Salles de surveillance post-interventionnelles Anesthésie Spécial RSTI

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Spécial RSTI
Anesthésie
Salles de surveillance
post-interventionnelles
Le réveil du patient après l’anesthésie est une période à haut
risque. Des complications immédiates postopératoires,
notamment des accidents d’origine respiratoire, peuvent
conduire au décès ou à des séquelles neurologiques graves.
D’où la nécessité de mettre en place des procédures assurant
des soins de qualité et la sécurité du patient.
L’
identification des risques liés à l’acte chirurgical et à la pratique d’anesthésie a
abouti à la mise en place des salles de surveillance post-interventionnelle (SSPI), rendue
obligatoire par le décret du 5 décembre 1994,
tout comme la consultation pré-anesthésique
en cas de chirurgie programmée. Cette surveillance par le monitorage commence en salle
d’opération et se poursuit après l’intervention,
y compris pendant le transport, jusqu’au retour
de l’autonomie respiratoire, de l’équilibre circulatoire et de la récupération neurologique du
patient. Elle a pour objet de contrôler les effets
résiduels des médicaments anesthésiques et de
faire face, à tout moment, aux complications
éventuelles liées à l’acte chirurgical ou à l’anesthésie générale ou locorégionale. La SSPI doit
donc être située à proximité du site où sont pratiquées les anesthésies et dotée de tous les dispositifs médicaux nécessaires. La présence d’au
moins une infirmière DE formée à ce type de
surveillance est impérative. A noter : en France,
le nombre d’infirmières anesthésistes demeure
insuffisant. Le personnel paramédical est placé
sous la responsabilité d’un médecin anesthésiste-réanimateur dont le rôle est d’intervenir
sans délai. En outre, il décide du transport du
patient et autorise sa sortie en accord avec le
chirurgien.
Un autre arrêté du 3 octobre 1995 sur la matériovigilance rappelle que le matériel et les
dispositifs médicaux doivent faire l’objet d’une
vérification de leur bon état et de leur bon fonctionnement avant l’utilisation sur les patients. En
outre, il est précisé qu’il faut recourir aux systèmes de désinfection afin d’éviter tout risque de
24
contamination par l’intermédiaire du matériel
utilisé. Pour que ces textes puissent être appliqués, un certain nombre de conditions s’imposent, notamment une collaboration entre les
équipes du bloc opératoire et de la SSPI, une
connaissance par le personnel des décrets, et une
adhésion de toute l’équipe à l’organisation de la
surveillance du malade. Certains patients à
risque, notamment les porteurs des complications cardiovasculaires (50 % des complications
postopératoires) nécessitent un passage prolongée en SSPI et, en général, plus la cotation d’ASA
(qui reflète l’état général du patient) est importante, plus le risque de complications est grand.
La prise en charge de la douleur postopératoire
s’est améliorée car elle est mieux évaluée, grâce
à des échelles d’intensité douloureuse comme
l’échelle visuelle analogique, ou EVA (alors que
la hétéro-évaluation tend à sous-estimer la douleur ressentie par le patient) ; elle est aussi
mieux traitée grâce à un protocole adapté au patient comprenant le dépistage des effets secondaires éventuels. L’EVA doit être égale ou inférieure à trente figures parmi les critères de sortie
de SSPI, outre le retour à l’état de conscience
normal, de l’autonomie respiratoire, de la stabilité hémodynamique, de la normothermie et de
l’absence de problèmes chirurgicaux.
Il importe de souligner que, si la SSPI est un service spécifique, il est aussi un lieu où les soins
sont relationnels et éducatifs. En effet, les patients
désorientés et stressés par leur opération ont besoin d’explications sur ce qui s’est passé et sur la
raison de leur séjour en SSPI, même s’ils ont déjà
reçu cette information au cours de la consultation
pré-anesthésique.
■
Hygiène
Supprimer les infections
nosocomiales
Aujourd’hui, chaque établissement public est doté
d’un CLIN chargé de la prévention des infections acquises
pendant le séjour à l’hôpital. Cinq à 10 % des malades
contractent en effet une infection nosocomiale
avec un taux de résistance des souches incriminées élevé.
L
es infections urinaires prédominent, suivies
des infections respiratoires basses et des
infections du site opératoire. La mission du
CLIN n’est pas de culpabiliser mais d’aider à
analyser les raisons d’un échec et à comprendre
les causes de la survenue des infections, afin de
mettre en place des mesures d’hygiène adaptées.
