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Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - octobre-novembre-décembre 2001
entretien
(fréquemment pancréatiques), puis les cancers
prostatiques. Un point important à souligner
est le fait que les CIVD chroniques ne compli-
quent pas uniquement des cancers évolués ;
elles peuvent être révélatrices, par le biais d’un
infarctus cérébral, de tumeur non évidente cli-
niquement et non métastasée, et dont l’exérèse
chirurgicale pourra être complète.
J.-M.O. : La CIVD se traduit par des anomalies
multiples du bilan d’hémostase parfois dis-
crètes. Quelles anomalies retrouvées sur un
bilan usuel (numération plaquettaire, TP, TCA,
fibrinogène) peuvent orienter le clinicien vers
ce diagnostic ? Quels sont alors les examens
complémentaires à demander pour confirmer
ce diagnostic ? Enfin, la recherche d’une endo-
cardite marastique par une échographie car-
diaque fait-elle partie du bilan systématique ?
F.W. :
Le diagnostic biologique des CIVD asso-
ciées aux infarctus cérébraux n’est pas tou-
jours facile ; il s’agit, en effet, le plus souvent
de coagulopathies subaiguës et compensées.
Trois tests réalisés au cours de tout bilan d’hé-
mostase peuvent classiquement témoigner
d’une CIVD : c’est la diminution du chiffre de
plaquettes, du taux de prothrombine et du
fibrinogène. Mais ces tests peuvent être nor-
maux chez les patients souffrant de cancers
pour plusieurs raisons :
– le syndrome inflammatoire habituel au cours
des néoplasies occasionne en général une
thrombocytose et une hyperfibrinémie qui peu-
vent masquer les anomalies biologiques de la
CIVD ;
– ces CIVD sont subaiguës, et l’organisme syn-
thétise suffisamment de facteurs de la coagu-
lation (en particulier de fibrinogène) pour
compenser leur consommation ;
– les fluctuations du bilan biologique sont fré-
quentes au cours de ces CIVD ; le bilan peut être
anormal lors de la constitution de l’accident
ischémique cérébral et se normaliser spontané-
ment en 24 heures, d’où l’importance de réaliser
le bilan biologique précocement après l’événe-
ment thrombotique et de savoir le répéter.
Un test biologique a un intérêt fondamental : il
s’agit du dosage des produits de dégradation de
la fibrine (PDF ou D-dimères) ; leur présence
témoigne de la lyse de caillots de fibrine. Les
D-dimères ne sont pas spécifiques des CIVD et
peuvent être positifs à la phase aiguë d’un
infarctus cérébral ou lors dune thrombose vei-
neuse, mais à des taux relativement modérés.
Au cours des CIVD néoplasiques, le taux des
D-dimères est extrêmement élevé (de 5 à 20 fois
la normale) et reste stable en l’absence de trai-
tement anticoagulant ou d’exérèse tumorale.
Les anomalies biologiques qui doivent alerter
le clinicien et faire demander un dosage de
PDF ou de D-dimères sont une hypofibrinémie
(en général modérée), un taux de prothombine
inférieur à 70 %, et un taux de plaquettes infé-
rieur à 150 000 lors de la survenue d’un infarc-
tus cérébral. Une normalisation rapide de ces
différents paramètres au décours de l’infarctus
est également très évocatrice de CIVD. Chez
un patient ayant une néoplasie connue, la
régression transitoire et concomitante d’un
événement thrombotique du syndrome inflam-
matoire est très suspecte de CIVD.
Une endocardite thrombotique non bacté-
rienne est souvent associée à une CIVD, les
amas fibrino-plaquettaires se déposant sur les
valves cardiaques. Mais, elle n’est pas
constante. Les végétations valvulaires, le plus
souvent petites (3 à 15 mm), siègent essentiel-
SSuurreexxpprreessssiioonn dduu FFTT
--
DDééffaaiillllaannccee
ddeess aannttiiccooaagguullaannttss nnaattuurreellss
Activateurs
plasminogènes
IInnhhiibbiittiioonn
ddee llaa ffiibbrriinnoollyyssee
↓Inhibiteur FT (TFPI)
↓Système protéine C
↓Antithrombine III
PPAAII--11
Thrombine IIa
PPDDFF,,
DD--ddiimmèèrreess
AAccttiivvaattiioonn
AAggrrééggaattiioonn ppllaaqquueettttaaiirree
Fibrinogène
Fibrine
FFTT
VVIIIIaa
++
Cascade
coagulation
Figure 1.