Le Dr Leung nous a, là encore, transmis de précieuses données relatives à cette
branche essentielle, qui dépasse de loin le cadre restreint de ce que nous nommons
la psychothérapie en occident. J’ai pris ces 15 dernières années grand plaisir à
m’entretenir avec lui de cette branche qui, au propre comme au figuré, lui « tenait à
cœur », d’une part car elle constituait un héritage familial, et d’autre part parce
qu’elle a fait, plus encore que l’acupuncture, l’objet d’un véritable déni dans
l’histoire récente de la MTC. On peut aisément comprendre que les méthodes
visant à la libération de la conscience ne soient pas toujours en phase avec la pensée
unique que, par ailleurs, certains guides suprêmes essaient de nous inculquer.
4. L’intervention par le mouvement (Yun Dong Zhi Liao) : cette dernière grande
branche concerne toutes les possibilités thérapeutiques liées à la gymnastique et
l’usage que peut faire le patient de son propre corps : exercices, postures, choix
ergonomiques liés au travail, Qi Gong thérapeutique, etc.
Dans ce domaine également, le Dr Leung a laissé des enseignements, et conçu des
exercices simples, faciles à mettre en œuvre, y compris pour des patients
occidentaux, et riches en bénéfices thérapeutiques.
5. Il existe encore, en marge de ces quatre grandes branches thérapeutiques, une
cinquième branche, résumée toute entière dans le premier chapitre du Nei Jing Su
Wen, qui traite de l’art de nourrir le vie (Yang Sheng Fa). Nous devrions être en droit
d’attendre de tout bon médecin ce que nous attendons de tout bon garagiste : à
savoir qu’il ne se contente pas de savoir réparer le véhicule humain, mais qu’il sache
expliquer à son conducteur pourquoi ils est tombé en panne et comment il pourrait
éviter, par sa conduite, que cela se reproduise. Cela nous ramène à cet élément
essentiel en médecine qui est la pose d’un diagnostic juste, avant même de penser
au traitement. Etre capable d’expliquer de manière simple à son patient les raisons
de son problème, au lieu de le piquer ou de le droguer en silence. Dans de
nombreuses maladies, un bon conseil vaut parfois tous les traitements. Et c’est
parfois faute de ces conseils, eux-mêmes liés à un défaut de diagnostic, que les
patients se retrouvent avec des traitements qui n’en finissent pas.
Voici donc l’arbre qu’il m’a été donné de découvrir peu à peu, au fil de trente cinq
ans d’exploration de la médecine auprès d’un unique professeur, qui comprenait
profondément la nature humaine et la simplicité fondamentale qui unit toutes
choses. Le Dr Leung n’était pas qu’un grand acupuncteur. Il était un grand
médecin, capable de combiner dans un même esprit les aiguilles, les plantes ou les
mots pour œuvrer à la guérison de ses semblables.
Je n’aurai pas ici le temps de détailler, des racines jusques aux branches, tout ce qui
fait la richesse et la profondeur de son enseignement. Vous aurez déjà compris qu’il
ne pouvait pas être question pour lui de faire l’apologie d’une méthode
thérapeutique par rapport à une autre. Le Dr Leung n’était pas du genre à scier la
branche sur laquelle il était assis. Il a par exemple fait le choix de se soigner, sur la
fin de sa vie, au seul moyen du Qi Gong, de la méditation et de la diététique.