© Burger/Phanie
L
es tissus humains sont
capables, en effet, de réparer
des lésions localisées par des
processus de réparation et de régé-
nération qui leur sont propres.
Cependant, cette capacité reste sou-
mise à de nombreuses variations. De
ce fait, le traitement et les soins d’une
plaie n’obéissent jamais au même
schéma. Même en présence de
lésions d’étiologie identique, le pro-
cessus de cicatrisation pourra se
dérouler de façon totalement diffé-
rente selon les personnes.
Pour cette raison, un bon concept
thérapeutique débutera toujours par
une analyse et une appréciation pré-
cises, pour évaluer tant les caractéris-
tiques locales de la plaie que les fac-
teurs généraux du sujet atteint. Cette
évaluation devra également être
répétée systématiquement afin de
reconnaître les phases successives
normales d’une guérison spontanée,
ou de détecter à temps des anoma-
lies pour apporter une correction
rapide et appropriée.
Les différentes phases
La cicatrisation d’une plaie se déroule
en trois phases. Dans la pratique cou-
rante, ces trois phases sont appelées
respectivement phase de détersion,
de bourgeonnement et d’épithéliali-
sation. Chacune de ces phases est
caractérisée par des activités cellu-
laires spécifiques qui font progresser
le processus de réparation selon des
séquences chronologiques précises,
mais imbriquées les unes dans les
autres. La durée et l’intensité de cha-
cune des phases sont variables.
Une immaturité des cellules, une acti-
vité cellulaire insuffisante, tout
comme une croissance exubérante
entravent ou empêchent le déroule-
ment de la phase suivante. Le but
d’un traitement de plaie bien conduit
sera d’intervenir par une action régu-
latrice ou stimulante sur les diffé-
rentes phases de la cicatrisation. Le
pansement devra correspondre aux
besoins de la plaie au cours de cha-
cune de ses phases.
La cicatrisation commence par l’appa-
rition de phénomènes inflammatoires
précoces suivis par des sécrétions à
partir de vaisseaux sanguins et lym-
phatiques. La coagulation est induite
par activation de la thrombokinase qui,
libérée, permet la formation de fibrine.
Après environ 10 minutes, débutent
l’exsudation, qui va assurer la défense
contre l’infection, et la détersion de la
plaie. Au cours de cette phase, les
mitoses augmentent en nombre au
niveau de la plaie. Alors que la déter-
sion de la plaie se poursuit encore, les
fibroblastes se multiplient sous l’im-
pulsion des macrophages. Ces fibro-
blastes effectueront par la suite un tra-
vail de reconstruction.
Plaies et cicatrisation
Des schémas de soins
toujours différents
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
Sommaire
Les soins
Quand l’équilibre est rompu
Les pansements
De plus en plus actifs
Le patient diabétique
Une prise en charge globale
Les plaies de la main
À ne jamais négliger
Les brûlures
Quel degré d’urgence ? Quel soin ?
Les escarres
Ce n’est pas une fatalité
Les ulcères de jambes
Être attentif à la douleur et à l’infection
>>
>> DOSSIER
Une plaie se définit par une rupture de la continuité des
tissus de lenveloppe corporelle. On distingue divers
types de plaies. Aiguës ou chroniques, superficielles ou
profondes, les plaies sont associées à divers objectifs de
soins et risques d’infection. Le premier objectif est la
reconstitution tissulaire : la cicatrisation, phénomène
biologique naturel de réparation du tissu après une lésion.
© Garo/Phanie
PLAIES ET CICATRISATION 19
Dossier 23/02/04 15:49 Page 19
>> DOSSIER
Environ 4 jours après la blessure, l’or-
ganisme commence à combler la
perte de substance par un nouveau
tissu. Dans ce but, les fibroblastes
produisent, en premier lieu, des
mucopolysaccharides qui serviront de
matrice à l’élaboration des fibres col-
lagènes du tissu conjonctif.
La fibre collagène, définitive et inso-
luble, sera incorporée dans la matrice
mucopolysaccharide.
Dans le même temps, des néoca-
pillaires vont progresser dans cette
matrice pour assurer la nutrition du
tissu nouvellement formé. En pré-
sence de pertes de substance plus
importantes, les capillaires se pré-
sentent à la surface de la plaie
avec un aspect de granulation
rouge vif.
