Laboratoire Analyse, Géométrie et Applications URA CNRS 742 Université Paris-Nord Institut Galilée Algèbre Homologique Quasi-Abélienne Juin 1995 Mémoire présenté par Fabienne Prosmans pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies de mathématiques Introduction Depuis de nombreuses années, les méthodes de l’algèbre homologique se sont avérées efficaces pour traiter de nombreux problèmes mathématiques dans des domaines aussi variés que la topologie algébrique, la géométrie algébrique ou plus récemment la théorie des équations aux dérivées partielles. Malgré diverses tentatives intéressantes (cf. [7]), l’application de ces techniques à l’analyse fonctionnelle n’a pas encore abouti à une théorie entièrement satisfaisante. L’algèbre homologique traditionnelle telle qu’elle est exposée dans [3] est en effet construite pour des catégories abéliennes et ne s’applique donc pas à des catégories telles que celle des espaces localement convexes. L’algèbre homologique moderne basée sur la notion de catégorie dérivée peut s’adapter plus facilement au but recherché. Des catégories telles que celle des espaces de Banach ou des espaces de Fréchet sont en effet des catégories exactes au sens de Quillen [9] et une définition de leur catégorie dérivée a été suggérée par Deligne (cf. [1]). Laumon a exposé cette idée un peu plus en détails dans [5] pour l’appliquer à l’étude des D-modules filtrés. En pratique, la notion de catégorie exacte est trop générale et on peut obtenir des résultats plus intéressants si on se limite à la notion de catégorie quasi-abélienne comme nous l’a conseillé Jean-Pierre Schneiders. Le but de ce mémoire est d’exposer de manière aussi autonome que possible la construction de la catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne et de ses t-structures canoniques. La démarche suivie consiste à construire tout d’abord la catégorie K (A) des complexes modulo homotopie associée à une catégorie additive A et à la munir de deux t-structures canoniques. Ensuite, lorsque la catégorie A est quasi-abélienne, nous introduisons un système nul canonique N (A) de K (A) et construisons la catégorie dérivée D(A) et ses t-structures par localisation. Nous considérons également le problème de la dérivation des foncteurs dans ce contexte. Enfin, à titre d’exemple nous appliquons la théorie générale au cas de la catégorie des espaces de Banach et nous montrons comment dériver les foncteurs naturellement associés à cette catégorie. Cela établit un lien avec notre mémoire [8]. i ii Nous nous sommes largement inspirés de la théorie des catégories dérivées telle qu’elle est exposée dans [4] et [11], et d’un article en préparation de Jean-Pierre Schneiders [10]. Nous supposerons que le lecteur a une bonne connaissance de la théorie des catégories telle qu’elle est exposée par exemple dans [6]. En ce qui concerne les résultats d’analyse fonctionnelle, notre référence standard sera [2]. Je tiens à remercier vivement Jean-Pierre Schneiders pour son aide précieuse, sa grande disponibilité et ses encouragements pendant la préparation et la rédaction de ce travail. Enfin, je ne voudrais pas terminer cette introduction sans remercier très sincèrement mes parents qui m’ont permis d’entreprendre cette année d’études à Paris. CHAPITRE 0 Rappels de théorie des catégories 0.1. Catégories additives Définition 0.1.1. Une catégorie A est additive si elle vérifie les conditions suivantes : i) pour tout A, B ∈ Ob(A), Hom A (A, B ) a une structure de groupe abélien, ii) il existe un objet nul i.e. un objet 0 tel que Hom A (0, 0) = 0, iii) pour tout A, B , C ∈ Ob(A), l’application Hom A (A, B ) × Hom A (B, C ) - Hom (A, C ) A est bi-additive, iv) le produit et le coproduit d’un nombre fini d’objets de A existent. Définition 0.1.2. Soient A et B deux catégories additives. Un foncteur F : A - B est additif si pour tout A, B ∈ Ob(A), il induit un homomorphisme de groupes abéliens de Hom A (A, B ) dans Hom B (F (A), F (B )). Remarque 0.1.3. Soient A et B deux objets d’une catégorie additive A. Si A × B est le produit de A et B , il existe un morphisme unique iA : A - A × B tel que le diagramme suivant soit commutatif. A idA iA A @ @ R 0@ I @ pA @ @ - A×B pB B (Les morphismes pA et pB sont les projections sur A et B respectivement.) De même, il existe un morphisme unique iB : B - A × B tel que le diagramme suivant soit commutatif. A 0 B iB @ @ R idB @ I pA @ @ @ - A×B pB B 1 2 0. Rappels de théorie des catégories Proposition 0.1.4. Soient A et B deux objets d’une catégorie additive A. En reprenant les notations de la remarque précédente, on a les relations suivantes : i) pA ◦ iA = idA , pB ◦ iB = idB , ii) pB ◦ iA = 0, pA ◦ iB = 0, iii) iA ◦ pA + iB ◦ pB = idA×B . Preuve. i) et ii) sont évidents. iii) Comme le diagramme suivant A 3 k Q Q pA pA Q Q iA ◦ pA + iB ◦ pB -Q A×B A×B Q Q Q Q pB Q pB s + B est commutatif, la conclusion s’ensuit aussitôt. Proposition 0.1.5. Dans une catégorie additive A, le produit d’un nombre fini d’objets de A est un coproduit de ces objets. Preuve. Soient A, B , C ∈ Ob(A), a ∈ Hom A (A, C ) et b ∈ Hom A (B, C ). On vérifie directement que le morphisme c : A × B suivant commutatif. - C , c = a ◦ pA + b ◦ pB rend le diagramme A iA A×B @a @ R @ c -C I @ @ iB @ b B De plus, c est unique. En effet, supposons qu’il existe c0 : A × B c0 ◦ iA = c ◦ iA = a et c0 ◦ iB = c ◦ iB = b. On en déduit que - C tel que c0 ◦ iA ◦ pA + c0 ◦ iB ◦ pB = c ◦ iA ◦ pA + c ◦ iB ◦ pB et donc, c = c0 . Par conséquent, A × B est un coproduit de A et B . Définition 0.1.6. La somme directe de deux objets A et B d’une catégorie additive, notée A ⊕ B est le produit et donc le coproduit de ces deux objets. Proposition 0.1.7. Soient A une catégorie additive et A, B , C ∈ Ob(A). Si les morphismes jA : A - C jB : B - C 0.1. Catégories additives -A qA : C qB : C 3 -B vérifient les relations de la proposition 0.1.4, alors C ' A ⊕ B . Preuve. Les morphismes α:C - A⊕B α = iA ◦ qA + iB ◦ qB - C β = jA ◦ pA + jB ◦ pB et β : A⊕B vérifient β ◦ α = idC et α ◦ β = idA⊕ B . Corollaire 0.1.8. Soient A et B deux catégories additives et F : A teur additif. Pour tout A, B ∈ Ob(A), F (A ⊕ B ) ' F (A) ⊕ F (B ). - B un fonc- Preuve. Puisque F est un foncteur additif, les morphismes F (i A ) : F (A ) - F (A ⊕ B ) - F (A ) F (pA ) : F (A ⊕ B ) F (iB ) : F (B ) - F (A ⊕ B ) F (pB ) : F (A ⊕ B ) - F (B ) vérifient les relations de la proposition 0.1.4. On en déduit que F (A ⊕ B ) ' F (A) ⊕ F (B ). Remarque 0.1.9. Soient A une catégorie additive et Ai, Bi ∈ Ob(A) (i = 1, 2). Donner un morphisme a ∈ Hom A (A1 ⊕ A2, B1 ⊕ B2 ) revient à donner la matrice ! a11 a12 a21 a22 où aij ∈ Hom A (Aj , Bi ) est défini par aij := pBi ◦ a ◦ iAj . Le morphisme a peut en effet s’exprimer par la formule a= 2 X iBj ◦ aji ◦ pAi . i,j =1 Proposition 0.1.10. Soient A une catégorie additive et ϕ1 : A 1 - B1 , ϕ2 : A2 - B2 deux morphismes de A. Le morphisme ϕ1 ⊕ ϕ 2 : A 1 ⊕ A 2 - B1 ⊕ B2 est un isomorphisme si et seulement s’il en est ainsi de ϕ1 et ϕ2 . En particulier, A ⊕ B = 0 si et seulement si A ' 0 et B ' 0. 4 0. Rappels de théorie des catégories Preuve. Si ϕ1 ⊕ ϕ2 est un isomorphisme, il existe une matrice ! ϕ01 α β ϕ02 avec ϕ0i : Bi - Ai , α : B2 - A1 et β : B1 ϕ01 α β ϕ02 et ϕ1 0 0 ϕ2 ! - A2 tels que ! ! ϕ1 0 0 ϕ2 ! ϕ01 α β ϕ02 = idA1 0 0 idA2 = idB1 0 0 idB2 ! ! . On en déduit facilement que ϕ1 et ϕ2 sont des isomorphismes puis que α = β = 0. La réciproque est immédiate. Définition 0.1.11. Soient A une catégorie additive et f : A de A. - B un morphisme i) Un noyau de f est la donnée d’un couple (K, i) avec K ∈ Ob(A) et i ∈ Hom A (K, A), tel que f ◦ i = 0 et pour tout e ∈ Hom A (C, A) vérifiant f ◦ e = 0, il existe un unique c ∈ Hom A (C, K ) tel que i ◦ c = e. Schématiquement, on a K iI @ @ c@ A 6 e f- B 0 C ii) Un conoyau de f est la donnée d’un couple (L, q ) avec L ∈ Ob(A) et q ∈ Hom A (B, L), tel que q ◦ f = 0 et pour tout g ∈ Hom A (B, C ) vérifiant g ◦ f = 0, il existe un unique c ∈ Hom A (L, C ) tel que c ◦ q = g . Schématiquement, on a A f@ @ R 0@ B q- L g ? c C Proposition 0.1.12. Soient A une catégorie additive et f : A de A. - B un morphisme i) Si (K, i) est un noyau de f alors i est un monomorphisme. un autre noyau de f , il existe un unique isomorphisme k : K i0 ◦ k = i . ii) Si (L, q ) est un conoyau de f , alors q est un épimorphisme. Si autre conoyau de f , il existe un unique isomorphisme l : L l ◦ q = q0. Si (K 0 , i0 ) est - K 0 tel que (L0 , q 0 ) est un - L0 tel que 0.1. Catégories additives 5 Preuve. Etablissons i), ii) en découlera par dualité. Soient C ∈ Ob(A) et h ∈ Hom A (C, K ) tels que i ◦ h = 0. Comme f ◦ i ◦ h = 0, il existe un unique c ∈ Hom A (C, K ) tel que le diagramme suivant soit commutatif. K i A I @ @ c@ f- B 6 i◦h 0 C Donc, i ◦ c = i ◦ h = 0. Comme c est unique, h = c = 0. Si (K 0, i0 ) est un autre noyau de f , il existe par définition un seul morphisme k rendant commutatif le diagramme suivant. i0 fK0 A B I @ @ k@ 6 i A f- 0 K De même, il existe un seul morphisme k 0 rendant le diagramme K iI @ @ k0 @ 6 i0 K 0 B 0 commutatif. On en déduit que i0 ◦ k ◦ k 0 = i ◦ k 0 = i0 et i ◦ k 0 ◦ k = i0 ◦ k = i et comme i et i0 sont des monomorphismes, k et k 0 sont des isomorphismes inverses l’un de l’autre. Remarque 0.1.13. Dans la suite, si le morphisme f possède un noyau (resp. conoyau), on notera ker f (resp. coker f ) un choix canonique de son noyau (resp. conoyau). Remarque 0.1.14. Soient f : X - Y et i : K - X des morphismes de A. Si la suite Hom (W,i) Hom (W,f ) - Hom (W, X ) - Hom (W, Y ) 0 - Hom (W, K ) est exacte pour tout W ∈ Ob(A), alors (K, i) est un noyau de f . On a une caractérisation duale pour le conoyau. Définition 0.1.15. Si le morphisme i : ker f - A a un conoyau, il est appelé la coimage de f et noté coim f . Si le morphisme q : B - coker f a un noyau, il est appelé l’image de f et noté im f . Proposition 0.1.16. Soient A une catégorie additive, et f :A deux morphismes de A. - B, g:B -C 6 0. Rappels de théorie des catégories i) ii) iii) iv) f est un monomorphisme si et seulement si ker f ' 0. f est un épimorphisme si et seulement si coker f ' 0. Si g est un monomorphisme alors ker(g ◦ f ) ' ker f . Si f est un épimorphisme alors coker(g ◦ f ) ' coker g . Preuve. i) Supposons d’une part que ker f = 0 et donc i = 0. Soit C ∈ Ob(A) et e ∈ Hom A (C, A) tel que f ◦ e = 0. Il existe donc un seul c ∈ Hom A (C, ker f ) tel que le diagramme suivant soit commutatif. 0- 0 f- A 6 I @ @ c@ e B 0 C Par conséquent, e = 0. D’autre part, démontrons que si f est un monomorphisme alors le couple (0, 0) est un noyau de f . Soient C ∈ Ob(A) et e ∈ Hom A (C, A) tels que f ◦ e = 0. Comme f est un monomorphisme, e = 0 et le diagramme suivant est commutatif. 0- 0 f- A I @ @ 0@ 6 B e A f- 0 C iii) Il suffit de démontrer que ker f est un noyau de g ◦ f . Soit W ∈ Ob(A) et e ∈ Hom A (W, A) tel que g ◦ f ◦ e = 0. Comme g est un monomorphisme, f ◦ e = 0 et par définition du noyau de f , il existe un seul w ∈ Hom A (W, ker f ) tel que le diagramme ker f iI @ @ w@ 6 e B 0 W soit commutatif, ce qui suffit. Les assertions ii) et iv) s’établissent par dualité. Proposition 0.1.17. Soit A une catégorie additive dont les morphismes possèdent des noyaux et conoyaux. Soient fi ∈ Hom A (Ai , Bi ), (i = 1, 2). Si f1 ⊕ f2 : A1 ⊕ A2 alors i) ker(f1 ⊕ f2) ' ker f1 ⊕ ker f2 , ii) coker(f1 ⊕ f2) ' coker f1 ⊕ coker f2 , iii) im(f1 ⊕ f2 ) ' im f1 ⊕ im f2, - B1 ⊕ B2 0.1. Catégories additives 7 iv) coim(f1 ⊕ f2 ) ' coim f1 ⊕ coim f2 . Preuve. Démontrons que si (ker f1 , i1) et (ker f2 , i2) sont des noyaux de f1 et f2 respectivement, alors (ker f1 ⊕ ker f2 , i1 ⊕ i2) est un noyau de f1 ⊕ f2 . Bien sûr, ! ! f1 0 i1 0 = 0. 0 f2 0 i2 Soit ! e1 e2 tel que - A1 ⊕ A2 :C ! f1 0 0 f2 ! e1 e2 = f1 ◦ e 1 f2 ◦ e 2 ! = 0. Par définition de ker fi , il existe ci ∈ Hom A (C, ker fi ) tel que ii ◦ ci = ei , (i = 1, 2). Par conséquent, le morphisme ! c1 : C - ker f1 ⊕ ker f2 c2 rend le diagramme suivant commutatif. ker f1 ⊕ ker f2 i1 0 0 i2 ! - A1 ⊕ A2 6 ! I @ @ !@ c1 @ @ e1 e2 c2 f1 0 0 f2 ! - B1 ⊕ B2 0 C On en déduit que ker(f1 ⊕ f2 ) ' ker f1 ⊕ ker f2 . Le point ii) s’obtient par dualité. Les points iii) et iv) se déduisent de i) et ii) vu les définitions de im et coim. Rappelons que dans une catégorie C , un carré cartésien est un carré commutatif C1 f- 6 c1 C10 C2 6 0 f- c2 C20 tel que pour tout C ∈ Ob(C ) et tout couple (γ1 , γ20 ) ∈ Hom C (C, C1) × Hom C (C, C20 ) vérifiant f ◦ γ1 = c2 ◦ γ20 , il existe un unique morphisme γ ∈ Hom C (C, C10 ) rendant le 8 0. Rappels de théorie des catégories diagramme suivant commutatif. C1 f- C2 6 6 c2 c1 0 γ1 C 0 f - C 0 1 * 2 γ γ 0 2 C Par dualité, un carré co-cartésien est un carré commutatif C10 f 0- 60 60 c1 C1 C20 c2 f- C2 0 tel que pour tout C ∈ Ob(C ) et tout couple (γ10 , γ2 ) ∈ Hom C (C10 , C 0) × Hom C (C2 , C 0) vérifiant γ2 ◦ f = γ10 ◦ c01 , il existe un unique morphisme γ 0 ∈ Hom C (C20 , C 0) rendant le diagramme suivant commutatif. C0 * 0 0 γ 1 γ f0 - C 0 γ2 C10 2 60 60 c1 c 2 f- C1 C2 Proposition 0.1.18. i) Soit A une catégorie additive telle que tout morphisme possède un noyau et un conoyau. Si f ∈ Hom A (A, B ) et b ∈ Hom A (B 0, B ), alors il existe A0 ∈ Ob(A), a ∈ Hom A (A0 , A) et f 0 ∈ Hom A (A0, B 0) tels que A f- 6 6 a A0 B b 0 f- B0 soit un carré cartésien. ii) Par dualité, on a le résultat analogue pour les carrés co-cartésiens. Preuve. i) Considérons le morphisme v = f −b : A ⊕ B 0 -B 0 ◦ iv (où iv : ker v et établissons que A0 = ker v , a = pA ◦ iv , f 0 = pB répondent à la question. - A ⊕ B 0) 0.1. Catégories additives 9 Soit (α, β 0 ) ∈ Hom A (X, A) × Hom A (X, B 0 ) tel que f ◦ α = b ◦ β 0 . Le morphisme ! α : X - A ⊕ B0 v0 = β0 vérifie v ◦ v 0 = f −b ! α β0 = f ◦ α − b ◦ β 0 = 0. Donc, par définition de ker v , il existe un unique morphisme v 00 : X iv ◦ v 00 = v 0 . Il s’ensuit que le diagramme suivant est commutatif. f A X - ker v tel que -B 6 6 pA ◦ iv b α ker v pB 0 ◦ iv- B 0 * v 00 β 0 Remarque 0.1.19. Soit A une catégorie additive telle que tout morphisme possède un noyau et un conoyau, soient A, B ∈ Ob(A) et f ∈ Hom A (A, B ). i) Il existe un morphisme canonique ϕ : coim f - im f . En effet, comme coim f est le conoyau de i : ker f - A et que f ◦ i = 0, il existe f 0 ∈ Hom A (coim f, B ) tel que le diagramme suivant soit commutatif. ker f i@ @ R 0@ A 0 q- coim f f 0 ? f B Si q : B - coker f , on a q ◦ f 0 ◦ q 0 = q ◦ f = 0 et q ◦ f 0 = 0 car q 0 est un épimorphisme. Comme im f est le noyau de q , il existe un unique morphisme ϕ ∈ Hom A (coim f, im f ) tel que le diagramme suivant soit commutatif. im f i0 B I @ @ ϕ@ 6 f0 coim f q 0 coker f 10 0. Rappels de théorie des catégories ii)Soient C ∈ Ob(A) et g ∈ Hom A (B, C ) tels que g ◦ f = 0. Il existe un mor- phisme canonique ψ : im f - ker g . En effet, comme g ◦ f = 0, il existe un unique morphisme c ∈ Hom A (coker f, C ) tel que le diagramme suivant soit commutatif. f- A q- B @ @ R 0@ coker f g ? c C Il s’ensuit que g ◦ i0 = c ◦ q ◦ i0 = 0 (où i0 : im f - B ) et par définition de ker g , il existe un unique morphisme ψ ∈ Hom A (im f, ker g ) tel que le diagramme suivant soit commutatif. ig g-B ker g C 6 I @ @ ψ@ i0 0 im f 0.2. Catégories abéliennes Définition 0.2.1. Une catégorie additive A est abélienne si elle vérifie les conditions suivantes : i) tout morphisme de A possède un noyau et un conoyau, ii) pour tout morphisme f ∈ Hom A (A, B ), le morphisme canonique coim f - im f est un isomorphisme. Définition 0.2.2. Soit A une catégorie abélienne. Une suite de morphismes de A A f -B g -C est exacte si i) g ◦ f = 0, ii) le morphisme canonique im f - ker g est un isomorphisme. Remarque 0.2.3. Soit A une catégorie abélienne. i) La suite 0 ii) la suite A -A f -B f - B est exacte si et seulement si f est un monomorphisme. - 0 est exacte si et seulement si f est un épimorphisme. Proposition 0.2.4. Soient A une catégorie abélienne et f :A -B un morphisme de A. On a les suites exactes suivantes : i) 0 - ker f -A - im f -0 0.2. Catégories abéliennes ii) 0 - im f -B - coker f 11 -0 Preuve. C’est immédiat. Proposition 0.2.5. Soient A une catégorie abélienne, A, B ∈ Ob(A). La suite 0 -A iA - A⊕B pB -B -0 est exacte. Preuve. a) Soit c ∈ Hom A (C, A) tel que iA ◦ c = 0. Puisque pA ◦ iA ◦ c = c = 0, iA est un monomorphisme. b) Si on démontre que le conoyau de iA est (B, pB ) alors im iA ' ker pB . Soit c ∈ Hom A (A ⊕ B, C ) tel que c ◦ iA = 0. Le morphisme c ◦ iB : B - C rend le diagramme suivant commutatif. iA- A @ @ R 0@ A⊕B pB- B c ? c ◦ iB C En effet, comme iA ◦ pA + iB ◦ pB = idA⊕ B , on a c ◦ iA ◦ pA + c ◦ iB ◦ pB = c ◦ iB ◦ pB = c. c) Soit c ∈ Hom A (B, C ) tel que c ◦ pB = 0. Puisque c ◦ pB ◦ iB = c = 0, pB est un épimorphisme. Définition 0.2.6. Soient A et B deux catégories abéliennes. Un foncteur additif F : A - B est exact à gauche (resp. à droite ) si pour toute suite exacte dans A 0 -A (resp. A -B -B -C -C - 0) la suite 0 (resp. - F (A ) F (A ) - F (B ) - F (B ) - F (C ) - F (C ) - 0) est exacte dans B . Le foncteur F : A - B est exact s’il est exact à gauche et à droite. Un foncteur contravariant F : A - B est exact à gauche (resp. à droite ) s’il est exact à gauche (resp. à droite) quand il est considéré comme foncteur F : Aop - B (où Aop est la catégorie opposée de A). 12 0. Rappels de théorie des catégories Exemple 0.2.7. Soit A une catégorie abélienne. Les foncteurs Hom A (., X ) : Aop - Ab et Hom A (X, .) : A - Ab (où Ab désigne la catégorie des groupes abéliens) sont exacts à gauche. 0.3. Foncteurs représentables Définition 0.3.1. Soit A une catégorie additive. Soit hX : A A - Ab) le foncteur additif défini par - Ab (resp. hX : hX (Y ) = Hom A (X, Y ) (resp. hX (Y ) = Hom A (Y, X )). Un foncteur additif F : A existe X ∈ Ob(A) tel que - Ab (resp. F : Aop - Ab) est représentable s’il F ' hX (resp. F ' hX ). On dit que X est un représentant de F . Proposition 0.3.2. Si F : A - Ab (resp. F : Aop tif, alors pour tout X ∈ Ob(A) - Ab) est un foncteur addi- Hom (hX , F ) ' F (X ). (resp. Hom (hX , F ) ' F (X ).) Preuve. Considérons les morphismes ϕ : Hom (hX , F ) - F (X ), ψ : F (X ) - Hom (hX , F ) définis respectivement par ϕ(α) = α(X )(idX ) ∀α ∈ Hom (hX , F ) et ψ (a)(Y )(f ) = F (f )(a) ∀a ∈ F (X ), ∀Y ∈ Ob(A), ∀f ∈ Hom A (X, Y ). Le morphisme ψ (a) : hX -F 0.3. Foncteurs représentables 13 - Y 0 est un morphisme de A, le carré est bien fonctoriel car si g : Y ψ (a)(Y ) hX (Y ) hX (g ) F (Y ) F (g ) ? 0 ψ a Y ( )( -) 0 hX (Y ) F (Y 0 ) ? commute car pour tout f ∈ Hom A (X, Y ), on a F (g ) ◦ ψ (a)(Y )(f ) = F (g ) ◦ F (f )(a) = F (g ◦ f )(a) = ψ (a)(Y 0 ) ◦ hX (g )(f ). Les morphismes ψ et ϕ sont inverses l’un de l’autre. En effet, d’une part, on a ψ ◦ ϕ(α)(Y )(f ) = F (f )(ϕ(α)) = F (f )(α(X )(idX )) = α(Y )(f ) car la carré hX (X ) hX (f ) α(X-) F (X ) F (f ) ? α(Y) hX (Y ) F (Y ) ? commute. D’autre part, ϕ ◦ ψ (a) = ψ (a)(X )(idX ) = F (idX )(a) = a. Corollaire 0.3.3. On a l’ isomorphisme Hom (hX , hY ) ' Hom (Y, X ) (resp. Hom (hX , hY ) ' Hom (X, Y )). En particulier, f : X - Y est un isomorphisme si et seulement si hf : hX (resp. hf : hX - hY ) est un isomorphisme. Remarque 0.3.4. Soient A, A0 deux catégories additives et F :A deux foncteurs additifs. - A0 , G : A0 -A - hY 14 0. Rappels de théorie des catégories i) Il résulte de la proposition précédente que se donner un morphisme de foncteurs - Hom 0 (F (.), .) A A(., .) : Hom A (., G(.)) est équivalent à se donner un morphisme de foncteurs T (.) : F ◦ G(.) - id(.) caractérisé par A(X, Y )(f ) = T (Y ) ◦ F (f ) pour tout f ∈ Hom A (X, G(Y )). ii) Par dualité, se donner un morphisme de foncteurs A0 (., .) : Hom A0 (F (.), .) - Hom (., G(.)) A est équivalent à se donner un morphisme de foncteurs T 0(.) : id(.) - G ◦ F (.) caractérisé par A0 (X, Y )(f ) = G(f ) ◦ T 0 (X ) pour tout f ∈ Hom A0 (F (X ), Y ). CHAPITRE 1 Catégories triangulées et t-structures 1.1. Catégories triangulées Soit A une catégorie additive munie d’un automorphisme T : A - A. Définition 1.1.1. Un triangle de A est une suite de morphismes de A a b - B A c -C - T (A ). Un morphisme de triangles de A est la donnée d’un diagramme commutatif dans A: a- A b- B α c- C β T (A ) T (α) γ ? a0 ? b0 ? c0 ? - B0 - C0 - T (A 0 ) A0 Définition 1.1.2. Une catégorie triangulée T est la donnée d’une catégorie additive T munie d’un automorphisme T : T - T et d’une famille de triangles, appelés triangles distingués vérifiant les axiomes suivants : (TD 0) un triangle isomorphe à un triangle distingué est un triangle distingué, (TD 1) pour tout X ∈ Ob(T ), idX -X X est un triangle distingué, (TD 2) pour tout morphisme f : X - T (X ) - Y dans T , il existe un triangle distingué f X -0 - Y -Z - T ( X ), f g h (TD 3) le triangle - Y X - Z - T (X ) est distingué si et seulement si le triangle g -Z Y h - T (X ) −T (f ) - T (Y ) est distingué, (TD 4) étant donné deux triangles distingués X X0 f - Y f0 - Y0 -Z - T ( X ), - Z0 - T (X 0 ), 15 16 1. Catégories triangulées et t-structures et un diagramme commutatif dans T , f- X Y u v ? f0 ? - Y0 X0 il existe w ∈ Hom T (Z, Z 0 ) tel que le diagramme suivant X f- -Z Y u v - T (X ) w ? f0 ? - Y0 X0 ? - Z0 T (u ) ? - T (X 0 ) soit commutatif et donc, on a un morphisme de triangles distingués, (TD 5) étant donné les triangles distingués X Y X f - Z0 - T (X ) g - X0 - T (Y ) g ◦f - Y0 - T (X ), - Y -Z -Z il existe un triangle distingué Z0 - Y0 - X0 - T (Z 0 ) tel que le diagramme suivant soit commutatif. X idX f Y g ? g◦f ? -Z X f ? Y ? Z 0 idZ ? g Z ? - Y0 - Z0 ? - Y0 ? - X0 idX 0 ? - X0 - T (X ) idT (X ) ? - T (X ) T (f ) ? - T (Y ) ? - T (Z 0 ) 1.1. Catégories triangulées 17 Cette dernière assertion, appelée “axiome de l’octaèdre”, peut être visualisée de la manière suivante. Y0 AK @ A @ R A @ 0 A Z X0 A A 6 KA A A ? A A ◦ g f - Z X A A @ A @ A R A f @ g Y Notation 1.1.3. Soit X un objet d’une catégorie triangulée T . Par commodité d’écriture, on posera X [n] = T n (X ). Définition 1.1.4. Soient T et T 0 deux catégories triangulées. Un foncteur triangulé F : T - T 0 est un foncteur additif tel que i) F (X [1]) ' F (X )[1] ii) l’image par F d’un triangle distingué de T est un triangle distingué de T 0 . Proposition 1.1.5. Si T est une catégorie triangulée et f g -Y X -Z - X [1] -0 - X [1] est un triangle distingué, alors g ◦ f = 0. Preuve. Comme idX -X X est un triangle distingué, par (TD 4), il existe ϕ ∈ Hom T (0, Z ) tel que le diagramme suivant X idX- X idX ? X -0 f f- ? Y - X [1] idX [1] ϕ g- ? Z ? - X [1] soit commutatif, et donc, g ◦ f = 0. Définition 1.1.6. Soit T une catégorie triangulée et A une catégorie abélienne. Un foncteur cohomologique F : T - A est un foncteur additif tel que pour tout triangle distingué de T X -Y -Z - X [1], 18 1. Catégories triangulées et t-structures la suite - F (Y ) F (X ) - F (Z ) est exacte. Proposition 1.1.7. Soit T une catégorie triangulée. Pour tout W ∈ Ob(T ), les foncteurs Hom T (W, .) : T - Ab et Hom T (., W ) : T op - Ab sont des foncteurs cohomologiques. f g Preuve. Soit X - Y - Z la suite des groupes abéliens - X [1] un triangle distingué de T . Etablissons que Hom (W,f ) - Hom (W, Y ) T Hom T (W, X ) Hom (W,g ) - Hom (W, Z ) T est exacte, i.e. im(Hom (W, f )) = ker(Hom (W, g )). D’une part, si ψ ∈ Hom T (W, X ), on a par la proposition 1.1.5 Hom (W, g ) ◦ Hom (W, f )(ψ ) = g ◦ f ◦ ψ = 0. D’autre part, soit ϕ ∈ Hom T (W, Y ) vérifiant Hom (W, g )(ϕ) = g ◦ ϕ = 0. Puisque W idW -W -0 - W [1] est un triangle distingué, par (TD 3) et (TD 4), il existe ψ ∈ Hom T (W, X ) rendant le diagramme -0 W [−1] idW- -W ϕ[−1] ? −g [−1] - Z [−1] Y [−1] W ψ ? ? f -X ϕ ? -Y commutatif. On a alors Hom (W, f )(ψ ) = f ◦ ψ = ϕ. Corollaire 1.1.8. Soient T une catégorie triangulée et un morphisme de triangles distingués dans T X ϕ ? X0 -Y -Z ψ ? - Y0 θ ? - Z0 - X [1] ϕ[1] ? - X 0 [1] Si ϕ et θ sont des isomorphismes alors ψ est un isomorphisme. Preuve. Soit W ∈ Ob(T ). Comme Hom (W, .) est un foncteur cohomologique, on obtient le diagramme commutatif suivant dont les lignes sont exactes : Hom (W, Z [−1]) - Hom (W, X ) - Hom (W, Y ) - Hom (W, Z ) - Hom (W, X [1]) Hom (W, θ[−1]) Hom (W, ϕ) Hom (W, ψ) Hom (W, θ) Hom (W, ϕ[1]) Hom (W, Z 0 [−1]) - Hom (W, X 0 ) ? ? ? - Hom (W, Y 0 ) ? - Hom (W, Z 0 ) ? - Hom (W, X 0[1]) 1.1. Catégories triangulées 19 Comme ϕ et θ sont des isomorphismes, Hom (W, θ[−1]), Hom (W, ϕ), Hom (W, θ ) et Hom (W, ϕ[1]) sont des isomorphismes et par le lemme des cinq, on en déduit que Hom (W, ψ ) est un isomorphisme pour tout W ∈ Ob(T ). Par le corollaire 0.3.3, on a le résultat. Corollaire 1.1.9. Soit T une catégorie triangulée, et soit f - Y X -N - X [1] un triangle distingué de T . Alors, f est un isomorphisme si et seulement si N ' 0. Preuve. Supposons que f est un isomorphisme. Comme on a le morphisme de triangles distingués idX- X idX ? X -0 X - X [1] 0 f f- ? Y ? -N idX [1] ? - X [1] on en déduit que N ' 0. Inversément, si on a un triangle distingué du type f - Y X -0 - X [1] par le corollaire précédent, comme on a idX- X idX ? X -0 X 0 f f- - X [1] ? ? -0 Y idX [1] ? - X [1] on en déduit que f est un isomorphisme. Proposition 1.1.10. Si T est une catégorie triangulée et si X, Y ∈ Ob(T ), alors X 0 -Y iY - X [1] ⊕ Y - X [1] est un triangle distingué dans T . Preuve. Par (TD 2), il existe un triangle distingué dans T X 0 -Y g -Z h - X [1] et comme pour tout W ∈ Ob(T ), Hom (W, .) est un foncteur cohomologique, la suite 0 - Hom (W, Y ) Hom(W,g ) - Hom (W, Z ) Hom (W,h) - Hom (W, X [1]) est exacte. Pour W = X [1], il existe donc h0 ∈ Hom (X [1], Z ) tel que Hom (X [1], h)(h0 ) = h ◦ h0 = idX [1] . - 0 20 1. Catégories triangulées et t-structures Il s’ensuit que Hom (W, h) ◦ Hom (W, h0 ) = idHom (W,X [1]) et la suite ci-dessus est scindée. Par conséquent, pour tout W ∈ Ob(T ), Hom (W, Z ) ' Hom (W, Y ) ⊕ Hom (W, X [1]). Comme cet isomorphisme est fonctoriel en W , on a Z ' X [1] ⊕ Y . D’où la conclusion. Corollaire 1.1.11. Si T est une catégorie triangulée et si -Y X 0 -Z - X [1] est un triangle distingué dans T , alors Y ' X ⊕ Z . Preuve. Par la proposition précédente, comme 0 - X [1] Z - Y [1] - Z [1] est un triangle distingué, Y [1] ' Z [1] ⊕ X [1] et Y ' X ⊕ Z . 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée Dans cette section, T désigne une catégorie triangulée. Définition 1.2.1. Un sous-ensemble N de Ob(T ) est un système nul s’il satisfait aux trois conditions suivantes : (N 1) 0 ∈ N , (N 2) X ∈ N si et seulement si X [1] ∈ N , (N 3) si X - Y - Z - X [1] est un triangle distingué de T avec X , Y ∈ N , alors Z ∈ N . On note S (N ) l’ensemble des morphismes f : X distingué X f -Y -Z - Y tels qu’il existe un triangle - X [1], avec Z ∈ N . Proposition 1.2.2. Si N est un système nul de T , alors i) pour tout X ∈ Ob(T ), idX ∈ S (N ), ii) pour tout s1 ∈ Hom T (X, Y ), s2 ∈ Hom T (Y, Z ), tels que s1, s2 ∈ S (N ), on a s2 ◦ s1 ∈ S (N ), iii) tout diagramme Z X s f- ? Y 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 21 avec s ∈ S (N ) peut être complété en un diagramme commutatif -Z W s0 s ? f ? -Y X avec s ∈ S (N ). On a le même résultat avec les morphismes renversés, iv) si f et g ∈ Hom T (X, Y ), les conditions suivantes sont équivalentes : 1) il existe s ∈ Hom T (Y, Y 0 ), s ∈ S (N ) tel que s ◦ f = s ◦ g , 2) il existe s0 ∈ Hom T (X 0 , X ), s0 ∈ S (N ) tel que f ◦ s0 = g ◦ s0. 0 id X Preuve. i) Soit X ∈ Ob(T ). Comme X X - 0 - X [1] est un triangle distingué et que 0 ∈ N , idX ∈ S (N ). ii) Puisque s1 , s2 ∈ S (N ), il existe deux triangles distingués X Y s1 - Z0 - X [1], s2 - X0 - Y [1] -Y -Z avec X 0 , Z 0 ∈ N . De plus, par (TD 2), on a un triangle distingué X s2 ◦s1 -Y0 -Z - X [1] et par l’axiome de l’octaèdre, on obtient le triangle distingué suivant. Z0 - Y0 - X0 - Z 0 [1] Par (TD 3), X 0 [−1] - Z0 - Y0 - X0 est un triangle distingué avec X 0 [−1] et Z 0 ∈ N , et donc Y 0 ∈ N , ce qui implique que s2 ◦ s1 ∈ S (N ). iii) Puisque s ∈ S (N ), il existe un triangle distingué s g - X0 -Y Z h - Z [1] avec X 0 ∈ N et par (TD 2), on a le triangle distingué X g0 g ◦f - X0 - X 00 h0 - X [1]. Par (TD 3) et (TD 4), il existe ϕ ∈ Hom T (X 00 [−1], Z ) tel que le diagramme suivant soit commutatif. −(g ◦ f )[−1] −g 0 [−1] −h0[−1] - X 0 [−1] - X 00 [−1] -X X [−1] f [−1] ? Y [−1] idX 0 [−1] ϕ ? −g [−1] - 0 −h[−1] X [−1] Z ? Or, comme par (TD 3) on a le triangle distingué X 00 [−1] −h0 [−1] -X g ◦f - X0 g0 - X 00 f ? s Y 22 1. Catégories triangulées et t-structures avec X 0 ∈ N , −h0[−1] ∈ S (N ). Par conséquent, W = X 00 [−1] et s0 = −h0 [−1] conviennent. iv) Soient f ∈ Hom T (X, Y ) et s ∈ Hom T (Y, Y 0), s ∈ S (N ) tels que s ◦ f = 0. Démontrons qu’il existe s0 ∈ Hom T (X 0 , X ), s0 ∈ S (N ) tel que f ◦ s0 = 0. Puisque s ∈ S (N ), il existe un triangle distingué s - Y0 Y t - Y 00 t0 - Y [1] id X avec Y 00 ∈ N et comme X X - 0 - X [1] est un triangle distingué, par (TD 3) et (TD 4), il existe ϕ ∈ Hom T (X, Y 00 [−1]) tel que le diagramme suivant soit commutatif. idX -0 -X X [−1] X f [−1] ϕ f ? ? 0 ? −s[−1] −t[−1] −t [−1] - Y 0 [−1] - Y 00 [−1] -Y Y [−1] ? Comme par (TD 2), on a le triangle distingué X ϕ - Y 00 [−1] ψ - Z ψ0 - X [1], par (TD 3), on a alors le triangle distingué Z [−1] −ψ0 [−1] -X ϕ - Y 00 [−1] ψ - Z. Il s’ensuit que −ψ 0[−1] ∈ S (N ) car Y 00 [−1] ∈ N et f ◦ ψ 0[−1] = t0[−1] ◦ ϕ ◦ ψ 0[−1] = 0. Par conséquent, X 0 = Z [−1] et s0 = −ψ 0[−1] conviennent. Lemme 1.2.3. Soit N un système nul de la catégorie triangulée T . i) Soient X , Y ∈ Ob(T ). Si un triplet (X 0 , s, f ) est la donnée de X 0 ∈ Ob(T ) et des morphismes s ∈ Hom T (X 0 , X ), s ∈ S (N ) et f ∈ Hom T (X 0 , Y ), alors la relation R définie par (X10 , s1 , f1)R(X20 , s2 , f2) si et seulement s’il existe un diagramme commutatif dans T X s1 v X10 @ @ R f1 @ 6 @ s2 uI @ @ v 0- 0 W X2 u0 ? f2 Y avec W ∈ Ob(T ) et u ∈ S (N ), est une relation d’équivalence. 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 23 ii) Si les diagrammes suivants X100 t10 X0 s @ g10 @ R @ @f @ R @ X Y0 @g @ R @ t Y Z X200 t20 X s 0 @ g20 @ R @ @f @ R @ X Y0 t Y @g @ R @ Z sont commutatifs, et si s ◦ t10 et s ◦ t20 appartiennent à S (N ) alors (X100 , s ◦ t10 , g ◦ g10 )R(X200 , s ◦ t02, g ◦ g20 ). Preuve. i) Il est clair que la relation R est réflexive et symétrique. Démontrons qu’elle est transitive. Supposons que (X10 , s1, f1 )R(X20 , s2, f2 ) et (X20 , s2 , f2)R(X30 , s3 , f3 ), i.e. qu’il existe deux diagrammes commutatifs X s1 v1 X10 6 @ s2 u1I @ @ v10- 0 W1 X2 @ u10 @ @ ? f2 f1 R Y X s2 v2 X20 @ @ R f2 @ 6 @ s3 u2I @ @ v20- 0 W2 X3 u20 ? f3 Y 24 1. Catégories triangulées et t-structures avec u1, u2 ∈ S (N ). Comme on a W2 u2 u1- W1 ? X avec u2 ∈ S (N ), par la proposition 1.2.2, il existe un diagramme commutatif u4- W3 u3 W2 u2 ? u ? 1W1 X avec u3 ∈ S (N ). De plus, on a s2 ◦ v10 ◦ u3 = u1 ◦ u3 = u2 ◦ u4 = s2 ◦ v 2 ◦ u 4 et par la proposition 1.2.2, il existe W4 ∈ Ob(T ) et t ∈ Hom T (W4, W3 ), t ∈ S (N ) tels que v10 ◦ u3 ◦ t = v2 ◦ u4 ◦ t. On vérifie alors aisément que le diagramme X 6 I @ @ s3 s1 u1 ◦ u3 ◦ t @ @ @ 0 v 1 ◦ u3 ◦ t v2 ◦ u4 ◦-t 0 X10 W4 X3 @ @ u01 ◦ u3 ◦ t @ f1 @ R @ ? f3 Y est commutatif et comme u1 ◦ u3 ◦ t ∈ S (N ), la relation R est transitive. ii) Comme on a X200 s ◦ t20 X100 s ◦ t10 - ? X 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 25 avec s ◦ t02 ∈ S (N ), par la proposition 1.2.2, il existe un diagramme commutatif W h1 ? X100 h2 - 00 X2 s◦ t01- s ◦ t02 ? X avec h1 ∈ S (N ). Donc, on a s ◦ t01 ◦ h1 = s ◦ t02 ◦ h2 et par la proposition 1.2.2, il existe W 0 ∈ Ob(T ) et h0 ∈ Hom T (W 0 , W ), h0 ∈ S (N ) tels que t01 ◦ h1 ◦ h0 = t02 ◦ h2 ◦ h0 . De plus, on a t ◦ g10 ◦ h1 ◦ h0 = f ◦ t01 ◦ h1 ◦ h0 = f ◦ t02 ◦ h2 ◦ h0 = t ◦ g20 ◦ h2 ◦ h0 , et par la proposition 1.2.2, il existe W 00 ∈ Ob(T ) et h00 ∈ Hom T (W 00 , W 0 ), h00 ∈ S (N ) tels que g10 ◦ h1 ◦ h0 ◦ h00 = g20 ◦ h2 ◦ h0 ◦ h00 . On vérifie alors aisément que le diagramme X s ◦ t01 h1 ◦ h0 ◦ h00 X100 6 @ I @ @ @ 0 @ s ◦ t2 s ◦ t01 ◦ h1 ◦ h0 ◦ h00 @ @ @ @ 0 00 @ h2 ◦ h ◦ h - 00 W 00 X2 @ @ @ @ @ g ◦ g10 ◦ h1 ◦ h0 ◦ h00 0 @ g ◦ g1 @ @ @ R @ ? g ◦ g20 Z est commutatif et comme s ◦ t01 ◦ h1 ◦ h0 ◦ h00 ∈ S (N ), on en déduit que (X100 , s ◦ t01 , g ◦ g10 )R(X200 , s ◦ t02, g ◦ g20 ). 26 1. Catégories triangulées et t-structures Définition 1.2.4. Soit N un système nul de la catégorie triangulée T . La catégorie T /N appelée la localisation de T par N a pour objets les objets de T , les morphismes d’un objet X dans un objet Y étant les classes d’équivalence des triplets (X 0 , s, f ) pour la relation considérée dans le lemme précédent. Pour composer les morphismes représentés par (X 0 , s, f ) et (Y 0 , t, g), on forme le diagramme commutatif X 00 t0 X0 s @h @ R @ @f @ R @ X Y0 @g @ R @ t Y Z avec t0 ∈ S (N ) (cf. proposition 1.2.2) et on pose (Y 0 , t, g ) ◦ (X 0 , s, f ) = (X 00 , s ◦ t0 , g ◦ h). Cette définition est licite. En effet, d’une part, supposons qu’il existe un diagramme commutatif X100 t01 X0 s @ h1 @ R @ @f @ R @ X Y0 t Y @g @ R @ Z avec t01 ∈ S (N ). Puisque s ◦ t0 et s ◦ t10 appartiennent a S (N ), on en déduit du lemme précédent que (X 00 , s ◦ t0, g ◦ h)R(X100 , s ◦ t01, g ◦ h1 ). D’autre part, supposons que (X 0 , s, f )R(X10 , s1, f1 ) et démontrons que ((Y 0 , t, g ) ◦ (X10 , s1, f1 ))R((Y 0 , t, g) ◦ (X 0 , s, f )). Comme (X 0 , s, f )R(X10 , s1 , f1), il existe un diagramme commutatif X s v X0 @ @ R f @ 6 I s1 u@ @ @ v 0- 0 W X1 u0 ? f1 Y 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 27 avec u ∈ S (N ). De plus, puisque t ∈ S (N ), il existe un diagramme commutatif W0 u01- Y0 t1 ? u0 W t ? -Y avec t1 ∈ S (N ). Donc, le diagramme suivant W0 @ u01 @ R @ @f @ R @ v ◦ t1 X 0 s X Y0 @g @ R @ t Y Z est commutatif et s ◦ v ◦ t1 ∈ S (N ). Par le lemme précédent, (W 0, s ◦ v ◦ t1 , g ◦ u01)R((Y 0 , t, g ) ◦ (X 0 , s, f )). De la même manière, on a (W 0, s ◦ v ◦ t1 , g ◦ u01)R((Y 0, t, g ) ◦ (X10 , s1 , f1)), et par transitivité, on en déduit que la loi de composition est bien définie. Remarquons que la loi de composition que l’on vient de définir est associative. En effet, soient α : X - Y , β : Y - Z , γ : Z - W trois morphismes de T /N . Supposons que α, β , γ sont respectivement représentés par (X 0 , s, f ), (Y 0 , t, g ) et (Z 0, u, h). Considérons le diagramme commutatif X 000 u00 X 00 t0 X0 s X @i @ R @ @f @ R @ t Y @k @ R @ Y 00 u0 Y0 @j @ R @ @g @ R @ u Z Z0 @h @ R @ W avec t0, u0, u00 ∈ S (N ). D’une part, (Z 0 , u, h) ◦ ((Y 0, t, g ) ◦ (X 0 , s, f )) = (Z 0 , u, h) ◦ (X 00 , s ◦ t0, g ◦ i) = (X 000 , s ◦ t0 ◦ u00 , h ◦ j ◦ k ) 28 1. Catégories triangulées et t-structures car g ◦ i ◦ u00 = g ◦ u0 ◦ k = u ◦ j ◦ k , et d’autre part, ((Z 0 , u, h) ◦ (Y 0 , t, g )) ◦ (X 0 , s, f ) = (Y 00 , t ◦ u0 , h ◦ j ) ◦ (X 0 , s, f ) = (X 000 , s ◦ t0 ◦ u00 , h ◦ j ◦ k) car f ◦ t0 ◦ u00 = t ◦ i ◦ u00 = t ◦ u0 ◦ k . On en déduit que la loi de composition est associative. Enfin, pour tout X ∈ Ob(T ), idX ∈ S (N ) et donc, (X, idX , idX ) ∈ Hom T /N (X, X ). De plus, si (X 0 , s, f ) ∈ Hom T /N (X, Y ), on a (X 0 , s, f ) ◦ (X, idX , idX ) = (X 0 , s, f ) car le diagramme suivant X0 @ idX @ R @ @ idX @ R @ s X0 X idX X s @f @ R @ X Y est commutatif et s ∈ S (N ). De même, si (Y 0, s, f ) ∈ Hom T /N (Y, X ), on a (X, idX , idX ) ◦ (Y 0 , s, f ) = (Y 0, s, f ). Définition 1.2.5. On définit le foncteur Q:T - T /N par Q(X ) = X pour tout X ∈ Ob(T ), et Q(f ) = (X, idX , f ) pour tout f ∈ Hom T (X, Y ). Il s’agit bien d’un foncteur car i) pour tout X ∈ Ob(T ), Q(idX ) = (X, idX , idX ), ii) pour tout f ∈ Hom T (X, Y ), g ∈ Hom T (Y, Z ), on a Q(g ) ◦ Q(f ) = (Y, idY , g ) ◦ (X, idX , f ) = (X, idX , g ◦ f ) = Q (g ◦ f ) 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée car le diagramme suivant commute. X @f @ R @ idX X Y @f @ R @ idX @g @ R @ idY X Y Z Proposition 1.2.6. Soit N un système nul de la catégorie triangulée T . i) Pour tout s ∈ S (N ), Q(s) est un isomorphisme. ii) Pour tout X ∈ N , Q(X ) ' 0. iii) Pour tout X ∈ Ob(T ), les conditions suivantes sont équivalentes : a) Q(X ) ' 0, b) il existe Y ∈ Ob(T ) tel que X ⊕ Y ∈ N , c) X ⊕ X [1] ∈ N . Preuve. i) Soit s ∈ Hom T (X, Y ), s ∈ S (N ). On a Q(s) = (X, idX , s), et comme s ∈ S (N ), (X, s, idX ) ∈ Hom T /N (Y, X ). D’une part, (X, s, idX ) ◦ (X, idX , s) = (X, idX , idX ) car le diagramme suivant est commutatif. X @ idX @ R @ idX X X @s @ R @ idX X @ idX @ R @ s Y X D’autre part, (X, idX , s) ◦ (X, s, idX ) = (X, s, s) car le diagramme X @ idX @ R @ idX X s Y X @ idX idX @ R @ X @s @ R @ Y 29 30 1. Catégories triangulées et t-structures est commutatif. De plus, puisque le diagramme suivant Y 6 @ idY s s I @ @ sidX X X Y @ @ s R ? idY s@ Y commute, on a (X, s, s)R(Y, idY , idY ), et Q(s) est un isomorphisme. ii) Soit X ∈ N . Puisque X idX -X -0 - X [1] est un triangle distingué, par (TD 3), α -X 0 idX -X -0 est un triangle distingué et α ∈ S (N ). Par conséquent, Q(α) est un isomorphisme, ce qui suffit. iii) Si X ∈ Ob(T ), Q(X ) ' 0 si et seulement si idQ(X ) = 0Q(X ). Ainsi, l’annulation de Q(X ) est équivalente à l’existence d’un diagramme commutatif X idX t X @ @ R 0@ 6 @ idX s I @ @ t0 0 X X f ? idX X avec s ∈ S (N ). Dans un tel diagramme, s = t = t0 = f = 0. Il en résulte que Q(X ) ' 0 si et seulement s’il existe un triangle distingué X0 0 -X -N - X 0 [1] avec N ∈ N . Vu la proposition 1.1.10 et le corollaire 1.1.8, dans un tel triangle, N ' X 0 [1] ⊕ X . Ce qui établit l’équivalence de a) et b). Comme on dispose aussi du triangle distingué X 0 -X - X [1] ⊕ X - X [1], l’axiome de l’octaèdre donne le triangle distingué N -N - X [1] ⊕ X - N [1]. 