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Correspondances en Nerf & Muscle - Hors-série - octobre-novembre-décembre 2003
TRANSVERSAL
est, au niveau de la zone lésionnelle, soumis à
un frottement sous la voûte à chaque mouve-
ment d’abduction. Dans ces conditions, on peut
comprendre certaines douleurs insomniantes des
patients ainsi que leur soulagement immédiat
après la décompression chirurgicale.
L’arthrolyse peut être réalisée soit par abord
chirurgical conventionnel en passant vertica-
lement à travers le muscle deltoïde, soit par
arthroscopie avec deux orifices de pénétration.
Quelle que soit la technique, les résultats sont
bons et durables. L’arthroscopie a pour avan-
tage de simplifier les suites immédiates. Elle
nécessite un équipement chirurgical particulier
et un entraînement.
Dans les coiffes avec perforation mineure, l’inter-
vention comprend dans tous les cas un temps
d’arthrolyse identique à celui décrit précédem-
ment et les divergences chirurgicales concernent
essentiellement le mode de réparation de la per-
foration. Les toutes petites perforations peuvent
se suturer bord à bord, sans inconvénient. Pour
les autres, de 2 à 3 cm de diamètre, la méthode
classique est de réaliser une tranchée dans la
grosse tubérosité et d’y suturer le tendon rompu.
Cette méthode a comme inconvénient, premiè-
rement, d’exercer une forte traction sur un tissu
pathologique, deuxièmement, de déséquilibrer
la tension globale de la coiffe qui sera sous trac-
tion au niveau du sus-épineux et lâche ailleurs,
et troisièmement, de conditionner le résultat à
une fusion os-tendon, toujours aléatoire. En fait,
la situation chirurgicale varie aussi en fonction
de la souplesse des tissus.
La conduite à tenir vis-à-vis du tendon de la longue
portion du biceps n’est pas encore consensuelle.
Pour certains, sa résection est nécessaire à la
guérison, pour d’autres, c’est un stabilisateur
précieux et sa résection altère les résultats à
long terme.
Enfin, la réparation des ruptures sous arthroscopie
présente des résultats similaires à la chirurgie
conventionnelle, avec de plus, les avantages de
la chirurgie mini-invasive (durée d’hospitalisation
courte, récupération fonctionnelle plus rapide,
simplicité des suites postopératoires).
Dans les ruptures larges, la chirurgie peut être
soit une simple arthrolyse, soit une réparation.
L’arthrolyse ne résout pas le problème du défect
musculo-tendineux et du déficit fonctionnel mais
peut soulager significativement les patients. La
réparation fait le plus souvent appel à des lam-
beaux de voisinage : lambeau deltoïdien ou lam-
beau de grand dorsal.
✓Indications
La décision d’opérer est facile à prendre lorsqu’il
s’agit de coiffes non perforées. En effet, au prix
d’une intervention peu agressive, on obtient
régulièrement une guérison, c’est-à-dire la dis-
parition des douleurs et la suppression d’une
situation qui pourrait conduire à la perforation.
Les suites opératoires sont simples et la réédu-
cation souvent brève, de l’ordre d’un mois.
La décision d’opérer est également facile à prendre
en cas de perforation mineure, mais dans ce cas la
discussion porte sur le geste à proposer. Faut-il
se contenter de l’arthrolyse sous arthroscopie qui
va soulager le patient au prix d’un geste simple
et d’une période brève d’incapacité ? Faut-il,
au contraire, prévenir l’extension de la déchirure
et proposer systématiquement la suture de la
coiffe ? Dans ce dernier cas, les suites seront plus
douloureuses et la rééducation beaucoup plus
longue, au moins trois mois. Le geste proposé
tiendra donc compte de l’âge et du contexte socio-
professionnel du patient. C’est lui qui doit choisir
à terme le “menu” de son intervention.
La décision est difficile à prendre dans les rup-
tures larges. La simple arthrolyse à visée antal-
gique qui laisse en place la lésion, expose à un
échec précoce ou secondaire et ne peut être indi-
quée qu’en cas de terrain fragile ou de situations
pathologiques complètement dépassées. La ten-
tative de réparation avec un lambeau impose au
patient des suites opératoires complexes avec
une immobilisation du bras en abduction durant
six semaines et une rééducation qui peut durer
jusqu’à six mois. Ainsi l’implication du patient
dans la décision thérapeutique est ici essen-
tielle, et le bénéfice thérapeutique doit lui être
clairement annoncé : on peut raisonnablement
espérer le soulager de ses douleurs mais la récu-
pération de la force est exceptionnelle.
En conclusion, la chirurgie des lésions de la coiffe
des rotateurs est simple et efficace dans les
lésions débutantes. Il ne faut donc pas hésiter à
proposer une arthrolyse de la voûte acromiale
en cas d’échec du traitement médical, d’autant
que les techniques arthroscopiques ont réduit
l’hospitalisation à 48 heures. En revanche, lorsque
les lésions sont évoluées, la chirurgie n’est sou-
vent que palliative et au prix de suites plus
lourdes. ■