La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. IV - février 2000
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MISE AU POINT
Les infarctus septiques
Les infarctus septiques sont le plus souvent d’origine fungique
et compliquent l’évolution des néoplasies à un stade avancé. Il
s’agit d’une cause fréquente d’infarctus cérébral (schéma 1),
surtout en cas d’hémopathies malignes, plus fréquemment en
cause que les carcinomes (schéma 2). L’agent infectieux le plus
souvent retrouvé est l’aspergillose, mais il peut s’agir aussi de
candidose ou de mucormycose. Le développement de l’infec-
tion est favorisé par l’immunodépression secondaire à la tumeur
elle-même ou au traitement (chimiothérapie, radiothérapie,…).
Le scanner cérébral révèle des infarctus multiples et souvent
hémorragiques. Le traitement antifongique doit être instauré en
urgence, mais cette complication garde un mauvais pronostic.
Les infarctus septiques liés à une endocardite infectieuse ou à
une méningite sont beaucoup plus rares.
Athérosclérose
L’athérosclérose n’est pas la première cause d’infarctus cérébral
au cours des cancers, à la différence de l’infarctus cérébral du
tout venant (1). L’athérosclérose postradique en représente un
aspect particulier et sera décrit avec les complications iatro-
gènes(voir ci-après).
Les thromboses veineuses cérébrales
Il s’agit d’un diagnostic peu fréquent (schéma 1),le plus sou-
vent en rapport avec la présence de métastases (compression ou
infiltration maligne des parois veineuses) ou à l’existence d’une
coagulopathie secondaire au cancer ou à la chimiothérapie
(L-Asparaginase). Elles ne présentent aucune spécificité par
rapport aux autres cas de thrombophlébite non néoplasique.
L’IRM cérébrale est actuellement l’examen de première inten-
tion pour le diagnostic de thrombose veineuse, d’infarctus et
éventuellement de métastases. Une anticoagulation par héparine
est indiquée, mais le traitement de ces thrombophlébites est
d’abord celui de la tumeur.
Embolie tumorale
L’embolie tumorale est une cause rare d’infarctus cérébral
(schéma 1). Le plus souvent, l’embole initial passe inaperçu, et
les signes neurologiques sont liés au développement secondaire
de la métastase. Plus rarement cet embole entraîne l’occlusion
d’un gros vaisseau et se complique d’un accident ischémique
cérébral. L’évolution peut se faire en trois temps : accident
ischémique régressif, période de latence, puis déficit progressif
dans le même territoire. En cas d’embolies multiples dans des
vaisseaux de petit calibre, la répétition de ces micro-infarctus
peut se révéler par un tableau d’encéphalopathie diffuse d’ap-
parition progressive. Les cancers primitifs, à l’origine de ces
embolies, sont broncho-pulmonaires (en particulier au cours de
pneumonectomie, qui favorise le largage de cellules tumorales
dans la circulation) (6) ou cardiaques (en particulier les
myxomes).
Syndromes myélo-prolifératifs
Les polyglobulies vraies (maladie de Vaquez) peuvent, dans de
rares cas, se compliquer d’accidents ischémiques transitoires ou
constitués en raison de l’hyperviscosité et de la thrombopathie
qu’ils entraînent. Un traitement d’attaque par saignée, relayé par
un agent cytoréducteur (hydroxyurée ou pipobroman), est le
plus souvent nécessaire. Un traitement préventif par antiagré-
gant plaquettaire reste discuté. Les thrombocytémies essen-
tielles peuvent elles aussi être responsables d’accidents isché-
miques, le plus souvent transitoires. Le mécanisme en cause
serait surtout lié aux troubles de l’agrégation plaquettaire.
Vascularite cérébrale
Il peut s’agir d’infarctus cérébraux en rapport avec une vascula-
rite granulomateuse survenant après un zona ophtalmique, favo-
risée par l’immunodépression qui accompagne certains cancers
et en particulier les lymphomes. Parfois, il s’agit d’une vascula-
rite plus diffuse d’origine paranéoplasique, se manifestant par
une encéphalopathie (7).
Lymphome angiotrope
Il s’agit d’une affection peu fréquente. Ce lymphome à grandes
cellules, endovasculaire, a un tropisme particulier pour le systè-
me nerveux et la peau et est responsable de micro-infarctus par
embolies lymphomateuses. Le tableau clinique est celui d’une
encéphalopathie diffuse associée à une altération de l’état géné-
ral, à une fièvre et à un syndrome inflammatoire biologique. La
corticothérapie améliore, au moins transitoirement, les patients.
ACCIDENTS VASCULAIRES CÉRÉBRAUX
DE TYPE HÉMORRAGIQUE
Les hématomes intraparenchymateux
• Les hématomes intra-tumoraux (HIT)
C’est le premier diagnostic à évoquer devant la survenue d’une
hémorragie intracérébrale au cours de l’évolution d’une tumeur
solide (schémas 2a et 3).
La symptomatologie aiguë est souvent surajoutée à l’évolution
progressive de la métastase.
Le scanner ou l’IRM cérébral montre un ou plusieurs héma-
tomes dont la présentation diffère de celle rencontrée en cas
d’hématome lié à l’HTA :
– topographie différente ne se limitant pas aux territoires pro-
fonds des artères perforantes ;
– œdème péri-lésionnel précoce ;
– rehaussement après injection de produit de contraste dans les
régions adjacentes à l’hématome.
En cas de doute chez un patient dont le cancer était inconnu jus-
qu’alors, une biopsie cérébrale peut être envisagée.
La tumeur primitive est en général un mélanome, une tumeur à
cellules germinales (en particulier choriocarcinome) ou un can-
cer broncho-pulmonaire. Les tumeurs primitives du système