Une couche de sécrétions fibrineuses
apparaît à la surface du tissu néo-
formé. Des bourgeons vasculaires et
des cellules du tissu conjonctif y
pénètrent et vont, à leur tour, pro-
duire une nouvelle couche de sécré-
tions. Par ce mécanisme, ils font pro-
gresser lentement le bourgeon-
nement et, ainsi, combler progressi-
vement la plaie.
Entre le 6
e
et le 10
e
jour en moyenne,
commence la maturation des fibres
collagènes. La plaie se rétracte sous
l’influence des myofibroblastes. En
s’appauvrissant progressivement en
eau et en contenant de moins en
moins de vaisseaux, le tissu de granu-
lation devient plus ferme. Il se trans-
forme en tissu cicatriciel qui, à son
tour, favorisera la rétraction cicatri-
cielle. L’épithélialisation marque la fin
de la cicatrisation.
Plaies aiguës
et plaies chroniques
Les plaies aiguës et les plaies chro-
niques diffèrent notamment par le
temps nécessaire à l’achèvement de
l’épithélialisation.
Les plaies aiguës sont créées par un
agent traumatique dans un tissu sain.
La cicatrisation se déroule normale-
ment si le tissu est bien vascularisé.
Mais les plaies aiguës comme les
brûlures peuvent durer, ou devenir
chroniques lorsque la cicatrisation est
perturbée, dans le cas d’une infec-
tion, par exemple.
Il existe différentes lésions de la peau
dont l’aspect varie en fonction de la
cause. Ainsi, les abrasions trauma-
tiques de la peau sont provoquées
par le frottement d’une surface
mobile contre la peau ou une friction
sur une surface rugueuse (escarres).
La destruction peut être superficielle,
intermédiaire ou profonde.
Indiquée pour le traitement des
lésions épidermiques, la dermabra-
sion en traitement chirurgical est réa-
lisée avec une brosse métallique ou
une meule (petit instrument rotatif).
Elle met à nu le derme superficiel
pour améliorer l’aspect esthétique de
la cicatrice. Son traitement est iden-
tique à celui d’une brûlure de même
profondeur.
La plaie par avulsion peut provoquer
des lésions du tissu conjonctif souple
sous-jacent.
Dans le cas d’une plaie par contusion
traumatisme contondant, les lèvres
de la plaie sont dévitalisées.
Dans le cas d’une coupure provo-
quée par un objet tranchant, les
lèvres sont lisses, intactes.
Souvent produite par des forces de
cisaillement (morsure), la lacération
est, elle, une plaie déchiquetée, irré-
gulière.
Les plaies chroniques surviennent
généralement sur des tissus déjà cica-
trisés. Elles peuvent être favorisées par
une mauvaise fixation de l’épiderme
sur le derme ou des anomalies vascu-
laires ou métaboliques. Elles sont sou-
vent caractérisées par une importante
quantité de collagène qui réduit la vas-
cularisation et l’apport d’oxygène. Les
brûlures, enfin, sont des lésions aiguës
mais, pour certaines, les soins peuvent
durer longtemps.
Andrée-Lucie Pissondes
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
DOSSIER
20
>>
Quel type de plaie ?
La plaie correspond à :
• un érythème ;
• une phlyctène ;
• une dermabrasion ;
• une nécrose sèche.
La plaie est-elle :
• fibrineuse ± exsudative ;
• cavitaire ± exsudative ?
La plaie est-elle :
• cavitaire ± bourgeonnante ;
• bourgeonnante ± exsudative ;
• bourgeonnante ± épidermisée ;
• hyperbourgeonnante ?
Facteurs pouvant
avoir un effet néfaste
sur la cicatrisation
Obésité : diminution de la
vascularisation du tissu adipeux
et augmentation de la tension
dans la plaie.
Tabagisme : diminution de
l’oxygénation de la plaie et ano-
malies de la coagulation dans les
petits vaisseaux sanguins.
Âge : affaiblissement des
défenses immunitaires et dimi-
nution de la résistance aux germes
pathogènes.
Diabète : dysfonctionnement
leucocytaire, à cause de l’hyper-
glycémie. Risque d’ischémie
régionale en raison d’une oblité-
ration vasculaire ou de l’épais-
sissement de la membrane basale
des capillaires.
Autres : mauvaise circula-
tion/hypoperfusion, malnutrition,
médicaments immunosuppres-
seurs, irradiation de la lésion,
stress important, déficit sensitif
dans la région de la plaie, corti-
coïdes.
Focus ...
