programme. Le personnel des services de santé généraux et celui du PNAT doivent connaître les services locaux s’occupant du VIH/SIDA auxquels les patients séropositifs peuvent faire appel. Le Ministère de la Santé peut instituer un système d’accréditation des prestataires locaux de services contre le VIH/SIDA: organisations gouvernementales, non gouvernementales (ONG), communautaires, praticiens privés et services de santé des employeurs. Il est souvent possible d’adresser directement les patients à ces services. Certains patients TB-VIH préfèrent ne pas être adressés à des services spécialisés dans le VIH/SIDA. Il est important de respecter leur volonté et leur confidentialité. De nombreux districts disposent d’un coordonnateur local pour le VIH/SIDA. Les relations entre le personnel du PNAT dans les districts et ces coordonnateurs favorisent l’orientation des patients TB-VIH vers les services spécialisés dans le VIH/SIDA. Dans de nombreuses villes, on trouve désormais des centres de conseil et de dépistage volontaire du VIH. Certaines des personnes qui consultent ces services peuvent aussi avoir la TB.A Kampala (Ouganda), une étude a montré que 6% des sujets venant dans un de ces centres 200 $&OLQLFDO)UHQFKSGI COORDINATION DES SOINS DANS LEURS DIVERS CADRES avaient une TB qui n’avait pas été encore diagnostiquée. Il est donc important pour le PNAT de collaborer avec ces services. Le personnel de ces établissements doit demander aux patients s’ils ont une toux chronique et adresser les cas suspects au PNAT pour pratiquer un frottis d’expectoration. 13.4 I3 AVANTAGES DE L’APPUI DES SERVICES LOCAUX DE SOINS POUR LE VIH/SIDA D’un endroit à l’autre, les services de soins que l’on trouve pour le VIH/SIDA sont variables. Il peut s’agir de groupes spécialisés dans le cadre des services de santé généraux, de groupes de soutien au niveau de la communauté ou de programmes de soins à domicile. L’appui des services locaux pour le VIH/SIDA aura pour le patient TB-VIH les avantages suivants: º accès au conseil et au dépistage volontaire du VIH; º information sur les pratiques sexuelles à moindre risque et l’utilisation des préservatifs; º traitement préventif des infections opportunistes associées au VIH (triméthoprime-sulfamétoxazole,TMP-SMX, par ex.); º identification et traitement rapides de toute nouvelle infection, y compris celles qui sont sexuellement transmissibles; º traitement symptomatique au stade terminal; º soutien psychologique; º soutien à la famille; º accès à la thérapie antirétrovirale. 13.5 CADRE POUR LES SOINS DU VIH/SIDA QUI INTÈGRE LES INTERVENTIONS CONTRE LA TUBERCULOSE La collaboration entre les prestataires de soins aux différents niveaux du système de santé est indispensable. Elle facilite l’orientation des patients et garantit la “continuité des soins”. 13.5.1 Soins à domicile et dans la communauté Au niveau local, les réponses impliquent les personnes à leur domicile, les voisinages et les organisations communautaires. Elles doivent envisager le VIH/SIDA comme une préoccupation commune de la communauté. Les interventions locales pour aider les PVS doivent comprendre l’appui aux patients tuberculeux pour suivre leur traitement complètement. Certains PVS considèrent la tuberculose comme le signe avant-coureur du SIDA. Une vision plus optimiste TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 201 consiste à voir dans le développement de cette maladie l’occasion de bénéficier d’une aide pour soigner une pathologie curable et la perspective d’améliorer l’espérance de vie en bonne santé. Des interventions ciblées d’information, d’éducation et de communication faciliteront l’adoption de cette vision plus optimiste. Le personnel des services de santé généraux a la possibilité d’adresser directement les malades vers les services de soins spécialisés dans le VIH/SIDA. Par soins dans la communauté, on entend que le sujet a accès aux soins le plus près possible de son domicile. Certains des services spécialisés assurent les soins à domicile pour les sidéens. Celui qui fournit ces soins peut être un agent de soins ou un bénévole de la communauté.Voir à ce sujet le Guide pour la prise en charge à domicile des malades du SIDA de l’OMS. Les soins à domicile seuls ne suffisent pas pour un malade TB-VIH. Le sujet doit continuer de prendre le traitement antituberculeux sous la surveillance d’un agent de soins à domicile formé et lui-même encadré. La collaboration entre le plan de soins à domicile du VIH/SIDA et le PNAT est indispensable pour assurer la formation et l’encadrement nécessaires. L’agent de soins peut également reconnaître les problèmes liés au traitement antituberculeux et adresser le malade vers le PNAT si besoin. 13.5.2 Soins de santé primaires Au niveau des soins de santé primaires, les mesures prises pour déceler et traiter les maladies couramment associées au VIH doivent inclure le diagnostic et le traitement des TB contagieuses (pulmonaires à frottis positif).A ce niveau, le personnel de santé doit déceler les cas parmi les sujets qui soit présentent des symptômes, soit ont été identifiés comme tels à la suite d’un dépistage. La toux prolongée est le plus important de ces symptômes. Le dépistage des cas infectieux de TB implique d’avoir accès à un service pratiquant des examens microscopiques de qualité des frottis d’expectoration. Une attention particulière devra être consacrée au dépistage dans les structures collectives (prisons, centres de santé par exemple) ou encore pour les personnes fréquentant les centres de CDV. Deux traitement préventifs devraient être disponibles au niveau des soins de santé primaires pour la prophylaxie des maladies couramment associées au VIH: l’isoniazide, efficace pour la prévention de la TB et le cotrimoxazole pour la prophylaxie des infections bactériennes courantes. 202 $&OLQLFDO)UHQFKSGI COORDINATION DES SOINS DANS LEURS DIVERS CADRES Les agents de santé et les patients infectés par le VIH sont souvent exposés au risque de la TB dans les établissements de soins. Ces services ont donc la responsabilité de prendre les mesures qui diminueront le risque nosocomial. Ils doivent aussi protéger leur personnel d’une exposition accidentelle au VIH dans le cadre professionnel. I3 Les informations sur la surveillance des maladies transmissibles sont transmises du niveau des soins de santé primaires aux responsables des districts. Elles comprennent la notification des cas de TB et l’enregistrement des résultats des traitements. Actuellement, les systèmes de surveillance pour les autres maladies associées au VIH n’existent pas ou ne sont pas encore très développés à tous les niveaux des soins. La surveillance de la TB peut donc constituer le point de départ pour la mise en place de ces systèmes. Lorsqu’il est efficace, le PNAT intègre le diagnostic et le traitement de la TB avec les services de santé généraux (voir à ce sujet le Chapitre 2). Le personnel travaillant au niveau des soins de santé primaire est alors bien placé pour diagnostiquer et traiter les problèmes courants liés au VIH pendant et après le traitement antituberculeux. Pour la continuité des soins des malades TB-VIH, il est important qu’une bonne communication s’instaure entre le personnel des services de santé généraux et celui des services spécialisés dans le VIH/SIDA. La PCIME, stratégie mise au point par l’OMS, donne des lignes directrices pour prendre en charge l’enfant malade. Dans le cadre des soins ambulatoires, elle a pour objectif d’améliorer le diagnostic et le traitement des maladies de l’enfance. Dans le contexte du domicile, elle vise à promouvoir un comportement approprié: aller consulter au moment opportun, améliorer la nutrition et les soins préventifs et garantir que l’enfant reçoit bien les soins qui lui sont prescrits. 