Préliminaire, flash-back : à cette question,
le premier Forum des outils de prévention,
“Les cités européennes face à la drogue”,
qui s’était tenu à l’initiative de FIRST
(Formation information recherches sida,
toxicomanies) en janvier 1990 au siège du
Conseil de l’Europe à Strasbourg, avait
tenté d’apporter un début de réponse en
cherchant à mieux comprendre comment se
construisent les discours, les images, les
représentations à propos des toxicomanies.
Faisant suite à cet événement, le ministère
de la Jeunesse et des Sports a tenu à pro-
mouvoir une collaboration entre une quin-
zaine d’associations et d’institutions
concernées par les usages de drogues, avec
le soutien de la Délégation générale à la
lutte contre la drogue et la toxicomanie,
avec pour objectif la réalisation d’un
fichier national des outils pédagogiques
destinés à la prévention des toxicomanies.
Ce fut l’initiative “Jalons”. Il s’agissait,
non seulement de répertorier les outils exis-
tants, mais aussi de proposer aux utilisa-
teurs une appréciation critique susceptible
de guider leur choix face à la prolifération
de l’offre.
Afin d’analyser les outils recensés de la
façon la plus rigoureuse et la plus cohéren-
te possible, il fallait en passer par une étape
indispensable : celle de l’élaboration d’une
pensée commune qui devait pouvoir être
assumée “par chacun des membres des
groupes de travail et permettre de définir
ensemble des critères pour l’analyse des
outils” (Jalons, 1992).
La commission de validation
des outils
En 2000, La Mission de lutte contre la
drogue et la toxicomanie innove en créant
la Commission de validation des outils de
prévention des usages des produits psycho-
actifs. Composée de représentants des
administrations membres du Comité inter-
ministériel de la MILDT, et d’experts
scientifiques du champ de la connaissance
des comportements des jeunes, des
conduites de consommation de produits
psycho-actifs et de la pédagogie de la pré-
vention, ses objectifs en étaient : d’apporter
un soutien technique aux concepteurs de
projets ; de garantir la fiabilité des conte-
nus et une plus grande cohérence des mes-
sages de prévention ; de constituer, à
l’échelon national, une banque de données
accessible à tous.
Elle se prononce en fonction de critères
partagés par tous ses membres portant sur
l’exactitude des données, le respect des
personnes et des lois, la qualité scienti-
fique, pédagogique et technique, l’adéqua-
tion entre le public visé et l’outil lui-même.
Un consensus, s’appuyant sur le question-
nement et le dialogue, est recherché au sein
de la Commission.
Pour guider les experts dans l’examen des
outils, une grille de validation dont les critères
ont été mis au point avec l’appui de l’OFDT
(Observatoire français des drogues et des toxi-
comanies) a été élaborée. La Commission
délivre un avis qui décide de la validation.
Pour saisir la Commission de validation des
outils de prévention, la procédure est
simple. Il faut prendre contact avec le
Secrétariat permanent de la Commission et
adresser un courrier au président de la
MILDT demandant l’examen de l’outil.
L’outil sera ensuite examiné par plusieurs
experts qui rendront leurs conclusions lors
de la session de la Commission qui se tient
environ tous les deux mois.
Le bilan d’étape
La Commission de validation des outils de
prévention des usages de substances psy-
chactives a tenu 15 séances de travail
depuis son installation le 13 janvier 2000.
Plus de 100 outils de prévention d’origines
et de conceptions très diverses ont été exa-
minés. 46 outils ont été validés par la
Commission (voir liste jointe, Fiche).
La MILDT publie sur son site l’ensemble
des outils proposés à la validation.
L’assiduité des membres de la Commission
traduit l’intérêt que chacun trouve à cette
procédure de validation. La Commission
est un observatoire privilégié des actions de
prévention menées sur le territoire qui a
l’ambition de servir de référence à la pro-
duction d’outils en recommandant au
niveau national des outils validés.
