Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
Les alginates
Les alginates sont indiqués depuis
la phase de détersion à la phase de
bourgeonnement sur des plaies
très exsudatives, parfois hémorra-
giques : plaies aiguës suintantes et
hémorragiques (brûlures, plaies
postopératoires, sites donneurs de
greffe, moignons d’amputation,
sinus, fistules, abcès) et plaies
chroniques (escarres de décubitus,
ulcères veineux ou artériels,
ulcères d’origine diabétique). Sur
les ulcères de jambe, parfois moins
exsudatifs, ils peuvent être humidi-
fiés par du sérum physiologique
pour pallier le manque d’exsudat.
Un pansement secondaire est tou-
jours nécessaire : compresse et
film de polyuréthane pour mainte-
nir l’humidité dans le cas des plaies
moins exsudatives. Une allergie à
l’un des composants, les plaies
non exsudatives, les plaies avec
nécroses noires et sèches sont des
contre-indications. Les alginates de
calcium sont composés de poly-
mères extraits d’algues marines
(acide mannuronique, acide gulu-
ronique), associés parfois à de la
CMC. Ils se présentent sous forme
de compresses. Ils possèdent un
haut pouvoir d’absorption (10 à
15 fois leur poids) et ont des capa-
cités hémostatiques ainsi que des
propriétés bactériostatiques. Ils se
présentent sous plusieurs formes
(compresse non adhésive, mèches).
Les alginates ne se délitent pas
dans la plaie. Au contact des exsu-
dats, l’alginate de calcium se trans-
forme en alginate de sodium gélifié
et le retrait du pansement n’est pas
douloureux.
Les hydrofibres
Les hydrofibres, bien que de compo-
sition très différente, sont regroupés
dans la même classe que les algi-
nates en raison de leur importante
capacité d’absorption et de leur aspect.
Ils sont constitués d’une fibre de CMC
très absorbante (compresse ou mèche)
qui se transforme en gel cohésif au
contact de la plaie. Un pansement
secondaire est nécessaire, de préfé-
rence un hydrocolloïde ou un film,
pour conserver l’humidité.
Les hydrocellulaires
Les hydrocellulaires présentent égale-
ment un haut pouvoir absorbant (jus-
qu’à dix fois leur poids) et adhèrent à
la peau saine, mais pas à la plaie. On
les emploie de la phase de bour-
geonnement à la phase d’épidermi-
sation sur les plaies modérément
exsudatives (essentiellement pour
soigner les ulcères et les escarres). Il
ne faut pas les employer sur des
plaies infectées et lors d’une allergie
à un des composants et avec du
Dakin
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et H
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O
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qui entraînent une
détérioration du support en poly-
uréthane.
C’est une classe plus récente que
celle des hydrocolloïdes. Ils permet-
tent une meilleure absorption avec
absence de résidu, mais leur coût est
plus important et certains présentent
des problèmes de déformation après
absorption de l’exsudat, à l’origine
des problèmes de réfection. Ils sont
composés de trois couches : un film
semi-perméable externe, une couche
hydrophile très absorbante de poly-
uréthane et une couche de transfert,
adhérente ou non, située au contact
de la plaie. Ils existent sous forme de
plaque non adhésive ou adhésive en
périphérie ou adhésive en totalité,
sous forme triangulaire pour les
escarres sacrées et sous forme de
coussinet destiné aux plaies creuses.
Contrairement aux hydrocolloïdes, ils
ne se délitent pas au contact de la
plaie et ne dégagent pas d’odeur
désagréable. L’absence de délitement
du pansement et la possibilité de
formes non adhésives diminuent le
risque d’altération de la peau autour
de la plaie.
Les hydrogels
Les hydrogels nécessitent un panse-
ment secondaire, si possible peu
absorbant (plaque d’hydrocolloïde ou
film de polyuréthane), et sont indi-
qués en phase de détersion. Ils ont la
capacité de relarguer l’eau qu’ils
contiennent dans la plaie, et sont
donc particulièrement adaptés à la
phase de détersion et de bourgeon-
nement des plaies sèches ou peu
exsudatives comme des plaies pré-
sentant des croûtes ou des plaques
de nécrose sèche. Il ne faut pas les
associer à un pansement très absor-
bant. Ils sont contre-indiqués sur des
plaies infectées ou à forte exsudation
et lorsqu’il existe un risque d’allergie à
un des composants.
La CMC qui les compose est hydratée
(75 à 80 % d’eau). Ces pansements
existent sous forme de gel présenté
en tubes.
Les pansements au charbon
Il existe d’autres pansements de
situations spécifiques. Ainsi les pan-
sements au charbon, qui sont utili-
sés pour des plaies malodorantes et
à risque de prolifération bacté-
rienne, sont imprégnés ou non
d’ions argentiques et sont particuliè-
rement indiqués à la phase de
détersion sur les plaies infectées ou
dans les plaies cancéreuses où proli-
fèrent les germes anaérobies et à
Gram (–). Ils se présentent sous la
forme de compresses. Il faut quel-
quefois les humidifier si la plaie est
peu exsudative. Ils nécessitent un
pansement secondaire (films, com-
presses épaisses).
Les pansements d’interface
Ce sont des tulles gras neutres, utili-
sés depuis très longtemps à toutes
les phases de la cicatrisation. Ils sont
peu absorbants et nécessitent d’être
changés quotidiennement. Ils sont
utiles, notamment dans les plaies
postchirurgicales, les dermabrasions
et les plaies de grande taille ou cir-
conférentielles. Ils ne contiennent pas
de produit allergisant, contrairement
aux tulles médicamenteux.
Les pansements siliconés
Il s’agit d’un tricot de polyamide élas-
tique enduit de silicone. C’est un
pansement inerte, souple, s’adaptant
à tous les contours anatomiques.
Son intérêt essentiel est de ne pas
coller à la plaie, permettant un retrait
non douloureux. Il adhère sans créer
de lésions au niveau de la peau
autour des plaies. Ses indications
sont ciblées (dermabrasion, plaies
des épidermolyses bulleuses, brû-
lures, plaies chirurgicales, au stade de
bourgeonnement). Il nécessite un
pansement secondaire (compresses,
bandes tissées).
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