La rapidité
et la qualité
de la cicatrisation
d’une plaie
dépendent
de l’état général
de l’organisme
atteint, de l’étiologie
de la lésion, de l’état
et de la localisation
de la plaie, ainsi que
de la survenue
ou de l’absence
d’une infection.
© Raguet/Phanie
Dossier 23/02/04 15:49 Page 20
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
M
ais dès qu’une lésion cuta-
née, même minime, entraîne
une brèche dans les défenses antimi-
crobiennes de la peau, des bactéries
pénètrent dans l’organisme... Pour
soigner une lésion aiguë de la peau, il
faut, en premier lieu, éliminer les
débris organiques (sang, nécrose) qui
constituent un milieu idéal pour la
prolifération des bactéries et retar-
dent la cicatrisation. Le rinçage se fait
au sérum physiologique. En présence
de signes d’inflammation ou d’infec-
tion, la plaie sera ensuite nettoyée
avec un antiseptique aqueux en res-
pectant le temps de contact spéci-
fique de l’antiseptique choisi.
Les antiseptiques
L’utilisation d’un antiseptique en solu-
tion alcoolique (cytoxique) est à pros-
crire sur une plaie.
Les produits iodés ont une activité
bac
téricide rapide sur Gram (+) et
Gram (–),
sur les mycobactéries, une
activité fongicide, mais aucune activité
sporicide, et une activité virucide discu-
tée actuellement. Il ne faut pas les utili-
ser chez l’enfant de moins de 30 mois,
chez les brûlés à plus de 30 %, chez
les insuffisants rénaux, en cas d’intolé-
rance à l’iode, et ils sont incompatibles
avec les dérivés mercuriels.
La chlorhexidine est un bactéricide,
plus actif sur Gram (+) que sur
Gram (–), inactif sur les mycobacté-
ries, non sporicide, virucide sur le
VIH, virus herpès, non virucide sur le
virus de l’hépatite B, fongistatique.
Elle est incompatible avec les savons,
il faut donc soigneusement rincer
entre le savonnage et l’application de
l’antiseptique. Tout flacon ouvert doit
être utilisé immédiatement et ne pas
être conservé.
Les dérivés chlorés sont bactéricides
sur Gram (+) et Gram (–). Leur
action est rapide (moins d’une
minute), non bactéricide sur les
mycobactéries, dont le BK à cette
concentration, leur action sporicide
discutée et leur action virucide pro-
bable. Comme la chlorhexidine, ils
sont incompatibles avec les savons et
les matières organiques (pus, sang,
protéines), d’où la nécessité d’un rin-
çage soigneux.
Les ammoniums quaternaires, qui
sont des produits tensio-actifs catio-
niques, sont bactériostatiques sur
Gram (+) et Gram (–), ont un
spectre étroit, sont non sporicides,
fongistatiques et ont une activité viru-
cide variable.
Les carbanilides ont un spectre très
étroit sur les bactéries Gram (+) et
certains champignons comme trichlo-
phyton. Ils ne doivent pas être utilisés
chez le nouveau-né, lors d’un accou-
chement ou sur une muqueuse, et
sont incompatibles avec les savons.
Les dérivés mercuriels en solutions
aqueuse ou diluée et en solution
alcoolique sont bactériostatiques sur
Gram (+). De nombreux germes
sont résistants à ce produit aujour-
d’hui (Pseudomonas, entérobacté-
ries, staphylocoques).
Traitement d’appoint des affections
cutanées infectées ou susceptibles
de le devenir, ils ne doivent pas être
utilisés chez le prématuré, chez le
nouveau-né, sur peau lésée, brûlée,
sur une muqueuse, avant prélève-
ment ou injection et en cas d’hyper-
sensibilité aux dérivés mercuriels. Ils
présentent de nombreuses incom-
patibilités (matières organiques,
autres antiseptiques, dérivés chlorés,
dérivés iodés…).
Les infections
Dès que la peau est lésée, les bacté-
ries pénètrent dans l’organisme.
Selon les possibilités de défense du
patient, elles peuvent avoir un pou-
voir pathogène alors que, parallèle-
ment, se déclenche le processus de
cicatrisation.
Tout d’abord, il existe un certain
consensus : pas d’antibiothérapie
locale. On traite par voie générale et,
parfois, uniquement lorsque la plaie
provoque une bactériémie. L’analyse
bactériologique d’une plaie est inutile,
on pratique plutôt des hémocultures
en cas de fièvre.
