Il était une fois, à l’hôpital Rothschild...

Il était une fois, à l’hôpital Rothschild...
L’
évaluation n’implique pas for-
cément un jugement de valeur.
l’esprit critique pour améliorer
une situation.
L’ hôpital est aujourd’hui un gros
navire qui affronte les tempêtes.
Pour arriver à bon port, il lui faut
faire régulièrement le point sur sa
route. C’est ainsi qu’au lendemain
de la mise en place des 35 heures,
de la refonte du décret de com-
pétences des infirmières et de la
légalisation de l’accès du patient
à son dossier médical, il nous a
semblé incontournable de rema-
nier les modalités de l’évaluation
annuelle du dossier de soins à
l’hôpital Rothschild.
Selon nous, l’organisation des
soins doit privilégier :
la coopération, l’efficacité, la
qualité et la sécurité ;
la globalisation de la prise en
charge du patient ;
une meilleure coordination
entre les professionnels et les sec-
teurs d’activités ;
la mobilité et la motivation des
personnels ;
la communication entre les in-
dividus ;
la réaffirmation des valeurs et
de l’éthique des professionnels au
service de la santé et de l’individu.
La tenue et l’évaluation du dos-
sier de soins font partie intégrante
de l’organisation hospitalière et,
plus précisément, de l’organisa-
tion des soins. Il incombe aux in-
firmières de veiller à la cohérence
des données recueillies dans le
dossier de soins et de mentionner
toutes les informations relatives
au suivi du programme théra-
peutique de chaque patient.
De la même manière que les in-
firmières s’engagent profession-
nellement, les autres partenaires
de santé ont le devoir de s’impli-
quer par le biais de l’écriture et de
contribuer efficacement à la prise
en charge globale du patient.
Quelle que soit notre conviction
au sein de la direction des soins,
nous nous sommes appliqués, au
préalable, à répondre sans ambi-
guïté aux questions posées par les
professionnels entraînés dans la
folle aventure de l’évaluation an-
nuelle du dossier de soins.
Pourquoi ?
A quoi doit servir l’évaluation ou
dans quels buts la fait-on ?
Amélioration de la qualité de
l’intervention, en l’occurrence la
tenue du dossier de soins.
Vérification de son utilité et de
son efficience (la mise en place du
logiciel Gilda en est la parfaite
illustration).
Confirmation des choix poli-
tiques (Direction centrale du ser-
vice de soins infirmiers).
Réponse à une contrainte
institutionnelle (restructuration
et reconversion de l’hôpital
Rothschild).
Quoi ?
Que veut-on vérifier ?
•L’efficacité : les améliorations
des scores et les changements ob-
servés sont-ils dus à l’intervention
précédente avec son panel de re-
commandations et d’observations
en tous genres ?
•L’efficience : quels coûts induits
n’avait-on pas escomptés ?
La pertinence : par rapport aux
besoins des usagers, des pro-
fessionnels, de l’institution, des
décideurs et de la communauté.
Comment ?
Que va-t-on exactement observer
et les questions techniques ont-
elles été examinées de manière
objective ?
Les outils de relevé sont fiables,
validés et opérationnels (référen-
Avant de définir ce qu’est l’évaluation du dossier de soins à
l’hôpital Rothschild, examinons rapidement à quoi ressemblent
les réactions des personnes face à l'évaluation. De façon géné-
rale, et en simplifiant un peu les choses, l’évaluation représente
la mesure des écarts entre une situation observée et une situa-
tion de référence.
Évaluation du dossier de soins
14 Professions Santé Infirmier Infirmière - No47 - juin-juillet 2003
Elle doit sécuriser les personnels
mais aussi l’institution en leur
donnant des repères de progres-
sion et en mettant en évidence
une équipe de professionnels ef-
ficients. Elle signifie : construire
et se construire, évoluer et faire
évoluer, progresser, s’impliquer et
impliquer les autres, améliorer,
adapter et s’adapter. Tout indi-
vidu au travail ne peut se situer
dans une approche qualité que
si les conditions suivantes sont
réunies :
avoir un sentiment de tra-
vail bien fait, c’est-à-dire pouvoir
accomplir son travail dans des
conditions matérielles, humaines,
contextuelles compatibles avec
une production de qualité et bé-
néficier d’un temps d’évaluation
et d’observation fine du travail
produit ;
percevoir la possibilité de dé-
veloppement et de progression :
les perspectives d’une possibilité
de carrière au sein de l’institution
ne sont-elles pas un moteur dé-
terminant de l’énergie positive au
travail ?
connaître ses responsabilités
face aux tâches confiées ;
évaluer les ressources humaines
de l’hôpital et les faire prospé-
rer par des conditions de travail
permettant une reconnaissance
sociale.
Une évaluation permanente
La force de l’évaluation est sa per-
manence. Plus elle est continue,
plus elle est naturelle et inscrite
dans les mœurs. Elle favorise chez
chacun le développement de
tiels émanant de la Direction
centrale du service de soins
infirmiers).
La population observée est suf-
fisante et adéquate (évaluation sur
échantillonnage de dossiers de
patients sortis).
•Les évaluateurs sont qualifiés
(formation dispensée par le cadre
expert en soins infirmiers de l’hô-
pital Rothschild avec supports pé-
dagogiques remis aux évaluateurs).
