Spécial RSTI Anesthésie Salles de surveillance post-interventionnelles Le réveil du patient après l’anesthésie est une période à haut risque. Des complications immédiates postopératoires, notamment des accidents d’origine respiratoire, peuvent conduire au décès ou à des séquelles neurologiques graves. D’où la nécessité de mettre en place des procédures assurant des soins de qualité et la sécurité du patient. L’ identification des risques liés à l’acte chirurgical et à la pratique d’anesthésie a abouti à la mise en place des salles de surveillance post-interventionnelle (SSPI), rendue obligatoire par le décret du 5 décembre 1994, tout comme la consultation pré-anesthésique en cas de chirurgie programmée. Cette surveillance par le monitorage commence en salle d’opération et se poursuit après l’intervention, y compris pendant le transport, jusqu’au retour de l’autonomie respiratoire, de l’équilibre circulatoire et de la récupération neurologique du patient. Elle a pour objet de contrôler les effets résiduels des médicaments anesthésiques et de faire face, à tout moment, aux complications éventuelles liées à l’acte chirurgical ou à l’anesthésie générale ou locorégionale. La SSPI doit donc être située à proximité du site où sont pratiquées les anesthésies et dotée de tous les dispositifs médicaux nécessaires. La présence d’au moins une infirmière DE formée à ce type de surveillance est impérative. A noter : en France, le nombre d’infirmières anesthésistes demeure insuffisant. Le personnel paramédical est placé sous la responsabilité d’un médecin anesthésiste-réanimateur dont le rôle est d’intervenir sans délai. En outre, il décide du transport du patient et autorise sa sortie en accord avec le chirurgien. Un autre arrêté du 3 octobre 1995 sur la matériovigilance rappelle que le matériel et les dispositifs médicaux doivent faire l’objet d’une vérification de leur bon état et de leur bon fonctionnement avant l’utilisation sur les patients. En outre, il est précisé qu’il faut recourir aux systèmes de désinfection afin d’éviter tout risque de 24 contamination par l’intermédiaire du matériel utilisé. Pour que ces textes puissent être appliqués, un certain nombre de conditions s’imposent, notamment une collaboration entre les équipes du bloc opératoire et de la SSPI, une connaissance par le personnel des décrets, et une adhésion de toute l’équipe à l’organisation de la surveillance du malade. Certains patients à risque, notamment les porteurs des complications cardiovasculaires (50 % des complications postopératoires) nécessitent un passage prolongée en SSPI et, en général, plus la cotation d’ASA (qui reflète l’état général du patient) est importante, plus le risque de complications est grand. La prise en charge de la douleur postopératoire s’est améliorée car elle est mieux évaluée, grâce à des échelles d’intensité douloureuse comme l’échelle visuelle analogique, ou EVA (alors que la hétéro-évaluation tend à sous-estimer la douleur ressentie par le patient) ; elle est aussi mieux traitée grâce à un protocole adapté au patient comprenant le dépistage des effets secondaires éventuels. L’EVA doit être égale ou inférieure à trente figures parmi les critères de sortie de SSPI, outre le retour à l’état de conscience normal, de l’autonomie respiratoire, de la stabilité hémodynamique, de la normothermie et de l’absence de problèmes chirurgicaux. Il importe de souligner que, si la SSPI est un service spécifique, il est aussi un lieu où les soins sont relationnels et éducatifs. En effet, les patients désorientés et stressés par leur opération ont besoin d’explications sur ce qui s’est passé et sur la raison de leur séjour en SSPI, même s’ils ont déjà reçu cette information au cours de la consultation pré-anesthésique. ■ Hygiène Supprimer les infections nosocomiales Aujourd’hui, chaque établissement public est doté d’un CLIN chargé de la prévention des infections acquises pendant le séjour à l’hôpital. Cinq à 10 % des malades contractent en effet une infection nosocomiale avec un taux de résistance des souches incriminées élevé. L es infections urinaires prédominent, suivies des infections respiratoires basses et des infections du site opératoire. La