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Deux comédiens face au miroir
Marc Citti signe une comédie douce-amère sur l’envers du décor.
Tandis que sur scène, Hamlet joue son destin, dans leur loge, derrière le rideau,
deux rôles secondaires attendent de faire leur entrée : Edouard, qui joue Horatio,
et Mathieu, cantonné aux "utilités". Un haut-parleur renvoie les échos vibrants
de l’interprète principal, avivant les doutes de l’un, les frustrations de l’autre. Ce
n’est pas le premier texte qui s’intéresse aux coulisses et dévoile les rivalités
entre partenaires, la vie de tournée, les affres du comédien.
Celui-ci, fort bien écrit par Marc Citti, vise particulièrement juste, notamment
lorsqu’il égratigne l’ego démesuré inhérent à la profession, les sensibilités
exacerbées, les petits aménagements pas toujours glorieux avec le métier, et le
malaise, la douleur de l’attente d’un rôle. Les comédiens s’apparentent alors à
des suricates, ces sentinelles du désert l’affût alors qu’il n’y a jamais rien qui
arrive". Sans en connaître l’exacte proportion, on devine chez Marc Citti la part
d’autobiographie. N’était-il pas de la distribution du Hamlet mis en scène par
Patrice Chéreau, joué par un acteur prénommé Gérard, comme dans sa pièce? Il
interprète ici un comédien amer et blasé, un peu mythomane, dépité et mal dans
sa vie. Son jeu est vif, souple et acéré. Son partenaire Vincent Deniard lui
oppose la vitalité, l’enthousiasme et l’énergie des débuts. Ils sont comme un
miroir à double face.
Annie Chénieux - leJDD.fr
vendredi 31 octobre 2014
Marc Citti et Vincent Deniard. (Lisa Lesourd)
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Critiques / Théâtre
Le Temps des suricates de Marc Citti
par Gilles Costaz
Deux acteurs dans leur loge
Des comédiens dans une loge. On a déjà vu cela dans L’Habilleur de Ronald Harwood que
jouait Laurent Terzieff et dans pas mal d’autres pièces. L’attente avant d’aller sur scène, c’est
le moment fort par excellence, comme « l’angoisse du gardien de but au moment du penalty »
chère à Handke et Wenders. Marc Citti, grand acteur qui nous est familier depuis la fin des
années 80, a choisi de reprendre cette situation pour sa seconde pièce (après une adaptation
très personnelle de Shakespeare, Kiss Richard). Deux interprètes partagent la même carrée :
ils jouent tous les deux dans Hamlet lors d’une tournée qui, ce soir-là, s’est arrêtée à 0yonnax.
Ils n’ont que des rôles secondaires – l’un d’eux est quand même chargé d’incarner Horatio - ,
mais ils ont plusieurs rôles. Donc ils doivent entrer et sortir, changer et rechanger de costume,
ce qui leur laisse le temps de parler, de s’angoisser et même d’oublier d’entrer en scène. Un
haut-parleur leur indique où en est la représentation, mais ils ne l’écoutent pas toujours. Ils se
rappellent des souvenirs, commentent la mise en scène (une jeune femme aux prétentions
avant-gardistes qui a monté la pièce de travers ! ), se disputent, révèlent peu à peu ce qu’ils
cachent et qui les obsède. Pour l’un, c’est l’amour qu’il porte à l’interprète du rôle d’Ophélie
– mais l’affaire est loin d’être gagnée. Pour l’autre, les projets qui lui permettraient de revenir
en haut de l’affiche, car il est tombé dans un certain anonymat après avoir été l’enfant chéri
du public quand il sortait du Conservatoire. Soudain, un incident se produit en scène. Va-t-il
permettre à ces seconds couteaux du théâtre de changer leur destin ?
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