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 31 Il en résulte que X [1] ⊕ X ∈ N . Ainsi, c) est un conséquence de a). Comme b) est clairement une conséquence de c), iii) est démontré. Remarque 1.2.7. Si α : X alors - Y est un morphisme de T /N représenté par (X 0 , s, f ), α = Q(f ) ◦ Q(s)−1 . En effet, le diagramme X0 @ idX 0 @ R @ idX 0 X0 X0 @ idX 0 @ R @ s X0 X idX 0 @f @ R @ Y est commutatif. Proposition 1.2.8. Soit N un système nul de la catégorie triangulée T . i) T /N est une catégorie triangulée en considérant comme triangles distingués ceux isomorphes à l’image par Q d’un triangle distingué dans T . ii) Si T 0 est une catégorie triangulée et si F : T - T 0 est un foncteur de catégories triangulées tel que F (X ) ' 0 pour tout X ∈ N , alors il existe un foncteur unique G : T /N - T 0 tel que G ◦ Q = F . Schématiquement, T F Q- T /N ? G T0 Preuve. i) Vérifions que T /N satisfait aux axiomes d’une catégorie triangulée. Pour (TD 0), (TD 1) et (TD 3), cela découle immédiatement de ce que la catégorie T est triangulée. (TD 2) Soit f ∈ Hom T /N (X, Y ). On peut supposer que f est représenté par X0 s @a @ R @ X Y avec s ∈ S (N ). Par (TD 2) appliqué à la catégorie T , il existe un triangle distingué X0 a -Z - X 0 [1] X0 Q( a) -Z - X 0 [1] -Y et donc, - Y 32 1. Catégories triangulées et t-structures est un triangle distingué dans T /N . Comme Q(s) est un isomorphisme et que f ◦ Q(s) = Q(a), on a l’isomorphisme de triangles de T /N Q(a)- X0 Q(s) ? idY Q(s)[1] idZ ? ? f Y X - X 0 [1] -Z Y -Z ? - X [1] et f -Y X -Z - X [1] est un triangle distingué de T /N . (TD 4) On peut supposer que les triangles de T /N que l’on doit considérer sont l’image par Q des deux triangles distingués de T suivants. f g h f0 g0 h0 -Y X X0 -Z - Y0 - X [1] - Z0 - X 0 [1] Soient u ∈ Hom T /N (X, X 0 ) et v ∈ Hom T /N (Y, Y 0 ) des morphismes tels que Q(f 0 ) ◦ u = v ◦ Q(f ). On a donc le diagramme suivant. Q(f) X u ? X0 Q(g) Y Z Q(h) X [1] v 0 Q(f-) ? Y0 u[1] 0 Q(g-) Z0 0 Q(h-) ? X 0 [1] Supposons que u et v sont représentés respectivement par X 00 Y 00 @a @ R @ s X @b @ R @ t X0 Y Y0 avec s, t ∈ S (N ), et que Q(f 0) ◦ u et v ◦ Q(f ) sont donnés respectivement par les diagrammes commutatifs suivants W s0 X s X 00 @ a0 @ R @ @a @ R @ idX 0 X0 X0 @ f0 @ R @ Y0 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 33 W0 t0 @ b0 @ R @ @f @ R @ X idX Y 00 @b @ R @ t X Y Y0 avec s0 , t0 ∈ S (N ). Comme Q(f 0 ) ◦ u = v ◦ Q(f ), il existe un diagramme commutatif X 6 0 @ t0 w00I @ @ 0 w w W W 00 - W 0 s◦s @ @ R f ◦ a0 @ 0 ? b ◦ b0 Y0 avec w00 ∈ S (N ). Par (TD 2), il existe un triangle distingué dans T W 00 b0 ◦w0 - Y 00 - Z 00 - W 00 [1]. Considérons alors le schéma suivant. f Y X 6 Z h X [1] 6 w00 W 00 g- 600 t 0 0 b ◦ w- 00 Y a0 ◦ w ? - Z 00 - W 00 [1] b ? 0 f - 0 Y X0 w [1] 0 g- Z0 0 a0 ◦ w[1] ? h - 0 X [1] On vérifie facilement que f ◦ w00 = t ◦ b0 ◦ w0 , f 0 ◦ a0 ◦ w = b ◦ b0 ◦ w0 , et par (TD 4), il existe k ∈ Hom T (Z 00 , Z ) et k 0 ∈ Hom T (Z 00 , Z 0 ) tels que le diagramme suivant soit commutatif. f Y X 6 6 w00 W 00 0 X0 0 b ◦ w- 00 Y f0 - Y0 h X [1] k 600 - Z 00 - W 00 [1] k0 b ? Z 6 t a0 ◦ w ? g- g0- ? Z0 w [1] a0 ◦ w[1] ? h0 - 0 X [1] 34 1. Catégories triangulées et t-structures En appliquant le foncteur Q, on obtient le diagramme commutatif suivant dont les lignes sont des triangles distingués dans T /N . Q(f ) Y X 6 Q(g ) - Z 6 Q(h) - X [1] 6 Q(w00 ) Q (t ) 0 0 ◦ Q b w ( ) - Y 00 W 00 6 Q(w00 [1]) Q (k ) - Z 00 - W 00 [1] Q (a 0 ◦ w ) Q (b ) Q (k 0 ) Q(a0 ◦ w[1]) ? Q (f 0 ) - ? Q (g 0 ) - ? Q(h0 ) - 0 ? X0 Y0 Z0 X [1] Comme Q(w00 ) et Q(t) sont des isomorphismes, par le corollaire 1.1.8, Q(k ) est un isomorphisme et on a donc le morphisme de triangles distingués suivant. X Q(f ) Q(a0 ◦ w ) ◦ Q(w 00 )−1 ? X0 Q(g) - Y - Z Q(b) ◦ Q(t)−1 Q(f 0 ) Q(h) Q(k0 ) ◦ Q(k)−1 ? - Y0 ? - Z0 Q(g0 ) - X [1] Q(a0 ◦ w [1]) ◦ Q(w 00 )−1 [1] Q(h0 ) ? - X 0[1] Or, Q(a0 ◦ w) ◦ Q(w00 )−1 = u. En effet, Q(a0 ◦ w) ◦ Q(w00 )−1 est donné par le diagramme commutatif W 00 @ idW 00 @ R @ idW 00 W 00 w00 W 00 @ idW 00 @ a0 ◦ w @ @ R @ idW 00 @ R X W 00 et (W 00 , w00 , a0 ◦ w)R(X 00 , s, a) car le diagramme suivant X0 X w00 idW W 00 6 I @ @ s w @ @ @ 0 s ◦ w- 00 00 W X 00 00 @ @ @ 0 a ◦w @ R @ a0 ◦ w ? a X0 est commutatif et w00 ∈ S (N ). De la même manière, Q(b) ◦ Q(t0 )−1 = v et l’axiome (TD 4) est donc vérifié. (TD 5) De la même manière que pour (TD 4), en utilisant l’axiome de l’octaèdre pour la catégorie T , on obtient l’axiome de l’octaèdre pour la catégorie T /N . 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 35 ii) Etablissons tout d’abord que pour tout s ∈ S (N ), F (s) est un isomorphisme. Si s ∈ S (N ), il existe un triangle distingué X s -Y -Z - X [1] avec Z ∈ N . Comme F est un foncteur de catégories triangulées et que F (Z ) ' 0, on a le triangle distingué F (X ) F (s) - F (Y ) -0 - F (X )[1] et par le corollaire 1.1.9, F (s) est un isomorphisme. Démontrons à présent l’unicité du foncteur G. Soit α : X - Y un morphisme de T /N représenté par (X 0 , s, f ). On sait que α = Q(f ) ◦ Q(s)−1 . Par conséquent, il vient G(α) = G(Q(f ) ◦ Q(s)−1 ) = G ◦ Q(f ) ◦ G ◦ Q(s)−1 = F (f ) ◦ (G ◦ Q(s))−1 = F (f ) ◦ F (s)−1 , ce qui assure l’unicité de G. On définit le foncteur - T0 G : T /N par G(X ) = F (X ) pour tout X ∈ T /N et G(α) = F (f ) ◦ F (s)−1 pour tout α ∈ Hom T /N (X, Y ) représenté par (X 0 , s, f ). Cette définition est licite. En effet, supposons que (X 00 , s0, f 0 )R(X 0 , s, f ). Il existe alors un diagramme commutatif X s 6 v X0 X @ @ R f @ I s0 u@ @ 0@ 000 v - X 00 u0 0 ? f Y avec u ∈ S (N ). Comme F (s) ◦ F (v ) = F (u), F (v ) est inversible. D’une part, on a F (u0) ◦ F (u)−1 = F (f ◦ v ) ◦ (F (s ◦ v ))−1 = F (f ) ◦ F (v ) ◦ F (v )−1 ◦ F (s)−1 = F (f ) ◦ F (s)−1, 36 1. Catégories triangulées et t-structures et d’autre part, F (u0 ) ◦ F (u)−1 = F (f 0 ◦ v 0 ) ◦ (F (s0 ◦ v 0 ))−1 = F (f 0 ) ◦ F (s0 )−1 , et donc, G est bien défini. Démontrons que G est un foncteur. Soient α : X - Y et β : Y - Z deux morphismes de T /N représentés respectivement par (X 0 , s, f ) et (Y 0 , t, g ). Considérons le diagramme commutatif X 00 t0 X0 s @h @ R @ @f @ R @ t Y0 @g @ R @ X Y Z où t ∈ S (N ). Par définition, β ◦ α est représenté par (X 00 , s ◦ t0 , g ◦ h). Comme f ◦ t0 = t ◦ h, on a F (f ) ◦ F (t0 ) = F (t) ◦ F (h) et par conséquent, 0 F (t)−1 ◦ F (f ) = F (h) ◦ F (t0 )−1 . Il s’ensuit que G(β ◦ α) = F (g ◦ h) ◦ (F (s ◦ t0 ))−1 = F (g ) ◦ F (h) ◦ F (t0 )−1 ◦ F (s)−1 = F (g ) ◦ F (t)−1 ◦ F (f ) ◦ F (s)−1 = G(β ) ◦ G(α). De plus, comme idQ(X ) est représenté par (X, idX , idX ), il est clair que G(idQ(X )) = idG(Q(X )) . Enfin, par définition du foncteur G, on a G ◦ Q = F , d’où la conclusion. Proposition 1.2.9. Soient N un système nul de la catégorie triangulée T et T 0 une sous-catégorie pleine de T telle que tout triangle distingué dans T X -Y -Z - X [1] avec X , Y ∈ Ob(T 0 ) est un triangle distingué dans T 0 . Alors, N 0 = N ∩ Ob(T 0 ) est un système nul de T 0 . De plus, les deux conditions suivantes sont équivalentes : i) tout morphisme f ∈ Hom T (X, Y ), avec X ∈ Ob(T 0 ), Y ∈ N se factorise par un élément de N 0 , ii) pour tout s ∈ Hom T (X, Y ), s ∈ S (N ) et Y ∈ Ob(T 0 ), il existe w ∈ Hom T (W, X ), W ∈ Ob(T 0 ) tel que s ◦ w ∈ S (N ). 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 37 Sous ces conditions, T 0/N 0 est une sous-catégorie pleine de T /N . Preuve. On vérifie immédiatement que N 0 est un système nul de T 0 . i) ⇒ ii) Soient s ∈ Hom T (X, Y ), s ∈ S (N ) et Y ∈ Ob(T 0). Il existe un triangle distingué dans T s g -Y X h -Z - X [1] avec Z ∈ N . Par hypothèse, il existe Z 0 ∈ N 0 et des morphismes g1 ∈ Hom T (Y, Z 0 ) et g2 ∈ Hom T (Z 0, Z ) tels que g = g2 ◦ g1 . De plus, par (TD 2), on obtient les triangles distingués dans T (∗) Y g1 h1 f1 g2 h2 f2 - Z0 Z0 - Y 00 - Y [1] - Z 00 -Z - Z 0 [1] et comme par (TD 3), on a le triangle distingué Y g h -Z - X [1] −s[1] - Y [1], on peut appliquer l’axiome de l’octaèdre et on a le diagramme suivant. Y g1 - g2 idY ? Y g1 ? Z0 ? Y 00 h1- Z0 ? gZ Y 00 Y [1] α idY [1] h- ? −s[1]- ? X [1] Y [1] idZ g2 - ? h2- ? Z Z 00 α- f1 - ? X [1] g1 [1] f2 - idZ 00 ? ? Z 0[1] ? - Y 00 [1] - Z 00 Par conséquent, f1 = −s[1] ◦ α et donc, −f1 [−1] = s ◦ α[−1]. Or, par (TD 3), on a le triangle distingué Y 00 [−1] −f1 [−1] -Y g1 - Z0 h1 - Y 00 et comme Z 0 ∈ N 0 , −f1 [−1] ∈ S (N ). De plus, vu (∗), puisque Y et Z 0 ∈ Ob(T 0 ), Y 00 ∈ Ob(T 0). Il s’ensuit que W = Y 00 [−1] et w = α[−1] conviennent. ii) ⇒ i) se démontre de manière analogue. Pour conclure, il suffit de démontrer que le foncteur I : T 0 /N 0 - T /N 38 1. Catégories triangulées et t-structures défini par I (X ) = X pour tout X ∈ Ob(T 0 /N 0 ) et I (X 0 , s, f ) = (X 0 , s, f ) pour tout (X 0 , s, f ) ∈ Hom T 0 /N 0 (X, Y ), est pleinement fidèle, i.e. l’application - Hom T /N (I (X ), I (Y )) Hom T 0 /N 0 (X, Y ) est bijective. Supposons d’une part que I (X 0, s, f )RN I (X 00 , s0 , f 0 ), donc, il existe un diagramme commutatif X s v X0 @ @ R f @ 6 I s0 u@ @ 0@ vW X 00 u0 0 ? f Y avec u ∈ S (N ). Par ii), il existe W 0 ∈ Ob(T 0 ) et w ∈ Hom T (W 0, W ) tels que u ◦ w ∈ S (N ). On en déduit que le diagramme suivant X 6 I @ @ 0 u ◦ w @s @ @ 0 v ◦ w- 00 0 v ◦ w 0 X W X s @ @ u0 ◦ w @ f @ R ? @ f0 Y est commutatif. De plus, comme u ◦ w ∈ S (N ), il existe un triangle distingué dans T W0 u◦w -X - W 00 - W 0 [1] avec W 00 ∈ N . Or, comme W 0 et X ∈ Ob(T 0 ), W 00 ∈ Ob(T 0 ). Par conséquent, u ◦ w ∈ S (N 0 ) et (X 0 , s, f )RN 0 (X 00 , s0, f 0 ). D’autre part, considérons (X 0 , s, f ) ∈ Hom T /N (I (X ), I (Y )). Vu ii), il existe W ∈ Ob(T 0 ) et w ∈ Hom T (W, X 0 ) tel que s ◦ w ∈ S (N ). Comme le diagramme 1.3. t-structures 39 suivant X s w X0 6 I @ @ s ◦ w @s ◦ w @ @ idW W W @ @ f ◦w @ f @ R ? @ f ◦w Y est commutatif, on a I (W, s ◦ w, f ◦ w)RN (X 0 , s, f ), ce qui suffit. 1.3. t-structures Dans cette section, T désigne une catégorie triangulée. Définition 1.3.1. Soient T ≤0 et T ≥0 deux sous-catégories strictement pleines de T . Posons T ≤n := T ≤0 [−n], T ≥n := T ≥0 [−n]. Le couple (T ≤0 , T ≥0 ) est une t-structure sur T si les conditions suivantes sont vérifiées : i) T ≤−1 ⊂ T ≤0 et T ≥1 ⊂ T ≥0 , ii) Hom T (X, Y ) = 0 pour X ∈ Ob(T ≤0 ) et Y ∈ Ob(T ≥1 ), iii) pour tout X ∈ Ob(T ), il existe un triangle distingué X0 -X - X1 - X0 [1] tel que X0 ∈ Ob(T ≤0 ) et X1 ∈ Ob(T ≥1 ). Dans le reste de la section, (T ≤0 , T ≥0 ) est une t-structure sur T . Théorème 1.3.2. i) Il existe un foncteur τ ≤n : T -T ≤n et pour tout X ∈ Ob(T ≤n ), pour tout Y ∈ Ob(T ) un isomorphisme Hom T ≤n (X, τ ≤n (Y )) fonctoriel en X et Y . - Hom (X, Y ) T 40 1. Catégories triangulées et t-structures ii) Il existe un foncteur τ ≥n : T -T ≥n et pour tout X ∈ Ob(T ), pour tout Y ∈ Ob(T ≥n ) un isomorphisme Hom T ≥n (τ ≥n (X ), Y ) - Hom (X, Y ) T fonctoriel en X et Y . Les foncteurs τ ≤n et τ ≥n sont les foncteurs de troncature associés à la t-structure (T ≤0 , T ≥0 ). Preuve. On peut supposer que n = 0. i) Soit Y ∈ Ob(T ). Il existe un triangle distingué Y0 -Y - Y1 - Y0 [1] tel que Y0 ∈ Ob(T ≤0 ) et Y1 ∈ Ob(T ≥1 ). Démontrons que - Hom (X, Y ) T Hom T ≤0 (X, Y0 ) est un isomorphisme pour tout X ∈ Ob(T ≤0 ). Comme Hom (X, .) est un foncteur cohomologique, on a la suite exacte Hom T (X, Y1 [−1]) - Hom (X, Y0 ) T - Hom (X, Y ) T - Hom (X, Y1 ). T Puisque X ∈ Ob(T ≤0 ) et Y1 , Y1 [−1] ∈ Ob(T ≥1 ), on a Hom T (X, Y1 [−1]) = 0, Hom T (X, Y1 ) = 0, et par conséquent, Hom T (X, Y0 ) ' Hom T (X, Y ) pour tout X ∈ Ob(T ≤0 ). De plus, comme T ≤0 est une sous-catégorie pleine de T , Hom T ≤0 (X, Y0 ) ' Hom T (X, Y ). On définit le foncteur τ ≤0 : T - T ≤0 par τ ≤0 (Y ) = Y0 pour tout Y ∈ Ob(T ) (Y0 est défini par le triangle distingué ci-dessus). Soit f ∈ Hom T (Y, Y 0 ). Il existe deux triangles distingués Y0 Y00 α - Y1 - Y0 [1] α0 - Y0 1 - Y 0 [1] 0 -Y - Y0 avec Y0 , Y00 ∈ Ob(T ≤0 ). Or, on a le schéma suivant, Hom T ≤0 (Y0 , Y0 ) Hom (Y0 , α) - Hom (Y0 , Y ) T Hom (Y0 , f ) Hom T ≤0 (Y0 , Y00 ) ? - Hom (Y0 , Y 0 ) T Hom (Y0 , α0 ) 1.3. t-structures 41 et on définit τ ≤0 (f ) = Hom (Y0 , α0 )−1 ◦ Hom (Y0 , f ) ◦ Hom (Y0 , α)(idY0 ). On peut vérifier que τ ≤0 : T - T ≤0 est un foncteur. Il nous reste à démontrer que l’isomorphisme Hom T ≤0 (X, τ ≤0 (Y )) - Hom (X, Y ) T est fonctoriel en X et en Y . D’une part, si f ∈ Hom T ≤0 (X, X 0 ), le diagramme suivant Hom (X, α) Hom T ≤0 (X, τ ≤0 (Y )) - Hom (X, Y ) T Hom (f, τ ≤0 (Y )) ? 0 Hom T ≤0 (X , τ ≤0 Hom (f, Y ) ? - Hom (X 0 , Y ) T Hom (X 0 , α) (Y )) est commutatif et l’isomorphisme est fonctoriel en X . D’autre part, si f ∈ Hom T (Y, Y 0 ), par construction de τ ≤0 (f ), le diagramme suivant est commutatif. Hom (τ ≤0 (Y ), α) - Hom (τ ≤0 (Y ), Y ) T Hom T ≤0 (τ ≤0 (Y ), τ ≤0 (Y )) Hom (τ ≤0 (Y ), τ ≤0 (f )) Hom T ≤0 (τ ≤0 ? (Y ), τ ≤0 0 Hom (τ ≤0 (Y ), f ) (Y )) ? - Hom (τ ≤0 (Y ), Y 0 ) T Hom (τ ≤0 (Y ), α0 ) En appliquant le foncteur Hom (X, .), X ∈ Ob(T ≤0 ), on obtient le diagramme commutatif Hom T ≤0 (X, τ ≤0 (Y )) Hom (X, α) - Hom (X, Y ) T Hom (X, τ ≤0 (f )) ? Hom (X, f ) Hom T ≤0 (X, τ ≤0 (Y 0 )) ? - Hom (X, Y 0 ) T Hom (X, α0 ) et l’isomorphisme est fonctoriel en Y . ii) Soit X ∈ Ob(T ). Il existe un triangle distingué X0 - X - X1 - X0 [1] avec X0 ∈ Ob(T ≤0 ) et X1 ∈ Ob(T ≥1 ). Dans ce cas, on définit τ ≥1 (X ) = X1 et la preuve est analogue à celle de i). 42 1. Catégories triangulées et t-structures Remarque 1.3.3. Appliquons la remarque 0.3.4 en prenant A = T ≤n , A0 = T , le foncteur F étant l’inclusion I : T ≤n - T et le foncteur G étant le foncteur de troncature τ ≤n : T - T ≤n . A l’isomorphisme fonctoriel A≤n (X, Y ) : Hom T ≤n (X, τ ≤n (Y )) - Hom (X, Y ), T on associe le morphisme de foncteurs T ≤n (.) : τ ≤n (.) - id(.) caractérisé par A≤n (X, Y )(f ) = T ≤n (Y ) ◦ f pour tout f ∈ Hom T ≤n (X, τ ≤n (Y )). De même, à l’isomorphisme fonctoriel A≥n (X, Y ) : Hom T ≥n (τ ≥n (X ), Y ) - Hom (X, Y ), T on associe le morphisme de foncteurs T ≥n (.) : id(.) - τ ≥n (.) caractérisé par A≥n (X, Y )(f ) = f ◦ T ≥n (X ) pour tout f ∈ Hom T ≥n (τ ≥n (X ), Y ). Lemme 1.3.4. Considérons deux triangles distingués de T X f -Y g -Z hi - X [1] (i = 1, 2). Si Hom T (X [1], Z ) = 0, alors h1 = h2 . Preuve. Par (TD 4), on a le morphisme de triangles distingués suivant. X f- idX ? X g- Y idY f- ? Y Z h1- u X [1] idX [1] g - ? h2- ? Z X [1] Il s’ensuit que u ◦ g = g , h1 = h2 ◦ u et donc, (idZ −u) ◦ g = 0. Comme Hom T (., Z ) est un foncteur cohomologique, on a la suite exacte Hom T (X [1], Z ) Hom (h1 ,Z ) - Hom T (Z, Z ) Hom (g,Z ) - Hom T (Y, Z ) Hom (f,Z ) - Hom T (X, Z ). Par conséquent, il existe ψ ∈ Hom T (X [1], Z ) tel que ψ ◦ h1 = idZ −u, et comme notre hypothèse entraı̂ne que ψ = 0, on en déduit que u = idZ et h1 = h2 . 1.3. t-structures 43 Proposition 1.3.5. Pour tout X ∈ Ob(T ), il existe un morphisme unique h(X ) : τ ≥n+1 (X ) - τ ≤n (X )[1] tel que τ ≤n (X ) - τ ≥n+1 (X ) -X h(X ) - τ ≤n (X )[1] est un triangle distingué. De plus, h(X ) est fonctoriel en X et induit le morphisme de foncteurs h : τ ≥n+1 - [1] ◦ τ ≤n . Preuve. On peut supposer que n = 0. Soit X ∈ Ob(T ). Par définition d’une t-structure et par le théorème 1.3.2, il existe un triangle distingué τ ≤0 (X ) -X - τ ≥1 (X ) h(X ) - τ ≤0 (X )[1]. L’unicité de h(X ) résulte du lemme précédent. En effet, comme τ ≤0 (X )[1] ∈ Ob(T ≤0 ) et τ ≥1 (X ) ∈ Ob(T ≥1 ), Hom T (τ ≤0 (X )[1], τ ≥1 (X )) = 0. Finalement, démontrons que h(X ) est fonctoriel en X . Soit f ∈ Hom T (X, Y ). En reprenant les notations de la remarque 1.3.3, on a deux triangles distingués dans T, τ ≤0 (X ) T ≤0 ( X ) T ≥1 ( X ) τ ≤0 (Y ) T ≤0 ( Y ) T ≥1 (Y ) et comme T ≤0 : τ ≤0 (.) -X - τ ≥1 (X ) - τ ≥1 (Y ) -Y - τ ≤0 (X )[1] - τ ≤0 (Y )[1], - id(.) est un morphisme de foncteurs, le carré τ ≤0 (X ) τ ≤0 (f ) T ≤0 (X) X f ≤0 ? T Y ( ) τ ≤0 (Y ) Y ? commute et par (TD 4), on a le morphisme de triangles distingués suivant. τ ≤0 (X ) τ ≤0 (f ) ? τ ≤0 (Y ) T ≤0(X) X f T ≥1 (X-) τ ≥1 (X ) u ? h(X-) τ ≤0 (X )[1] τ ≤0 (f )[1] ? T ≤0(Y) ? T ≥1 (Y) ≥1 h(Y) ≤0 Y τ (Y ) τ (Y )[1] 44 1. Catégories triangulées et t-structures - τ ≥1 (.) est un morphisme de foncteurs, le carré De même, comme T ≥1 : id(.) X f T ≥1(X) τ ≥1 (X ) τ ≥1 (f ) ? ? T ≥1 (Y ) - τ ≥1 (Y ) Y commute. Par conséquent, il vient A≥1 (X, τ ≥1 (Y ))(u) = u ◦ T ≥1 (X ) = T ≥1 (Y ) ◦ f = τ ≥1 (f ) ◦ T ≥1(X ) = A≥1 (X, τ ≥1 (Y ))(τ ≥1 (f )), et puisque A≥1(X, τ ≥1 (Y )) est un isomorphisme, u = τ ≥1 (f ). Il s’ensuit que le carré τ ≥1 (X ) τ ≥1 (f ) ? τ ≥1 (Y ) h(X-) τ ≤0 (X )[1] τ ≤0 (f )[1] h(Y) ? τ ≤0(Y )[1] commute, ce qui suffit. Remarque 1.3.6. Pour tout X ∈ Ob(T ), on a i) τ ≤n (X [m]) ' τ ≤n+m (X )[m], ii) τ ≥n (X [m]) ' τ ≥n+m (X )[m]. Pour établir i), il suffit de montrer que τ ≤n (X [m])[−m] ' τ ≤n+m (X ). Pour tout Y ∈ Ob(T ≤n+m ), il vient Hom T ≤n+m (Y, τ ≤n+m (X )) ' Hom T (Y, X ) ' Hom T (Y [m], X [m]) ' Hom T ≤n (Y [m], τ ≤n(X [m])) ' Hom T ≤n+m (Y, τ ≤n (X [m])[−m]), et donc, τ ≤n (X [m])[−m] ' τ ≤n+m (X ). On obtient ii) de manière analogue. Proposition 1.3.7. Les assertions suivantes sont équivalentes : i) X ∈ Ob(T ≤n ), ii) τ ≤n (X ) ' X , iii) τ ≥n+1 (X ) ' 0. On a un résultat analogue en échangeant ≤ et ≥. 1.3. t-structures 45 Preuve. i) ⇔ ii) Pour tout X ∈ Ob(T ≤n ), en reprenant les notations de la remarque 1.3.3, on a les isomorphismes A≤n (τ ≤n (X ), X ) : Hom T ≤n (τ ≤n (X ), τ ≤n (X )) A≤n (X, X ) : Hom T ≤n (X, τ ≤n (X )) - Hom (τ ≤n (X ), X ) T - Hom (X, X ). T On vérifie alors facilement que A≤n (τ ≤n (X ), X )(idτ ≤n (X )) : τ ≤n (X ) -X et (A≤n (X, X ))−1 (idX ) : X - τ ≤n (X ) sont des isomorphismes inverses l’un de l’autre. La réciproque est immédiate. ii) ⇔ iii) Soit X ∈ Ob(T ). Comme on a le triangle distingué τ ≤n (X ) - X - τ ≥n+1 (X ) - τ ≤n (X )[1], cela résulte du corollaire 1.1.9. Proposition 1.3.8. Soit X0 -X - X 00 - X 0 [1] un triangle distingué dans T . Si X 0 et X 00 ∈ Ob(T ≥0 ) (resp. Ob(T ≤0 )) alors X ∈ Ob(T ≥0 ) (resp. Ob(T ≤0 )). Preuve. Comme Hom (τ ≤−1 (X ), .) est un foncteur cohomologique, on a la suite exacte Hom T (τ ≤−1 (X ), X 0 ) - Hom (τ ≤−1 (X ), X ) T - Hom (τ ≤−1 (X ), X 00 ), T et puisque τ ≤−1 (X ) ∈ Ob(T ≤−1 ) et X 0 , X 00 ∈ Ob(T ≥0 ), Hom T (τ ≤−1 (X ), X 0 ) ' 0, Hom T (τ ≤−1 (X ), X 00 ) ' 0. Ainsi, Hom T (τ ≤−1 (X ), X ) ' 0. Or, Hom T ≤−1 (τ ≤−1 (X ), τ ≤−1 (X )) ' Hom T (τ ≤−1 (X ), X ) ' 0, et τ ≤−1 (X ) ' 0. La conclusion résulte alors de la proposition précédente. Proposition 1.3.9. Soient a, b ∈ Z. i) Si a ≤ b, alors τ ≥b ◦ τ ≥a ' τ ≥a ◦ τ ≥b ' τ ≥b et τ ≤b ◦ τ ≤a ' τ ≤a ◦ τ ≤b ' τ ≤a . ii) Si a > b, alors τ ≤b ◦ τ ≥a ' τ ≥a ◦ τ ≤b ' 0. 46 1. Catégories triangulées et t-structures iii) Il existe un unique morphisme ϕ : τ ≥a ◦ τ ≤b - τ ≤b ◦ τ ≥a tel que le diagramme suivant commute. τ ≤b (X ) - τ ≥a (X ) -X 6 τ ≥a ? ϕ ◦ τ ≤b (X ) - τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) De plus, ϕ est un isomorphisme. Preuve. Soit X ∈ Ob(T ). i) Comme τ ≥b (X ) ∈ Ob(T ≥b ) ⊂ Ob(T ≥a ), par la proposition 1.3.7, on a τ ≥a ◦ τ ≥b (X ) ' τ ≥b (X ). De plus, pour tout Y ∈ Ob(T ≥b ), il vient Hom T ≥b (τ ≥b ◦ τ ≥a (X ), Y ) ' Hom T (τ ≥a (X ), Y ) ' Hom T ≥a (τ ≥a (X ), Y ) ' Hom T (X, Y ) ' Hom T ≥b (τ ≥b (X ), Y ), et donc, τ ≥b ◦ τ ≥a (X ) ' τ ≥b (X ). ii) Puisque a > b, Ob(T ≥a ) ⊂ Ob(T ≥b+1 ) et pour tout X ∈ Ob(T ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) ' 0. De la même manière, τ ≥a ◦ τ ≤b ' 0. iii) Vu ii), on peut supposer b ≥ a. En reprenant les notations de la remarque 1.3.3, il existe deux triangles distingués τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) T ≤b (τ ≥a (X )) τ ≤a−1 ◦ τ ≤b (X ) - τ ≥a (X ) - τ ≤b (X ) - τ ≥b+1 ◦ τ ≥a (X ) T ≥a (τ ≤b (X )) - τ ≥a ◦ τ ≤b (X ) - τ ≤b ◦ τ ≥a (X )[1] - τ ≤a−1 ◦ τ ≤b (X )[1], et vu i), τ ≥b+1 ◦ τ ≥a (X ) ' τ ≥b+1 (X ) et τ ≤a−1 ◦ τ ≤b (X ) ' τ ≤a−1 (X ). On a donc les deux triangles distingués τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) T ≤b (τ ≥a (X )) τ ≤a−1 (X ) - τ ≤b (X ) - τ ≥a (X ) - τ ≥b+1 (X ) - τ ≤b ◦ τ ≥a (X )[1] - τ ≥a ◦ τ ≤b (X ) - τ ≤a−1 (X )[1]. T ≥a (τ ≤b (X )) Or, τ ≥a (X ) ∈ Ob(T ≥a ) et comme b ≥ a, τ ≥b+1 (X ) ∈ Ob(T ≥a ). Donc, par la proposition précédente, τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) ∈ Ob(T ≥a ∩ T ≤b ). 