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progrès en
Progrès en thérapeutique
exercice libéral (12), la rilménidine occupe
la deuxième position parmi les dix spécia-
lités les plus prescrites, loin devant un diu-
rétique, très loin devant un IEC. Il existe
un décalage évident de la pratique quoti-
dienne envers des recommandations mal
ou peu appliquées, mal adaptées et peu
réalistes au vu des objectifs fixés par
l’OMS. C’est grâce à la méthodologie
rigoureuse des essais que des résultats
fiables ont été obtenus, mais “dans la pra-
tique clinique, les problèmes individuels
de chaque patient sont beaucoup plus dif-
ficiles à résoudre que ne le suggère le
résultat des essais contrôlés” (13). Bien
des vérités échappent encore aux exi-
gences de la médecine fondée sur les
preuves, et ce mode de raisonnement ne
doit pas s’établir réducteur.
La rédaction des recommandations suppose
l’exhaustivité dans les sources, la prise en
compte de toutes les données en conservant
les faits établis. La mise à l’écart des AH-C
de seconde génération à partir de la toléran-
ce médiocre reconnue de la première, est-elle
établie avec le niveau de preuve requis ?
Aucune référence précise ne l’accrédite dans
les rapports (9, 10). Même observation à pro-
pos de leur exclusion des essais comparatifs
sur la morbi-mortalité.
Le paradoxe est à retenir entre le retrait
général des recommandations et l’actualité
scientifique où se succèdent à propos de
rilménidine et de moxonidine, les travaux
favorables d’équipes référentes et les
symposia de congrès internationaux :
Sociétés européennes d’hypertension
(1993), de cardiologie (1996 et 1999),
dernièrement de l’Union internationale
des pharmacologues... Peut-être plus para-
doxal, le mutisme de l’ANAES, où siè-
gent des généralistes et spécialistes libé-
raux dans les groupes de travail et de
lecture, alors que la rilménidine caracole
en seconde position sur le terrain...
La stratégie des promoteurs se fonde sur la
physiologie pour bien démarquer les récep-
teurs aux imidazolines des effets sur les
alpha-2 centraux, et veille à structurer un
dossier clinique international. Attentif à
l’actualité, on insiste sur le bénéfice à espé-
rer, en regard de l’élévation de la fréquence
cardiaque, de l’insulinorésistance, de l’hy-
peractivité sympathique spontanée ou indui-
te... Cette politique d’occupation du terrain
donne ses résultats en particulier à l’Est du
pays, en dépit du silence des instances...
Mais le nécessaire est-il fait par les deux
grands groupes pharmaceutiques pour
rechercher l’accès (très onéreux) à la pro-
grammation des grands essais, dont dépen-
dent désormais les recommandations ?
Rilménidine et moxonidine y seraient-elles
jugées perdantes en l’état de leur analyse ?
In fine...
– Ou un mauvais ratio efficacité/tolérance
des AH-C de seconde génération a déjà
été établi à dose requise, avec le niveau de
preuve exigible, et on restera un temps à la
situation équivoque actuelle ;
– ou ce ratio n’est pas établi avec la puis-
sance suffisante, le nécessaire reste à
faire, et il serait injuste de nier à ces médi-
caments tout avenir sur la base d’un amal-
game réducteur.
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