Le concile précise qu’il convient de tenir compte des genres littéraires dans leur
ensemble, mais encore de chacun d’eux. En effet, chaque genre littéraire a une fonction
particulière : un poème n’est pas un récit. Grâce au genre littéraire, l’on saisit l’intention de
l’auteur, et partant ce que Dieu a voulu nous dire à travers lui :
En effet, pour vraiment découvrir ce que l'auteur sacré a voulu affirmer par écrit, on
doit tenir un compte exact soit des manières natives de sentir, de parler ou de raconter
courantes au temps de l'hagiographe, soit de celles qu'on utilisait à cette époque dans les
rapports humains (…). (Dei Verbum, 12).
Comme nous n’avons jamais fini de redécouvrir les richesses de la Parole de Dieu, le
pape Benoît XVI a décidé de consacrer le synode d’octobre 2008 à la « Parole de Dieu dans la
vie et la mission de l’Église ». Cette assemblée synodale reprend, prolonge et approfondit la
constitution conciliaire Dei Verbum
.
Ainsi, les Pères synodaux reviennent sur l’exigence d’affronter la rugosité de la
Parole, exigence tant pour la comprendre que pour la vivre. En effet, elle est cette parole
douce et amère que doit dévorer le prophète Jean (cf. Ap 10, 10) à la suite de son ancêtre
Ézéchiel (cf. Ez 2-3). Le chrétien est amené à accepter l’amertume d’une confrontation
patiente et rigoureuse avec la Parole pour en tirer les doux fruits de la conversion, et en
l’occurrence pour une lecture correcte et fructueuse de la figure de Marie dans les Écritures.
C’est pourquoi, personne n’est dispensé d’une lecture éclairée de la Bible :
Tout lecteur des Saintes Écritures, même le plus simple, doit avoir une certaine connaissance
du texte sacré, se rappelant que la Parole est revêtue de paroles concrètes auxquelles elle se plie et
s'adapte pour être audible et compréhensible par l'humanité. C'est une tâche nécessaire : si on
l'exclut, on peut tomber dans le fondamentalisme qui, concrètement, nie l'incarnation de la Parole
divine dans l'histoire, et ne reconnaît pas que cette Parole s'exprime dans la Bible selon un langage
humain, qui doit être déchiffré, étudié et compris, et ignore que l'inspiration divine n'a pas effacé
l'identité historique et la personnalité propre des auteurs humains. Mais la Bible est aussi Verbe
éternel et divin, et c'est pourquoi elle exige une compréhension autre, donnée par l'Esprit Saint qui
dévoile la dimension transcendante de la parole divine, présente dans les paroles humaines
.
3. Vatican II et lectures africaines de la Bible
Dès la renaissance de la théologie négro-africaine contemporaine en 1956, avec le
livre initiateur, Des prêtres noirs s’interrogent, s’est posée la question d’une lecture de la
Bible en contexte africain. Les théologiens africains trouveront dans le Concile Vatican II un
encouragement à creuser cette intuition. Ainsi, Engelbert Mveng ouvrira des pistes
intéressantes pour une lecture de la Bible à la lumière de l’histoire africaine
. Historien et
théologien, sa connaissance des langues bibliques et de l’histoire ancienne lui permet de
plonger lui-même dans le texte biblique. Pour concrétiser cette dynamique initiée par Vatican
II, il organise, du 20 au 30 Avril 1972, un congrès autour de la Parole de Dieu, avec pour
thème : « L’Afrique Noire et la Bible »
.
Au congrès de Jérusalem répondra la première rencontre de Biblistes africains, en terre
africaine. Il se tiendra à Kinshasa en décembre 1978, sur l’initiative de Laurent Monsengwo et
Jean Adalbert Nyeme Tese. Ce sera l’aîné d’une longue série de rencontres. Depuis 1987, les
L’exhortation post-synodale, Verbum Domini, a été publiée en 2010.
12è Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, Message du synode sur la Parole de Dieu, Rome,
2008, n° 5.
Cf. E. Mveng, L’Afrique dans l’Église, paroles d’un croyant, Paris, L’Harmattan, 1985, p. 200.
Cf. E. Mveng / R.J.Z. Werblowsky (éd.), Black Africa and the Bible. L’Afrique Noire et la Bible, Jérusalem,
The Israël and Interfaith Committee, 1972.