Après la pose de prothèses de hanches et
du genou, celle d’une prothèse d’épaule
est un acte chirurgical encore peu cou-
rant mais en augmentation. Considérée souvent
comme une opération de la dernière chance, elle
permet au patient de récupérer sa mobilité phy-
siologique (90 % des cas), entamée à la suite d’un
traumatisme ou d’une maladie chronique comme
l’arthrose ou la polyarthrite rhumatoïde.
Une articulation particulière
L’articulation de l’épaule fonctionne grâce à une
vingtaine de muscles et tendons qui travaillent
en synergie les uns avec les autres. La partie su-
périeure de l’humérus s’articule dans la cavité
de l’omoplate appelée glène ou cavité glénoïde.
La coiffe des rotateurs, composée de quatre ten-
dons, est un manchon qui entoure la tête de
l’humérus. Son rôle est de stabiliser l’épaule,
mais aussi de la faire bouger dans tous les sens.
C’est elle qui donne la force musculaire.
Les premiers essais de prothèse d’épaule datent
de 1890. Les nouveaux concepts biomécani-
ques ont permis des progrès considérables.
Actuellement apparaît en effet la troisième gé-
nération de prothèses à glissement.
Il existe deux types de prothèse. D’une part, la
prothèse humérale simple est constituée d’un
seul implant fait d’une tige qui vient s’implanter
dans l’humérus, et d’une tête humérale qui rem-
place la tête de l’humérus défectueuse. Avec un
choix important quant à la variabilité des di-
mensions, les éléments métalliques des pro-
thèses humérales sont en chrome-cobalt dans la
majorité des cas. D’autre part, la prothèse totale
d’épaule est composée de deux implants : le
premier, celui de la prothèse humérale simple,
est complété par un second appelé glénoïdien,
scellé dans l’omoplate. Le composant glénoïdien
est réalisé en polyéthylène. La difficulté réside
dans l’exposition chirurgicale et la qualité de
l’ancrage qui doit rester fiable à long terme.
L’ancrage est souvent réalisé avec une quille tri-
angulaire implantée et cimentée dans l’os corti-
cal de l’omoplate.
Pourquoi choisir l’une ou l’autre prothèse ? La
décision est prise avant l’intervention, en fonction
de la gravité de l’atteinte osseuse glénoïdienne et
de l’état des tendons de la coiffe des rotateurs. Ces
critères anatomiques sont parfaitement identifiés
grâce à l’imagerie préopératoire. Seule l’imagerie
peut mettre en évidence les contre-indications et
il n’est pas concevable de proposer une prothèse
sans un bilan d’imagerie. La mise en place de l’im-
plant glénoïdien nécessite une bonne expérience
de la chirurgie de l’épaule et de l’arthroplastie pro-
théique en particulier. L’intervention est contre-
indiquée quand il est impossible de réparer coude
au corps une rupture des tendons de la coiffe des
rotateurs et quand le stock osseux du massif
glénoïdien est presque complètement détruit.
Objectifs
La mise en place d’une prothèse a pour objectifs
de supprimer la douleur, d’améliorer la mobi-
lité et la fonction, et d’assurer la stabilité de
l’épaule. L’indication la plus fréquente est l’arthro-
se de l’épaule, souvent due à l’usure, mais aussi à
un traumatisme. L’arthrose de l’épaule centrée pri-
mitive ou idiopathique à coiffe continente et fonc-
tionnelle est l’indication la plus fréquente de pro-
thèse totale. L’arthrose de l’épaule excentrée se
définit, elle, par l’association d’une large rupture
de la coiffe des rotateurs atteignant la totalité des
tendons sus- et sous-épineux, une ascension de
la tête humérale qui vient s’articuler avec la face
intérieure de l’acromion, et des altérations cartila-
gineuses gléno-humérales. La rupture massive de
la coiffe est une contre-indication formelle. Une
prothèse humérale simple peut être posée avec,
pour objectif, une épaule indolore mais dont la
mobilité active restera limitée.
Au mois de janvier se déroulait à Paris le Symposium
international sur la prothèse d’épaule. Peu connue du
grand public, cette dernière devient une intervention
moins rare, avec une estimation de 2 700 prothèses
posées par an en France.
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LIBÉRALE
Prothèse d’épaule
Une intervention moins rare
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