Erwinia infecte les plantes aussi par les racines (Traduction de l’article « Erwinia bemet de plant ook via de wortels », publié dans Aardappelwerled magazine – juillet 2008). Auteurs: Jan van der Wolf, Robert Czajkowski, Henk Velvis et Joop van Doorn Traduction Pierre Lebrun Les recherches menées récemment à Wageningen (Pays-Bas) sur les infections par Erwinia chrysanthemi ont montré que la bactérie pénètre et se répand dans la plante plus facilement que l’on ne pensait. En 1 jour, la bactérie peut pénétrer dans les racines à partir du sol infecté. A Wageningen, 2 institutions poursuivent des recherches intensives sur Erwinia en pomme de terre et en bulbes de fleurs : il s’agit du PRI (Plant Research International) et le PPO bulbes, arbres et fruits (Praktijkonderzoek Plant en Omgeving). Les moyens financiers proviennent du LNV (Ministerie van Landbouw, Natuurbeheer en Voedseveiligheid). Les recherches comportent une série de volets importants, parmi lesquels figure en première place la variation des isolats à l’intérieur du genre Erwinia, complétée par la recherche des modes de survie des Erwinia dans le sol, sur les matériaux et dans l’eau. Les chercheurs étudient aussi la répartition des Erwinia dans le tubercule de pomme de terre et s’intéressent ainsi à la colonisation de la plante. Ces recherches arrivent en complément du programme « plant indemne de bactéries » (« Bacterievrij pootgoed ») financé en grande partie par le secteur de la pomme de terre. L’essentiel de l’attention et des efforts est tourné vers Erwinia chrysanthemi. Une bactérie mobile Les recherches précédentes ont montré que les minitubercules et les plantes de première génération sont indemnes de cette bactérie. La manière avec laquelle ces plants sains sont contaminés avec le temps n’est pas encore clairement établie. Par contre, le mode de diffusion de la bactérie dans le plant, une fois le tubercule infecté, commence à être mieux connu. Une étude a ainsi été menée récemment sur la mobilité des bactéries et la contamination potentielle des racines de la plante. On sait depuis longtemps que la bactérie peut se propager dans le lot lors de l’arrachage et du triage. Les études récentes indiquent de plus en plus que la propagation de la bactérie peut avoir lieu durant la période de culture entre plantes via l’eau du sol. La bactérie apparaît ainsi considérablement mobile: à partir d’un tubercule (mère) pourri, elle peut se déplacer de plusieurs mètres via l’eau libre du sol, et cela aussi bien entre les lignes que dans la ligne. Les tubercules fils peuvent ainsi être infectés via les lenticelles (pores de la peau) qui sont ouverts par temps humide. La question au centre des recherches en cours est la suivante : les bactéries qui suintent d’un tubercule (mère) pourri peuvent-elles infecter aussi les racines et gagner les tubercules fils via les stolons ? Marquage de bactéries La réponse à cette question a été recherchée pour Erwinia chysanthemi. Pour pouvoir suivre l’infection potentielle, la bactérie a été pourvue d’une caractéristique supplémentaire qui fait en sorte que la racine infectée produise une protéine fluorescente. A l’aide d’un microscope à fluorescence, la contamination des racines peut ainsi être suivie. Pour cet essai, des minitubercules sains ont été utilisés. Ils ont été plantés dans du terreau et placés en caisses, puis le terreau a été inoculé par la bactérie « fluorescente »: - Après 1 jour, l’adhésion de la bactérie aux racines était déjà visible. A ce moment, la présence de bactéries dans quelques racines était déjà observée également. Après 2 semaines, les premières bactéries ont atteint la tige, les stolons et les tubercules fils. - Quatre semaines après l’inoculation du sol, les symptômes de jambe noire étaient visibles sur la plante, et les bactéries étaient déjà identifiées dans et sur les feuilles. Erwinia chrysanthemi peut donc infecter efficacement les racines et se propager dans la plante, jusque dans les tubercules fils. Une contamination des racines peut avoir lieu à partir de bactéries issues du tubercule mère en décomposition. Elle peut aussi se produire à partir de pneus/roues des engins agricoles qui passent dans la parcelle. Suite à cette découverte, il est donc conseillé de désinfecter les roues des engins agricoles avant de pénétrer dans une parcelle de plants. - La désinfection des tubercules n’est pas suffisante. Le projet de recherche s’est aussi intéressé à la répartition des bactéries dans les tubercules fils d’un lot infecté naturellement, cela afin de voir quel est le trajet d’infection le plus important. Il ressort des observations que le plus grand nombre de bactéries se trouve dans l’extrémité du talon et/ou du stolon. On ne trouve par contre qu’une faible présence dans la peau et dans les tissus plus internes du tubercule. Cela montre que le mode d’infection via le stolon (à partir des racines et/ou du tubercule mère pourri) représente le mode principal d’infection. On s’attend donc à ce que la désinfection des tubercules n’éliminera pas l’infection du talon, parce que les bactéries y sont bien protégées à l’intérieur des tissus conducteurs. Il s’agit d’une conclusion importante pour ceux qui pratiquent la désinfection des tubercules. Poursuivre la recherche sur la prévention des infections. Ces recherches mettent en évidence l’importance des mesures d’hygiène, aussi pendant la période de culture. Mais il faut trouver les moyens de prévenir les infections. Pendant l’épuration, l’élimination des tubercules pourris réduira le risque de dispersion de bactéries par l’eau du sol, et dons aussi le risque de contamination des racines des plantes voisines. Erwinia chrysanthemi ne survit que trois semaines dans le sol. Avec un apport supplémentaire de matière organique par exemple, la bactérie meurt plus vite, et les risques de dispersion et de contamination sont plus faibles. On peut aussi penser à perturber l’accroche de la bactérie aux racines par des bactéries antagonistes, ou encore à renforcer la résistance de la plante pour réduire l’infection du système racinaire. La poursuite des recherches est donc d’une importance capitale, tant pour le secteur de la pomme de terre que pour celui des bulbes à fleur.