3/3
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF11457.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
Sur le plan cantonal, le droit régissant les relations entre l'Eglise et l'Etat connut des évolutions très variées.
Dans les cantons protestants, dirigés de plus en plus, depuis la Régénération, par des libéraux, puis des
radicaux, l'Etat tendit à se distancier de l'Eglise, par souci de respecter la liberté religieuse, mais aussi dans
l'idée d'adapter les Eglises aux structures de l'Etat libéral. Cela se traduisit par une autonomisation des
Paroisses (comparables à la commune politique) et par une démocratisation de l'organisation ecclésiale (sur
le modèle de l'Etat). Les Eglises d'Etat, dirigées autrefois par une autorité politique confessionnellement
responsable, devinrent ainsi des Eglises nationales conformes à l'ordre libéral-démocratique, auxquelles l'Etat
accordait une certaine autonomie. En terre catholique, les gouvernements radicaux tentèrent vainement
d'imposer une restructuration lors du Kulturkampf: seule une petite minorité se rallia à l'Eglise catholique-
chrétienne. Les catholiques romains réussirent toutefois à instaurer, avec l'approbation du Saint-Siège, des
structures juridiques inspirées des Eglises cantonales protestantes, tout en préservant l'ordre canonique.
Dans la seconde moitié du XXe s. et surtout après le deuxième concile du Vatican, l'opposition envers l'Eglise
catholique romaine s'affaiblit aussi bien dans les milieux politiques que chez les protestants. Cela conduisit à
la suppression des articles d'exception entre 1973 et 2001 et à une collaboration plus intensive entre les deux
grandes confessions, aussi dans leurs relations avec l'Etat (OEcuménisme). Les Eglises possédaient déjà sur le
plan cantonal un droit de participation dans les décisions qui les concernent; désormais, les organes
nationaux des grandes Eglises intervinrent dans la procédure législative fédérale pour défendre l'éthique
sociale. L'engagement politique plus prononcé des Eglises a été critiqué par des cercles bourgeois de droite
et des voix ont demandé une réglementation en ce domaine, mais des initiatives populaires pour une
séparation de l'Eglise et de l'Etat ont été rejetées, tant dans la Confédération (1980) que dans le canton de
Zurich (1977 et 1995).
La diversité des vingt-six systèmes juridiques cantonaux régissant les relations entre l'Eglise et l'Etat rend
une classification difficile. De façon générale, on note souvent des rapports plus étroits dans les cantons de
tradition protestante, alors que les cantons de tradition catholique respectent davantage la liberté
d'organisation des Eglises. Dans la plupart des cantons, les deux grandes Eglises forment des établissements
de droit public plus ou moins autonomes (de niveau paroissial ou cantonal), dont le financement repose sur
un impôt ecclésiastique perçu par l'Etat et parfois sur des contributions de celui-ci. Le canton le plus proche
de l'ancien système est celui de Vaud, où l'Eglise protestante majoritaire est intégrée sans autonomie
juridique à l'Etat et presque entièrement financée par lui. A Berne et à Zurich, les Eglises protestantes,
catholiques romaines et catholiques-chrétiennes sont certes des personnes morales, mais leur organisation
est en grande partie décrétée par l'Etat, qui participe pour une grande part à leur financement. La situation
est tout autre dans les cantons traditionnellement catholiques, qui tiennent compte de l'organisation
canonique de l'Eglise. C'est cependant à Genève et à Neuchâtel que les Eglises, considérées comme des
organisations de droit privé, sont le plus complètement détachées de l'Etat, ce qui n'exclut d'ailleurs pas
certaines aides publiques. Bâle-Ville connaît un système appelé "séparation boiteuse" (hinkende Trennung).
Auteur(e): Peter Gilg / WW
Références bibliographiques
Bibliographie
– E. His, Geschichte des neuern Schweizerischen Staatsrechts, 3 vol., 1920-1938
– R. Pfister, , Kirchengeschichte der Schweiz, 3 vol., 1964-1984
– L. Carlen, éd., Séparation de l'Eglise et de l'Etat, 1994
– A. Loretan, éd., Kirche - Staat im Umbruch, 1995
– L. Vischer et al., éd., Hist. du christianisme en Suisse, 1995 (all. 1994, 21998)
– F. Hafner, «Trennung von Kirche und Staat», in Basler juristische Mitteilungen, 1996, 225-256
– D. Kraus, Schweizerisches Staatskirchenrecht, 21998 (avec bibliogr.)
– R. Pahud de Mortanges, éd., Le droit des religions dans la nouvelle Constitution fédérale, 2001