Ainsi le CLIN-Nord a mis en place le réseau
INCISO de surveillance des infections du site
opératoire avec, pour objectif, de sensibiliser
l’équipe chirurgicale et de lui fournir un outil
standardisé pour mesurer le risque infectieux
dans le service. Les infections postopératoires
peuvent survenir jusqu’à 30 jours après l’intervention (jusqu’à un an en cas de prothèse de
hanche). Le taux d’infections est déterminé par
le NNIS, index du risque construit à partir de
trois facteurs : durée de l’intervention, score
ASA (permettant d’estimer l’état général de
santé du patient) et classification d’Altemeier
(chirurgie propre, contaminée, sale).
En 1998, 120 services ont participé à ce réseau en recueillant des données concernant
16 506 patients opérés : le nombre de patients
infectés au site opératoire était de 3,9 %, en
moyenne 9 jours après l’intervention. Il en ressort aussi que le taux des infections du site
opératoire augmente avec le niveau NNIS
(5,5 % pour le NNIS de niveau 1, 26,7 % pour
le NNIS de niveau 3) et que même les patients
à faible risque (le NNIS égal à zéro) atteignent
un taux de 2,2 %. Heureusement, on trouve,
dans 70 % des services, des taux de 0 à 2 %,
mais quelques services ont des taux supérieurs à 7 %, ce qui suggère un problème de
l’hygiène. Selon F. Golliot (CLIN), on a observé,
en 1999, une diminution des infections dans
ces services “en rouge”. En effet, l’évaluation
mobilise l’ensemble de l’équipe chirurgicale autour d’une démarche de prévention des infections nosocomiales.
Des facteurs d’infection restent mal connus, par
exemple les ectoparasites. Ils vivent sur ou dans
la peau et les phanères, peuvent véhiculer des
germes pathogènes et être à l’origine d’infections nosocomiales et parfois d’épidémies
(galle). La lutte passe d’abord par une bonne
connaissance de leur cycle de reproduction et
de leurs conditions de vie, ainsi que par l’élimination des sources de contamination et des facteurs favorisants (comme des miettes de gâteaux
dans les chambres).
Les consultations d’ophtalmologie dans les établissements et dans les cabinets médicaux sont
également concernées par la prévention d’infections nosocomiales. On connaît la sensibilité de
l’œil aux produits irritants (traces de désinfectants mal rincés). Les données épidémiologiques ne sont pas nombreuses, cependant, on
admet que les kérato-conjonctivites à adénovirus et entérovirus peuvent être transmises par
les mains et le matériel.
Même les appareils qui ne sont en contact
qu’avec la peau peuvent constituer un point
d’ancrage pour les micro-organismes et donc favoriser leur transmission de patient à patient.
Pour le matériel non immergeable, le groupe de
travail au sein du CLIN n’a trouvé aucune procédure sans risque pour la cornée à ce jour.
Comme l’a souligné Mme Bardez (Hôtel-Dieu),
il faut susciter une réflexion sur les pratiques
professionnelles et préciser les bonnes pratiques
de la prise en charge des dispositifs médicaux
(telle qu’une procédure minimale après chaque
consultation) qui sont fragiles, thermosensibles
et difficiles à démonter.
■
25
10
es
“Ensemble,
donnons
du sens au soin”
Cité
des Sciences
et de l’Industrie
La Villette
Paris
21-22 novembre 2000
Une formation complète
pour une application immédiate au quotidien
Matin
LES CONFÉRENCES
1 conférence au choix
Pré-programme
Chaque journée est conçue en deux sessions distinctes et complémentaires :
LE MATIN : la conférence plénière pour une formation scientifique
“la recherche, l’actualité thérapeutique, les pratiques de soins...”
et aussi “les nouvelles orientations de la profession...”
LES ATELIERS
DE FORMATION
2 ateliers au choix*
L’APRÈS-MIDI : les ateliers pratiques sur les soins quotidiens.
Mardi 21 novembre
RESPONSABILITÉ
C
R
CA1
CA2
CA3
CA4
La recherche
et l’actualité thérapeutique
Les plaies cancéreuses
Les soins palliatifs
La prise en charge à domicile
La qualité de vie et la douleur
NEUROLOGIE
N
NA1
NA2
NA3
NA4
La recherche
et l’actualité thérapeutique
La sclérose en plaques
La maladie de parkinson
L’hygiène et la prise en charge
des blessés médullaires
(pansements, incontinence...)