Les plaies chroniques sont colonisées
par une flore bactérienne issue de la
flore cutanée, des flores commen-
sales des cavités voisines, de l’envi-
ronnement hydro-aérien. Cette flore
évolue au cours des différentes
étapes du processus de cicatrisation.
Au stade de la détersion, les Gram (+)
commensaux de la peau saine dispa-
raissent au profit de Gram (–).
Au fur et à mesure de la détersion, on
note une disparition progressive des
Gram (–) et une réapparition des
Gram (+). Dès que ceux-ci devien-
nent majoritaires, on peut considérer
que l’on est en phase de cicatrisation ;
la guérison ne sera totale que lorsque
les Gram (–) auront complètement
disparu et que la peau aura retrouvé
sa flore à Gram (+).
Colonisation ou infection ?
Comment faire la différence entre
colonisation et infection d’une plaie
chronique ? La simple multiplication
locale de bactéries ayant adhéré à la
plaie est appelée colonisation par
opposition à l’infection définie comme
une invasion plus profonde de la
plaie et des tissus sains, entraînant
une réponse immunitaire de l’hôte et
des signes cliniques : douleur, rou-
geur, pus, fièvre, polynucléose.
En pratique, la différence entre colo-
nisation et infection est difficile à faire,
car la colonisation est un état d’équi-
libre entre le patient et sa flore micro-
bienne. C’est la rupture de cet équi-
libre qui conduit à l’infection, dont les
>>
>> DOSSIER
PLAIES ET CICATRISATION 21
Les soins
Quand l’équilibre est rompu
Toute plaie doit être évaluée de façon à adapter les soins
et le pansement. L’évaluation se fait à partir de la couleur
de la plaie, de sa dimension, de sa profondeur, de sa
quantité d’exsudat. Par exemple, les plaies chroniques
étant rarement monochromes (rouges, jaunes ou noires),
leur traitement sera adapté à la couleur dominante.
>>
Dossier 23/02/04 15:49 Page 21
>> DOSSIER
facteurs tiennent vraisemblablement
plus à l’hôte qu’à la bactérie. Un fais-
ceau de présomptions à la fois cli-
niques et biologiques peut aider, et le
résultat de l’analyse bactériologique
doit être interprété en fonction du
contexte clinique et de l’état du
patient, de l’examen microscopique,
des espèces cultivées (cultures mono-
microbienne ou plurimicrobienne).
Les prélèvements
L’écouvillonnage est la technique la
plus simple, la moins coûteuse et la
plus ancienne. On peut utiliser égale-
ment une compresse de gaze, tou-
jours de la même taille pour un
même protocole. La compresse sera
humectée de sérum physiologique
stérile et déposée sur la plaie pen-
dant un temps donné. Le résultat des
cultures bactériennes sera exprimé
en UFC/cm
2
.
Un autre procédé consiste à prélever
au moyen de dispositifs utilisés en
hygiène pour le contrôle des sur-
faces. Il s’agit d’une boîte de Petri de
conformation particulière, dont le
fond est quadrillé afin de faciliter le
compte des colonies.
Le prélèvement biopsique sera effec-
tué au scalpel ou avec un trocart cali-
bré, après lavage de la plaie et rin-
çage à l’eau distillée. Ce type de
prélèvement permettrait de mettre
en évidence la flore bactérienne infil-
trée dans la profondeur des tissus.
Cependant, outre le coût du trocart
calibré à usage unique, beaucoup de
cliniciens hésitent à “faire une plaie
dans la plaie”.
L’examen microscopique présente
l’avantage de visualiser la présence
de polynucléaires et fournit une
appréciation sur l’importance de la
population bactérienne et sa compo-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
sition. On considère que cet examen
est positif à partir de 10
5
bactéries/g
de tissu. Mais dans les plaies chro-
niques, souvent atones, la réaction à
polynucléaires n’existe pas toujours.
La morphologie bactérienne et le
Gram peuvent être difficiles à déter-
miner. Enfin, il existe des discor-
dances dans les résultats quelquefois
faussement positifs et inversement
[les Gram (–) étant plus difficiles à
repérer que les Gram (+)].
ALP
DOSSIER
22
>>
Les pansements
De plus en plus actifs
Pour une bonne cicatrisation de la plaie, le pansement
doit permettre de conserver l’humidité, favoriser les
échanges gazeux, procurer une isolation thermique et
mécanique, être une barrière bactériologique, absorber
les exsudats. Les pansements sont indissociables du
traitement.
