Le franc

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Le franc
Le franc naît le 5 décembre 1360 à Compiègne et meurt le 31 décembre 2001 à Maastricht.
Jean II le Bon est sacré roi à Reims en 1350 à la mort de son père Philippe VI. Ce roi est un
chevalier, aimant batailles, chasses et fêtes. Comme son père, il est très mauvais gestionnaire.
En 1356, les hostilités avec les anglais reprennent en Berry et Normandie. Le 19 septembre
1356, les Français sont défaits à Poitiers et le roi Jean II est fait prisonnier. Son fils, le
Dauphin Charles, prend alors le titre de lieutenant général du royaume (régent), et rétablit
l'autorité royale à Paris.
Jean le Bon est emmené en captivité en Angleterre. Les négociations mettent plus de 3 ans
pour aboutir. Le traité de Brétigny en 1360 donne de nombreux territoires aux Anglais (1/3 de
la France de l'époque), dont Calais et l'embouchure de la Somme. Le roi Edouard III renonce
alors à ses prétentions sur le trône de France, offre la liberté à Jean le Bon contre une rançon
de 3 millions de livres tournois soit 12,5 tonnes d'or.
Le royaume étant ruiné, Jean II "vend" sa fille au duc de Milan, Galéas Visconti, contre
600 000 livres. Il est libéré après un premier versement de 400 000 livres et s'engage à verser
le solde pendant 6 ans.
Revenant de captivité, il arrive à Compiègne et prend plusieurs ordonnances importantes le 5
décembre 1360 :
- Création d'une nouvelle taxe sur le sel, la gabelle,
- Création d'un impôt direct, le fouage, sur les foyers ou "feus",
- Création du "franc", commémorant sa libération. "Nous avons été délivré à plein de
prison et sommes franc et délivré à toujours" rappelle le monarque dans son ordonnance.
Le mot franc apparaissait déjà en 241, dans le texte d'un auteur en latin, désignant un peuple
germanique. Dans leur langue, le mot franc signifie homme libre.
On pense que c’est le conseiller du roi, Oresme, évêque de Lisieux, grand économiste, qui eut
l’idée de créer cette nouvelle unité. Dans son «Traité des Monnaies» en 1370, ce clerc prône
une monnaie stable et unique, garante de la puissance du souverain.
De ce fait, la monnaie réelle et la monnaie de compte se trouvent confondues.
Jean le Bon mourra en captivité en Angleterre le 8 avril 1364. Il s'est livré suite à l'évasion des
gentilshommes français restés en otages dont son fils Louis d'Anjou, en garantie de la rançon.
Le Franc "à cheval" - 1360
Le franc est une pièce d'or fin de 3,87 g (63 pièces dans un marc d'or de 244,75 g) sur laquelle
est représenté le roi à cheval. Cette pièce de monnaie vient en complément de l'écu d'or qu'a
introduit Saint Louis au siècle précédent, et de la livre tournois en argent. Le franc vaut une
livre ou vingt sous tournois.
En 1365, Charles V fait frapper une nouvelle version du franc qui
montre le roi à pied tenant une épée à la main. Valant 20 sous, il est
l'équivalent de la livre mais un peu plus léger, soit 3,82g (64 pièces
dans un marc d'or). On l'appellera aussi denier d'or.
Charles VI continuera d'émettre des francs "à pied".
Le Franc "à pied" - 1365
En 1437, Charles VII reprend le franc "à cheval", mais d'un poids
plus faible soit 3,06 g.
Cette monnaie sera la dernière en or.
Le 15 mai 1575, Henri III émet une monnaie de 20 sols (ou sous) en
argent non pur (833/1000), pesant 14,18 g. On l'appelle alors le
franc d'argent, il vaut 1/3 d'écu. On trouve également des demis et
quarts de franc.
On trouve des francs d'argent à l'effigie
d'Henri IV, mais frappé à Pau par Henri
III de Navarre avant qu'il ne devienne roi
de France en 1589.
En 1586, la frappe du franc est interdite, car sa valeur intrinsèque n'a
cessé de diminuer. Seuls sont mis en service demis et quarts de
franc.
En décembre 1614, Louis XIII fait émettre demi-francs et des
quarts de francs, pesant respectivement de 7,094 g, et 3,54 g
d’argent à 833/1000.
Louis XIII remplace le franc par les écus et les louis à partir du 23
décembre 1641. Il n'est plus une monnaie réelle, mais sert
toujours de monnaie de compte du fait de son métal et de son
poids comme une monnaie étrangère.
Au XVIIIe siècle, on tente d'introduire une monnaie de papier, les
billets étant gagés sur des richesses réelles ou à venir. Une première expérience a lieu sous la
Régence, la garantie étant les ressources des colonies de Louisiane. La deuxième expérience,
au début de la Révolution avec la création d'assignats, a comme garantie les biens du clergé et
des émigrés.
La valeur des billets imprimés par les pouvoirs publics dépasse à chaque fois les richesses en
gage, on revient aux pièces d'or et d'argent...
Le franc réapparaît sous la Convention, qui décrète le 1er août 1793, que le franc est la seule
monnaie légale en France, sa valeur est fixée à 5 g d'argent.
Les lois du 7 avril 1795 (18 germinal an III) et du 15 août 1795 (28 thermidor an III)
instaurent le système décimal à la monnaie. Le franc se divise en 100 centimes.
