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4 IGAS, RAPPORT N°RM2012-011P
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[4] Il ressort en priorité de ses travaux que nos interlocuteurs ne remettent pas en cause le principe
de la T2A en tant que système d’allocation des ressources. Les modalités de son application, la
complexité du système, la confusion des objectifs qui lui sont assignés, le manque de lisibilité qui en
découle tout comme son instabilité font en revanche l’objet de critiques car ils handicapent la
construction d’un management quotidien comme prospectif.
[5] Dans les établissements de santé, la T2A est perçue comme un levier de la performance. Dans
les hôpitaux publics en particulier, elle a favorisé un intérêt nouveau pour le suivi de l’activité et la
maitrise des coûts.
[6] Le codage et la facturation des actes ont acquis une dimension stratégique et les établissements
se sont dans l’ensemble organisés pour tenir compte de cette situation. Le rôle et le positionnement du
département d’information médicale (DIM) ont été renforcés, il est désormais impliqué dans la saisie,
la valorisation et le contrôle du codage, mais aussi dans les analyses médico-économiques préalables à
des réorganisations ou à l’élaboration de nouveaux projets. Il intervient de plus en plus sur l’ensemble
de l’activité des établissements, non seulement pour ce qui est des séjours hospitaliers, mais aussi dans
le champ des consultations et actes externes.
[7] La T2A a servi de catalyseur pour accélérer la mise en place d’outils de gestion jusqu’alors très
inégalement développés, notamment dans le secteur public. Cette évolution s’accompagne de
l’émergence de nouvelles compétences autour du contrôle de gestion. Pour favoriser
l’homogénéisation et l’utilisation de ces nouveaux instruments, les autorités de tutelle interviennent
selon plusieurs modalités : mise à disposition d’outils méthodologiques, recours à la
contractualisation, intervention de l’agence nationale d’appui à la performance des établissements de
santé et établissements médico-sociaux (ANAP). Outre le suivi de l’activité et des recettes et dépenses,
la mission estime indispensable que ces indicateurs puissent permettre d’approcher de manière plus
fine la réalité des coûts de production.
[8] La T2A s’est aussi avérée un levier efficace pour fédérer la communauté hospitalière. Son
instauration comme le déploiement des outils de gestion ont favorisé un dialogue nouveau entre
directions et équipes médicales et soignantes. Si leur impact est modeste dans les établissements
privés, il est très net dans les établissements publics et les établissements privés non lucratif
(établissements privés d’intérêt collectif ou ESPIC). La communauté médicale fait de la T2A un
élément clé du renouveau du dialogue interne et les constats de la mission confirment cette évolution.
[9] La T2A a ainsi contribué à une accélération de la contractualisation avec les pôles et introduit
plus de lisibilité dans le processus de décision au sein des établissements, en favorisant une
implication plus grande du corps médical dans le management. Toutefois, un décalage demeure entre
ceux qui maitrisent les mécanismes de la T2A, membres du directoire, chefs et cadres de pôles,
médecins DIM d’une part, et les autres praticiens hospitaliers ou personnels soignants d’autre part. La
mission recommande de conforter ce dialogue rénové d’une part en développant des formations
adaptées aux différents personnels, d’autre part en confortant le positionnement de l’encadrement
intermédiaire. Elle préconise aussi une démarche plus volontariste en matière de contractualisation,
notamment par le biais du développement de l’intéressement, y compris négatif.
[10] L’évolution de la relation entre direction et communauté médicale reste à consolider face à la
crainte toujours présente d’une approche trop financière des questions d’organisation de
l’établissement. La T2A pose en effet de manière nouvelle la question du management de l’activité
médicale. Les équipes médicales et soignantes, confrontées à la question du management des activités
« non rentables », ont parfois le sentiment que les « bonnes pratiques » ne sont pas valorisées. Une
trop grande pression financière ferait peser un risque sur la qualité de la prise en charge des patients :
une telle situation n’a toutefois pas été décrite à la mission et la littérature internationale sur le sujet ne
le documente qu’exceptionnellement, dans des contextes bien spécifiques, et sans relever par ailleurs
de baisse de la qualité des soins.
[11] Si la T2A fait évoluer le management interne des établissements, son impact est limité sur la
définition de la stratégie d’offre de soins, tant à l’échelle des établissements de santé qu’au niveau
régional.