13.5.3 Soins de santé au niveau secondaire Au niveau secondaire des soins, les mesures prises complètent celles qui s’appliquent au niveau primaire. En ce qui concerne le dépistage et le traitement des maladies couramment associées au VIH, elles doivent comprendre le diagnostic et le traitement des TB pulmonaires à frottis négatif et extrapulmonaires. Leur diagnostic requiert en général des examens qui ne sont possibles le plus souvent qu’au niveau secondaire, comme la radiologie ou l’analyse de biopsies. Le personnel travaillant dans les centres de soins de santé primaires et les dispensaires peut prendre en charge de nombreux problèmes liés au TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 203 VIH. Mais parfois, les malades TB-VIH développent des troubles nécessitant des examens et des traitements dépassant les capacités de ces établissements. Il faut alors les adresser à l’hôpital de district, en consultation externe ou pour une hospitalisation.Après le traitement, le personnel de l’hôpital de district peut renvoyer le sujet au niveau des soins de santé primaire ou de la communauté. La communication favorise la continuité des soins. La stratégie de la PCIME comporte des lignes directrices sur la prise en charge au niveau du district des enfants présentant des problèmes associés au VIH (voir à ce sujet la bibliographie). 13.5.4 Soins de santé au niveau tertiaire A ce niveau, les mesures viennent compléter celles qui ont été prises au niveau secondaire avec le diagnostic et le traitement des complications des maladies couramment associées au VIH. On ne trouve souvent qu’au niveau tertiaire la prise en charge spécialisée des formes complexes de TB (par exemple tuberculose péritonéale ou péricardique). Au niveau du district, le personnel se trouve parfois confronté à des problèmes difficiles de diagnostic et de traitement. Il pourra alors être utile d’adresser le patient à un hôpital de troisième recours. Il vaut mieux en général téléphoner avant de procéder au transfert pour s’assurer que le spécialiste pense lui aussi que cette décision sera probablement bénéfique pour le malade. Le tableau suivant montre l’intégration des soins de la TB et du VIH/SIDA aux différents niveaux du système de santé. La possibilité des interventions dépend des revenus du pays en question. Niveau de Revenus Revenus Revenus soins faibles intermédiaires élevés Domicile et Information Comme en cas de Comme en cas de communauté et éducation revenus faibles revenus intermédiaires Préservatifs plus plus Conseils sur a) soins en phase a) soins en phase l’allaitement terminale avec des terminale de haute Soins palliatifs professionnels technologie Groupes de de santé b) traitement à soutien b) laits maternisés domicile des maladies pour la associées au VIH supplémentation nutritionnelle des nourrissons 204 $&OLQLFDO)UHQFKSGI COORDINATION DES SOINS DANS LEURS DIVERS CADRES Soins de santé primaires (centre de santé) Niveau secondaire (hôpital de district) CDV pour la prévention de la transmission du VIH Dépistage et traitement des courantes associées au VIH (par ex. la TB) Prévention de ces maladies Soulagement de la douleur Intensification du dépistage de la TB Surveillance épidémiologique (de la TB par ex.) Diminution des transmissions nosocomiales et protection du personnel soignant Comme au niveau primaire plus a) sécurité transfusionnelle b) soins des patients en phase terminale c) accès possibles à la thérapie antirétrovirale TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI Comme en cas de revenus faibles plus: a) antirétroviraux pour la prévention de la transmission maladies mère-enfant b) prévention des mycoses Comme en cas de revenus intermédiaires plus suivi clinique et biologique de l’évolution du VIH Comme en cas de revenus faibles plus surveillance épidémiologique des maladies moins fréquemment associées au VIH Comme en cas de revenus intermédiaires plus a) diagnostic et traitement des maladies associées au VIH sans complications b) accès à la thérapie antirétrovirale c) prophylaxie post-exposition I3 205 13.6 LE SECTEUR PRIVÉ On trouve dans le secteur privé des cabinets de médecine classique et des tradipraticiens. Beaucoup de malades choisissent de faire appel soit à l’une, soit à ces deux catégories de praticiens. 13.6.1 Médecins privés L’idéal serait qu’il y ait une collaboration étroite entre les médecins privés et le PNAT, ce qui pourrait améliorer la prise en charge des cas de TB selon les directives du PNAT. Ces médecins sont au service de la communauté et, en suivant le PNAT, ils garantissent à leurs malades tuberculeux des soins de qualité. Ils peuvent notifier leurs patients au PNAT ainsi que les résultats de leur prise en charge. Ils n’ont pas l’obligation de confier entièrement leurs patients au PNAT s’ils ne le souhaitent pas. Certains malades TB-VIH préfèrent consulter les médecins privés pour des raisons de confidentialité. De nombreux patients donneront cependant la préférence au PNAT dans les pays où ce programme est de grande qualité. Un plus grand nombre de pays instaurent désormais des programmes de formation et d’accréditation des médecins privés pour les soins de la TB et du VIH/SIDA. 13.6.2 Tradipraticiens La tuberculose est une maladie difficile pour les tradipraticiens. Nombre d’entre eux ne la comprennent pas, ne savent pas comment la guérir et ne disposent pas des médicaments appropriés. Il est néanmoins possible de collaborer avec eux: ils peuvent, par exemple, reconnaître les cas suspects et les adresser aux services de santé généraux. Les guérisseurs jouent souvent un rôle important de soutien aux PVS quand ils sont malades. 13.7 Recherche opérationnelle visant à intégrer davantage les soins et la prévention de la tuberculose et du VIH/SIDA Les programmes de lutte contre la TB et le VIH doivent collaborer pour mettre en œuvre les interventions décrites dans le cadre plus haut (voir section 13.5). Il s’agit d’interventions contre le VIH intéressantes pour la lutte antituberculeuse et d’interventions sur la TB importantes pour les soins du VIH/SIDA. Ces deux types de programmes doivent rationaliser ces interventions dans le cadre de leurs activités de routine. Des travaux de recherche opérationnelle sont nécessaires pour améliorer la délivrance des soins et d’une prévention intégrée de ces deux maladies. 206 $&OLQLFDO)UHQFKSGI COORDINATION DES SOINS DANS LEURS DIVERS CADRES 13.7.1 Promotion des services de conseil et de dépistage volontaire du VIH pour l’amélioration des soins de la tuberculose I3 La promotion du CDV du VIH présente plusieurs avantages (voir à ce sujet le Chapitre 6). L’un d’entre eux est l’amélioration de l’accès aux diverses actions de prévention et de soins du VIH, dont les interventions sur la TB. L’initiative ProTEST, coordonnée par l’OMS, fait partie des projets lancés en matière de recherche opérationnelle sur l’intégration des soins du VIH/SIDA et de la TB. Elle a pour but de promouvoir le dépistage volontaire du VIH en tant que moyen de parvenir à une action plus cohérente contre la TB dans les zones de forte prévalence du VIH. On retrouve dans le nom de “ProTEST” cette idée de promotion du dépistage volontaire en tant que moyen d’accès à la prévention et aux soins du VIH et de la TB. Cette initiative soutient des expériences dans les districts sur plusieurs sites. On y associe les efforts pour lutter contre le VIH et la TB afin de diminuer la charge cumulée de ces deux maladies. Ces expériences locales donneront des renseignements pour établir un modèle de délivrance intégrée des services de soins basé sur le district. La délivrance intégrée concerne tous les prestataires de services: gouvernement, ONG, communauté et secteur privé. Les résultats du terrain donneront des renseignements pour élaborer des directives afin d’étendre le modèle s’il s’avère efficace et abordable. 