mission du CLIN n’est pas de culpabiliser mais d’aider à analyser les raisons d’un échec et à comprendre les causes de la survenue des infections, afin de mettre en place des mesures d’hygiène adaptées. Ainsi le CLIN-Nord a mis en place le réseau INCISO de surveillance des infections du site opératoire avec, pour objectif, de sensibiliser l’équipe chirurgicale et de lui fournir un outil standardisé pour mesurer le risque infectieux dans le service. Les infections postopératoires peuvent survenir jusqu’à 30 jours après l’intervention (jusqu’à un an en cas de prothèse de hanche). Le taux d’infections est déterminé par le NNIS, index du risque construit à partir de trois facteurs : durée de l’intervention, score ASA (permettant d’estimer l’état général de santé du patient) et classification d’Altemeier (chirurgie propre, contaminée, sale). En 1998, 120 services ont participé à ce réseau en recueillant des données concernant 16 506 patients opérés : le nombre de patients infectés au site opératoire était de 3,9 %, en moyenne 9 jours après l’intervention. Il en ressort aussi que le taux des infections du site opératoire augmente avec le niveau NNIS (5,5 % pour le NNIS de niveau 1, 26,7 % pour le NNIS de niveau 3) et que même les patients à faible risque (le NNIS égal à zéro) atteignent un taux de 2,2 %. Heureusement, on trouve, dans 70 % des services, des taux de 0 à 2 %, mais quelques services ont des taux supérieurs à 7 %, ce qui suggère un problème de l’hygiène. Selon F. Golliot (CLIN), on a observé, en 1999, une diminution des infections dans ces services “en rouge”. En effet, l’évaluation mobilise l’ensemble de l’équipe chirurgicale autour d’une démarche de prévention des infections nosocomiales. Des facteurs d’infection restent mal connus, par exemple les ectoparasites. Ils vivent sur ou dans la peau et les phanères, peuvent véhiculer des germes pathogènes et être à l’origine d’infections nosocomiales et parfois d’épidémies (galle). La lutte passe d’abord par une bonne connaissance de leur cycle de reproduction et de leurs conditions de vie, ainsi que par l’élimination des sources de contamination et des facteurs favorisants (comme des miettes de gâteaux dans les chambres). Les consultations d’ophtalmologie dans les établissements et dans les cabinets médicaux sont également concernées par la prévention d’infections nosocomiales. On connaît la sensibilité de l’œil aux produits irritants (traces de désinfectants mal rincés). Les données épidémiologiques ne sont pas nombreuses, cependant, on admet que les kérato-conjonctivites à adénovirus et entérovirus peuvent être transmises par les mains et le matériel. Même les appareils qui ne sont en contact qu’avec la peau peuvent constituer un point d’ancrage pour les micro-organismes et donc favoriser leur transmission de patient à patient. Pour le matériel non immergeable, le groupe de travail au sein du CLIN n’a trouvé aucune procédure sans risque pour la cornée à ce jour. Comme l’a souligné Mme Bardez (Hôtel-Dieu), il faut susciter une réflexion sur les pratiques professionnelles et préciser les bonnes pratiques de la prise en charge des dispositifs médicaux (telle qu’une procédure minimale après chaque consultation) qui sont fragiles, thermosensibles et difficiles à démonter. ■ 25 10 es “Ensemble, donnons du sens au soin” Cité des Sciences et de l’Industrie La Villette Paris 21-22 novembre 2000 Une formation complète pour une application immédiate au quotidien Matin LES CONFÉRENCES 1 conférence au choix Pré-programme Chaque journée est conçue en deux sessions distinctes et complémentaires : LE MATIN : la conférence plénière pour une formation scientifique “la recherche, l’actualité thérapeutique, les pratiques de soins...” et aussi “les nouvelles orientations de la profession...” LES ATELIERS DE FORMATION 2 ateliers au choix* L’APRÈS-MIDI : les ateliers pratiques sur les soins quotidiens. Mardi 21 novembre RESPONSABILITÉ C R CA1 CA2 CA3 CA4 La recherche et l’actualité thérapeutique Les plaies cancéreuses Les soins palliatifs La prise en charge à domicile La qualité de vie et la douleur NEUROLOGIE N NA1 NA2 NA3 NA4 La recherche et l’actualité thérapeutique La sclérose en plaques La maladie