manie), elle est secondaire. C’est
donc le trouble psychologique
qu’il faut traiter.
Maladies et troubles physiolo-
giques peuvent affecter le som-
meil. Les troubles respiratoires
relèvent de bilans et de traite-
ments spécifiques. Le mauvais
contrôle de la douleur gêne le
sommeil lors de nombreuses ma-
ladies. Il pourrait décroître avec
l’essor d’une meilleure prescrip-
tion d’antalgiques.
Une mauvaise hygiène de som-
meil, qui touche près d’un in-
somniaque sur six, concerne des
habitudes à modifier : boire du
café avant de dormir, faire une
sieste en soirée, etc. C’est un
domaine où l’infirmière peut
agir en dehors de toute pres-
cription. Elle doit pour cela bien
connaître le rôle des habitudes
de vie sur le sommeil, et pou-
voir réaliser une investigation
pour chaque malade. «L’insom-
nie “peut n’être liée à aucune pa-
thologie” ou cause identifiable, ex-
plique Maurice Ohayon. Il s’agit
alors d’insomnie primaire”, laquelle
représente un peu moins de la moi-
tié des diagnostics d’insomnie. »
Enfin, des traitements pour
maintes pathologies pourraient
influencer le sommeil. Des mé-
dicaments très variés ont été in-
criminés dans la survenue d’in-
somnie. Le numéro d’avril de la
revue Prescrire a fait le point,
àpartir d’un symptôme proche :
les cauchemars liés au médica-
ment (2). Les laboratoires étu-
dient peu les effets secondaires
de leurs traitements sur le som-
meil. «Les données disponibles ne
sont pas très solides, et c’est au cas
par cas qu’il faut évaluer l’intérêt
d’arrêter ou de changer de traite-
ment, ou simplement d’en dimi-
nuer la dose, soulignent les au-
teurs. Si le médicament est jugé
très important, sa réintroduction
est à tenter. »
Consultations et traitements
Parmi les 15 % d’Européens in-
satisfaits de leur sommeil, 77 %
ont consulté leur médecin au
cours des douze mois précé-
dant l’enquête. Mais les deux
tiers auraient tout simplement
oublié de mentionner leurs dif-
ficultés de sommeil à leur mé-
decin. Un tiers seulement de ces
insatisfaits de leur nuit lui en ont
parlé. Environ 40 % des patients
faisant part de ces difficultés
reçoivent une prescription de
médicaments.
Au total, 6 % des Européens
prendraient des médicaments
pour mieux dormir. Les Français
sont les plus gros consomma-
teurs (10 %), suivis des Portugais
(8 %). Ce sont les Allemands
qui consomment le moins de
médicaments pour dormir (2 %
d’entre eux seulement), suivis
des Anglais (4 %). Toutefois,
20 % des personnes se plaignant
de leur sommeil font appel à
des traitements alternatifs tels
que méthodes de relaxation et
psychothérapies.
Distinguer
causes psy et SAS
«L’insomnie est liée dans deux
cas sur trois à une cause psycho-
logique, dont la première reste
l’anxiété, précise le Dr Lemoine,
psychiatre travaillant au centre
du sommeil du CHS du Vinatier,
à Bron. Si des troubles, comme
une dépression, sont associés aux
troubles du sommeil, il faut consul-
ter un généraliste ou un psychiatre,
indique le Dr Hélène Bastuji, de
l’unité d’hypnologie de l’hôpital
neurologique de Lyon. Consulter
un psychiatre peut être utile, car
une dépression ou certains troubles
anxieux ne sont pas toujours évi-
dents à identifier. »
Par ailleurs, la France compte
une centaine de laboratoires du
sommeil établis en milieu hospi-
talier. A travers des polysomno-
graphies, ils permettent d’étu-
dier le sommeil des patients, et
de diagnostiquer des syndromes
d’apnées du sommeil. Parmi ces
laboratoires, une trentaine sont
affiliés à la Société française de
recherche sur le sommeil. «C’est
lorsqu’il existe des difficultés respi-
ratoires nocturnes, telles qu’un ron-
flement, que la consultation d’un la-
boratoire du sommeil est utile,
conclut le Dr Bastuji. Quand il
n’existe aucun signe associé à l’in-
somnie, on ne fera appel à un centre
du sommeil que si la prise en charge
et le traitement avec votre médecin
échouent. »
Marc Blin
(1) Petites manies et grandes tendances,
de Maurice Ohayon, La recherche, hors-
série n° 3 (intitulé Le sommeil et le rêve),
avril 2000.
(2) “Cauchemars liés aux médicaments”,
Prescrire n° 205, avril 2000, p. 278.
7
Ne pas oublier
les bilans thyroïdiens
«Il ne faut pas oublier de cher-
cher les causes organiques cu-
rables, notamment par un bi-
lan thyroïdien, dit le Dr Patrick
Lemoine. Nous en prescrivons
lorsque les symptômes ne ré-
pondent pas rapidement au
traitement antidépresseur, ou
quand les signes évoquent une
hyperthyroïdie ou une hypo-
thyroïdie.» Un dosage de la
thyrotropine ou TSH (thyroid
stimulating hormone) est effec-
tué. «En effet, l’hypothyroïdie,
comme la maladie d’Hashi-
moto, s’accompagnent souvent
de dépression et d’insomnie-
hypersomnie, dit-il. Ainsi, nous
accueillons dans le service des
personnes dépressives se plai-
gnant de leur sommeil. Elles
souffrent d’insomnie la nuit et
présentent des somnolences
dans la journée. Un bilan thy-
roïdien nous confirme parfois
qu’il s’agit, à l’origine, d’une
hypothyroïdie. »
M.B.