13.7.2 Approche pratique de la santé respiratoire Il est indispensable de renforcer les services de santé généraux pour pouvoir garantir aux personnes infectées par le VIH l’accès aux soins des maladies couramment associées à ce virus. On trouve parmi celles-ci les maladies respiratoires qui représentent une large part de la charge de morbidité associée au VIH. Le recours à une approche syndromique pourrait améliorer les soins prodigués par les prestataires des services de santé généraux aux patients présentant des problèmes respiratoires courants. L’OMS contribue à promouvoir l’approche pratique de la santé respiratoire en mettant au point des lignes directrices et des algorithmes. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 207 LECTURES COMPLÉMENTAIRES Gilks C, Floyd K, Haran D, Kemp J, Squire B, Wilkinson D. Care and support for people with HIV/AIDS in resource-poor settings. Londres, UK Department of International Development, 1998 (Health and Population Occasional Paper). Godfrey-Faussett P, Maher D, Mukadi YD, Nunn P, Perriens J, Raviglione M. How human immunodeficiency virus voluntary testing can contribute to tuberculosis control [Comment le dépistage volontaire du VIH peut contribuer à la lutte antituberculeuse]. Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé, 80 (12): 939–945 (résumé en français). Organisation mondiale de la Santé. Provision of HIV/AIDS care in resourceconstrained settings. Report of a meeting, Geneva, 21–23 September 1994. Genève, 1995 (WHO/GPA/TCO/HCS/95.14). Organisation mondiale de la Santé. Cadre stratégique pour réduire la charge de la co-infection tuberculose/HIV. Genève, 2002 (WHO/CDS/TB/2002.296). Organisation mondiale de la Santé. Improving child health. IMCI: the integrated approach. Genève, 1997 (WHO/CHD/97.12 Rev.2) (www.who.int/childadolescent-health). Organisation mondiale de la Santé. Prise en charge de l’enfant atteint d’infection grave ou de malnutrition sévère. Directives de soins pour les centres de transfert de premier niveau dans les pays en développement. Genève, 2000 (WHO/FCH/CAH/00.1). Organisation mondiale de la Santé. Guidelines for collaborative TB and HIV programme activities. Genève, 2003 (WHO/CDS/TB/2003.319; WHO/HIV/2003.01). Organisation mondiale de la Santé. Programme mondial de lutte contre le SIDA. Guide pour la prise en charge à domicile des malades du SIDA. Genève, 1993 (WHO/GPA/IDS/HCS/93.2). Organisation mondiale de la Santé. Report of the First International Review Meeting Practical Approach to Lung health Strategy. Practical Approach to Lung Health, 4–6 September 2002, Rabat, Morocco. Genève, 2003 (WHO/CDS/TB/2003.324). Organisation mondiale de la Santé. Community contribution to TB care. Practice and Policy. Genève, 2003 (WHO/CDS/TB/2003.312). 208 $&OLQLFDO)UHQFKSGI COORDINATION DES SOINS DANS LEURS DIVERS CADRES PRÉVENTION DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIH 14.1 I4 INTRODUCTION En interrompant la chaîne de transmission, le traitement des cas contagieux de tuberculose constitue, du point de vue de la santé publique, la meilleure prophylaxie de cette maladie. Les meilleurs programmes de prévention sont les bons programmes de traitement. Les personnes infectées par le VIH sont particulièrement sensibles à la contamination par M. tuberculosis et susceptibles de développer la maladie. Quels sont les moyens de les protéger contre l’exposition à la tuberculose dans les établissements de soins? Quel rôle joue le BCG? Peut-on faire quelque chose pour les personnes infectées par le VIH qui sont déjà contaminées par M. tuberculosis et courent un risque élevé de développer une tuberculose évolutive? Le présent chapitre a pour objet de répondre à ces questions. 14.2 PROTECTION DES PERSONNES VIH-POSITIVES CONTRE L’EXPOSITION À LA TB Les sujets VIH-positifs et le personnel des unités de soins sont exposés tous les jours à la tuberculose. Le risque est maximal dans les services réservés aux adultes ou les services spécialisés dans la tuberculose où l’on trouve de nombreux cas de TBP. Ces locaux sont souvent bondés et mal aérés. Nous ne connaissons pas encore l’ampleur du risque. La formation du personnel de santé à l’importance des mesures de lutte anti-infectieuse devrait contribuer à la mise en œuvre de ces actions. Le diagnostic rapide suivi du traitement des malades souffrant de TBP à frottis positif participe à la diminution de l’exposition à la maladie. Lorsqu’ils sont réalisés promptement, le diagnostic et le traitement en ambulatoire permettent d’éviter l’hospitalisation de ces malades, ce qui présente l’avantage de diminuer l’exposition à la tuberculose dans les locaux hospitaliers. Certains PNAT s’orientent plutôt vers la prise en charge en ambulatoire que l’hospitalisation avec traitement intensif. Les agents de santé qui connaissent leur séropositivité pour le VIH ne devraient pas avoir à s’occuper des patients atteints de TBP et donc ne devraient pas travailler dans les services où l’on soigne les adultes et les cas de TB. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 209 14.2.1 Amélioration du milieu Une bonne aération contribue à réduire le risque de transmission de la tuberculose à l’intérieur des locaux. Comme les rayons ultraviolets de la lumière solaire peuvent détruire les bacilles tuberculeux, l’idéal est d’avoir des locaux pourvus de grandes fenêtres. Les laboratoires qui traitent les échantillons pour la recherche des BAAR doivent suivrent les directives publiées pour éviter aux maximum les risques de transmission au personnel qui y travaille. EN PRATIQUE Dans les salles d’hôpitaux, les dispensaires, les salles de recueil des expectorations, les laboratoires de microbiologie, laissez les portes fermées et les fenêtres ouvertes. 14.2.2 Masques de protection Le masque de protection diminue pour le porteur le risque de contaminer son entourage.Tout cas suspect ou tout sujet atteint par la tuberculose devrait donc si possible en porter un quand il se déplace dans un hôpital. Les agents de soins en portent souvent eux-mêmes, par exemple lorsqu’ils travaillent dans des locaux affectés au traitement de la TB. Mais en fait ces masques ne garantissent pas la plupart du temps une très bonne protection contre l’inhalation des gouttelettes infectieuses émises par d’autres personnes, sauf si l’agent soignant surveille une procédure destinée à provoquer la toux, par exemple la bronchoscopie, ou tente de déclencher des expectorations au moyen d’un soluté hypertonique nébulisé. Les masques munis de filtres HEPA permettent d’éviter l’inhalation de très petites gouttelettes mais ils présentent certains inconvénients: ils sont très chers, il faut les fixer correctement pour qu’ils soient efficaces et il faut les changer régulièrement. 14.2.3 Education des malades Les agents soignants doivent apprendre aux cas suspects et aux malades des mesures simples qui diminuent le risque de transmission, comme par exemple de se couvrir la bouche avec la main pendant l’accès de toux, ou d’utiliser des récipients avec couvercle pour le recueil des expectorations. Lorsqu’un agent soignant examine un malade tuberculeux ou un cas suspect, il doit lui demander de tourner la tête au moment de tousser pour ne pas être exposé directement à l’air expulsé. 