Pour qui ?
Pour qui “roule” l’évaluateur ?
•Déjà pour les protagonistes de
l’évaluation eux-mêmes !
•Surtout pour les patients (contri-
bution permanente à l’amélioration
de la prestation globale de soins).
•Pour les instances.
Pour la hiérarchie (Direction
centrale du service de soins
infirmiers).
Alors, et après ?
Comment est-il prévu d’utiliser
les résultats ?
•Recommandations.
•Réduction des écarts.
•Aide à la décision.
•Soutien (formation adaptée si
nécessaire).
•Décisions.
•Sanctions (impacts sur les points
CIRES).
La Direction centrale du service de
soins infirmiers a ainsi soumis un
projet de réaménagement des rôles
dans l’évaluation du dossier de
soins afin d’impliquer les person-
nels, principaux utilisateurs du
dossier de soins, et également
d’améliorer la qualité des presta-
tions de soins dans leur intégralité.
Les infirmières et les cadres infir-
miers, évaluateurs tout désignés,
ont eu en première intention une
attitude de prudence, voire de
méfiance. Il est vrai que, si cer-
taines personnes ont exprimé des
réserves, des hésitations face à cet
état de fait, d’autres ont d’emblée
accueilli favorablement le chan-
gement proposé. Les quelques ré-
sistances que nous avons pu ren-
contrer s’inscrivaient totalement
dans une logique de peur de l’in-
connu, de rupture dans les habi-
tudes, ce qui constitue, en soi,
une mesure d’économie.
Notre projet s’inscrit totalement
dans notre philosophie de gestion
intégrale de la qualité des soins.
Afin d’apprécier l’accomplisse-
ment des objectifs que nous
avons fixés en début de projet,
nous avons évalué, et ce avec trois
années d’expérience, la qualité
des soins infirmiers par le biais de
l’évaluation du dossier de soins.
Nous espérons avoir transformé
les contraintes en défis collectifs
et favorisé les remises en ques-
tion de chacun pour essayer de
mieux faire. Nous nous félicitons
des retombées de la démarche
entreprise :
–au niveau de la conception de
la pratique infirmière ;
au niveau de notre implication
dans la démarche qualité ;
au niveau de la responsabilisa-
tion des personnels ;
au niveau de notre stratégie de
management (mode participatif,
partenariat, volontariat, commu-
nication permanente avec les ser-
vices de soins, utilisation des ins-
tances officielles, soutien de la
direction de l’hôpital Rothschild,
(AP-HP, Paris).
Conclusion
S’il est vrai que les infirmières
cherchent des solutions pour ob-
tenir une meilleure tenue de leurs
dossiers, elles ne sont pas encore
toutes intimement convaincues
que l’évaluation annuelle du dos-
sier de soins leur ouvrira une voie
royale dans l’identification des
points de difficulté et qu’elle leur
permettra d’en rechercher les
causes pour y remédier.
L’engagement et l’implication des
personnels constitueront des com-
posantes fondamentales et un gage
de réussite de l’action projetée.
Muriel Nauche
Cadre supérieur infirmier ; expert en soins,
hôpital Rothschild (AP-HP).
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No47 - juin-juillet 2003
Hôpitaux récompensés
La Fondation Hôpitaux de Paris-
Hôpitaux de France et son jury ont
attribué trois prix aux hôpitaux de
Jeumont, Rennes et Quimper. Ces
prix récompensent les établissements
hospitaliers français qui se sont mo-
bilisés dans le cadre de l’opération
“+ de vie” 2002, campagne nationale
de solidarité en faveur des personnes
âgées hospitalisées qui s’est déroulée
du 1
er
au 26 octobre 2002. Pour les
hôpitaux qui ont manqué l’opération
2003 en n’envoyant pas les dossiers
de candidature à temps, rendez-
vous en octobre prochain pour la
7
e
édition de l’opération “+ de vie”.
(Contact : C. Moreau. Téléphone :
01 40 27 19 29).
Exportations de médicaments
à bas prix
Les Quinze de l’Union européenne
(UE), ont adopté récemment un mé-
canisme destiné à favoriser les ex-
portations de médicaments à prix ré-
duits vers les pays pauvres en
empêchant leur réimportation illé-
gale dans l’UE. Le système prévoit
notamment l’apposition d’un logo
spécifique sur ces médicaments pour
que les douanes des pays membres
puissent empêcher leur retour dans
l’UE. Les médicaments visés par ce
système concernent pour l’instant le
sida, la tuberculose et le paludisme.
Mais la liste pourrait être étendue
ultérieurement. Cette initiative de
l’UE est distincte du débat actuel
mené au sein de l’Organisation mon-
diale du commerce.
CMU en Guyane
Le nombre de bénéficiaires de la cou-
verture maladie universelle (CMU)
en Guyane était d’environ 50 000 en
décembre 2002, soit un tiers de la
population légale (156 790 habi-
tants), un chiffre dépassant de loin
les prévisions, selon des données re-
cueillies par l’AFP. Les chiffres mon-
trent une progression importante :
8000 bénéficiaires de plus par rap-
port à décembre 2001, où ils étaient
42 000 (source Medhermes).
Brèves...
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