Le but est de diriger la cicatrisation de lésions évolutives en
séquelles organisées, qui peuvent conduire, dans un certain
nombre de cas, à proposer un traitement chirurgical sur
des lésions stables, facteur nécessaire pour éviter des échecs
thérapeutiques.
Atteintes sévères de la filière respiratoire :
la place du nettoyage endoscopique au tube rigide,
des dilatations, du calibrage et de la trachéotomie
Ces traitements sont réservés aux obstructions de la filière de
plus de 50 %. Les patients doivent être hospitalisés dans une
structure de réanimation ou dans un service permettant à tout
moment de faire face à une aggravation de leur état respiratoire.
La tolérance des lésions et leurs traitements doivent tenir compte
de l’état général du patient, en particulier sur les plans pulmo-
naire, cardiaque et rénal. Il faut privilégier, chez un patient dia-
lysé ou présentant une angine de poitrine, une sécurité respira-
toire. Si le patient est transportable, un scanner laryngotrachéal
avec la réalisation de coupes frontales permettra d’apporter des
précisions quant à l’état de la charpente cartilagineuse, la topo-
graphie et l’étendue des lésions.
La décision de réaliser un bilan précis topographique par laryn-
gotrachéoscopie au tube rigide, sous anesthésie générale, doit
prendre en compte le bénéfice potentiel de cette endoscopie et
le risque de trachéotomie. Dans ce contexte, on doit de principe
prévoir une intubation difficile. Cette endoscopie est discutée
cas par cas, entre réanimateurs et ORL. En effet, si le nettoyage
des lésions et les dilatations au tube rigide permettent de pas-
ser une étape dans un certain nombre de cas, une décompensa-
tion respiratoire est toujours à craindre, tout geste sur la filière
relançant le processus inflammatoire, avec le risque de tra-
chéotomie au décours. Dans un certain nombre de cas cepen-
dant, la réalisation d’une trachéotomie est préférable, permet-
tant, dans des conditions de sécurité ventilatoire, le traitement
endoscopique de lésions, en particulier laryngées, et de mettre
en place un calibrage précocement.
Atteintes laryngées
L’existence d’une diminution bilatérale de la mobilité du larynx
persistante, mal tolérée, doit faire discuter une trachéotomie,
avant d’envisager un traitement spécifique ultérieur. Il est en effet
dangereux et inadéquat de proposer un geste à type de cordoto-
mie sur une filière instable et potentiellement évolutive. En cas
d’atteinte sévère du cricoïde, la trachéotomie est aussi nécessaire
pour court-circuiter l’obstacle, afin de mettre au repos le seul car-
tilage laryngé assurant sa filière. Après l’exérèse des lésions obs-
tructives, un calibrage réalisé avec un tube de silicone est indi-
qué en présence de lésions sténosantes, inflammatoires et
granulomateuses.
Le traitement endoscopique des lésions permet un nettoyage de
la filière et offre la possibilité de réaliser des dilatations. Le net-
toyage endoscopique est réalisé aux micro-instruments ou au
laser CO2, et, plus récemment, au laser KTP ou au laser diode.
Lorsqu’ils sont obstructifs, de volumineux granulomes peuvent
ainsi être enlevés, mais, en l’absence de conséquence sur la
filière respiratoire, ils sont laissés en place, car ils récidivent
tant que le mode évolutif des lésions est présent. Des dilatations
aux trachéoscopes ou aux bougies de différentes tailles y sont
souvent associées pour reperméabiliser la filière et, dans cer-
tains cas, pour pouvoir mettre en place un calibrage. Les dila-
tations peuvent être répétées jusqu’à obtenir un état stable des
lésions, avant d’envisager un traitement curatif. Les calibrages
utilisés sont de préférence des tubes en T en silicone, de type
Montgomery, et sont posés en cas de lésions obstructives pré-
sentant un risque élevé de cicatrisation fibreuse sténosante. Ils
sont maintenus pendant toute la durée de la période évolutive.
Par la suite, leur retrait permettra d’apprécier le calibre laryngé
et d’envisager, si nécessaire, une chirurgie visant à agrandir la
filière laryngée.
Atteintes trachéales
Dans les lésions trachéales, le but du traitement est d’éviter la
réalisation d’une trachéotomie, en favorisant le traitement médi-
cal, l’antibiothérapie et le drainage des sécrétions. En cas
d’échec et en cas de mauvaise tolérance respiratoire, ne per-
mettant pas d’attendre l’effet du traitement médical, deux solu-
tions thérapeutiques doivent être envisagées. Dans le premier
cas, sur des lésions obstructives inflammatoires limitées en hau-
teur, une trachéoscopie sous anesthésie générale peut permettre
l’ablation des lésions obstructives et la dilatation des lésions,
en évitant une trachéotomie. Cette dilatation peut être répétée
régulièrement jusqu’à l’obtention de lésions stables pouvant
bénéficier d’une résection-anastomose de la trachée. La fré-
quence des dilatations et leur rythme, imposé en fonction de
l’état respiratoire, fournissent des renseignements sur l’évolu-
tivité des lésions. Cependant, en cas de lésions étendues et
d’atteinte majeure de l’armature cartilagineuse trachéale, une
trachéotomie sous anesthésie locale sera réalisée, si possible en
regard des lésions les plus importantes. La mise en place d’un
tube de Montgomery au décours permet de diriger la cicatrisa-
tion, la trachéotomie étant la source d’une iatrogénie impor-
tante sur une trachée traumatisée.
Les règles de la trachéotomie
La trachéotomie réalisée dans ce contexte doit obéir à plusieurs
règles visant à diminuer sa iatrogénie : elle est faite à distance
du cartilage cricoïde (au troisième ou quatrième anneau tra-
chéal) ; sa réalisation en H permet de diminuer le risque de for-
mation d’un éperon sus-canulaire et de respecter au maximum
les anneaux trachéaux tout en assurant un accès facile en cas de
décanulation accidentelle. Une désinfection locale pluriquoti-
dienne pour éviter l’infection ascendante est nécessaire. En
l’absence de fausses routes, il est préférable d’utiliser une canule
dépourvue de ballonnet, pour éviter une stase de sécrétions en
amont du ballonnet et pour diminuer une source d’hyperpres-
sion trachéale. La taille et la courbure de la canule doivent être
adaptées à celles de la trachée et de l’orifice de trachéotomie,
c’est-à-dire d’un diamètre inférieur pour éviter une surpression
le long des parois. Une canule avec chemise interne doit être
préférée pour des raisons de sécurité.
La trachéotomie percutanée par dilatation a été développée
comme une alternative à la trachéotomie chirurgicale. Elle est
DOSSIER
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no257 - novembre 2000
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