ACTUALITÉ
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Le Courrier de l’Arcol (1), n° 2, juin 1999
bolisme de l’homocystéine et l’adhésion des
leucocytes à la paroi artérielle.
Apport des modèles
animaux pour une meilleure
compréhension physio-
pathologique des maladies
cardiovasculaires
L’amélioration des vecteurs viraux de type
adénovirus permet maintenant d’obtenir une
expression prolongée et stable d’un trans-
gène sans toxicité décelable à moyen terme,
notamment hépatique. Cela peut permettre
d’éviter d’avoir recours à des lignées d’ani-
maux transgéniques, technique lourde et
coûteuse. De plus, l’animal est son propre
contrôle par comparaison des phénotypes
pré- et post-transfert. Cette approche a été
employée par l’équipe du Dr Chan (Baylor
College of Medicine, Houston) avec le
gène du récepteur aux VLDL. Après trans-
genèse, les souris sont protégées vis-à-vis
de l’hypercholestérolémie induite par un
régime riche en graisses. Chez des souris
déficientes en récepteurs aux LDL, le trans-
fert du gène du récepteur aux VLDL permet
de réduire les concentrations de cholestérol
LDL en augmentant le catabolisme des IDL.
L’obtention de vecteurs adénoviraux mieux
tolérés va permettre leur expérimentation
plus large dans le domaine de la thérapie
génique. Chez ces souris, l’efficacité d’ex-
pression du transgène est de presque 100 %.
Cette expression s’effectue de façon spéci-
fique au niveau hépatique, où environ 90 %
des hépatocytes expriment le transgène.
L’expression est immédiate après l’injec-
tion, dose-dépendante, régulable par un pro-
moteur, et se maintient un à deux ans. Cette
technique permet donc d’évaluer à la fois
les effets aigus et chroniques du transgène.
L’équipe du Dr Chan a également rapporté
les résultats de l’inactivation de l’anti-onco-
gène p53 dans le modèle d’athérosclérose
des souris déficientes en ApoE. L’anti-onco-
gène p53 est exprimé dans les lésions athé-
romateuses et pourrait intervenir dans le
processus inflammatoire de l’athérosclé-
rose. L’inactivation de p53 accroît les
lésions de ces souris par augmentation de la
prolifération cellulaire et non par celle du
phénomène d’apoptose. Les lésions d’athé-
rosclérose ne sont pas augmentées chez les
souris déficientes en p53 mais avec expres-
sion normale de l’ApoE.
N. Duverger (Rhône-Poulenc Rohrer,
Vitry/Seine ; Institut Pasteur, Paris) a uti-
lisé les souris déficientes en ApoE pour éva-
luer la régression de l’athérosclérose après
transfert du gène de l’ApoE. Ces souris de
souche nude étaient immunodéficientes, ce
qui a permis une meilleure tolérance du
transgène. Il a été observé une réduction des
lésions athéromateuses après injection du
transgène de l’ApoE, et ce de façon indé-
pendante de la baisse en cholestérol, ce qui
suggère un effet direct de l’ApoE au niveau
de la plaque.
Applications cliniques
Stratégie de recherche des gènes
de prédisposition aux maladies
cardiovasculaires
(L.Tiret, INSERM U525, Paris)
Elle repose principalement sur l’étude des
variations génotypiques de gènes candidats,
les études de liaisons génétiques étant peu
adaptées aux maladies multifactorielles
comme les maladies cardiovasculaires.
Il faut tester par analyse statistique l’asso-
ciation entre le polymorphisme étudié
(génotype) et le phénotype, qui peut être la
maladie elle-même (événements cardiovas-
culaires) ou un phénotype intermédiaire
comme les marqueurs ou facteurs de risque
cardiovasculaires, qu’ils soient cliniques
(pression artérielle), biologiques (cholesté-
rolémie) ou morphologiques (épaisseur inti-
ma-média). Le phénotype intermédiaire doit
avoir une héritabilité plus forte et un déter-
minisme génétique moins complexe que la
maladie. Il doit également être mesurable
avant l’apparition de la maladie et permettre
une meilleure compréhension physiopatho-
logique de celle-ci.
Le nombre de polymorphismes détectables
dans un gène est corrélé à la longueur explo-
rée de ce gène, mais il existe des gènes pour
lesquels on ne trouve pas de polymorphisme.
En moyenne, on peut mettre en évidence
quatre à cinq polymorphismes par gène. On
peut calculer la diversité nucléotidique d’un
gène en fonction du rapport fréquence poly-
morphique/nombre de paires de base explo-
rées. Elle augmente dans les régions flan-
quantes non codantes. Les polymorphismes
peuvent être synonymes ou non synonymes,
entraînant dans ce cas un changement d’acide
aminé. Les différents polymorphismes d’un
gène sont le plus souvent en déséquilibre de
liaison les uns avec les autres.
Étude génétique de l’hyperlipidémie
combinée familiale (HCF)
(Dr Enholm, Helsinki, Finlande)
Cette dyslipidémie a une prévalence de 1 à
2% et elle est responsable de 10 à 20 % des
événements coronariens précoces. Il s’agit
de la dyslipidémie génétique la plus fré-
quente. Aucun gène majeur n’a été impli-
qué, son mode de transmission est inconnu
et son déterminisme génétique hétérogène.
Le phénotype lipidique est variable (de type
IIa, IIb, ou IV), ce qui rend difficile le dia-
gnostic clinico-biologique et l’étude géno-
typique. Cette étude finlandaise a déterminé
les marqueurs polymorphiques intragé-
niques et les zones flanquantes de dix
régions chromosomiques contenant des
gènes candidats pour le métabolisme lipi-
dique chez plus de trente familles porteuses
d’HCF. Une région chromosomique a été
incriminée par cette étude de liaison : 1q21-
q23. Parmi les gènes proches de ce locus, on
trouve celui de l’ApoAII, mais il reste néan-
moins trop éloigné des marqueurs polymor-
phiques pour être mis en cause. La
recherche d’un gène plus proche est en
cours. Deux autres loci semble également
associés à l’HCF dans cette étude familiale :
10p11.2 lorsqu’il existe une hypertriglycéri-
démie, et 21q21 lorsqu’il existe une éléva-
tion de l’ApoB.
Conclusion
Les modèles animaux surexprimant ou au
contraire n’exprimant plus un gène candidat
pour le processus de l’athérosclérose amé-
liorent la compréhension des mécanismes
reliant facteurs de risque et maladies cardio-
vasculaires. Ils pourront également être à
l’origine d’innovations thérapeutiques.
D’autre part, les progrès technologiques
vont permettre d’explorer de façon simulta-
née un grand nombre de polymorphismes
ou de patients. Cela est indispensable si l’on
veut à plus long terme développer l’ap-
proche multigénique du risque cardiovascu-
laire dans le cadre d’une politique de pré-
vention. ■