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Valoriser les outils
de prévention existants
Michel Erlich *
Depuis de nombreuses années, on constate une prolifération de l’offre
d’outils de prévention. Sur les quatre dernières années, la base de
données de Toxibase qui recense les outils de prévention, en a “
rentré” plus de 400 divers et variés. C’est dire l’importance
de la production dans ce domaine…
Derrière cette profusion, il faut voir le dynamisme des acteurs de pré-
vention souvent convaincus qu’il suffit d’un bon outil pour faire une
bonne prévention. Mais il faut voir aussi l’expression du débat sur la
drogue et de l’affrontement idéologique que celui-ci suscite. Encore et
toujours ! Comment y voir clair, quel ménage faire dans cette produc-
tion prolifique ? Depuis le 13 janvier 2000, la commission de valida-
tion des outils de prévention de la MILDT s’est livrée à un important
travail de “screening” de ces outils : 100 d’entre eux ont été exami-
nés et 46 validés. Vous en trouverez la liste dans la “Fiche”.
* Chargé de mission prévention MILDT, secré-
tariat permanent de la Commission de valida-
tion des outils de prévention. michel.erlich
@mildt.premier-ministre.gouv.fr
Tél. : 01 44 63 21 04. Fax : 01 44 63 21 02.
MILDT : 7, rue Saint-Georges 75009 Paris.
Toutefois, cette volonté d’aider les concep-
teurs à améliorer leurs produits ne va pas
sans créer certaines difficultés. Annoncer
qu’un outil n’a pas été validé risque de pro-
duire un effet de “démobilisation” chez ses
promoteurs. Pourtant, tous les outils pré-
sentés n’ont pas vocation à devenir “des
outils nationaux”. Ils sont souvent la valo-
risation ou l’aboutissement d’actions de
prévention la plupart du temps menées avec
un groupe de jeunes, mais ne sont pas pour
autant “exportables”, généralisables. La
démarche de prévention peut être tout à fait
digne d’intérêt, mais au final, la production
faite ne prendre sens que pour le groupe qui
en est l’auteur. D’autres outils, ont peut être
des qualités plus “universelles”, mais ils
n’ont pas mis en œuvre les moyens tech-
niques voulus et ne sont pas parvenus à
atteindre les objectifs que leurs concepteurs
s’étaient fixés. D’autres, enfin, n’ont pu
bénéficier que de moyens financiers réduits
et ne pourront donc pas garantir une large
diffusion. Dans ces conditions, pourquoi
“labelliser” un outil que les acteurs de pré-
vention ne trouveront pas sur le marché ?
Des nouveaux outils ? oui mais
Pour réaliser son propre outil de préven-
tion, surtout si l’on veut impliquer des
financements publics, il faut s’entourer
d’un certain nombre de précautions, car
une telle “entreprise” nécessite des
connaissances et des savoir-faire multiples:
connaissance des sujets et des ressources,
des ressorts de prévention, maîtrise des
techniques de communication et de gra-
phisme…
Si la création d’un outil peut être l’occasion
de mobiliser les acteurs de prévention
locaux autour d’un objectif commun, un
certain nombre de questions doivent cepen-
dant être posées au préalable. Par exemple,
il convient de s’assurer que l’outil projeté
n’a pas déjà été réalisé par d’autres, peut-
être avec plus de moyens. Il faut donc faire
“un état des lieux” de l’existant et, pour
cela, il ne faut pas hésiter à consulter les
bases de données disponibles sur le sujet :
CIRDD (Centre d’information et de res-
sources sur la drogue et les dépendances),
base de données Toxibase, liste des outils
validés par la MILDT, pédagothèque de
l’INPES… Une fois cette première étape de
“défrichagefranchie, il faut ensuite
“poser” et suivre une méthodologie rigou-
reuse.
À noter : la “fiche d’identité producteur”,
élaborée par la Commission de validation
pour informer finement les experts sur les
objectifs affichés par les producteurs d’ou-
tils, peut servir de repère méthodologique.
Enfin, un point important est à souligner :
il concerne la complémentarité entre pré-
vention, information et communication. Si
l’information est une des conditions néces-
saires de la prévention, elle ne peut, en rien,
se substituer à elle.
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Nos athlètes manqueraient-ils à ce point
de souffle ?
