son destin. Depuis l’occupation romaine, ils savaient bien que les
décisions importantes étaient prises à Rome, sans eux. C’était une
forme de mondialisation, puisque l’empire romain se confondait avec le
monde connu, le monde civilisé.
Nous aussi, même si c’est autrement, nous avons le sentiment que
nous perdons la maîtrise de notre avenir. Tant de décisions, qui nous
concernent, sont prises ailleurs, sans nous. A Bruxelles, à New-York ou
Washington… Mondialisation, à mettre en relation avec l’œcuménisme
Sur le chemin, les deux disciples ressassaient leur peine : Jésus était
mort, et l’espérance qu’ils avaient placée en lui était morte aussi.
A Emmaüs, leurs yeux s’ouvrent à la fraction du pain, et ils le recon -
naissent. Je peux bien vous faire part de mon étonnement devant le
choix de ce texte. Bien sûr que je connais et je m’efforce de comprendre
les raisons qui ne nous permettent pas de partager ensemble le pain
eucharistique. Mais alors, pourquoi choisir ce texte ? Pouvons-nous
reconnaître le Christ présent parmi nous, nos yeux peuvent-ils s’ouvrir à
sa présence si le partage du pain ne nous est pas permis ? Et si nos
yeux ne peuvent pas s’ouvrir, allons-nous en conclure que, finalement, il
n’est pas présent parmi nous ? Et que nos réunions sont des rencontres
sympathiques qui ne peuvent pas aller plus loin ?
Toute cette célébration nous dit bien qu’il est présent, parmi nous, en
chacun d’entre nous et dans l’assemblée fraternelle que nous formons.
Pourrons-nous aller plus loin ? Ce devrait être notre prière. C’est certai -
nement la prière du Christ pour nous. Que nos prières se rejoignent pour
que vienne l’exaucement, l’accomplissement de la longue marche déjà
accomplie. Car nous avons déjà parcouru tellement de chemin.
Nous avons parcouru le chemin de Jérusalem à Emmaüs. Mais
même si nous n’y voyons plus très clair, même si c’est la nuit, il faut se
remettre en route, revenir à Jérusalem, non pour la ville elle-même,
symbole d’unité mais aussi lieu de conflit et de division. Revenir à
Jérusalem pour retrouver les autres disciples, eux qui ont vécu une autre
expérience… et partager la nouvelle bouleversante : Il est vivant ! Alors,
il nous est permis de vivre ensemble comme des vivants, des ressusci -
tés ! Et nous pouvons nous remettre en route, les uns vers les autres et,
surtout, ensemble, vers les hommes, non pour montrer une unité mono -
lithique, qui étoufferait tout questionnement, mais plutôt pour manifester
une unité, une diversité réconciliée, qui assume les différences et les
divergences, et les vit dans un même mouvement qui nous conduit vers
le Christ, le Chef de l’Eglise, la tête du Corps, qui nous appelle et nous
rassemble.