L’Alzheimer
RA1
RA2
RA3
RA4
Les différents axes
de la chirurgie
BA1 L’hygiène et la stérilisation
BA2 L’anesthésie
D
L’évolution de la responsabilité
est-elle compatible avec les risques
nécessaires à la pratique soignante ?
La surveillance du malade
et le respect de ses libertés
La gestion de l’écrit
dans la pratique soignante
Les droits de l’enfant
L’information préalable
et le consentement
Mercredi 22 novembre
DA1
DA2
DA3
DA4
Les différentes perceptions
de la douleur selon que l’on soit
soignant ou soigné
La douleur de l’enfant
La douleur en rhumatologie
La douleur dans le soin des plaies
La douleur chez le brûlé
PSYCHIATRIE
P
PA1
PA2
PA3
PA4
Les nouvelles orientations
des soins
Les soins dans l’urgence
La précarité et l’exclusion
Les violences subies par l’enfant
Faire face à l’aggression
GÉRIATRIE
ÉVOLUTION
PROFESSIONNELLE
G
E
BLOC
B
DOULEUR
BA3 La douleur postopératoire
BA4 Les dispositifs et le matériel
CANCÉROLOGIE
Après-midi
GA1
GA2
GA3
GA4
La prise en charge
de la personne âgée
(à domicile, handicap, démence...)
Les droits des personnes âgées
La violence en institution
La nutrition
L’hygiène et la qualité de vie
EA1
EA2
EA3
EA4
Comment le “social” a transformé
la prise en charge du patient
L’avenir de la profession libérale
Vers une specialisation des soins
Pourquoi appartenir à un réseau ?
Les nouvelles technologies
au service des soignants
✁
BULLETIN D’INSCRIPTION
A retourner à CDTM Éditions, 62-64, rue Jean-Jaurès, 92800 Puteaux
Tél. : 01 41 45 80 00 - Fax : 01 41 45 80 45
Cochez par ordre de préférence de □
1 à □
4 les ateliers auxquels vous souhaitez assister.
* Nous tenterons de respecter vos choix d’ateliers en fonction des impératifs horaires et du nombre limité de places.
Mardi 21 novembre
La conférence
□ C Cancérologie :
□ N Neurologie :
□ B Bloc :
□ R Responsabilité :
Les ateliers
□ CA1 □ CA2
□ NA1 □ NA2
□ BA1 □ BA2
□ RA1 □ RA2
Mercredi 22 novembre
□ G Gériatrie :
□ GA1
□ GA2
□ E Évolution professionnelle : □ EA1 □ EA2
□ D Douleur :
□ DA1 □ DA2
□ P Psychiatrie :
□ PA1 □ PA2
Droit d’inscription
□ CA3
□ NA3
□ BA3
□ RA3
□ CA3
□ NA4
□ BA4
□ RA4
1 jour
2 jours
Établissement :
110 F (90 F)
200 F (160 F)
Individuel :
60 F (50 F)
100 F (80 F)
Je suis : abonné à Profession Santé infirmier-infirmière
ou salarié APHP :
40 F (30 F)
60 F (50 F)
Étudiant :
1 jour offert
60 F (50 F)
Inscription avant le 30 juin 2000 : prix rouges
MODE DE PAIEMENT
❑ par virement bancaire à réception de facture
□ GA3
□ EA3
□ DA3
□ PA3
□ GA4
□ EA4
□ DA4
□ PA4
(réservé aux établissements, merci de nous adresser un bon de commande)
❑ par chèque (à l’ordre de CDTM Éditions)
❑ par carte Visa,
No
Eurocard Mastercard
Signature :
Date d’expiration :
Spécial RSTI
La violence en institution
En comprendre
les mécanismes...
La violence est à distinguer de l’agressivité.
Elles s’expriment toutes deux dans les mêmes conditions
et requièrent une interaction entre un acteur, une cible
et un environnement. Quand cet environnement
est un lieu de soins, les pulsions de l’un
et les ressentis de l’autre se trouvent exacerbés…
«
28
S
i la violence est de plus en plus présente dans
nos préoccupations, ce n’est pas tant par son
apparition brutale que par le changement de sa
nature. Il y a irruption nouvelle, dans notre espace
soignant, d’une violence qu’elle soit physique ou
psychique », prévient d’emblée le Dr Laurent
Morasz, psychiatre à l’hôpital Saint-Jean-deDieu à Lyon.
La classification de Buss retient l’agression physique directe (coups et blessures) ou indirecte
(le refus d’assistance), et l’agression verbale directe (insultes) ou indirecte (médisance, refus
systématique, ignorance). La violence psychologique serait l’une ou l’autre de ces agressions,
mais sous une forme nettement plus passive.
