1 )-
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Nombreux sont les concepts de mobilisation
articulaire.
Traction axiale, glisser articulaire, mouve-
ments accessoires sont des termes fréquem-
ment utilisés, exprimant les différentes mo-
dalités d’action sur le jeu articulaire. Le point
important est d’utiliser la technique la plus
adaptée à la pathologie incriminée, à l’état du
patient et au stade évolutif de sa pathologie.
Une technique irréalisable en phase post-
traumatique trouvera son épanouissement en
phase post-cicatricielle ligamentaire.
Il est donc important de posséder de nom-
breuses cordes à son arc pour s’adapter au
stade évolutif et au type de pathologie. Nous
présentons, dans ce chapitre, les manœuvres
“cardinales” pour chaque articulation, qui
nous paraissent les plus aisées à pratiquer,
sans pour autant être trop exhaustif.
Dans chacun des paragraphes sont rappelées
les bases anatomiques indispensables à la
compréhension du geste manipulatif.
LE COMPLEXE SCAPULAIRE [1-8, 10-
14, 16-17, 19-24]
Le complexe articulaire de l’épaule associe,
de façon analytique, trois articulations (sca-
pulo-humérale, sterno-costo-claviculaire et
acromio-claviculaire) et deux espaces de
glissement (inter serrato-thoracique et inter
serrato-scapulaire).
Rappels anatomiques
L’articulation sterno-costo-claviculaire
Rappels anatomiques
C’est une articulation en selle, avec parfois
interposition d’un ménisque ou disque, qui lui
donne deux degrés de liberté articulaires, sta-
bilisée par les ligaments sterno-claviculaires
ventraux et dorsaux, le ligament inter-clavicu-
laire, le ligament costo-claviculaire et surtout
un “ligament” actif très puissant et très sta-
ble, le muscle sous-clavier, qui la relie à la
première côte.
Biomécanique
On observe une antépulsion/rétropulsion et
une élévation/abaissement du moignon de
l’épaule. L’ensemble autorise des mouve-
ments de grande amplitude du moignon de
l’épaule, malgré la faible amplitude dans la
sterno-claviculaire en raison du long bras de
levier claviculaire.
Techniques articulaires du membre supérieur
D. Bo n n e a u
Service de Gynécologie-Obstétrique - CHU Carémeau - 30029 Nîmes cedex 9
Institut Supérieur de Thérapeutique Manuelle - 23, avenue des Lierres - 84000 Avignon
www.medecinemanuelle.fr
Médecine du sport et thérapies manuelles
-( 2
L’articulation acromio-claviculaire
Anatomie
C’est une articulation plane, permettant un
glissement avec interposition inconstante
d’un fibro-cartilage surtout à la partie supé-
rieure. La surface articulaire est oblique en
bas et en dedans. Plus rigide, elle est stabili-
sée par des éléments passifs : le ligament
conoïde dans un plan sagittal et le ligament
trapézoïde très puissant dans un plan hori-
zontal ; il faut également citer le ligament
acromio-claviculaire inclus dans la capsule.
C’est une articulation très importante car
semi-mobile et intégrée dans un ligament ac-
tif très puissant qui est la sangle trapézo-del-
toïdienne.
Biomécanique
Il existe une rotation de la clavicule autour de
son axe horizontal soit en avant, soit en arrière.
Ces mouvements rendent compte de la -
cessité absolue de la solidité de cette articula-
tion très vulnérable en pathologie sportive.
L’articulation gléno-humérale
Définition
C’est une sphéroïde de grande mobilité, de
faible stabilité ostéo-articulaire et dont la sta-
bilité est totalement assurée par des muscles
puissants.
Elle autorise trois degrés de liberté articulai-
res autour de trois axes de travail.
Anatomie
Surfaces articulaires
- La tête humérale, 2/5 de sphère, oblique en
haut, en dedans et en arrière.
- La cavité glénoïdale de la scapula, oblique
en avant, dehors et en haut, faiblement
congruente, renforcée par le bourrelet glé-
noïdal ou labrum et à sa partie supérieure
par le ligament du long biceps et à la partie
inférieure par la longue portion du triceps
qui par leur tonus renforcent encore plus la
coaptation des surfaces.
Les moyens de contention
Le s L i g a m e n t s :
- coraco-huméral en deux faisceaux partant
du processus coracoïde pour aller sur les
tubercules majeur et mineur de l’humérus.
- les ligaments gléno-huméraux supérieur,
moyen et inférieur dont la disposition en “Z”
détermine entre eux deux zones de faibles-
se : la supérieure ou foramen supérieur de
Weitbrecht et l’inférieure où fait souvent is-
sue la tête humérale lors des luxations.
