Parmi les myosites, trois groupes peuvent être distingués selon les aspects cliniques et histo-chimiques :
les polymyosites, les dermatomyosites et les myosites à inclusion. Elles ont en commun une atteinte
inflammatoire dysimmunitaire des muscles striés.
- Les polymyosites sont des connectivites rares, touchant préférentiellement les femmes adultes et se
rencontrant exceptionnellement chez le sujet âgé. Dans ce cas, il s’agit le plus souvent d’un phénomène
para-néoplasique. La myosite précède l’apparition du cancer dans 70 % des cas. Le délai entre la
découverte des deux affections est inférieur à un an. Le cancer colique est à évoquer en priorité, mais il
peut aussi s’agir d’un cancer mammaire, utérin, ovarien, bronchique ou prostatique. De nombreux
médicaments peuvent également déclencher des polymyosites. Le tableau clinique comprend une
faiblesse musculaire, variable d’un sujet à l’autre, pouvant aller jusqu’à la paralysie flasque. Le déficit
moteur est de type myogène, bilatéral, symétrique, non sélectif et prédominant en proximal. Des troubles
de la déglutition peuvent être observés, signant une atteinte pharyngée. Les myalgies peuvent être au
premier plan. Des arthralgies inflammatoires oligo-articulaires, des troubles du rythme ou de la
conduction peuvent apparaître ainsi qu’une pneumopathie interstitielle diffuse. Biologiquement il existe
un syndrome inflammatoire avec élévation des enzymes musculaires et de nombreux auto-anticorps non
spécifiques sont positifs. Le diagnostic se fait par la biopsie chirurgicale d’un muscle touché, qui montre
des foyers de nécrose focale, des foyers de régénération des fibres musculaires à différents stades, des
infiltrats inflammatoires mononucléés avec prédominance de lymphocytes T CD8+ et de macrophages.
Le traitement repose sur la corticothérapie à forte dose et sur les immunosuppresseurs en deuxième
intention, en association avec le traitement du cancer.
- Les dermatomyosites sont également très rares chez les sujets âgés, et le plus souvent associées à une
pathologie cancéreuse. Leurs traitements et leurs pronostics sont comparables.
Cliniquement les manifestations cutanées peuvent précéder la myosite. Il s’agit essentiellement d’un
érythro-œdème, photosensible, prédominant sur les zones découvertes. L’érythème orbitaire en lunette
est typique et l’érythème périunguéal, douloureux à la pression est très évocateur.
- Le syndrome de chevauchement repose sur l’association d’une polymyosite ou d’une
dermatomyosite avec une collagénose. Il représente 10 à 20 % des myosites. Les principales affections
rencontrées sont le syndrome de Sjögren, les thyroïdites, la polyarthrite rhumatoïde et le lupus
érythémateux disséminé.
- Les myosites à inclusion sont extrêmement rares, elles touchent le plus souvent l’homme de plus de
50 ans. Cliniquement, le déficit moteur est de type myogène, prédominant en proximal, touchant les
ceintures scapulaire et pelvienne ainsi que les muscles cervicaux. Typiquement, un déficit proximal et
distal d’emblée apparaît, associé à une atrophie musculaire progressive insidieuse, bilatérale, souvent
asymétrique. Le caractère asymétrique et l’atteinte de certains muscles peuvent être évocateurs comme
l’atteinte du muscle tibial antérieur, du quadriceps, des fléchisseurs du poignet et des doigts, des
palmaires, des biceps et triceps. Ce déficit peut s’accompagner de myalgies et de dysphagie dans 15 à 20
% des cas, principalement dans les formes tardives. Les CPK sont normales ou modérément augmentées
et le syndrome inflammatoire souvent absent (70 % des cas). L’électromyogramme montre un tracé
myogène, plus rarement mixte. Le diagnostic se fait par mise en évidence de lésions spécifiques sur la
biopsie : des vacuoles à granulations éosinophiles sont observées dans le cytoplasme des cellules
musculaires. Actuellement aucun traitement n’a fait preuve de son efficacité dans cette pathologie. Son
issue est fatale après une évolution progressive d’une dizaine d’années.
LES MANIFESTATIONS MUSCULAIRES DE MALADIES NON MUSCULAIRES
- Les sujets âgés présentent fréquemment des myalgies lors d’une infection associant classiquement
des céphalées, des arthralgies et des myalgies diffuses. Il peut s’agir d’infections bactériennes comme la
tuberculose, parasitaires comme la toxoplasme, ou encore virales. L’intensité de ces myalgies ne semble
pas dépendante de l’hypercatabolisme avec amyotrophie rapide observée lors de ces infections. Il peut
s’agir d’un véritable tableau de polymyosite.
- La sarcoïdose touche peu le sujet âgé. C’est une granulomatose tuberculoïde généralisée d’étiologie
inconnue, touchant principalement le poumon. Elle comprend une atteinte des muscles squelettiques
dans 10 à 25 % des cas sous forme aiguë ou chronique, souvent proximale et symétrique. Les formes
©2003 Successful Aging Database