210 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRÉVENTION DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIH 14.2.4 Cas suspects de TBP Dans la majorité des cas, le diagnostic se pratique en consultation externe, mais il arrive parfois qu’il faille hospitaliser certains patients. Il faut alors, si possible, les séparer des autres malades. Souvent l’établissement manque de locaux pour ce faire: on tâchera alors, au sein d’un même local, de les maintenir à part des autres patients. Le personnel doit aussi encourager les cas suspects à rester le plus possible à l’extérieur pendant la journée si les conditions météorologiques le permettent. On collectera les expectorations le plus rapidement possible. Le laboratoire, quant à lui, doit traiter et examiner les échantillons avec promptitude et efficacité. Les établissements hospitaliers doivent veiller à donner les résultats des examens aux services qui les ont demandés le plus rapidement possible. Les adultes qui accompagnent des jeunes enfants susceptibles de présenter une TB peuvent eux-mêmes avoir contracté cette maladie et être à l’origine de la contamination de l’enfant. 14.2.5 I4 Malades ayant une TBP à frottis positif L’idéal serait de démarrer le traitement antituberculeux de ces patients dès que les résultats du frottis sont connus. Dans de nombreux PNAT, ils sont hospitalisés durant au moins une partie, et souvent l’intégralité, de la phase intensive du traitement. L’isolement de ces sujets dans des locaux réservés contribue à diminuer le risque d’exposition pour les autres malades. Il ne faut pas admettre de patient dans des locaux réservés au traitement de la TB tant que le diagnostic n’a pas été posé. Un patient VIH-positif chez qui l’on suspecte la tuberculose est très sensible à cette maladie et on doit éviter de l’exposer à la contamination car il arrive, dans certains cas, que cette suspicion soit infirmée. 14.2.6 Malades ayant une tuberculose à bacilles multirésistants (TB-MR) Dans de nombreux cas, il est impossible de prévoir ou de déceler une TB-MR et, dans de nombreux pays, on ne peut obtenir cette information. Pourtant, les sujets présentant une TB-MR connue nécessitent une prise en charge particulière dans un centre spécialisé. Il arrive qu’ils soient contagieux plus longtemps et il est donc nécessaire de réduire le plus possible les possibilités de contacts avec d’autres patients qui n’ont ni la TB, ni la TB-MR. On les placera donc dans une zone ou un local séparé, de préférence dans des chambres individuelles bien aérées. Si ce n’est pas possible, il devient nécessaire d’établir un service ou une partie de service réservée à la TB-MR. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 211 EN PRATIQUE Il faut séparer les patients atteints de TB-MR de ceux qui sont infectés par le VIH. Dans de nombreux pays, des épidémies de TB-MR se sont rapidement propagées dans les services de soins du VIH/SIDA. 14.3 RÔLE DU BCG DANS LA PROPHYLAXIE DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIH 14.3.1 Considérations générales Le BCG (Bacille Calmette-Guérin) est un vaccin vivant atténué dérivant à l’origine de M. bovis. On l’injecte par voie intradermique, à la dose habituelle de 0,05 ml chez le nouveau-né et le nourrisson de moins de trois mois, et de 0,1 ml ensuite. Dans les pays à forte prévalence de la tuberculose, l’OMS recommande la vaccination systématique à la naissance. Le BCG a pour avantage de protéger les jeunes enfants contre les formes graves ou disséminées de tuberculose, par exemple la méningite tuberculeuse ou la TB miliaire. En revanche, ce vaccin a peu ou pas d’effet sur la réduction du nombre des cas de TBP chez les adultes. 14.3.2 Protection induite par le BCG chez les enfants infectés par le VIH On ne sait pas si l’infection par le VIH réduit l’effet protecteur du BCG contre la tuberculose chez l’enfant. Certaines données montrent que l’intradermoréaction à la tuberculine se positive moins souvent après le BCG chez les enfants infectés par le VIH. Les implications de cette observation pour la prophylaxie de la tuberculose n’ont pas encore été éclaircies. 14.3.3 Sécurité d’emploi du BCG chez les enfants infectés par le VIH On a rapporté quelques cas de complications locales et d’infections disséminées par le BCG à la suite de la vaccination d’enfants infectés par le VIH. Néanmoins, les études prospectives comparant cette vaccination chez les enfants infectés et non infectés par le VIH n’ont pas établi de différence quant au risque de complications. Il en résulte que, dans la grande majorité des cas, cette vaccination est sûre. 212 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRÉVENTION DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIH 14.3.4 Politique recommandée par l’OMS à propos du BCG et du VIH I4 La politique recommandée par l’OMS dépend de la prévalence de la TB dans le pays comme le montre le tableau suivant. Dans les pays à forte prévalence, les avantages potentiels de la vaccination par le BCG l’emportent sur les inconvénients éventuels. Prévalence de la TB dans le pays forte faible Politique recommandée par l’OMS BCG pour tous les enfants (selon le programme standard) sauf pour ceux qui présentent des symptômes du VIH/SIDA Pas de vaccination avec le BCG pour les enfants infectés par le VIH La prévalence de la TB est faible quand: a) le taux annuel moyen de notification des TBP à frottis positif au cours des trois dernières années est inférieur ou égal à 5/100 000, b) le taux annuel moyen de notification de la méningite tuberculeuse chez l’enfant de moins de 5 ans au cours des cinq dernières années est inférieur à un cas par million, c) le risque annuel moyen d’infection tuberculeuse est inférieur ou égal à 0,1%. 14.4 RÔLE DU PROGRAMME ÉLARGI DE VACCINATION (PEV) Le BCG n’est pas la seule vaccination du PEV susceptible d’aider l’enfant à se protéger de la tuberculose. La rougeole et la coqueluche diminuent la résistance à la TB. Il faut donc contrôler le carnet de vaccination de tout enfant traité pour la TB. S’il n’a pas reçu toutes ses vaccinations, on demandera à la mère de le ramener pour les effectuer, une fois que les symptômes de la tuberculose auront disparu. L’OMS a établi les directives de vaccination en collaboration avec l’UNICEF. La recommandation est d’administrer tous les vaccins du PEV, conformément au calendrier national, à tout porteur présumé ou avéré d’une infection asymptomatique par le VIH. 14.5 TRAITEMENT PRÉVENTIF Par traitement préventif de la TB on entend la diminution du risque d’un premier épisode ou d’une récidive de la maladie. Le premier épisode peut survenir chez un sujet exposé à l’infection ou ayant une infection latente. La récidive survient chez un sujet qui a déjà eu la TB. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 213 a) Diminuer le risque d’un premier épisode de TB Le traitement prophylactique aura des avantages pour les personnes exposées au risque de développer la TB et il s’agit plus d’une intervention destinée à l’individu que d’une mesure de santé publique pour lutter contre la TB. Depuis de nombreuses années, l’OMS recommande par exemple la prophylaxie à l’isoniazide chez l’enfant qui est en contact à son domicile avec un cas index contagieux de TB et qui, après examen, se révèle indemne de la maladie. L’OMS et l’ONUSIDA ont recommandé cette prophylaxie pendant six mois chez le sujet infecté par le VIH, positif à l’intradermoréaction à la tuberculine et qui n’a pas la TB. Cependant, même si l’on ne peut pas faire l’intradermoréaction, la prophylaxie à l’isoniazide reste utile chez le sujet infecté par le VIH et fortement exposé au risque tuberculeux. Il est probable que chez les PVS, l’isoniazide protège du risque de développer la TB grâce à deux mécanismes: premièrement en diminuant le risque d’évolution des infections récentes; deuxièmement en réduisant le risque de réactivation des infections latentes à M. tuberculosis. Dans les populations à forte prévalence de la TB, la durée de la protection conférée par un traitement de six mois à l’isoniazide est limitée (jusqu’à 2,5 ans), probablement en raison de l’exposition continue à M. tuberculosis. La durée de la protection dépend de celle du traitement préventif. b) Diminuer le risque d’une récidive Parmi les patients qui terminent la chimiothérapie de brève durée, le taux de rechute est plus élevé chez ceux qui sont séropositifs pour le VIH. La prophylaxie post-thérapeutique (avec l’isoniazide par exemple) peut faire baisser ce risque, mais ne prolonge pas la survie du sujet traité. Il faudra faire de nouvelles études pour confirmer l’utilité du traitement, établir le schéma thérapeutique optimal (médicaments et durée) et évaluer la faisabilité du point de vue opérationnel avant de pouvoir recommander un traitement visant à abaisser le risque de récidive de la TB. 14.5.1 Groupes ciblés Le traitement prophylactique de six mois avec administration quotidienne d’isoniazide (5 mg/kg) est efficace pour éviter l’évolution de l’infection à M. tuberculosis vers la maladie. Il n’est cependant pas recommandé d’en faire une stratégie de lutte en le généralisant à tous 214 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRÉVENTION DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIH les sujets infectés. On ne peut pas essayer d’identifier toutes les personnes contaminées. La maladie ne se développant que chez 10% d’entre elles, il n’est ni efficace ni rentable de chercher à traiter tous les individus infectés pour éviter que seulement 10% d’entre eux tombent malades. On peut toutefois définir certains groupes dans lesquels le risque d’évolution vers la tuberculose est élevé et on pourra parvenir à un bon rapport coût-efficacité en ciblant sur eux l’intervention. Les jeunes enfants courent un risque particulier, notamment s’ils sont contaminés par le VIH. L’infection par le VIH, chez l’adulte ou l’enfant est un facteur puissant d’évolution vers la tuberculose maladie (voir Chapitre 1). I4 Les nourrissons dont la mère présente une TBP Les nourrissons allaités par des mères atteintes de TBP courent un risque élevé d’être infectés et de développer la tuberculose. Ils doivent suivre un traitement à l’isoniazide pendant 6 mois, puis être vaccinés par le BCG. L’autre possibilité consiste à administrer l’isoniazide pendant 3 mois puis à faire une intradermoréaction à la tuberculine. Si celle-ci est négative, on arrête l’isoniazide et on administre le BCG. Si elle est positive, on continue l’isoniazide pendant 3 autres mois avant de l’arrêter et d’administrer le BCG. Enfants de moins de 5 ans Il est important de dépister les enfants en contact, à leur domicile, avec des adultes ayant une TBP à frottis positif (voir Chapitre 4). Ce dépistage permet d’identifier les enfants de moins de 5 ans asymptomatiques. Il faut leur donner un traitement préventif de 6 mois à l’isoniazide. Si l’enfant présente des symptômes, on recherchera la tuberculose. Si les résultats sont positifs, l’enfant doit recevoir un traitement antituberculeux. Si les résultats sont négatifs, il doit prendre le traitement préventif à l’isoniazide. Personnes infectées par le VIH Les études cliniques contrôlées ont montré que le traitement préventif à l’isoniazide réduit le risque d’évolution vers la tuberculose maladie chez les personnes co-infectées par le VIH et M. tuberculosis. L’intradermoréaction positive à la tuberculine met en évidence l’infection par M. tuberculosis. Chez les sujets séropositifs, la réduction du risque de tuberculose présente sans doute l’avantage supplémentaire de ralentir l’évolution de l’infection par le VIH. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 215 14.5.2 Rôle du traitement préventif à l’isoniazide chez les personnes VIH-positives Les avantages théoriques sont très séduisants. Le tableau suivant expose les inconvénients potentiels et les précautions nécessaires. Inconvénients potentiels Précautions nécessaires Risque de toxicité Ne pas administrer chez les sujets souffrant (lésions hépatiques d’affections chroniques ou ayant une notamment) consommation régulière d’alcool Apparition de Dans tous les cas, faire une radiographie pharmacorésistances thoracique pour éliminer la tuberculose au (si le sujet souffre d’une stade de la maladie; tuberculose maladie qui En cas de toux prolongée de trois semaines n’a pas été dépistée et ou plus, faire un examen microscopique des pas seulement d’une expectorations. infection par M. tuberculosis). Détournement des Le financement doit provenir d’autres sources ressources consacrées que celles du PNAT (par ex. le programme de à l’action du PNAT. lutte contre le SIDA, le secteur bénévole), sinon il faudra trouver des ressources supplémentaires pour le PNAT. 14.5.3 Recommandations de l’OMS et de l’ONUSIDA pour le traitement préventif de la tuberculose chez les personnes VIH-positives Structures devant exister avant de pouvoir mettre en place un service de traitement préventif Pour pouvoir envisager la mise en place d’un service de traitement préventif, certaines conditions doivent être remplies: º capacités suffisantes au niveau du conseil, comportant l’IEC sur la TB; º personnel de santé qualifié en nombre suffisant; º lien entre les services de soins du VIH et de lutte contre la TB; º existence d’un bon programme de lutte antituberculeuse, obtenant un fort taux de guérison associé à un taux d’abandon et d’échec thérapeutique à la fin du traitement inférieur à 10%. Recommandations pour les services de traitement préventif º Le traitement préventif de la TB doit s’inscrire dans l’ensemble des soins prévus pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA. 216 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRÉVENTION DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIH º Les traitements prophylactiques ne doivent être mis en œuvre que si l’on peut exclure les TB évolutives et assurer un contrôle et un suivi appropriés. º Il faut mettre à la disposition de toutes les personnes VIH-positives l’information sur la TB et le traitement préventif. º Ce traitement doit être fourni à partir de structures proposant des services de conseil et de dépistage volontaire (CDV) du VIH. º Les programmes de lutte antituberculeuse continuent d’avoir pour priorité le dépistage et la guérison des cas contagieux de TB. º Les autorités nationales doivent réglementer l’achat et l’approvisionnement en médicament anti-TB afin d’éviter l’apparition de pharmacorésistances. I4 Etapes dans la délivrance du traitement préventif Ceux pour qui le test de dépistage du VIH est positif doivent bénéficier: de conseils sur la TB d’un dépistage de Demander si le sujet tousse: la TB évolutive - si c’est le cas, faire un dépistage de la TB; - si ce n’est pas le cas, faire un examen radiologique; - si le cliché radiologique est normal, passer à l’étape suivante. d’une recherche de On recommande le traitement préventif aux ceux pour qui le sujets VIH-positifs, positifs à la tuberculine et ne traitement préventif présentant pas de TB évolutive. sera probablement Il n’est parfois pas possible de faire le plus utile l’intradermoréaction à la tuberculine. Dans ces conditions, on peut encore envisager d’administrer le traitement préventif aux sujets VIH-positifs si: a) ils vivent dans une zone de forte prévalence de la