Le pouvoir en Islam mane thoriquement de Dieu.
Muhammad, en tant quenvoy de Dieu et prophte de sa Loi sacre, est le dtenteur dun pouvoir
thocratique. Ce pouvoir est a priori spirituel et religieux, mais du fait de la nature morale et
juridique de nombreux versets coraniques et hadth, il est le fondement de lautorit politique et
militaire sur la communaut des croyants lumma. Les pactes de Aqaba et la constitution de
Mdine contracts entre les Mdinois, les musulmans mecquois et Muhammad sont les actes
crateurs de cette umma, et reconnaissent le prophte comme chef politique. Muhammad
luimme na pas rgl sa succession, et stant proclam sceau des prophtes , il ne pouvait pas tre
remplac par un nouveau prophte. A sa mort, les principaux membres de la communaut lisent
donc son plus proche compagnon, Ab Bakr , comme chef politique des musulmans, avec le
titre de successeur de lenvoy de Dieu khalfa rasl Allh, cestdire calife . Umar, deuxime calife ,
y ajoute le titre de commandeur des croyants amr almuminn. Les quatre premiers califes
sont ainsi lus par leurs pairs, et dirigent les musulmans depuis la capitale, Mdine. Ds cette
poque apparat une opposition fondamentale entre deux conceptions du pouvoir. Lune fonde
lautorit sur lhrdit du prophte, et considre que seuls les descendants de Al, gendre de
Muhammad, ont la lgitimit pour diriger le dr alIslm ses partisans sont les chiites. Selon lautre,
le dtenteur du pouvoir califal doit tre le plus digne des musulmans, et devrait, en principe, tre
investi par la communaut cest la conception qui sera adopte par les sunnites. A la suite dune
guerre civile, les partisans de Al, quatrime calife , abandonnent le pouvoir aux Omeyyades,
favorables lide dun calife investi par la communaut pour ses comptences et sa dignit. Ceuxci
respectent donc thoriquement le principe lectif valid par le serment dinvestiture ou baya,
mais imposent de fait le principe hrditaire en crant la premire dynastie musulmane . Damas,
leur capitale, devient le centre du pouvoir dans lempire arabomusulman. Lors de leur arrive
au pouvoir, les califes abbassides maintiennent le principe dynastique, mais le rattachent
lappartenance la famille du prophte, tout en ntant pas chiites. Ils sont en effet membres de la
famille de Muhammad, mais ne descendent pas de Al. Le souverain sige alors Bagdad ou
Samarra au IXe sicle, dans un palais dr alsalm o, assis sur un sofa cach par un rideau, il
arbore les attributs de lautorit califale la baguette, le manteau du prophte, le sabre et le
Coran de Uthmn Uthmn est le troisime calife de , qui a organis la rdaction du Coran de
rfrence pour les sunnites. Il porte un costume noir et un bonnet haut. Le palais est le centre
du pouvoir, et le faste de sa cour lexpression de sa puissance. Fondamentalement, le calife
est le protecteur de lislam en tant que religion et en tant que communaut, il est ce titre la
source thorique de tous les pouvoirs. Pour les sunnites, le calife doit prserver la Loi rvle au
prophte, et son principal rle religieux, en tant quimm, consiste donc www.droits.forumactif.net
www.droits.tk Page www.fsjest.new.fr
empcher les innovations ou bida. Il na donc en principe aucun pouvoir lgislatif, puisque seul
Dieu rvle la loi. Selon les chiites, limm est en revanche auteur de la Loi du fait de son
ascendance prophtique. En tant que chef militaire, le calife doit dclarer la guerre sainte jihd,
et la diriger contre les infidles ou les mauvais musulmans. Il a aussi le devoir de dfendre la
communaut contre les agressions extrieures. Le calife est aussi le garant de la justice dans
son empire il doit donc juger et arbitrer entre ses sujets. Pour mener bien sa politique, le
calife organise la justice, ladministration, et peroit les taxes de tout lempire. Pour cela, il
dlgue ses pouvoirs, en envoyant des individus un diplme dinvestiture, une robe dhonneur, et
diffrents prsents. Il nomme ainsi les juges qd, chargs de rendre la justice dans les provinces
de lempire. Il dsigne aussi des gouverneurs wl ou amr dans les provinces, chargs de
maintenir la scurit, qui sont seconds par des percepteurs de taxes mil. Dans la capitale,
ladministration est centralise autour de bureaux dwn commands par le vizir wazr, et diffrents
hauts fonctionnaires comme le chambellan hjib. Dans lensemble de lempire, lautorit du calife
est valide par linscription de son nom sur les pices de monnaies et les tirz ainsi que par
laffirmation de sa souverainet dans le sermon du vendredi, dans la grande mosque de
chaque ville. Mais cette autorit nest parfois que nominale. Dans un aussi vaste empire, la
tendance lautonomie des gouverneurs provinciaux fut constante, et sest particulirement
dveloppe partir du IXe sicle. A ces forces centrifuges, sajouta alors lexplosion de lunit de la
communaut, lorsque deux nouvelles dynasties revendiqurent le califat les Fatimides, chiites ,
et les Omeyyades de Cordoue . Dautres dynasties revendiqurent par la suite le califat les
Almohades, les Mrinides et les Hafsides. Quoique les califes conservrent toujours leur autorit
religieuse et doctrinale, leur pouvoir fut encore plus affaibli par la dlgation de leurs autres
fonctions des gnraux de diffrentes dynasties persanes et turques, appels grands mirs amr
alumar partir de , puis sultans titre pris par les Turcs seljoukides partir de , puis par plusieurs
dynasties, ou des dynasties dautres hauts dignitaires comme les Amirides dans le califat de
Cordoue. Cette priode des XeXIe sicle marque donc une rupture fondamentale avec le
passage du pouvoir des mains de civils arabes appartenant la famille du Prophte, des non
Arabes issus le plus souvent de la caste militaire. Le sultanat devint alors la principale
institution dtentrice du pouvoir politique, bien quelle mant thoriquement du calife. Ainsi, aprs
la chute du califat de Bagdad en , sous le sultanat mamelouk , le calife abbasside du Caire
ntait plus quun fantoche, alors que le sultan, dsign parmi ses pairs, cestdire les officiers du
corps desclaves soldats mamelouks, dirigeait rellement lempire quand luimme ntait pas un
fantoche sous lautorit dun grand mir. Ctait alors le sultan qui rgnait, et qui nommait ses
reprsentants dans les provinces. Sous les Mamelouks, le pouvoir tait donc confi un groupe
desclaves militaires affranchis en gnral turcs ou circassiens, qui dominaient tout le Proche
Orient. Les sultans ottomans, qui dominaient les Balkans et lAnatolie, maintinrent en
revanche le principe dynastique. Lorsquen , ceuxci provoqurent labdication du calife
abbasside du Caire, il semble quils ne revendiqurent pas immdiatement son titre. Mais ils se
prsentaient au XIXe sicle comme dtenteurs du califat, jusqu sa suppression par Mustafa
Kemal Atatrk en .
Benayad Med
www.droits.forumactif.net www.droits.tk www.fsjest.new.fr
Page
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !