pital, s’étiolaient rapidement s’il n’y
avait pas un rappel continu.
Tous les trimestres, l’infimière-AVC
rappelle le patient pour évaluer
son état général, l’absence d’ag-
gravation du handicap mesuré par
les scores de Barthel et de Rankin,
l’absence de dépression nerveuse
mesurée par le test de HARD. Elle
s’assure aussi que le patient est
compliant vis-à-vis de l’ordon-
nance et qu’il n’y a pas de change-
ments, involontaires ou non, dans
la posologie et le nombre de
médicaments majeurs que sont
les médicaments de l’HTA, de
l’hypercholestérolémie, du dia-
bète, les traitements à visée car-
diaque, les anti-agrégants, les anti-
coagulants, sans oublier l’arrêt du
tabac.
Ce suivi téléphonique trimestriel
est pour les médecins très instructif
car sur un an il a été constaté qu’à
3 mois, 25 % des patients avaient
modifié leur traitement, après avis
de leur médecin traitant dans 60 %
des cas, ou sans son avis dans
40 % des cas. Les 3 changements
intempestifs les plus fréquents ont
été l’arrêt ou la diminution du trai-
tement antihypertenseur, l’arrêt
des anti-vitamines K remplacées
par le clopidogrel malgré la persis-
tance de l’arythmie cardiaque, l’ar-
rêt d’une statine chez des patients
ayant plusieurs facteurs de risque
vasculaires ou plusieurs localisa-
tions athéromateuses.
Les constatations effectuées par
Mme Février sont transmises au
médecin coordonnateur du réseau,
le Dr M. Menassa, qui par un cour-
rier personnalisé signale le pro-
blème que pose une prévention
inadaptée au médecin traitant et
envisage avec lui les solutions les
plus appropriées.
Transfert de compétences
L’expérience faite en Bourgogne est
une véritable mutation (2) mise en
place d’un commun accord entre
les professionnels médicaux et
paramédicaux, ces derniers ayant
acquis par leur exercice des com-
pétences certaines facilitant l’ap-
prentissage et la polyvalence.
Cette expérience, rendue nécessaire
par la baisse de la démographie
médicale, soutenue par l’URCAM et
l’ARH de Bourgogne, a le mérite de
démontrer la faisabilité de ce trans-
fert de compétences sous certaines
conditions, dont la principale reste
l’encadrement médical. Le transfert
de compétences apporte une légi-
time reconnaissance aux profes-
sions paramédicales et des possibili-
tés d’évolution de carrière qu’elles
n’avaient pas jusqu’alors (3).
Cette question du partage des
tâches, voire des compétences
s’applique à la Bourgogne, où la
crise démographique, la dispersion
des malades, la disparité des
moyens et de l’accès aux soins, la
surconsommation médicale entraî-
nent une activité accrue des méde-
cins, moins disponibles pour la pré-
vention, qui nécessite dialogue et
disponibilité.
Si à l’étranger, les expériences de
transfert de compétences sont
nombreuses et parfois anciennes,
elles sont plus rares en France. A
notre avis, une infirmière formée,
spécialisée, peut prendre la res-
ponsabilité du suivi, de l’éducation,
des conseils diététiques et de la
compliance envers l’ordonnance.
Vaincre les difficultés
Malgré l’intérêt indiscutable des
transferts de compétences, cette
pratique peut poser cependant
quelques problèmes :
•Responsabilité de l’acte délégué.
•Diminution de la qualité et de la
sécurité des soins.
•Nécessité d’une formation spéci-
fique, de l’utilisation de protocoles
validés optimisant la sécurité de
l’acte.
•Nécessité de l’évaluation des
compétences et des acquis.
•Collaboration nécessaire avec un
encadrement médical, et utilité
d’un rétrocontrôle dans l’esprit de
tolérance, d’écoute et de respect
mutuel.
Encouragée par ces résultats satis-
faisants, l’expérience bourgui-
gnonne se poursuit et elle devrait
aboutir à une réflexion plus géné-
rale sur le métier d’infirmière-
clinicienne, qui est déjà fort utile
dans d’autres domaines comme
la diabétologie, l’hémodialyse, la
cancérologie, la gérontologie et
l’ophtalmologie.
Deux points essentiels
•Il faut légitimer le transfert par
une formation adaptée. La création
de nouveaux enseignements et de
nouvelles formations sera néces-
saire, par exemple dans le
domaine des infirmières spéciali-
sées en endoscopie ou en écho-
cardiographie. À ce sujet, rappelons
que la neurologie a joué un rôle
précurseur avec le diplôme d’infir-
mière-technicienne en électrophy-
siologie (EEG, EMG), qui existe
depuis plus de 40 ans et ouvre le
droit à la réalisation de l’examen
lui-même.
•Il faut que le transfert de tâches
et de compétences s’accompagne
d’une collaboration entre profes-
sions médicales et professions
paramédicales, sous la responsabi-
lité du médecin, et de l’accompa-
gnement des tutelles.
Ainsi, l’expérience bourguignonne
est une réponse aux problèmes
géosanitaires et de démographie
médicale et paramédicale que
connaît cette région, et elle peut
être appliquée à d’autres régions.
Guy-Victor Osseby,
Michaël Menassa,
Michelle Février,
Bernard Vernet,
Didier Jaffre,
Pierre Routhier,
Maurice Giroud.
CHU 21000 Dijon
Références
1.
Giroud M, Osseby GV. La prise en charge
des AVC en France, un nouvel enjeu dans
l’organisation des soins hospitaliers. La
Presse Médicale 2004;33:293-4.
2.
Ducloux M. À quelles conditions transfé-
rer nos competences ? Le Bulletin de
l’Ordre des médecins 2004;2:3-10.
3.
Berland Y. Coopérations des professions
de santé : le transfert des tâches et des
compétences. Rapport d’étape. 2003.
www.sante.gouv.fr.
PPrrooffeessssiioonnss SSaannttéé IInnffiirrmmiieerr IInnffiirrmmiièèrree NN°°6633 ••mai 2005
AAccttuuaalliittéé PPrrooffeessssiioonn 5
IInnffooss ......
Pour le réseau
Bourgogne-AVC
1 : Unité
neurovasculaire –
CHU – 3 rue
du Faubourg Raines
– 21000 Dijon
2 : Réseau
Bourgogne-AVC –
Service de neurologie
– CHU – 3 rue du
Faubourg Raines –
21000 Dijon
3 : Infirmière-
clinicienne dans le
réseau Bourgogne-
AVC
4 : Médecin
généraliste à Avallon –
Président de
l’Association du
réseau Bourgogne-
AVC
5 : Secrétaire général
– Agence régionale
d’hospitalisation
de Bourgogne –
1 rue Monge –
21000 Dijon
6 : Directeur – Union
régionale des caisses
d’assurances
maladies –
14 rue Jean Giono –
21000 Dijon
Pr M. Giroud,
Service de neurologie
CHU – 3 rue
du Faubourg Raines
21000 DIJON