« Le soignant redoute la violence physique chez le
patient alors qu’il est constaté que la violence la
plus courante est la violence verbale. Pourtant, la
violence la plus douloureuse reste la violence psychologique », poursuit Laurent Morasz.
Trois buts peuvent motiver une agression : l’intention d’échapper à une situation de malaise
entre soignant et patient (mésentente, traitement douloureux...), le besoin impérieux d’atteindre un but précis (se procurer certaines substances, être soigné sans délai) ou la volonté
délibérée de ne s’exprimer que par la violence.
La violence est à distinguer de l’agression. La
première est considérée du point de vue de la
victime, de son ressenti personnel, même si la
violence implique une interaction entre deux
personnes et certaines circonstances. L’agression
est en revanche un acte exercé par une personne
capable de pulsions violentes, et dont le but est
de détruire, nuire, humilier, etc. « Il peut donc y
avoir agression sans ressenti de violence chez
l’agresseur, ou ressenti de violence sans qu’il y ait
eu réellement agression, estime Laurent Morasz,
mais il faut un acteur en relation avec une cible,
dans un environnement particulier. Il y a violence
lorsqu’il y a interaction entre ces trois éléments ».
Selon lui, les hommes sont généralement à la
fois les cibles et les acteurs de la violence. En effet, même si les femmes en parlent beaucoup,
ce sont les hommes qui se font le plus souvent
agresser. L’état émotionnel entre également en
jeu : par exemple, le stress du soignant peut
prédisposer à un acte violent de l’autre ou encore un sentiment d’insécurité, qui domine
chez beaucoup de personnes. La personnalité
du sujet est un autre facteur, mais aucun profil psychiatrique particulier n’a été dégagé jusqu’à présent. Enfin, être une cible dépend bien
sûr de ce qu’elle représente : le soignant est le
représentant d’un hôpital, donc d’une institution envers laquelle le patient peut éprouver du
mécontentement.
Lorsqu’elle se déclenche, l’agression, quelle que
soit la forme qu’elle revêt, s’organise en six
phases : l’activation (le stress), l’intensification, la
crise (le passage à l’acte violent), la récupération,
la stabilisation et enfin l’élaboration d’une réflexion ou d’un dialogue. Comme le constate et
le regrette Laurent Morasz, « dans nos structures,
nous ne prenons jamais le temps de revenir sur la
situation d’agression et de penser à ce qu’elle a engendré afin de comprendre... avec ou sans la présence simultanée de l’agresseur et de sa cible ». ■
Traitements de substitution
Une prise en charge
plurisdisciplinaire
La méthadone et la buprénorphine ne soignent pas
à eux seuls la toxicomanie. Ce sont surtout
des outils thérapeutiques qui permettent
aux toxicomanes de sortir de la clandestinité
et aux soignants d’initier une prise en charge.
L
a méthadone, ou chlorhydrate de méthadone,
est un agoniste spécifique des récepteurs
morphiniques. Ce médicament est prescrit pour
7 jours maximum sur une ordonnance sécurisée.
Le traitement est obligatoirement initié par un
centre de soins spécialisé. Dans un second temps,
la méthadone peut être prescrite par un médecin
de ville et délivrée par un pharmacien d’officine.
Elle se présente sous forme de monodoses de sirop. S’agissant d’un traitement au long court, il
est nécessaire de prescrire des posologies suffisantes (60 à 80 mg) et de faire bénéficier le patient d’un soutien psychosocial adapté. Les effets secondaires de la méthadone sont minimes
(constipation, sueurs, troubles de la libido) et
nécessitent une adaptation de la posologie. Enfin, le traitement peut être déstabilisé par la
prescription d’autres médicaments ou la
consommation d’alcool, de cocaïne, etc.
Comme le précise Michèle Thonnier, infirmière
dans l’Équipe de liaison-intervention auprès des
malades usagers de drogues (Elimud) de l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) : « Nous
avons constaté que la mise sous méthadone n’est
en rien une aide au sevrage de la cocaïne. Ce qui
ne nous empêche pas d’accepter des consommateurs
de ce produit en hospitalisation pour sevrage avec
traitement de substitution. Car, au final, la clef du
succès, c’est le repos et surtout l’éloignement du
produit illicite ».
