VOCABULAIRE
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La Lettre du Pneumologue - Vol. II - n° 5 - octobre 1999
sées et vomissements (5). À la dose de 0,05 mg par milli-
gramme de morphine, le dropéridol permet de réduire la sévé-
rité et l’incidence des effets secondaires sans induire de som-
nolence. Cet aspect de l’utilisation de la PCA est important à
considérer dans la mesure où la survenue de tels effets indési-
rables conduit le patient à limiter sa consommation de mor-
phine, donnant ainsi des renseignements erronés sur ses réels
besoins en antalgiques.
La voie d’administration
La morphine employée selon la technique de PCA peut être
administrée soit par voie intraveineuse, soit par voie sous-cuta-
née. Du fait de la réabsorption, on peut s’attendre à ce que la
voie sous-cutanée n’offre pas les mêmes avantages que la voie
intraveineuse, à savoir un délai d’action rapide, un contrôle
plus rapide et plus facile de l’efficacité du produit employé. Il
faut donc, chaque fois que cela est possible, privilégier la voie
intraveineuse.
La titration
Que le patient soit hospitalisé ou qu’il soit traité à domicile,
l’initiation du traitement morphinique par voie intraveineuse
selon la technique de PCA nécessite de réaliser une titration.
La titration permet d’établir rapidement, pour le patient consi-
déré, la concentration plasmatique de morphine qui sera effi-
cace. Il suffit d’injecter, par voie intraveineuse, 3 à 5 mg de
morphine toutes les 10 minutes, jusqu’à obtenir soit une som-
nolence, soit un soulagement coté en dessous de 4 sur une
échelle visuelle analogique (EVA). Une fois que cette concen-
tration est établie, le patient pourra maintenir cette qualité
d’analgésie en appuyant sur son bouton poussoir, qui délivrera
la dose bolus prescrite.
Les paramètres de la pompe
Le patient gère sa douleur, mais il reste sous le contrôle du
médecin qui a prescrit la PCA. En effet, celui-ci doit fixer les
valeurs de la dose bolus, de la période d’interdiction et de la
dose limite des 4 heures.
•
•La dose bolus est la dose que reçoit le patient quand il appuie
sur le bouton poussoir. Elle ne doit pas être trop importante
pour éviter l’apparition d’effets secondaires comme la somno-
lence. Elle doit être suffisante pour que le patient puisse res-
sentir les bénéfices de l’injection. La dose de 1 mg de mor-
phine permet d’obtenir un bon niveau de soulagement pour la
majorité des patients (6).
•
•La période d’interdiction est le temps pendant lequel, même
si le patient appuie sur son bouton poussoir, il ne reçoit aucune
injection de morphine. Elle correspond au délai d’obtention du
pic d’analgésie du morphinique employé. Elle ne doit être ni
trop prolongée, pour éviter l’insatisfaction du patient, ni trop
courte, afin d’éviter les surdosages (7).
•
•La dose limite horaire ou des 4 heures permet plus de sur-
veiller que de limiter la consommation de morphine dans le
temps. Son utilisation n’est pas obligatoire, mais c’est un para-
mètre de contrôle permettant de renforcer la sécurité de la
technique. Elle peut être fixée à 5-6 mg/heure, soit 20-24 mg
pour 4 heures, et doit pouvoir être modifiée rapidement.
La durée du traitement par PCA
On peut considérer deux cas de figure :
•
•Le patient est traité pour un épisode aigu de sa maladie :
dans ce cas, on peut laisser la pompe jusqu’à la fin de cet épi-
sode, si celui-ci est court. La fin de l’épisode est annoncée par
une diminution de la consommation de morphine. Sinon, on
assurera un relais par une prise orale de morphine.
•
•Le patient a bénéficié d’une PCA pour initialiser un traite-
ment par voie orale qui durera plusieurs mois, le but étant de
déterminer la posologie journalière.
Dans les deux cas, dès que le patient est stabilisé, la dose jour-
nalière de morphine administrée par voie orale sera calculée à
partir de la dose journalière injectée par voie intraveineuse, en
la multipliant par 3.
Cette dose orale sera fractionnée en deux prises si l’on utilise
Skenan®ou Moscontin®; elle ne sera pas fractionnée dans le
cas de Kapanol®. Si la PCA a jusque-là été utilisée par voie
sous-cutanée, le facteur de conversion est de 2.
CONCLUSION
L’utilisation de la PCA dans le traitement des douleurs chro-
niques bénignes est réduite. Cependant, les renseignements
qu’elle peut fournir concernant les besoins en morphine des
patients sont précieux, car adaptés à chaque cas. Il faut penser
à recourir à cette technique chaque fois que le contrôle de la
douleur est difficile à obtenir. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Sechzer P.H. Objective measurement of pain. Anaesthesiology 1968 ; 29 :
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2. Ballantyne J.C., Carr D.B., Chalmers T.C. et coll. Postoperative patient-
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5. Sharma S.K., Davies M. Patient-controlled analgesia with a mixture of mor-
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6. Love D.R., Owen H., Isley A.H. A comparison of variable-dose patient-
controlled analgesia with fixed-dose patient-controlled analgesia. Anesth Analg
1996 ; 83 : 1060-4.
7. Ginsberg B., Gil K.M., Muir M. et coll. The influence of lockout intervals and
drug selection on patient-controlled analgesia following gynecological surgery.
Pain 1995 ; 62 : 95-100.
© La Lettre du Rhumatologue n° 252