Alter algo : ces médecines de la douleur

publicité
Alter algo : ces médecines de la douleur
que l'on dit alternatives…
“Le destin de toute vérité est d’être ridiculisée avant d’être reconnue”
Albert Schweitzer
Jean-Jacques Eledjam
Chef du département
d’anesthésie-réanimation B
et du Centre de la douleur,
Centre hospitalier universitaire
de Montpellier
Les médecines alternatives, que certains qualifient de naturelles, vont de la
réflexothérapie à l’effet Kirlian en passant par la mésothérapie (dont les avantages potentiels sont développés dans un article de ce numéro, pages 83-86),
l’ostéopathie, l’acupuncture, l’homéopathie, la sophrologie, la musicothérapie,
etc. Certaines sont connues et réputées, d’autres relèvent de la croyance personnelle, voire du “charlatanisme”. La première interrogation qui vient à l’esprit se rapporte au lien entre ces différentes pratiques. Si l’on en croit Poujol
(L’Art de guérir en fonction des lois de l’univers, Paris : Trédaniel éditeur), ce
lien est l’énergie : “L’ÉNERGIE, indestructible et immortelle, dit-il, représente
le facteur dénominateur commun dans l’infinie diversité de notre monde de la
matière... Cette énergie, poursuit-il, de plus en plus subtile, nous relie aussi à
tous les phénomènes immatériels de l’univers et les autres mondes existant
hors de la matière”. Difficile à comprendre pour les non-initiés, les cartésiens
ou les sceptiques par nature...
y L’acupuncture est, parmi les médecines alternatives, celle qui subjugue le
plus, même si l’on se perd sur son origine : elle reste chinoise pour tous ; certains la font remonter à la préhistoire chinoise, d’autres y voient l’intervention plus récente des jésuites. C’est la base même du principe de l’équilibre
énergétique. Considérée longtemps comme de la “magie chinoise”, importée par un diplomate français, Soulié de Morant, vers 1925, elle doit
attendre 1983 pour s’appuyer sur une base scientifique, laquelle va donner
à l’acupuncture l’essor qu’on lui connaît aujourd’hui.
y À l’opposé de l’acupuncture, ce qui est le moins connu et peut-être le plus difficile à comprendre, c’est l’effet Kirlian ; cet effet, découvert en 1940, n’est rien
d’autre qu’une photographie de l’aura. Quel intérêt, me direz-vous, en médecine, même naturelle ? : “Eh bien, pour suivre l’évolution des maladies ou leurs
thérapeutiques, deux situations où les couleurs de l’aura se modifient...”
y Je ne peux résister, en terminant cet éditorial, à la tentation d’évoquer le
retour des sangsues, véritables usines à médicaments : ces invertébrés sécrètent
des substances anesthésiques, anticoagulantes, antibactériennes et anticancéreuses, sinon mystérieuses, à tout le moins mal connues. Hirudo medicinalis
vient d’obtenir le feu vert de la Food and Drug Administration à la seule condition qu’elles soient nourries dans le Gers au sang de canard “bio” ! De manière
moins triviale, un article sur les médecines douces et le cancer récemment publié
dans les très sérieuses Annals of Oncology (1) a attiré mon attention : les auteurs
y rapportent que 36 % des patients atteints de cancer feraient appel aux médecines douces à un moment donné de l’évolution de la maladie. Cette étude,
menée dans 14 pays européens, doit nous inciter à la prudence et à rappeler le
rôle respectif des différents moyens thérapeutiques.
Référence bibliographique
1. Molassiotis A et al. Use of complementary and alternative medicine in cancer patients: a European
survey. Ann Oncol 2005;16:655-63.
Le Courrier de l’algologie (4), n ° 2, avril/mai/juin 2005
55
Téléchargement