Souvenir : 60 % des athlètes des jeux de Lillehammer étaient en posses-
sion d’une prescription de salbutamol, de salméterol, de formotérol ou
de terbutaline, sous forme inhalée, la seule autorisée pour prévenir et
traiter les crises d’asthme de repos et d’effort ! Même “épidémie” d’asth-
me, ces derniers temps, chez les pratiquants à bon niveau du cyclisme, de
la natation, du triathlon, de l’athlétisme… C’est ce que l’on appelle (ne
pas) manquer de souffle ! Il faut dire que les bêta-2 agonistes, broncho-
dilatateurs utilisés dans le traitement de cette forme d’asthme, sont aussi
des agents stimulants et anabolisants, et comme tels consommés comme
agents dopants. Or, pour départager ce qui ressort de la prescription
médicale justifiée de l’alibi thérapeutique à des fins de dopage, il faudrait
aujourd’hui disposer de nouvelles méthodes de dépistage. Pour le
moment, la méthode la plus couramment employée est la chromatogra-
phie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse, mais d’autres sont
actuellement à l’étude qui devraient permettre de statuer sur la nature
de la prescription destinée à une utilisation licite (par inhalation) ou frau-
duleuse (en fortes doses ou par voie orale).
Marquis A, Marquet P (Limoges). La Lettre du Pharmacologue 2003 ; 17, n°1 :
10-3.
Le rôle de starter des stéroïdes anabolisants
Quand on cherche, on peut trouver… la consommation initiale de
stéroïdes anabolisants chez les jeunes hommes en traitement pour
leur dépendance à l’alcool, à la cocaïne et aux opiacés. Dans cette
étude qui a porté sur 223 hommes admis dans un service de traite-
ment américain pour leur dépendance à l’alcool, à l’héroïne, à la
cocaïne, 29 de ces patients, soit 13 % de l’ensemble, avaient bien pris
des stéroïdes anabolisants mais cela n’avait été enregistré dans leur
dossier médical que pour 4 d’entre eux. Parmi
les 88 patients dont la drogue première était
l’héroïne, 22 soit 25 % d’entre eux, reconnais-
saient avoir pris des stéroïdes anabolisants contre 7, soit 5 % des 135
autres patients. Parmi ces 29 consommateurs de stéroïdes anaboli-
sants, interviewés très précisément sur leur histoire, 7 héroïnomanes
ont dit qu’ils avaient pour la première fois entendu parler de l’héroï-
ne par des amis rencontrés au cours de leurs activités gymniques et
qu’ils avaient d’ailleurs pu en acheter auprès de ceux qui leur avaient
déjà vendu des stéroïdes anabolisants. Enfin, pour 7 de ces patients,
les stéroïdes étaient les premières drogues qu’ils s’étaient injectées…
Kanayama G et al. (Belmont), J Clin Psychiatry 2003 ; 64 : 156-60.
Les hormones de croissance sont loin d’être anodines
Les sportifs, surtout ceux qui exercent un sport où la performance est
corrélée de façon significative à la masse musculaire, recherchent l’hor-
mone de croissance (hGH) parce qu’elle a des effets anabolisants et lipo-
lytiques, qu’elle augmente la résistance des tendons à l’effort, qu’elle favo-
rise la diminution du temps de récupération en réduisant le catabolisme
protidique. Appartenant à la classe E (hormones peptidiques, substances
mimétiques et analogues) des substances interdites par le code anti-
dopage du mouvement olympique et par le ministère de la Jeunesse et
des Sports français, elle est facile d’emploi puisqu’elle s’administre par un
stylo prêt pour l’auto-injection. Comme elle est actuellement non détec-
table dans le cadre des contrôles antidopage, elle fait l’objet d’un trafic à
grande échelle. Or, loin d’être anodine, elle provoque des troubles de la
glycorégulation, une élévation des acides gras libres, une rétention hydro-
sodée. Elle peut aussi être responsable d’une dysmorphie acrofaciale, faire
“flamber” un cancer du sein et du côlon, provoquer, au point d’injec-
tion, des lipodystrophies.
F.A.R.
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Le Courrier des addictions (5), n° 2, avril-mai-juin 2003
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