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Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n° 1, janvier 2000
Revue de presse
Valeur pronostique de la MAPA
Depuis son introduction voilà trente ans,
peu d’études se sont intéressées à la
valeur pronostique de la mesure ambula-
toire de la pression artérielle. Six cent
quatre-vingt-huit patients londoniens,
hypertendus, âgés en moyenne de 51 ans,
ont été suivis sur 9 ans après la réalisation
d’un monitoring intra-artériel de la pres-
sion artérielle sur 24 heures, en ambula-
toire. Les deux intérêts particuliers de
cette étude sont la longueur du suivi et
l’utilisation d’une technique de mesure
invasive, intra-artérielle, permettant
d’évaluer la pression artérielle comme
une variable continue. Cent cinquante-
sept événements cardiovasculaires sont
survenus au cours du suivi. La valeur pro-
nostique des pressions moyennes ambula-
toires systoliques, diastoliques et pulsées
est nettement supérieure aux mêmes
variables lorsqu’elles sont mesurées en
consultation. Le meilleur modèle statis-
tique prédictif d’événement cardiovascu-
laire prend en compte la pression ambu-
latoire systolique (de même que l’âge, le
sexe et les autres facteurs de risque car-
diaque). La première conclusion de cette
étude est donc que la mesure ambulatoire
intra-artérielle de la pression artérielle est
un meilleur marqueur du risque cardio-
vasculaire que la pression artérielle mesu-
rée en consultation. Plus intéressantes
sont les relations retrouvées entre les
moyennes sur 24 heures des pressions
systoliques et diastoliques et la mortalité
extracardiaque, le taux d’accident vascu-
laire cérébral et d’événement coronarien.
Dans ce travail, la relation qui unit la
pression artérielle systolique “ambulatoi-
re” et la mortalité extracardiaque, le taux
d’accident vasculaire cérébral et d’événe-
ment coronarien est linéaire, soulignant
une fois de plus le rôle pronostique
majeur de la pression artérielle systo-
lique. La relation entre pression artérielle
diastolique “ambulatoire” et événement
coronarien et mortalité extracardiaque est
curvilinéaire. C’est-à-dire qu’il n’y a pas
de bénéfice à diminuer la pression arté-
rielle diastolique au-delà d’une valeur
seuil (ici 90 mmHg). En revanche, la rela-
tion entre pression diastolique et taux
d’accident vasculaire cérébral est à nou-
veau linéaire, suggérant un bénéfice pour
les pressions artérielles diastoliques les
plus basses en termes d’incidence des
accidents vasculaires cérébraux.
– R.S. Khattar et coll. Prediction of coronary
and cerebrovascular morbidity and mortality
by direct continuous ambulatory blood pres-
sure monitoring in essential hypertension.
Circulation 1999 ; 100 : 1071-6.
P.C.
Télévision et obésité de l’enfant
L’obésité est épidémique aux États-Unis.
Plus de 50 % de la population américaine
adulte est en surpoids (BMI > 25 kg/m2) et
22 % est obèse (BMI > 30 kg/m2). En par-
ticulier, des chiffres alarmants retrouvent
une augmentation de la prévalence de
l’obésité chez les enfants et les adoles-
cents. Il ne s’agit pas là d’une simple pré-
occupation esthétique, puisque 60 % de
ces enfants ont déjà un facteur de risque
cardiaque comme une dyslipidémie, une
hypertension artérielle ou une insulino-
résistance. Une fois installée, cette obési-
té est difficile à traiter, d’où la nécessité
d’insister sur les mesures préventives. Les
enfants américains passent plus de temps
à regarder la télévision ou à jouer à des
jeux vidéo qu’à autre chose, excepté dor-
mir. Dans la mesure où cette activité
consomme peu de calories mais permet
d’en absorber beaucoup, certains pédia-
tres américains ont supposé que réduire le
“temps d’exposition” pourrait être une
méthode préventive prometteuse. La plu-
part des études publiées sur le sujet n’ont
rien démontré. Deux écoles de San Jose
(Californie) ont été élues pour participer à
une étude randomisée. Les enfants de
l’une des deux écoles ont été soumis à un
programme d’enseignement destiné à
réduire le temps passé devant leur écran
de télévision ; les enfants de l’autre école
constituaient le groupe témoin. Deux cent
vingt-sept enfants d’âge moyen entre 8 et
9 ans ont ainsi été randomisés. Le contenu
dudit programme, assez mystérieux
consistait essentiellement en des cours
dispensés par les enseignants habituels et
destinés à transformer ces “télégobeurs”
en “spectateurs intelligents” capables de
contrôler eux-mêmes le temps passé
devant leur télévision. Aucune activité
alternative n’était proposée en remplace-
ment. L’objectif principal était la mesure
avant/après de l’indice de masse corpo-
relle (poids/taille au carré). Sept mois plus
tard, alors que le temps passé à regarder la
télévision et à manger devant avait
presque diminué de moitié (de 23 heures
par semaine à 14 heures) dans le groupe
expérimental, le BMI, l’épaisseur cutanée
tricipitale et le rapport taille/hanche
avaient augmenté significativement
moins dans ce même groupe comparé au
contrôle. L’effet sur la ration calorique
journalière et l’activité physique n’a pas
été très bien étudié dans cette étude. Ce
travail randomisé est le premier à retrou-
ver une diminution de l’adiposité secon-
daire à une diminution du temps passé a
regarder la télévision.
– T.N. Robinson. Reducing children’s televi-
sion viewing to prevent obesity. A randomized
controlled trial. JAMA 1999 ; 282 : 1561-7.
P.C.
Les recommandations britanniques
1999 pour la prise en charge de
l’hypertension
Malgré la publication de recommanda-
tions de l’OMS-ISH en 1999, les re-
commandations nationales continuent à
paraître. Le résumé de la British hyper-
tension society mérite une lecture, car
Patrice Colin, Xavier Girerd