1.3. t-structures 47 De même, τ ≤b (X ) et τ ≤a−1 (X ) ∈ Ob(T ≤b ) et donc, τ ≥a ◦ τ ≤b (X ) ∈ Ob(T ≥a ∩ T ≤b ). De plus, on a les triangles distingués suivants. T ≤b ( X ) τ ≤b (X ) -X τ ≤a−1 (X ) T ≥b+1 (X ) T ≤a−1(X ) -X - τ ≥b+1 (X ) T ≥a ( X ) - τ ≥a (X ) - τ ≤b (X )[1] - τ ≤a−1 (X )[1] Puisque on a l’isomorphisme fonctoriel A≤b (τ ≤b (X ), τ ≥a (X )) : Hom T ≤b (τ ≤b (X ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X )) - Hom (τ ≤b (X ), τ ≥a (X )) T et que T ≥a (X ) ◦ T ≤b (X ) ∈ Hom T (τ ≤b (X ), τ ≥a (X )), il existe un morphisme unique ψ ∈ Hom T ≤b (τ ≤b (X ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X )) tel que A≤b (τ ≤b (X ), τ ≥a (X ))(ψ ) = T ≤b (τ ≥a (X )) ◦ ψ = T ≥a (X ) ◦ T ≤b (X ), i.e., le diagramme suivant τ ≤b (X ) T ≤b (X )- X T ≥a (X ) - ≥a τ (X ) H HH HH ψ HH H HH HH j 6 T ≤b (τ ≥a (X )) τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) commute. De même, puisque on a l’isomorphisme fonctoriel A≥a (τ ≤b (X ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X )) : Hom T ≥a (τ ≥a ◦ τ ≤b (X ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X )) - Hom T (τ ≤b (X ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X )), et que ψ ∈ Hom T ≤b (τ ≤b (X ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X )), il existe un morphisme unique ϕ ∈ Hom T ≥a (τ ≥a ◦ τ ≤b (X ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X )) tel que A≥a (τ ≤b (X ), τ ≤b ◦ τ ≥a (X ))(ϕ) = ϕ ◦ T ≥a(τ ≤b (X )) = ψ, et donc, le diagramme suivant τ ≤b (X ) T ≥a (τ ≤b (X )) τ ≥a ? ◦ τ ≤b (X ) T ≤b (X )- X T ≥a (X ) - ≥a τ (X ) T ≤b (τ ≥a (X )) ϕ 6 - τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) commute. Il nous reste à établir que ϕ est un isomorphisme. Comme on a les triangles distingués τ ≤a−1 (X ) - τ ≤b (X ) - τ ≥a ◦ τ ≤b (X ) - τ ≤a−1 (X )[1] 48 1. Catégories triangulées et t-structures τ ≤b (X ) -X τ ≤a−1 (X ) - τ ≥b+1 (X ) - τ ≤b (X )[1] - τ ≥a (X ) - τ ≤a−1 (X )[1], -X par l’axiome de l’octaèdre, on a le triangle distingué τ ≥a ◦ τ ≤b (X ) - τ ≥a (X ) - τ ≥b+1 (X ) - τ ≥a ◦ τ ≤b (X )[1]. - τ ≥b+1 (X ) - τ ≤b ◦ τ ≥a (X )[1], Or, on a le triangle distingué τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) - τ ≥a (X ) et donc, par (TD 4) et le corollaire 1.1.8, on a l’isomorphisme de triangles distingués suivants. τ ≥a ◦ τ ≤b (X ) τ ≤b - τ ≥a (X ) - τ ≥b+1 (X ) ϕ0 id id ≥a - τ ≥a (X ) ? ◦τ (X ) ? τ ≤b (X ) τ ≥a ? ◦τ ≤b ϕ0 [1] ? - τ ≥b+1 (X ) Finalement, ϕ = ϕ0 . En effet, comme T ≥a (.) : id(.) foncteurs, le carré (X ) - τ ≥a ◦ τ ≤b (X )[1] ? - τ ≤b ◦ τ ≥a (X )[1] - τ ≥a (.) est un morphisme de -X ? - τ ≥a (X ) commute, d’où l’on tire que le diagramme τ ≤b (X ) τ ≥a ? ◦ τ ≤b (X ) -X ? - τ ≥a (X ) ϕ0 id ? τ ≤b ◦ τ ≥a (X ) ? - τ ≥a (X ) est commutatif. La conclusion s’ensuit aussitôt. Définition 1.3.10. Le cœur d’une t-structure (T ≤0 , T ≥0 ), noté C , est la sous-catégorie pleine de T définie par C = T ≤0 ∩ T ≥0 . Proposition 1.3.11. Si X0 -X - X 00 - X 0 [1] est un triangle distingué dans T , et si X 0 , X 00 ∈ C alors X ∈ C . Preuve. Cela résulte immédiatement de la proposition 1.3.8. 1.3. t-structures Définition 1.3.12. On définit le foncteur H 0 : T 49 - C par H 0 (X ) = τ ≤0 ◦ τ ≥0 (X ) ' τ ≥0 ◦ τ ≤0(X ). On pose H n(X ) = H 0 (X [n]) ' (τ ≥n ◦ τ ≤n (X ))[n]. Proposition 1.3.13. Soit X ∈ Ob(T ). S’il existe a ∈ Z tel que X ∈ Ob(T ≥a ) (resp. Ob(T ≤a )) alors X ∈ Ob(T ≥0 ) (resp. Ob(T ≤0 )) si et seulement si H n (X ) = 0 pour n < 0 (resp. n > 0). Preuve. La condition est nécessaire. En effet, comme X ∈ Ob(T ≥0 ), τ ≤−1 (X ) = 0 et on a donc H −1 (X ) = (τ ≥−1 ◦ τ ≤−1 (X ))[−1] = 0. Comme T ≥0 ⊂ T ≥n pour tout n < 0, on en déduit que H n (X ) = 0 pour n < 0. La condition est suffisante. Si a ≥ 0, le résultat est trivial. Supposons a < 0. Par hypothèse, H a (X ) = 0. On a le triangle distingué τ ≤a ◦ τ ≥a (X ) - τ ≥a (X ) - τ ≥a+1 (X ) ◦ τ ≥a (X ) - τ ≤a ◦ τ ≥a (X )[1], et comme τ ≤a ◦ τ ≥a (X ) = H a (X )[−a] = 0, et τ ≥a+1 (X ) ◦ τ ≥a (X ) ' τ ≥a+1 (X ), on a par (TD 3), le triangle distingué suivant. τ ≥a (X ) - τ ≥a+1 (X ) -0 - τ ≥a (X )[1] Or, τ ≥a (X ) ' X car X ∈ Ob(T ≥a ). On a alors le morphisme de triangles distingués τ ≥a (X ) - τ ≥a+1 (X ) ? ? -X X -0 ? -0 - τ ≥a (X )[1] ? - X [1] et par le corollaire 1.1.8, X ' τ ≥a+1 (X ). Par conséquent, X ∈ Ob(T ≥a+1 ) et en raisonnant de proche en proche (pour la dernière étape a = −1), on obtient X ∈ Ob(T ≥0 ). Lemme 1.3.14. Si C est le cœur de la t-structure (T ≤0 , T ≥0 ) et si on a le triangle distingué X avec X , Y ∈ Ob(C ) alors i) H 0 (Z ) ' coker(f ), ii) H 0 (Z [−1]) ' ker(f ). f -Y g -Z h - X [1] 50 1. Catégories triangulées et t-structures Preuve. Comme Y ∈ Ob(T ≤0 ) et X [1] ∈ Ob(T ≤0 ), par la proposition 1.3.8, Z ∈ Ob(T ≤0 ). De même, comme Y ∈ Ob(T ≥0 ) ⊂ Ob(T ≥−1 ) et X [1] ∈ Ob(T ≥−1 ), on a Z ∈ Ob(T ≥−1 ). Puisque Z ∈ Ob(T ≤0 ), par la proposition 1.3.7, τ ≤0 (Z ) ' Z et donc, H 0 (Z ) ' τ ≥0 (Z ). De même, comme Z ∈ Ob(T ≥−1 ), on a Z [−1] ∈ Ob(T ≥0 ) et donc H 0 (Z [−1]) ' τ ≤0 (Z [−1]). Pour tout W ∈ Ob(C ), Hom (W, .) et Hom (., W ) étant des foncteurs cohomologiques, on a les deux suites exactes suivantes. Hom (h,W ) Hom T (X [1], W ) Hom T (W, Y [−1]) - Hom T (Z, W ) Hom (g,W ) Hom (W,−g [−1]) - Hom T (W, Z [−1]) - Hom T (Y, W ) Hom (f,W ) - Hom T (X, W ) Hom (W,−h[−1]) - Hom T (W, X ) Hom (W,f ) - Hom T (W, Y ) D’une part, Hom T (X [1], W ) = 0 car X [1] ∈ Ob(T ≤−1 ) et W ∈ Ob(T ≥0 ); d’autre part, Hom T (W, Y [−1]) = 0 car W ∈ Ob(T ≤0 ) et Y [−1] ∈ Ob(T ≥1 ). De plus, en reprenant les notations de la remarque 1.3.3, on a les isomorphismes suivants. A≥0(Z, W ) : Hom T ≥0 (τ ≥0 (Z ), W ) - Hom (Z, W ) T f 7−→ f ◦ T ≥0 (Z ) A≤0 (W, Z [−1]) : Hom T ≤0 (W, τ ≤0 (Z [−1])) - Hom (W, Z [−1]) T f 7−→ T ≤0(Z ) ◦ f Par conséquent, on a les deux suites exactes suivantes. 0 0 - Hom T ≥0 (τ ≥0 (Z ), W ) - Hom T ≤0 (W, τ ≤0 (Z [−1])) Hom (T ≥0 (Z )◦g,W ) - Hom T (Y, W ) Hom (f,W ) Hom (W,−h[−1]◦T ≤0 (Z [−1])) - Hom T (W, X ) - Hom T (X, W ) Hom (W,f ) - Hom T (W, Y ) Vu la proposition 0.1.14, cela suffit. Théorème 1.3.15. Le cœur C = T ≤0 ∩ T ≥0 est une catégorie abélienne. Preuve. On va décomposer la preuve en trois étapes. a) Etablissons tout d’abord que la catégorie C est additive. i) Comme on a l’isomorphisme Hom T ≤0 (τ ≤0 (0), τ ≤0 (0)) ∼ - Hom (τ ≤0 (0), 0), T τ ≤0 (0) est l’objet nul de T ≤0 . De même, τ ≥0 (0) est l’objet nul de T ≥0 . ii) Soit X , Y ∈ Ob(C ). Par le corollaire 1.1.11, il existe un triangle distingué X -X⊕Y -Y et par la proposition 1.3.11, X ⊕ Y ∈ Ob(C ). - X [1] 1.3. t-structures 51 b) Démontrons que tout morphisme de C a un noyau et un conoyau. Soit f ∈ Hom C (X, Y ). Par (TD 2), il existe un triangle distingué dans T f -Y X -Z - X [1]. Par le lemme précédent, H 0 (Z ) ' coker(f ) H 0 (Z [−1]) ' ker(f ). c) Finalement, établissons que pour tout f ∈ Hom C (X, Y ), coim(f ) ' im(f ). Vu b), on a le triangle distingué f g -Y X h -Z - X [1] avec Z ∈ Ob(T ≤0 ∩ T ≥−1 ) et en reprenant les notations du lemme précédent, plongeons le morphisme T ≥0(Z ) ◦ g : Y - τ ≥0 (Z ) dans le triangle distingué Y T ≥0 ( Z ) ◦ g - τ ≥0 (Z ) -W - Y [1]. Par (TD 3), on a le triangle distingué (τ ≥0 (Z ))[−1] - W [−1] - τ ≥0 (Z ), -Y et comme Y, (τ ≥0 (Z ))[−1] ∈ Ob(T ≥0 ), W [−1] ∈ Ob(T ≥0 ). Puisque on a les triangles distingués g -Z Y Z - X [1] T ≥0 ( Z ) - τ ≥0 (Z ) Y - Y [1] - (τ ≤−1 (Z ))[1] T ≥0 ( Z ) ◦ g - τ ≥0 (Z ) -W - Z [1] - Y [1], par l’axiome de l’octaèdre, on a le triangle distingué suivant. X [1] -W - (τ ≤−1 (Z ))[1] - X [2] On a donc le triangle distingué X - W [−1] - τ ≤−1 (Z ) - X [1] et comme X , τ ≤−1 (Z ) ∈ Ob(T ≤0 ), W [−1] ∈ Ob(T ≤0 ). Par conséquent, W [−1] ∈ Ob(C ). Comme on a le triangle distingué (τ ≤−1 (Z ))[−1] -X - W [−1] - τ ≤−1 (Z ), 52 1. Catégories triangulées et t-structures et que par la remarque 1.3.6, (τ ≤−1 (Z ))[−1] ' τ ≤0 (Z [−1]) ' ker(f ), on a alors le triangle distingué -X ker(f ) - W [−1] - ker(f )[1] et par le lemme précédent, H 0 (W [−1]) ' coim(f ) ' W [−1] car W [−1] ∈ Ob(C ). Comme τ ≥0 (Z ) ' coker(f ), on a le triangle distingué - coker(f ) Y -W - Y [1], et par le lemme précédent, H 0 (W [−1]) ' im(f ) ' W [−1], d’où le résultat. Proposition 1.3.16. Si -X 0 f -Y -Z -0 est une suite exacte dans le cœur C , alors il existe un unique h ∈ Hom T (Z, X [1]) tel que X f -Y -Z h - X [1] soit un triangle distingué dans T . Preuve. On peut supposer Z ' coker f . Par (TD 3), il existe un triangle distingué dans T X f -Y - Z0 - X [1] avec Z 0 ∈ Ob(T ≤0 ∩ T ≥−1 ). Comme Z 0 [−1] ∈ Ob(T ≥0 ), H 0 (Z 0 [−1]) ' τ ≤0 (Z 0 [−1]) et par le lemme 1.3.14, on a τ ≤0 (Z 0 [−1]) ' ker f ' 0 1.3. t-structures 53 car f est un monomorphisme. Par conséquent, Z 0[−1] ∈ Ob(T ≥1 ) et donc, Z 0 ∈ Ob(C ). Il s’ensuit que H 0 (Z 0 ) ' Z 0 ' coker f ' Z, et on a alors le triangle distingué suivant. -Y X -Z h - X [1] L’unicité de h résulte du lemme 1.3.4. - C est un foncteur cohomologique. Théorème 1.3.17. Le foncteur H 0 : T Preuve. Si X f -Y g -Z h - X [1] est un triangle distingué, établissons que H 0 (X ) - H 0 (Y ) - H 0 (Z ) est une suite exacte dans C . On va décomposer la preuve en quatre étapes. a) Supposons que X , Y , Z ∈ Ob(T ≥0 ) et démontrons que la suite 0 - H 0 (X ) - H 0 (Y ) - H 0 (Z ) est exacte. Soit W ∈ Ob(C ). Comme Hom (W, .) est un foncteur cohomologique, on a la suite exacte suivante. (†) Hom T (W, Z [−1]) - Hom (W, X ) T - Hom (W, Y ) T - Hom (W, Z ) T Puisque W ∈ Ob(T ≤0 ) et Z [−1] ∈ Ob(T ≥1 ), on a Hom T (W, Z [−1]) ' 0. De plus, il vient Hom T (W, X ) ' Hom T ≤0 (W, τ ≤0(X )) ' Hom T ≤0 (W, H 0(X )) car X ∈ Ob(T ≥0 ). On a alors la suite exacte 0 - Hom (W, H 0 (X )) T - Hom (W, H 0 (Y )) T - Hom (W, H 0 (Z )), T et on obtient donc la suite exacte 0 - H 0 (X ) - H 0 (Y ) - H 0 (Z ). 54 1. Catégories triangulées et t-structures b) Supposons que Z ∈ Ob(T ≥0 ) et démontrons que la suite 0 - H 0 (X ) - H 0 (Y ) - H 0 (Z ) est exacte. Soit W ∈ Ob(T ≤−1 ). Comme on a la suite exacte (†) et comme Hom T (W, Z ) ' Hom T (W, Z [−1]) ' 0, il vient Hom T ≤−1 (W, τ ≤−1 (X )) ' Hom T (W, X ) ' Hom T (W, Y ) ' Hom T ≤−1 (W, τ ≤−1 (Y )), et donc, τ ≤−1 (X ) ' τ ≤−1 (Y ). Par conséquent, on a les trois triangles distingués τ ≤−1 (Y ) - τ ≥0 (X ) -X X τ ≤−1 (Y ) -Y -Y -Z - τ ≤−1 (Y )[1] - X [1] - τ ≥0 (Y ) - τ ≤−1 (Y )[1], et par l’axiome de l’octaèdre, on obtient le triangle distingué suivant. τ ≥0 (X ) - τ ≥0 (Y ) - τ ≥0 (X )[1] -Z Or, τ ≥0 (X ), τ ≥0 (Y ) et Z appartiennent à Ob(T ≥0 ) et en appliquant la première étape, la suite 0 - H 0 (τ ≥0 (X )) - H 0 (τ ≥0 (Y )) - H 0 (Z ) est exacte. Bien sûr, H 0 (τ ≥0 (X )) ' H 0 (X ) et on a le résultat annoncé. c) Par dualité, si X ∈ Ob(T ≤0 ), la suite - H 0 (Y ) H 0 (X ) - H 0 (Z ) -0 est exacte. d) Démontrons le cas général. Comme on a les trois triangles distingués τ ≤0(X ) -X X τ ≤0 (X ) - τ ≥1 (X ) -Y -Y -Z -W - τ ≤0 (X )[1] - X [1] - τ ≤0 (X )[1], par l’axiome de l’octaèdre, on obtient le triangle distingué suivant. τ ≥1 (X ) -W -Z - τ ≥1 (X )[1] -W - τ ≤0 (X )[1], Si on applique c) au triangle distingué τ ≤0 (X ) -Y 1.4. Localisation d’une t-structure 55 la suite H 0 (X ) - H 0 (Y ) - H 0 (W ) -0 est exacte et si on applique b) au triangle distingué W - τ ≥1 (X )[1] -Z - W [1], la suite 0 - H 0 (W ) - H 0 (τ ≥1 (X )[1]) - H 0 (Z ) est exacte. On en déduit que la suite - H 0 (Y ) H 0 (X ) - H 0 (Z ) est exacte, d’où la conclusion. 1.4. Localisation d’une t-structure Théorème 1.4.1. Soient N un système nul de T et - T /N Q:T le foncteur canonique associé à la localisation de T par N . Désignons par Q(T ≤0 ) (resp. Q(T ≥0 )) l’image essentielle de Q|T ≤0 (resp. Q|T ≥0 ). Alors, (Q(T ≤0 ), Q(T ≥0 )) est une t-structure sur T /N si pour tout triangle distingué X1 u - X0 v -N - X1 [1] de T tel que X1 ∈ Ob(T ≥1 ), X0 ∈ Ob(T ≤0 ) et N ∈ N , on a X0 , X1 ∈ N . Preuve. Seul le deuxième axiome de la définition d’une t-structure n’est pas évident. Soient X0 ∈ Ob(T ≤0 ) et X1 ∈ Ob(T ≥1 ). Démontrons que Hom T /N (Q(X0 ), Q(X1)) = 0. Un morphisme α ∈ Hom T /N (Q(X0 ), Q(X1 )) est représenté par le diagramme Z s @a @ R @ X0 X1 avec s ∈ Hom T (Z, X0 ), s ∈ S (N ) et a ∈ Hom T (Z, X1 ). Il existe donc un triangle distingué dans T Z s - X0 -N - Z [1] avec N ∈ N . On a aussi un triangle distingué dans T Z0 t -Z - Z1 - Z0 [1] 56 1. Catégories triangulées et t-structures avec Z0 ∈ Ob(T ≤0 ) et Z1 ∈ Ob(T ≥1 ). De plus, par (TD 2), il existe un triangle distingué dans T s◦t Z0 - X0 - N0 - Z0 [1], et par la proposition 1.3.8, N0 ∈ Ob(T ≤0 ). Par l’axiome de l’octaèdre, on obtient le triangle distingué Z1 - N0 - N - Z1 [1], et notre hypothèse montre que Z1 , N0 ∈ N . Par conséquent, t ∈ S (N ) et comme Hom T (Z0 , X1 ) = 0, on a le diagramme commutatif suivant. X0 I s◦t s s ◦6t @ @ @ id t X0 Z Z0 Z0 @ @ R a@ 0 ? 0 X1 On en déduit que (Z, s, a)R(Z0 , s ◦ t, 0), et donc α = 0, d’où la conclusion. Remarque 1.4.2. Sous les hypothèses du théorème précédent, τ ≤0 (N ) ⊂ N , τ ≥0 (N ) ⊂ N . En effet, soit N ∈ N . Comme on a le triangle distingué τ ≤0 (N ) -N - τ ≥1 (N ) - τ ≤0 (N )[1], le triangle τ ≥1 (N )[−1] - τ ≤0 (N ) -N - τ ≥1 (N ) est distingué. Or, τ ≥1 (N )[−1] ' τ ≥2 (N [−1]), ce qui implique que τ ≥1 (N )[−1], τ ≤0 (N ) ∈ Ob(N ). CHAPITRE 2 Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne 2.1. Catégorie K (A) associée à une catégorie additive A Dans toute cette section, A est une catégorie additive. Définition 2.1.1. Un complexe X de A est la donnée d’une suite infinie . . . X k−1 dkX−1 - Xk dkX - X k+1 . . . telle que pour tout k ∈ Z, X k ∈ Ob(A), dkX ∈ Hom A (X k , X k+1 ) et dkX ◦ dkX−1 = 0. La famille dX = {dkX }k∈ est la différentielle du complexe X . Soient X et Y deux complexes de A. Un morphisme de complexes f : X - Y est une suite de morphismes f k ∈ Hom A (X k , Y k ), k ∈ Z, telle que Z dkY ◦ f k = f k+1 ◦ dkX ∀k ∈ Z. On note C (A) la catégorie des complexes ainsi obtenue. On peut vérifier qu’il s’agit d’une catégorie additive. Un complexe X est dit borné (resp. borné inférieurement ; borné supérieurement ) si X k = 0 pour |k | >> 0(resp. pour k << 0; pour k >> 0). On note C b (A) (resp. C + (A), resp. C − (A)) la sous-catégorie pleine de C (A) formée des complexes bornés (resp. bornés inférieurement; bornés supérieurement). Définition 2.1.2. Un morphisme f ∈ Hom C (A) (X, Y ) est homotope à zéro s’il existe une famille de morphismes sk ∈ Hom A (X k , Y k−1 ), k ∈ Z, telle que f k = dkY−1 ◦ sk + sk+1 ◦ dkX , ∀k ∈ Z. Schématiquement, ... X k−1 dkX−1 - f k−1 ? ... Y k−1 s Xk fk k dkY−1 dkX - ? - Yk s dkY X k+1 k+1 ... f k+1 ? - Y k+1 ... Deux morphismes f , g ∈ Hom C (A) (X, Y ) sont homotopes si f − g est homotope à zéro. 57 58 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Pour X , Y ∈ Ob(C (A)), on pose Ht(X, Y ) = {f : X - Y homotope à zéro }. On vérifie facilement qu’il s’agit d’un sous-groupe de Hom C (A) (X, Y ) stable pour la composition. Définition 2.1.3. On définit une nouvelle catégorie K (A) par Ob(K (A)) = Ob(C (A)), Hom K (A) (X, Y ) = Hom C (A) (X, Y )/Ht(X, Y ). Définition 2.1.4. Soit X ∈ Ob(C (A)). On définit un nouveau complexe X [1] en posant X [1]k = X k+1 , dkX [1] = −dkX+1 . - Y [1] en posant Soit f ∈ Hom C (A) (X, Y ). On définit f [1] : X [1] f [1]k = f k+1 . On vient donc de définir un automorphisme - C (A). [1] : C (A) Définition 2.1.5. Soit f ∈ Hom C (A) (X, Y ). Le mapping cone de f noté M (f ) est l’objet de C (A) défini de la manière suivante : M (f )k = X k+1 ⊕ Y k , dkM (f ) = −dkX+1 0 f k+1 dkY ! . (On vérifie facilement que dkM (f ) ◦ dkM−(1f ) = 0, pour tout k ∈ Z.) - M (f ) et β (f ) : M (f ) On définit les morphismes α(f ) : Y ! α(f )k = et k 0 idY k β (f ) = idX k+1 0 . On vérifie directement qu’il s’agit de morphismes de complexes. - X [1] par 2.1. Catégorie K (A) associée à une catégorie additive A 59 Lemme 2.1.6. Pour tout f ∈ Hom C (A) (X, Y ), il existe un isomorphisme ϕ ∈ Hom K (A)(X [1], M (α(f ))) tel que le diagramme ) α(f - Y idY β (f ) X [1] M (f ) idM (f ) ? ) α(f - Y ? α(α(f )) - Y [1] idY [1] ϕ M (f ) −f [1]- ? M (α(f )) β (α(f ))- ? Y [1] commute dans K (A). Preuve. On a M (α(f ))k = Y k+1 ⊕ M (f )k ' Y k+1 ⊕ X k+1 ⊕ Y k , et dkM (α(f )) = Définissons ϕ : X [1] et ψ : M (α(f )) −dkY+1 k+1 α(f ) 0 dkM (f ) ! 0 0 −dkY+1 = 0 −dkX+1 0 . idY k+1 f k+1 dkY - M (α(f )) par - X [1] par −f k+1 ϕk = idX k+1 , 0 ψ k = 0 idX k+1 0 . Démontrons que ϕ et ψ sont des morphismes de complexes. On a successivement 0 0 −dkY+1 −f k+1 dkM (α(f )) ◦ ϕk = 0 −dkX+1 0 idX k+1 idY k+1 f k+1 dkY 0 dkY+1 ◦ f k+1 = −dkX+1 0 f k+2 ◦ dkX+1 = −dkX+1 0 = ϕk+1 ◦ dkX [1] , 60 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne et k+1 0 0 −dY ψ k+1 ◦ dkM (α(f )) = 0 idX k+2 0 0 −dkX+1 0 idY k+1 f k+1 dkY = 0 −dkX+1 0 = dkX [1] ◦ ψ k . Montrons maintenant que ϕ et ψ sont inverses l’un de l’autre dans K (A). D’une part, on a k+1 −f ψ k ◦ ϕk = 0 idX k+1 0 idX k+1 0 = idX k+1 = idX [1]k . D’autre part, ϕ ◦ ψ est homotope à idM (α(f )) car la famille de morphismes sk : M (α(f ))k définie par - M (α(f ))k−1 0 0 idY k sk = 0 0 0 0 0 0 vérifie idM (α(f ))k −ϕk ◦ ψ k = sk+1 ◦ dkM (α(f )) + dkM−(1α(f )) ◦ sk . En effet, il vient idY k+1 0 0 −f k+1 idM (α(f ))k −ϕk ◦ ψ k = 0 idX k+1 0 − idX k+1 0 idX k+1 0 0 0 idY k 0 idY k+1 0 0 0 −f k+1 0 = 0 idX k+1 0 − 0 idX k+1 0 0 0 idY k 0 0 0 idY k+1 f k+1 0 = 0 0 0 , 0 0 idY k 2.1. Catégorie K (A) associée à une catégorie additive A et 61 0 0 idY k+1 0 0 −dkY+1 sk+1 ◦ dkM (α(f )) + dkM−(1α(f )) ◦ sk = 0 0 0 0 −dkX+1 0 0 0 0 idY k+1 f k+1 dYk 0 0 0 0 idY k −dkY + 0 0 0 0 0 −dkX idY k f k dkY−1 0 0 0 idY k+1 f k+1 dkY 0 0 −dkY = 0 0 0 + 0 0 0 0 0 idY k 0 0 0 idY k+1 f k+1 0 = 0 0 0 . 0 0 idY k Il nous reste à démontrer que le diagramme figurant dans l’énoncé commute. Puisque ! 0 0 0 = idX k+1 α(α(f ))k = 0 , idM (f )k 0 idY k il vient 0 ψ k ◦ α(α(f ))k = 0 idX k+1 0 idX k+1 0 = idX k+1 0 0 0 idY k = β (f )k . On en déduit que ϕ ◦ β (f ) = α(α(f )) dans K (A). Finalement, on a k+1 f − β (α(f ))k ◦ ϕk = idY k+1 0 0 idX k+1 0 = −f k+1 = −f [1]k . Théorème 2.1.7. La catégorie K (A) munie de l’automorphisme [1] et des triangles isomorphes à ceux du type X f -Y α (f ) - M (f ) β (f ) - X [1] 62 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne est une catégorie triangulée. Preuve. On doit vérifier que les différents axiomes d’une catégorie triangulée sont satisfaits par K (A). (TD 0) et (TD 2) sont évidents. f (TD 3) Soit X - Y - Z - X [1] un triangle distingué dans K (A). On peut supposer qu’il est isomorphe à f α (f ) -Y X β (f ) - M (f ) - X [1]. Par le lemme précédent, il existe un isomorphisme ϕ ∈ Hom K (A) (X [1], M (α(f ))) tel que le diagramme Y α(f ) idY β (f ) X [1] M (f ) ϕ idM (f ) ? Y ? α(f ) −f [1] - α(α(f )) - M (f ) Y [1] idY [1] ? M (α(f )) β (α(f ))- ? Y [1] commute dans K (A) et Y - M (f ) −f [1] - X [1] - Y [1] est donc un triangle distingué. (TD 1) Le mapping cone du morphisme f : 0 - X est donné par M (f )k = X k dkM (f ) = dkX , et α(f ) = idX , β (f ) = 0. Par conséquent, le triangle -X 0 idX -X -0 est distingué et par(TD 3), on a le triangle distingué suivant. X idX -X -0 - X [1] -Z - X [1], (TD 4) Soient X X0 f -Y f0 - Y0 - Z0 - X 0 [1] deux triangles distingués dans K (A) et un carré commutatif dans K (A). X u f- Y v ? f0 ? - Y0 X0 2.1. Catégorie K (A) associée à une catégorie additive A 63 On peut supposer que les deux triangles distingués sont isomorphes à X f α( f ) f0 α( f 0 ) -Y β (f ) - M (f ) - X [1], et X0 - Y0 - M (f 0 ) β (f 0 ) - X 0 [1] respectivement. Comme v ◦ f = f 0 ◦ u dans K (A), pour tout k ∈ Z, il existe 0 sk ∈ Hom (X k , Y k−1 ) tel que 0 k v k ◦ f k − f k ◦ uk = dkY−0 1 ◦ sk + sk+1 ◦ dX . On définit w : M (f ) - M (f 0 ) par k w = uk+1 0 sk+1 v k ! . Il s’agit d’un morphisme de complexes car ! ! k+1 k+1 d u 0 0 − X0 dkM (f 0) ◦ wk = 0 f k+1 dkY 0 sk+1 v k ! = k+1 0 −dkX+1 0 ◦ u 0 k+1 f ◦ uk+1 + dYk 0 ◦ sk+1 dkY 0 ◦ v k = 0 −uk+2 ◦ dkX+1 k+1 k+1 k+1 k+2 k+1 v v ◦f −s ◦ dX ◦ dkY et wk+1 ◦ dkM (f ) = = ! k+2 u 0 k+2 k+1 s v −dkX+1 k+1 f ! ! 0 dkY −uk+2 ◦ dkX+1 0 k+1 k+1 k+1 k+2 k+1 v v ◦f −s ◦ dX ◦ dYk De plus, α(f 0 ) ◦ v = w ◦ α(f ) car wk ◦ α(f )k = = uk+1 0 sk+1 v k ! 0 vk ! = α(f 0 )k ◦ v k , , ! 0 idY k ! . 64 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne et β (f 0 ) ◦ w = u[1] ◦ β (f ) car uk+1 0 0 k k 0 β (f ) ◦ w = idX k+1 0 sk+1 v k = uk+1 0 ! = uk+1 ◦ β (f )k = u[1]k ◦ β (f )k . On a donc le morphisme de triangles distingués suivant. f X ) α(f - -Y u M (f ) v ? X0 β (f )- w X [1] u[1] ? ? 0 f0 - ? α(f ) β (f 0 ) Y0 M (f 0 ) X 0 [1] (TD 5) Considérons trois triangles distingués X Y X Définissons u : M (f ) g ◦f f -Y α (f ) β (f ) g α(g ) β (g ) - Z - Z - M (f ) - M (g ) - X [1] α(g ◦f ) - M (g ◦ f ) - Y [1] β (g ◦f ) - X [1]. - M (g ◦ f ) et v : M (g ◦ f ) uk : M (f )k = X k+1 ⊕ Y k uk = - M (g ◦ f )k = X k+1 ⊕ Z k ! idX k+1 0 0 gk v k : M (g ◦ f )k = X k+1 ⊕ Z k vk = - M (g ) par , - M (g )k = Y k+1 ⊕ Z k f k+1 0 0 idZ k ! . Montrons que u et v sont des morphismes de complexes. On a successivement ! ! k+1 d − 0 id 0 +1 k X X dkM (g◦f ) ◦ uk = g k+1 ◦ f k+1 dkZ gk 0 ! −dkX+1 0 = g k+1 ◦ f k+1 dkZ ◦ g k ! −dkX+1 0 , = g k+1 ◦ f k+1 g k+1 ◦ dkY 2.1. Catégorie K (A) associée à une catégorie additive A ! idX k+2 0 k+1 g 0 uk+1 ◦ dkM (f ) = −dkX+1 g k+1 ◦ f k+1 = −dkX+1 0 f k+1 dkY ! 0 , g k+1 ◦ dkY ! et −dkY+1 0 g k+1 dkZ dkM (g) ◦ v k = ! = −dkY+1 ◦ f k+1 g k+1 ◦ f k+1 = −f k+2 ◦ dkX+1 g k+1 ◦ f k+1 ! v k+1 ◦ dkM (g◦f ) = f k+2 0 0 idZ k+1 = −f k+2 ◦ dkX+1 g k+1 ◦ f k+1 f k+1 0 0 idZ k ! 0 dZk ! 0 , dZk ! −dkX+1 0 k+1 k+1 g dZk ◦f ! 0 . dkZ ! - M (f )[1] par Définissons w : M (g) w = α(f )[1] ◦ β (g). Alors, le diagramme suivant est commutatif. X idX f ? g◦f X f ? Y α(f ) ? M (f ) En effet, on a -Y g -Z idZ g ? ? -Z α(g ◦ f ) ? uM (g ◦ f ) α(f ) M (f ) u β (f ) X [1] idX [1] α(g ◦ f-) β (g ◦ f ) - ? M (g ◦ f ) X [1] ? v ? α(g) M (g ) idM (g) v ? - M (g ) f [1] β (g ) - ? Y [1] α(f )[1] ? w M (f )[1] 65 66 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne i) u ◦ α(f ) = α(g ◦ f ) ◦ g car ! ! idX k+1 0 gk 0 ! 0 gk uk ◦ α(f )k = = 0 idY k = α(g ◦ f )k ◦ g k ; ii) β (g ◦ f ) ◦ u = β (f ) car β (g ◦ f )k ◦ uk = idX k+1 = idX k+1 id k+1 0 X 0 gk 0 0 ! = β (f )k ; iii) v ◦ α(g ◦ f ) = α(g ) car v k ◦ α(g ◦ f )k = = f k+1 0 0 idZ k ! 0 idZ k ! ! 0 idZ k = α(g )k ; iv) β (g ) ◦ v = f [1] ◦ β (g ◦ f ) car f k+1 0 β (g )k ◦ v k = idY k+1 0 0 idZ k = f k+1 0 ! = f [1]k ◦ β (g ◦ f )k . Il nous reste à démontrer que M (f ) u - M (g ◦ f ) v - M (g ) w - M (f )[1] est un triangle distingué. On va construire un isomorphisme dans K (A) ϕ : M (u) - M (g ) ψ : M (g ) - M (u) et son inverse tels que ϕ ◦ α(u) = v, β (u) ◦ ψ = w, 2.1. Catégorie K (A) associée à une catégorie additive A et on aura alors l’isomorphisme de triangles suivant. M (f ) id ? M (f ) u- M (g ◦ f ) id u- α(u-) M (u ) ϕ ? M (g ◦ f ) v- ? M (g ) β (u-) M (f )[1] id w- ? M (f )[1] On a M (u)k = M (f )k+1 ⊕ M (g ◦ f )k ' X k+2 ⊕ Y k+1 ⊕ X k+1 ⊕ Z k , et dkM (u) = −dkM+1 (f ) uk+1 k+2 0 0 0 d X ! −f k+2 −dk+1 0 0 0 Y = . idX k+2 −dkX+1 0 0 dkM (g◦f ) 0 g k+1 g k+1 ◦ f k+1 dkZ Comme M (g )k = Y k+1 ⊕ Z k , on définit ϕ et ψ par 0 idY k+1 f k+1 0 ϕk = 0 0 0 idZ k 0 0 id 0 Y k+1 k ψ = . 0 0 0 idZ k ! Ce sont des morphismes de complexes car d’une part, ! ! k+1 k+1 − 0 0 id 0 d f k +1 Y Y dkM (g) ◦ ϕk = k+1 k 0 0 0 idZ k g dZ ! 0 −dkY+1 −dkY+1 ◦ f k+1 0 = 0 g k+1 g k+1 ◦ f k+1 dkZ ! 0 −dkY+1 −f k+2 ◦ dkX+1 0 = , 0 g k+1 g k+1 ◦ f k+1 dkZ et ! ϕk+1 ◦ dkM (u) = 0 idY k+2 f k+2 0 0 0 0 idZ k+1 = 0 −dkY+1 −f k+2 ◦ dkX+1 g k+1 ◦ f k+1 0 g k+1 dkX+2 0 0 0 −f k+2 −dk+1 0 0 Y k+1 idX k+2 −dX 0 0 g k+1 g k+1 ◦ f k+1 dkZ 0 ! 0 , dkZ 67 68 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne et d’autre part, 0 0 0 0 0 dkX+2 −f k+2 −dk+1 0 0 0 idY k+1 Y dkM (u) ◦ ψ k = k+1 idX k+2 0 0 0 0 −dX 0 idZ k 0 g k+1 g k+1 ◦ f k+1 dkZ 0 0 −dk+1 0 = Y , 0 0 g k+1 dkZ et 0 0 0 0 id −dk+1 0 k+2 Y = Y 0 g k+1 dkZ 0 idZ k+1 0 0 −dk+1 0 = Y . 0 0 g k+1 dkZ ψ k+1 ◦ dkM (g) De plus, ϕ ◦ α(u) = v car ϕ ◦ α(u) = k k = 0 idY k+1 f k+1 0 0 0 0 idZ k 0 f k+1 0 idZ k ! ! 0 0 idX k+1 0 ! 0 0 0 idZ k = v k, et β (u) ◦ ψ = w car β (u )k ◦ ψ k = = idX k+2 0 0 0 0 idY k+1 0 0 0 idY k+1 = wk . ! 0 0 ! 0 id Y k+1 0 0 0 0 0 idZ k 2.1. Catégorie K (A) associée à une catégorie additive A 69 Il nous reste donc à démontrer que ϕ et ψ sont des isomorphismes dans K (A). Tout d’abord, ϕ ◦ ψ = idM (g) car 0 0 ! id 0 0 idY k+1 f k+1 0 Y k+1 k k ϕ ◦ψ = 0 0 0 idZ k 0 0 0 idZ k ! idY k+1 0 = 0 idZ k = idM (g)k . Ensuite, ψ ◦ ϕ est homotope à l’identité car le morphisme sk : M (u)k défini par 0 0 sk = 0 0 - M (u)k−1 0 idX k+1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 vérifie idM (u)k −ψ k ◦ ϕk = sk+1 ◦ dkM (u) + dkM−(1u) ◦ sk . En effet, on a idX k+2 0 0 0 0 idY k+1 0 0 k k idM (u)k −ψ ◦ ϕ = 0 0 idX k+1 0 0 0 0 idZ k 0 0 ! id 0 0 Y k+1 0 idY k+1 f k+1 − 0 0 0 0 0 idZ k 0 idZ k 0 0 0 0 idX k+2 0 0 0 0 0 idY k+1 0 0 0 idY k+1 f k+1 = − 0 0 0 0 0 idX k+1 0 0 0 0 0 idZ k 0 0 0 idZ k idX k+2 0 0 0 0 k+1 0 −f 0 = , 0 0 idX k+1 0 0 0 0 0 70 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne et 0 0 sk+1 ◦ dkM (u) + dkM−(1u) ◦ sk = 0 0 k+2 0 0 0 0 idX k+2 0 dX k+1 0 0 0 0 0 −f k+2 −dY k+1 0 0 0 0 0 idX k+2 −dX 0 0 0 0 g k+1 g k+1 ◦ f k+1 dkZ k+1 0 0 idX k+1 0 0 0 0 dX −f k+1 −dk 0 0 0 0 0 0 Y + k idX k+1 0 0 0 0 0 0 −dX 0 0 0 0 0 g k g k ◦ f k dkZ−1 0 0 dkX+1 0 idX k+2 0 −dkX+1 0 0 0 0 0 0 0 −f k+1 0 = + 0 0 0 0 0 0 idX k+1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 idX k+2 0 0 0 0 k+1 0 −f 0 = , 0 0 idX k+1 0 0 0 0 0 d’où la conclusion. 2.2. t-structure sur K (A) Dans toute cette section, A désigne une catégorie additive telle que tout morphisme possède un noyau et un conoyau. Définition 2.2.1. Une suite A -B -C de A est fortement exacte si pour tout X ∈ Ob(A), la suite de groupes abéliens - Hom (X, B ) A Hom A (X, A) - Hom (X, C ) A est exacte. Plus généralement, une suite A0 - A1 . . . - An est fortement exacte si la suite Ak−1 - Ak - Ak+1 est fortement exacte pour tout k ∈ {1, . . . , n − 1}. 2.2. t-structure sur K (A) 71 Exemple 2.2.2. i) La suite 0 -A u -B est fortement exacte si et seulement si u est un monomorphisme. ii) La suite A u -B -0 est fortement exacte si et seulement si u a une section, i.e., il existe s ∈ Hom A (B, A) tel que u ◦ s = idB . iii) Une suite 0 -A u v -B - C est fortement exacte si et seulement si (A, u) est un noyau de v . iv) Une suite courte -A 0 u -B v -C -0 est fortement exacte si et seulement si elle est scindée. -A Preuve. i) La suite 0 X ∈ Ob(A), la suite 0 u - B est fortement exacte si et seulement si pour tout - Hom (X, A) Hom (X,u) - Hom (X, B ) est exacte. Soit f ∈ Hom (X, A) tel que Hom (X, u)(f ) = u ◦ f = 0. Par conséquent, Hom (X, u) est injectif pour tout X ∈ Ob(A), si et seulement si u est un monomorphisme. u ii) La suite A - B - 0 est fortement exacte si pour tout X ∈ Ob(A), la suite Hom (X, A) - Hom (X, B ) -0 est exacte. La condition est nécessaire. En effet, la suite Hom (B,u) Hom (B, A) - Hom (B, B ) -0 étant exacte, il existe s ∈ Hom (B, A) tel que Hom (B, u)(s) = u ◦ s = idB . La condition est suffisante. Soit X ∈ Ob(A). La suite Hom (X,u) Hom (X, A) - Hom (X, B ) -0 est exacte car si f ∈ Hom (X, B ), alors s ◦ f ∈ Hom (X, A) et Hom (X, u)(s ◦ f ) = u ◦ s ◦ f = f. 72 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne iii) La suite 0 la suite 0 -A u -B - Hom (X, A) v - C est fortement exacte si pour tout X ∈ Ob(A), Hom (X,u) - Hom (X, B ) Hom (X,v) - Hom (X, C ) est exacte. La condition est nécessaire. En effet, soient X ∈ Ob(A) et f ∈ Hom (X, B ) tels que v ◦ f = 0. Par conséquent, f ∈ ker(Hom (X, v )) = im(Hom (X, u)), et il existe donc f 0 ∈ Hom (X, A) tel que Hom (X, u)(f 0 ) = u ◦ f 0 = f. Ainsi, le diagramme u- A I @ @ v- B 6 f f0 @ C 0 X commute et (A, u) est un noyau de v . La condition est suffisante. En effet, la suite 0 -A u -B est fortement exacte car u est un monomorphisme. De plus, pour tout X ∈ Ob(A), on vérifie facilement que la suite Hom (X,u) Hom (X, A) - Hom (X, B ) Hom (X,v) - Hom (X, C ) est exacte. iv) La condition est évidemment suffisante, montrons qu’elle est nécessaire. Pour tout X ∈ Ob(A), la suite 0 - Hom (X, A) Hom (X,u) - Hom (X, B ) Hom (X,v) - Hom (X, C ) -0 est exacte. Ainsi v a une section s. Le morphisme Hom (X, s) est alors une section de Hom (X, v ). Par conséquent, pour tout X ∈ Ob(A) on a l’isomorphisme Hom (X, A) ⊕ Hom (X, C ) - Hom (X, B ) (a, c) 7−→ u ◦ a + s ◦ c. Il s’ensuit que Hom (., A) ⊕ Hom (., C ) ' Hom (., B ), et donc B ' A ⊕ C . 2.2. t-structure sur K (A) 73 Proposition 2.2.3. La suite u v -B A -C est fortement exacte si et seulement si la suite courte 0 - ker u -A - ker v - 0 est fortement exacte et donc scindée. Preuve. Pour tout X ∈ Ob(A), la suite Hom (X,u) - Hom (X, B ) Hom (X, A) Hom (X,v ) - Hom (X, C ) est exacte. Rappelons que pour tout X ∈ Ob(A), on a la suite exacte 0 - Hom (X, ker u0 ) - Hom (X, A) Hom (X,u0 ) - Hom (X, ker v ) où u0 est défini par le diagramme commutatif suivant. ker v iv - v- B 6 I @ @ u0 @ C u 0 A Démontrons que Hom (X, u0 ) est surjectif. Soit f ∈ Hom (X, ker v ). Comme v ◦iv ◦ f = 0, iv ◦ f ∈ ker(Hom (X, v )) = im(Hom (X, u)). Il existe donc f 0 ∈ Hom (X, A) tel que iv ◦ f = Hom (X, u)(f 0 ) = u ◦ f0 = i v ◦ u0 ◦ f 0 , et puisque iv est un monomorphisme, f = u0 ◦ f 0 et Hom (X, u0 ) est surjectif. On en déduit que pour tout X ∈ Ob(A), la suite 0 - Hom (X, ker u0 ) - Hom (X, A) - Hom (X, ker v ) - 0 est exacte et donc, que la suite 0 - ker u0 -A u0 - ker v -0 est fortement exacte. Comme iv est un monomorphisme, ker u0 ' ker u, d’où la conclusion car la réciproque est immédiate. 74 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Définition 2.2.4. Par dualité, une suite A -B -C de A est fortement co-exacte si pour tout X ∈ Ob(A), la suite de groupes abéliens - Hom (B, X ) Hom (C, X ) - Hom (A, X ) est exacte. Plus généralement, une suite - A1 . . . A0 - An est fortement co-exacte si la suite Ak−1 - Ak - Ak+1 est fortement co-exacte pour tout k ∈ {1, . . . , n − 1}. Exemple 2.2.5. i) La suite 0 -A u -B est fortement co-exacte si et seulement si u a une rétraction, i.e., il existe r ∈ Hom A (B, A) tel que r ◦ u = idA . ii) La suite u A -B -0 est fortement co-exacte si et seulement si u est un épimorphisme. iii) Une suite u v A -B -C -0 est fortement co-exacte si et seulement si (C, v ) est un conoyau de u. iv) Une suite courte 0 -A u -B v -C -0 est fortement co-exacte si et seulement si elle est scindée. Définition 2.2.6. Un complexe X ∈ C (A) est fortement exact (resp. co-exact ) en degré k si la suite X k−1 dkX−1 - Xk dkX - X k+1 est fortement exacte (resp. co-exacte). Un complexe est fortement exact (resp. co-exact ) s’il est fortement exact (resp. co-exact) en tout degré. Proposition 2.2.7. Pour un complexe X ∈ C (A), les conditions suivantes sont équivalentes : i) X est fortement exact, ii) X est fortement co-exact, 2.2. t-structure sur K (A) 75 iii) X est homotopiquement nul. Preuve. i) ⇒ iii) Par la proposition 2.2.3, pour tout k ∈ Z, X k ' ker dkX ⊕ ker dkX+1 . Le complexe X est alors isomorphe au complexe 0 1 0 1 0 1C 0 1C B B @ A @ A 0 0 0 0 - ker dk ⊕ ker dk+1 - ker dk+1 ⊕ ker dk+2 . . . . . . ker dkX−1 ⊕ ker dkX X X X X Le morphisme k ⊕ ker dkX+1 sk : ker dX défini par ! 0 0 1 0 k s = ! 0 1 ◦ sk + sk+1 ◦ 0 0 vérifie - ker dk−1 ⊕ ker dk X X 0 1 0 0 ! = ! 1 0 , 0 1 et le complexe X est donc homotopiquement nul. iii) ⇒ i) Pour tout k ∈ Z, il existe un morphisme sk ∈ Hom (X k , X k−1 ) tel que k = idX k . dkX−1 ◦ sk + sk+1 ◦ dX Démontrons que pour tout Z ∈ Ob(A), la suite Hom (Z, X k−1 ) Hom (Z,dkX−1 ) - Hom (Z, X k ) Hom (Z,dkX ) - Hom (Z, X k+1 ) est exacte. Bien sûr, im(Hom (Z, dkX−1 )) ⊂ ker(Hom (Z, dkX )). Soit f ∈ Hom (Z, X k ) tel que Hom (Z, dkX )(f ) = dkX ◦ f = 0. On a f = dkX−1 ◦ sk ◦ f + sk+1 ◦ dkX ◦ f = dkX−1 ◦ sk ◦ f, ce qui suffit. ii) ⇔ iii) s’établit par dualité. Lemme 2.2.8. Si X est un complexe de C (A), on a le triangle distingué dans K (A) X0 -X - X1 - X0 [1] où X0 est le complexe . . . X −2 2 d− X - X −1 −1 δX - ker d0 X -0 76 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne 0 (ker dX est en degré 0), X1 est le complexe 0 i0X - ker d0 X d0X - X0 - X1 - ... (X 0 est en degré 0). −1 0 0 est le morphisme canonique de ker dX dans X 0 et que δX Preuve. Rappelons que iX est donné par le diagramme commutatif suivant. 0 iX - 0 ker dX I @ @ −1 @ δ X Soit u : X0 0 dX - X0 X1 6 −1 dX 0 X −1 - X le morphisme défini par idX k k u = i0 0 si si si k < 0, k = 0, k > 0. Il suffit de démontrer que le mapping cone de u est isomorphe à X1 dans K (A). Le mapping cone de u est par définition le complexe M donné explicitement par 0 1 −1 0 C −δ X B @ A −1 0 −2 iX dX idX −1 dX d0 d1 - ker d0 ⊕ X −1 - X 0 X- X 1 X- X 2 . . . . . . X −1 ⊕ X −2 X Soient α : X1 - M le morphisme défini par αk = et β : M 0 idker d0X 0 ! idX k si k < −1, si k = −1, si k > −1, - X1 le morphisme défini par βk = 0 −1 idker d0X δX idX k si k < −1, si k = −1, si k > −1. On a β ◦ α = idX1 . Pour tout k ∈ Z, définissons sk : M k par k s = 0 idX k 0 0 0 - M k−1 ! si k < 0, si k ≥ 0. 2.2. t-structure sur K (A) 77 Le calcul sk+1 ◦ dkM + dkM−1 ◦ sk donne pour k < −2 ! ! k+1 0 idX k+1 0 −dX + 0 0 idX k+1 dkX pour k = −2 0 idX −1 0 0 ! −1 0 −δ X −2 idX −1 dX ! + −dkX −2 0 −dX −3 idX −2 dX −1 −δ X −1 0 0 iX + dX 0 idX −1 0 −2 dX 0 idX k 0 0 dkX−1 idX k pour k = −1 ! ! ! 0 idX −2 0 0 0 idX −1 0 0 ! = ! ! = = idX k+1 0 0 idX k ! , ! idX −1 0 , 0 idX −2 , −1 −δ X 0 0 idX −1 ! , et donne zéro pour k ≥ 0. De même, le calcul de idM k −αk ◦ β k donne pour k < −1 idX k+1 0 0 idX k pour k = −1 0 idker dX 0 0 idX −1 ! − 0 idker dX 0 ! ! , −1 = 0 idker dX δX −1 0 −δX 0 idX −1 ! , et zéro pour k > −1. Ainsi, α ◦ β est homotope à idM k et α, β sont des isomorphismes dans K (A). D’où la conclusion. Proposition 2.2.9. Si K ≤n (A) (resp. K ≥n (A)) sont les sous-catégories pleines de K (A) formées des complexes fortement exacts en degré k > n (resp. k < n), alors (K ≤0 (A), K ≥0 (A)) est une t-structure canonique sur K (A). Preuve. On doit vérifier les trois axiomes de la définition d’une t-structure. Le premier résulte de la définition de K ≤n (A), K ≥n (A) et le troisième du lemme précédent. Il nous reste à démontrer que si X ∈ Ob(K ≤0 (A)) et Y ∈ Ob(K ≥1 (A)) alors Hom K (A) (X, Y ) = 0. Vu le lemme précédent, on a les deux triangles distingués suivants. X0 - X - X1 - X0 [1] Y0 -Y - Y1 - Y0 [1] 78 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Comme le complexe X est fortement exact en degré k > 0, il est clair que le complexe X1 est fortement exact et donc, X1 ' 0 dans K (A). Par le corollaire 1.1.9, X0 ' X . De même Y0 ' 0 et Y ' Y1 . Il suffit donc de démontrer que Hom K (A) (X0 , Y1 ) = 0. Soit u ∈ Hom K (A) (X0 , Y1 ). Comme le diagramme . . . X −2 u−2 ... ? 0 −2 dX - X −1 u−1 ? - ker d0 Y −1 δX - 0 ker dX u0 iY0 - ? Y0 -0 ... u1 dY0- ? Y1 ... commute, il vient uk = 0 si k ≤ −2 ou si k ≥ 1, et −2 = 0, u−1 ◦ dX dY0 ◦ u0 = 0, −1 = i0Y ◦ u−1 . u0 ◦ δ X 0 Par définition du noyau de dY0 , il existe un unique s0 ∈ Hom (ker dX , ker d0Y ) tel que le diagramme suivant ker dY0 iY0 - 0 Y I @ @ s0 @ 6 u0 d0Y- Y1 0 0 ker dX soit commutatif. Par conséquent, −1 −1 = i0Y ◦ s0 ◦ δX = i0Y ◦ u−1 , u0 ◦ δ X −1 et donc, u−1 = s0 ◦ δX . Si on pose sk = 0 pour k 6= 0, on a 0 si s0 ◦ δ −1 = u−1 si 1 X ◦ sk + sk+1 ◦ dkX0 = dkY− 0 0 0 1 ◦ si i Y s =u 0 si k < −1, k = −1, k = 0, k > 0, et donc, u = 0 dans K (A). Définition 2.2.10. On appelle t-structure gauche de K (A) la t-structure considérée dans la proposition précédente. La t-structure gauche de K (Aop ) induit une autre t-structure sur K (A). On l’appellera la t-structure droite. 2.2. t-structure sur K (A) 79 Notons LK(A) la catégorie dont les objets sont les morphismes de A. Un morphisme de u : A - B dans u0 : A0 - B 0 étant une classe d’équivalence de carrés commutatifs uA B a b ? u- ? B0 0 A0 pour la relation R définie par (a, b)R(a0 , b0 ) ⇔ ∃h : B - A 0 : u0 ◦ h = b − b0 . Proposition 2.2.11. Le foncteur I de LK(A) dans K (A) qui envoie le morphisme u -B A vers le complexe ...0 iu - ker u u -A -B - 0... (b en degré 0) induit une équivalence de catégories entre LK(A) et le cœur de la t-structure gauche de K (A). Preuve. Démontrons tout d’abord que le foncteur I est bien défini. Considérons un morphisme de u : A - B dans u0 : A0 - B 0 , donné par un couple de morphismes (a, b) rendant le diagramme A a ? A0 u- B b u- ? B0 0 commutatif. Comme u0 ◦ a ◦ iu = b ◦ u ◦ iu = 0, par définition du noyau de u0 , il existe un unique α ∈ Hom A (ker u, ker u0 ) tel que le diagramme suivant commute. ker u0 iu0 - 0 A u0- 6 I @ @ a ◦ iu α@ B0 0 ker u On définit alors l’image par I du couple (a, b) par le morphisme de complexes suivant. 0 - ker u α 0 iu - A u- B a b ? u0 ? 0 i - ker u0 u - A0 - B0 ? -0 -0 80 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Cette définition a un sens car si (a0, b0 )R(a, b), i.e., il existe h : B - A0 tel que u0 ◦ h = b − b0 , alors I ((a0, b0 )) est homotope à I ((a, b)). En effet, on a le diagramme commutatif iu0 - 0 A u0- 6 I @ 0 a iu ◦ @ α0 @ ker u0 B0 0 ker u et I ((a0, b0 )) est le morphisme de complexes suivant. 0 - ker u α0 0 iu - A u- a0 -0 B b0 ? i 0 ? u0 ? - ker u0 u - A0 - B0 -0 Puisque u0 ◦ (a − a0 ) = (b − b0 ) ◦ u = u0 ◦ h ◦ u, on a u0 ◦ (a − a0 − h ◦ u) = 0, et par définition du noyau de u0 , il existe un unique h0 ∈ Hom (A, ker u0 ) tel que le diagramme ker u0 iu0 - A0 6 u0 - 0 B I @ @ 0 @ a−a −h◦u h0 @ @ 0 A commute. On en déduit que a − a0 = h ◦ u + iu0 ◦ h0 , et que iu0 ◦ h0 ◦ iu = (a − a0 − h ◦ u) ◦ iu = (a − a 0 ) ◦ i u = iu0 ◦ (α − α0 ), et donc, h0 ◦ iu = α − α0 . Par conséquent, I ((a, b)) est homotope à I ((a0, b0 )) et le foncteur I est bien défini. On vérifie facilement que I est pleinement fidèle. Il nous reste à établir que le foncteur I est essentiellement surjectif. Pour tout X ∈ Ob(K ≤0 (A) ∩ K ≥0 (A)), on a X ' τ ≤0 ◦ τ ≥0 (X ), 2.3. Catégories quasi-abéliennes 81 et comme τ ≥0 (X ) est le complexe 0 1 i− X - ker d−1 X - X −1 −1 dX - X0 0 dX - X1 . . . , τ ≤0 ◦ τ ≥0 (X ) est le complexe ...0 - ker d−1 X 1 i− X - X −1 −1 δX - ker d0 X - 0... Ce dernier complexe est l’image par le foncteur étudié du morphisme X −1 −1 δX - ker d0 . X Le foncteur I est donc essentiellement surjectif. Remarque 2.2.12. Un objet u : A - B de LK(A) est isomorphe à zéro si et seulement si u a une section. En effet, il existe des couples (a : A - 0, b : B - 0) et (a0 : 0 - A, b0 : 0 - B ) tels que ((a, b) ◦ (a0 , b0 ))R(0, 0) ((a0 , b0 ) ◦ (a, b))R(idA , idB ). Or, a = b = a0 = b0 = 0. Donc, (idA , idB )R(0, 0) i.e., il existe h : b - A tel que u ◦ h = idB . Remarque 2.2.13. La catégorie A est une sous-catégorie pleine de LK(A). En effet, le foncteur J : A - LK(A) qui envoie un objet a de A vers le morphisme 0 - A, et qui envoie un morphisme u : A - B vers le couple (0, u) est pleinement fidèle. 