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Correspondances en neurologie vasculaire - Vol. IV - n° 2 - octobre-décembre 2004/Vol. V - n° 1 - janvier-mars 2005
une coordination assurée par un neurologue
libéral, le Dr Menassa, dont la consultation
spécialisée pour les AVC est dédiée aux
patients de Bourgogne désireux d’avoir une
prévention optimisée. Malgré ce maillage du
terrain, il a été nécessaire de trouver un moyen
permettant un suivi de proximité et continu sur
le long terme.
L
ESUIVI TÉLÉPHONIQUE À DOMICILE
PAR UNE INFIRMIÈRE
-
CLINICIENNE
:
UN TRANSFERT DE COMPÉTENCES
C’est dans cet objectif que nous avons formé
une infirmière, Mme Février, pour préparer la
sortie du patient du service de neurologie et
assurer un suivi téléphonique à domicile. Cette
infirmière diplômée d’État a été spécifiquement
formée, sur 6 mois, aux mécanismes des AVC, à
leurs différents sous-types, aux différentes
causes, aux différents facteurs de risque vascu-
laire, aux signes cliniques, aux différentes explo-
rations paracliniques à visée diagnostique, étio-
logique et pronostique, et aux différentes
modalités thérapeutiques en phase aiguë et en
prévention secondaire. Il s’agit d’une infirmière-
clinicienne, véritable “infirmière-AVC”, compa-
rable aux
stroke-nurses
du Canada.
Ainsi, cette infirmière spécialisée intervient
auprès des malades en deux temps :
–À l’hôpital, par l’éducation du malade et de
sa famille, concernant les facteurs de risque
vasculaire, la nécessité d’un régime alimen-
taire plus riche en acides gras poly-insaturés et
peu salé, d’une activité physique modérée
mais continue, assortie du respect de l’ordon-
nance permettant de corriger les facteurs de
risque. L’ordonnance est analysée et expliquée
au patient et à sa famille, avant la sortie.
–À domicile, par le suivi téléphonique men-
suel. On a constaté que cette intervention était
incontournable, car les effets bénéfiques de
l’éducation du patient et de sa famille juste
avant la sortie de l’hôpital s’étiolaient rapide-
ment s’il n’y avait pas un rappel continu.
Tous les mois, l’infimière-AVC rappelle le
patient pour évaluer son état général, l’absence
d’aggravation du handicap, mesuré par les
scores de Barthel et de Rankin, et l’absence de
dépression nerveuse, mesurée par le test de
HARD. Elle s’assure aussi que le patient se
conforme à l’ordonnance et qu’il n’y a pas de
changements, involontaires ou non, dans la
posologie et le nombre de médicaments
majeurs que sont les médicaments de l’HTA, de
l’hypercholestérolémie, du diabète, les traite-
ments à visée cardiaque, les antiagrégants, les
anticoagulants, sans oublier l’arrêt du tabac.
Ce suivi téléphonique mensuel est pour nous
très instructif, car, sur un an, nous avons
constaté que, à trois mois, 25 % des patients
avaient modifié leur traitement, après avis de
leur médecin traitant dans 60 % des cas, ou
sans son avis dans 40 % des cas. Les trois
changements intempestifs les plus fréquents
ont été l’arrêt ou la diminution du traitement
antihypertenseur, l’arrêt des antivitamines K,
remplacés par du clopidogrel, malgré la persis-
tance de l’arythmie cardiaque, et l’arrêt d’une
statine chez des patients ayant plusieurs fac-
teurs de risque vasculaire ou plusieurs locali-
sations athéromateuses.
Les diagnostics effectués par Mme Février sont
alors transmis au médecin coordonnateur du
réseau, le Dr Menassa, qui, par un courrier per-
sonnalisé, signale le problème de prévention
inadaptée au médecin traitant et envisage avec
lui les solutions les plus appropriées.
L
ES TRANSFERTS DE COMPÉTENCES
Notre expérience qui est celle d’une véritable
mutation (1), a été mise en place d’un commun
accord par les professionnels médicaux et
paramédicaux, ces derniers ayant acquis, par
leur exercice, des compétences certaines facili-
tant l’apprentissage et la polyvalence.
Cette expérience, rendue nécessaire par la dimi-
nution de la population médicale, a le mérite de
démontrer la faisabilité de ce transfert de com-
pétences, sous certaines conditions, dont la
principale reste l’encadrement médical. Le
vie professionnelle