TB, b) ils appartiennent au personnel de santé, c) ils sont en contact chez eux avec des malades tuberculeux, d) ils sont en prison, e) ils sont employés dans une mine. de la délivrance du Le médicament recommandé est l’isoniazide: 5 traitement préventif mg/kg (sans dépasser 300 mg) une fois par jour en l’absence de pendant 6 mois en auto-administration. Les TB évolutive patients sont vus une fois par mois et reçoivent à cette consultation la quantité de médicaments nécessaire pour un mois. TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 217 d’un contrôle de l’observance et de la toxicité d’une évaluation des résultats Il faut suivre ceux qui abandonnent le traitement. L’objectif consiste à fournir au moins six mois de traitement par période d’un an. Il faut arrêter l’isoniazide en cas d’apparition des symptômes et des signes d’une TB évolutive ou d’une hépatite. L’efficacité du traitement préventif doit être régulièrement évaluée (fréquentation, observance, toxicité, abandons ou retraits, achèvement du traitement). Conclusions La prophylaxie à l’isoniazide ne remplace pas la stratégie DOTS dans la lutte antituberculeuse. Néanmoins, elle se justifie pour les personnes vivant avec le VIH et elle permettrait alors d’éviter de nombreux cas de TB évolutive. Il faut développer des systèmes pour améliorer l’accès des séropositifs à cette prophylaxie dans les zones de forte prévalence de la TB. Parallèlement, il faut à tout prix éviter de compromettre la qualité du PNAT. 218 $&OLQLFDO)UHQFKSGI PRÉVENTION DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIH LECTURES COMPLÉMENTAIRES I4 Harries AD, Maher D, Nunn P. Practical and affordable measures for the protection of health care workers from tuberculosis in low-income countries [Des mesures pratiques et abordables pour protéger contre la tuberculose le personnel soignant des pays à faible revenu]. Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé, 1997, 75 (5):477–89 (résumé en français). Reider HL. Interventions for tuberculosis control and elimination. Paris, Union internationale contre la Tuberculose et les Maladies respiratoires, 2002. Organisation mondiale de la Santé. Childhood tuberculosis and BCG vaccination. BCG - gateway to EPI. Genève, 1989. Organisation mondiale de la Santé. Programme mondial des vaccins et vaccinations. Immunization Policy. Genève, 1995. Organisation mondiale de la Santé. Principes pour la prise en charge de la tuberculose à bacilles résistants. Genève, 1997 (WHO/TB/96.210 (Rev.1)). Organisation mondiale de la Santé.Traitement préventif de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. Déclaration de principes. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 1999, 74: 385–398. Organisation mondiale de la Santé. Guidelines for the prevention of tuberculosis in health care facilities in resource-limited settings. Genève, 1999 (WHO/TB/99.269). TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 219 INDEX Abandon, définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136 Abcès Cérébral pyogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Poumons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59 Adénopathie . . . . . . . . . . . .26, 31-36, 60, 64, 77, 84, 166, 180 Amélioration du milieu pour éviter la transmission de la TB . . . . .210 Analyse/étude de cohorte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .137 Anémie . . . . . . . . . . .102, 112, 138, 142, 162, 164, 185, 188, 190, 192 Aphtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33, 101, 177 Approche pratique de la santé respiratoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . .207 Ascite (tuberculeuse) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92 Aspergillome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60 Aspiration gastrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69-70 Asthme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59, 71, 72 Bacilles acido-alcoolo-résistants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56 Bacille tuberculeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23-25, 39, 74, 86, 170 Bacilles tuberculeux quiescents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23, 26, 69, 125 BCG Infection à VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 Nourrissons nés de mères ayant la TB . . . . . . . . . . . . . . .215 Politique de l’OMS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .212, 213 Biopsie Méthode de diagnostic de la TB extrapulmonaire . .53, 70, 83, 87 Ganglion lymphatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83-86 TB péritonéale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .87, 93, 204 TB pleurale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26, 83, 87, 88, 89, 134 Bloc médullaire (en cas de méningite tuberculeuse) . . . . . . . . . . . .134 Bronchectasie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59, 77 Broncho-pneumopathie chronique obstructive . . . . . . . . . . . . . . . . .59 Bubon inguinal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 Candidose . . . . . . . . . .34-36, 78, 101, 112, 153, 171, 173, 177, 181, 194 Capréomycine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132 Carcinome bronchique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59, 61-62 Caséification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .85 Cavités . . . . . .27, 39, 54, 60, 61, 64, 67, 69, 72, 77, 87, 118, 125, 179 Centres de dépistage volontaire du VIH . . . . . . . . . .105, 106, 200, 201 Cervicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 Chancre mou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171, 172 Cheilite angulaire (perlèche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .101 Chimiothérapie de brève durée . 47,123, 125, 137, 138, 139, 147, 214 Chlamydia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171, 172 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 221 Cibles de la lutte antituberculeuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44 Clostridium difficile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .183 Codification des schémas thérapeutiques antituberculeux . . . . . . .127 Complexe Mycobactérium avium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .191, 194, 196 Complexe primaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 Condylomes ano-génitaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Conjonctivite phlycténulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 Coloration de Ziehl-Neelsen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56 Corticothérapie, traitement adjuvant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133 Cryptosporidium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .182, 183, 193 Culture, expectorations . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23, 53, 54, 58, 64, 70, 86 Cyclosérine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132 Cytomégalovirus . . . . . . . . . . . . . .34, 169, 170, 181, 188, 192, 194, 196 Dactylite tuberculeuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 Diffusion du bacille tuberculeux dans le sang . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Définition du cas de TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dépistage des cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44, 47, 137, 200, 202 Désensibilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .147 Diarrhées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71, 138, 162, 164, 182-185 Difficultés de locomotion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .184 Douleurs thoraciques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54, 88, 178 Dysphagie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .180 Enfants BCG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .212 Contact avec des adultes contagieux . . . . . . . . . . . . . .78-79 Conseil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106, 113 Diagnostic différentiel de la TB pulmonaire . . . . . . . . . . . .77 Effets de l’infection par le VIH sur le diagnostic de la TB .76 Effets secondaires des médicaments antituberculeux . . .141 Intradermoréaction à la tuberculine24-26, 54, 68, 72-79, 212-217 Méthode de diagnostic de la TB . . . . . . . . . . . .53, 70, 83, 88 Programme élargi de vaccination . . . . . . . . . . . . . . . . . .213 Reconnaissance clinique de l’infection par le VIH . .101, 111 Système de notation pour le diagnostic de la TB . . . . . . .73 TB liée au VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39, 40 Test de dépistage du VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106, 217 Traitement préventif . . . . . . . . . . . . . . .79, 141, 201, 213-219 “Traitement d’épreuve” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .75, 76 Echec thérapeutique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136 Ecoulement urétral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 Ecoulement vaginal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 Ecouvillonage du larynx . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70 Education des patients pour éviter la transmission de la TB . .210-212 222 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INDEX Effets secondaires de médicaments antituberculeux . .38, 141-144, 192 Epanchement péricardique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27 Epanchement pleural, tuberculose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27, 134 Erythème noueux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 Essoufflement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54, 88, 90, 178 Éthambutol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124-148, 166, 188, 191, 196 Éthionamide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132 Examen au microscope des frottis d’expectoration . . . . . . . . . . . . . .60 Enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70, 71 Fiche de croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71 Fièvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189 Fluorochromes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56 Folliculite papulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .176 Gale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .145, 176 Ganglions lymphatiques Méthode d’investigation d’une adénopathie . . . . . . . . . . . .85 Biopsie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .84, 85 Caractéristiques des ganglions indiquant la nécessité de poursuivre les investigations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .84 Aspect histologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86 Adénopathie généralisée persistante . . . . . . . . .32, 33, 35, 84 Tuberculose ganglionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . .39-40, 69, 83 Gibbosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .97 Gingivite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .177 Gonorrhée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171, 172 Groupes ciblés par le traitement préventif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .214 Grossesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .97, 108, 112, 132, 171, 175, 195 Guérison, définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136 Haemophilus influenzae . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77, 179 Hémoptysies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54, 59, 60, 63, 64 Herpès simplex . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36, 112, 181 Herpès zoster (zona) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32, 33, 36, 101, 112, 173 Insuffisance surrénalienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .134, 185, 192 Impétigo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .175 Infections sexuellement transmissibles . . . . . . . . . . . . . .29, 43, 49, 170 Intégrations des soins du VIH/SIDA et de la TB . . . . . . . . . . . .201, 206 Insuffisance cardiaque congestive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91 Intradermoréaction à la tuberculine . . . . . . . . . . . . .54, 72-79, 212, 217 Isoniazide . . .49, 79, 80, 124-138, 141-148, 165, 166, 188, 202, 214-218 Isospora belli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .182, 183, 195 Kanamycine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132 Leucoplasie chevelue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .101 Liquide céphalo-rachidien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94, 185 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 223 Lymphogranulome vénérien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 Lymphome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34, 62, 78, 84, 95-98, 170, 192 Maladie du tissu conjonctif (collagénose) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61, 62 Maladie pulmonaire professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61, 62 Malnutrition, chez l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37, 54, 68, 71-76, 111 Masques de protection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210 Médecins privés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .206 Médicaments antituberculeux . . . . . . . . . . .108, 123, 124, 125, 132, 141 (voir aussi médicaments antituberculeux essentiels) Mode d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124, 125 Médicaments antituberculeux essentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . .150, 170 Médicaments de seconde intention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132 Méningite cryptococcique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33-36, 95, 136, 187 Méningite tuberculeuse Diagnostic différentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58, 61, 77 Méningite subaiguë/chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94, 186 Microsporidia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .182, 183 Modifications chroniques du comportement . . . . . . . . . . . . . .184, 185 Molluscum contagiosum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112 Mycobacterium africanum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 Mycobacterium bovis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23, 24, 212 Mycobacterium tuberculosis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 Neurosyphilis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .188 Nocardia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .179 Paraparésie spastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .187 Pathogénie de la TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31 Péricardite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26, 27, 39, 90, 92, 121, 133, 134 Perte de poids . . . . . . . . . .32, 33-36, 54, 71, 83, 101, 111, 182, 190, 194 Pharmacorésistance .24, 45, 123, 126, 130, 131, 147, 149, 151, 161, 216 Phase d’entretien du traitement de la TB . . . . . . . . . . . . . . . . .126-138 Phase initiale du traitement de la TB . . . . . . . . . . . . . . . . .126-138, 166 Pneumonie à Pneumocystis carinii . . . . . . . . . . . . . . .34, 63, 78, 179, 193 Pneumonie bactérienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59, 63, 77, 179 Pneumonie interstitielle lymphoïde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77, 84, 180 Pneumothorax . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60, 90, 185 Prednisolone (voir également corticothérapie) .134, 145, 177, 180, 181 Programme national de lutte antituberculeuse . . . . . . . . . . .43-46, 123 Prophylaxie de la TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .209 BCG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210 Amélioration du milieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210 Psoriasis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .176 Pyomyosite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34, 101, 175, 192 Pyrazinamide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124, 125-127, 133, 142-147, 192 224 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INDEX Pyridoxine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133, 141, 144, 189 Radiographie thoracique . . . . .39, 53, 60, 63, 64, 79, 83, 85-90, 135, 179 Réhydratation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .182, 184 Rechute . . . .21, 393, 119, 120, 123-130, 138, 139, 147, 187, 196, 214 Pathologie rénale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133, 192 Réactions d’hypersensibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26, 147 Retraitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .120, 127, 128, 136, 179 Rifampicine . . . . . . . . . . . .49, 75, 124-138, 142-146, 158, 161, 162, 165 Sarcoïdose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .62, 84, 191 Sarcome de Kaposi . . . . . . .33, 34, 36, 63, 77, 84, 90, 101, 138, 170, 191 Salmonelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .169, 170, 190, 191, 196 Schémas Comment identifier et prendre en charge les enfants en contact avec des adultes contagieux . . . . . . . . . . . . . . . . .79 Méthode pratique d’investigation d’une adénopathie . . . .85 Prise en charge des malades TB-VIH qui ne réagissent pas aux antituberculeux ou dont l’état se dégrade en cours de traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prise en charge des céphalées persistantes . . . . . . . . . . .186 Schistosomiase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .93, 188 SIDA Définition de cas de l’OMS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 Shigella . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .182, 183 Soins au niveau du district . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .200, 204 Sources de contagion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) . . . . . . . . . . . . . . . .77, 179 Streptococcus pneumoniae . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63, 77, 179 Streptomycine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124-138, 143, 148 Syphilis Primaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .172 Méningée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .185, 188 Teigne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .174 Thérapie antirétrovirale . .33, 49, 105, 108, 149, 165-169, 185-195, 199, 200, 201 Thioacétazone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106, 124-138, 142-147 Thrombopénie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102, 142-143, 192 Toxoplasmose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34 Toux . . 23,36,46,53,54,63,64,71-73,77,83,90,111,117,178,201-202,210,214 Tradipraticiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .206 Traitement sous supervision directe (TSD) . . . . . . . . . . . . . . . .48, 126 Traitement de la TB (voir aussi médicaments antituberculeux) Abandon, définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136 Échec, définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 225 Modes d’action des antituberculeux . . . . . . . . . . . . . . . . .125 Suivi des patients pendant le traitement . . . . . . . . . . . . .135 Programmes nationaux de lutte antituberculeuse 43-46, 123 Schémas thérapeutiques recommandés . . . . . .128, 193, 196 Enregistrement des résultats du traitement . . . . . . . . . . .136 Récurrences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .118-120, 138, 214 Situations particulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .141 Classement codifié des diagnostics . . . . . . . . . . . . . . . . .120 Corticothérapie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133 Schémas thérapeutiques antituberculeux . . . . . . . . . . . . .126 Transfert, définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136 Trichomonas vaginalis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 Troubles de la locomotion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .187 Tuberculose (voir aussi les titres de sections) à bacilles multirésistants . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49, 132, 140 Données de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 Lutte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43 Diagnostic chez l’adulte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53 Diagnostic chez l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67 TB post-primaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27, 69 Tuberculose liée au VIH, données de base . . . . . . . . . . . . .37 Pathogénie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25 Prévention chez le sujet infecté par le VIH . . . . . . . . . . .209 Cas suspect de TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55 Traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .123 Tuberculose extrapulmonaire l’appareil génital . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27 Dermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .74 Hépatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .98 Miliaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86 Osseuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .120 Rachidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .120, 187 Reins et des voies urinaires . . . . . . . . . . . . . . . . .97, 134, 194 Surrénales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27, 97, 120, 134, 192 Tube digestif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .97, 98, 191 Tuberculose pulmonaire Adultes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58 Radiographie thoracique pour le diagnostic . . . . . . . . . . . .60 Enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77 Tableau clinique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54 Méthode de diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53 Frottis d’expectoration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55 Diagnostic différentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58 226 $&OLQLFDO)UHQFKSGI INDEX Diagnostic différentiel des images radiologiques . . . . .60, 61 Diagnostic différentiel chez l’enfant infecté par le VIH . . .77 Différences avec les autres affections pulmonaires liées au VIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .62 Schéma d’évolution de la TB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39 Ulcérations génitales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29, 101, 171 Vaccination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .193 (voir également BCG et Programme élargi de Vaccination) Vaginite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 Vaginite bactérienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .173 VIH Informations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 Epidémiologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 TB liée au VIH, données de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 Immunopathogénie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31 Evolution naturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31 Prévention de la transmission dans les unités de soins . . .29 TB/HIV: MANUEL CLINIQUE $&OLQLFDO)UHQFKSGI 227