- les ligaments à distance qui participent à la
stabilité représentent la voûte acromio-cla-
viculaire qui limite un espace dans lequel
coulisse les tendons du long biceps et du
supra-épineux.
Le s m u s c L e s :
Ce sont des muscles qui sont des actions dif-
férentes : ceux à court bras de levier ont une
action de positionnement des surfaces articu-
laires et ceux à long bras de levier ont une
action puissante de mobilisation. Nous ne fe-
rons qu’une classification en fonction de ce
critère :
- à court bras de levier : Subscapulaire, infra
et supra-épineux, petit rond,
- à grand bras de levier : Biceps, grand rond,
grand dorsal, grand pectoral et deltoïde.
Biomécanique
La biomécanique de la scapulo-humérale a
bénéficié à la fin du siècle dernier d’une part
de l’analyse radiocinématographique, d’autre
part de la modélisation indispensable à l’éla-
boration des prothèses totales.
Techniques articulaires du membre supérieur
3 )-
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Si le nom de starter de l’abduction donné au
supra-epineux a été abandonné, le concept
de butée viscoélastique garde encore un fond
de vérité.
L’étude électro-myographique par électrodes
implantées ou de surface a permis de conce-
voir la notion de couple synergique muscu-
laire responsable de l’orientation et de la mo-
bilisation de la tête humérale.
Ainsi les muscles à court bras de levier qui
constituent la coiffe des rotateurs initient et
dirigent le mouvement dans les trois plans de
l’espace, la force étant obtenue grâce aux
muscles à long bras de levier tel le grand pec-
toral ou le deltoïde.
Les Anglo-Saxons ont décrit des mouvements
complexes de roulement et de patinage met-
tant en évidence une multitude de centres de
rotation instantanée expliquant la complexité
et l’adaptation permanente des mouvements.
Abduction latérale
Deux articulations entrent en jeu : la scapulo-
thoracique pour les 2/5 (espace de glissement
inter serrato-thoracique) et la scapulo-humé-
rale pour les 3/5 le tout allant de 0 à 180° le
plan de l’abduction est à 30° en avant du plan
frontal.
L’e s p a c e d e g L i s s e m e n t s c a p u L o -t h o r a c i q u e :
•Ilreprésente2/5dumouvementàpartirde
30° de l’abduction
•Ilsemeutdanstroisplans:
- dans le plan frontal :
Le mouvement de sonnette ou de bascule.
Les muscles concernés sont l’élévateur de
la scapula, les faisceaux du trapèze et le
dentelé antérieur.
Le mouvement de contre-bascule est déter-
miné par le rhomboïde et le petit pectoral, le
muscle élévateur de la scapula servant de
pivot.
- dans le plan sagittal :
Le mouvement de torsion de la scapula par
rapport à l’axe de la glène environ 20° avec
torsion hélicoïdale autour de la clavicule
(bras de levier ou barre de torsion) qui induit
une résistance élastique jouant le rôle
d’amortisseur au niveau des articulations
distales.
- dans le plan horizontal :
En début d’abduction jusqu’à 50/60° la sca-
pula bascule en arrière, l’angle passe à 25°.
Au-delà de 60° au contraire, elle passe à un
angle de 35°.
Dans le premier temps, action du trapèze
puis dans le second temps action du den-
telé antérieur qui donne un certain degré
d’antépulsion de l’épaule.
ar t i c u L a t i o n s c a p u L o -h u m é r a L e :
Elle représente 3/5 du mouvement. Nous rap-
pellerons, dans un souci propédeutique le
concept de l’existence de deux nuages de
centres instantanés de rotation ou CIR. Cette
conception a été remise en question, car le
roulement et le glissement sont étroitement
associés lors de chaque arc du mouvement :
- nuage postéro-inférieur des centres instan-
tanés de rotation : il sert d’axe de 0 à 50°
d’abduction dans la scapulo-humérale. En
avant les faisceaux supérieurs du subscapu-
laire mobilisent la tête humérale et à la face
postérieure le supra-épineux, infra-épineux
et petit rond dont les fibres sont surtout si-
tuées au-dessus des centres de rotation et
introduisent une composante d’abduction. A
ce moment, se mettent en action les muscles
à long bras de levier dont le deltoïde pour
donner de la puissance au mouvement.
- nuage supérieur des centres instantanés
de rotation : il sert d’axe à l’abduction de
50 à 90° de l’abduction dans la scapulo-
humérale.
- on passe de l’un à l’autre nuage par un har-
monieux mélange de mouvement de roule-
ment et de patinage.