C
e sont des dispositifs médicaux,
bien qu’ils soient associés de
plus en plus souvent à des produits
actifs. Les pansements, n’étant pas
considérés comme des médicaments,
ne font l’objet que d’une conformité à
la législation européenne ou “norme
CE”. Les études d’efficacité contrôlées,
randomisées sont nombreuses par
rapport aux médicaments. Leurs diffé-
rentes indications sont basées essen-
tiellement sur leurs propriétés phy-
sico-chimiques évaluées in vitro et sur
un consensus basé sur l’expérience.
Il existe quatre principales classes de
pansements. D’autres, “moins tradi-
tionnels”, ont vu le jour ces dernières
années, notamment ceux dits “biolo-
giquement actifs”.
Les hydrocolloïdes
Les hydrocolloïdes sont indiqués de
la phase de détersion à la phase
d’épidermisation sur les plaies modé-
rément exsudatives : plaies aiguës
(brûlures, moignons et amputations,
dermabrasions, sites donneurs de
greffe, plaies postopératoires) ;
plaies chroniques (escarres, ulcères
de jambes). Ils sont contre-indiqués
pour les plaies très exsudatives par
insuffisance de contrôle de l’exsudat,
à l’inverse des nécroses sèches, les
brûlures du 3
e
degré, les plaies infec-
tées, et en cas d’allergie à un des
composants. Leur couche interne est
composée de carboxyméthylcellu-
lose (CMC) sodique, noyée dans
une masse adhésive. Certains hydro-
colloïdes contiennent en outre de la
pectine ou de la gélatine. La couche
externe est une mousse ou un film
de polyuréthane, semi-perméable. Ils
sont adhésifs sur toute leur surface,
avec parfois un renforcement en
périphérie. La plupart d’entre eux
existent en plusieurs dimensions et
sous plusieurs formes.
Les hydrocolloïdes se délitent dans
les plaies au contact des exsudats,
pour former une substance brun-jau-
nâtre, souvent malodorante, en
dehors de toute infection (il faut en
prévenir le patient). L’intérêt de ces
pansements repose sur la simplicité
de leur utilisation et la possibilité de
les laisser en place plusieurs jours,
autorisant un à trois changements
par semaine. Les risques d’utilisation
sont un bourgeonnement excessif
(réductible par des corticoïdes
locaux), un eczéma de contact à l’ad-
hésif (très rare), une macération de
la peau autour de la plaie en cas de
plaie très exsudative (sans réelles
conséquences pour la cicatrisation).
© Burger/Phanie
© Garo/Phanie
Dossier 23/02/04 15:49 Page 22
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
Les alginates
Les alginates sont indiqués depuis
la phase de détersion à la phase de
bourgeonnement sur des plaies
très exsudatives, parfois hémorra-
giques : plaies aiguës suintantes et
hémorragiques (brûlures, plaies
postopératoires, sites donneurs de
greffe, moignons d’amputation,
sinus, fistules, abcès) et plaies
chroniques (escarres de décubitus,
ulcères veineux ou artériels,
ulcères d’origine diabétique). Sur
les ulcères de jambe, parfois moins
exsudatifs, ils peuvent être humidi-
fiés par du sérum physiologique
pour pallier le manque d’exsudat.
Un pansement secondaire est tou-
jours nécessaire : compresse et
film de polyuréthane pour mainte-
nir l’humidité dans le cas des plaies
moins exsudatives. Une allergie à
l’un des composants, les plaies
non exsudatives, les plaies avec
nécroses noires et sèches sont des
contre-indications. Les alginates de
calcium sont composés de poly-
mères extraits d’algues marines
(acide mannuronique, acide gulu-
ronique), associés parfois à de la
CMC. Ils se présentent sous forme
de compresses. Ils possèdent un
haut pouvoir d’absorption (10 à
15 fois leur poids) et ont des capa-
cités hémostatiques ainsi que des
propriétés bactériostatiques. Ils se
présentent sous plusieurs formes
(compresse non adhésive, mèches).
Les alginates ne se délitent pas
dans la plaie. Au contact des exsu-
dats, l’alginate de calcium se trans-
forme en alginate de sodium gélifié
et le retrait du pansement n’est pas
douloureux.
Les hydrofibres
Les hydrofibres, bien que de compo-
sition très différente, sont regroupés
dans la même classe que les algi-
nates en raison de leur importante
capacité d’absorption et de leur aspect.
