F801 • De nouvelles technologie au service du cœur et des vaisseaux • www.frm.org 5
> Les solutions de la recherche
Quelques chercheurs dans le monde sont en
train de faire « pousser » des vaisseaux dans
leurs boîtes de culture. La grande révolution du
début des années 1990 est l'angiogenèse*
thérapeutique : le principe théorique serait de
donner des médicaments ou des molécules qui
font pousser de nouvelles artères qui
viendraient remplacer les mauvaises artères.
En quelques années, les chercheurs ont trouvé
une dizaine de molécules qui font pousser les
vaisseaux. Ces molécules ont immédiatement
été testées chez l'animal et les premiers essais
ont commencé chez l'homme, mais comment
va-t-on utiliser ces molécules qui existent dans
le corps et qui font pousser naturellement les
vaisseaux à certains moments de la vie,
notamment lors de l'embryogenèse, lorsque le
fœtus se développe ? Comment faire pour que
ces molécules restent plus longtemps dans les
tissus et dans le cœur notamment ? On a pensé
à utiliser la thérapie génique : au lieu de la
molécule elle-même. On va utiliser le gène qui
va coder la molécule, car le gène, une fois entré
dans la cellule, va y rester assez longtemps et
va pouvoir faire fabriquer à la cellule la molécule
qui fera repousser le vaisseau. Dans les années
1995, c’était révolutionnaire. Depuis, de
nombreux essais de thérapie génique à visée
angiogénique ont été réalisés : on introduit un
gène qui code une molécule qui va faire pousser
les vaisseaux. Ces études sont en cours, elles
sont longues, délicates et présentent un
problème d’éthique. Mais cette thérapie génique
où on introduit un gène médicament ne doit pas
être confondue avec une thérapie génique où
l'on remplace un bout du génome.
En 1997, une équipe de chercheurs a trouvé
que dans le corps humain normal existaient des
cellules capables de se transformer en d'autres
cellules. Ils ont cultivé ces jeunes cellules dans
une boîte, avec des inducteurs, et ont montré
qu’elles pouvaient devenir des cellules de
vaisseaux ou de cœur. On espère mettre ces
cellules dans le cœur et faire en sorte qu’elles
se transforment et créent de nouveaux
vaisseaux. Une autre application possible
concerne les malades qui ont un gros infarctus
et dont les cellules du cœur ont disparu. Les
nouvelles cellules vont pouvoir remplacer les
cellules mortes du cœur. On espère que ces
nouvelles cellules se transformeront en cellules
cardiaques.
L’utilisation des biomatériaux
Professeur Laurence Bordenave
Directrice de l’unité Inserm 577 « Biomatériaux et
réparation tissulaire » Bordeaux.
Qu'est-ce qu'un biomatériau ? Les biomatériaux
sont en pleine expansion dans leurs diverses
applications et leurs modifications. Cette notion
est en réalité très ancienne. On a retrouvé chez
des momies égyptiennes des traces d'utilisation
de biomatériaux ; les gladiateurs également
voyaient leurs plaies réparées par des fils de
soie. Au fil des années, l'utilisation des
biomatériaux s'est précisée.
Après la seconde guerre mondiale, la
communauté scientifique internationale a
entrepris des travaux de recherche précis sur un
biomatériau. A partir de 1985, la communauté
internationale les a définis comme des
matériaux non vivants, utilisés pour faire du
diagnostic et aider également en thérapeutique.
Il existe plus d’un millier de variétés, comme par
exemple, l'abaisse-langue utilisé dans l’examen
de la gorge et qui est un matériau non vivant
pour faire un diagnostic. Dans cette grande
variété de biomatériaux, certains sont d'origine
naturelle, comme le corail qui comble des pertes
de substance osseuse, ou d'origine artificielle.
La biocompatibilité* est une propriété essentielle
à prendre en compte car le matériau, au contact
d'un tissu vivant, doit être accepté et intégré par
ce dernier. L'idéal est que le biomatériau soit
tellement bien accepté qu'au fil du temps, il
disparaisse pour laisser la place à du tissu
nouvellement formé. Le corail, par exemple, a
une structure microporeuse, un peu comme une
éponge, et lorsque ce type de matériau est
implanté pour combler un manque dans un os,
on espère que l'os se reformera petit à petit et
colonisera les pores du corail pour que l'os
nouvellement formé prenne la place et que le
corail se dégrade petit à petit.
> L'utilisation de biomatériaux pour
remplacer des artères bouchées
Actuellement, on utilise des valves artificielles
pour remplacer les valves endommagées et on
sait que certains biomatériaux au contact du
sang ont des propriétés meilleures que d'autres.
Une équipe marseillaise avait envisagé, il y a
une quinzaine d’années, la mise au point d’un
cœur artificiel. Notre unité de recherche avait
testé la biocompatibilité de ces matériaux