Médecine du sport et thérapies manuelles
-( 4
Adduction
Elle n’est pas passive comme on pourrait le
croire, même si elle a pour simple but de rap-
procher le membre de l’axe du corps. Par
exemple, en cas de conflit sous l’acromion,
supra-épineux et long biceps, type NEER, il y
a élévation de la tête humérale qui vient buter
contre la voûte acromio-coracoïdienne entraî-
nant une compression et une irritation de la
coiffe des rotateurs. Il faudra alors travailler
les abaisseurs de l’humérus mais aussi les
adducteurs entraînant une décoaptation des
muscles de l’épaule : le grand pectoral et le
grand dorsal.
Les pulsions
- Antépulsion ou flexion : elle met en jeu le
coraco-brachial, le faisceau antérieur du
deltoïde et le coraco-biceps avec un mouve-
ment de rotation axiale antérieure de la
clavicule sur son axe.
- Rétropulsion ou extension : elle fait interve-
nir les faisceaux postérieurs du deltoïde, le
grand rond et le grand dorsal avec une rota-
tion axiale postérieure de la clavicule sur
son axe.
Les rotations médiale et latérale
La force des rotateurs médiaux est supérieure
à celle des latéraux.aussi dans ce mouve-
ment, le mode de fonctionnement répond au
concept de couple musculaire assurant en
permanence le centrage optimal de la tête
humérale.
Pathologie
La pathologie est actuellement bien démem-
brée depuis les travaux de Neer, et les diffé-
rents types d’atteinte de la coiffe, de conflit,
de lésion du bourrelet, d’instabilité ou d’at-
teinte tronculaire nerveuse, ont bénéficié des
progrès de l’imagerie moderne.
Il en est de même de l’examen programmé
qui permet de distinguer les signes de tendi-
nopathies, de conflit, d’instabilité ou de ré-
traction capsulaire.
Il n’existe pas de diagnostic propre à la mé-
decine manuelle et l’ostéopathie, si ce n’est
une étude plus précise des variations de mo-
bilité, la recherche de contractures musculai-
res conséquence d’un dysfonctionnement
articulaire, ou l’abord synthétique d’une fonc-
tion plus que d’un organe mécanique.
L’asymétrie du tonus musculaire représente
un des facteurs d’entretien de la pathologie.
Devant toute atteinte de l’épaule, s’impose un
bilan complet du rachis cervico-thoracique et
de l’ensemble du membre supérieur notam-
ment le coude.
Cette approche globale repose sur les bases
anatomiques et neurophysiologiques que sont
le métamère ou le programme biomécanique
de tout muscle poly-articulaire comme le bi-
ceps ou triceps brachial.
Traitement manuel de l’épaule
Les techniques musculaires ont pour but de
rompre le schéma lésionnel le plus fréquent :
- enroulement et ascension du moignon de
l’épaule,
- antéposition et rotation médiale de la tête
humérale.
Les techniques articulaires devront tenir
compte de la faible congruence des surfaces.
Traitement manuel global
Toutes les techniques décrites durant ce cha-
pitre s’appliquent par convention au côté droit
du patient.
Techniques articulaires du membre supérieur
5 )-
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Technique 1 :
Patient : décubitus dorsal
Praticien : debout sur le côté droit du patient,
table à hauteur du trochanter droit.
Prises : main droite du patient sur l’épaule
droite du praticien qui la fixe de sa main droi-
te, de la main gauche il empaume l’épaule du
patient et d’un mouvement global du tronc il
effectue des tractions sur le membre supé-
rieur, et il contrôle de sa main gauche succes-
sivement les articulations sterno- et acromio-
claviculaire (fig. 1).
Technique 2 :
Patient : décubitus dorsal
Praticien : debout sur le côté droit du patient,
table à hauteur du trochanter droit.
Prises : main droite du patient sur le flanc
gauche du praticien qui la fixe de sa main et
de son avant-bras gauches en abduction, de
la main droite il empaume la tête humérale
droite du patient et d’un mouvement rythmi-
que du membre supérieur, il effectue des
mouvements de rétro et d’antépulsion de la
tête (fig. 2).
Technique 3 :
Patient : en latéro-cubitus gauche
Praticien : debout derrière le patient
Prises : la main gauche du médecin empaume
la main droite du patient, l’avant-bras du pa-
tient reposant sur l’avant-bras du praticien, le
patient ayant le coude fléchi et le bras en po-
sition indifférente, coude au corps.
La main gauche du praticien est en appui par
la paume sur la face antéro-supérieure de la
tête de l’humérus.
Le médecin exerce des mouvements d’abduc-
tion, abaissement de la tête humérale (fig. 3).
Fig. 1 : Épaule : technique 1
Fig. 2 : Épaule : technique 2
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