Avis, témoignage
LE POINT DE VUE D’UN ACTEUR DE LA VILLE
La parole à Daniel Blanquet
Directeur technique au service « Travaux, urbanisme et logement »
de la commune de Colfontaine
Président de l’ARDIC (Association Régionale des Directeurs et
Ingénieurs Communaux)
ILLUSTRATION : LA PLACE D’ARMES À NAMUR
Photo: © F. Stekke Photo: © J.-L. Laloux
L’ARDIC, fondée en 1977, s’adresse à tout le personnel
technique dirigeant des villes et communes du sud de la
Belgique. Les membres, au nombre d’environ deux cents,
sont issus d’horizons très différents : ingénieurs, architectes,
urbanistes, géomètres, écoconseillers… Ils partagent
ensemble la volonté de construire la ville de demain. C’est
dans ce cadre que Daniel Blanquet, Président de l’ARDIC a
accepté de nous confier sa vision du bois dans la cité.
« Lorsqu’on évoque le bois dans la ville, on a tendance dans
un premier temps à penser en terme de bâtiments.
C’est un concept moins évident que d’imaginer le bois dans les
aménagements urbains. Pas seulement les bancs, les aires de
jeux… mais des aménagements urbains complets, comme
pour la place d’Armes à Namur. Un lieu qui associe bois et
pierre, illustrant un pan nouveau d’utilisation de ce matériau.
Un usage bien réfléchi, car en Wallonie, pierre et bois sont des
ressources naturelles abondantes et il me paraît judicieux d’y
avoir recours le plus possible.
D’ailleurs, on constate ce regain d’intérêt. La pierre, matériau
d’hier, a été supplantée durant quelques années par des pro-
duits dits “modernes”, souvent à base de béton ou de résines,
et finalement, on observe un retour vers la pierre wallonne.
Je crois qu’il en est de même pour le bois. Il y a eu la mode
des bois exotiques auxquels on attribuait toutes les aptitudes
du monde, or grâce aux recherches menées par les industriels
locaux, on a pu faire évoluer les qualités des bois indigènes et
ainsi favoriser leur plus grande utilisation.
Aujourd’hui, nous sommes à une période charnière. Les
communes comprennent très bien les phénomènes de
société et les aspirations de leurs habitants en faveur du déve-
loppement durable. Hier, les bancs étaient peints en vert pour
cacher le bois, aujourd’hui, cela ne dérange personne de lais-
ser le bois brut et qu’il se patine, naturellement.
Dans cette évolution, les communes sont prêtes à jouer la
carte du bois dans la ville, mais il ne faut pas perdre de vue
la spécificité de l’investissement public. D’une part, nous
utilisons l’argent de la collectivité, ce qui appelle à une plus
grande responsabilité; et d’autre part le bâtiment réalisé doit
profiter à plusieurs générations, nous recherchons donc des
solutions constructives durables et pérennes.
L’industrie du bois a fait beaucoup de progrès sur la qualité de
ses produits. C’est un bon début. Si la filière est capable de
garantir une durabilité et une performance compatibles avec
nos contraintes, le bois s’imposera de lui-même dans les
constructions communales! »
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Architecte: Atelier 4 D - Association Poncelet et Liard - Photo: © F. Stekke Photo: © F. Stekke