T
r i b u n e
La Lettre du Rhumatologue - n° 302 - mai 2004
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avec l’état du malade” (art. R 322-10-2 du
code de la S.S.)
C’est un élément d’ap p r é c i ation médical
simple à mettre en œuvre si l’on prend la
peine d’y réfléchir.
Le fait d’être en ALD pour une pathologie
grave peut être parfaitement compat i bl e
avec l’utilisation de tra n s p o rts peu coûteux
(bus, voiture particulière).
Nous connaissons tous des insuffi s a n t s
rénaux qui vont en dialyse avec leur vo i t u re
et des “petits” insuffisants coronariens qui
ne vont chez le cardiologue qu’en taxi ou
VSL alors qu’ils sont deve nus (grâce à nos
conseils) de meilleurs marcheurs que leur
médecin. Nous avons tous dans nos clien-
tèles des patients atteints de Pr ou de SPA
qui sont suffisamment courageux pour
fa i re les effo rts que d’autre s , atteints de
pathologies moins graves ou invalidantes,
répugnent à faire.
La loi est bien faite et ses termes ont été
pesés pour nous permettre d’en appliquer
l ’ e s p rit à chaque situation. Lorsqu’elle pré-
cise, par exemple, que la prescription doit
respecter “la plus stricte économie com-
patible avec la qualité, la sécurité et l’effi-
cacité des soins” (art. L 162-2-1 du code
de la S.S. - art. 8 du code de déontologie
m é d i c a l e ) , elle nous impose de pre s c ri r e des
transports en commun à tous les malades
autonomes dépourvus de vo i t u r e qui se
déplacent dans les grandes agg l o m é rat i o n s ,
mais elle ouvre la possibilité d’une pres-
cription d’un transport plus coûteux (taxi,
VSL) si ce même malade habite un lieu isolé,
en pleine campagne où il n’y a pas de tra n s-
p o r t en commun puisque la qualité des soins
est à ce prix. C’est de cet espace de liberté
qu’il nous faut user avec rigueur.
La prescription doit être rédigée sur l’im-
p r imé spécifique (Cerfa n ° 5 0 7 4 2 # 01) mis
à disposition des pre s c ri p t e u r s par les caisses
et il conv i e n t , bien entendu, de le compléter
avec précision en fonction de la situation du
malade (ALD, accident du trava i l , h o s p i t a l i -
s a t i o n , e t c.). À noter que certaines situat i o n s
nécessitent un accord préalable de l’orga-
nisme de prise en ch a rge (tra n s p o rts en séri e ,
longue distance,etc.). Elles sont détaillées
sur l’imprimé de prescription.
C’est au regard de cette prescription “rai-
s o n n é e ” que la caisse pourra re m b o u rser au
malade ses frais de tra n s p o rt selon la régle-
m e n t ation en vigueur. Cette réglementa-
t i o n , c o m p l e xe, est du strict domaine admi-
n i s t rat i f . Il n’est pas nécessaire que le
médecin la connaisse en détail. Pour toute
demande de renseignements concernant ce
sujet, il convient de conseiller au malade
de s’adresser à son organisme de prise en
charge.
On peut, cependant, retenir que toutes les
p r e s c r iptions de tra n s p o r t ne seront pas re m-
boursées et que seuls seront pris en charge
ceux pre s c r its dans le cadre du “ gros ri s q u e ” :
A L D,h o s p i t a l i s at i o n , t ra n s p o rts en séri e
pour dialyse, radiothérapie, etc. Les autres
re s t e ront à la ch a rge des malades. La rédac-
tion d’un cert i fi c at n’est pas à rédiger a
p o s t e ri o ri , mais avant toute décision de
c o n s u l t a tion ou hospitalisat i o n : les pat i e n t s
subissent tro p , à notre av i s , les pressions des
transporteurs quand ils ne prennent pas à
notre insu une bien fâcheuse disposition.
La Sécurité sociale et les mutuelles dev r a i e nt
re n fo r cer leur campagne d’ex p l i c ation et
de pédagogie sur les patients (ou usagers)
et les tra n s p o rt e u r s , en rappelant que la
s i g n at u re d’un cert i fi c at est une décision
médicale.
B i b l i o g r a p h i e
1.
Accord national de bon usage des soins sur les
prescriptions de transports - J.O. du 17 septembre
2003;15 996-7.
■
La prescription de transports est deve-
nue une activité courante de l’exercice
médical. Alors qu’il s’agit d’un secteur
générant des dépenses rapidement crois-
santes, nombreux sont encore les médecins
qui, dans cette situation, ne savent quelle
attitude adopter.
■
Les règles de prescription sont pour-
tant simples. Elles viennent d’être remises
au premier plan dans le cadre d’un ACBUS
s’appuyant sur un référentiel médical validé
par l’ANAES :
–il faut tout d’abord s’assurer que le
malade est dans l’obligation de se dépla-
cer pour recevoir les soins appropriés à son
état. En cas de réponse négative, il n’y a
pas lieu d’établir de prescription (se faire
soigner à Paris lorsque l’on habite la pro-
vince résulte plus souvent d’un choix du
malade que d’une obligation médicale) ;
– lorsque le principe de l’obligation médi-
cale de déplacement est acquis, il y a lieu de
p re s c r i re le moyen de transport le plus éco-
n o m i q u e compatible avec l’état du malade ;
–tous les moyens de transport peuvent
être prescrits : les transports en commun
(bus, train, etc.), les véhicules personnels
(du malade ou d’un proche), le taxi, le VSL,
l’ambulance ;
–il importe de remplir avec précision l’im-
primé de prescription spécifique mis à d i s-
position des prescripteurs par les caisses ;
–c’est au vu de cette prescription “rai-
sonnée” que la caisse pourra étudier les
possibilités de remboursement, conform é-
ment à la réglementation (complexe) régis-
sant ce domaine ;
–c e r taines situations nécessitent un accord
préalable de l’organisme de prise en charg e
(transports en série ou sur de longues dis-
tances).
P o i n t s f o r t s