Ophtalmologie Le vitré confirme son importance Longtemps considéré comme une substance inerte située entre le cristallin et la rétine, le vitré voit son rôle affirmé par le progrès des connaissances scientifiques lié à celui des explorations fonctionnelles. C onstitué principalement d’eau, le vitré se présente comme un gel transparent avec une texture assurée par une trame protéique. A l’état physiologique, sa consistance de gel lui confère le rôle de transmission de l’onde lumineuse jusqu’aux cellules visuelles et cela, sans déformation. Une meilleure connaissance Les maladies métaboliques comme le diabète ou dégénératives comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) touchent le vitré, qu’il convient de mieux connaître afin de mieux l’explorer et le traiter. C’est ce que permet désormais l’imagerie et, en premier lieu, l’échographie, de plus en plus fine avec en perspective une image en 3D. Mais aussi et surtout, c’est l’apparition d’une nouvelle méthode : la tomographie en cohérence optique (ocular coherence tomography), dont la finesse et la précision des images rendent d’importants services au chirurgien intervenant sur la rétine et le vitré. Ces progrès dans l’exploration entraînent en corollaire d’importants progrès thérapeutiques : la miniaturisation des outils d’intervention, la précision des lasers permettent de réaliser des vitrectomies précises, voire l’ablation de très fines structures pathologiques à la surface de la rétine, si nécessaire. Après vitrectomie, des substituts vitréens de qualité à base d’huiles de silicone comme de gaz à résorption programmée, permettent de remplacer un vitré devenu pathologique en maintenant les fonctions visuelles essentielles. Autant de techniques qui redonnent espoir à des patients atteints de DMLA, de trou maculaire, de réti- nopathie diabétique proliférante. Il est même devenu possible désormais, par une “infiltration vitréenne”, de corriger une anomalie interne constatée. A côté de l’atteinte vitréenne, ou parallèlement à elle, certaines affections peuvent atteindre l’uvée. Cette membrane tapisse le fond de l’œil et s’arrête en avant du cristallin. Elle est la cible de la plupart des inflammations touchant l’œil. Si l’atteinte est antérieure, il s’agit d’une uvéite antérieure (iritis, cyclite ou iridocyclite) ; postérieure, ce peut être une choroïdite ou une choriorétinite ; intermédiaire, l’inflammation totale du vitré touche l’ensemble de la membrane. Prévenir la chronicité Pourquoi s’intéresser particulièrement à l’uvée ? Parce que son atteinte est fréquente et le risque de passage à la chronicité bien présent, comme aussi celui de récidive. Dans tous les cas, un souci majeur demeure : la mise en jeu à plus ou moins long terme de la fonction visuelle. Si les causes multifactorielles des uvéites sont difficiles à apprécier, des avancées récentes concernent leur prise en charge. En dehors des traitements classiques : corticoïdes, antiinflammatoires non stéroïdiens, immunosuppresseurs, immunomodulateurs, interféron et globulines spécifiques, s’ouvre une nouvelle voie thérapeutique : celle des implants. Des implants intravitréens permettent de relarguer les principes actifs médicamenteux thérapeutiques au contact direct de la lésion. Par exemple, le ganciclovir dans les vitrés sidéens. Tous ces progrès thérapeutiques font aussi progresser la chirurgie oculaire, di- minuant les inconvénients des interventions contre la cataracte grâce, en particulier, à la phacoémulsification, la vitrectomie, l’action thérapeutique directe sur un foyer sous-rétinien. Des progrès sur les connaissances physiopathologiques devraient, dans un avenir proche, permettre de faire avancer les thérapies, invasives ou non. Jacques Bidart Congrès de la Société française d’ophtalmologie, Paris 2003. Vision artificielle : lorsque la réalité rejoint le mythe Lorsque l’œil ne peut plus assurer sa fonction, pourquoi ne pas utiliser directement le cerveau ? Une première piste de recherche consiste à placer une caméra miniature sur des lunettes. L’information obtenue est transmise ensuite à un ordinateur porté par le patient malvoyant. Le microprocesseur transforme l’onde émise pour la rendre lisible par la zone cérébrale occipitale. La transmission est rendue possible par l’implantation d’électrodes locales. Le patient distingue des ombres ou des ronds de tonalités différentes qui ne ressemblent pas du tout, loin s’en faut, à une vision normale. Une seconde méthode concerne les personnes qui ont conservé un nerf optique totalement fonctionnel mais dont la rétine est altérée. La technique consiste alors à implanter une puce électronique de très petite taille, de mince épaisseur au niveau de la macule et qui contient plusieurs milliers de détecteurs de lumière. Les impulsions lumineuses de la puce sont ensuite transformées en courant électrique stimulant les cellules visuelles. Certes, les résultats sont trop imparfaits et les sensations ou perceptions visuelles trop partielles et basiques mais ils sont malgré tout encourageants car ils ouvrent une voie à explorer sans que l’on puisse annoncer si des résultats probants sont à attendre dans un proche avenir. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 48 - août-septembre 2003 13