2.3. Catégories quasi-abéliennes Dans cette section, A désigne une catégorie additive telle que tout morphisme possède un noyau et un conoyau. Définition 2.3.1. Un morphisme u ∈ Hom A (A, B ) est strict si le morphisme canonique (cf. 0.1.19) u0 : coim u - im u est un isomorphisme. Proposition 2.3.2. Soit u ∈ Hom A (A, B ). i) ii) iii) iv) Le monomorphisme canonique i : ker u - A est strict. Si u est un monomorphisme strict alors A ' im u. Par dualité, l’épimorphisme canonique q : B - coker u est strict. Si u est un épimorphisme strict, alors B ' coim u. 82 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Preuve. i) Comme i est un monomorphisme, on a coim i ' ker u. Il suffit donc de démontrer que ker u ' im i. Soient C ∈ Ob(A) et v ∈ Hom A (C, A) tels que u ◦ v = 0. Par définition du noyau de u, il existe un unique v 0 ∈ Hom A (C, ker u) tel que le diagramme suivant ker u i- A u- 6 I @ @ v0 @ B v 0 C soit commutatif. Si j : im i - A et q 0 : A - coker i sont les morphismes canoniques, on a q 0 ◦ i = 0 et par définition de im i, il existe un unique α ∈ Hom A (ker u, im i) tel que le diagramme suivant 0 q- j im i A 6 I @ @ α@ i coker i 0 ker u soit commutatif. On vérifie alors facilement que le diagramme suivant im i jI @ @ α ◦ v0 @ A 6 v u- B 0 C commute, ce qui suffit. ii) est trivial. Proposition 2.3.3. Une somme directe de morphismes stricts est stricte. Preuve. Cela résulte immédiatement de la proposition 0.1.17. Définition 2.3.4. La catégorie A est quasi-abélienne si elle vérifie les conditions suivantes : i) dans un carré cartésien, A f- 6 A0 B 6 f 0- B0 si f est un épimorphisme strict alors f 0 est un épimorphisme strict, 2.3. Catégories quasi-abéliennes 83 ii) dans un carré co-cartésien, A f 0- 0 B0 6 6 f- A B si f est un monomorphisme strict alors f 0 est un monomorphisme strict. Proposition 2.3.5. Si A est une catégorie quasi-abélienne, la composée de deux épimorphismes stricts est un épimorphisme strict. Preuve. Soient u ∈ Hom A (A, B ), v ∈ Hom A (B, C ) deux épimorphismes stricts et les morphismes canoniques iu : ker u - A, iv : ker v - B et iv◦u : ker(v ◦ u) - A. Comme v ◦ u ◦ iv◦u = 0, par définition du noyau de v , il existe un unique f ∈ Hom A (ker(u ◦ v ), ker v ) tel que le diagramme suivant ker v iv v- -B 6 I @ u ◦ iv ◦ u @ f @ C ker(v ◦ u) 0 soit commutatif. Etablissons que le carré commutatif uB A 6 6 iv ◦ u ker(v ◦ u) iv f- ker v est cartésien. Soient W ∈ Ob(A), α ∈ Hom A (W, A) et β ∈ Hom A (W, ker v ) tels que u ◦ α = iv ◦ β . Puisque v ◦ u ◦ α = v ◦ iv ◦ β = 0, par définition du noyau de v ◦ u, il existe un unique γ ∈ Hom A (W, ker(v ◦ u)) tel que le diagramme suivant soit commutatif. ker(v ◦ u) iv◦u- A I @ @ α γ@ 6 W v ◦u 0 C 84 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Comme on a iv ◦ f ◦ γ = u ◦ iv◦u ◦ γ =u◦α = iv ◦ β, f ◦ γ = β , et le diagramme suivant u A -B 6 6 iv◦u iv α ker(v ◦ u) f - ker v * γ β W est commutatif. Le carré commutatif ci-dessus est donc cartésien. Comme u est un épimorphisme strict, f est un épimorphisme strict. Par la proposition 2.3.2 , il suffit de démontrer que (C, v ◦ u) est un conoyau de iv◦u . Soient W ∈ Ob(A) et γ ∈ Hom A (A, W ) tels que γ ◦ iv◦u = 0. Démontrons qu’il existe un unique γ 00 ∈ Hom A (C, W ) rendant le diagramme ker(v ◦ u) iv◦u- A v ◦u C @ @ γ R ? γ 00 0@ W commutatif. Puisque v ◦ u ◦ iu = 0, par définition du noyau de v ◦ u, il existe un unique g ∈ Hom A (ker u, ker(v ◦ u)) tel que le diagramme ker(v ◦ u) iv◦u- A I @ @ iu g@ 6 v ◦u 0 ker u commute. Par conséquent, γ ◦ iu = γ ◦ iv◦u ◦ g = 0, C 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne 85 et comme par la proposition 2.3.2, B ' coim u, il existe un unique γ 0 ∈ Hom A (B, W ) tel que le diagramme suivant ker u iu - u- A B @ @ γ R ? γ0 0@ W soit commutatif. On en déduit que γ 0 ◦ iv ◦ f = γ 0 ◦ u ◦ iv ◦u = γ ◦ iv◦u = 0, et comme f est un épimorphisme, γ 0 ◦iv = 0. De même, puisque v est un épimorphisme strict, il existe un unique γ 00 ∈ Hom A (C, W ) tel que le diagramme suivant ker v iv - v- B C @ γ0 @ R ? γ 00 0@ W soit commutatif. Il s’ensuit que γ 00 ◦ v ◦ u = γ 0 ◦ u = γ, d’où la conclusion. 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne Dans cette section, A désigne une catégorie quasi-abélienne. Définition 2.4.1. Une suite A u -B v -C de A telle que v ◦ u = 0 est strictement exacte si la flèche canonique coim u - ker v est un isomorphisme. Plus généralement, une suite A0 - A1 . . . - An est strictement exacte si la suite Ak−1 - Ak - Ak+1 est strictement exacte pour tout k ∈ {1, . . . , n − 1}. 86 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne u v Remarque 2.4.2. Dire que la suite A - B - C telle que v ◦ u = 0 est strictement exacte revient à dire que u est strict et que la flèche canonique im u - ker v est un isomorphisme. Exemple 2.4.3. i) La suite 0 -A u -B est strictement exacte si et seulement si u est un monomorphisme. ii) La suite A u -B -0 est strictement exacte si et seulement si u est un épimorphisme strict. iii) Une suite 0 -A u -B v - C est strictement exacte si et seulement si (A, u) est un noyau de v . iv) Une suite courte 0 -A u -B v -C -0 est strictement exacte si et seulement si (A, u) est un noyau de v et (C, v ) est un conoyau de u. Proposition 2.4.4. La suite A u -B v -C est strictement exacte si et seulement si v ◦ u = 0 et la suite courte 0 - ker u iu -A u0 - ker v -0 est strictement exacte. Preuve. Rappelons que iv ◦ u0 = u. La condition est nécessaire. En effet, comme iv est un monomorphisme, ker u ' ker u0 et (ker u, iu ) est un noyau de u0 . De plus, par hypothèse, ker v ' coim u et donc, par définition de la coimage de u, (ker v, u0) est un conoyau de iu , ce qui suffit. La condition est suffisante. En effet, v ◦ u = v ◦ iv ◦ u0 = 0. Comme (ker v, u0) u v est un conoyau de iu, ker v ' coim u et la suite A - B - C est donc strictement exacte. Proposition 2.4.5. Une suite fortement exacte est strictement exacte. 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne u 87 v Preuve. Soit A - B - C une suite fortement exacte. Il suffit de démontrer que coim u ' ker v . Par la proposition 2.2.3, on a la suite fortement exacte 0 u0 iu - ker u -A - ker v - 0 où u0 est donné par le diagramme commutatif suivant. ker v iv I @ @ u0 @ B 6 u v- C 0 A Le morphisme u0 a donc une section. Soit s ∈ Hom A (ker v, A) tel que u0 ◦ s = idker v . Notons q : A - coim u le morphisme canonique. Par définition de coim u, il existe un unique u00 ∈ Hom A (coim u, B ) tel que le diagramme suivant iu - ker u @ @ R 0@ q- A u ? u coim u 00 B soit commutatif. Démontrons que (coim u, u00 ) est un noyau de v . Soient X ∈ Ob(A) et α ∈ Hom A (X, B ) tels que v ◦ α = 0. Par définition du noyau de v , il existe un unique α0 ∈ Hom A (X, ker v ) tel que le diagramme ker v iv I @ @ α0 @ B 6 α v- C 0 X soit commutatif. Par conséquent, il vient u00 ◦ q ◦ s ◦ α0 = u ◦ s ◦ α0 = iv ◦ u0 ◦ s ◦ α0 = iv ◦ α0 = α, 88 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne et le diagramme coim u u00- v- B 6 I @ @ q ◦ s ◦ α0 @ C α 0 X commute. La conclusion en résulte aussitôt. Définition 2.4.6. Un complexe X ∈ C (A) est strictement exact en degré k si la suite dkX−1 X k−1 dkX - Xk - X k+1 est strictement exacte. Un complexe est strictement exact s’il est strictement exact en tout degré. Proposition 2.4.7. Si X et Y sont deux complexes isomorphes dans K (A), alors ils sont simultanément strictement exacts en degré k . Preuve. Soient u ∈ Hom K (A) (X, Y ), v ∈ Hom K (A) (Y, X ) et pour tout k ∈ Z, sk ∈ Hom A (Y k , Y k−1 ) tels que dkY−1 ◦ sk + sk+1 ◦ dkY = idY k −uk ◦ v k . Supposons que X est strictement exact en degré k . Par la proposition précédente, on a la suite strictement exacte 0 ikX−1 - ker dk−1 X - X k−1 k−1 δX - ker dk X -0 k−1 où δX est donné par le diagramme commutatif suivant. ikX - ker dkX I @ @ k−1 @ δ X Xk dkX- X k+1 6 dkX−1 0 X k−1 Il suffit d’établir que la suite courte 0 - ker dk−1 Y ikY−1 - Y k−1 k −1 δY - ker dk Y -0 est strictement exacte. Comme ikY est un monomorphisme, ker dkY−1 ' ker δYk−1 , et il suffit donc d’établir que (ker dkY , δYk−1 ) est un conoyau de ikY−1 . Puisque dkY ◦ uk ◦ ikX = uk+1 ◦ dkX ◦ ikX = 0, 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne 89 0 par définition du noyau de dkY , il existe un unique u k ∈ Hom A (ker dkX , ker dkY ) tel que le diagramme dkY- ikY - k Y ker dkY 6 I @ k ◦ u ikX @ 0k @ u Y k+1 0 ker dkX 0 soit commutatif. De même, il existe un unique v k ∈ Hom A (ker dYk , ker dkX ) tel que le diagramme dkX- ikX - k X ker dkX 6 I @ v k ◦ iYk 0 k@ v @ X k+1 0 ker dkY soit commutatif. Par conséquent, puisque idY k −uk ◦ v k = dkY−1 ◦ sk + sk+1 ◦ dYk , on a successivement ikY − uk ◦ v k ◦ ikY = dkY−1 ◦ sk ◦ ikY + sk+1 ◦ dkY ◦ ikY , 0 ikY − uk ◦ ikX ◦ v k = ikY ◦ δYk−1 ◦ sk ◦ ikY , 0 0 ikY − ikY ◦ u k ◦ v k = ikY ◦ δYk−1 ◦ sk ◦ ikY . Comme ikY est un monomorphisme, il vient 0 0 idker dkY −u k ◦ v k = δYk−1 ◦ sk ◦ ikY . De plus, ikY ◦ δYk−1 ◦ uk−1 ◦ v k−1 = dkY−1 ◦ uk−1 ◦ v k−1 k−1 = uk ◦ dX ◦ v k−1 = uk ◦ v k ◦ dkY−1 = uk ◦ v k ◦ ikY ◦ δYk−1 0 = uk ◦ ikX ◦ v k ◦ δYk−1 0 0 = ikY ◦ u k ◦ v k ◦ δYk−1 , et 0 0 δYk−1 ◦ uk−1 ◦ v k−1 = u k ◦ v k ◦ δYk−1 . 90 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Il s’ensuit que δYk−1 ◦ (idY k−1 −uk−1 ◦ v k−1 − sk ◦ ikY ◦ δYk−1 ) =δYk−1 − δYk−1 ◦ uk−1 ◦ v k−1 − δYk−1 ◦ sk ◦ ikY ◦ δYk−1 0 0 =(idker dkY −u k ◦ v k − δYk−1 ◦ sk ◦ ikY ) ◦ δYk−1 =0. Comme ker δYk−1 ' ker dkY−1 , il existe un unique wk−1 ∈ Hom A (Y k−1 , ker dkY−1 ) tel que le diagramme ker dkY−1 ikY−-1 I @ @ k−1 @ w Y k−1 1 δYk−- 6 ker dkY γ k−1 0 Y k−1 (où γ k−1 = idY k−1 −uk−1 ◦ v k−1 − sk ◦ ikY ◦ δYk−1 ) soit commutatif, et donc, uk−1 ◦ v k−1 = idY k−1 −sk ◦ ikY ◦ δYk−1 − ikY−1 ◦ wk−1 . A présent, établissons que (ker dkY , δYk−1 ) est un conoyau de ikY−1 . Soient Z ∈ Ob(A) et α ∈ Hom A (Y k−1 , Z ) tels que α ◦ ikY−1 = 0. On a 0 α ◦ uk−1 ◦ ikX−1 = α ◦ ikY−1 ◦ u k−1 = 0. k−1 Comme par hypothèse, (ker dkX , δX ) est un conoyau de ikX−1 , il existe un unique α0 ∈ Hom A (ker dkX , Z ) tel que le diagramme ker dkX−1 ikX−1 - X k−1 k−1 δX - ker dkX @ k−1 @ α◦u R α0 0@ ? Z soit commutatif. De plus, on a 0 ikX ◦ v k ◦ δYk−1 = v k ◦ ikY ◦ δYk−1 = v k ◦ dkY−1 = dkX−1 ◦ v k−1 k−1 = ikX ◦ δX ◦ v k−1, et donc, 0 k−1 v k ◦ δYk−1 = δX ◦ v k−1 . 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne 91 On en déduit que 0 k−1 α0 ◦ v k ◦ δYk−1 = α0 ◦ δX ◦ v k−1 = α ◦ uk−1 ◦ v k−1 = α − α ◦ sk ◦ ikY ◦ δYk−1 − α ◦ ikY−1 ◦ wk−1 = α − α ◦ sk ◦ ikY ◦ δYk−1 , et par conséquent, 0 α = (α ◦ sk ◦ ikY + α0 ◦ v k ) ◦ δYk−1 . Le diagramme suivant ker dkY−1 ikY−-1 Y k−1 @ @ R 0@ 1 δYk−- ker dkY α 0 ? α ◦ sk ◦ ikY + α0 ◦ v k Z est donc commutatif, d’où le résultat. Proposition 2.4.8. Soit u v -Y X w -Z - X [1] un triangle distingué dans K (A). Si X et Z sont strictement exacts en degré k , alors Y est strictement exact en degré k . Preuve. Puisque Z [−1] −w[−1] -X u - Y v -Z est un triangle distingué, la proposition 2.4.7 nous permet de supposer que Y est le mapping cone de −w[−1]. Par conséquent, on a Y k = M (−w[−1])k = X k ⊕ Z k ! k k − d w X dkY = dkM (−w[−1]) = . 0 dkZ Considérons le carré Z k−1 (∗) pZ k−1 1 δZk−- 6 ker dkX ⊕ Z k−1 avec i) pZ k−1 la projection canonique sur Z k−1 , ker dkZ 60 k β- pZ k ker dkY 92 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne ii) δZk−1 donné par le diagramme commutatif suivant, ikZ - ker dkZ I @ @ k−1 @ δ Z iii) pZ0 k Zk dkZ- Z k+1 6 dkZ−1 0 Z k−1 défini de la manière suivante : comme pZ k+1 dk −wk X ◦ dkY = 0 idZ k+1 0 dkZ = 0 dkZ ! = dkZ ◦ pZ k , on a dkZ ◦ pZ k ◦ ikY = pZ k+1 ◦ dkY ◦ ikY = 0, et par définition du noyau de dkZ , il existe un unique pZ0 k ∈ Hom A (ker dkY , ker dkZ ) tel que le diagramme suivant ikZ - k Z ker dkZ dkZ- 6 I @ k p k ◦ iY @ Z p0 k @ Z Z k+1 0 ker dkY soit commutatif. iv) β k défini de la manière suivante : si 0 k ⊕ Z k−1 β k : ker dX - Xk ⊕ Zk = Y k est défini par 0k β = ikX −wk−1 0 dkZ−1 alors 0k dkY ◦ β = = dkX −wk 0 dkZ ! ! , ikX −wk−1 0 dkZ−1 ! dkX ◦ ikX −dkX ◦ wk−1 − wk ◦ dkZ−1 0 dkZ ◦ dkZ−1 =0 car w : Z - X [1] est un morphisme de complexes. Par définition du noyau de dkY , il existe un unique β k ∈ Hom A (ker dkX ⊕ Z k−1 , ker dYk ) ! 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne tel que le diagramme suivant ker dkY ikY I @ @ @ βk @ @ - Yk 6 β dkY - k+1 Y 0k 0 ker dkX ⊕ Z k−1 soit commutatif. Démontrons que le carré (*) est cartésien. On a successivement ikZ ◦ pZ0 k ◦ β k = pZ k ◦ ikY ◦ β k 0 = pZ k ◦ β k ik −wk−1 X = 0 idZ k dkZ−1 0 = 0 dkZ−1 ! = dkZ−1 ◦ pZ k−1 = ikZ ◦ δZk−1 ◦ pZ k−1 , et le carré est donc commutatif. Soient W ∈ Ob(A), γ1 ∈ Hom (W, Z k−1 ) et γ2 ∈ Hom (W, ker dkY ) tels que δZk−1 ◦ γ1 = p0Z k ◦ γ2 . 93 94 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Comme dkY ◦ ikY ◦ γ2 = 0, il vient 0= dkX 0 −w dkZ k ! pX k ◦ ikY pZ k ◦ ikY ◦ γ2 ◦ γ2 ! = dkX ◦ pX k ◦ ikY ◦ γ2 − wk ◦ pZ k ◦ ikY ◦ γ2 dkZ ◦ pZ k ◦ ikY ◦ γ2 = dkX ◦ pX k ◦ ikY ◦ γ2 − wk ◦ ikZ ◦ p0Z k ◦ γ2 dkZ ◦ pZ k ◦ ikY ◦ γ2 = = = = ! ! dkX ◦ pX k ◦ ikY ◦ γ2 − wk ◦ ikZ ◦ δZk−1 ◦ γ1 dkZ ◦ pZ k ◦ ikY ◦ γ2 ! dkX ◦ pX k ◦ ikY ◦ γ2 − wk ◦ dkZ−1 ◦ γ1 dkZ ◦ pZ k ◦ ikY ◦ γ2 ! dkX ◦ pX k ◦ ikY ◦ γ2 + dkX ◦ wk−1 ◦ γ1 dkZ ◦ pZ k ◦ ikY ◦ γ2 ! dkX ◦ (pX k ◦ ikY ◦ γ2 + wk−1 ◦ γ1 ) . dkZ ◦ pZ k ◦ ikY ◦ γ2 ! Donc, par définition du noyau de dkX , il existe un unique ϕ ∈ Hom A (W, ker dkX ) tel que le diagramme ker dkX ikX- dkX - Xk I @ @ ψ ϕ@ 6 X k+1 0 W (où ψ = pX k ◦ ikY ◦ γ2 + wk−1 ◦ γ1 ) soit commutatif. Le morphisme γ ∈ Hom A (W, ker dkX ⊕ Z k−1 ) défini par ! γ= ϕ γ1 vérifie d’une part, pZ k−1 ◦ γ = 0 idZ k−1 ! ϕ γ1 = γ1 , 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne 95 et d’autre part, 0 ikY ◦ β k ◦ γ = β k ◦ γ ! ! = ikX −wk−1 dkZ−1 0 = ikX ◦ ϕ − wk−1 ◦ γ1 dkZ−1 ◦ γ1 = = = ϕ γ1 ! pX k ◦ ikY ◦ γ2 + wk−1 ◦ γ1 − wk−1 ◦ γ1 ikZ ◦ δZk−1 ◦ γ1 ! pX k ◦ ikY ◦ γ2 ikZ ◦ p0Z k ◦ γ2 ! pX k ◦ ikY ◦ γ2 pZ k ◦ ikY ◦ γ2 ! = ikY ◦ γ2 . Par conséquent, le diagramme suivant Z k−1 δZk−1- ker dkZ 6 6 pZ k−1 p0Z k k γ1ker dk ⊕ Z k−1 β - ker dk X Y * γ γ 2 W commute. Comme γ est le seul morphisme ayant cette propriété, le carré (*) est cartésien. Par hypothèse, le complexe Z est strictement exact en degré k. Il en résulte que la suite ik−1 δ k −1 0 - ker dkZ−1 Z - Z k−1 Z - ker dkZ - 0 est strictement exacte et que δZk−1 est un épimorphisme strict. Puisque la catégorie A est quasi-abélienne, β k est un épimorphisme strict. De même, X étant strictek−1 ment exact en degré k, δX est un épimorphisme strict. Comme idZ k−1 est aussi un épimorphisme strict, la proposition 2.3.3 montre que ! k−1 0 δX k k : X k−1 ⊕ Z k−1 - ker dX α = ⊕ Z k−1 0 idZ k−1 96 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne est un épimorphisme strict. La composée de deux épimorphismes stricts étant un épimorphisme strict, β k ◦ αk est un épimorphisme strict. Or, 0 ikY ◦ β k ◦ αk = β k ◦ αk = = = ikX −wk−1 0 dkZ−1 ! k−1 0 δX 0 idZ k−1 ! ! k−1 ikX ◦ δX −wk−1 0 dkZ−1 ! k−1 k−1 dX −w 0 dkZ−1 = dkY−1 = ikY ◦ δYk−1 , et δYk−1 = β k ◦ αk . Par conséquent, δYk−1 est un épimorphisme strict et la suite courte 0 - ker dk−1 Y ikY−1 - Y k−1 k −1 δY - ker dk Y - 0 est strictement exacte. Le complexe Y est donc strictement exact en degré k . Proposition 2.4.9. Soit A une catégorie quasi-abélienne. i) La sous-catégorie pleine de K (A) formée des complexes strictement exacts est un système nul. ii) Si X1 - X0 -N - X1 [1] est un triangle distingué de K (A) avec X1 ∈ Ob(K ≥1 (A)), X0 ∈ Ob(K ≤0 (A)) et N strictement exact alors X1 et X0 sont strictement exacts. Preuve. i) résulte de la proposition précédente. ii) Comme X1 est fortement exact en degré négatif , X1 est strictement exact en degré négatif et comme N est strictement exact, par la proposition précédente X0 est strictement exact en degré négatif. Le complexe X0 est donc strictement exact et par la proposition précédente, X1 est strictement exact, ce qui suffit. Définition 2.4.10. Le système nul de K (A) formé des complexes strictement exacts est noté N (A). La catégorie localisée correspondante K (A)/N (A) est la catégorie dérivée de A. On la note D(A). Grâce à la proposition précédente et au théorème 1.4.1, la t-structure gauche de K (A) induit une t-structure canonique sur D(A). On l’appellera la t-structure gauche 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne 97 de D(A) et on la notera (D≤0 (A), D≥0 (A)). Son coeur sera noté LH(A). Quant aux foncteurs cohomologiques correspondants, ils seront notés LH k : D(A) - LH(A). Définition 2.4.11. Si X et Y ∈ Ob(D(A)), posons Extk (X, Y ) = Hom D(A) (X, Y [k ]) Proposition 2.4.12. Si Y0 - Y 00 - Y - Y 0 [1] est un triangle distingué dans D(A), pour tout X ∈ Ob(D(A)), on a les deux suites exactes longues suivantes : . . . Extk (X, Y 0 ) - Extk (X, Y ) - Extk (X, Y 00 ) - Extk+1 (X, Y 0 ) . . . . . . Extk (Y 00 , X ) - Extk (Y, X ) - Extk (Y 0 , X ) - Extk+1 (Y 00 , X ) . . . . Preuve. Cela provient du fait que Hom (X, .) et Hom (., X ) sont des foncteurs cohomologiques. Proposition 2.4.13. Soit X ∈ Ob(D(A)). Le tronqué τ ≤n (X ) (resp. τ ≥n (X )) de X pour la t-structure gauche de D(A) est isomorphe à . . . X n−2 - X n−1 - ker dn X - 0... où ker dnX est en degré n (resp. ...0 - coim dn−1 X - Xn - X n+1 . . . où X n est en degré n). Preuve. Comme la t-structure de D(A) est induite par la t-structure de K (A), on sait que le tronqué τ ≤n (X ) (resp. τ ≥n (X )) pour la t-structure gauche de D(A) est donné par . . . X n−2 - X n−1 - ker dn X - 0... (resp. ...0 - ker dn−1 X - X n−1 - X n . . . ). Il nous reste donc à démontrer que ce dernier complexe que l’on note T1 est isomorphe dans D(A) au complexe T2 ...0 - coim dn−1 X - Xn - X n+1 . . . 98 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Il suffit d’établir que τ ≤n (T1) ' τ ≤n (T2) car τ ≥n+1 (T1) ' τ ≥n+1 (T2) et par le corollaire 1.1.8, on aura l’isomorphisme de triangles distingués suivant. τ ≤n (T1) ? τ ≤n (T2) - T1 - τ ≥n+1 (T1 ) - τ ≤n (T1 )[1] ? - T2 ? - τ ≥n+1 (T2 ) ? - τ ≤n (T2 )[1] Il nous suffit donc de démontrer que le morphisme de complexes 0 - ker dn−1 X inX−1 - n−1 qX ? ? -0 0 X n−1 - coim dn−1 X n−1 δX - 0 n−1 -0 ker dnX idker dnX ? δX ker dnX -0 appartient à S (N (A)), i.e., que le mapping cone de ce morphisme donné explicitement par 0 - n−1 −1 −iX ker dn X - X n−1 0 n−1 1 −δ B @ nX−1 C A idker dnX qX - ker dnX ⊕ coim dnX−1 0 δXn−1 - ker dnX - 0 (ker dnX en degré n) est strictement exact. Par l’exemple 2.4.3, la suite 0 1 n−1 − δ B C @ nX A −1 n−1 q − i X - ker dn ⊕ coim dn−1 0 - ker dnX−1 X- X n−1 X X ! n−1 −δ X n−1 n−1 est strictement exacte car (ker dX , −iX ) est un noyau de . n−1 qX De plus, en degré n − 1, on doit établir que ! n−1 −δX 0 n−1 n coim ' ker . id δ ker dX X n−1 qX Or, comme n−1 −δX coim n−1 qX ! ' coker inX−1 ' coim dnX−1 , ! 