Soins libéraux 26/04/04 16:00 Page 41 Soins Libéraux La varicelle La saison des petits boutons La varicelle est la plus fréquente des maladies infantiles. Banale mais pas anodine : elle est en effet susceptible de complications lorsque les soins de base sont mal effectués ou ne le sont pas et lorsqu’elle atteint l’adulte. D ue au virus VzV, l’affection est courante avant 9 ans. La varicelle est une maladie virale bénigne de l’enfant, et la protection doit se faire au niveau des complications infectieuses liées aux surinfections bactériennes. Mais, depuis quelques années, on note l’apparition de plus en plus fréquente de cas après 14 ans, voire chez l’adulte. C’est avec l’émergence de ces formes tardives qu’apparaissent des formes plus compliquées. Les complications concernent en moyenne 1 à 5 % des patients. La plus fréquente en est l’infection cutanée. Bactérienne, elle est due au staphylocoque doré, au streptocoque bêta-hémolytique, mais aussi, plus rarement, au Pseudomonas. Surinfection simple, localisée au départ, elle peut réaliser un impétigo, un érysipèle ; généralisée, sont à redouter une lymphangite, une cellulite, une gangrène, voire une septicémie. Les conséquences locales peuvent alors réaliser une épidermolyse, une nécrose cutanée ; générales, un choc. Dans ces différents cas, une hospitalisation est nécessaire, avec une prise en charge médicale (perfusion, réanimation, antibiothérapie) ou chirurgicale (parage de plaie a minima). Pour un cas sur 40 000, une méningo-encéphalite, plus rarement une encéphalopathie. Associée à une hépatite, elle réalise le syndrome de Rye. Sont également possibles les hépatites, les pneumopathies, les atteintes hématologiques. Pour éviter ces complications, des mesures simples sont possibles ; parfois, des conseils d’hygiène basiques sont suffisants. L’important est donc, pour le personnel soignant, d’avertir les parents de l’enfant atteint, l’entourage de l’adulte, de la possibilité d’apparition de ces complications. Mais aussi de guetter des signes annonciateurs. Mesures à prendre Pour prévenir l’infection cutanée, on peut préconiser des douches ou des bains rapides avec des savons ou des gels surgras, suivis d’un rinçage et d’un séchage soigneux mais sans frottement. Préconiser le tamponnement ou le sèche-cheveux de préférence dans ce cas. Plutôt que les applications de pommades ou de talc, responsables de macération locale, on utilisera les antiseptiques locaux en spray ou en liquide. Les vêtements seront choisis en coton, amples, sans zone de frottement, sans couture saillante, englobant en une pièce l’ensemble du corps. Coupés courts, les ongles seront soigneusement nettoyés. Pour lutter contre le prurit, la prise d’un antihistaminique est possible, comme la prescription d’AINS ou de paracétamol en cas de fièvre. Dans les formes simples, sur terrain sain, la prescription d’antiviraux est inutile. Elle ne peut se justifier que sur des terrains immuno-déprimés ou pour des formes graves d’emblée ou compliquées. La varicelle néonatale, survenant dans les jours qui suivent l’accouchement, ou la varicelle maternelle, survenant dans les quelques jours qui le précèdent, sont souvent gravissimes. La mortalité atteint alors 35 % des nouveau-nés. D’où l’importance des conseils de prévention chez les femmes proches du terme : ne pas approcher d’enfants porteurs du virus ou ayant été en contact avec lui. Même surveillance et même prévention chez les nourrissons de moins d’un an, et chez les immuno-déprimés, pour qui les conséquences sont aussi souvent dramatiques. JB Faut-il vacciner ? Les enfants doivent-ils ou non être vaccinés contre la varicelle ? Jusqu’à présent, cette pathologie n’est pas inscrite au calendrier vaccinal, mais la donne pourrait éventuellement changer. Toute arrivée d’un vaccin suscite une polémique. C’est le cas du nouveau vaccin contre la varicelle, utilisé aux États-Unis depuis 1995. Ses défenseurs invoquent des cas graves et parfois mortels. Selon les chiffres Inserm du réseau Sentinelles, la varicelle touche entre 600 000 et 700 000 personnes chaque année. Mais ce chiffre n’est pas en augmentation. Au cours des vingt dernières années, on a enregistré 317 décès, les principales victimes étant des adultes de plus de 20 ans. Selon le laboratoire producteur du vaccin, la tolérance au vaccin serait bonne, mais des études font craindre un développement du zona. En effet, une vaccination des enfants, en disséminant à grande échelle dans la population du virus de la varicelle atténué – c’est le principe même de la vaccination –, aurait comme conséquence d’augmenter l’incidence du zona, cette version adulte et aggravée de la varicelle. Par ailleurs, le vaccin n’est efficace que pendant huit ans, ce qui suppose une série de rappels difficile à faire suivre efficacement par la population, et qui déplacerait la maladie infantile vers l’adulte. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 54 • avril 2004 41