La buprénorphine haut dosage (Subutex®) est
un agoniste partiel des récepteurs morphiniques. Elle peut être prescrite en première intention par tout médecin, par périodes maximales de sept jours et jusqu’à vingt-huit jours si
le prescripteur le mentionne explicitement sur
l’ordonnance sécurisée.
Le médicament se présente sous forme de
comprimés sublinguaux. La première prise
consiste en un comprimé de 2 mg dans les premiers signes de manque. La posologie est à
adapter dès les premiers jours, par paliers de
2 mg, jusqu’à disparition complète, sur l’ensemble de la journée, des signes objectifs de
manque et de sentiment d’inconfort liés aux
symptômes de sevrage. Une prise unique journalière est recommandée.
La persistance importante d’une appétence pour
les opiacés peut faire discuter d’un traitement
mieux adapté ou nécessite une analyse des difficultés rencontrées par le patient (situation sociale, familiale, contexte psychologique, codépendance...), qui nécessite une prise en charge
plus globale.
Les effets secondaires restent rares : constipation,
céphalées, insomnie, asthénie, somnolence, nausées, vomissements, sensations vertigineuses,
sueurs.
L’association de la buprénorphine à un opiacé
peut se solder par une compétition pharmacologique précipitant un syndrome de manque. De
même, l’arrêt brutal du traitement expose à un
syndrome de manque retardé (souvent au début
du troisième jour).
Tout comme avec la méthadone, un accompagnement psychosocial doit être proposé au
patient. Il est préférable de délivrer le médicament de façon contrôlée, par un pharmacien ou un infirmier, notamment au début du
traitement.
■
D’après les propos tenus
lors de la conférence organisée en collaboration
avec les laboratoires Schering Plough.
29
Spécial RSTI
Troubles des conduites alimentaires
Une adolescence en danger
Qu’il s’agisse de l’anorexie ou de la boulimie, ces troubles
des conduites alimentaires peuvent être d’une réelle gravité.
Il n’est pas rare que le pronostic vital d’une adolescente soit
engagé. D’où l’importance d’en connaître les caractéristiques.
E
n France, 1 % des adolescentes serait anorexique, et 4 % seraient boulimiques. Ces
maladies concernent essentiellement une population féminine jeune (9 jeunes filles pour 1 garçon dans l’anorexie, et 7 jeunes filles pour 3 garçons dans la boulimie).
Pour le Dr Isabelle Carbonel, pédopsychiatre
à l’hôpital de jour La Lézardière à Hyères, « plus
une anorexie est traitée rapidement, et plus vite
le pronostic est bon. A ces conditions, dans 80 %
des cas, les guérisons sont complètes. En revanche,
dans le cas de prises en charge tardives, 10 % des
anorexies se chronicisent et 10 % des patientes décèdent par suicide, par hypokaliémie ou de conséquences hydro-électrolytiques pour les cas où elles
ingurgitent de grandes quantités de liquide ». L’hospitalisation s’impose dès que le faible poids de la
patiente engage le pronostic vital. L’anorexie prépuberté (avant l’âge de 10 ans) inquiète énormément les professionnels de santé, car ses conséquences sur le développement sont importantes.
Or, de plus en plus de cas sont rencontrés.
La boulimie est moins connue : 70 % des patientes ont un poids normal. Comme les anorexiques, elles sont obsédées par leur poids.
« En revanche, autant les anorexiques ressentent
comme une victoire leur résistance et leur maîtrise
sur la nourriture, donc sur leur corps, autant les
boulimiques souffrent de troubles de l’humeur immédiatement après la perte de contrôle de leurs pulsions alimentaires », précise Isabelle Carbonel.
Dans de nombreux cas, les boulimiques présentent une aménorrhée et une hypokaliémie dues
aux vomissements quotidiens, engendrant des
troubles cardiaques majeurs, voire des arrêts
cardiaques. Elles sont également confrontées à
une ulcération gingivale et dentaire, causée par
l’acidité gastrique des vomissements répétitifs.
La prise en charge de ces adolescentes en souffrance est un engagement sur le long terme, fondé
sur un contrat thérapeutique entre la jeune fille,
l’équipe soignante et, bien souvent, la famille. ■
Plaies et cicatrisation
Pansements : une action
conjuguée aux soins !
La cicatrisation d’une plaie est fonction d’un grand nombre
de facteurs, certains intrinsèques à la plaie, d’autres
directement liés aux stratégies soignantes mises en œuvre.