0 n−1 − δ 0 X il suffit de démontrer que (coim dnX−1 , ) est un noyau de idker dnX δXn−1 . idcoim dn−1 X Soient W ∈ Ob(A) et ! f : W - ker dnX ⊕ coim dnX−1 g tels que 0 n−1 idker dnX δX f g ! 0 = f + δXn−1 ◦ g = 0. 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne Le diagramme 0 coim dnX−1 −δXn−1 idcoim dn−1 X ! - ker dn ⊕ coim dn−1 X X 0 idker dnX δXn−1 - ker dn X 6 ! I @ @ @ g @ @ 99 f g 0 W est donc commutatif, ce qui suffit. Finalement, ker dnX ⊕ coim dnX−1 est strictement exact car 0 idker dnX δXn−1 - ker dn X - 0 ! idker dnX 0 : ker dnX - ker dn ⊕ coim dn−1 X X 0 est une section de idker dnX δXn−1 , d’où la conclusion. Proposition 2.4.14. Un complexe appartient au cœur de la t-structure gauche de D(A) si et seulement s’il est isomorphe à un complexe de la forme A u -B (B en degré 0) où u est un monomorphisme de A. Preuve. On sait que X appartient au cœur si et seulement si X ' τ ≥0 ◦ τ ≤0 (X ). Par la proposition précédente, X est isomorphe au complexe Y donné par 0 - coim d−1 X 0 δX−1 - ker d0 X - 0. Or, τ ≤−1 (Y ) est isomorphe à zéro dans D(A), i.e., le complexe 0 0 - ker δ −1 X 0 - 0 0 est strictement exact. Par conséquent, ker δX−1 ' 0 et δX−1 est un monomorphisme, d’où la conclusion. Proposition 2.4.15. i) Si X ∈ Ob(C (A)) alors LH 0 (X ) ' 0 dans LH(A) si et seulement si X est strictement exact en degré zéro. ii) Si f : A - B est un morphisme de A, alors f est un épimorphisme dans LH(A) si et seulement si f est un épimorphisme strict. 100 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Preuve. i) Par définition du cœur LH(A), LH 0 (X ) ' 0 si et seulement si le complexe 0 - coim d−1 X 0 δX−1 - ker d0 X - 0 0 1 −1 0 est strictement exact, donc, si et seulement si coim d− est un X ' ker dX car δX monomorphisme. ii) Par le lemme 1.3.14, f est un épimorphisme si et seulement si coker f ' LH 0 (M (f )) ' 0 dans LH(A), donc, si et seulement si M (f ) est strictement exact en degré 0. Comme M (f ) est donné par 0 -A f -B - 0 avec B en degré 0, la conclusion s’ensuit aussitôt. 2.5. Dérivation des foncteurs entre catégories quasi-abéliennes Dans cette section, A désigne une catégorie quasi-abélienne. Définition 2.5.1. Un objet P de A est projectif si pour tout épimorphisme strict u : E - F de A, et pour tout v ∈ Hom A (P, F ), il existe v 0 ∈ Hom A (P, E ) tel que u ◦ v 0 = v . Schématiquement, on a E uI @ @ v0 @ F 6 v P La catégorie A a assez de projectifs si pour tout A ∈ Ob(A), il existe un épimorphisme strict u : P - A avec P projectif. Par dualité, un objet I de A est injectif si pour tout monomorphisme strict u : E - F de A, et pour tout v ∈ Hom A (E, I ), il existe v 0 ∈ Hom A (F, I ) tel que v 0 ◦ u = v . Schématiquement, on a E v u- F 0 ? v I La catégorie A a assez d’injectifs si pour tout A ∈ Ob(A), il existe un monomorphisme strict u : A - I avec I injectif. Proposition 2.5.2. Si P1 et P2 sont deux objets de A, P1 ⊕ P2 est projectif si et seulement si P1 et P2 sont projectifs. 2.5. Dérivation des foncteurs entre catégories quasi-abéliennes Preuve. La condition est nécessaire. En effet, soit u : E strict de A. Puisque l’application Hom (P1 ⊕ P2 , E ) 101 - F un épimorphisme Hom (P1 ⊕ P2 ,u) - Hom (P1 ⊕ P2 , F ) est surjective et comme Hom (P1 ⊕ P2 , E ) ' Hom (P1 , E ) ⊕ Hom (P2 , E ) Hom (P1 ⊕ P2 , F ) ' Hom (P1 , F ) ⊕ Hom (P2 , F ), les applications Hom (P1 , E ) Hom (P2 , E ) Hom (P1 ,u) - Hom (P1 , F ) Hom (P2 ,u) - Hom (P2 , F ) sont surjectives et P1 , P2 sont donc projectifs. La suffisance de la condition s’établit de manière analogue. Proposition 2.5.3. Une suite strictement exacte 0 -A u v - B -P -0 avec P projectif est scindée. Preuve. Par l’exemple 2.2.2, il suffit de démontrer que la suite est fortement exacte. Comme u est un noyau de v , il suffit de démontrer que v a une section. Comme v est un épimorphisme strict et que P est projectif, il existe v 0 ∈ Hom A (P, B ) tel que le diagramme v- B I @ @ v0 @ P 6 idP P commute, ce qui suffit. Lemme 2.5.4. Si A a assez de projectifs, pour tout C ∈ Ob(C − (A)), il existe un morphisme u:P -C de S (N (A)) tel que pour tout k ∈ Z, P k soit projectif et uk : P k soit un épimorphisme strict. - Ck 102 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Preuve. On peut supposer que C k = 0 pour k > 0. Par commodité d’écriture, posons Ck := C −k . Construisons le complexe P et le morphisme u par récurrence. Pour k < 0, prenons Pk = 0 et uk = 0. Supposons avoir construit Pk , uk , dPk de sorte que 0 - Pk - Pk−1 uk ? 0 - Ck - ... - P0 uk−1 ? - Ck−1 -0 u0 ? - ... - C0 -0 soit un morphisme de complexes dont le mapping cone est strictement exact en chaque degré supérieur ou égal à −k et que chaque ul : Pl - Cl (0 ≤ l ≤ k ) soit un épimorphisme strict avec Pl projectif. Nous notons u(k ) : P (k ) - C (k ) le morphisme ci-dessus. Formons le carré cartésien(cf. 0.1.18) Ck+1 δkC+1 - ker dC k 60 60 v uk v- Ck0 +1 ker dPk où δkC+1 et u0k sont donnés respectivement par les diagrammes commutatifs suivants. ker dC k iC kI @ @ @ δkC+1 dC k- Ck 6C dk+1 0 Ck+1 dC k- iC k Ck ker dC k Ck−1 6P I @ ◦ u ik k @ u0k @ Ck−1 0 ker dPk Comme A a assez de projectifs, il existe un épimorphisme strict w : Pk+1 - C0 k+1 avec Pk+1 projectif. Posons dPk+1 = iPk ◦ v ◦ w, uk+1 = v 0 ◦ w, et démontrons que dPk+1 0 - Pk+1 0 ? dC ? - Ck+1 k+1 - Ck uk+1 - Pk - ... uk - P0 -0 u0 - ... ? - C0 -0 2.5. Dérivation des foncteurs entre catégories quasi-abéliennes 103 est un morphisme de complexes dont le mapping cone est strictement exact en chaque degré supérieur ou égal à −(k + 1) et chaque ul : Pl - Cl (0 ≤ l ≤ k + 1) est un épimorphisme strict avec Pl projectif. Comme on a 0 C dC k+1 ◦ uk+1 = dk+1 ◦ v ◦ w 0 C = iC k ◦ δk+1 ◦ v ◦ w 0 = iC k ◦ uk ◦ v ◦ w = uk ◦ iPk ◦ v ◦ w = uk ◦ dPk+1 , et dPk ◦ dPk+1 = dPk ◦ iPk ◦ v ◦ w = 0, on a bien construit un morphisme de complexes. Vu l’hypothèse de récurrence, son mapping cone est strictement exact en chaque degré supérieur ou égal à −k . Il sera strictement exact en degré −(k + 1) si la suite 0 1 0 1 uk+1 C dC uk C B B k+1 @ P A @ A 0 −dk+1 −dPk - Ck+1 ⊕ Pk - Ck ⊕ Pk−1 Pk+1 est strictement exacte. La suite ci-dessus est strictement exacte si et seulement si ! C d u k α : Pk+1 - ker k+1 0 −dPk défini par le diagramme commutatif dC uk ker k+1 0 −dPk ! i - Ck+1 ⊕ Pk I @ @ @ @ @ α@ @ @ @ @ 6 ! - Ck ⊕ Pk−1 ! uk+1 −dPk+1 Pk+1 est un épimorphisme strict. dC uk k+1 −dPk 0 0 104 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Remarquons que (Ck0 +1 , ! v0 ! dC u k k+1 . En effet, −dPk 0 ) est un noyau de −iPk ◦ v ! soit tel que dC k+1 0 f g :W ! ! uk −dPk f g - Ck+1 ⊕ Pk = dC k+1 ◦ f + uk ◦ g −dPk ◦ g ! = 0. Par définition du noyau de dPk , il existe un unique morphisme g 0 : W que le diagramme ker dPk iPk- Pk dPk- 6 I @ @ g0 @ - ker dP tel k Pk−1 g 0 W soit commutatif. Par conséquent, il vient 0 = dC k+1 ◦ f + uk ◦ g P 0 = dC k+1 ◦ f + uk ◦ ik ◦ g C C 0 0 = iC k ◦ δk+1 ◦ f + ik ◦ uk ◦ g , et donc, δkC+1 ◦ f = −uk0 ◦ g 0 . Par définition d’un carré cartésien, il existe un seul γ tel que le diagramme Ck+1 δkC+1 - ker dC k 60 60 uk v vf C0 ker dPk k +1 * γ −g 0 W soit commutatif et le diagramme ! v0 −iPk ◦ v 0 - Ck+1 ⊕ Pk Ck+1 6 ! @ I f @ @ g γ @ @ W commute. dC uk k+1 −dPk 0 0 ! - Ck ⊕ Pk−1 2.5. Dérivation des foncteurs entre catégories quasi-abéliennes Soit β : Ck0 +1 dC uk k+1 - ker 0 −dPk ! défini par le diagramme commutatif suivant. ker dC uk k+1 0 −dPk dC k+1 ! i- Ck+1 ⊕ Pk I @ @ @ β @ @ 6 v 0 ! 0 uk −dPk ! −iPk ◦ v 105 - Ck ⊕ Pk−1 0 Ck0 +1 Il résulte de ce qui précède que β est un isomorphisme. C’est donc un épimorphisme strict. Or, il vient ! v0 ◦w i◦β◦w = −iPk ◦ v ! uk+1 = −dPk+1 = i ◦ α, et donc, α = β ◦ w et comme la composée de deux épimorphismes stricts est un épimorphisme strict, α est un épimorphisme strict. Pour conclure, démontrons que uk+1 est un épimorphisme strict. Par hypothèse de récurrence, il existe un triangle distingué P (k ) - C (k ) -D - P (k )[1] avec D strictement exact en degré supérieur ou égal à −k. En appliquant le foncteur LHk , on obtient la suite exacte LHk (P (k)) - LHk (C (k )) - LHk (D) dans LH(A) et comme par la proposition 2.4.15, LHk (D) ' 0, LHk (P (k)) - LHk (C (k )) est un épimorphisme dans LH(A). On en déduit que u0k : ker dPk - ker dC k est un épimorphisme dans LH(A). Par la proposition 2.4.15, uk0 est donc un épimorphisme strict dans A. La catégorie A étant quasi-abélienne, v 0 est un épimorphisme strict, et par composition, uk+1 est un épimorphisme strict, d’où la conclusion. 106 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Proposition 2.5.5. Si A a assez de projectifs, alors le foncteur canonique J : K − (P ) - D− (A) (où P désigne la sous-catégorie pleine de A formée des objets projectifs) est une équivalence de catégories. Il existe donc un foncteur J 0 : D− (A) - K − (P ) tel que J ◦ J 0 ' idD− (A) et J 0 ◦ J ' idK − (P ). Preuve. Par le lemme précédent, le foncteur J est essentiellement surjectif. Démontrons qu’il est pleinement fidèle. Nous allons appliquer la proposition 1.2.9 pour démontrer que le foncteur J 00 : K − (P )/N (A) ∩ Ob(K − (P )) - D− (A) est pleinement fidèle. Pour cela, il suffit de montrer que si X , Y sont deux objets de Ob(K − (A)) et f : X - Y un morphisme de S (N (A)) alors il existe un morphisme u : P - X avec P ∈ K − (P ) tel que f ◦ u ∈ S (N (A)). Cela résulte du lemme précédent. Pour conclure, il suffit d’établir que N (A) ∩ Ob(K − (P )) = 0. Soit P un complexe de Ob(K − (P )) strictement exact. Par la proposition 2.2.7, il suffit de démontrer que P est fortement exact, i.e., pour tout k ∈ Z la suite 0 - ker dP k - Pk - ker dP k−1 -0 est scindée. Pour cela, il suffit que ker dPk soit projectif pour tout k ∈ Z. Démontrons donc par récurrence que ker dPk est projectif. C’est évident pour k << 0. Supposons que ker dPk−1 est projectif. Comme la suite 0 - ker dP k - Pk - ker dP k−1 -0 est strictement exacte, elle est scindée et, par la proposition 2.5.2, ker dPk est projectif. Définition 2.5.6. Soient A et A0 deux catégories quasi-abéliennes et F : A un foncteur additif. Soient les foncteurs naturels Q : K − ( A) Q 0 : K − (A0 ) - D − (A ) - D − (A 0 ). Un foncteur dérivé à gauche de F est la donnée d’un couple (T, s) où T : D − ( A) - D − (A 0 ) est un foncteur de catégories triangulées, et s: T ◦Q - Q0 ◦ K − (F ) - A0 2.5. Dérivation des foncteurs entre catégories quasi-abéliennes 107 est un morphisme de foncteurs tel que pour tout couple (T 0, t) où T 0 : D − (A ) t : T0 ◦ Q - D − (A 0 ) - Q 0 ◦ K − (F ), il existe un unique morphisme de foncteurs α : T 0 soit commutatif. T ◦Q - T tel que le diagramme suivant 6 @s @ R @ t T 0 ◦ Q - Q 0 ◦ K − (F ) α ◦ idQ Lemme 2.5.7. Soient A et A0 deux catégories triangulées, N un système nul de A et P une sous-catégorie pleine de A. Supposons que pour tout X ∈ Ob(A), il existe X 0 ∈ Ob(P ) et s ∈ Hom A (X 0 , X ), s ∈ S (N ). Soient F et G deux foncteurs de A dans A0 tels que F (s) soit un isomorphisme pour tout s ∈ S (N ). Alors, Hom (F, G) ' Hom (F ◦ I, G ◦ I ) où I est l’injection de P dans A. Preuve. Démontrons d’abord l’injectivité. Soit -G α:F tel que pour tout X 0 ∈ Ob(P ), α(X 0 ) = 0. Soit X ∈ Ob(A). Il existe X 0 ∈ Ob(P ) et s ∈ Hom A (X 0 , X ), s ∈ S (N ). Comme α est un morphisme de foncteurs, le diagramme F (X ) α(X) G(X ) 6 6 F (s) F (X 0 ) G(s) 0- G(X 0 ) commute et comme F (s) est un isomorphisme, α(X ) est nul, ce qui établit l’injectivité. Démontrons à présent la surjectivité. Si α0 : F ◦ I - G◦I est un morphisme de foncteurs, construisons un morphisme de foncteurs α:F -G tel que α ◦ idI = α0 . Soit X ∈ Ob(A). Il existe X 0 ∈ Ob(P ) et s ∈ Hom A (X 0 , X ), s ∈ S (N ). Comme F (s) est un isomorphisme, définissons α(X ) = G(s) ◦ α0 (X 0 ) ◦ F (s)−1. 108 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne Vérifions que α(X ) ne dépend pas du choix de s. Supposons qu’il existe X 00 ∈ Ob(P ) et s0 ∈ Hom A (X 00 , X ), s0 ∈ S (N ). Par la proposition 1.2.2 il existe s00 et s000 deux morphismes de S (N ) tels que le diagramme X s000- 000 X 00 s00 s0 ? s- ? X0 X soit commutatif. De plus, il existe Y ∈ Ob(P ) et t ∈ Hom A (Y, X 000 ), t ∈ S (N ). Le diagramme Y s000 ◦-t s00 ◦ t ? X 00 s0 s - ? X0 X 0 00 est donc commutatif. Posons t = s ◦ s ◦ t ∈ S (N ) et démontrons que G(s) ◦ α0 (X 0 ) ◦ F (s)−1 = G(t0 ) ◦ α0 (Y ) ◦ F (t0)−1 . Considérons le diagramme commutatif suivant. F (Y ) α0 (Y ) - G(Y ) A@ A @ 0 0 F t G t ( ) ( ) A @ A @ A R @ α(X ) A F (X ) G(X ) A 00 F (s00 ◦ t) A G(s ◦ t) 6 6 A A F (s) G(s) A A 0 0 AU α (X) F (X 0 ) G(X 0 ) Il vient G(t0) ◦ α0 (Y ) ◦ F (t0)−1 =G(s) ◦ G(s00 ◦ t) ◦ α0 (Y ) ◦ (F (s) ◦ F (s00 ◦ t))−1 =G(s) ◦ G(s00 ◦ t) ◦ α0 (Y ) ◦ F (s00 ◦ t)−1 ◦ F (s)−1 =G(s) ◦ α0 (X 0 ) ◦ F (s)−1. De même, G(s0 ) ◦ α0 (X 00 ) ◦ F (s0)−1 = G(t0) ◦ α0(Y ) ◦ F (t0)−1 . Ainsi, α(X ) ne dépend pas du choix de s. Finalement, par construction de α, on vérifie directement que si X 0 ∈ Ob(P ), α(X 0 ) = α0 (X 0 ) et donc, α ◦ idI = α0 . 2.5. Dérivation des foncteurs entre catégories quasi-abéliennes 109 Proposition 2.5.8. Soient A et A0 deux catégories quasi-abéliennes et F : A - A0 un foncteur additif. Si A a assez de projectifs, si J 0 est le foncteur défini dans la proposition 2.5.5, et si I est l’injection de P dans A alors T = Q0 ◦ K − (F ) ◦ I ◦ J 0 : D− (A) - D− (A0 ) est un foncteur dérivé à gauche de F . Preuve. Construisons le morphisme de foncteurs - Q 0 ◦ K − (F ). s: T ◦Q On a successivement T ◦Q◦I ' T ◦J ' Q 0 ◦ K − (F ) ◦ I ◦ J 0 ◦ J ' Q0 ◦ K − (F ) ◦ I, et par le lemme précédent Hom (T ◦ Q, Q0 ◦ K − (F )) ' Hom (T ◦ Q ◦ I, Q0 ◦ K − (F ) ◦ I ), ce qui assure l’existence du morphisme s. Considérons un couple (T 0, t) où T 0 : D− (A) t : T0 ◦ Q - D− (A0 ) - Q 0 ◦ K − (F ) , et démontrons qu’il existe un unique morphisme de foncteurs α : T 0 diagramme suivant soit commutatif. T ◦Q 6 @s @ R @ t T 0 ◦ Q - Q0 ◦ K − (F ) α ◦ idQ Comme on a le morphisme de foncteurs t ◦ idI : T 0 ◦ Q ◦ I - Q0 ◦ K − (F ) ◦ I, et comme d’une part, T0 ◦ Q ◦ I ' T0 ◦ J et d’autre part, s ◦ idI : T ◦ J - Q 0 ◦ K − (F ) ◦ I - T tel que le 110 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne est un isomorphisme, il existe un morphisme de foncteurs α : T 0 diagramme T ◦Q◦I α ◦ idQ ◦ idI 6 T0 ◦ Q ◦ I - T tel que le @ s ◦ idI @ R @ t ◦ id-I 0 Q ◦ K − (F ) ◦ I commute. Par le lemme précédent, le diagramme T ◦Q 6 @s @ R @ t- 0 0 T ◦Q Q ◦ K − (F ) α ◦ idQ est donc commutatif. Pour conclure, établissons l’unicité de α. Soit α0 : T 0 tel que le diagramme T ◦Q◦I α0 ◦ idQ ◦ idI 6 T0 ◦ Q ◦ I @ s ◦ idI @ R @ t ◦ idI Q 0 ◦ K − (F ) ◦ I commute. Comme s ◦ idI est un isomorphisme α = α0. -T CHAPITRE 3 Application aux espaces de Banach 3.1. Algèbre homologique pour les espaces de Banach Définition 3.1.1. La catégorie des espaces de Banach a pour objets les espaces de Banach et pour morphismes entre deux espaces de Banach E et F , les applications linéaires continues, i.e., les applications linéaires u de E dans F pour lesquelles il existe une constante C > 0 telle que ku(x)kF ≤ C kxkE ∀x ∈ E. On note B an cette nouvelle catégorie. Il résulte de la définition précédente que u : E - F est un isomorphisme dans B an si et seulement s’il existe des constantes C et C 0 strictement positives telles que ∀e ∈ E ku(e)kF ≤ C kekE et kekE ≤ C 0 ku(e)kF . Proposition 3.1.2. La catégorie B an est additive. Preuve. Il est clair que Hom Ban (E, F ) posséde une structure naturelle de groupe abélien et que la composition est bi-additive. Il nous reste à établir qu’elle admet des produits finis. Pour cela, démontrons que si E et F sont deux espaces de Banach, l’espace E × F = {(e, f ) : e ∈ E, f ∈ F } muni de la norme k(e, f )kE ×F = sup(kekE , kf kF ) est un produit de E et F . Bien sûr, E × F est un espace de Banach. De plus, si W est un espace de Banach et si α : W - E , β : W - F sont deux applications linéaires continues, alors l’application γ:W - E ×F w 7−→ (α(w), β (w)) 111 112 3. Application aux espaces de Banach est linéaire, continue et rend le diagramme E α W I @ pE @ @ γ E×F @ @ R β@ pF F commutatif. Comme γ est la seule application à avoir ces propriétés, on en déduit que E × F est un produit de E et F . Remarque 3.1.3. Sur E ⊕ F , les normes k(e, f )k = sup(kekE , kf kF ) et k(e, f )k = kek + kf k sont équivalentes. Rappelons que si F est un sous-espace linéaire fermé de l’espace de Banach E , alors F muni de la norme induite par celle de E est un espace de Banach. De plus, l’espace quotient E/F muni de la norme quotient définie par k[e]kE/F = inf ke + f kE f ∈F est de Banach. Proposition 3.1.4. Soient E et F deux espaces de Banach et u : E application linéaire continue. i) ii) iii) iv) - F une ker u ' u−1 (0) où la norme de u−1 (0) est induite par celle de E . coker u ' F/u(E ) où F/u(E ) est muni de la norme quotient. im u ' u(E ) où la norme de u(E ) est induite par celle de F . coim u ' u(E ) où kf ku(E ) = inf kekE . u(e)=f Preuve. i) Soient G ∈ Ob(B an) et v ∈ Hom Ban (G, E ) tels que u ◦ v = 0. Par conséquent, v (G) ⊂ u−1 (0) et l’application v0 : G - u−1 (0) g 7−→ v (g ) est bien définie, linéaire, continue et rend le diagramme u−1 (0) iI @ @ v0 @ E 6 v G u 0 F 3.1. Algèbre homologique pour les espaces de Banach 113 commutatif. Comme v 0 est la seule application à jouir de ces propriétés, (u−1 (0), i) est un noyau de u. ii) Soient G ∈ Ob(B an) et v ∈ Hom Ban (F, G) tels que v ◦ u = 0. Comme v −1 (0) est un sous-espace fermé de F , u(E ) ⊂ v −1 (0). Il existe donc une seule application linéaire continue v 0 : F/u(E ) - G rendant le diagramme u- E @ @ R 0@ q- F F/u(E ) v 0 ? v G commutatif. iii) est évident vu i) et ii). iv) Comme le sous-espace u−1 (0) est fermé, on a coim u ' E/u−1 (0). On vérifie facilement que l’application u0 : E/u−1 (0) - u(E ) [e] 7−→ u(e) est bijective. Il nous reste à vérifier l’équivalence des normes. Si e0 ∈ E , il vient k[e0]kcoim u = k[e0]kE/u−1 (0) = inf e∈u−1 (0) ke 0 + e kE = inf ke0 + ekE u(e)=0 = inf u(e0 )=u(e0 ) ke 0 kE = ku(e0)ku(E ) . Comme u0 est une bijection, cela suffit. Corollaire 3.1.5. Soient E et F deux espaces de Banach et u : E cation linéaire continue. - F une appli- i) u est un monomorphisme si et seulement si u est injectif. ii) u est un épimorphisme si et seulement si u est d’image dense. iii) u est strict si et seulement si une des deux conditions équivalentes suivantes est satisfaite : a) u est relativement ouvert, i.e., il existe une constante C > 0 telle que inf e0 ∈u−1 (0) b) u(E ) est fermé. ke + e0k ≤ C ku(e)k ∀e ∈ E, 114 3. Application aux espaces de Banach Preuve. i) et ii) sont des conséquences immédiates de la proposition précédente. iii) Supposons que u soit strict. Par la proposition précédente, le morphisme canonique E/u−1 (0) - u (E ) est un isomorphisme d’espaces de Banach. Par conséquent, u(E ) = u(E ) et les normes kf ku(E ) = inf kekE u(e)=f kf ku(E ) = kf kF et sont équivalentes. En particulier, il existe C > 0 tel que ku(e)ku(E ) ≤ C ku(e)kF . Il en résulte que inf e0 ∈u−1 (0) ke + e0 kE ≤ C ku(e)kF et u est relativement ouvert. La réciproque est immédiate. L’équivalence des conditions a) et b) résulte d’un théorème célèbre de Banach (cf. [2, IV §4 no. 2]). Corollaire 3.1.6. Soient E et F deux espaces de Banach et u : E cation linéaire continue. - F une appli- i) u est un monomorphisme strict si et seulement si u est injectif et s’il existe une constante C > 0 tel que kekE ≤ C ku(e)kF ∀e ∈ E. ii) u est un épimorphisme strict si et seulement si u est surjectif et s’il existe C > 0 tel que inf kekE ≤ C kf kF . u(e)=f Preuve. C’est immédiat. Proposition 3.1.7. La catégorie B an est quasi-abélienne. Preuve. Décomposons la preuve en deux étapes. i) Considérons le carré cartésien E u- 6 6 v0 E0 F v u0- F0 3.1. Algèbre homologique pour les espaces de Banach 115 où u est un épimorphisme strict, et démontrons que u0 est un épimorphisme strict. Rappelons que 0 E = ker u −v −1 = u −v (0) et que si i : ker u −v = {(e, f 0 ) : u(e) = v (f 0 )}, - E ⊕ F 0 est l’injection canonique, on a v 0 = pE ◦ i, u0 = pF 0 ◦ i. L’application u0 est surjective. En effet, si f 0 ∈ F 0 , comme u est surjectif, il existe e ∈ E tel que u(e) = v (f 0 ). Par conséquent, (e, f 0 ) ∈ E 0 et u0 (e, f 0 ) = f 0 . De plus, 0 u −1 (0) = {(e, 0) : u(e) = 0}, et pour tout (e, f 0 ) ∈ E 0 , il vient inf0 (e0 ,0)∈u −1 (0) k(e, f 0 ) + (e0 , 0)kE 0 = inf e0 ∈u−1 (0) k(e + e0 , f 0 )kE ⊕ F 0 ≤ C ( inf 0 −1 e ∈u (0) ke + e0 kE + kf 0 kF 0 ) ≤ C 0 ku(e)kF + C kf 0 kF 0 ≤ C 0 kv (f )kF + C kf 0 kF 0 ≤ C 00 kf 0 kF 0 . On en déduit que u0 est un épimorphisme strict. Considérons un carré co-cartésien u0- 0 E0 F 6 v 6 v0 uE F où u est un monomorphisme strict, et démontrons que u0 est un monomorphisme ! v strict. Notons α = et rappelons que −u F 0 = coker α = (E 0 ⊕ F )/α(E ), et que si q : E 0 ⊕ F - coker α est le morphisme canonique, on a u0 = q ◦ i E 0 , v 0 = q ◦ iF . 