de parkinson L’hygiène et la prise en charge des blessés médullaires (pansements, incontinence...) L’Alzheimer RA1 RA2 RA3 RA4 Les différents axes de la chirurgie BA1 L’hygiène et la stérilisation BA2 L’anesthésie D L’évolution de la responsabilité est-elle compatible avec les risques nécessaires à la pratique soignante ? La surveillance du malade et le respect de ses libertés La gestion de l’écrit dans la pratique soignante Les droits de l’enfant L’information préalable et le consentement Mercredi 22 novembre DA1 DA2 DA3 DA4 Les différentes perceptions de la douleur selon que l’on soit soignant ou soigné La douleur de l’enfant La douleur en rhumatologie La douleur dans le soin des plaies La douleur chez le brûlé PSYCHIATRIE P PA1 PA2 PA3 PA4 Les nouvelles orientations des soins Les soins dans l’urgence La précarité et l’exclusion Les violences subies par l’enfant Faire face à l’aggression GÉRIATRIE ÉVOLUTION PROFESSIONNELLE G E BLOC B DOULEUR BA3 La douleur postopératoire BA4 Les dispositifs et le matériel CANCÉROLOGIE Après-midi GA1 GA2 GA3 GA4 La prise en charge de la personne âgée (à domicile, handicap, démence...) Les droits des personnes âgées La violence en institution La nutrition L’hygiène et la qualité de vie EA1 EA2 EA3 EA4 Comment le “social” a transformé la prise en charge du patient L’avenir de la profession libérale Vers une specialisation des soins Pourquoi appartenir à un réseau ? Les nouvelles technologies au service des soignants ✁ BULLETIN D’INSCRIPTION A retourner à CDTM Éditions, 62-64, rue Jean-Jaurès, 92800 Puteaux Tél. : 01 41 45 80 00 - Fax : 01 41 45 80 45 Cochez par ordre de préférence de □ 1 à □ 4 les ateliers auxquels vous souhaitez assister. * Nous tenterons de respecter vos choix d’ateliers en fonction des impératifs horaires et du nombre limité de places. Mardi 21 novembre La conférence □ C Cancérologie : □ N Neurologie : □ B Bloc : □ R Responsabilité : Les ateliers □ CA1 □ CA2 □ NA1 □ NA2 □ BA1 □ BA2 □ RA1 □ RA2 Mercredi 22 novembre □ G Gériatrie : □ GA1 □ GA2 □ E Évolution professionnelle : □ EA1 □ EA2 □ D Douleur : □ DA1 □ DA2 □ P Psychiatrie : □ PA1 □ PA2 Droit d’inscription □ CA3 □ NA3 □ BA3 □ RA3 □ CA3 □ NA4 □ BA4 □ RA4 1 jour 2 jours Établissement : 110 F (90 F) 200 F (160 F) Individuel : 60 F (50 F) 100 F (80 F) Je suis : abonné à Profession Santé infirmier-infirmière ou salarié APHP : 40 F (30 F) 60 F (50 F) Étudiant : 1 jour offert 60 F (50 F) Inscription avant le 30 juin 2000 : prix rouges MODE DE PAIEMENT ❑ par virement bancaire à réception de facture □ GA3 □ EA3 □ DA3 □ PA3 □ GA4 □ EA4 □ DA4 □ PA4 (réservé aux établissements, merci de nous adresser un bon de commande) ❑ par chèque (à l’ordre de CDTM Éditions) ❑ par carte Visa, No Eurocard Mastercard Signature : Date d’expiration : Spécial RSTI La violence en institution En comprendre les mécanismes... La violence est à distinguer de l’agressivité. Elles s’expriment toutes deux dans les mêmes conditions et requièrent une interaction entre un acteur, une cible et un environnement. Quand cet environnement est un lieu de soins, les pulsions de l’un et les ressentis de l’autre se trouvent exacerbés… « 28 S i la violence est de plus en plus présente dans nos préoccupations, ce n’est pas tant par son apparition brutale que par le changement de sa nature. Il y a irruption nouvelle, dans notre espace soignant, d’une violence qu’elle soit physique ou psychique », prévient d’emblée le Dr Laurent Morasz, psychiatre à l’hôpital Saint-Jean-deDieu à Lyon. La classification de Buss retient l’agression physique directe (coups et blessures) ou indirecte (le refus d’assistance), et l’agression verbale directe (insultes) ou indirecte (médisance, refus systématique, ignorance). La violence psychologique serait l’une ou l’autre de ces agressions, mais sous une forme nettement plus passive. « Le soignant redoute la violence physique chez le patient alors qu’il est constaté que la violence la plus courante est la violence verbale. Pourtant, la violence la plus douloureuse reste la violence psychologique », poursuit Laurent Morasz. Trois buts peuvent motiver une agression : l’intention d’échapper à une situation de malaise entre soignant et patient (mésentente, traitement douloureux...), le besoin impérieux d’atteindre un but précis (se procurer certaines substances, être soigné sans délai) ou la volonté délibérée de ne s’exprimer que par la violence. La violence est à distinguer de l’agression. La première est considérée du point de vue de la victime, de son ressenti personnel, même si la violence implique une interaction entre deux personnes et certaines circonstances. L’agression est en revanche un acte exercé par une personne capable de pulsions violentes, et dont le but est de détruire, nuire, humilier, etc. « Il peut donc y avoir agression sans ressenti de violence chez l’agresseur, ou ressenti de violence sans qu’il y ait eu réellement agression, estime Laurent Morasz, mais il faut un acteur en relation avec une cible, dans un environnement particulier. Il y a violence lorsqu’il y a interaction entre ces trois éléments ». Selon lui, les hommes sont généralement à la fois les cibles et les acteurs de la violence. En effet, même si les femmes en parlent beaucoup, ce sont les hommes qui se font le plus souvent agresser. L’état émotionnel entre également en jeu : par exemple, le stress du soignant peut prédisposer à un acte violent de l’autre ou encore un sentiment d’insécurité, qui domine chez beaucoup de personnes. La personnalité du sujet est un autre facteur, mais aucun profil psychiatrique particulier n’a été dégagé jusqu’à présent. Enfin, être une cible dépend bien sûr de ce qu’elle représente : le soignant est le représentant d’un hôpital, donc d’une institution envers laquelle le patient peut éprouver du mécontentement. Lorsqu’elle se déclenche, l’agression, quelle que soit la forme qu’elle revêt, s’organise en six phases : l’activation (le stress), l’intensification, la crise (le passage à l’acte violent), la récupération, la stabilisation et enfin l’élaboration d’une réflexion ou d’un dialogue. Comme le constate et le regrette Laurent Morasz, « dans nos structures, nous ne prenons jamais le temps de revenir sur la situation d’agression et de penser à ce qu’elle a engendré afin de comprendre... avec ou sans la présence simultanée de l’agresseur et de sa cible ». ■ Traitements de substitution Une prise en charge plurisdisciplinaire La méthadone et la buprénorphine ne soignent pas à eux seuls la toxicomanie. Ce sont surtout des outils thérapeutiques qui permettent aux toxicomanes de sortir de la clandestinité et aux soignants d’initier une prise en charge. L a méthadone, ou chlorhydrate de méthadone, est un agoniste spécifique des récepteurs morphiniques. Ce médicament est prescrit pour 7 jours maximum sur une ordonnance sécurisée. Le traitement est obligatoirement initié par un centre de soins spécialisé. Dans un second temps, la méthadone peut être prescrite par un médecin de ville et délivrée par un pharmacien d’officine. Elle se présente sous forme de monodoses de sirop. S’agissant d’un traitement au long court, il est nécessaire de prescrire des posologies suffisantes (60 à 80 mg) et de faire bénéficier le patient d’un soutien psychosocial adapté. Les effets secondaires de la méthadone sont minimes (constipation, sueurs, troubles de la libido) et nécessitent une adaptation de la posologie. Enfin, le traitement peut être déstabilisé par la prescription d’autres médicaments ou la consommation d’alcool, de cocaïne, etc. Comme le précise Michèle Thonnier, infirmière dans l’Équipe de liaison-intervention auprès des malades usagers de drogues (Elimud) de l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) : « Nous avons constaté que la mise sous méthadone n’est en rien une aide au sevrage de la cocaïne. Ce qui ne nous empêche pas d’accepter des consommateurs de ce produit en hospitalisation pour sevrage avec traitement de substitution. Car, au final, la clef du succès, c’est le repos et surtout l’éloignement du produit illicite ». La buprénorphine haut dosage (Subutex®) est un agoniste partiel des récepteurs morphiniques. Elle peut être prescrite en première intention par tout médecin, par périodes maximales de sept jours et jusqu’à vingt-huit jours si le prescripteur le mentionne explicitement sur l’ordonnance sécurisée. Le médicament se présente sous forme de comprimés