«
30
O
n a longtemps cru que, pour qu’une plaie cicatrise, il fallait qu’elle soit stérile, indique le
Dr Sylvie Meaume, dermatologue gériatre à l’hôpital Charles-Foix (AP-HP) d’Ivry-sur-Seine. Or,
lorsque la barrière cutanée est atteinte, il y a une pré-
sence de germes. Au début de l’existence de cette plaie,
des cocci à Gram négatifs sont très largement présents
et se chargent de l’élimination des exsudats. A l’inverse,
dès la phase d’épidermisation, les cocci à Gram négatifs
disparaissent pour laisser place aux cocci à Gram posi-
tifs. Dans tous les cas, ces deux types de germes sont nécessaires à la cicatrisation », poursuit-elle. C’est
pourquoi les soins d’une plaie ne doivent en aucun
cas être stériles. En revanche, ils doivent être
propres. Le nettoyage de la plaie peut se faire soit à
l’eau du robinet, soit au sérum physiologique. Mais
il ne doit concerner que le pourtour de la plaie afin
de ne pas supprimer les facteurs de croissance en
œuvre au cœur de cette plaie.
Devant toute plaie chronique, les soignants doivent s’interroger sur les différents facteurs en
cause dans sa constitution afin d’adapter leurs
actions de soins ou de prévention. Ainsi, en présence d’escarres, le malade sera installé dans
une position permettant de soulager l’escarre.
En cas d’ulcères de la jambe, il n’y a pas de cicatrisation s’il n’y a pas de contention, etc. Le pansement n’est donc qu’un moyen conjugué à
d’autres actions soignantes.
Les pansements actuels ne sont pas des médicaments, ils n’ont donc pas d’action mécanique
sur une plaie. En revanche, ils permettent d’entretenir un milieu humide qui facilite la cicatrisation de la plaie. Il existe plus d’une dizaine de
classes de pansements. Le choix d’un pansement sera donc fonction du type de plaie, de sa
localisation, de la qualité des exsudats, du malade... et du prix du pansement !
■
Bilan urodynamique
Un patient informé
est un patient confiant
Des professionnels de santé se sont intéressés au vécu
des patients concernés par le bilan urodynamique.
Ils les ont interrogés sur l’information qui leur a été
ou non préalablement donnée... Les résultats sont édifiants !
M
arie-Christine Dechâtre et Catherine Pinon,
respectivement médecin et infirmière dans le
service d’urologie du CHU d’Angers, ont réalisé
une enquête auprès de 100 patients (75 femmes et
25 hommes, âge moyen de 57 ans) convoqués dans
le service pour un bilan urodynamique. Le but de
leur enquête : apprécier les conditions dans lesquelles ces patients arrivent à la consultation et
connaître leur tolérance et leur appréciation globale
de l’examen. Un questionnaire portant sur leur niveau d’information du point de vue des modalités
de l’examen a été remis à chaque patient à l’arrivée
dans le service. A l’issue du bilan, un deuxième
questionnaire leur a été donné, reposant sur des
échelles visuelles analogiques relatives à la douleur,
au désagrément et au sentiment de confiance vis-àvis de l’équipe soignante. Il ressort de cette enquête
que le vécu du bilan urodynamique est globalement satisfaisant et que 95,5 % des patients accepteraient de le refaire si cela était nécessaire. L’examen est considéré comme peu douloureux, d’une
durée raisonnable, et mieux toléré que les symptômes qui amènent à consulter. Néanmoins, il apparaît clairement que le manque d’information
préalable est une source d’angoisse, générant de
nombreuses appréhensions chez les patients. En effet, 63 % des patients interrogés ignoraient ce qu’est
un bilan urodynamique et 45 % étaient inquiets
avant l’examen : ils avaient peur d’avoir mal (50 %),
d’être sondés (42,1 %), de devoir garder une sonde
(47,3 %), d’être gênés pour conduire ensuite
(11,8 %), d’avoir une injection (7,8 %), d’avoir des
difficultés pour travailler ensuite (6,5 %).
Une analyse de la prescription montre que 30 % des
patients étaient adressés par leur médecin généraliste, et 31,8 % par un urologue (lequel a fourni des
explications dans 63,6 % des cas). Parallèlement, les
patients directement convoqués par l’unité d’urodynamique (38 %) avaient reçu une lettre d’information et étaient rassurés dans 90 % des cas.
Cette enquête montre à quel point l’information
préalable des patients est un facteur important pour
mettre en confiance le sujet, pour un examen au
cours duquel sa participation est indispensable. ■
D’après les propos tenus lors de l’atelier “Handicap
et incontinence” organisé en collaboration
avec les laboratoires Astra Tech.
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