116 3. Application aux espaces de Banach Comme u est un monomorphisme strict, il existe une constante C > 0 telle que kekE ≤ C ku(e)kF ∀e ∈ E. Il s’ensuit que kekE ≤ C sup(kv (e)kE 0 , k−u(e)kF ) ≤ C kα(e)kE 0 ⊕ F ∀e ∈ E. Ainsi, α est un monomorphisme strict et son image est fermée. Par conséquent, F 0 = (E 0 ⊕ F )/α(E ). L’application u0 est injective. En effet, soit e0 ∈ E 0 tel que u0 (e0) = 0. On en déduit que (e0, 0) ∈ α(E ), et il existe donc e ∈ E tel que (e0, 0) = (v (e), −u(e)). Comme u est un monomorphisme, e = 0 et on obtient e0 = v (e) = 0. De plus, pour tout e0 ∈ E 0 , on a ke0kE 0 ≤ ke0 + v (e)kE 0 + kv (e)kE 0 ≤ ke0 + v (e)kE 0 + C kekE ≤ ke0 + v (e)kE 0 + CC 0 ku(e)kF ≤ (1 + CC 0 ) k(e0 + v (e), −u(e)kE 0 ⊕ F ∀e ∈ E. Par conséquent, pour tout e0 ∈ E 0 , on a ke0kE 0 ≤ (1 + CC 0 ) inf k(e0 + v (e), −u(e)kE 0 ⊕ F e∈E 0 ≤ (1 + CC ) inf (e00 ,f )∈α(E ) k(e0 + e00 , f )kE 0 ⊕ F ≤ (1 + CC 0 ) k[(e0, 0)]kF 0 ≤ (1 + CC 0 ) ku0 (e0 )kF 0 . Il s’ensuit que u0 est un monomorphisme strict. La catégorie dérivée de B an sera notée D(B an). Elle est munie d’une t-structure gauche canonique et les éléments du cœur gauche sont des complexes de la forme 0 - E1 (où E0 est en degré 0) avec u injectif. u - E0 - 0 3.2. Espaces de Banach injectifs et projectifs 117 3.2. Espaces de Banach injectifs et projectifs Soit I un ensemble (éventuellement infini). Rappelons que si E est un espace de Banach, les espaces l1(I, E ), l∞ (I, E ) définis respectivement par X l1(I, E ) = {(ei)i∈I : ei ∈ E, keikE < ∞}, i∈ I l∞ (I, E ) = {(ei)i∈I : ei ∈ E, sup kei kE < ∞}, i∈ I et munis respectivement des normes k(ei)i∈I kl1 (I,E ) = X kei kE , i∈ I k(ei )i∈I kl∞ (I,E ) = sup keikE , i∈ I sont des espaces de Banach. Pour simplifier les notations, on pose l1(I ) = l1(I, C) et l∞ (I ) = l∞ (I, C). Proposition 3.2.1. i) L’espace l1(I ) est projectif. ii) L’espace l∞(I ) est injectif. Preuve. i) Soient u : E - F un épimorphisme strict et v : l1(I ) - F une application linéaire continue. Construisons une application linéaire continue v 0 : l1(I ) - E telle que u ◦ v 0 = v . Soit 1j la suite définie par 1j = (δij )i∈I . Puisque u est un épimorphisme strict, on a inf u(e)=v(1i ) kekE ≤ C kv (1i )kF ≤ CC 0 k1i kl1(I ) ≤ CC 0 < CC 0 + 1. Donc, il existe ei ∈ E tel que u(ei ) = v (1i ), et kei kE < CC 0 + 1. Soit (ci )i∈I une suite de l1(I ). Il vient X X kci ei kE = |ci | kei kE i∈ I i∈ I ≤ (CC 0 + 1) X |ci | i∈ I 0 ≤ (CC + 1) k(ci )i∈I kl1 (I ) . 118 3. Application aux espaces de Banach Par conséquent, l’application v 0 : l 1 (I ) -E (ci )i∈I 7−→ X ci e i i∈I est linéaire et continue. De plus, il vient u ◦ v 0((ci )i∈I ) = u( X ci e i ) i∈I = X ci u(ei ) i∈ I = X ci v (1i ) i∈ I = v( X ci (δji )j ∈I ) i∈ I = v ((ci)i∈I ), et donc, u ◦ v 0 = v . ii) Soient u : E - F un monomorphisme strict et v : E - l∞ (I ) une application linéaire continue. Construisons une application linéaire continue v 0 : F - l∞ (I ) telle que v 0 ◦ u = v . L’application vi : E -C e 7−→ v (e)i est linéaire et continue car |v (e)i| ≤ sup |v (e)i| i∈ I ≤ kv (e)kl∞ (I ) ≤ C kekE . Comme u est un monomorphisme strict, par le théorème de Hahn-Banach (cf. [2, II §3 no.2]), il existe une application linéaire continue vi0 : F - C telle que vi0 ◦ u = vi, et pour laquelle |vi0 (f )| ≤ C kf kF . Par conséquent, l’application linéaire v0 : F - l∞ (I ) f 7−→ (vi0 (f ))i∈I est continue car kv 0(f )kl∞ (I ) = sup |vi0(f )| i∈ I ≤ C kf kF . 3.2. Espaces de Banach injectifs et projectifs 119 De plus, on a v 0 ◦ u(e) = (vi0 (u(e)))i∈I = (vi (e))i∈I = (v (e)i)i∈I = v (e), et v 0 ◦ u = v . Proposition 3.2.2. La catégorie B an a assez de projectifs et d’injectifs. Preuve. i) Démontrons que B an a assez de projectifs. Soit E un espace de Banach. Si B = {e ∈ E : kek ≤ 1} est la boule unité de E , l’application X (cb )b∈B 7−→ u : l1 (B ) - E cb b b∈B est linéaire et continue car X k cb b k ≤ b∈B X |cb | = k(cb )b∈B kl1 (B ) . b∈B Montrons que u est un épimorphisme strict. Pour cela, il suffit d’établir que u est surjectif. C’est bien le cas car pour tout e ∈ E \ {0}, la suite kek 1 keek ∈ l1 (B ), et on a u(kek 1 keek ) = kek e ke k = e. Comme l1 (B ) est un espace projectif, B an a assez de projectifs. ii) Démontrons que B an a assez d’injectifs. Rappelons que E 0 désigne le dual de E , c’est-à-dire l’espace des fonctionnelles linéaires continues muni de la norme kT kE 0 = sup |T (e)|. kek≤1 Si B 0 = {T : |T (e)| ≤ kek} est la boule unité de E 0 , l’application u:E - l∞(B 0 ) e 7−→ (T (e))T ∈B 0 est linéaire et continue car ku(e)kl∞ (B 0) = sup |T (e)| ≤ kekE . T ∈B 0 Or, B M = {T : |T (e)| ≤ 1 ∀e ∈ B } = B 0, 120 3. Application aux espaces de Banach et puisque B est fermé, par le théorème des bipolaires (cf. [2, II §6 no. 3]), on a 0 B = B MO = B O , et donc, {e : kek ≤ 1} = {e : |T (e)| ≤ 1 ∀T ∈ B 0 } = {e : sup |T (e)| ≤ 1}. T ∈B 0 On en déduit que kekE = sup |T (e)| = ku(e)kl∞ (B 0) . T ∈B 0 Ainsi, u est un monomorphisme strict. Comme l∞ (B 0 ) est un espace injectif, B an a assez d’injectifs. Proposition 3.2.3. i) Un espace de Banach P est projectif si et seulement s’il existe un ensemble I tel que P soit facteur direct de l1 (I ). ii)Un espace de Banach I est injectif si et seulement s’il existe un ensemble J tel que I soit facteur direct de l∞(J ). Preuve. i) Vu 2.5.2 la condition est clairement suffisante. Démontrons qu’elle est nécessaire. Par la proposition précédente, il existe un épimorphisme strict - P. u : l1 (J ) Par conséquent, la suite 0 - ker u - l1 (I ) u -P -0 est strictement exacte et comme P est projectif, la proposition 2.5.3 montre que l1(I ) ' P ⊕ ker u. ii) s’établit de manière analogue. Définition 3.2.4. Soient X et Y deux complexes de C (B an). On définit le complexe Hom (X, Y ) par Y (Hom (X, Y ))k = Hom Ban (X p , Y p+k ) p∈ et Z dhk = dY ◦ hk − (−1)k hk ◦ dX pour tout hk ∈ (Hom (X, Y ))k . Par la proposition 2.5.5, on a une équivalence de catégories JP : K − (P ) - D− (B an) de quasi-inverse JP0 et par dualité, on a une équivalence de catégories JI : K + (I ) - D+ (B an) 3.3. Produit tensoriel et Hom interne d’espaces de Banach 121 de quasi-inverse JI0 . On définit alors le foncteur RHom : D− (B an) × D+ (B an) - D + (A b ) par RHom (X, Y ) = Hom (JP0 (X ), JI0 (Y )) pour tout X ∈ Ob(D− (B an)) et pour tout Y ∈ Ob(D+ (B an)). 3.3. Produit tensoriel et Hom interne d’espaces de Banach Définition 3.3.1. Soient E et F deux espaces de Banach. Notons E ⊗ F le produit tensoriel de E et F en tant que C-vectoriels. On sait qu’un élément h de E ⊗ F s’écrit comme une somme finie X h= ek ⊗ fk k∈K avec ek ∈ E et fk ∈ F . Cette décomposition n’est bien sûr pas unique. Munissons E ⊗ F de la semi-norme X ( p(h) = P inf kek kE kfk kF ). h= k ∈K ek ⊗fk k∈K On définit alors le produit tensoriel des espaces de Banach E et F par ˆ F = E ⊗\ E⊗ F/p−1 (0). ˆ F est le séparé complété de E ⊗ F (cf. [2, II §1 no. 4]). Ainsi, E ⊗ Remarque 3.3.2. Si l’application β : E × F kβ (e, f )kG ≤ C kekE kf kF - G est bilinéaire et vérifie ∀e ∈ E, ∀f ∈ F, il résulte de la définition précédente qu’il existe une seule application linéaire continue ˆ F - G telle que α:E⊗ ˆ f ) = β (e, f ). α(e ⊗ En effet, par définition du produit tensoriel d’espaces vectoriels complexes, il existe une seule application β0 : E ⊗ F - G telle que β 0 (e ⊗ f ) = β (e, f ) pour tout e ∈ E et pour tout f ∈ F . De plus, si X h= ek ⊗ fk k∈K est un élément de E ⊗ F , on a X β (ek , fk ) kβ 0 (h)k = k∈K X ≤C kek k kfk k . k∈K 122 3. Application aux espaces de Banach Ainsi, kβ 0(h)k ≤ Cp(h), et β 0 est continu. Cette dernière relation montre également que 0 β −1 (0) ⊃ p−1 (0). Par conséquent, β 0 se factorise au travers d’un unique β 00 : E ⊗ F/p−1 (0) - G. Comme β 00 est continu pour la semi-norme quotient induite par p, la construction du complété assure qu’il existe une seule application linéaire continue ˆF α:E⊗ -G rendant le diagramme ˆF E⊗ 6 @α @ R 00@ β −1 -G E ⊗ F/p (0) i commutatif. Définition 3.3.3. Dans la suite, L(E, F ) désignera l’espace vectoriel complexe formé des applications linéaires continues de E dans F muni de la norme kukL(E,F ) = sup ku(e)kF . kekE ≤1 C’est bien sûr un espace de Banach. Proposition 3.3.4. Si E , F et G sont des espaces de Banach, alors ˆ F, G) ' Hom (E, L(F, G)). Hom (E ⊗ Preuve. Soit ˆ F, G) α : Hom (E ⊗ - Hom (E, L(F, G)) le morphisme défini par ˆ f) α(u)(e)(f ) = u(e ⊗ ˆ F, G), pour tout e ∈ E et pour tout f ∈ F . Cette définition pour tout u ∈ Hom (E ⊗ est licite car d’une part, α(u)(e) ∈ L(F, G). En effet, on a ˆ f ) kα(u)(e)(f )kG = u(e ⊗ G ˆ ≤ C e ⊗ f E ⊗ˆ F ≤ C ke kE kf kF . 3.3. Produit tensoriel et Hom interne d’espaces de Banach 123 D’autre part, α(u) est continu car kα(u)(e)kL(E,F ) = sup kα(u)(e)(f )kG kf k≤1 ≤ C sup kekE kf kF kf k≤1 ≤ C k e kE . Soit v ∈ Hom (E, L(F, G)). Comme l’application β 0 (v ) : E × F -G (e, f ) 7−→ v (e)(f ) est bilinéaire, et que kv (e)(f )k ≤ kv (e)k kf k ≤ C kek kf k , il résulte de la remarque 3.3.2 qu’il existe une seule application ˆF β (v ) : E ⊗ -G telle que ˆ f ) = β 0 (v )(e, f ) β (v )(e ⊗ ∀e ∈ E, ∀f ∈ F. = v (e)(f ) Démontrons que les applications α et β sont inverses l’une de l’autre. ˆ F, G). On a Soit u ∈ Hom (E ⊗ ˆ f ) = α(u)(e)(f ) β (α(u))(e ⊗ ˆ f ), = u(e ⊗ et donc, β ◦ α(u) = u. De même, soit v ∈ Hom (E, L(F, G)). On a ˆ f) α(β (v ))(e)(f ) = β (v )(e ⊗ = v (e)(f ), et donc, α ◦ β (v ) = v , d’où la conclusion. Proposition 3.3.5. Pour tout espace de Banach E , on a les isomorphismes d’espaces de Banach suivants : ˆ E ' l1(I, E ), i) l1(I ) ⊗ ii) L(l1(I ), E ) ' l∞ (I, E ), iii) L(E, l∞ (I )) ' l∞(I, E 0 ). 124 3. Application aux espaces de Banach Preuve. Soient (ci )i∈I ∈ l1(I ) et e ∈ E . Comme X k(ci e)i∈I kl1 (I,E ) = k ci e k E i∈I X =( | ci | ) k e k E i∈I = k(ci )i∈I kl1 (I ) kekE , il existe une seule application linéaire continue - l1 (I, E ) ˆE α : l 1 (I ) ⊗ telle que ˆ e) = (ci e)i∈I . α((ci )i∈I ⊗ L’application - l 1 (I ) ⊗ ˆE β : l1(I, E ) X (ei )i∈I 7−→ ˆ ei 1i ⊗ i∈I est linéaire et continue car X X 1i ⊗ ˆ ei ≤ k1i kl i∈I 1 (I ) kei kE i∈I ≤ X k e i kE . i∈ I De plus, les applications α et β sont inverses l’une de l’autre car d’une part, ˆ e) = β ((cie)i∈I ) β ◦ α((ci )i∈I ⊗ X ˆ ci e = 1i ⊗ i∈ I =( X ˆe ci 1i ) ⊗ i∈ I ˆ e, = (ci )i∈I ⊗ et d’autre part, α ◦ β (ei)i∈I = α( X ˆ ei ) 1i ⊗ i∈ I = X (ei 1i )i∈I i∈ I = ( e i ) i∈ I , ce qui suffit. 3.3. Produit tensoriel et Hom interne d’espaces de Banach 125 ii) On vérifie facilement que les applications α : L(l1(I ), E ) - l∞ (I, E ) u 7−→ (u(1i ))i∈I et β : l∞ (I, E ) - L(l1 (I ), E ) (fi )i∈I 7−→ ((ci )i∈I 7−→ X ci fi ) i∈I sont linéaires, continues et inverses l’une de l’autre. iii) On vérifie facilement que les applications - l∞ (I, E 0 ) α : L(E, l∞ (I )) u 7−→ (e 7−→ u(e)i )i∈I et β : l∞ (I, E 0 ) - L(E, l∞ (I )) (ui )i∈I 7−→ (e 7−→ (ui (e))i∈I ) sont linéaires, continues et inverses l’une de l’autre. ˆ P0 Corollaire 3.3.6. i) Si P et P 0 sont deux espaces de Banach projectifs, alors P ⊗ est projectif. ii) Si P est un espace de Banach projectif et I un espace de Banach injectif, alors L(P, I ) est injectif. Preuve. i) Par la proposition 3.2.3, il existe des ensembles I et I 0 et des espaces de Banach K et K 0 tels que P ⊕ K ' l 1 (I ) et P 0 ⊕ K 0 ' l1(I 0 ). Comme par la proposition précédente, ˆ l1(I 0) ' l1(I, l1(I 0)) ' l1(I × I 0 ), l 1 (I ) ⊗ on a ˆ (P 0 ⊕ K 0) ' l1(I × I 0). (P ⊕ K ) ⊗ ˆ P 0 est facteur direct de l1(I × I 0 ), ce qui suffit. On en déduit que P ⊗ ii) s’établit de manière analogue. Définition 3.3.7. Soient X et Y deux complexes de K − (B an). On définit le comˆ Y ∈ K − (B an) par plexe X ⊗ M ˆ Y )k = ˆ Yq (X ⊗ Xp ⊗ p+q =k 126 3. Application aux espaces de Banach (la somme est finie vu les hypothèses sur X et Y ). La différentielle - (X ⊗ ˆ Y )k+1 ˆ Y )k dkX ⊗ˆ Y : (X ⊗ est la seule application qui vérifie ˆ y q ) = dpX xp ⊗ ˆ y q − (−1)p xp ⊗ ˆ dqY y q dkX ⊗ˆY (xp ⊗ pour tout xp ∈ X p , pour tout y q ∈ Y q tels que p + q = k . Par la proposition 2.5.5, on a une équivalence de catégories JP : K − (P ) - D− (B an) de quasi-inverse JP0 . On définit alors le foncteur ˆ L : D− (B an) × D− (B an) ⊗ - D− (B an) par ˆ L Y = JP0 (X ) ⊗ ˆ JP0 (Y ) X⊗ pour tout X ,Y ∈ Ob(D− (B an)). Définition 3.3.8. Soient X ∈ Ob(K − (B an)) et Y ∈ Ob(K + (B an)). On définit le complexe L(X, Y ) par Y (L(X, Y ))k = L(X p , Y p+k ) p (le produit est fini vu les hypothèses sur X et Y ). La différentielle est donnée par dhk = dY ◦ hk − (−1)k hk ◦ dX pour tout hk ∈ (L(X, Y ))k . Par la proposition 2.5.5, on a une équivalence de catégories JP : K − (P ) - D− (B an) de quasi-inverse JP0 et par dualité, on a une équivalence de catégories JI : K + (I ) - D+ (B an) de quasi-inverse JI0 . On définit alors le foncteur RL : D− (B an) × D+ (B an) - D+ (B an) par RL(X, Y ) = L(JP0 (X ), JI0 (Y )) pour tout X ∈ Ob(D− (B an)) et pour tout Y ∈ Ob(D+ (B an)). Proposition 3.3.9. Si X et Y sont deux complexes de D− (B an) et si Z est un complexe de D+ (B an), alors ˆ L Y, Z ) ' RHom (X, RL(Y, Z )). RHom (X ⊗ 3.3. Produit tensoriel et Hom interne d’espaces de Banach 127 ˆ Y q est projectif si X p et Y q le sont et L(Y p , Z q ) Preuve. Vu le corollaire 3.3.6, X p ⊗ est injectif si Y p est projectif et Z q injectif. Il suffit donc de démontrer que ˆ Y, Z ) ' Hom (X, L(Y, Z )) Hom (X ⊗ si X , Y ∈ Ob(K − (P )) et Z ∈ Ob(K + (I )). Il vient successivement Y M ˆ Y, Z ) ' ˆ Y s , Z p+k ) Homk (X ⊗ ( Xr ⊗ p ' r +s=p Y Y ˆ Y s , Z p+k ) Hom (X r ⊗ p r +s=p ' YY r ' Y Hom (X r , L(Y s , Z r+s+k )) s Hom (X r , r ' Y Y L(Y s , Z r+s+k )) s Hom (X r , (L(Y, Z ))r+k ) r ' Homk (X, L(Y, Z )). Notons αk la composée de ces isomorphismes. Il reste à démontrer que αk est compatible aux différentielles. Pour ce faire, explicitons d’abord le morphisme αk . Remarquons que se donner un morphisme ˆ Y, Z ) uk ∈ Homk (X ⊗ revient à se donner la famille de morphismes M ˆYs ukp : Xr ⊗ - Z p+k r +s=p ou la famille de morphismes - Z r+s+k . ˆ Ys ukr,s : X r ⊗ De même, se donner un morphisme v k ∈ Homk (X, L(Y, Z )) revient à se donner la famille de morphismes vrk : X r - (L(Y, Z ))k+r ou la famille de morphismes k : Xr vr,s - L(Y s , Z k+r+s ). Par la proposition 3.3.4, le morphisme ˆ Y, Z ) αk : Homk (X ⊗ - Homk (X, L(Y, Z )) 128 3. Application aux espaces de Banach est caractérisé par ˆ y s) [αk (uk )]r,s(xr )(y s ) = ukr,s (xr ⊗ pour tout xr ∈ X r et y s ∈ Y s . Posons v k = αk (uk ). Puisque dv k = d ◦ v k − (−1)k v k ◦ d, on a [dv k ]r (xr ) = d(vrk (xr )) − (−1)k vrk+1 (dxr ) = d ◦ vrk (xr ) − (−1)k+r vrk (xr ) ◦ d − (−1)k vrk+1(dxr ) et donc, [dαk (uk )]rs (xr )(y s ) k k r s k k r s = d(vr,s (xr )(y s)) − (−1)k+r vr,s +1 (x )(dy ) − (−1) vr +1,s (dx )(y ) ˆ y s )) − (−1)k+r ukr,s+1 (xr ⊗ ˆ dy s ) − (−1)k ukr+1,s (dxr ⊗ ˆ y s) = d(ukr,s (xr ⊗ ˆ y s )) − (−1)k ukr+s+1 (dxr ⊗ ˆ y s + (−1)r xr ⊗ ˆ dy s ) = d(ukr,s (xr ⊗ ˆ y s )) − (−1)k ukr+s+1 (d(xr ⊗ ˆ y s )) = d(ukr,s (xr ⊗ ˆ y s) = [duk ]r,s (xr ⊗ = [αk+1 (duk )]r,s(xr )(y s ). Par conséquent, αk+1 (duk ) = d(αk (uk )), d’où la conclusion. Bibliographie 1. A. A. Beilinson, J. Bernstein, et P. Deligne, Faisceaux pervers, Astérisque 100 (1982). 2. N. Bourbaki, Espaces vectoriels topologiques (Chapitres 1 à 5), Eléments de Mathématiques, Masson, Paris, 1981. 3. H. Cartan et S. Eilenberg, Homological algebra, Princeton Mathematical Series 19, Princeton University Press, 1956. 4. M. Kashiwara et P. Schapira, Sheaves on manifolds, Grundlehren der mathematischen Wissenschaften 292, Springer, 1990. 5. G. Laumon, Sur la catégorie dérivée des D-modules filtrés, Algebraic Geometry (M. Raynaud and T. Shioda, eds.), Lecture Notes in Mathematics 1016, Springer, 1983, pp. 151–237. 6. S. MacLane, Categories for the working mathematician, Graduate Text in Mathematics 5, Springer, 1971. 7. V. P. Palamodov, Homological methods in the theory of locally convex spaces, Russian Math. Surveys 26 (1971), 1–64. 8. F. Prosmans, Introduction fonctionnelle de EXT (E, F ), Mémoire de licence, Université de Liège, juin 1994. 9. D. Quillen, Higher algebraic K-theory: I, Algebraic K-Theory I (H. Bass, ed.), Lecture Notes in Mathematics 341, Springer, 1973, pp. 77–139. 10. J.-P. Schneiders, Topological sheaves, En préparation. 11. J.-L. Verdier, Catégories dérivées. Quelques résultats (Etat 0), Séminaire de Géométrie Algèbrique du Bois-Marie SGA4 21 . Cohomologie étale, Lecture Notes in Mathematics 569, Springer, 1963, pp. 262–312. 129 130 Table des Matières Introduction i Chapitre 0. Rappels de théorie des catégories 0.1. Catégories additives 0.2. Catégories abéliennes 0.3. Foncteurs représentables 1 1 10 12 Chapitre 1. Catégories triangulées et t-structures 1.1. Catégories triangulées 1.2. Localisation d’une catégorie triangulée 1.3. t-structures 1.4. Localisation d’une t-structure 15 15 20 39 55 Chapitre 2. Catégorie dérivée d’une catégorie quasi-abélienne 2.1. Catégorie K (A) associée à une catégorie additive A 2.2. t-structure sur K (A) 2.3. Catégories quasi-abéliennes 2.4. Dérivation d’une catégorie quasi-abélienne 2.5. Dérivation des foncteurs entre catégories quasi-abéliennes 57 57 70 81 85 100 Chapitre 3. Application aux espaces de Banach 3.1. Algèbre homologique pour les espaces de Banach 3.2. Espaces de Banach injectifs et projectifs 3.3. Produit tensoriel et Hom interne d’espaces de Banach 111 111 117 121 Bibliographie 129 131