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Le Courrier de l’algologie (4), n°2, avril/mai/juin 2005
“Le destin de toute vérité est d’être ridiculisée avant d’être reconnue”
Albert Schweitzer
Les médecines alternatives, que certains qualifient de naturelles, vont de la
réflexothérapie à l’effet Kirlian en passant par la mésothérapie (dont les avan-
tages potentiels sont développés dans un article de ce numéro, pages 83-86),
l’ostéopathie, l’acupuncture, l’homéopathie, la sophrologie, la musicothérapie,
etc. Certaines sont connues et réputées, d’autres relèvent de la croyance per-
sonnelle, voire du “charlatanisme”. La première interrogation qui vient à l’es-
prit se rapporte au lien entre ces différentes pratiques. Si l’on en croit Poujol
(L’Art de guérir en fonction des lois de l’univers, Paris : Trédaniel éditeur), ce
lien est l’énergie : “L’ÉNERGIE, indestructible et immortelle, dit-il, représente
le facteur dénominateur commun dans l’infinie diversité de notre monde de la
matière... Cette énergie, poursuit-il, de plus en plus subtile, nous relie aussi à
tous les phénomènes immatériels de l’univers et les autres mondes existant
hors de la matière”. Difficile à comprendre pour les non-initiés, les cartésiens
ou les sceptiques par nature...
y
L’acupuncture
est, parmi les médecines alternatives, celle qui subjugue le
plus, même si l’on se perd sur son origine : elle reste chinoise pour tous ; cer-
tains la font remonter à la préhistoire chinoise, d’autres y voient l’interven-
tion plus récente des jésuites. C’est la base même du principe de l’équilibre
énergétique. Considérée longtemps comme de la “magie chinoise”, impor-
tée par un diplomate français, Soulié de Morant, vers 1925, elle doit
attendre 1983 pour s’appuyer sur une base scientifique, laquelle va donner
à l’acupuncture l’essor qu’on lui connaît aujourd’hui.
yÀ l’opposé de l’acupuncture, ce qui est le moins connu et peut-être le plus dif-
ficile à comprendre, c’est l’effet Kirlian ; cet effet, découvert en 1940, n’est rien
d’autre qu’une photographie de l’aura. Quel intérêt, me direz-vous, en médeci-
ne, même naturelle ? : “Eh bien, pour suivre l’évolution des maladies ou leurs
thérapeutiques, deux situations où les couleurs de l’aura se modifient...”
yJe ne peux résister, en terminant cet éditorial, à la tentation d’évoquer le
retour des sangsues, véritables usines à médicaments : ces invertébrés sécrètent
des substances anesthésiques, anticoagulantes, antibactériennes et anticancé-
reuses, sinon mystérieuses, à tout le moins mal connues. Hirudo medicinalis
vient d’obtenir le feu vert de la Food and Drug Administration à la seule condi-
tion qu’elles soient nourries dans le Gers au sang de canard “bio” ! De manière
moins triviale, un article sur les médecines douces et le cancer récemment publié
dans les très sérieuses Annals of Oncology (1) a attiré mon attention : les auteurs
y rapportent que 36 % des patients atteints de cancer feraient appel aux méde-
cines douces à un moment donné de l’évolution de la maladie. Cette étude,
menée dans 14 pays européens, doit nous inciter à la prudence et à rappeler le
rôle respectif des différents moyens thérapeutiques.
Référence bibliographique
1.
Molassiotis A et al. Use of complementary and alternative medicine in cancer patients: a European
survey. Ann Oncol 2005;16:655-63.
Alter algo : ces médecines de la douleur
que l'on dit alternatives…
Jean-Jacques Eledjam
Chef du département
d’anesthésie-réanimation B
et du Centre de la douleur,
Centre hospitalier universitaire
de Montpellier