Les pièces de monnaies sont : 1, 2, 5, 10 centimes, 1, 2, 5 décimes, 1/4, 1/2, 1, 2, 5 francs.
Le 20 octobre 1799 (29 vendémiaire an VII), il est fait interdiction d'utiliser les anciennes
monnaies royales de cuivre et bronze. Les monnaies d'or et d'argent sont encore tolérées.
Le 7 avril 1803 (le 17 germinal an XI), Bonaparte fixe la fabrication de
la monnaie. Le franc, est défini comme une pièce d’argent de 5 g
contenant 4,5 g d’argent pur soit 9/10. On l'appelle le “franc
germinal”.
Une pièce d'or (6,45 g - 900/1000) de 20 francs
est également crée.
Malgré des frappes différentes, Bonaparte,
Napoléon, Louis XVIII, ... Cerès, Mariane, elle porte
aujourd'hui le nom de "Napoléon" ou Louis d'or.
Le franc germinal fera preuve d’une exceptionnelle stabilité puisqu’il subsistera pendant plus
qu’un siècle, même si la légende qui orne les pièces évoluera au gré de l’histoire,“République
Française” étant supplanté par “Empire Français” à plusieurs reprises.
En 1865, une convention monétaire (l'Union Latine), réunissant la France, la Belgique, La
Suisse et l'Italie, rejoint par la Grèce en 1868, décide l'harmonisation des monnaies et leur
libre circulation puisqu'elles ont une valeur identique (même poids et même métal mais
gravure différente).
En 1879, le franc d'or, unité monétaire française pèse 0,3225 g, il durera jusqu'en 1928.
Les colonies frappent également des francs qu'ils garderont à leur indépendance.
Après la Première Guerre mondiale, l’inflation a raison du franc germinal dont la valeur ne
cesse de baisser. Le gouvernement Poincaré, en 1928, proclame la dévaluation du franc-or et
donne une nouvelle définition au franc dont la valeur est fixée à 65,5 mg d’or à 900/1000. Le
franc Poincaré succède au franc germinal, mais sa carrière sera plus brève. Il est dévalué à
plusieurs fois dans les années 30 et doit sortir du système de l’étalon-or (franc Auriol - 1936,
franc Bonnet - 1938, franc Reynaud - 1940).
La Seconde Guerre mondiale lui porte un nouveau coup et l’inflation galopante lui impose
plusieurs nouvelles dévaluations dans la deuxième moitié des années 40.
L’emprunt Pinay indexé sur l’or (du nom du ministre des Finances de l’époque) lui donne un
sursis en 1952, mais il disparaît définitivement fin 1959 au profit du “nouveau franc” qui vaut
100 anciens francs (ce qui lui vaut aussi l’appellation de “franc lourd”).
Il n'est plus défini par rapport à l'étalon-or mais par rapport au dollar américain ; 1US$ égale
4,93 NF. Le nouveau franc correspond à 0,1802 g d'or fin.
En janvier 1963, le terme franc F remplace le terme NF.
Une nouvelle dévaluation du franc en 1969, entraîne des
pourparlers au sein de la communauté européenne.
En 1979, afin d'harmoniser les économies européennes, il entre
dans le Système Monétaire Européen (SME, on dira même
serpent monétaire) pour constituer avec les autres monnaies de l'Europe, une unité de compte
baptisée ECU, qui rappelle le nom d’une ancienne monnaie française et qui est en même
temps l’acronyme de l’expression anglaise “European Currency Unit”.
Le 7 février 1992, le traité de Maastricht sur l’Union Européenne, ratifié par les Français par
voie de référendum, prévoit “l’établissement d’une union économique et monétaire
comportant, à terme, une monnaie unique”.
Au sommet de Madrid en 1995, les chefs d’État et de gouvernement des États membres de
l’Union européenne décident que la monnaie unique s’appellera l’euro.
Le premier janvier 1999, le franc perd son monopole au profit de l'euro.
Le 17 février 2002, le franc est mort, vive l'euro.
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À lire :
"La légende du franc de 1360 à demain", G.Valance, Flammarion
«Histoire du franc, 1360-2002» Georges Valance,( Flammarion, 1996).
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Site à consulter :
- Les monnaies de France : http://www.cgb.fr/monnaies/articles/monnaiesfrance/
- L'histoire de France pièce par pièce : http://www.cpror.com/index5.htm
- Les pièces de 20 francs or : http://perso.wanadoo.fr/horizonfr/les_pieces_d'or_20_francs.htm
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Description du franc de 1360
Le roi est à cheval, au galop, armé de toutes pièces, coiffé d'un heaume surmonté d'un grand
lys, porte une tunique fleurdelisée ; le carapaçon du cheval est brodé de fleur de lys. Le roi
tient la bride d'une main et de l'autre, brandit une épée.
En inscription circulaire, on lit "Johannes Deo Gratia Francorum Rex" Jean Roi de France
par la volonté de Dieu.
De l'autre côté, est représentée une croix dans un motif "de trèfle à quatre feuilles". La
légende est : "XPC regnat Imperat Vincit" le Christ règne, gouverne, triomphe.
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Cette page est extraite d'un site concernant les unités de mesure dont l'adresse est :
http://www.utc.fr/~tthomass/Themes/Unites
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