sublinguaux. La première prise consiste en un comprimé de 2 mg dans les premiers signes de manque. La posologie est à adapter dès les premiers jours, par paliers de 2 mg, jusqu’à disparition complète, sur l’ensemble de la journée, des signes objectifs de manque et de sentiment d’inconfort liés aux symptômes de sevrage. Une prise unique journalière est recommandée. La persistance importante d’une appétence pour les opiacés peut faire discuter d’un traitement mieux adapté ou nécessite une analyse des difficultés rencontrées par le patient (situation sociale, familiale, contexte psychologique, codépendance...), qui nécessite une prise en charge plus globale. Les effets secondaires restent rares : constipation, céphalées, insomnie, asthénie, somnolence, nausées, vomissements, sensations vertigineuses, sueurs. L’association de la buprénorphine à un opiacé peut se solder par une compétition pharmacologique précipitant un syndrome de manque. De même, l’arrêt brutal du traitement expose à un syndrome de manque retardé (souvent au début du troisième jour). Tout comme avec la méthadone, un accompagnement psychosocial doit être proposé au patient. Il est préférable de délivrer le médicament de façon contrôlée, par un pharmacien ou un infirmier, notamment au début du traitement. ■ D’après les propos tenus lors de la conférence organisée en collaboration avec les laboratoires Schering Plough. 29 Spécial RSTI Troubles des conduites alimentaires Une adolescence en danger Qu’il s’agisse de l’anorexie ou de la boulimie, ces troubles des conduites alimentaires peuvent être d’une réelle gravité. Il n’est pas rare que le pronostic vital d’une adolescente soit engagé. D’où l’importance d’en connaître les caractéristiques. E n France, 1 % des adolescentes serait anorexique, et 4 % seraient boulimiques. Ces maladies concernent essentiellement une population féminine jeune (9 jeunes filles pour 1 garçon dans l’anorexie, et 7 jeunes filles pour 3 garçons dans la boulimie). Pour le Dr Isabelle Carbonel, pédopsychiatre à l’hôpital de jour La Lézardière à Hyères, « plus une anorexie est traitée rapidement, et plus vite le pronostic est bon. A ces conditions, dans 80 % des cas, les guérisons sont complètes. En revanche, dans le cas de prises en charge tardives, 10 % des anorexies se chronicisent et 10 % des patientes décèdent par suicide, par hypokaliémie ou de conséquences hydro-électrolytiques pour les cas où elles ingurgitent de grandes quantités de liquide ». L’hospitalisation s’impose dès que le faible poids de la patiente engage le pronostic vital. L’anorexie prépuberté (avant l’âge de 10 ans) inquiète énormément les professionnels de santé, car ses conséquences sur le développement sont importantes. Or, de plus en plus de cas sont rencontrés. La boulimie est moins connue : 70 % des patientes ont un poids normal. Comme les anorexiques, elles sont obsédées par leur poids. « En revanche, autant les anorexiques ressentent comme une victoire leur résistance et leur maîtrise sur la nourriture, donc sur leur corps, autant les boulimiques souffrent de troubles de l’humeur immédiatement après la perte de contrôle de leurs pulsions alimentaires », précise Isabelle Carbonel. Dans de nombreux cas, les boulimiques présentent une aménorrhée et une hypokaliémie dues aux vomissements quotidiens, engendrant des troubles cardiaques majeurs, voire des arrêts cardiaques. Elles sont également confrontées à une ulcération gingivale et dentaire, causée par l’acidité gastrique des vomissements répétitifs. La prise en charge de ces adolescentes en souffrance est un engagement sur le long terme, fondé sur un contrat thérapeutique entre la jeune fille, l’équipe soignante et, bien souvent, la famille. ■ Plaies et cicatrisation Pansements : une action conjuguée aux soins ! La cicatrisation d’une plaie est fonction d’un grand nombre de facteurs, certains intrinsèques à la plaie, d’autres directement liés aux stratégies soignantes mises en œuvre. « 30 O n a longtemps cru que, pour qu’une plaie cicatrise, il fallait qu’elle soit stérile, indique le Dr Sylvie Meaume, dermatologue gériatre à l’hôpital Charles-Foix (AP-HP) d’Ivry-sur-Seine. Or, lorsque la barrière cutanée est atteinte, il y