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sciences sociales auxquelles elles prétendent ajouter d’importants éléments, notamment en ce qui
concerne la base biologique des comportements.
Depuis 1975, les idées avancées par les sociobiologistes ont certes répondu à plusieurs
questions que l’on pouvait se poser sur la nature humaine, mais ont également suscité d’autres
interrogations : comment Edward O. Wilson est-il arrivé, en 1975, à écrire un livre comme
Sociobiology. The New Synthesis ? Quelles sont les implications et les conséquences de son
contenu ? Quels ont été les courants d’idées et les sources scientifiques ou philosophiques ayant
permis la formulation de la sociobiologie animale et sa métamorphose en sociobiologie
humaine ? Yves Christen, dans L’Heure de la sociobiologie, paru en 1979, déclarait que
« Malgré les oppositions, les sociobiologistes ont réussi à susciter une extraordinaire série
d’études qui sont peut-être en train de bouleverser l’ethnologie, la sociologie, voire l’histoire. Ils
affirment aujourd’hui qu’on peut expliquer à travers cette science nouvelle des phénomènes aussi
importants que les guerres, les déviations sexuelles, la recherche du pouvoir, la xénophobie,
l’altruisme et l’égoïsme, et même la religion, la morale, la culture ». En fait, les sociobiologistes
ne cherchent pas à dissimuler leur ultime ambition : substituer leur domaine d’étude aux sciences
humaines telles qu’on les pratique aujourd’hui. De telles affirmations ont de quoi inquiéter.
Partant d’observations faites sur les mœurs des insectes dits « sociaux » (fourmis,
abeilles, guêpes et termites3), et de certains animaux aux comportements dits « sociaux » très
développés (notamment les babouins et tous les singes anthropoïdes4), plusieurs biologistes ont
étendu à l’étude des populations humaines les théories de la sociobiologie animale – que