Ils sont constitués d’une fibre de CMC
très absorbante (compresse ou mèche)
qui se transforme en gel cohésif au
contact de la plaie. Un pansement
secondaire est nécessaire, de préfé-
rence un hydrocolloïde ou un film,
pour conserver l’humidité.
Les hydrocellulaires
Les hydrocellulaires présentent égale-
ment un haut pouvoir absorbant (jus-
qu’à dix fois leur poids) et adhèrent à
la peau saine, mais pas à la plaie. On
les emploie de la phase de bour-
geonnement à la phase d’épidermi-
sation sur les plaies modérément
exsudatives (essentiellement pour
soigner les ulcères et les escarres). Il
ne faut pas les employer sur des
plaies infectées et lors d’une allergie
à un des composants et avec du
Dakin
®
et H
2
O
2
qui entraînent une
détérioration du support en poly-
uréthane.
C’est une classe plus récente que
celle des hydrocolloïdes. Ils permet-
tent une meilleure absorption avec
absence de résidu, mais leur coût est
plus important et certains présentent
des problèmes de déformation après
absorption de l’exsudat, à l’origine
des problèmes de réfection. Ils sont
composés de trois couches : un film
semi-perméable externe, une couche
hydrophile très absorbante de poly-
uréthane et une couche de transfert,
adhérente ou non, située au contact
de la plaie. Ils existent sous forme de
plaque non adhésive ou adhésive en
périphérie ou adhésive en totalité,
sous forme triangulaire pour les
escarres sacrées et sous forme de
coussinet destiné aux plaies creuses.
Contrairement aux hydrocolloïdes, ils
ne se délitent pas au contact de la
plaie et ne dégagent pas d’odeur
désagréable. L’absence de délitement
du pansement et la possibilité de
formes non adhésives diminuent le
risque d’altération de la peau autour
de la plaie.
Les hydrogels
Les hydrogels nécessitent un panse-
ment secondaire, si possible peu
absorbant (plaque d’hydrocolloïde ou
film de polyuréthane), et sont indi-
qués en phase de détersion. Ils ont la
capacité de relarguer l’eau qu’ils
contiennent dans la plaie, et sont
donc particulièrement adaptés à la
phase de détersion et de bourgeon-
nement des plaies sèches ou peu
exsudatives comme des plaies pré-
sentant des croûtes ou des plaques
de nécrose sèche. Il ne faut pas les
associer à un pansement très absor-
bant. Ils sont contre-indiqués sur des
plaies infectées ou à forte exsudation
et lorsqu’il existe un risque d’allergie à
un des composants.
La CMC qui les compose est hydratée
(75 à 80 % d’eau). Ces pansements
existent sous forme de gel présenté
en tubes.
Les pansements au charbon
Il existe d’autres pansements de
situations spécifiques. Ainsi les pan-
sements au charbon, qui sont utili-
sés pour des plaies malodorantes et
à risque de prolifération bacté-
rienne, sont imprégnés ou non
d’ions argentiques et sont particuliè-
rement indiqués à la phase de
détersion sur les plaies infectées ou
dans les plaies cancéreuses où proli-
fèrent les germes anaérobies et à
Gram (–). Ils se présentent sous la
forme de compresses. Il faut quel-
quefois les humidifier si la plaie est
peu exsudative. Ils nécessitent un
pansement secondaire (films, com-
presses épaisses).
Les pansements d’interface
Ce sont des tulles gras neutres, utili-
sés depuis très longtemps à toutes
les phases de la cicatrisation. Ils sont
peu absorbants et nécessitent d’être
changés quotidiennement. Ils sont
utiles, notamment dans les plaies
postchirurgicales, les dermabrasions
et les plaies de grande taille ou cir-
conférentielles. Ils ne contiennent pas
de produit allergisant, contrairement
aux tulles médicamenteux.
Les pansements siliconés
Il s’agit d’un tricot de polyamide élas-
tique enduit de silicone. C’est un
pansement inerte, souple, s’adaptant
à tous les contours anatomiques.
Son intérêt essentiel est de ne pas
coller à la plaie, permettant un retrait
non douloureux. Il adhère sans créer
de lésions au niveau de la peau
autour des plaies. Ses indications
sont ciblées (dermabrasion, plaies
des épidermolyses bulleuses, brû-
lures, plaies chirurgicales, au stade de
bourgeonnement). Il nécessite un
pansement secondaire (compresses,
bandes tissées).
>>
>> DOSSIER
PLAIES ET CICATRISATION 23
>>
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