a une pré- sence de germes. Au début de l’existence de cette plaie, des cocci à Gram négatifs sont très largement présents et se chargent de l’élimination des exsudats. A l’inverse, dès la phase d’épidermisation, les cocci à Gram négatifs disparaissent pour laisser place aux cocci à Gram posi- tifs. Dans tous les cas, ces deux types de germes sont nécessaires à la cicatrisation », poursuit-elle. C’est pourquoi les soins d’une plaie ne doivent en aucun cas être stériles. En revanche, ils doivent être propres. Le nettoyage de la plaie peut se faire soit à l’eau du robinet, soit au sérum physiologique. Mais il ne doit concerner que le pourtour de la plaie afin de ne pas supprimer les facteurs de croissance en œuvre au cœur de cette plaie. Devant toute plaie chronique, les soignants doivent s’interroger sur les différents facteurs en cause dans sa constitution afin d’adapter leurs actions de soins ou de prévention. Ainsi, en présence d’escarres, le malade sera installé dans une position permettant de soulager l’escarre. En cas d’ulcères de la jambe, il n’y a pas de cicatrisation s’il n’y a pas de contention, etc. Le pansement n’est donc qu’un moyen conjugué à d’autres actions soignantes. Les pansements actuels ne sont pas des médicaments, ils n’ont donc pas d’action mécanique sur une plaie. En revanche, ils permettent d’entretenir un milieu humide qui facilite la cicatrisation de la plaie. Il existe plus d’une dizaine de classes de pansements. Le choix d’un pansement sera donc fonction du type de plaie, de sa localisation, de la qualité des exsudats, du malade... et du prix du pansement ! ■ Bilan urodynamique Un patient informé est un patient confiant Des professionnels de santé se sont intéressés au vécu des patients concernés par le bilan urodynamique. Ils les ont interrogés sur l’information qui leur a été ou non préalablement donnée... Les résultats sont édifiants ! M arie-Christine Dechâtre et Catherine Pinon, respectivement médecin et infirmière dans le service d’urologie du CHU d’Angers, ont réalisé une enquête auprès de 100 patients (75 femmes et 25 hommes, âge moyen de 57 ans) convoqués dans le service pour un bilan urodynamique. Le but de leur enquête : apprécier les conditions dans lesquelles ces patients arrivent à la consultation et connaître leur tolérance et leur appréciation globale de l’examen. Un questionnaire portant sur leur niveau d’information du point de vue des modalités de l’examen a été remis à chaque patient à l’arrivée dans le service. A l’issue du bilan, un deuxième questionnaire leur a été donné, reposant sur des échelles visuelles analogiques relatives à la douleur, au désagrément et au sentiment de confiance vis-àvis de l’équipe soignante. Il ressort de cette enquête que le vécu du bilan urodynamique est globalement satisfaisant et que 95,5 % des patients accepteraient de le refaire si cela était nécessaire. L’examen est considéré comme peu douloureux, d’une durée raisonnable, et mieux toléré que les symptômes qui amènent à consulter. Néanmoins, il apparaît clairement que le manque d’information préalable est une source d’angoisse, générant de nombreuses appréhensions chez les patients. En effet, 63 % des patients interrogés ignoraient ce qu’est un bilan urodynamique et 45 % étaient inquiets avant l’examen : ils avaient peur d’avoir mal (50 %), d’être sondés (42,1 %), de devoir garder une sonde (47,3 %), d’être gênés pour conduire ensuite (11,8 %), d’avoir une injection (7,8 %), d’avoir des difficultés pour travailler ensuite (6,5 %). Une analyse de la prescription montre que 30 % des patients étaient adressés par leur médecin généraliste, et 31,8 % par un urologue (lequel a fourni des explications dans 63,6 % des cas). Parallèlement, les patients directement convoqués par l’unité d’urodynamique (38 %) avaient reçu une lettre d’information et étaient rassurés dans 90 % des cas. Cette enquête montre à quel point l’information préalable des patients est un facteur important pour mettre en confiance le sujet, pour un examen au cours duquel sa participation est indispensable. ■ D’après les propos tenus lors de l’atelier “Handicap et incontinence” organisé en collaboration avec les laboratoires Astra Tech. 31